« la mélancolie de ce monde qui se meurt lentement… » levi mcgrath & adèle shephard
Elle venait de commencer la chimio, sa première séance et était rester plusieurs jours enfermer chez elle trop fatiguée, trop lassée de ce monde, mais aujourd'hui, c'est un jour avec. C'est un jour où elle avait décidée d'aller au boulot. Elle avait passé une bonne partie de la journée assise derrière le bureau de l’agence immobilière, à chercher des biens pour ses clients. Son tuteur étant parti faire une visite, il lui laissait cette tâche à faire davantage parce qu’il sait qu’Adèle est une femme consciencieuse qui prend ses tâches au sérieux. Elle n’est pas du genre à brasser de l’air, incorrigible fouineuse, elle aime enquêter sur les différents sites et même faire du démarchage directement dans les beaux quartiers de Brisbane. Elle ferait une excellente commerciale il n’y a pas à en douter, alors qu’elle a un trop plein d’énergie à dépenser, et une salive inépuisable, qui agace parfois. Bavarde comme pas d’eux, Addie est capable de faire parler un mur ! Pour autant, aujourd’hui, elle finit plus tôt que les autres jours, il n’est même pas quinze heures trente quand elle se retrouve dans cet endroit qu’elle connaît que trop bien. L’hôpital de Brisbane, elle est venue voir un homme. Un homme devenu important pour elle, et cela que depuis récemment. Levi McGrath, d’une rencontre banale dans un cabinet d’un spécialiste, le déclic, le feeling est passé aussi instantanément, sans qu’ils ne puissent y échapper. Levi à vue en elle cette petite tête frêle et fragile qu’il devait protéger d’un monde extérieur parfois dur et violent. Elle, elle a vu en Levi, un protecteur, un grand frère en qui elle pouvait se reposer quand les tempêtes font rage dans sa vie. Une vie devenue tumultueuse ses derniers mois, alors qu’elle a toujours été cette petite étoile qui brille dans les yeux des passants, sautillant, rigolant à cœur joie. Quand personne d’autre ne pourra vraiment comprendre sans la regarder avec pitié et compassion. Elle aurait envie de leur hurler dessus que rien avait changé, qu’elle était toujours cette nana remplie de douceur, de rêve, et d’enthousiasme. Qu’elle n’était pas devenue un monstre, à éviter ou encore qu’elle n’était pas contagieuse. Pourtant, elle savait que ce regard, elle le verra un jour, quand la chimio finira par commencer. Et que les séances se multiplieront. Parfois elle se demandait pourquoi elle s’obligeait à s’infliger cela et si cela servirait vraiment à quelque chose. Et puis dans ses moments-là, il y avait toujours la tête de Levi qui lui revenait à l’esprit, ce regard et ce besoin de la rassurer. Toujours. Et quand il était dans les parages et qu’il voyait son regard se perdre dans l’immensité du monde qui l’entourait, il ne pouvait pas s’empêcher d’ébouriffer ses cheveux. La chose qu’elle tient le plus chez elle, alors elle lui faisait les gros yeux en le repoussant bien volontiers avant de fondre dans un rire dont le jeune homme l’accompagnait. Elle était là cette complicité, désormais plus l’un sans l’autre. Quand Addie passe devant la chambre 207 là où elle a été pendant quelques jours, elle se souvient.
FLASHBACK – Dans cette chambre d’hôpital où elle réside depuis presque quatre jours, avec des tuyaux de partout, Adèle ne ressemble plus à grand-chose. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, alimenter par une machine parce qu’elle refuse de manger. Parce que la vie est trop injuste, alors elle a décidé de faire la grève de la faim, et qu’importe ce que dit et pense ce beau infirmier, elle n’en fera qu’à sa tête ! Et pourtant quand le docteur vient lui annoncer que prochainement, elle aura le droit de remettre ses pieds sur le sol à la seule condition qu’elle se ménage, elle saute de joie dans son lit. Une plénitude l’envahit, sans doute encore trop droguée par tous ses médicaments qu’on lui fait avaler. Et pourtant le lendemain, on lui emmène un pied à sérum pour l’aider dans ses déplacements. De manière à ce qu’elle soit encore hydrater malgré ses escapades, comme elle le demande. L’infirmier n’a même pas le temps de sortir de la pièce, qu’elle est déjà en train de se débattre avec son drap pour se lever. Après presque plus de trente minutes, elle finit enfin non sans mal par sortir de la chambre. Ouvrant la porte, Adèle prend une longue inspiration qui lui fait néanmoins un bien fou. A l’autre bout du couloir, elle repère l’ascenseur. Elle décide de s’y rendre. Mais la lenteur d'un escargot autant le dire. Chaque pas n'est que douleur. « Adèle attends-moi ! » Quand l’infirmier avec lequel elle a accroché aux urgences il y a quelques temps, vient lui rendre visite comme tous les jours, et qu’il ne voit plus d’Adèle dans sa chambre mais qui voit ce qui lui ressemblerait visiblement trop pressée de partir, au fond du couloir, il ne peut s’empêcher d’accélérer le pas pour la rejoindre. « Adèle tu n’iras pas loin… » Elle n’écoute pas Adèle, elle ne répond pas, elle fixe cette porte d’ascenseur prête à se refermer alors qui lui reste encore quelques mètres à franchir. Vite dépêche-toi qu'elle se dit à elle-même, plus facile à dire qu'à faire. Son esprit veut, mais ses jambes ne suivent pas. C’est comme si elle était dans le Sahara et qu’elle voyait des étangs d’eau alors que le désert n’offre pas ce genre de gourmandise. C’était un peu ça mais son mirage à elle, c’est cette porte d’ascenseur et cette échappatoire. « Non non Isaac, je veeeux partir. » Sa voix sombre alors qu’elle cherche à se débattre pendant qu’il chope son bras, pour finalement la prendre contre lui tout en essayant de la rassurer. Il parviendra à la calmer, comme à chaque fois. Elle ne veut pas être malade, elle en a marre d’être un animal de laboratoire, elle veut rentrer qu’on la laisse en paix. Mais elle le sait, Isaac la ramènera dans sa chambre et restera auprès d’elle pendant plus de deux heures, jusqu’à ce qu’elle s’endorme. // FIN
Sortant de ses pensées, elle continue de se faufiler dans les couloirs de l’hôpital, cette odeur la dégoûte et pourtant pour Levi elle est prête à affronter ses propres démons. Elle pousse doucement la porte après avoir toqué, « Coucou Levi. » Qu’elle lui dit d’une voix assurément douce, avant de déposer un baiser sur son front comme lui, lui fait parfois, tout en s’installant à ses côtés sur le lit, « pousse-moi ses fesses que tu me fasses une petite place, qu’elle dit en rigolant, sans aucune gêne, même couché sur ce lit, il restera toujours ce garçon fort et prêt à affronter les pires démons qui puissent exister. Elle a confiance en lui, il vaincra, avant de reprendre avec une enthousiasme qui lui est propre, je sais combien la bouffe ici c’est dégueu alors je t’ai emmené quelques gâteaux… » Elle pose la boite sur la table pour se retourner vers lui et lui demande finalement. Elle voit bien qu’il est fatigué, mais quand on vient voir quelqu’un d’hospitalisé, il ne faut rien montrer et faire comme si on venait chez la personne. « Comment ça va ? Tu m’as fait une frayeur ! » Oui on dirait presque qu’elle l’engueule, qu’est-ce qu’elle ferait, elle dans un monde sans lui ? Il peut lui dire ?! Elle avait besoin de lui, de sa présence à ses côtés pour affronter cette sale maladie, personne d’autre ne pouvait totalement la comprendre selon elle, même si d’autres essayes, peu y parvenait.
Cela ferait bientôt trois jours que j'étais hospitalisé en service d'oncologie de St Vincent's, après qu'Ariane ait jugé bon de mettre un terme à la mascarade que je menais depuis plusieurs jours. De nous deux, elle était assurément celle qui percevait le plus clairement les limites de mon état, et bien que nous avions été un duo très réticent à l'idée de s'approcher du centre hospitalier hors rendez-vous essentiels, il avait fallu se rendre à l'évidence et battre en retraite sur les convictions que les médecins sont perpétuellement mieux lorsqu'éloignés. C'était plutôt ironique, quand on y pense, comment j'étais persuadé que les praticiens qui me prenaient en charge n'avaient pas nécessairement mon meilleur intérêt à cœur. J'étais convaincu que je faisais office de cobaye et constituais également un gagne-pain pour eux. Tous les complots sur le traitement contre le cancer déjà déniché mais pas assez rentable pour les industries pharmaceutiques avaient fait leur chemin jusqu'à mon esprit et s'y étaient bien installés. Par ailleurs, lorsque tout ce qu'invoque le cancer nous diminue à l'extrême, j'estimais avoir bien le droit de juger le monde médical comme pas toujours bienveillant à mon égard, et haïr les médicaments et procédures multiples. Aller mal pour éventuellement aller mieux stipulait un marché auquel j'adhérais difficilement. Toutefois, malheureusement, ce n'était pas comme si j'avais des tas d'options.
Et il y avait trois jours, alors que je peinais à respirer, que le sommeil était devenu une denrée excessivement rare et que ma fièvre augmentait avec ténacité sur une assez longue période pour que c'en devienne alarmant, je n'avais pas eu beaucoup de choix que d'être orienté vers les urgences. Et même si ça me tuait de le dire, je me devais de reconnaître que je me sentais mieux depuis que j'étais branché aux perfusions et englobais les cachets qu'on me tendait. J'avais capitulé, n'ayant plus l'énergie nécessaire pour m'opposer à leurs traitements, et finalement, je m'en sortais mieux - pour le moment. La présence d'Ariane y était évidemment pour beaucoup, la rouquine quittait très peu l'établissement de santé et veillait aux moindres faits et gestes portés contre ma personne. Sa présence me réconfortait indéniablement et me prodiguait cette paix d'esprit qui me permettait de véritablement me reposer. Avec Parker dans les parages, je savais que ça irait - et sur ce plan-là, il n'y avait aucune autre option possible.
« Coucou Levi. » Je tourne doucement la tête vers la nouvelle arrivée, extirpé de mon sommeil quelques minutes plus tôt. « Hey Addie ! » Je saluais avec affection, tendant un bras vers la jeune femme de manière à l'inviter à réduire la distance entre nous. Je considérais Adèle comme la petite sœur que je n'avais jamais eue et je lui portais un amour fraternel. Nous communiquions très régulièrement et je lui avais envoyé un message le lendemain de mon hospitalisation question de la mettre au courant de ma situation - et prendre des nouvelles des siennes à distance. « Pousse-moi ces fesses que tu me fasses une petite place » Je ris doucement et m'exécute. « Je sais combien la bouffe ici c’est dégueu alors je t’ai emmené quelques gâteaux… » « Ma sauveuse, » je commente, reconnaissant, même si j'avais l'estomac en vrac depuis des semaines et je me forçais toujours à manger. « C'est une jolie boîte aussi, » je remarque, mes doigts glissant sur les dessins et les reliefs du contenant. « Tu m'accompagnes ? » Je convie, ouvrant le couvercle pour dévoiler les gâteaux offerts par la Shephard.
« Comment ça va ? Tu m’as fait une frayeur ! » Je me redressais dans le lit et frottais doucement le dos d'Adèle suite à sa remarque que je lui avais fait peur. « T'as pas à avoir peur pour moi, tu sais bien que je gère. » Surtout grâce à Ariane, mais ça, j'étais pas obligé de le dire à voix haute. « Ça va mieux, beaucoup mieux. » J'annonce, honnête. Je n'allais pas courir un marathon, j'avais encore des douleurs thoraciques et mon corps demeurait exténué par toutes ces lutes contre les infections, mais je me sentais bien mieux qu'il y avait deux jours. « Et toi, comment tu vas ? Quoi de neuf dehors ? » Je questionnais avec enthousiasme et bienveillance. Je savais qu'Adèle avait commencé sa chimiothérapie et j'étais aux aguets pour l'épauler sur tous les volets de celle-ci, de par mon expérience et mon affection pour elle. Mais nous n'étions pas non plus que deux cancéreux, nous avions des vies que nous tenions à régir et poursuivre en dehors de notre maladie et le cancer n'avait pas constamment la première place dans nos sujets de conversation. « Ça me fait plaisir de te voir. » J'avouais en déposant un baiser sur la tempe de la jeune femme.
« la mélancolie de ce monde qui se meurt lentement… » levi mcgrath & adèle shephard
En songeant à l’hôpital, la première chose à laquelle elle pensait c’était bien évidemment son infirmier préféré, Isaac. Elle ne le voyait pas souvent, pour la simple et bonne raison qu’elle se donne le droit de voir que quand elle vient dans les parages, et Addie déteste comme toute personne censé, les hôpitaux. Un pas en avant, deux en arrière mais pour autant aujourd’hui, contre toute attente, elle ne tentera pas de fuir cet endroit, ni de crier dans les couloirs. Ni de chercher une quelconque échappatoire pour s’enfuir. Non, aujourd’hui elle n’est plus patiente mais bien visiteuse comme on les appelle ici. Ses gens qui s’inquiètent pour des proches, famille, conjoint, ami qu’importe. Toutes les personnes qui viennent rendre visite dans cet endroit qu’Adèle a longtemps jugé glauque, ont le point commun d’avoir quelqu’un de proche dans une de ses nombreuses chambres. Elle s’était dirigée sans mal dans le service d’oncologie, se rappelant du chemin sans même s’en rendre compte. C’était devenu une routine et avec sa chimio qui a débuté, ça le sera davantage… Les rendez-vous vont s’enchaîner, et elle n’est pas prête. Mais qui serait prêt ? Qui serait prêt à perdre ses cheveux ? Qui serait prêt à se faire envahir par la fatigue et l’épuisement ? Pas elle en tout cas… Seul Levi pouvait vraiment la comprendre, savoir ce qu’elle vivait car par le passé, il était aussi passé par là. Il était devenu par la force des choses, un confident. Son confident quand les nuits sont difficiles. Quand elle a envie de rompre avec cette nouvelle vie misérable qui s’offre à elle. Elle toque à la porte, et y rentre quand elle entend la douce voix de Levi lui donnant le feu vert. Elle a ce sourire continuellement plaqué sur son visage angélique et elle se dirige droit vers le lit, comme si désormais elle connaissait tout ce qu’elle pouvait et devait faire. Une habitude qu’elle aimerait ne jamais avoir acquise mais qui semble désormais difficile à ne pas transparaître aux yeux de tous. Son visage rimait désormais avec maladie, et cancer. C’est bien la raison pour laquelle, elle n’en parlait jamais à autrui, qu’elle sélectionnait les personnes en qui elle pourrait le dire, ou pas. « Hey Addie ! » Et elle se glisse sur le lit, à côté de son ami, le fixant quelques instants pour s’apercevoir qu’au final il n’avait pas l’air si mal, quand il lui tend son bras pour lui dire d’avancer jusqu’à lui. Une mine fatiguée, mais ce sourire sur son visage en disait long, et surtout son côté à vouloir la rassurer, qu’importe si il allait mal. Il la connaît maintenant Adèle, pour savoir que cette boule d’énergie s’inquiète toujours durement et sans mesure pour ceux qui lui sont cher. Qu’elle ne supporte qu’il arrive un truc à quelqu’un qu’elle apprécie, et Levi faisait partie de ses têtes là ! Elle posa la boite de gâteau sur la table devant Levi et il releva son regard sur elle, « ma sauveuse, elle ne pouvait s’empêcher de rire, c'est une jolie boîte aussi. » Il constate en posant son regard sur la boite, elle en fit de même avant de le taquiner, « j’aime bien ce surnom, qui ne sait pas que Adèle est une petite princesse du haut de ses vingt-trois ans ? Qu’elle régit envers ce peps à toute épreuve et cette manière bien à elle, de reconsidérer le monde. elle vient de la boulangerie en bas de chez moi, à ce qui paraît c’est un délice… La meilleure boulangerie de Brisbane ! » Elle fanfaronne ? Si peu… Ouais mais le souci c’est que ça venait de la bouche d’une personne gourmande alors Adèle admettait que ce n’était peut-être pas très objectif. Mais Levi semble tout autant gourmand qu’Addie, donc ça devrait plutôt faire l’affaire… « Tu m'accompagnes ? » Elle acquiesce d’un signe de tête, enthousiaste à cette idée de tout dévorer avec son ami avant de lui dire, « tu crois quand même pas que tu vas tout te bouffer tout seul ? » Qu’elle avoue, sourire espiègle sur son visage d’un ton rieur, fallait pas qu’il rêve le coco même si elle l’adore, elle n’allait quand même pas le regarder de loin. Surtout pas elle, quand il est question de sucre… Et quand Adèle avoue qu’elle s’était inquiété pour lui, quoi de plus normal ? Il lui passe une main réconfortante comme il sait si bien le faire sur son dos avant d’ajouter, « t'as pas à avoir peur pour moi, tu sais bien que je gère. » Levi a toujours gérer ses crises, et a longtemps fui les hôpitaux, comme elle. Ce n’est pas un endroit agréable, où on a envie de passer des vacances mais il a toujours été entouré de manière à y aller de gré ou de force quand cela devenait ingérable. D’une certaine manière Adèle se voyait un peu en lui, parce qu’elle aussi, ne se rend pas ici à la moindre fièvre ou fatigue. Pour elle, ça finira par passer. Elle a une vie plutôt correcte, elle fait beaucoup de sport, tous les jours et ne sait pas rester en place, elle est donc toujours en mouvement. Elle ne fume pas, et ne boit quasiment pas. Quasiment pas, car il y a deux jours même pas, elle n’a rien trouvé de mieux que d’accepter une soirée avec Freya Doherty et tout le monde connaît comment ça se finit avec la Suédoise. Elle s’est retrouvée sur son vélo, complètement ivre à circuler sur la voix public en criant et rigolant de bon cœur à trois heures du mat. Elle sourit en y repensant, c’est idiot mais elle se sentait bien en compagnie de Freya cette nuit-là… Même si elle a payé les frais le lendemain, davantage parce que sa chimio s’était déroulé peu de jours avant. « Si tu gères aussi bien que moi… » Rassurez-la, elle n’a pas dit ça à voix haute ? Elle jette un léger regard à son ami, et s’aperçoit très vite, que oui, elle a dû parler à voix haute, elle sourit alors, timidement, voulant vite changer de sujet. Le moindre truc aura toute son importance même le plus banal, à cet instant… « Ça va mieux, beaucoup mieux. » Elle est rassurée alors, c’est tout ce qu’elle voulait entendre et elle connaissait suffisamment Levi pour savoir qu’il lui dirait si quelque chose ne filait pas droit. Même si elle est du genre à être chiante si on fait pas les choses correctement. Et que même si globalement Adèle déconnait parfois, les autres – et Levi comprit, n’avait pas ce même droit pour la brunette ! « Je suis rassurée alors… » Et c’était sincère, « et toi, comment tu vas ? Quoi de neuf dehors ? Pour dire vrai ça suit son train-train, elle lui sourit et il en profite pour rajouter, ça me fait plaisir de te voir. » Elle acquiesce d'un signe de tête, alors que son sourire s’agrandit. Et rien de plus normal, il viendrait lui aussi, quand ça lui arrivera. Parce que Adèle a beau être naïve et croire que son futur ne lui réservera que du bon, elle ne se leurre pas, cette chambre elle aussi, elle finira par y aller un jour. Elle espère juste que ce ne sera pas la dernière chose qu’elle verra de sa vie, que ce sera juste de passage. Elle ferme les yeux quand il lui dépose un baiser sur son front. Elle rétorque, « aujourd’hui il fait soleil comme tu peux le voir, » Elle se lève, et pousse davantage le rideau pour qu’il voit l’extérieur. Elle semble très sérieuse, y déposant rapidement ses yeux à travers la fenêtre pour y voir ce qui se passait par la rue. Curiosité, vilain défaut qu’elle a. Et quand elle tourne son visage vers le jeune homme, il la regarde sans satisfaction particulièrement, il ne parlait pas du beau temps ? Elle rigole, avant de se réinstaller sur le lit, se tenant face à Levi, « Je plaisante, et bien toujours la même chose, mon patron ne m’a pas encore virée… » Et ça la faisait rire elle, pourtant elle rigolerait pas si ça venait à lui arriver. Elle s’était longtemps cherché, parce qu’elle, elle voulait bosser sur les bateaux, mais n’avait pas obtenue son entrée chez les flics. Mais elle aimait bien chercher des biens pour les gens, savoir qu’ils vivront pendant des années dans un endroit qu’elle leur avait trouvé lui donne du baume au cœur. « Le sport, les sorties, pour les jours où ça va… » Oui parce que désormais il y avait des jours sans, et ses jours-là, elle ne veut même pas en parler, ni y penser. Elle laisse évaporer ce mauvais esprit avant de lui demander, « bon dis-moi tout, quel infirmier s’occupe bien de toi, et surtout ceux qui s’occupe mal de toi… » Elle demande de son air innocente, un sourire bien insistant, mi ange. Elle était cap de leur régler gentiment leur compte à ceux-là !
Un sourire sincère s'installe naturellement sur mes lèvres tandis qu'Adèle passe l’embrasure de la porte de la chambre d'hôpital que j'occupe depuis plusieurs dizaines d'heures, maintenant. Mes doigts jouent distraitement avec le rebord des draps, le sommeil divague sur mes traits tirés, mon regard encore pétillant des douceurs de Morphée sur un corps remué par l'infortune. Je ne tarde pas à faire une place à la jeune femme à mes côtés puis la convie d'un mouvement de bras à réduire la distance entre nous deux.
Mon regard la couve, la décrypte dans une nonchalance habituelle. Bien sûr que l'affection fraternelle que je lui dédie m'incite à m'assurer, constamment, inexorablement, qu'elle tient le coup, qu'elle se porte bien. Bien sûr que j'aurais aimé l'accompagner dans d'autres circonstances, que le cancer ne soit pas l'un de nos majeurs points communs. Bien sûr que j'aurais aimé ne pas alourdir un peu plus son quotidien en ce jour aussi radieux que le portrait qu'elle m'adresse sans relâche. Je complimente son offrande, l'étreint davantage lorsqu'elle m'indique apprécier le nouveau grade de sauveuse dont je viens de l'affubler. « Elle vient de la boulangerie en bas de chez moi, à ce qui paraît c’est un délice… La meilleure boulangerie de Brisbane ! » Un bref rire file entre mes lèvres, j'ouvre le couvercle pour laisser apparaître les sucreries. « Je vois que tu habites un très bon quartier... » Et bien entendu la Shephard accepte de m'accompagner. Je cale la boîte sur mes genoux de manière à ce qu'on puisse nous servir plus aisément, propose de trinquer aux petits salés. « A nous, sauveurs et battants ! » Je suggère, malicieux, clin d’œil amical à mon interlocutrice.
La brune m'avoue la frayeur que je lui ai occasionnée. Derechef, je lui assure qu'elle n'a pas à se ranger les sangs pour ma personne : je gère. Ou en l'occurrence, Ariane gère, mais ce point, je préfère le taire, trop orgueilleux et préoccupé pour laisser entendre à Adèle que je n'ai su m'occuper de moi-même seul et que c'est bien grâce à la tornade rousse que je remontais doucement, précautionneusement, la pente vers un état de santé moins précaire. « Si tu gères aussi bien que moi… » Manifestement, nous faisions tous les deux dans les non-dits. Je fronce doucement les sourcils, Adèle me répond par un rictus timide, je conserve les nuances de ses propos dans un coin de ma tête, optant pour y revenir plus tard, quand la vingtenaire les regrettera moins.
« Ça va mieux, beaucoup mieux. » J'affirme, honnête. Je n'allais pas me lancer dans une escapade maritime de suite, mais comparé à la veille et l'avant-veille, je me sentais mille fois mieux. « Je suis rassurée alors… » « C'est que ta présence et tes gâteaux aident, aussi ! » J'ajoute, taquin, déposant un baiser affectueux sur la tempe de l'étudiante. J'enchéris en l'interrogeant sur le neuf de sa vie, soulignant le fait que j'appréciais qu'elle ait fait le déplacement pour me rendre visite. Addie se lève alors du lit, tire davantage sur le rideau pour laisser glisser de nouveaux rayons de soleil dans la chambre blanche. « Aujourd’hui il fait soleil comme tu peux le voir. » « Et est-ce qu'il faut chaud à crever ? » Je plaisante, entrant dans son jeu, conciliant, complice, tandis qu'elle revient s'asseoir dans le lit. « Je plaisante, et bien toujours la même chose, mon patron ne m’a pas encore virée… Le sport, les sorties, pour les jours où ça va… » Spontanément, ma main perfusée vient serrer la sienne, soutien moral, confident acharné. « Va falloir que tu me fasses une place dans ton emploi du temps de ministre pour une virée en bateau. » J'annonce, enthousiaste, désireux de réaliser une excursion avec celle que je considérais comme la petite sœur que je n'avais jamais eue ; excursion qui pourrait, à mon sens, nous permettre d'effectuer une coupure avec Brisbane tout en se sentant vivant au gré des vagues. « Bon dis-moi tout, quel infirmier s’occupe bien de toi, et surtout ceux qui s’occupent mal de toi… » Je ris doucement, lance un coup d’œil à la porte fermée. « Isy et Axelle aux urgences sont bien. Ici j'aime bien Sarah et Jada, mais Julia, évite-la pour les perf', elle sait pas piquer. » Les ecchymoses sur mes avants-bras en témoignaient, l'infirmière étant de plus de nature butée et n'ayant pas songé à passer la main en se heurtant à des veines peu collaboratrices. « Tu veux faire un troc de non-dit ? » Je suggère, jeu de confidences sous forme de marchandises qui permettrait de se vider le cœur sans se sentir coupable d'en mettre trop sur les épaules de l'autre. « Je commence. » Je déclare, solennelle et joueur, pire que si je prenais la main à un jeu télévisé. « J'aurais aimé mieux gérer solo. J'me sens vraiment chanceux d'être soutenu et accompagné, mais j'ai peur de briser les gens qui s'investissent trop pour moi. » Bien sûr, je ne forcerai jamais Addie à parler de ce dont elle ne souhaitait discuter, en revanche, j'osais profiter un peu de cette opportunité pour aborder un sujet avec la jeune femme qu'elle pouvait comprendre comme personne d'autre dans mon entourage, subissant un cancer également aux premières loges.
« la mélancolie de ce monde qui se meurt lentement… » levi mcgrath & adèle shephard
Un besoin plus que grandissant de vouloir lui confier toute ses peurs, toute ses craintes, sans aucune retenue. Toute cette pression sur ses frêles épaules qui la pousse souvent à être effrayée par ce monde extérieur. A être retenue par ce besoin de vouloir paraître forte, et qu’importe toute l’énergie que cela lui demande, elle a ce besoin presque nocif de faire croire que tout va bien. Mais derrière ce masque qu’elle se feinte non sans complication demeure une jeune femme craintive, naïve et qui considère qu’il y a toujours pire dans la vie. Qui n’estime pas qu’elle puisse un jour toucher le fond, qu’elle ne serait plus qu’une pâle copie de ce qu’elle a un jour été. Elle voudrait croire et espérer que le monde puisse être à ses pieds, et qu’elle demeure avoir encore tant d’années à vivre. Comme si il lui était possible un jour de quitter ce monde dans lequel elle s’accommode, fascinante pensée entre l’optimiste et le réalisme dont elle ne connaît pourtant pas la définition propre. Elle est volatile Adèle, petit oiseau qui ne se pose jamais vraiment, ne pouvant nullement rester en place trop longtemps. Elle se fond dans la masse, petit caméléon d’appartement, elle façonne sans rechigner son propre univers, se métamorphose tel qu’elle aimerait qu’on la voit. Mais derrière ce masque, il y a ce cœur qui bat, qui vibre, qui hurle. Qui tremble, à chaque scénario néfaste, qu’elle finit toujours par maudire. Et il y a lui. Levi. Il y a cette oreille attentive qui ne se lasse jamais de l’écouter se plaindre. Il y a cette main tendue et bienveillante qui ne cesse de la relever des pires cauchemars qu’elle ne saurait confier à ses frères, Ash et Cody. Mais Levi comprend mieux que personne pour en être aussi passer par là. Alors il est son punching-ball pour les jours où elle hésite, où elle a peur avant de se retrouver blotti dans ses bras, les larmes chaudes qui coulent de ses yeux sans qu’elle ne puisse rien stopper. Cette fierté qui l’empêche de regarder les choses en face. « Je vois que tu habites un très bon quartier... A nous, sauveurs et battants ! » Qu’il avoue en souriant avec facilité alors qu’il vient de vivre les pires journées de ses derniers temps. Mais il a toujours su la faire rêver, lui redonne l’espoir quand elle perd le nord. Quand sa boussole lui indique Error. Il est là, à ses côtés lui prenant la main, lui indiquant la route à prendre. « Ça va mieux, beaucoup mieux. » Qu’il confesse, et elle ne peut s’empêcher de lui demander, comme si son cœur s’emballe un peu trop vite à laisser son cerveau lui indiquant qu’un jour il pourrait ne plus être présent pour elle, être à ses côtés depuis ses derniers mois. « Tu m’le dirais autrement ? » Qu’elle demande sans réellement savoir si les rôles seraient inversés, si elle-même se confierais de la sorte. Mais les rôles ne sont pas inversés et c’est bien son ami qui se retrouve couché sur ce putain de lit néfaste. Elle est éprise d’un sentiment soudain pour lui piquer une part de gâteau, et ne s’en prive pas quand sa main vient heurter l’autre moitié du gâteau que tient Levi entre ses doigts. Et qu’elle relève avec une brillance inconnue ses yeux sur lui, telle une chipie qui ne pourrait se passer de cette avalanche de reconnaissance qu’elle possède pour le jeune homme. « C'est que ta présence et tes gâteaux aident, aussi ! » Un air malicieux sur son visage et elle lui lance, sans crier gare, sans que cela ne l’étonne guère. « surtout les gâteaux… » Et elle croque avec générosité dans la part de gâteau qui s’offre dans sa main, sans aucun ménagement, comme si elle n’avait pas mangé des lustres. Qui ne sait pas qu’elle est du genre gourmande ? Elle se lève et file vers la fenêtre pour que le jour rentre dans la pièce. « Et est-ce qu'il faut chaud à crever ? » Elle tire le rideau et quelques rayons du soleil qui rentre, sans même demander l’avis de Levi. Mais ça ne pourrait lui faire que du bien. « On ira faire un tour un peu plus tard… Qu’elle lui avoue alors qu’elle revient s’installer et qu’elle fait une mine de maman poule, qui prendrait soin de ses enfants, elle aime inverser les rôles Addie, parfois, et c’est pas la peine de t’évanouir sur le champ, tu sais pas m’résister Levi McGrath… » Son sourire toujours placardé sur son visage, elle le dévisage un instant, l’écoutant attentivement, « va falloir que tu me fasses une place dans ton emploi du temps de ministre pour une virée en bateau. » Levi doit savoir qu’elle adore la mer Addie, qu’elle adore les plages de sable fins, et c’est pas pour rien que son footing matinale c’est sur la plage qu’elle le pratique. Elle aime les bateaux et cette liberté que ça lui procure. Toujours insatiable envie qui demeure en elle. « il y en a toujours pour toi… » Qu’elle ne s’empêche pas d’avouer même si il le sait déjà. « Isy et Axelle aux urgences sont bien. Ici j'aime bien Sarah et Jada, mais Julia, évite-la pour les perf', elle sait pas piquer. » Elle voit bien son œillade à la porte pour la voir fermé avant d’avouer en toute discrétion lui donnant les noms clairement des gens à éviter. Comme si elle aurait sincèrement le choix Adèle. « Tu me le rediras quand mon tour viendra de revenir ici… » Parce qu’elle le sait au plus profond d’elle et de son âme, un jour elle reviendra ici, elle n’en doute pas une seconde. Un jour le plus tard serait le mieux mais finalement elle n’en sait trop rien. Espérer à mauvais escient était-ce la bonne chose pour elle ? « Tu veux faire un troc de non-dit ? Elle relève le visage vers lui, voulant en apprendre davantage sur lui, et qui sait si elle parviendra réellement à se confier, sur ses choses qu’elle ne dit jamais. Préférant rester en surface, ça fait moins mal, moins souffrir aussi. Je commence. » Echange de regard complice, avant de reprendre. « J'aurais aimé mieux gérer solo. J'me sens vraiment chanceux d'être soutenu et accompagné, mais j'ai peur de briser les gens qui s'investissent trop pour moi. » Elle n’est pas là pour juger, aussi sans émettre de commentaire, elle surenchérit, soupirant légèrement entre ses lèvres, avant de poursuivre, doucement. « Je… » Elle hésite, prenant une grande inspiration puis ferme les yeux pour que ça l’aide. « J’aurai préféré ne pas être un poids pour mes frères, pour mes colocs. Je le vois bien qu’on me ménage… » Elle laisse quelques secondes de répit avant de reprendre. « J’aurai voulu tant sauver mes parents, et voir mes frères main dans la main. » Une douce utopie qui s’évapore en fumée désormais qu’elle n’a plus la patience et le temps pour leur émettre ce souhait, attendant qu’il soit trop tard pour sceller de nouveau cette liaison interrompue en 2009, à la mort des parents Shephard, lorsque l'aîné a voulu continuer d’élever les deux plus jeunes.
La boîte de gâteaux trône sur la tablette d'hôpital, égayant les lieu de ses couleurs aussi chaleureuse qu'Adèle à mes côtés dans le lit qui réchauffer mon corps, mon âme, mon cœur. Mes doigts se resserrent sur l'une des sucreries, l'appétit prodigieusement absent depuis des semaines. J'inspire discrètement, profondément, sommant intérieurement à mon estomac d'accepter le gâteau muni de bénéfices multiples et non de l'extraire de mon organisme par de violents hauts le cœur comme il en a l'odieux talent. « A nous, sauveurs et battants ! » Parce que même si les nuances de ma lucidité se métamorphosent progressivement, que le camaïeux de mon existence se ternit à l'usure des séjours hospitaliers, je suis doté de beaucoup trop d’orgueil et de férocité pour tolérer la déchéance, l'inertie, l'échec. Les miettes s'effritent alors que nous trinquâmes aux gâteaux et sincère, j'avoue à la jeune femme que je me porte beaucoup mieux que précédemment. « Tu m’le dirais autrement ? » Un sourire tendre s'adresse à la Shephard, qui dérobe une moitié de gourmandise, malice éclatante animant son regard doux. J'aimerais la photographier, en cet instant précis, je force ma mémoire à graver cette image, puisqu'envers et contre tout, elle est resplendissant de vie et inspirante, Addie. « J'te dis les choses, non ? » Je réplique, joueur, leurre de ne pas faire directement face à la vérité, de ne pas songer à ces scénarii où la finalité me guetterait imperturbablement, impétueusement. C'est que je les rejette tous en bloc, sans cérémonie ni pitié aucune. « C'est que ta présence et tes gâteaux aident, aussi ! » « Surtout les gâteaux… » Mon rictus s'élargit, amusé, la jeune femme croquant sans vergogne dans la sucrerie. « J'osais pas l'dire... » Je nargue, la silhouette de la vingtenaire quittant le lit pour s'orienter vers la fenêtre, tirer le rideau afin d'inviter le soleil radieux dans la chambre, illustrer ses propos quant au temps extérieur. Le monde continue de tourner et n'est pas laid, il regorge de trésors et d'opportunités. « On ira faire un tour un peu plus tard… et c’est pas la peine de t’évanouir sur le champ, tu sais pas m’résister Levi McGrath… » « Mince... J'avais encore un peu de naïveté en moi... » Je rétorque, conservant ce ton plaisantin à son égard. « Mais ça tombe super bien : j'ai mis ma plus belle robe de bal en plus. » Je ris, tirant doucement sur ma blouse hospitalière. « Avoue, j'vais faire des ravages. J'ai des jambes super sexy en plus. » Je hoche la tête avec sérieux avant d'éclater de rire, bonheur transformé quelques secondes plus tard par une quinte de toux. Celle-ci ne freine toutefois pas mon enthousiasme, l'annonce d'une virée en bateau effleurant mes lippes. « Il y en a toujours pour toi… » « Je savais bien que j'étais VIP. » Je lui adresse un clin d’œil complice et me relève dans le lit, gâteau toujours indemne entre mes doigts.
Les tuyaux sur les employés sont échangés. « Tu me le rediras quand mon tour viendra de revenir ici… » Et c'est là qu'il apparaît salutaire, le biscuit. Je ne peux me résoudre à mentir à mon Addie et lui assurer qu'elle ne prendrait pas ma place. Je lui souhaitais de tout mon cœur que ce passage lui soit épargné, mais il fallait être réaliste, c'était une case bien souvent inévitable. Cependant, elle ne rimait pas avec échec, il s'agissait bien souvent plus d'un break pour mieux repartir, recharger les batteries, remettre les compteurs aux normes, pour mieux poursuivre l'immense et terrible combat. « Tu veux faire un troc de non-dit ? » Puisque le cœur demeure lourd et l'esprit ricoche ses idées sombres sur les murs immaculés de la chambre d'hôpital. Ils jurent, les démons, les cauchemars, les appréhensions, les doutes, les terreurs, dans une telle localisation. Ils hurlent, vocifèrent, beuglent et s'exacerbent. Je commence ainsi, déballe mon offrande, et c'est sans la juger qu'Adèle enchaîne, fier soldat de la vie : « Je… » Je l'examine, elle ferme les yeux, emplit ses poumons de courage. Ma main se pose contre la sienne, pas si loin, fraternelle. « J’aurai préféré ne pas être un poids pour mes frères, pour mes colocs. Je le vois bien qu’on me ménage… J’aurai voulu tant sauver mes parents, et voir mes frères main dans la main. » Je déglutis, bris d'émotions pour la jeunesse bafouée et pourchassée des maux. Mais l'objectif de ce troc n'est pas de s'abattre, il est bien de s'alléger de ces poids qui nous font courber l'échine et nous réveille en sursaut la nuit. « Tricheuse... T'en as donné deux d'un coup ! » Je gronde gentiment. « J'suis terrifié à l'idée que les gens me lâchent, parce que ça me fait beaucoup trop de mal quand on me quitte, quand on me remplace. C'est pour ça que c'est toujours moi qui met les voiles en premier, normalement. Sauf que là, j'suis pris au piège ici. » A la merci d'être heurté par les autres. Je n'en voulais plus, de leçons sur l'humanité. Cette dernière m'avait assez déçu, assez brisé. Je préférais être libre, ne pas trop m'attacher, précautionneux et solitaire. Mais comment faire, quand j'avais la félicité fortunée d'être accompagné dans cette lutte pour la santé ? « Okay Addie, on se fait une avance rapide ? » Je souris, produis le brut d'une cassette dont la bande est accélérée. J'attire délicatement mon amie de nouveau à ma droite sur le lit, impatient de notre bonheur. « Tu fêteras comment, ta rémission ? »
« la mélancolie de ce monde qui se meurt lentement… » levi mcgrath & adèle shephard
Rien de plus délicieux que son regard attendrissant posé sur elle. Rien de plus joyeux que voir ce sourire qui s’illumine sur son visage pourtant un peu pâle. Levi a toujours été cet être, cet ange gardien, cette voix la ramenant à la raison, l’obligeant à confronter ses peurs, paradoxalement, les siennes aussi. Triste constat quand on sait leur devenir : incertain. Embrumé de songe dont personne ne déteins de réponses. Assise sur ce lit, au côté de son ami, elle respire la joie, la vie, et l’optimisme. Adèle a toujours été cette bouffée qui a cette prétention de pouvoir s’éteindre d’un moment à l’autre. Comme si la vie ne veut l’épargner, ne souhaite qu’une chose : qu’elle se montre plus coriace, plus vivante. Encore plus dans l’excès. Et Levi est ce garçon pouvant la rendre ainsi, elle le sent quand ses pupilles heurtent celles de l’homme mi assis mi couché sur ce lit. Quand il sourit quand la porte s’ouvre et s’offre devant lui, une parenthèse non négociable mais qui semble l’attendrir. Il est à son égal, le clown par excellence et en quelques secondes elle se perd à penser que cette énergie qu’il met pour faire le bien autour de lui n’est peut-être qu’une énième façade pour faire croire que tout va bien. Que le monde tourne normalement. Comme elle le fait elle-même, il a peut-être ce besoin d’avoir ce miroir, cette façade intransigeante. Cette barrière. Elle aimerait crier, le lui témoigner cette peur qui la tiraille. Mais comme à son égal, et ce depuis le premier jour, Adèle feintera par habitude, par obligation un sourire tranchant, qui ne signifie pas qu’elle est en paix avec elle-même. Qui ne signifie en rien à ce contrôle qu’on lui a toujours appris à avoir sur elle, quand la vie dérape. « J'te dis les choses, non ? Elle hausse les épaules, peu convaincue de ce qu’il ose lui dire. Bien sûr qu’il lui parle, et elle l’écoute. Comme une enfant qui écouterait l’adulte, une voix de la sagesse, mais elle, elle parle de choses importantes. Qui le touchent lui. Et non dans la familiarité de sa vie. C'est que ta présence et tes gâteaux aident, aussi ! » Elle imagine, et commence d’ailleurs à croquer sans retenue dans sa part de gâteau comme si elle n’avait pas mangé depuis la veille, comme si elle avait réellement faim. Comme si c’était la dernière fois qu’elle pourrait se nourrir. « J'osais pas l'dire... » Elle lui jette une œillade amusée. Avant de s’extirper du lit, pour tirer à peine le rideau, et observer les rayons qui passent à travers la fenêtre, laissant ses yeux se promener de l’autre côté, alors que quelques secondes, elle ouvre le rideau de manière plus assurée. Pour que le soleil atteigne Levi. Pour que lui aussi, de là où il est, puisse voir que si le monde est noir, que si les choses sont devenus sombres, la lumière est là au bout du tunnel, jamais loin. Qu’il lui suffit de suivre sa voix pour être guidé. « Tu devrais pourtant… » Le dire. Que les gâteaux sont un atout indéniable. Et que rien ne vaut cette présence soudaine. Qui remplit le cœur, et l’estomac. Elle jette son regard sur lui, pour l’observer, lui et sa mine tirée. Lui, et ses traits absents. « Croire en l’insurrection des gâteaux » Rien de meilleurs soldats que ses derniers, qu’il sont toujours présents pour soutenir et redonner espoir, même quand il a disparu. [color:3c00=#oack]« Mince... J'avais encore un peu de naïveté en moi... Mais ça tombe super bien : j'ai mis ma plus belle robe de bal en plus. » Et il montre la magnifique robe de chambre qu’il porte alors qu’Adèle ne peut retenir son rire une seconde de plus. Elle l’envie, et d’ailleurs une pointe de jalousie s’éveille en elle. « Avoue, j'vais faire des ravages. J'ai des jambes super sexy en plus. » Elle s’avance d’un pas, observe l’homme qui montre sans aucune once de malaise ses jambes, et la seule chose qu’elle saurait voir et retenir, elle ne peut que lui en faire part, d’un sérieux inégalable, « un peu poilus quand même… » Qu’elle constate, le regard brillant de connerie. Mettant son plan pour le faire sortir de là à exécution dans sa tête. « Mais ça peut se négocier… » Son sourire qui étire ses lèvres alors qu’elle pose son regard taquin sur lui, les yeux brillant d’une connerie humaine. « Je savais bien que j'étais VIP. » Le sourire qui se dessine sur les lèvres de Levi, alors qu’elle reste sans vie, le titillant de bien des façons avec un haussement banale d’épaule. « Et le meilleur de tous… » Il la nargue et elle lui tire la langue quand il la traite de tricheuse. « Tricheuse... T'en as donné deux d'un coup ! J'suis terrifié à l'idée que les gens me lâchent, parce que ça me fait beaucoup trop de mal quand on me quitte, quand on me remplace. C'est pour ça que c'est toujours moi qui met les voiles en premier, normalement. Sauf que là, j'suis pris au piège ici. » C’était le moment des non-dit, de vider son sac. De laisser cette peur loin derrière elle. Elle la ressent cette tristesse dans sa voix, ce besoin de faire sortir tout ce qu’il a en lui. Peut-être quelque part d’être réconforté lui aussi. C’est pourquoi elle n’hésitait pas une seconde, à s’ouvrir aussi, « J’serai là moi. Je ne t’abandonnerai pas… » Sa voix en suspens, elle ressentait ce besoin ultime de lui dire, de lui faire part de cet aveu, alors qu’elle ne sait même pas si elle en survivra. Elle sera peut-être la première à partir, à s’envoler. A lui dire au revoir… « Okay Addie, on se fait une avance rapide ? » Elle tourne ses yeux et heurte ses yeux dans une interrogation sans surprise. Une avance rapide ? Pourquoi faire ? Elle demeurait pourtant cet enfant en besoin constant de découvrir ce nouveau monde. Curieuse enfant, parfois c’est même un vilain défaut. « Tu fêteras comment, ta rémission ? » Il demande comme si il était possible pour eux de choisir. Comme si la vie décidera de les épargner. Comme si c’était possible d’espérer. Et ça l’est, l’enfant en elle ne s’est pas éteinte. Elle est là, présente plus que jamais. « Je sais pas… » Parce qu’elle ne s’est jamais posé la question, parce qu’elle n’a jamais été aussi malade qu’en ce moment. « Je ferai du sport toute la journée, à la salle, puis j’irai courir à la plage, et le soir, la fête à la coloc avec tous mes proches. » Ca incluait pas mal de monde au final, pas sûr que tout le monde apprécie. Mais dans l’absolue c’était ça… « Et je ramènerai un chien du refuge… » Elle y pense, ils sont sa force, ce poids qui pèse aujourd’hui dans la balance. Depuis 2016 elle les voit, les soigne, les nourrit, les câline priant pour qu’une famille se retourne sur eux, et accepte d’en adopter un ou deux, mais surtout ne les renvoie pas à l’expéditeur, « Et toi ? » Voix plus douce, à présent qu’elle s’est allégé de ce poids. Question qui finit par être renvoyer au principal concerné.
La pulpe de mes doigts caressent doucement le pan du drap comme s'il s'agissait des cordes de Gulliver, ma vaillante et adorée guitare lâchement abandonnée, tristement délaissée, sur mon bateau. Le flanc de ma main effleure celui d'Adèle et de nouveau, ce sentiment que nous appartenions tous les deux à un monde singulier m'enveloppe avec bienveillance.
Nous en portions les traces sur nos traits tirés et nos regards tantôt égarés. Nous en arborions les marques sur nos silhouettes exténuées et nos cœurs atténués. Le monde de la maladie, l'éphémère régit par le cancer, l'épée de Damoclès gangrenée de cellules anormales qui menacent inexorablement de nous éradiquer de l'univers que nous partageons pourtant avec cette multitude de personnes que nous aimions, chérissions, ou adorions détester parce que cela signifiait que nous étions au moins, enfin, bien en vie. Elle comprend, Adèle, parce que nous avons tous deux été propulsés sur la même planète de fibres de verre, un tableau que seuls ceux qui en ont vus les couleurs uniques sont aptes à intégrer totalement. La jeune australienne assimile et partage et pour cela, à ses côtés, je me sens plus fort, plus vaillant, plus heureux : je ne suis pas seul. « Tu devrais le dire pourtant... Croire en l’insurrection des gâteaux » J'adresse un sourire franc à mon interlocutrice, promets avec une étincelle dans le regard, entrain de ma passion : « J'te le chanterai. Parce que ouais, y'a un truc que j't'ai pas dit, j'avoue. J'sais pas si j'devrais te le dire, d'ailleurs... T'en penses quoi ? » Je charrie, malotru exalté.
Notre conversation est rythmée de moqueries, de complicité, de taquineries. Quelques miettes de gâteaux égarés, dévorés sans faim, nos dents animés par notre rage de vivre. Je sens mon estomac se nouer, mon organisme faillir devant la dose de sucre ingéré mais je repousse la bile comme les vertiges. Mon regard se rive sur la Shephard qui s'éloigne, privant sa chaleur à mon corps transi par le froid, pour ravager la chambre d'un soleil radieux. Je cille, plisse mes émeraudes vitreuses, ouïe l'ambition d'aller prendre un bol d'air frais pour nous éclairer le portrait. Le ton de la plaisanterie est incessant, Adèle observe mes jambes démontrées éhontément et que je décris super sexy. « Un peu poilues quand même… » « Hé ! C'est de l'avant-garde. Bientôt, tu diras adieu à tous tes rasoirs et crème d'épilation pour être dans l'vent, comme moi ! » J'explique, tenant un air sérieux quelques secondes avant d'éclater de rire.
Une quinte de toux secoue mon corps courbaturé, minutes en suspens de notre échange avant que je n'enchaîne de plus belle, éclat malin. « Je savais bien que j'étais VIP, » je commente, d'une fierté qui s'accentue lorsque la vingtenaire redore : « Et le meilleur de tous… » « Vous m'faites trop d'honneur, Mam'selle Shephard... » Je réplique, une once de franchise néanmoins présente dans une intonation qui se veut reluisante de simplicité et de jeu. Je tapote mon lit pour l'inviter à revenir à mes côtés et suggère un troc de non-dits. Ces secrets qui pèsent sur notre organe central et éraille notre âme. Ces noirceurs qui invoquent irrémédiablement des fausses notes dans nos rires. Adèle se prête au jeu, gourmande. Je la catalogue de tricheuse, attendri, avant de vider une ultime fois mon sac et révéler mon appréhension d'être délaissé, les conséquences du sentiment d'abandon m'étant insupportables. « J’serai là moi. Je ne t’abandonnerai pas… » Elle promet spontanément, de sa parole aux jours soulignés comptés, sa bonté et loyauté n'étant véritablement plus à prouver. Pourquoi fallait-il toujours que les pires choses arrivent aux meilleurs ? « J't'abandonnerai pas non plus. » Parce qu'elle est si pesante, la solitude, en particulier à l'hôpital. Il est si lourd, le temps qui passe - que dis-je, agonise. Les secondes sont comme des houles, les minutes des déferlantes dévastatrices d'émotions explosives. Les séjours sont nuancés d'éternel, quand ironiquement, on se bat pour des prolongations.
Et il ne court pas assez vite, surtout, ce fichu temps. Si bien que je réclame une avance-rapide, à en faire sourciller la brune. J'aborde la rémission, persuadé qu'à nous deux, on a de bonnes chances d'en connaître au moins une. « Je sais pas… » commence la visiteuse, méninges en action. Un sourire hautement satisfait étire mes lippes, tirant un certain honneur à dévoiler une façade de l'histoire qu'elle ne s'était pas risquée à esquisser plus tôt. « Je ferai du sport toute la journée, à la salle, puis j’irai courir à la plage, et le soir, la fête à la coloc avec tous mes proches. » « Tu m'inviteras, alors, vu que j'suis le meilleur des VIP, » j'agrémente, sourire figé mais honnête, imaginant le sport en salle, les courses sur la plage, la digne célébration en idéal bouquet final. « Et je ramènerai un chien du refuge… » « Tu crois que les chiens ont le mal de mer ? » Je questionne, songeur, visionnant un quadrupède élisant domicile sur Cadence, transmettant les désirs de mon amie à une alternative de mon avenir. « Et toi ? » La réflexion est superflue, détermination omniprésente d'ériger ce projet comme objectif. « Traverser à la voile le passage du Nord-Est au dessus de la Russie. J'ai passé Cap Horn et fais le passage de Drake pour rejoindre l’Antarctique. C'est le prochain dans mon grand et libre livre d'expédition. » J'expose, passionné. « Et j'ai un CD à sortir. » Les chansons s'accumulent, les paroles noircissent nombreuses pages de mes carnets de note. Il me faut passer à la phase de l'enregistrement et obtenir l'accord de mon agent. En tant que gagnant de The Voice Australia, je ne compte pas demeurer sous silence si assez de santé m'est accordé par mon destin. « Tu veux qu'on aille dehors ? » Je suggère, ignorant si la voie m'était totalement libre, mais tout de même appâté par les rayons du soleil réchauffant la pièce.
« la mélancolie de ce monde qui se meurt lentement… » levi mcgrath & adèle shephard
Il n’y avait rien de tel pour Adèle que de voir ses proches sourires, que de voir leurs regards brillants. Ephémère pensée qui n’en restera jamais bien assez, quand elle le fixe un moment, détaillant alors sans scrupule ses marques sur son visage tiré, abîmé par la maladie. Epuisé par les traitements nombreux, et lourds. Mais elle restera, celle qui se penche au-dessus de son visage, bienveillante enfant, qui puise sans merci dans ses regards espiègles et dans ses gestes qui s’épuisent. A force de vouloir survivre dans ce monde inépuisable, nocif, qu’elle tente en vain d’amadouer au gré de ses envies. Présente physiquement, mais la tête bien dans les nuages, quand il vient à échanger ce regard avec elle, elle s’épuisera à vouloir le tirer vers le haut, elle s’épuisera mais elle ne relâchera jamais cette pression. « J'te le chanterai. Parce que ouais, y'a un truc que j't'ai pas dit, j'avoue. J'sais pas si j'devrais te le dire, d'ailleurs... T'en penses quoi ? » Sourire qui s’immisce au coin de ses lèvres, regard enfantin, presque une lueur momentanée, qui ne disparaîtra jamais, quand ses pensées viennent heurter cette vérité, qui s’écrase sans préavis dans son cerveau : curieuse de nature, elle ne lâchera que quand elle obtiendra grâce ! « Si tu me le dis pas tout de suite, je te torture Levi McGrath ! » Qu’elle lance sans même se soucier de savoir si elle en était capable, sa voix est chantante, rieuse, remplie d’un sous-entendu encore absent jusque-là. Elle s’en amuse parce qu’elle le considère à bien des égards comme un frère, un fidèle allié, un confident quand son cœur devient trop lourd. Une âme qui veille sur elle, depuis le début de cet effondrement, depuis qu’on lui a décelé son futur. Et elle rigole Adèle, contemplant sans relâche ses jambes poilues. Parce qu’elle le taquinera, parce qu’elle veillera à le voir sourire toujours près d’elle. « Hé ! C'est de l'avant-garde. Bientôt, tu diras adieu à tous tes rasoirs et crème d'épilation pour être dans l'vent, comme moi ! » Elle lève les yeux au ciel, « je savais bien que j'étais VIP. Vous m'faites trop d'honneur, Mam'selle Shephard... » Elle lui offre un sourire radieux, un sourire qui illuminerait la pièce si déjà le soleil ne tentait pas en vain d’en prendre place. Pour autant elle est radieuse. « J’sais pas si tu le mérites… » Qu’elle lance, le repoussant à son gré dans ses plus brèves pensées. Et puis quand vient le moment de lui montrer son soutient, un désir réalisable de lui montrer qu’elle sera présente pour lui, elle n’hésite pas une seconde. Parce qu’elle ne cautionnerait pas de plus faire partie de son monde, « j't'abandonnerai pas non plus. » Et elle est effrayée par cette solitude, Adèle qui pourrait peser sur sa vie, lourde conséquence d’une maladie, noircit son cœur. « Tu crois qu’ils nous attends quoi après ça ? » Qu’elle demande, attendait-elle une réponse sincère ? Voulait-elle qu’il la rassure ? En était-il capable ? Elle ne sait plus, tant son ambition est grande. Teinté d’une lueur d’espoir qui disparaît peu à peu. Et finalement lui dire ce qu’elle aurait envie si elle n’était plus malade lui redonne un espoir absent, perdu dans les abysses de son âme. Au plus profond de son cœur déchiré. « Tu m'inviteras, alors, vu que j'suis le meilleur des VIP » Et elle lui offre un sourire en guise de réponse, serrant sa main dans la sienne, revenant peu à peu vers lui. Elle sera toujours cette épaule sur laquelle le brun pourra s’installer pour les soirs difficiles, lui l’âme solitaire. « Tu crois que les chiens ont le mal de mer ? » Elle échange un regard discret à Levi, comprenant parfaitement où il voulait en venir… « Je peux t’aider à chercher si tu veux, me renseigner au refuge celui qui serait le plus apte à t’accompagner, fidèle compagnon dans tes aventures de pirate. » Elle rigole sans aucun scrupule face à ce surnom donné avec talent à cet homme remplie de curiosité, et d’aventure. « Traverser à la voile le passage du Nord-Est au-dessus de la Russie. J'ai passé Cap Horn et fais le passage de Drake pour rejoindre l’Antarctique. C'est le prochain dans mon grand et libre livre d'expédition. » Et il doit être impressionnant ce bouquin, Adèle sera la première à vouloir se l’arracher. « Et j'ai un CD à sortir. » Elle accueille la nouvelle avec enthousiasme, peut-être un brin active de s’imaginer l’amie secrète d’une prochaine star de demain, elle qui fait attention à ce beau monde, attisant bien volontiers son besoin d’en découvrir plus sur ce monde. « J’espère que tu sauras me retrouver quand tu deviendras la rock star des temps moderne. » Elle se veut souriante, sa voix rime avec douceur, alors que ses yeux accrochent ceux de son ami, en vain. Parce qu’il est déjà loin dans ses rêveries, et à sa place, elle en serait pareil. Il tourne son visage en direction du fauteuil qui l’attend depuis un long moment. « Tu veux qu'on aille dehors ? » Elle-même regarde à travers la fenêtre de la chambre, la lumière du soleil qui l’attire, les balades avec. Et passer du temps avec Levi, avant la fois de trop, celle qui pourrait les séparait pour une éternité trop courte aux yeux de l’étudiante. « Je te préviens j’ai pas le permis… » Qu’elle nargue à sa façon, bien trop subtil pour qu’il sache que derrière ce visage et ce regard amusé, se cache véritablement celle qui ne fait pas le poids devant un tel engin. Ash son petit frère avait déjà failli finir dans le lac si il n’avait pas fui lamentablement sa grande sœur. Elle avait couru derrière lui et son fauteuil, pour le rattraper et tenter de l’amadouer devant cet affront. « Je vais me régaler de te voir lamentablement échoué ta route dans la fontaine du parc. » Fulgurante envie de jouer sans épuiser auprès de celui qui lui est pourtant cher, alors qu’elle rapproche doucement le fauteuil de Levi, ne voulant pas qu’il se fatigue de trop avant son escapade dans la flotte. Petite chipie, qui n’a pas froid aux yeux, et qui se régale de jouer à ce jeu du chat et de la souri avec autrui, petite princesse qui aime taquiner son monde sans se soucier réellement des conséquences, tant qu’elle s’en distrait. Et une fois sur le fauteuil, elle le guide à l’extérieur, dans le couloir. « J’en reviens pas McGrath est de sorti… » Isy nargue à son tour devant Adèle radieuse, un sourire frappant alors qu’elle fait sa fière et bien même la langue que Levi tire à l’encontre de l’infirmier ne le touche à peine, alors que s’en suit une brève rigolade entre eux trois. Direction l’ascenseur…
Je nargue l'avenir comme la vingtenaire à mes côtés, chantonnant projets et ambitions lorsque les jours ne tiennent qu'à un fil, quand mon corps courbaturé et exténué s'ankylose dans ce lit d'hôpital et frisonne au moindre courant d'air. Les plans se dessinent en vue d'étouffer la peur, la passion s'anime dans le but de gommer toutes douleurs. Si je suis parvenu à accomplir l'un de mes rêves de musicien à l'arrachée d'une santé précaire, je suis déterminé à user de ma fraîche notoriété pour produire les sons que j'aime et transmettre les mots qui me sont essentiels. « Si tu me le dis pas tout de suite, je te torture Levi McGrath ! » Un rictus en coin, joueur et arrogant, égaye sur mon visage pâle. « Et comme tu t'y prendrais, Adèle Shephard ?! » Je questionne, curieux, appréciant malmener la patience de la brune.
J'exhibe mes jambes qualifiées de super sexy et mon interlocutrice lève les yeux au Ciel sans scrupule, n'avalant pas mes remarques sur l'avant-garde justifiant la pilosité de cette partie de mon corps. J'apprécie le rang de VIP peut-être pas mérité - ce qui m'arrache un rire sincère - et des promesses sont éhontément formulées. Tant que je demeurerais sur cette planète, je ne compte assurément pas abandonner celle que je considère comme ma petite sœur. « Tu crois qu’il nous attend quoi après ça ? » Je la considère quelques instants. Après ça, après quoi ? Je pince mes lèvres, ne quitte pas son minois des yeux. « Le bonheur sans perfusion, évidemment ! Et le tout en étant encore plus sexy, » je déclare, armé d'une certitude indétrônable et d'un entrain inébranlable.
Je la questionne sur ses rêves et souhaits mis entre parenthèses le temps que la déferlante de cellules anormales ne s'apaisent. Il est question de sport, de fête, d'adoption ; et alors, j'envisage moi-même la présence d'un canidé sur Cadence. « Je peux t’aider à chercher si tu veux, me renseigner au refuge celui qui serait le plus apte à t’accompagner, fidèle compagnon dans tes aventures de pirate. » Songeur, un sourire se fige sur mes lippes. « Tu m'aideras aussi à lui trouver un nom ? A moins qu'il soit préférable de garder celui qu'il a au refuge... » J'applique davantage de netteté sur ce conditionnel, m'imagine des périples marins avec ce compagnon quadripède à mes côtés. Je dévoile à Addie mes prochains projets d'envergure : la traversée à la voile du passage du Nord-Est au-dessus de la Russie et la sortie d'un CD. « J’espère que tu sauras me retrouver quand tu deviendras la rock star des temps moderne. » « T'es pas la seule à pouvoir nommer des gens VIP, » je réplique avec un clin d'œil complice.
J'inspire profondément, soupire doucement. La Shephard s'est réinstallée à mes côtés et le soleil emplit désormais la chambre d'hôpital, propageant son halo doré sur le lit immaculé. La boîte à gâteaux qui l'accompagnait demeure sur la tablette et mes émeraudes s'orientent vers le fauteuil roulant à quelques mètres du matelas sur lequel je suis allongé depuis des heures. J'articule ensuite une proposition malhonnête : celle d'aller faire un tour à l'extérieur quand bien même j'ignore en avoir l'autorisation ou les capacités. « Je te préviens j’ai pas le permis… » Je ris de bon cœur. « Même pas peur. » « Je vais me régaler de te voir lamentablement échoué ta route dans la fontaine du parc. » « Ce sera mon brin de toilette. Tu prends le shampoing ? On s'fait une fiesta mousse ? » Bienveillante, Adèle m'offre tout de même une longueur d'avance en rapprochant mon futur bolide. Je transite laborieusement du lit au fauteuil, me fichant bien de me pavaner en blouse d'hôpital et déployer mes guiboles aux individus que nous croiserions, y compris l'infirmier Jensen qui s'étonne de me voir de sortie. « En route Simone ! » j'annonce en riant et pressant le bouton d'appel de l'ascenseur.
« la mélancolie de ce monde qui se meurt lentement… » levi mcgrath & adèle shephard
Elle voulait que les choses s’arrangent, elle voulait le voir rire, croquer la vie. Elle le voulait à ses côtés et pour l’éternité, parce qu’il a toujours été là pour elle. A la consoler, à l’épauler. Il a toujours été ce principe qui n’a jamais dérogé à la règle, toujours été de bon conseil quand la lueur sombre venait toquer à sa porte. Quand la lumière s’effaçait, ne lui laissant guère d’espoir, il a été cette main qui se tendait vers elle. Coûte que coûte, quoi que ça valait, de l’or dira t’elle. Parce qu’Adèle le laisse entrer dans sa vie, lui laisse entrevoir tout ce qu’il a besoin de savoir sur elle. Elle est espiègle, taquine, alors qu’elle croque de bon cœur dans l’espèce de gâteau que sa main tient fermement, ne lui laissant pas la chance de le lui piquer – bien qu’il lorgne le bout que tient son amie, sourire aux lèvres. « Et comme tu t'y prendrais, Adèle Shephard ?! » La moue boudeuse qui se lit sur son visage, forme un ‘Oh’ avec ses lèvres et elle fronce le bout de son nez, prête au pire chose que la vie pourrait tolérer mais qu’importe, on ne joue jamais avec cette malice qu’elle incarne avec perfection. Elle lui jette un regard, il aurait que ce qu’il mérite Levi. « Tu veux tenter le diable ? » Ca ne la dérange pas à Adèle, elle lui sourit avec conviction, prête à lui faire croire qu’elle est prête au pire, et puis, dans un rare moment de lucidité, elle avoue, « j’ai tellement de choix qui s’offre à moi… » Elle ne manquait jamais d’imagination Adèle. Jamais. Elle pourrait tester une nouvelle coloration lorsqu’il aurait les yeux fermés, ou encore récupérer à la coloc sa cire pour lui raser les jambes et son torse. Elle réfléchit, et un sourire se dessine alors qu’elle reste muette sur ses intentions. « Le bonheur sans perfusion, évidemment ! Et le tout en étant encore plus sexy, » après ça, elle revient à cette stricte réalité, celle de la maladie. La chambre la ramène à la raison, mais elle n’en perd pas son attitude légendaire et son sourire ne s’efface pas, même lorsqu’elle se rend compte que son avenir est compté. Quand bien même, elle en survit, elle ne sera jamais totalement guéri, à en voir son ami. Lui aussi avait eu son lot de misère, avait été soigné et puis… De retour dans cette chambre d’hôpital, cette épée de Damoclès qui n’est jamais parvenu à le quitter trop longtemps. « Tu m'aideras aussi à lui trouver un nom ? A moins qu'il soit préférable de garder celui qu'il a au refuge... » Elle acquiesce d’un signe de tête, « tu peux essayer de changer, mais faudra rester dans le même style, surtout si le chien est adulte, » qu’elle dit, en le fixant un instant, haussement d’épaule. « Ils aiment pas toujours changer, le risque c’est qu’il t’écoute pas, » est-ce qu’elle était en train de songer à ce qu’il appelle son chien en hurlant, et le chien qui n’obéît pas, préférant n’en faire qu’à sa tête ? Tel maître, tel chien n’est-ce pas Levi ? « T'es pas la seule à pouvoir nommer des gens VIP, » ça semble pourtant hors de portée pour eux, deux éternels rêveurs… « Même pas peur, » et si il savait… Il monte néanmoins dans le fauteuil roulant devant son regard rieur. « Ce sera mon brin de toilette. Tu prends le shampoing ? On s'fait une fiesta mousse ? » Et parce qu’il ne faut jamais lui mettre une idée pareille dans la tête, elle ne s’offusque même pas de s’arrêter en sortant dans sa salle de bain, empruntant le shampoing de son ami, un sourire taquin sur ses lèvres lorsqu’ils font la course en quittant la chambre, remontant le long du couloir jusqu’à l’ascenseur. « En route Simone ! » Elle court Adèle, elle n’a pas peur du ridicule, elle court aussi vite qu’elle peut. Avant que le soleil tape sur son visage, elle balaye l’extérieur rapidement avant de tourner à peine son regard sur son ami malade, « on va bien voir si t’es toujours en forme… » Qu’elle lance, sans ménagement, se positionnant derrière le fauteuil roulant en courant avant de sauter à pied joint sur le rebord du fauteuil pour se laisser entraîner avec Levi, se fichant des conséquences, le temps de quelques minutes, de quelques heures, redevenant cet enfant… Et tant pis si elle n’a aucune affaire de rechange.