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 Into the wild

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Message(#)Into the wild EmptyMer 18 Sep 2019 - 14:16

Les feuilles bruissaient sous les pas cadencés des promeneurs. Un avant-goût de nature régressive qu’aucun autre son ne venait perturber. Scarlett posait quand même sur son frère, à intervalle régulier et sans aucun doute exagéré, un regard inquisiteur. Imperturbable, il fixait la route et la condamnait à un silence qu’elle soupçonnait fortement d’être punitif. La jeune femme avait reçu à son dernier anniversaire un cadeau avisé, d’une personne qui l’était tout autant. Ce stage de survie, exil sauvage et primitif dans la région de Samford, Scar n’avait imaginé le subir avec personne d’autre que Tommy. Les quelques lignes qui agrémentaient le feuillet promettaient des rencontres et des moments d’intimité que son frère n’avait plus partagé avec personne depuis bien trop longtemps selon elle. Une sorte de retraite spirituelle, une quête de son moi le plus brut, sans crainte du jugement. Après tout, ils ne connaissaient personne d’autre dans les rangs, et Scar s’imaginait déjà faire preuve de la même honnêteté envers ces inconnus que celle dont elle se targuait d’abreuver ses proches. Tommy ne pouvait pas en dire autant, mais elle espérait que son flegme n’était qu’une façade pour lui éviter de se confondre en remerciements. Son invitation était un honneur après tout. Et elle ne lui avait pas non plus mis le couteau sous la gorge pour qu’il accepte de la suivre, non sans une pointe d’appréhension palpable. Elle avait été bien plus fourbe que ça. La menace d’emmener Marius avec elle avait suffi à éveiller chez lui un esprit de contradiction dans lequel elle se reconnaissait terriblement. Elle n’était pas si fière de sa sournoiserie, mais ne baignait pas non plus dans les remords. C’était un concept encore étranger pour elle. Son sac à dos pesait trop lourd sur ses épaules pourtant charpentées, et commençait déjà à lui envoyer des décharges au niveau des cervicales. Pour une fois que Scarlett pouvait faire l’impasse sur sa féminité elle avait privilégié la perspective de potentiels ébats avec un sauvageon du bush australien désireux d’enseigner, et avait amené avec elle tout son attirail de séduction. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, à, son grand désarroi, on leur tendit à tous un baluchon à l’entrée de la cabane avec l’instruction de n’emporter que le strict nécessaire. Une indication bien imprécise et subjective pour ceux qui ne savaient à quoi s’attendre. Scarlett scruta la réaction de son frère avant de s’exécuter de façon tout à fait aléatoire. La cabane avait des allures sommaires. Une bâtisse tout en bois qu’on imaginait infestée par les mites, et qui aurait tout aussi bien pu être érigée par un des trois petits cochons. Il y avait peut-être deux, voire trois chambres. Pour quinze personnes, ça semblait compromettre tout espoir de confort. Le reste des sacs était refourgué dans une remise située juste assez loin pour dissuader les transgressions nocturnes. Pas de téléphones évidemment. Faussement hébétée, Scar posa une main sur son cœur désemparé par la nouvelle. De toute évidence elle allait devoir jouer les émancipateurs dès la nuit tombée pour le récupérer et en faire profiter à Tommy. Ce dernier n’avait toujours pas ouvert la bouche, et Scarlett ne put s’empêcher de s’enquérir enfin de son état. « Allez, ça va être fun ! » s’exclama-t-elle en se trémoussant. « Et t’en fais pas, j’irai faire un tour dans la remise cette nuit pour reprendre quelques affaires. » ajouta-t-elle en le gratifiant d’un clin d’œil malicieux, après avoir pris soin de baisser d’un ton. Il était encore tôt, mais Scarlett sentait son estomac tiraillé par la faim. Comme on préconisait ne jamais faire des courses en ayant faim, élaborer un kit de survie avec un creux ne semblait pas non plus la meilleure des idées. « Tu crois que je devrais prendre ça ? » demanda-t-elle en extrayant de son sac une boîte de ses céréales favorites.
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Message(#)Into the wild EmptyLun 11 Nov 2019 - 16:29

Tommy n’en revenait pas de s’être fait avoir de manière aussi primaire, et sans avoir pris la demi-seconde nécessaire pour se faire la remarque qu’il s’agissait évidemment d’un traquenard. D’abord frileux à l’idée de laisser derrière lui sa fille durant plusieurs jours – et les mauvaises langues qui argueraient que sa fille avait décidément bon dos auraient parfaitement raison – aux bons soins d’une grand-mère dont il savait qu’elle en profiterait pour lui remplir à nouveau la tête de sottises dans le but de la convaincre de donner sa chance au catéchisme, il avait ensuite feint sans succès la fatigue provoquée par son travail, simplement pour se voir répondre qu’il était d’autant plus temps qu’il fasse un break. Et comme il maugréait toujours, un talent inné chez lui et que l’âge ne faisait que développer davantage, Scarlett avait fait mine de s’avouer vaincue pour mieux lui offrir son regard de tragédienne et ajouter dans un soupir « J’ai compris, je laisse tomber … Tant pis, je demanderai à Marius. » Une tactique vieille comme le monde, et dans laquelle Tommy avait marché plutôt deux fois qu’une en changeant son fusil d’épaule parce qu’il était tout bonnement hors de question qu’il soit remplacé par son aîné à quelque occasion que ce soit. « C’est bon, c’est d’accord. Là, satisfaite ? » Probablement, doublement même dans la mesure où elle avait obtenu ce qu’elle désirait en une demi-seconde à peine. Et le barbu de maugréer à nouveau en gratifiant au passage leur frère d’une pique totalement gratuite « Qu’est-ce que tu veux que Marius foute dans un stage de survie de toute façon ? Il aurait trop peur de salir les pompes qui lui ont coûté l’équivalent du PIB du Mozambique. » Et non, Tommy n’avait aucune idée d'à combien s’élevait le PIB du Mozambique … En réalité il ne saurait même pas où placer le Mozambique sur une carte. Il avait simplement entendu le nom à la télévision quelques jours plus tôt pendant qu’il faisait la vaisselle. Reste que sur cette manœuvre totalement fourbe de sa cadette Tommy s’était donc retrouvé en ce samedi matin à crapahuter sur une piste de randonnée, ses vieilles chaussures ressorties pour l’occasion après avoir pris la poussière au fond de sa penderie depuis son retour du Canada, un sac à dos sur les épaules et l’envie d’être ailleurs en bandoulière. Ou du moins avait-il décidé de le faire croire par simple esprit de contradiction, car l’idée de laisser Moïra durant trois jours mise à part, il avait connu manière plus désagréable de passer un week-end que celle de le vivre en pleine nature … Il avait vécu dix ans en bordure de forêt, après tout. Plus désagréable en revanche, la présence d’autres êtres humains avec qui il faudrait sans doute converser était une véritable épine dans son pied, et pour cette raison ainsi que pour le simple plaisir de ronchonner le brun s’obstinait à ne pas piper mot et à faire comme s’il ne remarquait pas les œillades appuyées de Scarlett dans sa direction. Après ce qui avait probablement dû sembler être une éternité aux yeux de sa sœur, plus chargée qu’une mule, le groupe avait atteint ce qui tenait plus du repère à chauve-souris que de la maison de campagne, et chacun s’était vu confier en passant la porte un baluchon supposé remplacer les sacs à dos. Il aurait dû s’en douter. « Allez, ça va être fun ! » Trois jours sans être joignable en cas de pépin, le comble du fun. « Et t’en fais pas, j’irai faire un tour dans la remise cette nuit pour reprendre quelques affaires. » Qu’on se le dise, Scarlett semblait trouver beaucoup trop de plaisir dans cette situation pour que ce soit totalement sain, et pour seule réponse Tommy s’en était donc tenu à … un énième grognement indicible. Discipliné, le brun avait néanmoins joué le jeu en établissant des priorités parmi le peu d’affaires qu’il avait apporté : le couteau suisse resterait avec lui, mais il pourrait en revanche se passer de sous-vêtements de rechange – à l’exception des chaussettes, car il n’y avait pas pire sensation que celle d’avoir les pieds mouillés, tout le monde le savait. « Tu crois que je devrais prendre ça ? » Semblant on ne peut plus sérieuse, sa sœur avait quant à elle brandi un paquet de céréales. Un paquet. De. Céréales. « Je ne sais pas, ça peut être utile à semer pour retrouver ton chemin. Ou attirer tous les oppossums des environs pendant ton sommeil. » Mais on savait comment avait terminé le petit Poucet lorsqu’il avait semé de la mie de pain plutôt que des cailloux. Et on savait comment se transmettait la rage au moyen-âge. « Sérieux, t’as pris des fringues pour combien de jours au juste ? T’as peur que ton coloc te vole des trucs en ton absence ? » Qu’un patron propose à une employée de vivre sous le même toit était déjà un peu douteux selon lui, mais s’il y avait un risque qu’il soit du genre à renifler ses culottes en son absence, cela devenait carrément gênant. Une boîte en plastique supposée rassembler leurs téléphones était passée de mains en mains, mais puisqu’il s’agissait du mal du vingt-et-unième siècle elle n’en comptait que neuf sur la quinzaine de personnes présentes lorsqu’elle était retournée à l’envoyeur. Après un court sermon sur la nécessité de se déconnecter du quotidien pour se reconnecter à la nature – et bla, bla, bla – et un second passage de la boîte les derniers réfractaires s’étaient résignés, Tommy non sans jeter un regard à sa sœur en maugréant à voix basse, pour ne pas changer « T’as plutôt intérêt à me le récupérer fissa cette nuit, si tu ne veux pas que j'ébruite le fait que ton anticernes fait visiblement partie de tes indispensables. » Papillonnant des yeux sans vergogne pour ponctuer sa phrase, il avait pris le temps de refaire ses lacets tandis que les retardataires terminaient de trier leurs affaires avec plus ou moins de succès. Juste au moment où le paquet de céréales allait disparaître de sa vue, le brun avait néanmoins pris la liberté d’enfoncer sa main dedans pour en ressortir une pleine poignée, répondant aux protestations de sa sœur en affirmant « J’ai pas déjeuné ce matin. » comme s’il s’agissait d’une justification on ne peut plus légitime. Dire qu’ils allaient devoir dire adieu à toute nourriture industrielle  abusivement sucrée ou salée pour les trois prochains jours … Pourquoi vouloir se nourrir de fruits sauvages quand un plat de lasagnes surgelées faisait si bien le job ?
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Message(#)Into the wild EmptyJeu 30 Jan 2020 - 19:46

Il flottait dans l'air comme un parfum de nostalgie. Les odeurs de bois séché et les chants décomplexés des oiseaux rappelaient à Scarlett des vacances auxquelles elle n'avait participé qu'au travers des récits sans doute romancés de ses camarades d'école, à cette même époque où elle était forcée de suivre ses parents pour une retraite familiale barbante à l'autre bout du pays. Lorsque la rentrée des classes se pointait, la fillette n'avait qu'une hâte : se délecter des exposés de ceux que le manque de moyens contraignait au camping sauvage. Elle avait fini par mélanger ses propres souvenirs aux aventures que lui contaient les autres, ce qui expliquait sans doute son caractère fébrile, limite puéril. Il était encore trop tôt pour s'avancer sur l'issue du week-end, mais Scar avait beaucoup de mal à cacher son enthousiasme à l'idée de se plonger dans ce passé fantasmé avec Tommy. Ce séjour coupé du monde était un moyen détourné de partager avec son frère un moment qu'elle avait chéri seulement dans son imagination. Comme elle surveillerait les réactions d'un proche face à son film préféré, elle ne pouvait donc s'empêcher de jauger ses airs impénétrables dans l'espoir de croiser une lueur de satisfaction dans ses yeux. Son obsession la quitta aussitôt que son attention fut concentrée ailleurs. Le ciel s’assombrissait, et Scarlett remarqua le coup d’œil inquiet que lui jeta le moniteur, qui tendait une main distraite à la collecte des téléphones. Tommy la gratifia enfin d’une remarque cinglante, qui eut au moins le don de la faire rire. « On m’a lu la même histoire Tommy, je sais comment ça se termine. » rétorqua-t-elle, vraisemblablement trop fière pour ne pas faire montre de ses restes de culture littéraire. « Sérieux, ça fait trop longtemps que t’as pas côtoyé de femmes. Nos valises on les prépare toujours pour parer à toutes les éventualités. Et s’il pleuvait ? Et si j’avais mes règles ? Et si un salaud de perroquet me chiait dessus ? On sait jamais. » se défendit-elle en haussant les épaules. Elle rangea son portable dans la boîte avec étonnamment peu de remords. Sans doute parce qu’elle s’attendait à le récupérer bientôt. Elle opina pour rassurer Tommy, ses iris levées sous ses paupières à demi closes pour signifier sa supériorité. Les occasions étaient suffisamment rares pour ne pas passer à côté. « Et est-ce qu’on parle de ces chaussures ? Je pensais qu’une fois adulte t’aurais plus besoin de récupérer les vieilleries de Marius. » taquina-t-elle avec autant de puérilité que celle dont avait usé son frère pour la faire chanter. Ils entrèrent bientôt, après avoir tous les deux fait des réserves de céréales nécessaires pour survivre à cette matinée. Les chambres n’étaient pas assignées, et la cabane était à l’image du séjour : basique. Elle sentait le bois rance mais la fraîcheur suffisait presque à leur faire oublier. Scarlett entra dans une chambre en hâte, et jeta ses quelques affaires sur le lit près de la fenêtre. « Prem’s pour le lit du haut. » s’exclama-t-elle comme une enfant, déterminée à se percher en haut du lit superposé. Elle se hissa sur le matelas, et jeta un regard complaisant à son frère, encore décontenancé par le flux d’informations qui venait de lui parvenir aux oreilles et à la rétine. « Je suis contente que tu sois là Tommy. C’est un peu les vacances que j’ai toujours rêvées d’avoir. Je sais que c’est un peu sommaire mais je sais pas... c’est comme un retour aux sources. À cette époque quand on était gosse, et qu’on n’avait pas d’autres tracas que ceux qu’on créait entre nous. » dit-elle candidement et sans transition, tandis que ses jambes se balançaient dans le vide dans un rythme de méditation.
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Message(#)Into the wild EmptyDim 29 Mar 2020 - 22:48

Champion du monde lorsqu’il était question de bougonner par principe, Tommy s'échinait à ne pas faillir à sa réputation par simple question de principe. En réalité il n’aurait pas été capable de dire à quand remontait la dernière véritable activité que Scarlett et lui avaient partagé tant elle remontait à loin, et si ses instincts de papa-poule se désolaient qu’il faille pour cela se séparer de Moïra durant un week-end entier, le reste de sa personne se satisfaisait de l’occasion qui lui était faite de passer du temps 1/ en compagnie de sa cadette 2/ en pleine nature. Les choses s’étaient néanmoins gâtées non pas à l’instant où leur avait été désigné le lieu de villégiature pour les jours à venir – quand on avait passé deux ans et demi à dormir dans une cellule de prison, la notion de confort prenait un tout autre sens – mais lorsque leur avait été demandé de remettre leur téléphone portable, aussi qualifié de bien le plus précieux par toute une génération de millenials. Ne pas être joignable pendant tout un week-end c’était un cran d’angoisse supplémentaire pour le père angoissé qu’il était, et si jusqu’ici son mauvais esprit ne s’était illustré que par pur esprit de contradiction, il y avait soudainement un fond de vérité dans le regard furibond que Tommy avait lancé à sa sœur, qui n’aurait désormais plus d’autre choix que de se lancer dans la mission commando promise une fois la nuit tombée. Mais chaque chose en son temps, dirait-on, et pour l’heure il convenait de se séparer du reste de ses affaires pour ne garder que le strict minimum, lequel se révélait être à géométrie variable d’un individu à l’autre. La plus jeune des Warren, pour commencer, avait emmené avec elle de quoi laisser penser qu’elle partait pour trois semaines de camping et non pas trois jours. Loin de s’en culpabiliser néanmoins, elle avait rétorqué à ce sujet « Sérieux, ça fait trop longtemps que t’as pas côtoyé de femmes. Nos valises on les prépare toujours pour parer à toutes les éventualités. Et s’il pleuvait ? Et si j’avais mes règles ? Et si un salaud de perroquet me chiait dessus ? On sait jamais. » avec son aplomb habituel, et plus par volonté de la titiller qu’autre chose Tommy avait arboré un sourire narquois au moment de faire remarquer « Si un salaud de perroquet me chiait dessus je me demanderais surtout ce que j’ai fait de mal pour un tel retour de karma. » Mais soit, que Scarlett garde ses cent douze vêtements différents si cela lui chantait, il avait hâte de la voir se plaindre que son sac était trop lourd quand il lui scierait les épaules après une journée de marche. « Et est-ce qu’on parle de ces chaussures ? Je pensais qu’une fois adulte t’aurais plus besoin de récupérer les vieilleries de Marius. » Ah. Ah. Inspectant néanmoins ses chaussures d’un air dubitatif, les trouvant certes usées mais pas non plus à l’état de guenilles, il n’avait pas manqué de faire remarquer « Si je les avais récupérées de Marius elles seraient comme neuves, sérieux tu l’imagines faire de la rando ? » Parce que lui non, ou alors à condition que le sentier soit goudronné et que les vins italiens fassent partie du pique-nique à chaque repas ; Leur aîné avait un caractère à aimer le vin italien, Tommy y aurait mis sa main d’ancien barman à couper.

Enfournant une pleine poignée de céréales dans les poches de son jean avant qu’il leur faille faire leurs adieux au paquet, le brun avait laissé sa sœur ouvrir la marche tandis que le groupe pénétrait à l’intérieur de la bicoque, dont l’odeur oscillait entre renfermé et humidité. Bondissant avec enthousiasme, elle s’était exclamée « Prem’s pour le lit du haut. » à peine à l’intérieur et s’était aussitôt exécutée, se hissant sur la couchette du haut après y avoir jeté son sac à dos. Se laissant attendrir, Tommy avait secoué la tête mais laissé échapper un bref rire tout en posant son propre sac sur le lit du dessous, tandis que Scarlett badinait en agitant ses jambes dans le vide. « Je suis contente que tu sois là Tommy. C’est un peu les vacances que j’ai toujours rêvé d’avoir. » Persuadé que suivrait une énième plaisanterie, le brun n’avait accordé sa pleine attention à sa sœur que lorsqu’elle avait repris, le ton étonnamment solennel « Je sais que c’est un peu sommaire mais je sais pas ... c’est comme un retour aux sources. À cette époque quand on était gosse, et qu’on n’avait pas d’autres tracas que ceux qu’on créait entre nous. » S’accoudant au matelas réquisitionné par la jeune femme, il avait dodeliné la tête et usé du ton dont il usait généralement lorsque la conversation devenait trop sérieuse pour lui « La trentaine te rend sentimentale, méfie-toi. » Pinçant ses lèvres et perdant progressivement le sourire désinvolte qu’il tentait de se donner, il avait repris après quelques secondes « Ça me fait plaisir à moi aussi. Et c’est bien qu’on se le dise maintenant, tu vois, parce que qui sait si notre discours ne changera pas radicalement d’ici la fin du week-end … » et agrémenté sa remarque d’un roulement d’yeux volontairement appuyé. « T’auras fini par obtenir ce que Maman t’a toujours refusé en tout cas. Un séjour chez les scouts. » Un droit qui avait en revanche été accordé à Marius et Tommy, parce qu’ils étaient des garçons et qu’aux yeux un brin arriérés de leurs parents cela faisait toute la différence, et peu importe que Tommy n’en garde aujourd’hui qu’un souvenir mitigé – probablement par simple fait que cela lui ait été imposé. « On aurait presque pu lui envoyer un selfie pour la faire rager … Dommage que nos téléphones aient été victimes d’une prise d’otage. » D’ailleurs, il réalisait également n’avoir pas pris de montre, trop habitué à vérifier l’heure sur son mobile … Est-ce qu’il était bientôt l’heure de manger ? Il espérait. « Hep, hep, on n’est pas là pour lambiner ! » Oh comme il la trouvait désagréable, la voix grinçante de leur tortionnaire. « J’attends tout le monde dehors dans deux minutes pour commencer à parler des choses sérieuses. » Des choses sérieuses ? « J’espère qu’on va au moins apprendre à faire du feu avec un bout de bois. C’est ma dernière chance de passer pour un père cool avant que Moïra ne bascule dans l’adolescence et ne me range au pays des ringards. » Et ce jour-là il serait toujours temps pour lui de s’inscrire à la prochaine saison de Survivor pour payer son loyer.
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Message(#)Into the wild EmptyDim 19 Avr 2020 - 22:24

La rivalité des Warren avait vite fait d'éclipser quelques souvenirs heureux, clairsemés ci et là dans l'esprit de Scarlett. Au final c'était bien leur proximité qui exacerbait leurs querelles fratricides, et hormis envers Marius, personne n'avait nourri de rancune tenace. Si Scar était parfois agacée des attitudes de Beth et Tommy, jamais sa colère n'avait duré assez longtemps pour aliéner leur affection, et c'était bien celle qu'elle leur portait par ailleurs qui finissait par naturellement imposer une trêve à leurs chamailleries. Ils le formulaient rarement, mais l'amour qu'ils se vouaient était distillé dans des intentions déformées par leurs fiertés respectives : Elizabeth qui s'acharnait à vouloir les réconcilier moyennant quelques mensonges et autres embuscades, Tommy qui honorait son rôle de grand frère protecteur, ou même Marius qui tentait de l'introduire dans un monde qu'elle feignait de mépriser simplement parce qu'il la méprisait en retour. Scarlett était trop heureuse de partager un moment privilégié avec Tommy, mais elle réalisait également qu'il était peut-être temps de s'ouvrir à son plus vieil aîné, ne serait-ce que pour apaiser des tensions que Beth était trop frileuse pour régler de façon catégorique. C'était une aubaine pour elle, de jouer les médiateur, mais tout le monde savait ses desseins honorables. Sauf que ce jour les deux jeunes Warren étaient loin de leurs préoccupations quotidiennes – littéralement – et Scar comptait bien en profiter pour avoir une discussion à cœur ouvert avec un Tommy qui bien aimait trop jouer les insensibles. La taquinerie était une bonne mise en condition, et Scarlett fut soulagée de constater que son frère n'était pas assez remonté pour lui épargner une riposte. Elle rit et haussa les épaules, peu disposée à lui faire la liste de tous les motifs de vengeance que le karma pouvait retenir contre sa personne. Ça remontait très certainement au collège, et même à l'enfance. Combien de fourmis avait-elle abattu de sang froid en se prenant pour Dieu ? Marius en prit pour son grade, et Scar considéra que c'était de bonne guerre, comme toutes ces fois où elle avait pesté contre sa sœur de façon tout à fait gratuite. Elle opina cependant, car la seule rando qu'elle imaginait son plus vieux frère réaliser, c'était pour rejoindre sa villégiature sur les côtes françaises. Une fois dans la chambre la jeune femme se risqua à ouvrir les vannes, et se heurta inévitablement à un mur de sarcasme. A force de crier au loup... évidemment que personne ne la croyait quand elle faisait mine d'avoir une conversation sérieuse, et c'était bien souvent pour elle un moyen de se rétracter aussitôt. Contrairement aux amis de Scar, Tommy avait tout de même un minimum de jugeote, et il concéda quelques mots gentils en retour. « Tu sais quoi j'y avais même pas pensé. Mais ça me fait encore plus plaisir. » dit-elle à l'égard de leur mère, trop conventionnelle pour envoyer ses filles apprendre la survie dans les bois alors qu'elle les destinait aux fourneaux. C'était d'autant plus un échec pour elle que Beth était une pitoyable cuisinière. « Merde. » conclut-elle alors qu'elle s'apprêtait à fouiller dans sa poche en quête de son portable. La voix de leur moniteur les tira de leur digression, et Scar aurait pu parier que son frère avait eu comme elle la désagréable impression d'être un ado que l'on rappelait à l'ordre en internat. Elle allait se faire un malin plaisir de régresser aussi dans son comportement, même si beaucoup diraient qu'elle n'avait pas énormément mûri depuis le lycée. Anormalement docile, Scarlett s'exécuta pour commencer, et sauta de son lit pour atterrir grassement sur le sol. « Mon pauvre Tommy, il faut au moins deux bouts de bois pour faire du feu. »  contredit-elle en jouant sur les mots. Mais nul doute que Tommy ferait mieux d'envoyer sa fille chez les scouts pour faire jaser leur mère, et lui offrir une chance de s'émanciper de la misogynie assimilée qui régnait dans la famille. Les pensionnaires se réunirent en rang d'oignon sur le porche de la cabane où leur faisait face leur officier. Un feu avait justement été allumé, certainement en prévention de la pluie qui menaçait de s'abattre depuis plusieurs minutes déjà sur leurs pauvres têtes  dépouillées. « On est avant tout ici pour se vider la tête de nos problèmes. » affirma l'homme à la moustache qui relevait bien plus du hipster que du major de l'armée. « Alors je vous demanderai à tous de commencer par laisser une première frustration derrière vous. On va vous faire passer un bout de papier. Chacun écrira un tracas dont il a envie de se débarrasser, et à chacun votre tour vous lirez le papier et le jetterez au feu. On pourra ensuite partir pour l'exploration. » Scarlett tourna machinalement la tête vers Tommy qui semblait déjà se décomposer, et le gratifia d'une grimace d'incompréhension. Elle se saisit d'un bout de papier dans la corbeille qu'on lui tendit, mais son esprit était déjà en quête d'un mensonge à y inscrire.
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Message(#)Into the wild EmptyMer 29 Avr 2020 - 23:10

Les souvenirs qu’il avait de sa brève carrière de scout n’étaient pas aussi terribles qu’il voulait bien le faire croire. Au même titre que cela avait été le cas pour Marius quelques années en amont, il s’était agi avant tout d’une volonté de leurs parents de leur apprendre la vie en communauté dans l’espoir – croyaient-ils – d’en faire des Hommes avec un grand H, doublée à celle de ne pas les avoir dans les pattes tous les week-ends à moindre frais. Et si l’esprit de contradiction ont avait toujours fait preuve Tommy à l’égard de leurs parents l’avait bien entendu amené à y aller en traînant les pieds après moult négociations pour tenter d’y échapper, il gardait malgré tout quelques bons souvenirs de ses séjours en pleine nature – satisfait, il est vrai, par le fait que ce qui se passait autour du feu de camp ou dans les tentes une fois les moniteurs sagement endormis n’aurait probablement pas été au goût de papa et maman. De maman, surtout. Et puisque Scarlett avait été privée de cette occasion, pointant quant à elle l’injustice de ne pas y avoir droit avec ce même sens de la contradiction déjà cultivé par le plus jeune de ses frères, ce séjour en pleine nature dans lequel elle avait décidé de traîner Tommy aujourd’hui était un peu comme une revanche envers l’austérité maternelle. « Tu sais quoi j'y avais même pas pensé. Mais ça me fait encore plus plaisir. » La remarque avait arraché au brun sourire entendu, et un poil satisfait il fallait bien se l’admettre. Bien qu’elle soit l’instigatrice de ce week-end nature, Scarlett semblait quant à elle déjà oublier les principes énoncés quelques minutes avant, cherchant machinalement après son téléphone avant de se rappeler qu’elle ne le trouverait pas. Et oui. Mais à peine son frère avait-il eu le temps d’une remarque narquoise à ce sujet que le petit chef du jour était venu les rappeler à l’ordre, Tommy en lâchant un soupir un brin exagéré en espérant au moins trouver son compte dans les activités qui les attendaient. « Mon pauvre Tommy, il faut au moins deux bouts de bois pour faire du feu. » Pinçant les lèvres d’un air boudeur, il l’avait laissée passer la première et avait fermé la marche pour quitter la chambre, marmonnant au passage « Tout ça alors qu’il suffirait de s’arrêter au tabac du coin pour acheter un briquet. » Ils étaient au vingt-et-unième siècle, oui ou non ? Étonnamment dociles tous autant qu’ils étaient, les naufragés du week-end s’étaient alignés à la sortie de la cabane comme s’ils s’attendaient à recevoir des honneurs militaires, et un feu de camp avait justement été allumé. Penché vers sa sœur, le brun avait susurré d’un ton narquois « Je te parie qu’il n’a pas utilisé de bouts de bois, lui. » mais n’avait pas eu le temps de pousser le mauvais esprit plus loin, car le moustachu n’avait pas perdu plus de temps pour entamer son discours de motivation – ou son lavage de cerveau, qui sait. « On est avant tout ici pour se vider la tête de nos problèmes. » Et ainsi l’atelier bouts de bois semblait s’éloigner encore un peu plus. « Alors je vous demanderai à tous de commencer par laisser une première frustration derrière vous. On va vous faire passer un bout de papier. Chacun écrira un tracas dont il a envie de se débarrasser, et à chacun votre tour vous lirez le papier et le jetterez au feu. On pourra ensuite partir pour l'exploration. » Oh, really. Immédiatement le regard de Tommy était allé se planter dans celui de sa sœur avec accusation ; S’il s’avérait qu’elle l’avait embarqué dans un week-end de hippies il ne tarderait pas à revoir la dose de plaisir qu’il lui avait admis ressentir à l’idée de passer ces deux jours avec elle. Quoi qu’un peu d’herbe aurait probablement fait baisser la tension dans ses omoplates … Oui, mais non. Probablement mué par les mauvaises habitudes qui avaient la dent dure, son premier réflexe après avoir pioché un bout de papier et un crayon avait été de jeter un œil du côté de Scarlett puis de côté de son autre voisine – cheveux grisonnants mais âge totalement indéfini, ainsi qu’une paire de mollets de marathonienne – avant que Moustache ne le rappelle à l’ordre d’un ton neutre « Ça ne vous sert à rien de copier. » et avec seulement la bonté de balancer cela à la cantonade plutôt qu’en le pointant délibérément du doigt. Mais sérieusement, le bonhomme avait-il le moindre espoir que quelqu’un ici remplisse la tâche honnêtement et balance en pâture à un bataillon d’inconnus des choses qu’ils ne partageaient déjà pas avec qui que ce soit en temps normal ? Dans ses rêves. Lorsque tout le monde eu terminé néanmoins il avait été aisé de repérer les fayots et les bons élèves au milieu du troupeau. Josie était frustrée de l’ingratitude de ses enfants, Oliver ne parvenait pas à obtenir cette promotion dont il rêvait nuit et jour, Paul se sentait déconnecté de mère nature … Et en mauvais élève Tommy avait formé un « au-se-cours » muet à l’intention de Scarlett avant que ne vienne son tour. « Ah, oh, heu … » S’éclaircissant la gorge de la plus solennelle des façons, il avait tenté de défroisser son papier et annoncé « Je … ne suis pas millionnaire. Et c’est une grande frustration. » obtenant en retour un regard sévère de Josie mais, contre toute attente, un éclat de rire de mollets d’acier – qui s’appelait en réalité Patricia. « Quoi ? Ça vous frustrerait pas vous, si vous jouiez au loto ? » Cela frustrerait n’importe qui jouant régulièrement sans jamais voir le retour sur investissement … La différence, c’est que Tommy ne jouait même pas, mais ça l’assemblée n’était pas supposée le savoir et seule Scarlett pourrait s’en douter, puisque n’ignorant pas les problèmes de jeu qu’il avait eu par le passé et l’improbabilité totale qu’il cède ne serait-ce qu’à la loterie annuelle ou aux jeux à gratter. Échangeant un regard avec elle, Tommy avait d’ailleurs haussé les épaules et balancé son papier dans le feu de camp avec cérémonie, pas le moins du monde dérangé par le décalage entre lui et ceux qui prenaient l’exercice au sérieux. Et puisque c’était maintenant le tour de Scarlett il ne s’attendait pas à ce qu’elle relève son niveau mais au moins qu’elle arrache à nouveau un rire à mollets d’acier, que Tommy venait mentalement de désigner comme leur meilleure copine pour le week-end. Peut-être même y’aurait-il moyen de la recruter pour faire le guet lorsqu’ils voudraient récupérer leurs téléphones à la nuit tombée … Il en toucherait deux mots à Scarlett, une fois que cette histoire de papier serait terminée.
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Message(#)Into the wild EmptyDim 10 Mai 2020 - 13:26

L'orage menaçait de gronder d'une minute à l'autre, et Scar aurait pourtant pu jurer voir un éclair traverser le regard de Tommy pour se diriger tout droit vers elle. L'air était chargé d'électricité. Entre la fébrilité communicative des uns et la crispation des autres, la jeune femme peinait à trouver une place, le cul vraisemblablement entre deux chaises. C'était sa faute s'ils étaient coincés ici, alors elle se devait au moins par orgueil de faire semblant d'approuver les méthodes du camp, au risque de voir son frère prendre ses jambes à son cou, et d'entourer le sien de ses mains au passage. Elle avait donc opté pour cet air penaud mais compatissant, tandis que les fabulations de son esprit tournaient à plein régime. Maintenant qu'elle y pensait, ce cadeau était à la hauteur de la clientèle du DBD qui en était à l'origine. Elle avait cru à un stage de scout alors qu'elle allait se retrouver à faire de l'introspection dans les bois, privée de réseau, et avec sa seule culpabilité pour compagnie. Enfin, sans compter la mine accusatrice de Tommy, dont il n'allait définitivement pas se débarrasser de si tôt. « Ça ne vous sert à rien de copier. » avait dénoncé le hipster qui leur servait de moniteur, et Scarlett ne put se retenir de relever vers lui des yeux à la fois innocents et foncièrement persuadés d'être responsables. C'était bien son lot au lycée. La cancre forcée de se justifier d'avoir oublié de jouer les décérébrés, lorsqu'elle faisait parfois preuve d'un esprit critique qui relevait de la véritable réflexion plutôt que d'une pulsion anarchiste. Elle n'avait besoin de personne pour être intelligente, et en avait marre de devoir s'en défendre. Quelle surprise de constater qu'elle n'était pas visée, ou du moins pas directement. Confuse, elle haussa les sourcils, avant de se concentrer à nouveau dans la rédaction d'un mensonge inspiré. Tommy ferait sans doute de même, elle n'en attendait pas moins de lui. En tout cas elle l'espérait, alors que l'échéance se rapprochait et qu'elle constatait avec autant de mépris que d'appréhension que les règles avaient été respectées au pied de la lettre par beaucoup. Les autres avaient-ils aussi cette impression d'aller au bagne, à mesure que l'écart se resserrait entre leurs corps crédules et le feu ? Pour elle à cet instant, le visage pourtant affable de leur moniteur avait tout du bourreau. Entendre le tourment de la ménagère devant elle, qui déplorait ne plus être touchée par son mari, avait suffi à la détendre un peu. Ce fut enfin le tour de Tommy, qui avait semblé plus affligé que colérique au moment de passer à la casserole, et en bonne camarade Scarlett ne se gêna pas pour étouffer un rire sardonique en entendant ses lamentations. Tommy s'écarta du feu, soutenu par les regards impressionnés de ceux qui, comme eux, avaient été trompés sur la marchandise, tandis que Scar s'avançait fièrement, déjà imprégnée dans son rôle. La chaleur lui chatouilla les mollets, et elle réalisa alors qu'il faisait frais dans la clairière. Elle fixa l'horizon, là où s'étaient rangés les rescapés du jeu, et s'exprima avec un air empli de détresse théâtrale. « Je suis désolée que la plupart des filles soient jalouses de moi. Mais qu'est-ce que je peux y faire si tout le monde m'adore ? » Et de lâcher sa feuille de papier dans le feu comme un micro après une intervention réussie. « BOUM ! » s'était-elle exclamée en entamant une révérence, à l'instant précis où un coup de tonnerre avait annoncé la pluie. Le vent s'était levé soudainement, comme si elle l'avait invoqué, et l'averse avait suivi, violente et glaciale, sous les cris effarés des robinsons. Ou comment ruiner l'effet de sa blague, que n'importe quel fan de pop culture aurait trouvé de très bon goût. Freddie – c'était ainsi qu'elle avait décidé d'appeler leur guide, en référence à sa moustache – les invita contre toute attente à rentrer dans la cabane le temps que la tempête se calme, très certainement motivé par sa responsabilité civile dans ce séjour. Scarlett leva la tête une seconde, comme pour remercier un dieu auquel elle ne croyait que pour opérer des miracles. De son point de vue, c'était un miracle. Et elle se hâta à son tour vers la cabane, où les pensionnaires se massaient dans le vestibule pour se défaire de leurs chaussures trempées. « Tu vois, on a bien fait d'accompagner les parents à l'église. » se gaussa-t-elle auprès de Tommy, qui avait fait grande impression à une femme que Scar qualifierait d'âge mur. « T'as un ticket. » dit-elle en la pointant indiscrètement du menton. « Promis je dirai rien si tu découches cette nuit. »
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Message(#)Into the wild EmptyLun 8 Juin 2020 - 19:31

La seule satisfaction qu’ils auraient – peut-être – pu trouver dans ce trip New Age dans lequel semblait les avoir sans le savoir entraînés Scarlett, c’était d’imaginer la réaction de leur mère si elle venait à l’apprendre … Et elle l’apprendrait probablement un jour ou l’autre, dépendamment de comment se déroulait la suite du programme. Warren mère ne les aimait pas, les hippies, probablement qu’elle les plaçait juste en-dessous des étrangers dans la liste des personnes qu’elle méprisait par-dessus tout – à se demander si leur mère avait été jeune un jour, ou si elle était directement née dans la peau d’une cinquantenaire aigrie. Et de tous ses enfants Scarlett était définitivement celle ayant le moins hérité d’elle, tant dans l’allure que dans le comportement … Rien d’étonnant donc au fait qu’elle ait toujours été la préférée de Tommy. Passée la désagréable sensation d’avoir été trompé dans la marchandise, et celle tout aussi déplaisante de sentir les regards de l’assemblée sur lui tandis qu’il se donnait en spectacle, il avait pu compter sur elle pour détendre son humeur incertaine par la grandiloquence de son entrée en matière. « Je suis désolée que la plupart des filles soient jalouses de moi. Mais qu'est-ce que je peux y faire si tout le monde m'adore ? BOUM ! » S’il y avait une référence à saisir il ne l’avait pas saisie, mais une chose était certaine : même en le voulant sa sœur n’aurait pas pu produire meilleur effet que celui servi par la météo, décidant de balancer le meilleur de ses éclairs au moment le plus opportun avant que ne vienne rouler un coup de tonnerre annonciateur de déluge. En l’espace de quelques secondes tous s’étaient retrouvés trempés des pieds à la tête, et malgré la rapidité à laquelle ils avaient détalé tandis que le feu de camp s’éteignait sans aucun panache, ils avaient tous donnés l’air d’être passés dans une lessiveuse le temps de se réfugier à l’intérieur du refuge forestier. « Tu vois, on a bien fait d'accompagner les parents à l'église. » Laissant échapper un ricanement en essorant le bas de son tee-shirt, il s’était moqué en répondant « Une chance pour toi qu’on ne brûle plus les sorcières de nos jours, sinon ce feu de camp aurait trouvé une toute nouvelle utilité à la nuit tombée. » et jamais ô grand jamais ne l’entendrait-on dire de manière plus sérieuse que l’éducation religieuse que leurs parents leur avait enfoncé au fond de la gorge de gré ou de force avait été une bonne chose. « T'as un ticket. » désignant Patricia et ses mollets de fer du bout du menton, Scarlett s’était moquée « Promis je dirai rien si tu découches cette nuit. » sans grande discrétion, et fronçant le nez Tommy avait offert un sourire de façade à la concernée et attendu qu’elle regarde ailleurs pour reporter toute son attention vers sa sœur, ironisant « Les cougars c’est pas vraiment ma came. » alors que l’image mentale d’une tripotée d’aventuriers du dimanche ayant déposé leurs fluides corporels partout dans la cabane annexe lui faisait se féliciter de laisser à Scarlett le soin d’aller récupérer leurs téléphones elle-même à la nuit tombée. « Mais j’te remercie de t’inquiéter de ma vie sentimentale, un point pour ton karma. » De sa vie sexuelle plus que de sa vie sentimentale en réalité, mais c’était sans doute la différence entre elle et lui : il ne dissociait pas forcément les deux. L’intérieur de la cabane commençait à sentir le chien mouillé, mais c’eut été faire preuve de naïveté de la part des convives de penser que Moustache ne saurait pas tirer parti des caprices de la météo. Seul à donner l’impression que la pluie n’avait pas eu la moindre emprise sur lui, il s’était éclairci la gorge « Bon, en attendant que la pluie se calme, on va commencer par un peu de théorie. » Échangeant un regard avec sa cadette, Tommy sentait déjà pointer l’ennui. Tout ce qui était théorique ne pouvait être qu’ennuyeux. « Est-ce que tout le monde ici a déjà utilisé une boussole ? » Le murmure en demi-teinte qu’il avait obtenu en réponse laissant à penser que non, il avait repris à moitié sérieux « Rassurez-moi, vous savez quand même de quel côté se lève et se couche le soleil ? » C’était on ne peut plus faux compte-tenu de ses horaires de travail, mais malgré tout le Warren n’avait pas résisté à l’envie de répondre « Il se lève bien trop tôt pour que je surveille ses allers et venues. » pour amuser la galerie. Josie-la-mère-au-foyer avait fait les gros yeux, et dès lors il n’avait pas été bien compliqué de comprendre pourquoi elle peinait à se faire prendre au sérieux par ses enfants, mais frappant dans ses mains pour ramener un peu de concentration Moustache avait attrapé sa besace « Une boussole pour deux, choisissez bien votre binôme pour ceux qui sont arrivés seuls, ce sera le même jusqu’à la fin du week-end. » Au moins un problème que Scarlett et lui n’auraient pas à régler, et par accès soudain de galanterie le brun avait laissé sa sœur plonger la main dans la besace pour en ressortir une boussole usée, rayée à certains endroits, mais dont l’aiguille pointait dans la direction du nord avec certitude. « Bon, dis-moi tout … Qui est le petit génie qui a réussi à te vendre ce week-end chez les hippies et à être assez convaincant pour que tu le croies sur parole ? Ne me dis pas que c'est Jillian. » Il osait l'espérer du moins, sans quoi Scarlett n’avait clairement aucune excuse pour ne pas s’être méfiée des idées souvent délirantes de sa grande copine. « Comme vous le remarquerez, vous disposez tous d'un sifflet attaché à la boussole. Il n'est là ni pour faire beau ni pour effrayer la faune locale, mais pour vous localiser plus facilement en cas de pépin, alors ne l'utilisez pas à tort et à travers. » Mais qui aurait envie d'utiliser à tort et à travers un objet que n'importe qui avait déjà mis dans sa bouche avant eux ? Il y avait probablement encore plus de microbes là-dedans que dans les dossards parfumés à la transpiration des cours de sport à l'école. Jetant un regard narquois à sa sœur, Tommy avait commenté « Évite de t'éclipser en douce pendant la course d'orientation cette fois-ci. » en référence à ce cours de sport, au lycée, où elle en avait justement profité pour prendre la tangente, alarmant dans l'affaire non seulement son professeur mais également la proviseure, leurs parents, et même deux agents de police dépêchés sur place au prétexte qu'il s'agissait d'une disparition de mineure. Et comme presque à chaque fois que la mésaventure venait sur le tapis, le brun avait laissé échapper un ricanement en repensant au visage rouge et déformé par la colère de leur mère lorsque Scarlett était finalement réapparue.
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Message(#)Into the wild EmptyDim 28 Juin 2020 - 12:23

Quelle sensation désagréable ; de patauger dans ses chaussures. À peine trente secondes et Scarlett entendait déjà ses pieds couiner dans un bruit disgracieux. Le choix n’avait pas été judicieux, mais elle avait été loin d’imaginer que la pluie allait peut-être reléguer leur escapade sauvage en confinement au coin du feu. Scar n’avait pas été la dernière à se déchausser dans l’entrée. On pouvait tous les suivre à la trace, mais pour le moment leurs empreintes moites ne formaient qu’un entremêlement confus sur le sol. Elle jetait un œil avide sur le côté, au cas où un torse plaisant se dévoilerait à sa curiosité, mais ne constatait que des mines déconfites, et quelques sourires espiègles. Scar se serait volontiers débarrassée de son haut si seulement elle n’entendait pas déjà Tommy l’accuser de lui jeter l’opprobre. Elle avait plus d’ambitions romanesques pour lui que pour elle, et se ravisa alors sans bouder. Son frère n’avait pas l’air si furieux, malgré la situation. Il était même agréablement réceptif à son humour taquin. Elle ricana à son tour. Nul doute qu’elle aurait fait une sorcière dévastatrice, quoique peu discrète. Sa prétendante allait devoir se contenter d’un béguin unilatéral, mais au fond Scar n’en attendait pas moins de la part de son frère. Ils étaient génétiquement assez bien pourvus dans la famille pour se permettre quelques exigences. Tommy avait eu ce même froncement de nez perplexe que celui qui rythmait les soirées Tinder de sa sœur, à la recherche d’un match convaincant. Parfois les gens ne manquaient pas d’audace. Ce qui ne lui déplaisait pas d’ordinaire, mais pas vraiment dans un contexte de séduction. Si jamais elle doutait des raisons pour lesquelles Tommy était son préféré, ce genre de réactions spontanées le lui rappelaient. Il ne s’offensait que rarement de ses intrusions dans sa vie intime, parce qu’il était le seul de la fratrie a avoir daigné creuser au-delà de ses provocations. Si Scar était si exubérante, c’était avant tout pour compenser le complexe d’infériorité que leurs parents cultivaient en comparant leurs enfants les uns aux autres. Et peut-être aussi pour reprendre possession d’un corps qui attisait les convoitises autant que les jalousies. Tant qu’à être une potiche, elle préférait en choisir les termes. « Tu sais comme mon karma est impeccable. » rétorqua-t-elle sarcastique, en faisant allusion à ses ingérences retentissantes dans la vie sentimentale de Beth. Chacun avait ses travers dans la famille. Maintenant que la pluie martelait sur le toit de la cabane Scarlett se serait attendu à chanter Kumbaya en cercle dans le confort du salon. Mais c’était sans compter sur la pugnacité de Freddie, qui avait encore bien des tours dans son sac. Il leur avait sorti une petite leçon d’orientation tout droit de son chapeau d’aventurier à la manque. Scar avait senti l’agacement poindre chez son frère, qui comme elle restait suspendu à l’annonce de leur nouvelle activité. Une boussole ? La seule boussole qu’elle maîtrisait était celle du logo de Safari. Qui se posait encore ce genre de questions ? La bêtise avait à peine franchi ses lèvres que Tommy la coiffait au poteau. Elle était étonnée de son application à jouer les insolents, mais ravie de constater qu’il pouvait l’égaler dans ce rôle. Elle rit de bon cœur, et fit mine de s’arrêter seulement lorsque le regard désapprobateur de leur instructeur se posa sur elle. « J’avais oublié que t’étais pas en reste des dérives comportementales au lycée. » avait-elle affirmé un peu amusée, quoique agacée de réaliser qu’en tant que dernière de la fratrie elle était la seule à porter l’héritage de ses erreurs de jeunesse. C’était quand même passablement injuste. « Jill ? Pas moyen. Je sais pas, c’est un groupe de mecs qui vient souvent au bar. C’était pour fêter notre anniversaire de rencontre. » tenta-t-elle de se justifier en plongeant la main dans la besace que Freddie leur tendait avec le même air réprobateur, sans doute pour tuer dans l’œuf leurs prochaines manigances. Tommy la fixait avec insistance, et elle comprit alors qu’il y avait peut-être une arrière-pensée derrière ce cadeau. « D’accord, ils s’attendaient peut-être à ce que j’invite l’un d’eux plutôt que mon frère... Mais cherche pas, sont trop jeunes. » expliqua-t-elle en laissant à Tommy le soin d’appréhender leur boussole. L’anecdote avait mis du temps à être mentionnée, mais Scar l’avait attendue. Elle ne pouvait pas sortir indemne de toute raillerie d’une course d’orientation. « Excusez-moi d’être née à une époque où on utilise la géolocalisation. »rétorqua-t-elle à peine piquée au vif. Personne n’avait su le fin mot de cette histoire, à part Jill avec qui elle avait disparu ce jour-là. « Cela dit, ce sera quand même le moment idéal pour récupérer nos portables. » dit-elle avec un sourire malicieux, juste assez bas pour que personne n’entende le mot interdit. Elle lui subtilisa la boussole et la tourna un peu aléatoirement dans la main humide qu’elle avait passé instinctivement dans ses cheveux. « Faudra quand même m’expliquer à quel moment je me vais me retrouver perdue sans portable mais avec une boussole dans la poche. C’est comme les tables de multiplications ça, plus personne s’en sert. » Elle prêchait un convaincu. C’était elle qui l’avait trainé ici après tout.
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Message(#)Into the wild EmptyMer 2 Sep 2020 - 16:21

Puisqu’il semblait maintenant établi que Scarlett, elle non plus, n’avait pas mesuré ce dans quoi elle avait décidé de les embarquer, elle ne lui en voudrait probablement pas de jouer les élèves dissipés auprès de leur vénérable professeur Freddie Moustache. En vérité, il n’y avait bien que la présence de sa sœur pour réveiller ses instincts de bonnet d’âne et le pousser à ouvrir la bouche sans craindre de devoir s’écraser la seconde suivante – ça, c’était ce qu’il était devenu depuis qu’Alice n’était plus là pour faire ressortir le meilleur de lui, croyait-il – et bien que la chose ne lui vienne pas avec le même naturel qu’autrefois d’être parvenu à arracher un éclat de rire à sa cadette lui avait apporté un brin de satisfaction, rapidement contrecarré cependant par le regard désapprobateur du moniteur tandis qu’elle commentait « J’avais oublié que t’étais pas en reste des dérives comportementales au lycée. » Pas besoin de gratter bien loin pourtant pour en arriver à la conclusion que Tommy n’avait à l’époque pas d’autre dessein que celui d’attirer l’attention de ses parents, inlassablement obnubilés par les exploits de leurs deux aînés … Mais ni Scarlett ni lui n’étaient venus ici pour entamer une psychanalyse. Pas que le brun ne sache précisément ce qui avait motivé sa sœur à le traîner jusqu’ici en premier lieu, il fallait bien que quelqu’un lui ait vanté les mérites de ce stage de sprirituo-survivaliste pour qu’elle ait décidé de lui donner une chance. « Jill ? Pas moyen. Je sais pas, c’est un groupe de mecs qui vient souvent au bar. C’était pour fêter notre anniversaire de rencontre. » Il y avait tant de choses dans cette révélation de nature à lui faire arquer un sourcil que Tommy n’aurait pas su dire laquelle l’avait titillé en premier « Tu sais que quand on parle de fidéliser les clients, c’est une façon de parler ? » n’avait-il alors pas pu s’empêcher de railler avec un brin d’amusement, la poussant à ajouter « D’accord, ils s’attendaient peut-être à ce que j’invite l’un d’eux plutôt que mon frère ... Mais cherche pas, sont trop jeunes. » devant le regard entendu de son aîné. Triturant la boussole que l’on venait de leur remettre, le brun s’était fendu d’un « Ma sœur, ce bourreau des cœurs. » faussement détaché, avant de lui offrir un sourire amusé au moment de lui tendre la boussole en rappelant à sa mémoire la manière peu orthodoxe dont s’était terminée la dernière course d’orientation dans laquelle elle s’était illustrée – à sa connaissance, tout du moins. « Excusez-moi d’être née à une époque où on utilise la géolocalisation. » avait-elle fait mine de s’offusquer. « Cela dit, ce sera quand même le moment idéal pour récupérer nos portables. » Ce n’était probablement pas moins puéril de sa part que de celle de sa sœur, mais à cette idée le regard de Tommy s’était illuminé avec un fond de malice – et de soulagement aussi, peut-être. « J’admire votre esprit pratique, très chère. » Quelque chose lui disait qu’elle devrait peut-être aussi en profiter pour récupérer ses céréales, car il soupçonnait de plus en plus que le repas du soir n’allait pas les enchanter. Récupérant finalement la boussole, Scarlett l’avait observée à son tour sous toutes les coutures d’un air dubitatif. « Faudra quand même m’expliquer à quel moment je me vais me retrouver perdue sans portable mais avec une boussole dans la poche. C’est comme les tables de multiplications ça, plus personne s’en sert. » Un point pour Warren junior, mais encore une fois c’était elle qui les avait traînés ici alors si quelqu’un devait conserver la boussole et tâcher d’en tirer le meilleur parti c’était assurément elle. Tommy, quant à lui, s’en tiendrait à jouer les fidèles supporters … Mais pas s’en trouver de quoi s’en amuser malgré tout. « Oh allez, avec un peu de chance à la fin de ce week-end on sera fin prêts pour la prochaine saison de Survivor. Vois ça comme un investissement sur l’avenir. » Et en ce qui le concernait, il ne croyait pas si bien dire.
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