| i was getting kinda used to being someone you loved (tamsin) |
| | (#)Mer 18 Sep - 22:28 | |
| I was getting kinda used to being someone you loved. TAMSIN & DIMITRI. Les sons des manèges résonnaient dans un écho que ses tympans ne percevaient plus vraiment, tandis que les couleurs criardes des enseignes lumineuses transperçaient la noirceur de cette soirée plutôt douce, reflétées dans les flaques laissées par les quelques gouttes de pluie qui quelques instants plus tôt avaient surpris les clients du parc. C'était une soirée comme beaucoup d'autres, qui n'offrait aucun frisson particulier à un Dimitri habitué depuis des années à travailler pendant que les autres s'amusaient. Des familles venaient s'offrir un tour de manège entre deux allers-retours au stand de confiseries, des couples se bécotaient sur des bancs à la lumière des luminaires et des enfants couraient dans les allées comme s'ils n'avaient jamais vu d'endroit qui puisse paraître aussi magique et intemporel, où les odeurs de barbe à papa semblaient provenir d'un peu partout. S'il se surprenait encore parfois à sourire devant ces spectacles qui lui rappelaient que son boulot ne changeait pas la face du monde mais avait au moins le mérite de permettre à des gens comme lui de s'évader en laissant leurs soucis au parking, il n'en était pas moins le plus souvent un simple élément décoratif qu'on pensait tout juste à saluer. Peu de boulots faisaient que vous marquiez l'esprit de quelqu'un comme il marquait parfois le votre, mais certains soirs cette pensée lui inspirait une mélancolie particulière, comme si en quelques années c'était la première fois qu'il ressentait exactement ce que son père avait du ressentir durant toute une partie de sa vie. Est-ce qu'il voudrait être plus que le type à qui on achète des tickets pour se faire pardonner auprès de ses enfants d'avoir oublié de leur ramener un souvenir de son dernier voyage d'affaires ? Peut être, en attendant Dimitri devait reconnaître que ce boulot payait les factures et que certains soirs il était même plutôt confortable d'en vivre. Peut être pas au point d'entreprendre tous les travaux qu'il avait en tête depuis plusieurs mois pour son appartement, mais sûrement assez pour commencer à prendre des cours de photo à coté du reste, si tant est qu'il lui reste encore du temps à occuper entre le stand et les ateliers. Le nez dans sa caisse, profitant que les clients se fassent un peu moins nombreux, il comptait les recettes du jour tandis qu'à quelques mètres de là Billy s'occupait de surveiller les clients déjà installés. Il les entendait rire d'ici, relevant la tête quand il croyait entendre deux autos se rentrer dedans, et quand il se laissait déconcentrer plus d'une minute c'est sur l'écran de son téléphone que ses yeux s'attardaient. « Ils repassent Lust for Life en ce moment au cinéma. On y va ensemble un soir ? » Message typique que sa sœur Lena pouvait lui envoyer quand elle savait qu'un vieux film qu'il aimait repassait au Cinéma alors que c'était plus souvent l'envie de passer un peu plus de temps avec son frère très occupé qui la motivait à le lui écrire. Revoir Kirk Douglas, ce serait toujours mieux que de traîner chez lui.
Ses doigts commencèrent à taper sur le clavier de son smartphone lorsqu'il sentit la présence de Billy sur sa droite. Billy qui ne dit pas un mot, mais dont le souffle vint fouetter l'arrière de sa nuque, indiquant à Dimitri qu'il avait peut être l'intention de lui demander une avance, ou de finir un peu plus tôt ce soir. « Dimitri, ce serait pas... ton ex ? » Sa voix s'éleva et Dimitri n'eut aucune réaction pendant plusieurs secondes, l'information ayant mis ce court laps de temps à être intégrée par son cerveau et finissant par lui faire lâcher un rire silencieux. Son ex, hein. Autant qu'il s'en souvienne, des filles qu'il puisse appeler « ex » et que Billy était susceptible d'avoir connues, il n'y en avait pas des masses. Il n'y en avait même qu'une, et elle avait fichu le camp des années auparavant en laissant derrière elle un champ de ruines là où autrefois se trouvait son cœur. Alors si c'était une amorce censée le mettre en conditions pour lui demander un service, il allait falloir trouver mieux. « Billy, je pensais qu'on avait dépassé le stade où tu me fais ce genre de... » En une seconde, Dimitri releva la tête pour balayer cette idée et ce qu'il découvrit face à lui piégea le moindre mot qu'il aurait pu vouloir sortir à l'intérieur de sa gorge. Ses yeux clignèrent une fois, puis deux, face à ce visage qu'il crut un instant avoir rêvé, fantasmé, comme si souvent il l'avait fait ces dernières années. Mais pas cette fois. Et c'était comme si brusquement le temps s'était arrêté et tout ce qui se trouvait autour d'eux avait disparu, ne laissant que ces lèvres entre-ouvertes dont plus un son n'arrivait à sortir, et ces doigts resserrés sur les rebords de sa caisse comme s'il tentait de se raccrocher à quelque chose de physique, quand il ne savait même pas comment ses jambes pouvaient encore le porter. Le choc était tel qu'il dut rester une minute à la fixer sans ciller, sans pouvoir détacher son regard de son visage, de ses traits identiques au dernier souvenir qu'il en avait, de ses lèvres que les siennes avaient embrassé pour la dernière fois quatre ans plus tôt sans imaginer une seconde qu'après ça elle aurait disparu. Quatre ans et deux mois. Plus d'un millier de jours, plusieurs dizaines de milliers d'heures qui défilaient brusquement juste sous ses yeux comme si ça n'avait pas déjà été assez pénible de les vivre la première fois. « Tamsin. » Son nom finit par franchir la barrière de ses lèvres, dans un souffle inaudible, étranglé par toute l'émotion qui tout à coup le noyait de l'intérieur. Il ne saurait pas dire ce que c'était, tant cette vision mettait tout sans dessus dessous sans qu'il ne puisse plus rien contrôler, mais bon sang si ce n'était pas un rêve, alors pourquoi ? Pourquoi maintenant, alors que l'espoir de la revoir un jour l'avait quitté à mesure qu'il avait pris conscience que ça n'arriverait sans doute jamais, que si elle était partie sans crier gare, c'était soit à cause de lui, soit pour quelqu'un d'autre, soit pour une autre raison contre laquelle il ne pourrait rien de plus ? Pourquoi, Tamsin ? « Qu'est-ce que tu... où est-ce que... » Les questions flottaient dans l'air à mesure qu'elles venaient s'entrechoquer dans son esprit, sans qu'il n'arrive à y mettre un tant soit peu d'ordre. Parce que des questions, il en avait tellement qu'il ne saurait même pas où débuter. Sur son départ. Sur ces années de silence. Sur ce retour qu'il n'attendait plus mais qui ravivait instantanément la peine et l'incompréhension qui ne l'avaient jamais quitté. Tant d'autres choses aussi. Comment n'en poser qu'une seule ? Comment le faire alors qu'elle était devenue un mystère à part entière qu'il n'aurait jamais pensé devoir résoudre un jour ? « Je comprends pas. Je comprends rien... » Ce soir. A l'époque aussi. Ça faisait longtemps qu'il ne comprenait rien à la façon dont les choses avaient tourné. A ce qu'ils étaient devenus, à ce qu'elle avait fait d'eux. A ce qui avait été gâché, recraché, jeté au moment où tout paraissait si solide. Ça faisait longtemps que ce flou faisait partie de lui. « Aide-moi à comprendre. » Tu nous dois bien ça.
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| | | | (#)Jeu 19 Sep - 1:16 | |
| Naughty boy ft Bastille ;; No one's here to sleep ♪ T’as promis à ta petite sœur que vous alliez passer la journée ensemble. Depuis que t’es de retour à Brisbane, tu ne prends pas le temps pour eux, pour elle. En réalité, tu les évites, parce que tu n’es pas encore prête à répondre aux « pourquoi ». C’est ton problème, t’es un peu égoïste sur les bords, au fond. Tu décides du jour au lendemain d’aller faire ta vie ailleurs, et puis tu crois que tu peux revenir sans aucune explication, et reprendre là où tout s’était arrêté. Tu sais qu’elles t’en veulent, parce que t’as pas franchement été très loquace durant ton absence. Moins tu en en disais, mieux c’était. Aujourd’hui, tu fais un effort et Liza, Soraya et toi vous allez rattraper un peu de ce temps perdu. Et puis, ça va permettre aussi à ta sœur de connaitre un peu plus ta fille et inversement. T'as envie qu'elle soit proche de sa famille, mais t'es pas vraiment prête à partager. Pas encore...
Un parc d’attraction. Voilà ce que Liza a quémandé. Exigé. Rien que ça. Toi, t’aurais probablement préféré aller te balader quelque part, trouver une petite plaine de jeux, ou quelque chose de plus tranquille. Mais certainement pas un endroit bourré de monde, où tu vas devoir faire les attractions d’enfants parce que ta mini-toi est trop petite pour les faire toute seule, et où ton ex-compagnon travaille… travaillait... Tu l'ignores. Tu tires ta fille de son sommeil en sachant pertinemment qu’elle va chouiner un moment, parce qu’elle en a besoin de cette sieste. Mais une fois n’est pas coutume, et puis tu te promets de la mettre au lit relativement tôt, ce soir. Tu l’habilles de circonstance et tu prends soin de l’attacher à l’arrière de ta voiture avant de te rendre chez ta sœur pour la kidnapper, elle aussi. Sa motivation et sa joie de vivre sont presque contagieuses. Presque, parce que toi ça te fait rire, mais dans ton rétroviseur tu jettes de rapides coups d’œil vers Soraya qui semble bien plus intéressée par ce qu’il se passe dehors, plutôt que par sa tante faisant le pitre à l’avant, juste à côté de toi. La musique qui envahit gracieusement l’habitacle vous obligerait presque à pousser la chansonnette, voire même à vous déhancher à l’avant du véhicule alors que tu viens de t’arrêter à un feu rouge. Ca te fait un peu oublier le souhait de ta sœur, de se rendre à ce parc d’attraction, jusqu’à ce que tu doives trouver une place où garer la voiture. Finalement, la réalité te heurte de plein fouet, mais tu veilles à garder un semblant de sourire, au moins pour elle. Parce que t’as promis que tu lui ferais plaisir aujourd’hui.
Tu vois dans le regard de Soraya beaucoup d’émerveillement, mais également de la curiosité. C’est la première fois que tu l’emmènes dans un parc d'attraction où la tentation prend tout son sens, mais tu veilles à la garder auprès de toi. Cet endroit, tu le connais pour y être déjà venue il y a plusieurs années. Mais ça a changé… tu crois. Ou bien peut-être que ce sont tes souvenirs qui ont décidé de t’embrouiller un peu, toujours plus. Sur le manège pour enfant, debout auprès de Soraya qui s’amuse sur son cheval de bois, tu ne cesses de dévisager les visages que tu croises. T’as peur de tomber sur des personnes que tu connais, t’es pas encore prête à dévoiler l’identité de ta fille au grand jour à n’importe qui. De temps en temps, tu reviens dans l’instant présent. Elle te réclame, elle veut te montrer quelque chose, un peu plus loin. Ah. Oui. L’éléphant qui distribue des ballons aux petits enfants ; le manège n’a plus aucun intérêt pour elle, l’éléphant marque des points et toi tu peines à lui expliquer qu’il faut attendre la fin du manège pour descendre. Elle a son caractère, déjà ; le tien... ou celui de Dimitri peut-être. Les cris, les pleurs, et puis lorsque qu'elle remarque que l’éléphant n’est plus là, c’est la catastrophe et les larmes de crocodile qui vont avec. Tu sais que face à un éléphant, tu ne fais pas le poids, mais tu mets tout ça sur le compte de la sieste écourtée et de la nuit difficile.
Ton regard se pose sur un stand d’auto-tamponneuse. Tu reconnais l’endroit, parce que c’est là que travaille Dimitri. Là, tout de suite, t’es incapable de décoller tes yeux de l’enseigne, tu le cherches du regard. Rien. Personne. T’es un peu maso, Tam. Non ? Tu sors un billet de la poche de ton jeans et tu le tends à ta sœur « Vas à la pêche aux canard avec Soraya stp. Je vais chercher des tickets pour les auto-tamponneuses. » En réalité, tu t’en fous pas mal d’aller te défouler dans ces machines, t’as jamais vraiment apprécié… La seule chose que tu souhaites, c’est que Liza s’éloigne avec Soraya. Tu veux pas prendre de risque, tu ne veux pas qu’il la voit, pas tout de suite. Tu longes le bords de la piste et tu observes les jeunes s’amuser à se percuter les uns aux autres. Finalement, tu t’approches doucement du comptoir et tu le cherches, lui, du regard. Tu le détailles alors que tu connais les traits de son visage par coeur pour les avoir effleurer délicatement de tes doigts, et à plusieurs reprises. Là, tout de suite, tu regrettes presque d’être venue. Ta gorge est serrée et tes doigts se referment sur le billet avec lequel tu joues depuis deux minutes. Dans un premier temps, t’es incapable de répondre à sa question, parce que c’est ce que t’as essayé d’éviter jusqu’à présent: répondre aux questions. Tu déglutis difficilement et systématiquement, tu te retournes pour t’assurer que ta sœur n’est pas là, que ta fille… votre fille n’est pas là non plus. Tu les vois au loin, à la pêche aux canards et puis à nouveau ton regard se pose sur Dimitri « Je… » rien du tout. Tu ne sais même pas quoi lui dire, pas là. Pas comme ça. T’as l’impression d’être toi aussi une attraction sur laquelle tous les yeux sont posés « Tu ne veux pas sortir de ton comptoir ? … S’il te plait . J’en ai pas pour longtemps… » Tous ces clients n’ont pas à connaitre ta vie, bien que t’es pas vraiment décidée à lui parler là, comme ça. Tu t’écartes un peu, pour laisser les clients derrière toi prendre possession de leur ticket et t’attends de voir s’il accepte de t’accorder deux ou trois minutes « J'avais besoin de partir Dimitri. C'était vital...» t’en dis pas plus, t’es pas encore prête à le faire. T’as juste flippé et là encore, tu flippes toujours face à sa réaction, mais t’as conscience que le pire est à venir.
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| | | | (#)Ven 20 Sep - 3:58 | |
| I was getting kinda used to being someone you loved. TAMSIN & DIMITRI. La question de Billy n'avait d'abord trouvé aucune réaction chez un Dimitri sans doute trop absorbé, trop rêvasseur, ou trop loin d'avoir pu s'attendre à ce que de tels mots franchissent les lèvres de son employé quand la plupart des choses qu'ils pouvaient se raconter étaient en lien soit avec le stand, soit avec les clients, soit – quand ils osaient pousser un peu plus loin le jeu des confidences – avec leurs vies personnelles. Celle de Billy, en tout cas, la sienne n'étant déjà pas forcément un sujet qu'il évoquait facilement auprès de sa famille ou de ses amis sans l'envelopper de toute sa pudeur habituelle, et sur lequel il n'irait donc pas délibérément s'étendre auprès du garçon qu'il payait pour lui filer un coup de main au stand. Et quand enfin l'information avait été traitée par son cerveau et que celui-ci s'était retrouvé à devoir intégrer une suite de mots qui ne présentait à première vue aucune rationalité, c'est naturellement que Dimitri avait envisagé qu'il puisse s'agir d'une blague. Une blague limite, maladroite sans aucun doute, pas vraiment amusante ça c'est certain, mais qui ressemblait assez aux boutades auxquelles Billy l'avait habitué au fil du temps. Puisqu'il ne voyait aucune logique dans ce qu'il était entrain de lui dire, puisqu'il n'y avait de toute manière aucune chance pour que ce qu'il avait souhaité voir arriver des centaines de fois ces quatre dernières années se produise précisément ce soir, et alors que l'espoir qui avait pu l'habiter pendant un temps s'en était allé depuis belle lurette, ça ne pouvait être qu'une plaisanterie de mauvais goût comme il en avait connu tant. C'est en tout cas la seule explication qu'il ait envisagé durant les quelques secondes où il avait gardé les yeux rivés sur l'écran de son portable, comme si rien de ce qu'il pourrait découvrir de l'autre coté du comptoir ne justifiait qu'il s'interrompe dans sa réponse au sms de sa sœur. Il n'avait alors aucune idée d'à quel point il pouvait faire fausse route, et pour une fois Billy être digne de confiance.
Dimitri ne saurait finalement dire ce qui l'avait incité à relever la tête, ni ce qu'il éprouva exactement au moment où ses yeux se posèrent sur ce qu'il crut d'abord être un mirage, un simple mauvais tour de son imagination après la boutade de Billy et la preuve, s'il en fallait une, que son être tout entier avait gardé la trace de ces quatre années d'incompréhension et de questionnements. Mais elle était bien là. Ce visage que ses yeux semblaient redécouvrir dans ses moindres détails était bien le sien. Ces cheveux qui tombaient en cascade sur ses épaules étaient bien les siens. Ces yeux bruns au fond desquels il s'était si souvent noyés par le passé, eux aussi, étaient bien les siens. C'était Tamsin, fidèle à la dernière image que son esprit en avait gardé, comme s'il ne s'était passé qu'une heure depuis la dernière fois que ses yeux s'étaient posés sur elle. Radieuse, toujours aussi belle, peut être même plus encore sous le coup de cette apparition quasi irréelle. Billy dut probablement se rendre compte de ce que celle-ci déclenchait chez lui, comme si tout un système informatique avait été relancé après une micro-coupure, dérisoire mais juste assez longue pour qu'on ait eu le temps d'en entrevoir les effets. Un silence inhabituel régna tout autour d'eux pendant encore plusieurs secondes, jusqu'à ce que toute l'émotion et l’effarement qui étaient restés coincés en travers de sa gorge soient tout à coup libérés, permettant par la même occasion à Dimitri de reprendre son souffle. L’apnée la plus longue de sa vie, sans aucun doute, et il pouvait le ressentir à la façon dont son cœur se mit à battre deux fois plus vite, deux fois plus fort, pour compenser et maintenant qu'il avait comme pleinement réalisé qu'il ne rêvait pas. Il avait imaginé cette scène à des dizaines de reprises dans ses moments d'optimisme ou d'inconscience, chaque fois dans un contexte et un endroit différents, et dieu lui en était témoin pas une fois Dimitri n'avait pensé que c'était elle qui reviendrait. Croiser Tamsin au détour d'une rue, à deux pas d'ici ou un jour plus lointain encore à l'autre bout du pays, ça avait toujours été le scénario le plus plausible, simplement parce qu'il avait depuis longtemps renoncé à croire qu'elle pourrait vouloir revenir d'elle-même. Après la façon dont elle était partie, après ces années de silence, c'est pour son propre bien que son cœur avait fini par se résigner à sa manière. Mais elle était là, et aujourd'hui c'est précisément à son cœur que cette apparition faisait vivre un nouvel ascenseur émotionnel. La voix de Tamsin s'éleva à son tour le temps d'une requête, et c'est celle de Billy qui enchaîna avant même que Dimitri n'ait le temps de réagir. « Vas-y, je te remplace à la caisse. » Une impulsion dont Dimitri eut certainement besoin pour retrouver ses esprits, jetant un rapide coup d’œil aux clients qui commençaient à former une file d'attente avant de quitter sa place pour passer de l'autre coté du comptoir.
S'approchant, en silence, il laissa ses yeux détailler le sol avant d'oser les remonter jusqu'aux siens, comme s'il craignait encore qu'en une seconde elle puisse s'évaporer s'il la regardait trop longtemps sans se pincer. « C'est mercredi soir, on a toujours du monde... » Fut la première chose, un peu délirante, qui franchit la barrière de ses lèvres sans qu'il sache si c'était une façon de se raccrocher à la réalité ou de se protéger de ce qu'elle pourrait avoir à dire. Et effectivement, lui qui avait si souvent imaginé ce que pourrait être la première chose qu'elle ressentirait l'envie de confesser dans une situation pareille sentit son cœur se serrer avec plus de force. « Vital... » Il répéta dans un souffle, un demi-sourire sans joie au bout des lèvres, avant de fourrer ses mains dans ses poches et de bouger la tête. « Oh. » Oui, oh. Voilà un choix de mot qu'il qualifierait d'intéressant compte tenu des circonstances et de la façon dont elle avait réduit son cœur en miettes en s'évaporant quatre ans plus tôt pour ne revenir qu'au moment où il était simplement trop fatigué, trop résigné pour encore oser croire ça possible. Dimitri pensait qu'il pourrait tout entendre tant que ça voudrait dire entendre sa voix à nouveau, mais il réalisait que la vraie douleur par laquelle il pensait avoir été consumé toutes ces années commençait vraiment ici, ce soir. « Navré d'apprendre que c'était vital de t'en aller un matin, en ne laissant derrière toi qu'un mot qui lui n'en disait pas autant pour conclure plus de trois ans de relation... » Sa voix se brisa sur la fin, faute de pouvoir être aussi dur qu'il le voudrait quand c'était surtout sa peine qui parlait pour lui, laissant se réinstaller un silence aussi douloureux qu'il mit plusieurs secondes à réussir à briser. « Je savais pas que la vie avec moi était si invivable, Tamsin. » Dimitri posa une main contre sa bouche et ferma les yeux une seconde, sans pouvoir dire si ça soulageait quelque chose, au moins, de savoir qu'elle était bien partie de son plein gré et non pas parce qu'elle y avait été contrainte par quelqu'un, par quelque chose. Il avait tout envisagé, tout, parce que du temps il n'en avait pas manqué pour ça. « Comment il s'appelle ? » Il rouvrit finalement les yeux pour les reposer sur elle, dans un regard dont la douceur contrastait avec la question qu'il était obligé de poser. « Le type pour qui t'as probablement fichu le camp. » Parce qu'il y avait bien quelqu'un, n'est-ce pas ? On ne s'en allait pas un beau jour si ça n'était pas parce qu'on était tombée amoureuse d'un autre, et qu'on ne souhaitait pas s'épargner des adieux difficiles. Si elle ne l'aimait plus, si elle s'était lassée, si elle avait trouvé ce qu'il lui manquait entre d'autres bras, alors peut être qu'au moins ça paraîtrait logique. Insupportable, infiniment douloureux, mais logique.
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| | | | (#)Ven 20 Sep - 14:27 | |
| Naughty boy ft Bastille ;; No one's here to sleep ♪ T’avais pas réellement prévu ça comme ça. Tu t’étais jamais dit que si tu devais le revoir un jour, ce serait au beau milieu des attractions, des machines à sous, stand où seule de la junkfood est proposée. Cet endroit ne correspond pas réellement au monde dans lequel t’as grandi. Pourtant, tu te rappelles en avoir fait quelques-uns, sans vraiment apprécier. Non, toi t’avais d’autres occupations lorsque t’étais plus jeune. T’as jamais été accro aux hot-dog, aux auto-tamponneuses ou encore aux manèges. Toi, t’étais plutôt pour les voyages avec de jolies destinations que tes parents vous offraient. Les jolies fringues, les belles voitures. T’as toujours eu ce goût pour le luxe, sans pour autant te rendre compte que pour d’autres, il s’agissait d’un monde tout à fait à part. T’as jamais pris tes copines de haut sous prétexte qu’elles n’avaient pas les mêmes moyens que toi, mais t’as jamais vraiment eu aucune retenue pour démontrer ô combien toi t’avais de la chance. C’est dans ton caractère, t’essaies pas vraiment de te fondre dans la masse, tu te fais juste plaisir et ton plaisir à toi tape dans le luxe, pratiquement toujours. Alors non. Là, tout de suite, t’as pas compris ce choix de vouloir mettre les pieds dans cet endroit. Tu sais que Liza pense bien faire, pour ta fille. Qu’elle aura des étoiles plein les yeux en voyant les manèges, les peluches, les jeux, mais si t’avais pu choisir, c’est pas ici que tu l’aurais emmenée. Tu sais au fond de toi qu’il travaille ici, tu ne sais plus où exactement, mais tu sais que c’est ici. Raison de plus… Merci Liza.
Tu n’imaginais pas non plus qu’il accepterait de te parler. Il ne te doit rien, contrairement à toi. Tu sais que toi, tu lui dois au moins des explications. Ordinairement, tu aurais fait ta vie sans même t’en soucier, parce que t’es pas vraiment le genre de personne à penser aux autres, si ce n’est qu’à toi. Mais il a pris de la place dans ta vie, dans ton cœur. Il a réussi à te dompter en trois ans, à te supporter et à rendre ta vie plus belle, malgré les disputes et les cris. Ca n’a jamais été tout rose entre vous et pourtant tu t’es rapidement rendu compte qu’il était un des piliers de ta vie. Dans l’avion te menant a Sydney il y a quatre ans, tu t’es posée une montagne de questions, et toutes te ramenaient à lui, pour finalement te demander si t’étais réellement capable de vivre sans lui. T’as jamais cherché à connaitre la réponse, tu l’as simplement subi et quand tu poses tes yeux sur Soraya, tu ne cesses de te dire que quoi qu’il arrive, tu seras toujours liée à lui. Était-ce le bon choix ? Oui. Non. Peut-être. Tu ne regrettes en rien d’avoir mené à terme ta grossesse, d’avoir gardé ton bébé, mais pourquoi partir au fond ? Parce que t’étais pétrifiée. Tu connais le tempérament de Dimitri tout comme tu connais le tien. A l’époque t’étais bien trop jeune pour parvenir à prendre une décision. T’as pensé qu’à toi, t’as pas voulu l’écouter lui, ni même lui en parler. Non, un matin t’as embrassé ses lèvres en lui faisant croire que vous vous retrouverez quelques heures plus tard, et puis t’es partie en ne laissant qu’un simple mot. T’avais tout prévu, c’était prémédité et t’as pris le premier avion pour Sydney.
Il te parle de ce monde qui vous entoure et machinalement, ton regard balaie cet espace et ces gens. Tu prends ça comme un moyen de se justifier, mais au fond c’est pas important. Tu ne sais même pas pourquoi t’es venue à sa rencontre, ici. T’es incapable de lui parler comme ça, parce que t’as pas envie d’être le personnage principale d’une tragédie. T’es pudique, t’as pas envie que tout ce beau monde connaisse ton histoire… Votre histoire. Et puis finalement tu te retournes encore, tu veilles à ce que ta petite tornade ne déboule pas, pas comme ça. « Je vois… C’est cool » et maladroit. Pourquoi tu lui dis ça au juste ? La situation est loin d’être cool, c’est absolument pas représentatif, mais c’est une réponse à son affirmation. Du même genre. « Tout ne tourne pas autour de toi, Dimitri » dis-tu avec détachement. Tu te rappelles que c’est déjà ce que t’as dit à ta meilleure amie à l’époque ‘Et Dimitri ?’ t’avait-elle rétorqué, après que tu lui aies annoncé ton départ. « C’est la seule chose qu’on trouve à me répondre ‘Et Dimitri ?’ Mais j’existe aussi. T’es pas le seul que j’ai laissé sans nouvelle, alors non mon but n’étais pas de te faire souffrir TOI en partant. » Tu sais que ça ressemble fort à un numéro de petite fille capricieuse qui veut qu’on la regarde, qu’on s’occupe d’elle comme lorsque tu étais petite. Mais en réalité, t’as juste flippé et t’as eu besoin de personne pour ça, parce qu’en réalité t’étais loin d’assumer ta situation.
Tu passes systématiquement une main dans tes cheveux pour dégager ton visage de tes mèches rebelles et par la même occasion, tu adresses un regard hostile à une fille qui semble prendre plaisir à écouter votre conversation. La question de Dimitri te prend de cours, elle te fait même l’effet d’une gifle « Pardon ? » finis-tu par lui demander, incrédule. T’as très bien compris, en réalité. Et sa manière de justifier sa première question te le prouve. T’essaies de te retenir de lui hurler dessus, de tout simplement vous donner en spectacle « Je t'avais toi à l'époque, Dimitri. Et en trois ans je n’ai jamais songé à aller voir ailleurs, je n’ai même pas cherché. Pas une seule fois. Je t’ai dit que c’était vital, alors arrête de me faire passer pour la dernière des trainées. Si j’étais partie pour un autre homme, je n’aurais pas changé de vie. Je n’aurais même pas eu besoin de couper les ponts avec toute ma famille parce que ça aurait fait le bonheur de mes parents et tu le sais très bien. » Ton père du moins. Il a toujours voulu te voir au bras d’un homme qui fait autre chose de sa vie que de travailler dans un parc d’attraction. Il a néanmoins toujours respecté ton choix, parce que t’es sa fille et qu’il ne pouvait prétendre le contraire que de te voir heureuse avec cet homme qui se trouve être en face de toi à l’instant .« Je peux pas t’expliquer comme ça. Pas ici alors qu’on a un public, que ma sœur m’attend et que toi t’es à ton boulot. Mais non, je ne suis pas partie parce que j’avais quelqu’un d’autre, ni même parce que j’étais malheureuse. Je suis juste partie, c’est tout. Je peux pas t’en dire plus maintenant » Tu veux pas en dire plus aujourd’hui, ou du moins pas là. « Tu dois te contenter de ça pour l’instant. » Tu te doutes que pour lui, c’est compliqué, mais réellement t’es convaincue que ce n’est ni le moment, ni l’endroit. « Je suis désolée. » De ? Tu ne sais même pas, parce que t’es convaincue que si tu avais ton coup à refaire, quand tu vois le bonheur que t’apporte ta fille, que tu le referais. Tu n’as aucune idée de la réaction de Dimitri lorsqu’il apprendra la vérité ; c’est qu’une petite puce de 3 ans, que t’as accompagné jusqu’à maintenant, mais tu sais qu’elle cherche plus qu’un équilibre maternel et ça, tu n’es même pas certaine qu’il voudra le lui apporter. Voilà, pourquoi t’es partie.
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| | | | (#)Sam 21 Sep - 20:12 | |
| I was getting kinda used to being someone you loved. TAMSIN & DIMITRI. La vie avait parfois un sens de l'humour qui échappait quelques peu à Dimitri, dont les yeux arrivaient à peine à croire ce qu'ils voyaient, posés sur ce visage qu'il pensait ne plus avoir une chance d'apercevoir qu'en rêve, comme c'avait souvent été le cas depuis ce matin de juillet où il s'était évaporé sans prévenir. Oui, la vie pouvait parfois vous asséner une gifle dont la puissance remettait en question l'équilibre que vous aviez réussi à construire, vous arrachant vos repères et vous trouant le cœur comme si vous aviez simplement écoulé votre temps à la loterie du bonheur. Et puis, un jour, elle pouvait décider de vous surprendre à nouveau, cette fois sans que vous soyez capable de dire si vous vous seriez passé de ce nouveau bouleversement, ou s'il était au contraire la réponse à des prières restées inexaucées pendant quatre ans. Dimitri ne saurait pas le dire avec certitude, il ne savait plus grand chose depuis que cette brèche vers un passé auquel il avait du se résigner à renoncer s'était ouverte juste sous ses yeux, au moment où Tamsin lui était réapparue. Combien de fois avait-il espéré que ce jour arriverait, pendant qu'il se desséchait les yeux à regarder les photos qu'ils avaient faites ensemble et qui pour certaines trônaient encore un peu partout chez lui et dans son labo ? Combien de fois, alors qu'il y a encore quelques semaines il venait trouver Soheila avec le cœur lourd, ne supportant plus le vide laissé par leurs deux absences quand autrefois elles étaient deux des pierres angulaires de sa vie ? Combien de fois, alors que s'il s'était écouté il aurait dépensé ses économises à sillonner lui-même le pays pour remonter sa trace et tenter de la ramener avec lui ? Dimitri avait arrêté de compter depuis longtemps, il s'était même résigné dès qu'il avait compris qu'on ne pouvait pas retenir ni rattraper quelqu'un qui ne le voulait pas. Qu'elle n'aurait pas voulu qu'il s'évertue à la chercher. Et voilà que maintenant, la vie choisissait de lui rendre cette partie de lui disparue un matin avec quatre ans de retard. Quatre ans durant lesquels il avait été incapable de trouver les réponses aux innombrables et douloureuses questions que son départ avait posé, échouant chaque fois qu'il avait tenté de tourner la page pour tenter d'en écrire une nouvelle, parce que sans savoir on ne pouvait pas avancer. Que lui n'avait pas su. Quatre ans durant lesquels il s'était souvent demandé si au moins une partie d'elle pensait toujours à lui, à chaque personne qu'elle avait laissé et qui pour chacune avait du trouver comment réagir à cette fuite. Lui, il s'était enfoncé dans une déprime de laquelle seul Alec avait vraiment été témoin, les premiers mois, la première année, quand la peine et l'incompréhension côtoyaient encore l'espoir et certainement une forme de déni.
Elle voulait discuter, à l'écart des clients qu'il aimerait lui aussi éviter de placer aux premières loges d'un échange qu'il redoutait autant qu'il en avait désespérément besoin pour comprendre. Dimitri aurait aimé trouver une bonne raison de refuser, en être à un stade de sa vie où il aurait suffisamment évolué pour qu'aucune partie de lui ne soit plus tournée vers son passé, le leur. Mais il en était loin, et il se surprit à chercher ses mots comme s'il n'avait pas passé son temps à imaginer ce qu'ils se diraient si par un troublant hasard leurs routes finissaient par se recroiser. Il y avait tant pensé que c'était comme s'il avait révisé son examen une fois de trop, et tout oublié à la seconde où il avait retourné sa copie. Alors après la première bêtise qui lui vint à l'esprit, ce fut Tamsin qui brisa la glace. Tamsin qui remua la première tout ce qui avait été contenu durant le temps où ils n'avaient pas pu s'expliquer, où lui n'avait pas pu obtenir de réponses. Ça faisait mal, de l'entendre dire qu'elle avait éprouvé un matin ce besoin vital de disparaître, parce que si tout n'avait pas toujours été parfait ou évident, elle n'avait jamais eu la moindre raison de douter de ce qu'elle représentait pour lui, de ce qu'il aurait pu faire pour elle, et de combien il aurait été incapable de la laisser sur le bas coté pour vivre une vie qui ne l'incluait pas, elle. Ses mots lui firent l'effet d'un tesson de bouteille qu'on enfonçait par petits coups dans ses entrailles. Dimitri eut un rire nerveux, sans joie. « Dans ce cas, je devrais sûrement m'excuser d'avoir été l'un des dommages collatéraux de ton besoin vital de disparaitre. » Il souffla d'une voix étouffée, teintée d'une amertume qu'il aurait aimé pouvoir rendormir, mais pris d'un trop grand besoin de lâcher ce qu'il avait sur le cœur. « J'aurais du pouvoir reprendre le court de ma vie sans ciller, c'est vrai, après tout des gens plaquent la leur tous les jours. Toi, t'as juste estimé que tu pouvais te passer d'adieux, après tout je suis qu'un nombriliste à qui tu devais rien. » Au moins il avait la réponse, elle avait vraisemblablement eu mieux à faire que de penser à ce qu'il éprouverait en la voyant disparaître de sa vie avec juste un mot pour répondre à des milliers d'interrogations, à des centaines de doutes. Il avait partagé sa vie pendant trois ans, et alors ? Ça ne devait pas être assez pour mériter une discussion, quoi que ce soit qui ne l'aurait peut être pas retenue mais aurait un tant soit peu adouci son départ. « Qu'est-ce que j'imaginais, au juste ? Ta propre cousine n'a pas eu droit à une explication, alors ton petit-ami n'avait aucune chance. » Un voile humide, presque indiscernable, passa sur ses yeux au moment où il prit une inspiration, la gorge serrée et le cœur éprouvé par l'idée qu'il n'y ait non seulement pas eu de réponse à ses pourquoi, mais qu'elle lui tienne en plus rigueur d'en avoir eu besoin.
Et lorsque son regard ne luttait pas contre l'émotion qui menaçait de s'y répandre, c'est vers elle qu'il se tournait, elle qu'il détaillait comme s'il pouvait lire dans ses yeux, sur ses lèvres ou dans cette façon bien particulière qu'elle avait toujours eu de s'exprimer sans jamais perdre la face quelque chose qui l'aiderait à comprendre. Et s'il y avait eu quelqu'un d'autre ? Et si c'est ce quelqu'un qu'elle avait rejoint le jour où elle était partie, par besoin d'écrire cette nouvelle histoire loin d'ici ? De lui, de leurs souvenirs et du reste. Une idée que Tamsin balaya en moins de temps qu'il lui en avait fallu pour la formuler tout haut, et Dimitri ne savait pas si c'était un soulagement incommensurable de savoir qu'elle ne l'avait pas quitté parce qu'elle en avait aimé un autre, ou une peine supplémentaire d'en déduire que sa décision de disparaître en était d'autant plus réfléchie. « Et moi j'ai jamais douté de toi. Jamais, même si tout n'était certainement pas parfait et que chacun avait sa propre façon de nous le dire. C'était nous, et rien n'aurait pu y changer quoi que ce soit. » C'est du moins ce qu'il croyait, quand rien ne semblait pouvoir entraver ses sentiments pour elle, la façon que son corps avait de la désirer inlassablement près de lui, la force avec laquelle elle lui manquait dès qu'elle quittait la pièce après une dispute, dans l'une de ses sorties quasi-théâtrales dont elle avait le secret et qui l'avaient toujours rendue un peu plus spéciale encore à ses yeux. « Mais aujourd'hui je sais pas si la fille qui est restée près de moi toutes ces années est la même que celle qui est partie un matin, parce que si oui alors peut être que je la connaissais pas si bien que je le pensais. Alors non, j'ai aucune idée de ce qui t'est passé par la tête. » Ni de ce qui avait mérité à ses yeux qu'elle abandonne tout ce qu'elle avait, y compris ceux qui l'aimaient et qui avaient désespérément besoin d'explications, pour entamer une nouvelle vie sur laquelle il n'en savait toujours pas plus que le jour où elle avait disparu. « Je sais juste que j'ai cru crever quand t'es partie. » Il laissa échapper dans un souffle, la gorge serrée, au moment où ses yeux retrouvèrent les siens. Le cœur au bord des lèvres, l'esprit embrumé sous le tumulte de ses pensées, il se mettait à nu. « Tes parents auront eu au moins cette satisfaction-là... » Ses parents, qui n'avaient jamais vu d'un œil bienveillant qu'elle se soit entichée d'un type d'un milieu différent, dont la famille n'appartenait pas à l'élite australienne et qui pour ne rien arranger cachait une âme d'artiste que Tamsin avait été la première à entrevoir. Ses photos, ses dessins, tout ce qui finissait par tourner autour d'elle, aussi, source de son inspiration mais aussi soutien infaillible chaque fois qu'il avait besoin qu'on lui dise que ce n'était pas idiot, d'aimer ce que l'art lui permettait d'exprimer. Des pensées qui rendaient d'autant plus difficile de l'entendre lui demander de se montrer patient, de ne pas exiger plus d'explications qu'elle n'était pour l'instant en mesure de lui en donner. « Alors quand, Tamsin ? Quand est-ce que ce sera le bon moment pour que tu m'expliques ? » Quand est-ce qu'elle jugerait qu'il avait assez patienté, assez redouté le fin mot de cette histoire ? « Dans quatre ans, lorsque tu réapparaîtras à nouveau, et que je devrai être capable de gérer ce que ton retour viendra à nouveau bouleverser ? » Est-ce que c'était le plan, est-ce qu'elle allait disparaître comme la première fois, le laisser avec ses questions, tout ce que sa présence ici ce soir avait ravivé, pour remettre à une prochaine fois le temps des explications ? Est-ce qu'il n'avait pas mérité qu'elle abrège sa souffrance dès ce soir, peu importe ce qu'elle pourrait avoir à lui dire que des oreilles extérieures ne pourraient entendre ? « C'est pas juste, et tu le sais. » Dimitri détourna le regard pour le poser sur un banc, vide, comme il en avait l'impression lui-même faute d'avoir quoi que ce soit à quoi se raccrocher, si ce n'est l'idée à présent très claire qu'elle avait éprouvé un besoin viscéral de partir. Et c'est tout. Rien de plus, rien que l'équivalent d'une peine venant s'ajouter à celle qu'il traînait derrière lui depuis ces quatre années. « C'est pas juste, et j'aurais jamais pensé qu'un jour on aurait des secrets l'un pour l'autre. Comme quoi, j'ai rien vu venir. » Il expira finalement, d'une voix presque inaudible, au moment de s'asseoir et de relever les yeux vers elle. Pas pour l'implorer, mais parce qu'une partie de lui trouvait malgré tout un certain réconfort de la voir là, si près, quand pendant des années il n'avait plus eu qu'un mot, des photos et quelques souvenirs pour se raccrocher à elle.
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| | | | (#)Dim 22 Sep - 18:00 | |
| Naughty boy ft Bastille ;; No one's here to sleep ♪ Au fond, t’essaies d’être compréhensive. Toi, à sa place, tu lui aurais probablement arraché la tête pour en faire un ballon de foot US que tu aurais pris plaisir à taper avec une batte de baseball. T’es un peu ce genre de femme, pas loin de l’hystérie quand ça te prend, un peu beaucoup drama queen mais là, t’essaies réellement de prendre sur toi. Il ramène tout à lui, comme s’il était celui qui t’avait poussée à partir, à t’enfuir. T’étais heureuse avec lui, en réalité. Mais c’est la vie à trois qui t’a fait peur, ou tout simplement sa réaction lorsque tu lui aurais avoué. T’avais pas le courage, non. T’as voulu gérer ça toute seule, comme s’il n’était pas concerné, mais t’as simplement perdu la face et t’as fui, incapable d’assumer. Pourtant, à de nombreuses reprises tu t’es surprise à te remémorer votre vie à deux. Elle t’a manqué, plus d’une fois. Elle te manque encore, mais tu sais que ça sera différent, parce que t’es partie, parce qu’aujourd’hui t’es revenue, mais t’es pas non plus revenue toute seule. T’as aussi perdu en confiance, que ce soit en toi, en lui, en ton entourage ou simplement ta famille. La confiance avec un grand C a toujours été une épreuve pour toi. Pourtant, c’est toi qui est partie. C’est toi qui a rompu la confiance réciproque qui existait entre vous. Lorsque la confiance est rompue, le pardon n’a plus aucune valeur. Mais t’es revenue, tu ne sais pas tellement pourquoi. Ta vie est à refaire, depuis le début. Tu dois tout reprendre à zéro, tout reconstruire en te disant que tous ces gens que t’as abandonnés doivent apprendre à te faire confiance, et réciproquement. T’as relu plusieurs fois les lettres de ta cousine, t’as pas pris le temps d’y répondre, t’as préféré agir, pour une fois. T’es venue, t’es à Brisbane et aujourd’hui tu fais comme si. Comme si tout allait bien, comme si ta sœur ne mourrait pas d’envie de t’envoyer tous ses reproches à la figure, comme si t’étais capable de te retrouver face à celui que tu as longtemps considéré comme l’homme de ta vie sans vraiment rien ressentir, comme si t’étais capable d’être crédible. Tout ça, c’était avant Tam, et tu le sais. Aujourd’hui, t’as des choses à prouver si vraiment ces personnes ont compté pour toi.
Tu ne réagis pas vraiment à sa remarque. Tu vois bien l’ampleur des dégâts et pourtant, t’es pas certaine d’être la solution à son mal être. On ne soigne pas le mal par le mal, jamais. « Et tu voulais que je te dise quoi au juste ? ‘Attends, pars pas si vite. C’est la dernière fois qu’on se voit, j’ai décidé de partir. C’est mieux pour nous deux parce que je suis horriblement flipée et que tu pourras rien y changer, donc autant que je flippe toute seule dans mon coin, loin de toi’ ? C’était ça que tu voulais que je te dise ? Ca t’aurait soulagé ? » Tu refuses de tout lui dire là, parce que c’est pas quelque chose qu’on annonce comme ça, au beau milieu d’une fête foraine. T’es pas dans une téléréalité avec un public présent pour compter les points. Pourtant, ça serait plus facile, parce que c'est compliqué de lui demander de comprendre sans tout connaitre. Encore que t’es même pas certaine qu’il le comprendrait, même une fois au courant du pourquoi et du comment. Tu ne le quitte pas du regard et tu sens ton cœur se resserrer face au mal que t’es capable de faire à l’homme que t’as prétendu aimé plus que tout. Tu lèves les yeux au ciel en l’entendant parler de Soheila. Pour toi, ce sont deux choses différentes à régler, pour lui il semblerait que non. Est-ce que ça t’étonne ? Pas réellement, en fait. « Oh je vois. Me voila donc seule contre tous, si je comprends bien. Ce que je dois à l’un et à l’autre sont deux choses différentes.» Soheila est ta cousine, la seule que tu as réellement prise pour une sœur, pour un modèle. T’excuser de ne pas avoir été là pour elle est probablement la seule chose que tu lui dois, concrètement. Tu sais qu’elle aussi t’en voudras, comme à peu près tout le reste de ton entourage, mais tu ne lui dois aucune explication, rien. Pas même la vérité sur ta fille. Pourtant tu le feras, parce qu’elle compte pour toi et que tu l’estimes beaucoup trop pour la laisser de côté. Tu regrettes autant de choses qu’envers ton ex-compagnon, mais des choses différentes. Alors non, tu ne confonds pas tout, toi.
Ca te fait du mal, au fond, de le voir conclure que votre relation t’a poussée à partir. Jamais, en fait. Tu aurais pu rester encore longtemps. En trois ans, t’avais appris à faire avec vos cris, vos disputes. C’était votre quotidien, mais vous arriviez toujours à passer outre, parce que vous c’était bien plus fort que ça. Mais vous n’étiez pas invincibles, rien qu’un détail peut tout faire exploser et vous en avez payé les frais, cash. Aujourd’hui, ce détail de trois ans et demi embellit tes journées et comble une partie de ce vide qui s’est créé au fil des mois. Un détail d’à peine un mètre qui pourtant parvient à te tirer des sourires et te mettre du baume au cœur. Un détail sans qui tu ne serais capable de vivre aujourd’hui, un détail qui te rappelle l’homme que t’as en face de toi à chaque fois que tu poses les yeux sur elle. « Pourquoi tu crois systématiquement que j’étais malheureuse ? » demande-tu avec beaucoup de sérieux. « J’étais morte de peur et j’étais incapable de prendre des décisions, parce que tout le monde y aurait mis son grain de sel. Ca a toujours été comme ça et tu le sais » Tu penses surtout à ta famille et même si Dimitri avait au moins son mot à dire, t’étais pas certaine de sa réaction. Foutue pour foutue, pourquoi souffrir d’avantage en voyant le refus en face ? Voilà un peu, ce que tu t’es dit. Tu t’es peut-être avancée, t’as peut-être mal supposé, mais t’as pas voulu prendre le risque. T’as voulu gérer ta vie, tes choix. Comme toujours, t’as voulu une liberté qui ne t’appartenait pas totalement, pas quand ça concerne un enfant que vous avez fait à deux. « C’est dans les films à l’eau de rose que les galères de l’un deviennent les galères de l’autre, Dimitri. » Tu t’en veux de relier ta fille à une galère, mais autrefois oui, c’était comme ça que tu voyais ta grossesse : une galère qui avait réduit ta vie sentimentale et familiale en cendres. T’es plus la même fille, tu le sais. T’es devenue une maman, tu penses et t’agis comme telle, plus comme la jeune femme rebelle que tu étais il y a quatre ans. « Tu pourras jamais vraiment comprendre... » parce qu’il est un homme, parce qu’il n’aura jamais ce genre de matinées bouleversées par un test de grossesse, lui. T’étais pas prête, toi tu voulais être une grande avocate, avant d’être maman. Tu voulais percer dans ce pourquoi t’as travaillé dur à l’université. Tu voulais y consacrer tout ton temps, et finalement non. T’as passé tes nuits à calmer les pleurs de ta princesses, t’as joué avec elle au lieu de te pencher sur tes dossiers, t’as cherché à être là pour elle.
Le regard posé sur ces gens qui prennent un malin plaisir à se foncer dedans avec une machine, tu écoutes attentivement ce qu’il te dit. T’as jamais souhaité être un bourreau, t’as jamais non plus pensé être celle capable de lui faire autant de mal. T’as pas vraiment d’excuses, juste des explications et une impulsivité débordante. « Je… J’ai pas cherché à fuir notre relation, ni même à te fuir toi. Tu faisais partie de ma vie, mais j’étais pas capable de te parler, ni même de vivre cette vie-là. J’étais pas prête. » La voix à peine audible, la gorge nouée, là encore tu ressens la même peur qu’autrefois, à un degré moindre. Mais tu flippes. Pourtant, t’as toujours eu l’impression que vous étiez capables de tout surmonter, mais pas ça. « On s’en fout de mes parents, Dimitri. Mes parents ils n’ont jamais rien approuvé. Ca changera jamais » à part tes études peut-être. Ils n’ont jamais approuvé ta proximité avec ta cousine, jamais approuvé ton couple et ils n’approuvent pas non plus ta situation actuelle « J’ai jamais cherché à t’écarter, j’ai jamais eu honte de notre couple, ni même de l’homme que t’es. J’ai jamais cherché à embellir quoi que ce soit. Mes parents n’ont pas approuvé mon départ, mais ils n’approuvent pas mon retour non plus » du moins, ils préféreraient que ta fille ait un père. Dimitri a toujours été comme une bouée de secours dans ton monde, t’offrant une liberté que tes parents n’ont jamais été capables de t’offrir. C’était pas l’homme le plus riche, pas l’homme le mieux placé dans une entreprise, ni même avec le meilleur boulot mais c’était le tien et pour toi c’était tout ce qui comptait. Le seul qui parvenait à réellement te rendre le sourire lorsque ton père était champion pour te l’ôter à l’aide de l’une de ses remarques cinglantes. T’as jamais cherché mieux parce que tu l’as toujours aimé, toujours désiré peu importe son milieu ou ses convictions « Ce soir, demain, quand tu veux. Mais pas ici Dimitri. C’est pas possible… je peux pas. » tu marques une pause et tu le fixes avec un regard tendre, bien que triste « T’es pas prêt à entendre ce que j’ai à te dire, pas ici » Au fond, tu ne l’es toujours pas, mais t’as plus le choix et puis aujourd’hui, est-ce encore important ? T’es même pas capable de répondre à cette question. « A toi de voir si t’es encore capable de m’écouter ou bien si ce temps-là est révolu. Je suis désolée, Dimitri. Mais j’étais pas prête, j’ai flippé. J’ai eu peur et je suis partie parce que j’étais jeune, parce que tu pouvais pas m’aider et parce que j’étais pas prête à ce que tu me vois différemment. J’assumais pas et puis les mois sont passés et j’ai regretté. Je suis humaine, je fais des erreurs. Mais celle-là j’arrive pas à l’assumer, pas même aujourd’hui. Je ne te demande rien, pas même un pardon mais j’aimerais juste que tu m’écoutes, un jour où t’es prêt à le faire parce que c’est important et que ça te concerne, même après 4 ans d’absence, ça te concerne encore... »
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| | | | (#)Lun 23 Sep - 22:42 | |
| I was getting kinda used to being someone you loved. TAMSIN & DIMITRI. Si Dimitri s'était senti comme étranger à son propre corps et spectateur de cette scène déroutante durant les quelques premières minutes où il s'était retrouvé face à celle qui encore aujourd'hui savait lui faire perdre ses moyens comme personne n'en avait sans doute jamais été capable, à présent que la confusion laissait place à l'émotion il mesurait pleinement ce que ce retour chamboulait en lui. C'était comme s'il avait retenu sa respiration pendant des années, et qu'à présent qu'il pouvait à nouveau remplir ses poumons d'air il ne savait même plus comment s'y prendre. Comme si en disparaissant de sa vie quatre ans plus tôt elle avait enclenché en lui une sorte de pilote automatique qui plus d'une fois avait empêché à Dimitri de sombrer en le maintenant debout mais l'avait aussi rendu dépendant de cette absence de libre arbitre qui avait conditionné la plupart de ses journées autour d'un même schéma, de son boulot, de sa famille, de quelques sorties quand il avait à peu près le cœur à la fête. Il avait été vraiment au plus mal les premiers mois, puis s'était raccroché à ce qu'il pouvait pour tenter d'avancer à mesure qu'il perdait espoir de la revoir, et maintenant c'était tout son monde qui vacillait à nouveau, et tout l'avion qui chancelait tandis qu'il avait repris les commandes. C'était non seulement un deuxième choc, mais aussi une épreuve de plus pour son cœur qui après avoir passé des années à attendre d'obtenir des réponses se serrait à l'idée que l'une des premières choses qui soient sorties de sa bouche soient des reproches, quand la dernière chose dont il avait envie c'était d'entendre qu'il prenait ça trop personnellement. Peut être oui, peut être qu'un autre type à sa place aurait tourné la page, mais lui ne pouvait faire comme s'il n'avait pas senti la terre se dérober sous ses pieds quand elle était partie. Il y avait la santé de son père qui n'avait pas aidé à ce qu'il se raisonne, mais la vérité c'est qu'il n'avait pas seulement perdue la femme avec qui il n'avait jamais pensé devoir apprendre à vivre, mais aussi une amie, un soutien, une âme sœur, son roc. Il s'était toujours tellement retrouvé en elle qu'il s'était retrouvé comme privé d'une partie de lui-même, et c'est ça qui avait été le plus dur. Voir tout ça s'envoler en un instant. « Ça ne m'aurait pas soulagé si j'avais pas pu te dissuader de partir, mais ça m'aurait au moins donné l'impression de compter assez pour mériter de savoir. Tu peux pas imaginer ce que ça fait d'ouvrir les yeux un matin et de comprendre que ce à quoi on tient le plus s'est envolé. » Ou si elle aussi avait du souffrir de la situation comme une partie de lui espérait que c'avait été le cas comme pour se rassurer, au moins savait-elle que lui l'avait subie et à aucun moment n'avait souhaité sortir de sa vie. C'était ça le plus douloureux, savoir qu'elle avait pris cette décision qui les avait perdus, infligé la sentence capitale à une relation qui jusque là avait résisté à tout. « Alors tu savais quand tu t'es couchée près de moi cette nuit-là que tu disparaîtrais au petit matin ? » Dimitri souffla après plusieurs secondes d'une voix éteinte, le cœur serré, comme si l'information avait mis ce temps-là pour être intégrée par son cerveau, quand maintenant il n'y avait plus tellement de doute possible sur le fait qu'elle ait mûri sa décision sur au moins plusieurs heures, peut être une nuit, une soirée, ou plus. Il n'avait aucune certitude, mais il la connaissait assez tout comme il connaissait son besoin de contrôle pour savoir qu'elle avait sûrement eu besoin d'y réfléchir. Est-ce que ça changeait grand chose à l'issue qu'il n'aurait pas pu éviter ? Sans doute pas. Mais c'était un crève-cœur d'imaginer qu'elle ait pu savoir qu'ils passaient leurs derniers instants ensemble. Et si elle avait peut être estimé ne rien lui devoir et surtout pas de rester ce jour-là, tout ce qu'il demandait c'était de comprendre. Sans doute que Soheila aussi, dans une mesure différente, et c'est un soupire teinté de culpabilité que Dimitri laissa échapper. « Tu te trompes si tu crois que ton départ nous a rapprochés, Soheila et moi. C'aurait pu, c'aurait du, mais ça a été tout le contraire. » Il préférait qu'elle le sache, parce qu'elle aurait tort d'imaginer que sa cousine et lui s'étaient alliés après son départ et soutenus mutuellement comme ils l'auraient fait s'il n'avait pas été aussi injuste. Il allait mal, au point de lui dédier une méfiance qu'elle n'avait pas mérité, et Soheila avait finalement été l'un des dommages collatéraux de cette histoire, répandant toujours plus de regrets au fond d'un cœur déjà encerclé.
Son regard balaya une seconde les stands qu'ils pouvaient entrevoir de là où ils se trouvaient, assez en retrait du parc pour que les mots qui étaient prononcés ici échappent aux oreilles indiscrètes, et Dimitri se surprenait à repenser à tous les moments que Tamsin et lui avaient pu y passer, quand elle venait le retrouver à l'époque où il prenait encore ses marques au stand et se sentait pousser des ailes rien que de la savoir tout près, à l'observer. Il n'y avait pas beaucoup de personnes qu'il ait vraiment eu envie de rendre fières dans sa vie, mais pour sa famille et pour elle, il aurait pu gravir une montagne à mains nues s'il avait pu avoir une chance de voir briller cette lueur dans leur regard. Et à défaut de diriger un empire, il s'était toujours dit qu'au moins il tâcherait de la rendre heureuse, même si ça n'était pas simple tous les jours, même si entre eux ça avait toujours fait des étincelles. C'était aussi cette passion qui les avait maintenu en vie, qui avait fait que la plus grosse dispute finissait toujours par aboutir à la plus délicieuse réconciliation. Et pourtant, aujourd'hui, Dimitri ne comprenait pas ce qu'il avait loupé. A quel moment ça n'avait plus suffi. « Parce que si tu avais été heureuse je suppose qu'il aurait suffi que tu tournes ton regard vers moi pour trouver une raison de rester. Pour voir quelqu'un à qui tu pouvais tout confier plutôt que quelqu'un qui ne saurait pas se mettre à ta place. » C'est ce qu'il aurait aimé qu'elle puisse voir, parce que c'est ce qu'il pensait avoir toujours été pour elle, même dans les moments où c'était peut être plus difficile de se parler. Qu'elle ait été morte de peur, qu'elle ait paniqué pour une raison qui pour le moment lui était toujours inconnue, ça n'aurait pas du condamner ce qu'ils avaient construits ensemble. Pas juste sur des suppositions. « T'avais pas le droit de te convaincre que je pourrai pas comprendre sans m'avoir laissé au moins une chance de te prouver le contraire. » Il se désola en passant une main sur son visage, peut être pour y chasser l'émotion qui commençait à y déformer ses traits. Elle était l'une des rares personnes devant qui il n'ait jamais été pudique, et elle avait vu couler plus de larmes de ces yeux sombres que sa propre famille sans doute, mais ce soir c'était différent. « Est-ce qu'au moins une seconde tu as envisagé de me parler ? Est-ce qu'au moins une seconde tu m'as vu autrement que comme une raison supplémentaire de prendre la fuite ? » Quelles qu'aient été ses raisons, puisqu'elle semblait si déterminée à penser qu'il n'aurait pas su entendre, comprendre, imaginer les doutes qui l'avaient rongée. Puisqu'à ses yeux il n'avait été qu'une personne de plus qui ne ferait qu'ajouter à son impression de ne pouvoir se tourner vers personne. « Je ne suis pas tes parents, Tamsin. A moi tu as toujours pu dire ce qui n'allait pas. » Peut être que cette fois c'avait été plus dur pour elle de s'en convaincre, mais il aurait aimé qu'elle lui accorde le bénéfice du doute, qu'elle lui laisse une chance d'endosser le rôle qu'il avait endossé dès le jour où elle était entrée dans sa vie, pas seulement parce qu'il n'avait jamais aimé comme il l'avait aimée elle, ou parce qu'il savait qu'en terme de communication elle n'était pas plus gâtée avec ses parents que lui avec les siens, mais parce que c'était sa vision du couple, de la relation qu'il voulait vivre quand il avait décidé de braver sa peur du long terme pour elle. Être présent, à l'écoute, capable de tous les sacrifices et de toutes les preuves. C'est ce qu'il s'était efforcé d'être pour elle.
Dimitri manquait alors de mots pour lui exprimer ce qu'il avait pu ressentir quand tout ça s'était envolé, parce que la surprise et l'effarement avaient été tels qu'il avait d'abord eu besoin d'un peu de temps pour réaliser que le mot qu'il avait eu entre les mains et les rares choses matérielles qui pouvaient un tant soit peu symboliser leur histoire étaient tout ce qu'il lui restait d'elle. L'absence de réponses s'était ensuite ajoutée à sa peine, et ce soir il semblerait que quelque chose empêche encore Tamsin de pleinement se confier, comme si une part d'elle-même craignait sa réaction, même après quatre ans, même alors que rien de ce qu'elle pourrait lui dire ne viendrait lui faire plus de mal que ces années sans elle. « Tu sais, le plus fou dans tout ça, c'est que je pensais enfin être arrivé à un stade de ma vie où tout était enfin parfaitement équilibré. On venait de fêter nos trois ans, je m'en sortais un peu mieux ici, et grâce à toi même la photo était devenue plus qu'un simple plaisir coupable. » Une lueur particulière, plus émue encore, brilla un instant dans ses yeux tandis qu'il partit fouiller dans un endroit où il ne s'était plus si souvent autorisé à retourner en quatre ans. Dans un paquet de souvenirs heureux, devenus des crèves-cœur, pour échapper un instant à la réalité qui se jouait ce soir. « J'ai jamais oublié la dernière soirée qu'on a passé ensemble, ni la façon dont il me suffisait de te regarder pour savoir que j'avais enfin compris comment mes parents avaient pu passer trente ans de leur vie ensemble quand c'est une chose qui m'avait longtemps échappée. » Les mains jointes, le dos légèrement courbé sur le banc, Dimitri ferma les yeux une seconde, puis reprit. « J'avais enfin compris que quand on trouve une personne faite pour nous, capable de nous comprendre sans qu'on ait à ouvrir la bouche et de voir en nous plus que ce que les autres ne verront jamais, alors ce serait fou de la laisser filer. » Elle le disait elle-même, elle ne s'était jamais arrêtée à celui qu'il était et à tout ce qui aurait pu faire qu'une femme comme elle prétende à mieux, comme ses proches avaient du le lui dire à plus d'une reprise, quand on savait ce qu'il avait toujours du leur inspirer. « Pour moi, tu étais cette personne. » La voix étouffée, il releva les yeux vers elle et redevint silencieux, capable d'entendre ses battements de cœur dans sa poitrine engorgée par la peine de remuer à mains nues ces choses qu'il n'aurait pas pensé associer un jour au chagrin, aux regrets et à un profond sentiment de gâchis. Est-ce qu'elle aussi avait le sentiment qu'ils auraient pu être heureux plus longtemps, consolider davantage ce qu'ils avaient et peut être un jour fait un pas de plus sur la route de l'engagement ? Des questions qui s'étaient déjà posées, à demi-mot, sans qu'ils ne s'y étendent jamais. Peut être par superstition, ou simplement parce que sur le papier ils n'étaient pas de ceux qui faisaient comme tout le monde. Et au milieu de tout ce que cette soirée remuait, l'idée qu'elle ne se sente pas encore prête à lui donner des réponses était forcément d'autant plus compliquée quand tout ce qu'il demandait c'était qu'elle se sente assez en confiance pour lui parler. « Attends, attends, Tamsin je... » Il tenta de l'interrompre lorsqu'elle se flagella en des termes qui malgré tout ce qui avait pu se passer lui étaient très difficiles à entendre. « Bien sûr que je suis toujours capable d'entendre ce que t'as à me dire, j'attends ce moment depuis quatre ans et je peux t'assurer qu'il n'y a pas eu un jour sans que j'ai espéré que tu reviendrais m'expliquer. Pas un seul. » C'était le genre d'espoirs qui avaient fini par demeurer, quand celui de la voir reprendre sa place dans sa vie s'était peu à peu envolé lui aussi, parce qu'à la fin c'était de réponses dont il avait cruellement besoin. « Mais là tu commences vraiment à m'inquiéter... » Il reprit d'une voix soucieuse, sans plus la quitter du regard tandis que ses mots grondaient dans son esprit comme un mauvais pressentiment. « Est-ce que tout va bien ? Est-ce que tu es partie parce que tu étais... malade ? Ne me mens pas s'il te plait. » C'est la première chose à laquelle il ne pouvait pas s'empêcher de penser, la pire aussi et qui venait comprimer sa gorge à peine les mots en étaient-ils sortis, parce que si elle avait du passer ces quatre années toute seule dans l'angoisse et l'incertitude, alors ce serait le coup qui viendrait l'achever. « Je... je pourrais t'inviter à prendre un verre pour en parler si c'est plus simple, mais j'ai aucune idée de si ce serait une bonne idée ou non. » Est-ce que ce serait curieux ou même embarrassant après ces quatre ans et la façon dont le temps semblait autant s'être arrêté qu'avoir poursuivi sa course ? Il n'en savait rien, mais il avait besoin de réponses et si ça n'était pas ce soir, il voulait au moins que ce soit au plus vite. Il en avait besoin.
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| | | | (#)Ven 27 Sep - 17:05 | |
| Naughty boy ft Bastille ;; No one's here to sleep ♪ T’as essayé d’être forte, et t’as gardé tout pour toi. Tu n’as pas voulu l’impliquer, tu sais qu’il a toujours été ton point faible. Étais-tu prête à vivre sans lui ? Non. Tu revois toujours le visage heureux de ce médecin t’annoncer cette grande nouvelle, alors qu’en réalité tu n’y étais absolument pas préparée. Tu n’étais pas prête à bouleverser ton petit quotidien, pas prête à le partager lui et ce même s’il s’agissait d’un mini-vous. Dans ta tête, c’est rapidement devenu Tchernobyl, un bordel sans nom que t’étais incapable de gérer, toi la grande maniaque du contrôle. Quand tu l’entends parler, tu te rends compte que t’as perdu bien plus que ce que tu n’avais pu l’imaginer un jour et pourtant, tu n’étais pas sans savoir que cet homme t’aimait, puisqu’il était le seul à te supporter ou tout simplement, à faire de ta vie un véritable conte de fée. Un conte de fée simple, mais un conte de fée profond et sincère. Un conte de fée qui te rendait heureuse tout simplement. « Dimitri, je ne suis pas partie dans le but de m’éloigner de toi et ça été la chose la plus difficile : vivre sans toi. Mais je suis partie. Soit tu m’aurais persuadée de rester et je n’en étais pas capable, parce que j’arrivais plus à vivre normalement, soit on se serait disputés et je serais forcément partie. On n’était pas prêts à ça, moi j’étais pas prête à ça. » Ca. Tu ne parlais pas de votre rupture, mais bien de cette nouvelle vie qui vous pendait au nez. Finalement, t’as quand même décidé de la vivre et parfois tu te demandes comment ce se serait passé cette vie avec lui. Cette vie à trois. Tu reconnais ton caractère dans les réactions de ta princesse, tout comme tu reconnais aussi son caractère à lui. Cette gamine va avoir un tempérament de feu, et ça tu le remarques déjà alors qu’elle n’a que trois ans. Toi, t’avais pas imaginé votre vie comme ça, tu voulais d’abord percer dans ton boulot et te donner là-dedans, en profitant de votre vie de couple, encore un peu. Tu voulais le garder pour toi, avant d’accepter de le partager avec un enfant. C’est égoïste mais t’as toujours eu ce besoin d’attention, même petite. Vous n’aviez jamais vraiment émis l’envie de fonder une famille, peut-être parce que c’était tout simplement trop tôt.Tu prends plusieurs secondes avant de répondre à sa question, tu ne le quittes pas du regard, tu sais pas vraiment quoi lui répondre et puis finalement tu baisses les yeux vers tes mains alors que tes doigts jouent avec tes clés de voiture. « Je n’en étais pas certaine, j’avais encore des doutes, mais j’y songeais déjà oui… » commençais-tu avec une voix hésitante « … Ca été la nuit la plus courte, je crois, à partir du moment où j’étais certaine de partir. Au fond j’avais l’espoir que le lendemain matin tu décides de ne pas aller travailler, pour une raison quelconque. Je t’en aurais voulu de faire échouer mes plans, mais peut-être que ça m’aurait permis de réfléchir encore, ou peut-être que j’aurais fini par te parler en prenant le risque qu’on se sépare définitivement… Peut-être que je serais partie que le jour d’après, mais ça m’aurait au moins permis de rester une journée de plus avec toi. » Tu soupires lorsque vous en venez à parler de ta cousine. T’as pas réellement envie d’en parler en fait, t’as juste compris certaines choses, ou du moins tu penses les comprendre et s’il tente de te persuader du contraire, tu gardes la même expression sur le visage, t’es pas véritablement rassurée au fond de toi. « Oui, t’as raison ca aurait dû… » finis-tu par souffler dans un soupire. Pour toi, ça prend tout son sens et au fond ça te fait du mal, mais t’essaies de mettre ça de côté. T’as pas envie de te faire des films, c’est déjà bien compliqué comme ça. T’as pas envie de mêler ta cousine à vos histoires, surtout que tu sais à quel point elles risquent d’amplifier une fois que tu lui auras tout balancé. Une fois qu’il connaitra ta petite tornade, une fois que tu devras prendre sur toi pour arriver à la partager si réellement il souhaite faire partie de la vie de Soraya. « Je t’ai toujours tout dit. Qu’importe la manière, qu’importe comment j’ai pu le faire, mais je ne t’ai jamais écarté pour rien, si ce n’est pour ça, parce que c’était radical et parce que c’est quelque chose d’important pour laquelle j’étais pas prête, et je ne suis même pas sûre que tu étais prêt à l’entendre. Moi j’étais pas capable de t’en parler, comme j’ai pas été capable d’en parler à mes parents, ni à personne en fait. » Maintenant une petite partie de ton entourage est au courant, parce que tu as un boulot et que parfois il faut bien que quelqu’un aille récupérer ta fille quand toi t’es coincée au bureau. Mais t’es pas vraiment le genre de personne à parler de ta vie à la première âme croisée. « Avant de te concerner toi, ça me concerne moi, Dimitri. Et à partir du moment où je ne l’acceptais déjà pas, je vois pas comment t’aurais pu me convaincre de quoi que ce soit. T’imagines même pas les heures que j’ai passées en gardant ça pour moi, avec toutes les questions et les doutes… » Tu t’es refermée sur toi-même, t’étais plus vraiment loquace et toujours dans tes pensées. T’en dormais plus, t’en devenais irritable et emportée par la peur, t’en arrivais même à en pleurer dans ton coin. T’avais aucune réponse à tes questions, t’as jamais osé en parler, t’as tout géré toute seule en espérant être un superhéros. Finalement, même si aujourd’hui tu es maman d’une merveilleuse petite princesse, cette grossesse tu l’as subie plus qu’autre chose. « Une semaine avant mon départ je suis rentrée plus tôt du boulot et j’ai attendu que tu reviennes. J’étais flippée et j’espérais que tu puisses m’aider, ou au moins me réconforter ne serait-ce qu’un peu. J’étais vraiment décidée à t’en parler et quand tu as passé le pas de la porte, j’ai pas réussi. J’ai jamais eu le courage et j’ai flippé. Je me suis renfermée sur moi-même et je t’ai vu comme un obstacle plus qu’autre chose, parce que j’ai eu peur que ça ne mette fin à notre couple et je me suis murée. J’ai gardé pour moi, j’ai cherché des solutions et finalement j’ai encaissé jusqu’à partir en me disant que c’était plus facile… Mais je me suis trompée. » ton regard dans le vide, tu oses à peine le regarder et puis tu finis par t’installer délicatement sur le banc, à ses côtés. [color:9a02=crimson3]« Mais je suis butée et j’ai voulu prouver à je ne sais pas qui que je pouvais m’en sortir toute seule… » comme d’habitude. T’as ce vilain défaut de vouloir toujours tout faire toute seule, y compris l’éducation de ta fille. Jusqu’à présent, ça va mais tu vois bien qu’elle se pose des questions. Tu remarques qu’elle envie ses petites copines d’avoir un père et pas elle. Tu vois bien qu’elle a ce besoin d’assurance que peut lui apporter un père plutôt qu’une mère.
Tu poses ton regard vers ce stand où se trouve ta sœur et ta fille, tu te doutes que bientôt elle va probablement finir par choisir un cadeau en fonction du nombre de petits canards qu’elle aura réussi à pêcher et une fois qu’elle aura son jeu ou sa peluche, elle se rappellera que t’existe. Tout ce que tu souhaites, c’est que ta sœur la garde près d’elle au moins le temps que tu les rejoignes. Lorsque Dimitri reprend la parole, tu ne le regardes pas plus, mais tu écoutes tout ce qu’il te dit. Un équilibre, peut-être dans sa vie, mais t’es pas totalement certaine d’avoir ressenti cet équilibre, toi. T’étais heureuse, t’aimais votre petite vie et malgré les discordes, tu n’as jamais cherché à mettre un terme à votre relation. C’est arrivé comme ça, et t’as agis à contre cœur, parce que t’es une fille butée qui a du mal à écouter ton entourage lorsque t’as une idée en tête. T’étais persuadée que c’était la seule solution. « Dimitri, ça n’aurait plus été la même vie si j’étais restée. » Soit vous vous seriez séparés, soit vous auriez dû vivre une vie différente, comme chaque parent. Une vie que t’étais pas prête à accepter et qui, pourtant, est ta vie aujourd’hui. Tu coules un regard vers lui et tu le connais assez pour voir que tout ça le bouffe, au fond. Pourtant, encore aujourd’hui t’es persuadée d’avoir fait le bon choix. Pas un choix qui t’a rendu heureuse sur le moment, pas un choix que t’as aspiré à faire, mais un choix que t’as fait malgré tout. « Tu dis ça parce que t’étais pas dans mon cas. Parce que c’était pas ce qu’on avait prévu » vous n’en aviez pas parlé beaucoup du fait d’avoir un enfant. Tu ne connais pas réellement sa position quand ça concerne une paternité quelconque. T’es encore réticente à lui en parler à vrai dire, mais quoi qu’il arrive le mal est fait. Vous ne pouvez pas être plus séparés, ce qui sera plus compliqué c’est la position de ta fille. Elle est encore petite, mais tu vois bien qu’elle réclame cette figure paternelle. T’es une fille, tu sais à quel point un père est important dans la vie d’une fille et même si le tien n’a jamais rempli tous les critères du père parfait, ça reste le tien, celui avec qui t’as grandi, celui qui a longtemps été un modèle pour toi. Tu croises son regard le temps d’une milliseconde, un regard que tu peines à regarder face à ces révélations. Ca te fait du mal de les entendre et pourtant t’essaie de te convaincre que tu as pris la bonne décision. T’en es pas persuadée, mais tu veux y croire. Au moins pour te rassurer. « En trois ans, j’ai jamais cherché à partir, je ne l’ai jamais songé ne serait-ce qu’un instant, même lorsqu’on se prenait la tête. Ca n’a duré qu’une semaine, et je suis partie… » t’as été radicale, comme tu l’es souvent et dans ton travail tu sais que c’est une de tes meilleures qualités. Mais tu te rends seulement compte que dans la vie privée, c’est pas la même chanson.
Tu passes une main délicates dans tes cheveux et tu fronces les sourcils en lisant de l’inquiétude sur son visage. La suite te prend de cours et tu retiens ton souffle sans aucune réponse le temps de plusieurs secondes. Tu ne sais pas quoi lui dire, parce que ce n’est pas le cas, pas tout à fait en fait. [color:9a02=#crimson]« Non je n’étais pas malade… Enfin pas tout à fait » Ca dépend à quel degré, en fait. Ca fait partie des symptômes d’une grossesse, mais tu sais qu’il ne parle pas de ce genre de maladie. Tu soutiens son regard sans le quitter des yeux « Je te jure que c’est vrai » Tu ne t’attendais pas à ce qu’il en tire de telles conclusions, tu ne veux pas non plus qu’il s’imagine de telles choses. Tu joues avec une des bagues qui se trouve autour de ton annulaire gauche, chose que t’as toujours fait même lorsque t’étais en couple. Une sorte de garde-fou pour éviter les lourdingues. Une astuce complètement puérile, mais qui fonctionne et que t’as toujours gardé, pas prête à te relancer à corps perdu dans ce genre de relation.
Tu ne t’attendais pas vraiment à ce qu’il t’invite boire un verre, tu n’avais jamais vraiment imaginé comment tu finirais par lui annoncer tout ce que t’as à lui dire. « Ca dépend. Si t’es capable de ne pas me hurler dessus, ou de ne pas t’énerver au beau milieu d’un café ou d’un bar moi ça me va… » Oui, toi t’es persuadée que ça ne va pas être simple. Qu’il va mal le prendre, qu’il va te remballé comme une mal propre, ou simplement te hurler dessus pour ne lui avoir jamais rien dit en quatre ans. Tu prends un stylo dans ton sac et puis avec l’audace qu’on te connait, tu lui attrape la main pour griffonner ton nouveau numéro sur sa paume « Réfléchis et dis-moi un jour qui te convient. Fin de journée ou sur le temps de midi, comme tu veux. » Tu lui rends sa main et relève les yeux vers ta sœur qui se trouve un peu plus loin avec ta fille. Elles ont terminé à la pêche au canard et t’arrive à remarquer que ta poulette a gagné une peluche encore plus grosse qu’elle. « Va falloir que j’y aille, je vais te laisser bosser un peu sinon Billy va vraiment souhaiter ma mort » dis-tu avec une touche d’humour, bien que ton sourire ne se dessine pas vraiment sur ton visage.
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| | | | (#)Dim 29 Sep - 21:18 | |
| I was getting kinda used to being someone you loved. TAMSIN & DIMITRI. Finalement, et comme il s'y était attendu dès l'instant où il avait de nouveau pu poser les yeux sur elle, c'était de se repasser les films des derniers moments que Tamsin et lui avaient passé ensemble qui ravivait chez Dimitri une peine intacte. Comme s'il pouvait encore sentir la texture du papier sur lequel elle lui avait laissé ce mot d'adieux trop bref à son goût, comme si la feuille venait tout juste de glisser entre ses doigts pour atterrir à ses pieds, sous le coup d'un choc émotionnel que rien n'aurait pu prédire, tout simplement parce qu'il n'avait rien vu venir. Et s'il l'avait su, qu'est-ce qui aurait pu changer ? Est-ce qu'il aurait réussi à la retenir, même alors que tout ce qu'ils avaient été l'un pour l'autre pendant ces trois ans n'avait visiblement pas suffi à la faire rester ? Est-ce qu'il aurait trouvé quoi lui dire pour l'en convaincre, alors qu'il manquait de mots aujourd'hui pour lui exprimer ce qu'il avait eu sur le cœur pendant ces quatre années ? Est-ce qu'au moins il aurait su s'interposer entre la porte et elle, rester planté en travers de sa route aussi longtemps qu'il l'aurait fallu, quand malgré les disputes et les haussements de ton il n'aurait jamais rien fait qui aurait pu la rendre malheureuse, y compris la retenir si ce n'était pas ce qu'elle désirait ? Les questions étaient si nombreuses qu'elles ne faisaient qu'ajouter à la confusion qui régnait depuis que tout ce qu'il pensait disparu pour de bon lui était brusquement réapparu, et ne pas savoir s'il avait eu ne serait-ce qu'une chance d'empêcher que ça se produise, ça le désemparait autant que la possibilité qu'il n'y ait rien eu à faire, que ça devait simplement se passer comme ça et s'écrire de cette manière. Une occasion manquée de plus dans une vie qui en avait connu beaucoup, et que ça les touche, eux, quand avec Tamsin il avait toujours pensé que rien ne pourrait jamais défaire ce qui était né le jour où ils avaient compris ce qu'ils s'inspiraient l'un-l'autre, c'était le regret qui pesait le plus lourd au fond de son cœur. Comme une pierre dont la masse avait augmenté d'année en année et qui ce soir s'alourdissait encore un peu plus. « Alors c'était fichu quoi que j'aurais pu tenter. » Il laissa entendre dans un soupire étouffé d'une peine et d'une désillusion encore intactes, maintenant qu'il réalisait qu'il n'aurait probablement rien pu faire, même s'il avait su, même s'il avait essayé. « C'est ironique, je suppose. Que la fatalité ait réussi là où nos milieux, tes parents et nos caractères ont toujours échoué. » Un sourire presque imperceptible, teinté d'une écrasante mélancolie, étira le coin de ses lèvres tandis que le poids dans sa poitrine se fit plus lourd. Sa relation avec Tamsin n'avait jamais été un long fleuve tranquille, et c'est d'avoir rencontré autant d'obstacles qui leur avait fait dire que ce qu'ils vivaient était vrai, incroyablement fort, à un degré parfois dévastateur, mais toujours profondément vrai. C'est comme ça qu'ils s'étaient aimés, en dépit du reste, d'eux-mêmes parfois, si bien qu'aujourd'hui il peinait à s'expliquer qu'ils en soient arrivés là. Un jour tout bascule, et nos certitudes avec. « J'imagine que t'éloigner de moi n'était pas encore assez difficile. » Ou bien était-ce simplement trop dur à entendre, qu'elle ait pu partir sans que l'amour ne soit mort, sans qu'elle ait eu envie de le laisser, quand c'était pourtant ce qu'elle avait choisi de faire. Il n'était pas à sa place, il n'avait encore aucune idée du cas de conscience qu'elle avait rencontré, mais voilà ce qu'il savait : elle était partie, et ça devait bien vouloir dire qu'à un moment ou à un autre même lui n'avait pas été suffisant pour qu'elle désire rester. Alors oui, le constat était aussi éprouvant que le reste, peut être parce que ça aurait plus simple qu'elle n'ait simplement plus eu envie de cette vie, de lui. Plutôt que de l'imaginer partir à contre-coeur, avec des sentiments intactes, quand tout aurait pu continuer comme avant si elle avait pris une autre décision. L'aurait-elle pu ? Il n'en savait rien, et c'était bien assez déroutant d'imaginer qu'elle ait pu savoir qu'ils vivaient leurs derniers moments ensemble la nuit ou les quelques heures avant son départ. Lui, il n'en avait rien su. Peut être que c'était mieux, peut être pas, mais ça lui faisait mal de penser qu'il y avait eu un instant, aussi fugace soit-il, où elle avait pris la décision qui avait scellé la suite. « Je ne suis pas allé travailler, ce matin-là. » Sa voix enchaîna sur la sienne, et son regard retomba dans le sien au moment où la précision parut aussi essentielle que dérisoire. Mais c'était vrai, et une douce ironie de savoir qu'au fond c'est ce qui aurait peut être aussi pu leur faire gagner du temps, si tant est que ça aurait changé quoi que ce soit si elle était décidée. « Mais simplement parce que j'ai passé quatre heures à ta recherche, sans vraiment réaliser sur le coup que si ton besoin de partir était si fort que tu ne m'avais laissé aucun indice pour tenter de te retrouver, c'était certainement pas en ville ou chez tes parents que je risquais de tomber sur toi. » Et qu'elle avait probablement pris directement la direction de l'aéroport le plus proche, ou s'était à défaut arrangée pour attendre dans un endroit où elle savait qu'il n'irait pas la chercher. Mais sur le moment, tous ces détails avaient aussi peu de sens que le reste, parce qu'elle était partie, qu'il n'avait eu que quelques minutes pour intégrer l'information et qu'après ça le déni avait mis du temps à se dissiper.
Mentionner Soheila était comme toujours un peu risqué, comme si même après tout ce temps Tamsin portait toujours ce regard empreint de méfiance sur cette partie de leurs conversations. Dimitri le percevait sans vraiment parvenir à se l'expliquer, sincère lorsqu'il lui assurait que si son départ avait pu rapprocher deux personnes, ce n'était pas sa cousine et lui. Avec Alec, ils s'étaient soudés plus encore parce que son ami avait été un soutien émotionnel précieux, mais avec Soheila les choses avaient tourné au drame par sa faute, pour des mots mal choisis et des reproches injustement faits. C'était à peu près tout ce qu'il y avait à en dire, elle connaissait sans doute déjà toute la partie qui concernait la détective privée engagée par sa cousine, et le reste pourrait bien attendre un autre moment. L'heure était encore à la surprise, au déferlement d'émotions provoqué par son retour, et Dimitri était tantôt accablé tantôt rassuré par les déclarations de Tamsin, qui semblait sincère quand elle lui assurait n'avoir jamais été malheureuse avec lui. Si ces trois années avaient du être un mensonge, il ne l'aurait sûrement pas supporté, alors qu'ils en gardent le même souvenir, teinté de confiance mutuelle et d'honnêteté à toute épreuve, ça apaisait quelque chose au milieu de tout ce qui était ravivé. « Je crois que rien de ce que tu aurais pu me dire ce jour-là n'aurait été pire que de ne rien entendre du tout. Mais c'est parce que tu me connais par cœur que j'arrive pas complètement à t'en vouloir d'avoir pensé que j'étais pas prêt à l'entendre. Parce qu'une partie de moi sait que si c'est à cette conclusion-là que tu es arrivée après toutes les questions que tu as du te poser, c'est peut être parce que c'était au moins en partie vrai. » Il n'en savait encore rien, mais en dépit du sentiment d'injustice que lui inspirait l'idée qu'elle ait préféré s'en persuader plutôt que de lui laisser la moindre chance de la faire mentir, il ne pouvait pas ignorer que Tamsin était depuis longtemps l'une des personnes qui le connaissaient le mieux. Qu'à l'époque, elle était celle qui pouvait lire en lui sans qu'il ait besoin de formuler ce qui le tracassait. « Mais malgré ça, j'aurais aimé que tu prennes le risque. De me choquer, de me blesser, de m'inspirer n'importe quelle réaction mais au moins de me mettre dans la confidence. Juste au nom de ce qu'on était. » Pas parce qu'elle avait la moindre confiance dans sa façon de réagir, mais parce que le priver d'explications, c'était aussi priver leur histoire de la fin qu'elle aurait mérité. « On a déjà établi que j'aurais eu le cœur brisé de toute façon. J'aurais simplement aimé savoir pourquoi. » Pourquoi ce départ, pourquoi alors qu'il n'avait rien pressenti, pourquoi alors qu'il aurait juré qu'ils n'avaient jamais été plus unis et heureux ensemble. Il n'aurait vraisemblablement rien pu dire ni rien pu faire pour la faire changer d'avis, et dans un sens ça le réconfortait au moins dans la mesure où elle n'avait pas décidé de tout balayer sur un coup de tête qu'elle avait aussitôt regretté, mais ça ne guérissait pas ce besoin de réponses qu'il avait traîné pendant quatre ans sans parvenir à tourner la page ni à avancer. Et savoir qu'à un moment elle avait pensé lui parler, pensé partager avec lui les doutes qui la rongeaient, c'était plus difficile encore, parce que c'était la première fois qu'il avait l'impression que le court des choses aurait pu être modifié. « Je donnerais n'importe quoi aujourd'hui pour que tu aies trouvé la force de me parler à l'époque... » Il expira alors, dans un souffle triste et résigné, comme si quoi que ce soit pouvait encore lui permettre de réécrire cette partie-là. Comme un aveu, aussi, que si une chance de récupérer ce qu'ils avaient perdu se présentait, alors sans doute qu'il n'était pas encore assez brisé ni rancunier pour la laisser passer. Trop de choses étaient ce soir ressassées et son cœur de nouveau secoué, il ne savait pas lui en vouloir comme il lui en avait voulu pendant quatre ans. « Quand je pense que c'est l'une des choses qui m'ont plu en premier chez toi. Le fait que tu sois si butée. » Son regard croisa le sien lorsqu'elle s'assit à ses cotés sur le banc, sans qu'un sourire ne parvienne complètement à chasser l'expression attristée de son visage, mais avec cette pointe de trouble au fond des yeux. Il pourrait lui redire qu'il aurait aimé qu'elle lui parle, elle le savait de toute façon déjà.
Pourtant il se souvenait de tout, de chaque moment même imparfait, de chaque matin où il avait ouvert les yeux et retrouvé cette présence à ses cotés, qui n'était pas seulement celle qu'il souhaitait le plus au monde garder près de lui, mais aussi la seule pour qui lui se voyait rester. Le long terme, les relations sérieuses, les portes qui claquent et se rouvrent aussitôt parce qu'il était incapable de la quitter fâché ou d'aller ruminer dans son coin pendant des heures, c'était autant de choses que Tamsin lui avait fait aimer, mois après mois, année après année, et qu'il n'aurait abandonné pour rien au monde. Un équilibre, oui, qu'il avait certainement cherché toute une partie de sa vie, et qui lui manquait cruellement depuis le matin où il s'était envolé avec elle. Plus de sérieux, plus de long terme, plus personne pour rester dans les parages ou lui laisser penser que lui aussi méritait tout ça. Elle avait probablement été la seule à l'aimer de cette manière un jour, et dieu sait qu'il aurait aimé être capable de passer à autre chose, de trouver une autre forme de bonheur ailleurs et avec quelqu'un d'autre, juste pour pouvoir se dire que le meilleur n'était pas déjà derrière lui. Mais quel autre constat pouvait-il bien tirer aujourd'hui, alors qu'il était incapable de se laisser la moindre chance de se projeter à nouveau, comme si sa trouille de voir une autre partir avec la moitié de son cœur resurgissait chaque fois que naissait le plus petit espoir d'avancer ? « Ça n'a plus été la même vie lorsque tu es partie, c'est tout ce que moi je sais. » Peut être bien que tout aurait changé aussi dans le cas contraire, que ce qui lui faisait dire qu'ils n'y auraient pas survécu ou n'auraient plus jamais été les mêmes les aurait effectivement éloignés. Mais peut être aussi qu'il y aurait eu un infime espoir que ce ne soit pas la fin pour autant, qu'ils soient assez forts pour s'en relever. « C'est vrai, j'étais pas à ta place. Et peut être que la première chose que j'irai penser quand tu m'auras tout expliqué, c'est que j'aurais été incapable de prendre une meilleure décision. » Il soutint son regard une seconde, puis baissa les yeux jusqu'à ses mains jointes entre elles. « Mais pour l'instant c'est trop dur. » Trop dur de voir autre chose que le fait qu'elle n'ait pas suffisamment cru en eux, en ce qu'ils formaient tous les deux pour leur avoir laissé une chance d'affronter les doutes qui la rongeaient et qu'elle avait préféré garder pour elle. Il aimerait que tout s'éclaire lorsqu'il saurait enfin, et pouvoir lui dire qu'il comprenait qu'elle n'ait pas eu le choix, mais en l'état ça lui était trop difficile d'ignorer combien tout ça le rongeait, lui. Il resta silencieux lorsqu'elle reprit la parole, sûrement parce que c'était plus facile, et laissa son regard balayer l'horizon avec toujours ce même voile humide et cette lueur triste que le temps n'avait pas su balayer.
L'émotion laissa place à l'inquiétude lorsqu'au milieu des interrogations soulevées ces dernières minutes, l'une d'elles le piqua à la gorge comme si une partie du puzzle avait une chance d'être rassemblée, mais à quel prix. Son départ si soudain, le fait qu'elle ait été incapable de partager ses doutes et dise avoir préféré se débrouiller seule, était-ce parce que la raison derrière tout ça était plus insoutenable encore que ce qu'il avait pu s'imaginer jusqu'ici ? Est-ce qu'elle était malade, est-ce que c'était ça la chose avec laquelle il lui avait fallu se débattre ? Et si oui, comment pouvait-elle croire une minute que ça aurait changé quoi que ce soit, à eux, à ce que lui éprouvait, et à ce qui aurait fait que la dernière chose dont il aurait eu envie c'était de la laisser seule ? Le temps d'une seconde, attendre de lire dans ses yeux le début d'une réponse fut la pire des tortures, et c'est dans un souffle en partie soulagé qu'il accueillit finalement cet aveu en forme de délivrance, ou presque. Il n'en savait toujours pas plus, et sa façon de répondre ne dissipait pas complètement son inquiétude, loin de là, mais ce qu'il pouvait lire dans ses yeux lui faisait dire que ce n'était pas ça. « Pas tout à fait ? » Les mots quittèrent ses lèvres au moment où il réalisa qu'il n'en saurait probablement pas plus, et qu'elle s'était arrangée pour qu'il sache l'essentiel. Et avoir à présent la quasi-certitude qu'elle n'était pas malade comme il avait pu spontanément le penser, oui, ça l'aidait au moins un peu. « Je... d'accord, je te crois. » Dimitri souffla en soutenant son regard, sans que l'inquiétude ne retombe totalement ni n'accorde un vrai répit à son cœur. Il sentait qu'il y avait quelque chose, quelque chose qu'elle avait peut être tenté de lui dire à l'instant avant de se raviser, et le temps lui paraîtrait infiniment long jusqu'au moment où elle s'en sentirait prête.
Alors parce qu'il avait besoin de réponses qui ne pouvaient pas être données à quelques mètres des stands et de la foule amassée dans le parc, c'est hésitant que Dimitri soumit l'idée de l'inviter à boire un verre pour en discuter. Une proposition aussi déroutante pour lui qu'elle l'était sûrement pour elle, une poignée de minutes après qu'elle soit réapparue dans sa vie et plus de quatre ans après leur dernier échange, mais qui permettrait peut être de faciliter les choses. « Je suppose que le fait que tu t'en inquiètes devrait m'inquiéter moi aussi. » Dimitri nota dans un sourire doux-amer, et non sans que sa répartie ne ravive à nouveau son inquiétude. Sortir de ses gonds, c'était le genre de choses qui avaient pu lui arriver à l'époque lorsque leurs deux tempéraments se heurtaient l'un à l'autre, mais il l'avait toujours instantanément regretté et n'avait jamais aimé les scènes en public. Alors était-ce juste une façon pour elle de le préparer au pire maintenant pour que la vérité lui paraisse plus douce ? Il n'en savait rien. « Je te promets d'écouter ce que tu auras à me dire. » Il souffla alors, comme seule promesse qu'il pouvait pour l'instant lui faire quant à sa possible réaction, se laissant faire après une seconde de flottement lorsqu'elle saisit sa main pour y inscrire son numéro de téléphone. « N'importe quel jour me convient, je m'arrangerai c'est pas un problème. En début de semaine prochaine, ou plus tôt, je te laisse décider. » Tout ce qu'il voulait c'était que cette discussion puisse avoir lieu, pour qu'enfin ces quatre années trouvent un semblant de sens. La seule raison pour laquelle il n'exigeait rien d'elle ce soir, c'est parce qu'il voulait qu'elle se sente assez en confiance pour tout lui dire. « D'accord, je... » Il resta une seconde incapable d'ajouter quoi que ce soit, quittant le banc pour faire un pas vers elle, puis se raviser au moment de souffler. « Je te remercie d'être venue... ce soir, je veux dire. Je suis content qu'on ait pu se parler. » Cette discussion à cœur ouvert avait remué beaucoup de choses et le laissait bouleversé par ce que ce retour impliquait, mais Dimitri lui était reconnaissant d'être venue le trouver, même si ça n'apaisait pas le vide laissé par son départ, ni le reste. Beaucoup de questions restaient en suspend et son inquiétude grandirait jusqu'au moment où ils se reverraient, mais c'était au moins ça. Tu m'as manqué, il aurait du ajouter, mais n'avait pas pu.
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| | | | | | | | i was getting kinda used to being someone you loved (tamsin) |
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