Assit sur le canapé, penché en avant entrain de mettre ma chaussure, je n'écoute les paroles d'Elora que d'une seule oreille. 'faire attention', 'inconscient' et 'repos' sont les seuls mots que je prends en compte alors que ça doit bien faire 10 minutes que ma colocataire me parle. Si elle le fait, c'est sans doute parce qu'elle ne comprend pas pourquoi j'ai si envie d'aller à ce workshop de théâtre, pensant sans doute qu'avec un pied dans le plâtre c'est la dernière chose à laquelle je dois penser. Sauf qu'elle ne semble pas comprendre que je me suis assez reposé. Un jour à l'hôpital après l'accident, une opération, trois jours gardé sur place simplement en observation puis presque une semaine de repos forcé à la maison. Je n'ai rien fait pendant ces 7 derniers jours et je pars du principe que je me suis assez reposé. J'ai bien essayé de faire comprendre à la jeune femme que Théâtre ne signifie pas forcément 'danse' et que je peux très bien joué en étant assit. Et puis dans tous les cas, je sais que j'ai assez de force de mes bras pour gérer les béquilles. Bref, je ne crains rien et je n'ai qu'une seule envie : celle de sortir de l'appartement.

 « Tu sais Elora» la coupais-je finalement en me redressant  «C'est adorable de ta part de t'inquiéter pour moi, vraiment » dis-je, posant mes mains sur mes genoux et mon regard sur la jolie blonde  «Mais je vais bien. Je te promet. Et tout iras bien. Cian m'emmène et me ramène à l'appartement ce soir » assurais-je, me penchant en avant pour attraper mes béquilles avant de me lever  «Donc maintenant, s'il te plait, tais toi et laisse moi passer, tu veux bien ?» demandais-je en intensifiant légèrement mon regard.

La jeune femme fini par abdiquer et, soupirant, elle se décale.  « Merci» dis-je simplement en lui souriant avant de passer à côté d'elle. Une fois dans le couloir, j'attrape mes deux béquilles dans une main pour épauler mon sac à dos et donner une dernière caresse à Moana avant de me débrouiller comme je peux pour ouvrir la porte et la refermer derrière moi. Je m'appuie quelques instants contre le mur et soupire doucement, me demandant, l'espaces d'une fraction de seconde si je fais le bon choix mais fini par me décoller pour descendre prudemment les escaliers et sortir du bâtiment.

Là je me dirige vers un muret sur lequel je décide de m'installer en attendant Cian. Déposant mon sac à dos au sol, je pose les béquilles contre et mon pied droit sur le muret, soupirant doucement lorsque je sens que les pulsations se calment peu à peu dans mon articulation, la douleur diminuant légèrement. Car il faut dire ce qu'il en est : aujourd'hui est un de ces jours où la douleur est belle et bien présente, d'avantage que le reste de la semaine passée.

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Clément & Cían

Assis dans le canapé, Ailis dans les bras, je regarde la petite fille s’agiter doucement. Au loin, j’entends Eavan chantonner sous la douche et cela me fait sourire. Elle a toujours chanté sous la douche, mais il faut dire qu’elle n’a pas une voix d’ange. Je tente de ne pas exploser de rire et reporte mon regard sur le bébé qui s’étire avant de venir se blottir tout contre moi. Elle est minuscule la crevette, j’ai constamment peur de la faire tomber, de mal la porter. Alors, je ne bouge pas. Le dos droit, les bras bien serrés autour d’elle. Eavan me la confier comme si j’étais un professionnel avant de partir sous la douche. Il paraît qu’elle n’a pas eu le temps depuis deux jours et je n’ai pas vraiment pu négocier quoique ce soit. Alors que je passais juste voire si tout allait bien avant de partir pour conduire Clément à son truc. Je berce doucement Ailis alors que j’entends l’eau de la douche se couper. « Ta maman arrive. » Je lui souris et caresse doucement sa joue. Partir pour la journée va me faire du bien. Je crois que j’ai besoin de prendre un peu de recul. J’aime Eavan, je le sais. J’en suis persuadé et l’arrivée d’Ailis est venu tout chambouler, parce que je suis tombé sous son charme aussi. Immédiatement, sans préavis. On me l’a mise dans les bras alors qu’elle venait tout juste de naître et j’ai compris que j’étais foutu. Elle n’est pas de moi, mais je l’aime comme si c’était le cas. C’est bien ce qui m’embrouille d’ailleurs. Je sursaute lorsque Eavan vient s’asseoir à côté de nous. « Ça t’as fait du bien ? » Elle hoche la tête et me sourit. Je vois bien qu’elle aimerait que tout reste comme cela, que je ne parte pas. Pourtant, je vais devoir y aller. Alors, tout doucement, je lui donne Ailis qui ne bronche absolument pas. « Je reviens vous voir dans quelques jours okay ? Si t’as un souci appelle moi. » Je vois la déception sur son visage. « File Cian. » Je viens embrasser le front de la petite et la joue de sa mère avant de m’échapper de l’appartement. J’en ai besoin.

Je remonte rapidement chez moi pour prendre mes affaires et descends à ma voiture. Je ne sais pas où je dois conduire Clément. Le jeune homme m’a demandé de lui servir de chauffeur pour le weekend. Je sais qu’il s’est, encore une fois, blesser lors d’une représentation. Cette fois, cela avait l’air sérieux puisqu’il ne peut plus conduire. Je ne sais pas vraiment ce qui m’attends, mais au moins je vais pouvoir penser un peu à autre chose. C’est donc avec dix minutes de retard que j’arrive sur le parking de l’immeuble du jeune homme. Je le vois assis sur un muret, perdu dans ses pensées. J’ouvre ma fenêtre et l’interpelle. « Kiddo ! » Je lui souris et finis par sortir de ma voiture pour l’aider un peu. « Qu’est-ce que tu nous as fait encore ? » Je lui ouvre la portière et vais poser ses béquilles à l’arrière avant de reprendre ma place derrière le volant. « Alors, je t’emmène où ? »         

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Dernière édition par Cían Atwood le Mer 25 Mar 2020 - 0:11, édité 1 fois

Assit sur le muret, jambe droite allongée devant moi, mon regard est fixé sur les doigts de pieds qui sont la seule partie visible de mon pied et je pousse un léger soupire. Même si ça fait une semaine que je prends le tout plus ou moins à légère, que je n’en fait pas un big deal, j’avoue que je commence tout doucement à ressentir le manque que me procure ce repos forcé. Mais, alors que je joue avec l’idée de faire un tour au studio de fitness pour parler avec le coach et voir ce que je peux faire comme exercices malgré ma blessure, j’entend une voiture qui s’immobilise à côté de moi puis la voix de Cian qui m’interpelle. Relevant mon regard vers l’amiral, je me redresse, descend mon pied du mur et allait me pencher pour récupérer mon sac à dos mais Cian est plus rapide et me le prend des mains. J’arque un sourcil sous la surprise mais ne dis rien, sachant parfaitement que quoique je dise, le militaire insistera pour au moins porter le sac. Je n’ai donc qu’à me débrouiller avec les béquilles, remerciant encore une fois mes années de danses qui me donnent un équilibre et une maîtrise sur mon corps assez poussés pour pouvoir gérer les déplacements sans problème et m’installe sur le siège passager, laissant Cian ranger les béquilles sur la banquette arrière avant de tourner mon regard vers lui lorsqu’il me demande où il doit m’emmener.

« A Moreyfield, c’est genre 45 min au nord de Brisbane. Je …» je me contorsionne de manière à pouvoir attraper un bout de papier que j’avais glissé dans la poche arrière de mon jeans « Tien, voilà l’adresse exact» dis-je en tendant le papier à Cian avant de m’attacher et trouver une position antalgique pour mon pied.  Après que le militaire ait entrer l’adresse dans son GPS et qu’il ait démarrer, je me recule contre le dossier du siège et me passe une main sur le visage «Rupture du tendon d’achille » finissais-je par dire après quelques minutes de silence, tournant à nouveau la tête vers Cian « C’est arrivé à la première de notre nouveau spectacle. J’avais envie de marquer les esprits …et je l’ai fait en tombant de scène» je laisse échapper un rire moqueur et secoue la tête en reportant mon attention sur la route, haussant les épaules «J’ai mal calculé ma trajectoire, j’ai fait un enchaînement gymnastique et je me suis retrouvé au centimètre près sur le bord de la scène. Et pour ne pas tomber, je me suis sans doute un peu trop contracté en tendant un chouilla de trop ma jambe droite et c’est là que le tendon à lâché. Complètement et dans un claquement digne d’un coup de fouet. » je pose mon regard sur mon plâtre et grimace « et pis comme c’est le tendon qui maintient le pied à sa place, je pouvais plus rien faire et je suis tout simplement tombé de la scène» j’hausse les épaules « Quand les secours sont arrivés, ils m’ont tout de suite parlé de fracture et ça c’est vraiment pas bon signe. Genre, j’étais persuadé que s’en était fini pour ma carrière parce qu’une fracture de la cheville ça te met souvent hors d’état pour toujours» je souris doucement « t’imagine donc pas mon soulagement lorsqu’après des heures d’attentes, de souffrance et d’innombrable examens, j’ai apprit que ce n’était ‘que’ une rupture du tendon d’Achille et que celle-ci est relativement bénigne chez les danseurs» j’hausse à nouveau les épaules «J’ai été opéré pour recoudre le tendon, je serais immobilisé comme ça pendant 3 semaines, puis le plâtre sera retiré et remplacé par une botte articulée qui me permettra de marcher et commencer la rééducation  » je lance un coup d’œil vers Cian «En gros, si tout va bien, je pourrais reprendre la danse dans plus ou moins 4 mois et les risques de re-ruptures ne sont, grâce à l’opération, que de 5% donc  ça ne remettra pas ma carrière en cause et ça c’est tout ce que je demande !» assurais-je avec un sourire sincère.

« Et en attendant, je peux facilement continuer le théâtre» expliquais-je « Si au début quand j’attendais l’ambulance je me suis dit que je ne reprendras pas le théâtre sans la danse parce que dans mon esprit les deux sont indissociable, je me suis dit que je suis quand même bien con parce qu’au final, je peux facilement jouer. » je pose mon coude contre la porte et appuie ma tête contre ma tête « Donc voilà où on va, un stage de théâtre. C’est plus pour les confirmés et les professionnels mais rien ne t’empêche d’y assister. C’est ouvert au public» je lui souris doucement «merci en tout cas d’accepter de m’y conduire, tu me sauve sincèrement la vie parce que je me vois vraiment mal de prendre les transports en commun. Avec ma chance, personne ne me laisserait m’asseoir et je devrais rester debout pendant 2h » je rigole doucement et secoue la tête avant de reporter mon attention à l’extérieur, observant les bâtiments qui défilent.

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Clément & Cían

J’ai eu du mal à quitter Ailis et Eavan. Vraiment beaucoup de mal. Pourtant, je sais que j’ai besoin de ça. C’est comme si Clément l’avait compris. Je ne l’ai pas revu depuis notre fameuse après-midi lasertag, mais visiblement, il avait besoin de mes services de voiturier. Je ne l’ai pas questionné bien longtemps, sans le vouloir, il venait de m’offrir l’excuse parfaite pour prendre un peu de distance. Je sais que fuir n’arrangera pas les choses. Je sais que rien n’aura changé lorsque je reviendrais, mais au moins, j’aurais pris de la distance. J’aime Eavan plus que tout, mais je ne sais plus vraiment ce que je veux avec elle. L’arrivée d’Ailis n’a clairement pas arrangé les choses. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver autant impliqué dans sa naissance. Cela n’a fait que rajouter un peu plus de flou dans cette situation. J’ai l’impression de ne plus savoir ou donner de la tête. Un matin, je me lève persuader de prendre la bonne décision, le soir je me couche avec une toute autre idée en tête. Je n’ai jamais été aussi perdu et rester auprès de la jeune mère et de sa fille ne m’aide réellement pas à y voir plus clair. C’est donc le cœur quelque peu lourd, mais persuadé que tout cela me sera bénéfique que je finis par prendre le volant de ma voiture.

Lorsque je récupérer Clément, je suis surpris de le trouver avec un pied dans le plâtre. Une nouvelle fois, je prends conscience que j’ai réellement laissée mes proches de côté depuis quelque temps. Il faut que je reprenne les choses en mains. En attendant, je descends rapidement de ma voiture pour donner un petit coup de main au jeune danseur. Je vois bien qu’il est capable de se débrouiller seul, mais c’est plus fort que moi, je dois toujours venir en aide aux autres. Il s’installe côté passager et je repasse derrière le volant. J’entre l’adresse qu’il me donne dans le GPS, je connais pas du tout le nom de la ville ou nous allons. Ça fera une découverte au moins. Finalement, Clément m’apprend qu’il a eu une rupture du tendon d’Achille. Rien qu’à l’appellation, je grimace de douleur. « Outch. » C’est en détail qu’il me raconte ce qui lui est arriver en pleine représentation. Je remarque qu’il est ennuyé par tout cela, mais je ne pose pas trop de questions. « Il te reste plus qu’à faire la rééduc sagement alors. » Et je ne peux m’empêcher de rire un peu. C’est le sagement qui pose un problème dans tout cela. Il est tellement hyper actif ce gosse que même lui demander de rester assis 45 minutes dans la voiture semblent relever du défi. « Mais ça va sinon ? » demandais-je malgré tout. M’assurer que son moral ne se retrouve pas trop affecter par tout cela.

Et donc au milieu de tout cela, il m’annonce que l’on part pour un stage de théâtre. « Ah… » Disons que ce n’est pas réellement ma passion. Pourtant, Clément cherche de suite à me rassurer, en m’assurant que même si l’événement est fait pour des professionnels, je peux également y assister dans le public. « Ça dure combien de temps ton truc ? » De toute façon, je ne rentrerais pas à Brisbane sans lui. Au pire, j’irais marcher le temps qu’il fasse son stage. Je n’en sais trop rien. « Je suis pas très théâtre… Tu sais parler tout ça, c’est pas trop mon truc. » Non. Moi, je suis brut de décoffrage, je ne parle pas beaucoup et quand j’ai quelque chose à dire, je le dis toujours trop rapidement. Puis je suis persuadé que je ne serais absolument pas quoi faire de mon corps sur une scène. « Mais je peux faire l’assistant si tu veux. » Et je ris à nouveau. « D’ailleurs, on va peut-être faire un rapide coffee break. J’ai besoin de ça. »        

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Dernière édition par Cían Atwood le Mer 25 Mar 2020 - 0:11, édité 1 fois

La réaction de Cian ne m’étonne guère et j’accueille son ‘outch’ par un simple haussement d’épaule. Oui c’était douloureux, non les douleurs ne sont plus aussi intenses qu’avant (merci les anti douleurs et les anti inflammatoires qu’on m’a prescrit) « Oui ça va plutôt bien» répondais-je en me callant un peu mieux contre le dossier «Je veux dire … ça pourrait aller bien mieux hein, je dis pas que je suis genre super heureux mais …disons que j’ai connu pire » je grimace légèrement «au moins j’ai encore deux bras et une jambe fonctionnels qui me permettent d’être assez indépendant pour pouvoir gérer mes déplacements et tout » je garde mon regard posé vers l’avant, ignorant totalement le fait que je n’ai jamais parlé de mon burn out à Cian et que celui-ci ne sait donc pas à quel point mon indépendance m’est chère.

Changeant de sujet, je fini par lui dire que nous allons, tout simplement, à un stage de théâtre. Rien de bien intéressant pour lui qui devra rester dans le publique, mais je sais qu’il y a quelque bars, des musées et tout, non loin de la salle et qu’il trouvera sans doute de quoi s’occuper pour quelques heures. J’hoche doucement la tête lorsque le militaire m’informe que le théâtre ce n’est pas trop son truc, qu’il n’aime pas parler en public « ça tombe bien, tu seras pas obligé de parler» dis-je en souriant « Ton rôle va être d’observer et jouer au public, c’est tout. Et notre travail va être de te faire ressentir des émotions comme …eh bien, comme si on jouait vraiment et …bref, pas de pression, tu vas gérer, hein ? Rester assis, observer, écouter et passer un bon moment, tu sais faire ça ?» le taquinais-je gentiment avant d’hocher la tête «va pour le coffee break. D’après le GPS on arrive dans 45 min et le truc ne commence pas avant 1h15 donc on est dans les temps » ajoutais-je, souriant «ça va toi ? » demandais-je, curieux, en tournant mon regard vers Cian.

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Je ne connais pas Clément depuis bien longtemps, mais je sais à quel point il aime la danse. Il vit de sa passion et se retrouver un pied dans le plâtre cela veut dire plus de scène pour lui. J’étais prêt à péter un plomb au bout d’une semaine d’arrêt avec mes phalanges brisées alors je n’ose pas imaginer avec une rupture des tendons. Dans le fond, je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Je suis persuadé qu’il n’a pas envie que je m’apitoie sur son sort. D’ailleurs, il m’assure que tout va bien et je me retiens de lui demander de ne pas me mentir. Pourtant, je ne dis rien parce que je suis un peu comme lui dernièrement alors je n’ai pas de leçon à lui donner. Clément me souris et je comprends qu’il tente juste de tout faire pour rester positif et je trouve cela admirable de sa part. « Tant que tu vas bien moralement. » dis-je doucement sans trop insister. Je ne suis pas son père, mais c’est plus fort que moi, c’est mon côté oncle protecteur qui ressort malgré moi. « Sinon tu sais que tu peux compter sur moi hein. » Et je lui souris un peu. Je ne vais pas insister, mais ça ne coûte rien de le rappeler. Ne voulant pas insister plus que cela, je finis par lui demander ou on va parce que je conduis, mais je ne sais absolument pas où je l’emmène et surtout pour quoi faire. Il m’apprend qu’il s’agit d’un stage de théâtre et je me demande pourquoi il m’a demandé à moi de l’accompagner. Je ne suis pas un fan de théâtre, je ne suis pas du tout comédien et ce n’est pas moi qui vais pouvoir en discuter pendant des heures avec lui. Pourtant, il a l’air déterminé et satisfait de son choix. Il m’explique que je n’aurais qu’à jouer au public attentif pendant que lui tentera de véhiculer des émotions. « Je crois que je vais pouvoir le faire. » dis-je en riant un peu. Je ne sais pas vraiment ce que ça va donner, mais si Clément m’a demandé de l’accompagner, c’est pour une raison et je ne veux pas le décevoir.

On se met d’accord pour s’arrêter prendre un café et c’est tout ce qui me fallait pour finir de me réveiller. Je sors de l’autoroute direction une petite aire afin d’aller nous chercher le breuvage magique. Tandis que je me gare Clément me demande comment je vais. « Ça va. » Et très très rapidement, j’enchaîne. « Café simple ça te va ? » Je n’ai pas trop envie de parler de moi. Clément ne va pas très bien et il n’a pas besoin d’entendre que c’est le cas pour moi aussi, que je suis complètement perdu dans mes sentiments et que cela commence à me rendre dingue. Le jeune homme me confirme sa commande et je pars nous chercher tout cela en lui disant de rester tranquille. Je ne veux pas qu’il s’embête de sortir de la voiture. Cinq minutes, plus tard, je reviens avec deux tasses de café bien chaud. « Voilà pour toi. » Je viens reprendre ma place à côté de lui en laissant ma portière ouverte pour faire un peu d’air. « Ça dure toute la journée ton stage ? » Juste pour savoir si je rentre chez moi ce soir ou pas. Vu la direction que l’on prend, je serais presque tenté de faire un détour pour rentrer par la côte, voir l’Océan ne me ferais pas de mal. « Tu n'as pas idée de combien j’avais besoin de sortir de Brisbane un peu ! »       

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Dernière édition par Cían Atwood le Mer 25 Mar 2020 - 0:11, édité 1 fois

« Je sais, oui » répondais-je en pinçant les lèvres en un sourire lorsque Cian me rappelle que je peux sans problèmes compter sur lui si le moral ne suis pas. Bien évidemment que je sais qu’il sera là, je sais parfaitement que je peux lui faire confiance, à lui qui m’a sauvé lors d’une des plus grosses crises d’angoisses que j’ai pu faire –la dernière depuis plusieurs mois (et je touche du bois pour ça dur)- mais que peut-il bien faire pour me sortir d’une dépression si celle-ci me prend ? Que peut-il bien mettre en place pour me changer les idées ? Rien. Il ne peut pas venir à coup de ‘je t’emmène faire du laser tag’ parce que ce n’est pas possible et il ne va certainement pas m’emmener boire un coup et observer comment je me bourre la gueule. Je me demande donc très sincèrement comment il va faire pour m’aider, mais décide de ne rien dire et le remercie simplement, souriant aimablement.

Nous arrivons ensuite assez rapidement à une aire d’autoroute et, alors que j’étais sur le point de sortir moi-même de la voiture, Cian m’indique de ne pas m’embêter et s’en va chercher ma commande. Il revient quelques instants plus tard avec un café tout ce qu’il y a de plus simple et je le gratifie d’un sourire en attrapant le gobelet. «Merci » me reculant contre le dossier, je ferme les yeux, priant quelque peu que la fatigue et la douleur s’en iront lorsque je serais sur scène avant de reporter mon attention sur mon accolite de la journée lorsqu’il me demande si le stage dur toute la journée «19h environs, je pense. Pourquoi ? T’es des trucs de prévu ? » demandais-je, l’interrogeant du regard « Parce qu’au pire tu rentre quand tu veux cet après midi et je me débrouillerais pour dormir sur place et pour rentrer demain» haussais-je les épaules. En temps normal je pense que je l’aurais fait, je me serais débrouiller en transports en commun. Mais les conditions ne sont pas les mêmes.

Je fronce légèrement les sourcils lorsque Cian soupire que ça lui fait énormément de bien de sortir de Brisbane. « Je comprends» dis-je, éternel sourire sur les lèvres. « ça va toi sinon ? Pas trop dur avec la naissance de la fille de ton ex ? Tu t’en occupe un peu ou pas du tout ?» Merci Thomas de me tenir au courant des nouveautés concernant ton meilleur ami.

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Clément & Cían

Je sais parfaitement que répéter que l’on est là pour ses proches ne fais pas des miracles. C’est juste comme un doudou, une couverture de sécurité. C’est assuré à la personne en face de soit qu’on est là pour le bon comme pour le mauvais. C’est une phrase bateau qui perd souvent de son sens, pourtant, je rester persuadé que c’est important de le répéter encore et encore. Juste comme un rappel. Je vois bien que Clément ne sait pas trop quoi me dire, qu’il doit se dire que mes paroles sont un peu stupides et je ne lui en veux pas. Lorsque rien ne va, j’ai tendance à penser comme lui, que personne ne pourra jamais m’aider, que je dois me débrouiller seul et que personne ne me viendra en aide. C’est souvent comme cela, on se croit seul contre le reste du monde. Je n’en veux pas à Clément, il semble enchaîner les moments difficiles ces derniers temps. Alors, je me contente de lui offrir une bonne tasse de café brûlante et de l’emmener à son stage de théâtre s’il n’y a que cela qui peut lui faire plaisir, c’est le plus important pour moi. On parlera un peu plus s’il en a besoin. Je sais ou tout du moins, j’ose espérer, que le jeune homme me fait confiance. Qu’il sait qu’il peut s’adresser à moi. Je ne vais pas insister plus longtemps, pas besoin de faire plus.

Je demande un peu plus de détails sur cette virée que nous sommes en train de faire. Je n’y connais absolument rien en théâtre, mais je dois avouer que je suis curieux d’en apprendre un peu plus en compagnie du jeune danseur. « Non, non, j’ai rien de prévu. Du tout. » Je secoue la tête pour lui assurer que son programme me convient parfaitement. « Désolé, je suis un freak avec les horaires. » Déformation professionnelle, il faut croire. « Je me disais juste qu’on aurait pu conduire jusqu’à l’Océan. Enfin, on verra. » J’en aurai bien besoin même si ce n’es qu’une heure. On verra. Je ne veux pas bouleverser sa journée, il a l’air d’avoir tout son programme de prévu. Puis je veux bien voir ce qu’il donne sur une scène après tout, il m’en parle à chaque fois que l’on se voit. Sa question me laisse un peu sans voix. Je passe une main sur mon visage, change de vitesse et soupire quelque peu. « Ça va. » Non ça ne va pas, mais je vais prétendre que tout va bien comme toi, Clément. Pour ne pas faire de vague, pour que personne ne s’inquiète, je n’en sais trop rien. « C’est compliqué. » ajoutais-je en haussant les épaules. « Un peu dur de ne pas complètement tomber sous le charme d’un nouveau-né. » Je ris quelque peu. « Mais je veux pas penser à ça aujourd’hui. Dis-moi ton truc de théâtre là. C’est une pièce, de l’impro ? C’est quoi ? »          

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Dernière édition par Cían Atwood le Mer 25 Mar 2020 - 0:12, édité 1 fois

Ça me fait plaisir d'être là avec Cian aujourd'hui, que ce soit lui et non quelqu'un d'autre qui me conduise à ce stage d'une journée. Je ne sais pas si je passerais une aussi bonne journée avec mon père en vrai. Mais peu importe. C'est sans difficulté que le soldat et moi engageons une conversation, qui me concerne dans un premier temps car il souhaite savoir ce qui s'est passé (logique) avant que nous nous arrêtions pour prendre un café sur une air d'autoroute.

Lorsque nous repartons, je décide de questionné, à mon tour, Cian sur les derniers événements de sa vie. Je me suis un peu tenu informé grâce à Thomas, mais ce n'est pas la même chose que de l'entendre de la bouche du principal concerné. Et il me dit clairement qu'il n'a pas envie de penser à ça aujourd'hui, ce qui me surprend un peu. N'est-ce pas un heureux événement ? N'est-il pas heureux ? A en croire ses faits et gestes, j'ai bien l'impression qu'il ne sait pas comment prendre tout cela. Alors, j'accepte son changement de sujets et reporte mon attention vers l'avant.

 «C'est … de l'impro surtout, d'après le résumé sur le site » expliquais-je  « Je t'avoue que je n'ai pas vraiment d'idées ce à quoi je vais devoir m'attendre parce que c'est Charles, notre metteur en scène, qui a décidé pour moi» je laisse échapper un rire  « Il est arrivé un jour en mode 'tien Clément, je t'ai inscrit à ce stage sans te demander ton avi parce que je sais que tu accepteras de toute façon'» j'hausse les épaules  « Bon l'inscription s'est faite bien avant ...ça» reprenais-je dans un soupire en désignant mon pied dans le plâtre et grimace légèrement  «J'espère que ça ira. Bon d'après le site c'est purement du théâtre, donc y a pas de danse ni rien donc ça devrait le faire. C'est juste les déplacements sur scène qui me font un peu peur» je me passe une main dans les cheveux avant de soupirer doucement  « Mais bon, je verrais bien comment ça se goupille. Peut-être qu'on aura fait la route pour rien aussi» je lance un coup d'oeil vers Cian  « Dans ce cas je te rembourserais toutes tes dépenses et m'excuserais pour tous les désagréments» car je pense que Cian préférait sans doute être partout sauf sur la route avec moi pour aller à un truc qu'il n'apprécie par forcément.

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Clément & Cían

Dans le fond, je ne sais pas qui avait le plus besoin de cette escapade. Lui ou moi ? Je vois bien que Clément tente le tout pour le tout, qu’il ne veut pas penser à sa blessure, qu’il cherche une échappatoire et je ne vais pas lui reprocher. Il me pose quelques questions sur ma situation et je réponds vaguement. Je ne m’étale pas sur le sujet. Je crois que c’est ni l’endroit, ni le moment. Je suis touché pas son intérêt réellement, mais je n’ai pas spécialement envie de me lancer dans ce genre de conversation pour le moment. On a clairement besoin de se changer les idées et il faut croire que c’est la journée parfaite. Je sais d’avance que je remercierais Clément pour m’avoir forcé à l’emmener.

C’est de manière un peu bancale que le jeune homme essaye de m’expliquer le programme de notre journée. Visiblement, il a été inscrit de force à ce stage de théâtre. J’essaye de comprendre le principe et je comprends que c’est quelque chose de libérateur. Ils vont là-bas pour improviser et probablement pour vider leur sac. « Ça a l’air intéressant. » Je ne suis jamais monté sur une scène, au Lycée, je faisais tout pour éviter la production de l’année. Je ne suis pas vraiment à l’aise devant le regard des autres. Je préfère largement faire mon sport dans mon coin ou hurler des ordres à des recrues. Chacun son domaine après tout. Une nouvelle fois Clément s’excuse et propose déjà de me rembourser les frais. Je lève les yeux au ciel. « Eh, tu vas rien rembourser du tout ! » Non clairement, ce n’est pas l’idée même si je passe la journée le cul visé sur une chaise à faire des impros. « Au pire des cas, je te lance une idée d’impro pourrie, mais ça n’ira pas plus loin. » dis-je en riant quelque peu. « Je suis vraiment content de t’accompagner, ça me change les idées et puis je vais découvrir un peu ton talent ! » Il n’y aura rien de négatif dans cette journée, j’en suis persuadé.

Lorsque je me gare devant l’établissement, le parking est plutôt vide, mais quelques personnes sont réunies devant l’entrée. J’aide Clément en allant ouvrir sa porte avant de le laisser se débrouiller tout seul. Une fois la voiture verrouillée, j’en profite pour sortir mon paquet de cigarettes et m’allumer une clope. Juste un instant, pour me pourrir un peu les poumons. « Tu crois que je suis accepté dans le club même si je suis pas inscrit ? » demandais-je au jeune homme alors que l’on arrive au niveau du petit groupe. Il y a des gens de tout âge et une égalité des sexes à ce que je vois. Le responsable du stage porte un badge et semble déjà si sérieux. « Okay je vais adorer être spectateur, je crois. »

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