Rosalie & Alex
▬ Another one bites the dust ▬

“Are you ready, hey, are you ready for this ? Are you hanging on the edge of your seat ? Out of the doorway the bullets rip, to the sound of the beat. Another one bites the dust.”

Je viens tout juste de m’installer sur mon canapé et je m’apprête à lancer le reportage Netflix ‘Dans la tête des criminels’ quand je reçois un message d’une de mes partenaires de boxe, Alex.  « J'ai besoin d'une prof en urgence !! Je suis à la salle, je t'attends pour notre séance d’entraînement ! » Je fronce les sourcils. Une prof en urgence ? Son message bouleverse mes plans, j’avais prévu de passer ma fin de journée devant ce reportage Netflix qui me fait de l’œil depuis déjà bien trop longtemps. Tant pis, je le regarderai une autre fois. J’inviterai peut-être Romy à le regarder avec moi, ça nous changera de nos soirées Mindhunter, même si ça reste dans le même thème. Je lâche un long soupir et je me lève de mon canapé, laissant mon portable sur l’accoudoir de celui-ci. Je pars dans ma chambre pour attraper une tenue de sport et l’enfiler. Tout à l’heure en rentrant du boulot la première chose que j’ai fait c’est enlever ce maquillage sur mon visage, je n’avais pas dans l’idée de ressortir avant demain matin. Tant pis, et puis c’est elle qui m’a prévenu à la dernière minute de cette séance de boxe. J’attache mes cheveux en une queue de cheval, et puis j’attrape mon sac de sport, des écouteurs avant de fermer la porte de mon appartement. Et vu que j’ai eu la merveilleuse idée de ne jamais passer mon permis, je dois attendre le bus pour rejoindre mon amie. En fait, j’avais d’autres choses en tête quand j’étais plus jeune, j’avais d’autres priorités et passer mon permis de conduire n’en faisait pas partie. C’est dommage, maintenant je le regrette et si je devais le refaire, je referais les choses différemment. C’est avec les écouteurs dans les oreilles diffusant à fond l’album Innuendo de Queen que je suis assise dans le bus, dévisageant une mère de famille qui semble débordée avec son enfant beaucoup trop bruyant à mon goût. Même avec ma musique j’entends le gosse crier. Il ressemble à un gamin pourri gâté qui gueule pour que sa mère cède au moindre de ses caprices. Et le pire ? C’est que ça marche. Je la vois lui tendre son portable. Elle a l’air désespérée. Elle donne son portable à son garçon pour le faire taire ? Non mais je rêve ? Je veux pas vraiment la juger, mais un peu quand même. L’éducation c’est pas son truc. Le mien non plus d’ailleurs. C’est pour ça que je n’ai pas de gosse. Et aussi un peu parce que je n’ai personne avec qui en faire. Mais ça, c’est qu’un détail. Je demande pas à avoir quelqu’un. Je suis très bien toute seule. Surtout quand je vois le pervers au fond du bus qui dévisage une jeune fille – sérieux, elle a à peine vingt ans je suis sûre – enfin il ne la dévisage même pas. Il la regarde comme si elle était un vulgaire morceau de viande. Connard. Les hommes me dégoûtent. Et quand je vois ce genre de mecs, ça ne fait que confirmer mes pensées ; mieux vaut être seule que mal accompagnée.

Je descends du bus à l’arrêt qui se situe au bout de la rue de la salle. Prendre les transports en commun, être obligée à être encore entourée de tout un tas de personnes toutes aussi énervantes les unes que les autres ne fait que confirmer qu’une chose ; je déteste les gens et j’aurais vraiment dû passer mon permis. Non en fait, ça aide deux choses du coup. Comme si je n’étais pas assez confrontée aux gens au boulot, il faut aussi que je les supporte dans le bus. Je sens que je vais avoir besoin de me défouler au sport là. Sauf que…en arrivant je me retrouve en plein milieu d’un groupe d’enfants. Euh…pardon ? Un petit blond me fonce même presque dedans sans même relever la tête pour s’excuser. Je me retourne vers lui, le regardant les sourcils froncés. Je retiens un commentaire pas très agréable. Et puis je cherche Alex du regard qui est plus loin dans la salle avec trois morpions. Une fois à sa hauteur.  « C’est quoi ces trucs ? » Je lui demande en enlevant un écouteur tout en désignant les enfants d’un signe de tête.  « Qu’est-ce qu’ils foutent là ? Pourquoi y’a des gosses avec toi ? » Je lui demande, encore une fois avant même qu’elle puisse répondre à ma première question. J’enlève mon deuxième écouteur et arrête la musique de mon portable pour le ranger dans mon sac. Je regarde ces trois enfants qui semblent beaucoup trop heureux. Et beaucoup trop bruyants aussi. Une autre raison de ne jamais avoir de gosse ; ça fait du bruit toujours, pour rien, tout le temps. Quel enfer.  « Et toi tu t’appelles comment ? » Ils me regardent tous les trois en souriant. Et moi je les regarde un par un sans la moindre trace de sourire sur mon visage. Si je dois passer ne serait-ce qu’une heure avec trois gosses sur le dos, je vais devenir folle. Je lance un regard à Alex. Ou plutôt je la fusille du regard.  « Moi c’est Rose. » Je réponds à cet enfant. Et je pose enfin mon sac un peu plus loin. Des enfants crient, courent, sautent, certains même pleurent. Être plus silencieux c’est trop leur demander ? J’ai jamais été une gamine surexcitée, moi. Je m’approche d’Alex.  « On est censées leur donner un cours, sérieusement ? » Je lui demande, d’un air complètement blasée.  « J’vais te tuer. » Je lui dis, simplement. Pas d’un air méchant. Bien qu’à l’instant présent j’ai vraiment envie de la tuer. Et dire que je devais passer ma fin de journée sur Netflix, mon programme initial était bien plus alléchant.  « Alex ! Rose ! Vous voulez pas faire comme les autres et nous apprendre plein de trucs ? Allez, s’il vous plaît !!! »  Il nous lance un regard de chien battu et je suis sûre que la plupart des gens fonderaient devant lui. Mais pas nous. Pas moi. Je le regarde, et je ne lui réponds pas. Je suis blasée d’être ici. Il veut que je lui apprenne des choses ? Très bien. Game on.

nightgaunt

“Are you ready, hey, are you ready for this ? Are you hanging on the edge of your seat ? Out of the doorway the bullets rip, to the sound of the beat. Another one bites the dust.”

« C'est quoi ces trucs ? Qu'est-ce qu'ils foutent là ? Pourquoi y'a des gosses avec toi ? » Je lève la tête lorsque j'entends la voix de Rose. Bon je sais qu'elle est en colère, mais je suis pourtant soulagée de la voir. Je tente de lui sourire avec un air innocent et je lui glisse quelques mots en chuchotant, avec le débit sonore dans la salle de boxe, les chuchotements ressemblent plus à une conversation normale mais que nous sommes les seules à pouvoir entendre, les paroles étant dissimulées sous les cris des enfants. « Je sais pas quoi faire avec eux ! Aide-moi ! » Et je sais qu'elle va me tuer, le regard qu'elle me lance, me confirme que je risque de souffrir mais ça vaut le coup. J'ai vraiment besoin d'elle. Je suis depuis plusieurs minutes debout à les faire frapper de toutes leurs petites forces sur ce morceau de mousse, et je ne sais pas quoi faire avec eux. « On est censées leur donner un cours, sérieusement ? » Je lui confirme ce qu'elle a déjà comprit d'un mouvement de la tête. « Oui, oui je t'ai pas menti j'ai besoin d'une prof. » Elle me réponds en m'annonçant qu'elle comptait me tuer. C'est mérité, mais je lui fais un sourire en échange. Je préfère devoir subir l'envie de vengeance de Rose pour les semaines à venir, que devoir passer deux heures seule avec trois goss dans une salle de boxe. Oui, oui c'est illogique mais on parle d'enfants là, tout est illogique avec eux, et avec moi. « Alex ! Rose ! Vous voulez pas faire comme les autres et nous apprendre plein de trucs ? Allez, s’il vous plaît !!! » Et revoilà l'enthousiasme débordant couplé à une tentative d'intimidation à base de regard mignon d'un enfant qui sait visiblement comment faire céder les adultes qui l'entoure. Sauf qu'il risque de comprendre que la vie n'est pas que sourire et battements de cils pour arriver à ses fins et que son charme de blondinet ne prends pas sur Rose. Moi, c'est son enthousiasme qui me dérange toujours autant. Pourquoi ils doivent tous être toujours pleins d'attentes, pleins d'envies et tellement excités à les faire profiter à l'assemblée ? Et les revoilà qui s'agitent. Mais ils n'ont pas une seconde. Désespoir pour moi, désillusions pour eux à prévoir, si on ne fait pas quelque chose et vite. « Vous voyez Rose c'est ma prof, c'est elle qui m'a tout apprit. Elle est super douée, vous avez de la chance qu'elle soit là pour vous. Vous allez voir c'est la meilleure ! » Je tente de prendre la situation en main, pour la transmettre directement à Rose ! Toujours aussi courageuse Alex ! Mais je l'ai embarqué dans cette histoire, et je sais qu'elle n'a pas apprécié mon appel au secours, alors j'en profite pour la flatter un peu. J'essaye de l'adoucir un peu, je peux gérer Rose (enfin je crois) mais je me sens bien moins capable de gérer ces trois gosses qui tapaient avec trop d'enthousiasme et de sourire sur le bouclier que j'ai tenu de longues minutes devant eux. Mais, sérieusement, vous avez déjà essayé de passer plus de vingt minutes dans une salle remplie d'enfants surexcités ? L'agitation, les rires, les pleurs, les sollicitations, le bruit ambiant constant. Comme exercice pour tester les nerfs des gens c'est parfait, mais je n'ai pas besoin de me tester, je sais d'or et déjà que je n'ai pas de patience, et aucune envie de faire des efforts avec des gosses. Avec les gosses des autres alors qu'ils entravent ma séance quotidienne d'effort pour me défouler et me vider la tête. « C'est quand qu'on fait la bagarre ? » Et le voilà qui recommence. Mais sérieusement, il a que ça à la bouche comme mot ? La bagarre ? Je crois que le mieux c'est qu'on ne lui apprenne rien à lui, trop dangereux pour les autres et même pour lui. Sérieusement, comment on peut être aussi peu coordonné ? Et je l'imagine dans un combat à frapper l'air sans jamais toucher sa cible et finir par s'infliger un KO seul en trébuchant dans ses pieds et en tombant avec violence sur le nez. Je ne peux décemment pas penser ça non ? Et puis merde, je dois encore attraper ses poings avant qu'ils ne frappent involontairement son camarade. Et bien c'est pas gagné ! Déjà on peut déjà enlever de la liste des exercices tout ce qui demande un minimum de coordination, c'est à dire : à peu près tout ! « Je suis désolé, sincèrement désolé mais regarde les, qu'est-ce que tu veux que je fasse pour eux. Je te promets de te laisser me frapper sur le ring après, mais aide moi avant qu'il y en ait un qui finisse par se blesser. » Et je commence à ressentir une certaine pointe d'angoisse à l'idée de voir un goss être blessé sous ma surveillance. Vraiment je m'inquiète pour eux alors que je supporte à peine leur présence ? Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? J'aime pas les enfants ! Alors pourquoi je panique à moitié en voyant le gamin s'agiter encore et voir son poing passer tout proche du visage de la petite Mary. « Fais quelque chose avec lui, il va se blesser. » J'ai envie de dire que s'il venait à se blesser ce serait bien fait pour lui, qu'il n'a qu'à pas s'agiter de la sorte, et pourtant, je ne peux m'empêcher de le surveiller du coin de l’œil à l’affût pour éviter l'accident. Et je découvre qu'en plus d'être bruyant, les goss sont stressants !

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“Are you ready, hey, are you ready for this ? Are you hanging on the edge of your seat ? Out of the doorway the bullets rip, to the sound of the beat. Another one bites the dust.”

Elle m’a piégé, elle m’a envoyé ce message en me faisant croire qu’elle avait besoin de moi pour un entraînement de boxe. Pour être plus précise elle m’a demandé pour un cours. Et en soit, elle ne m’a pas menti. Elle a juste omis de me dire que c’était à des mioches qu’on devait donner des cours. Sauf qu’il faut savoir une chose sur moi : les enfants, j’aime pas ça. Ça court partout, ça cri, ça pleure, ça fait des caprices, ça pose des questions stupides. Bref, j’ai clairement pas envie d’être ici à devoir leur apprendre ce sport. Si j’ai pas d’enfant c’est bien parce que je les aime pas. « Je sais pas quoi faire avec eux ! Aide-moi ! » Elle a effectivement l’air dépassée par la situation. Je la regarde, et puis mon regard se pose quelques secondes sur ces trois petits êtres débordants beaucoup trop d’énergie pour moi. Je soupire doucement et relève les yeux vers mon amie.  « Mais je sais pas m’y prendre mieux que toi avec les gosses, j’aime pas ça. » Alex, je l’aime beaucoup, vraiment elle est très gentille je vous assure. Mais là j’ai juste envie de l’étriper. Et puis les gosses parlent entre eux, ils sont incapables de rester en place plus d’une minute. Voilà, moi j’ai besoin de calme. Et avec des enfants c’est impossible. Pitié qu’ils se taisent. Ils essayent de les amadouer en nous lançant un regard qui, je pense, est censé nous faire fondre. Mais c’est peine perdue les petits diables, avec moi ça marche pas ce genre de chose. Je les regarde. Ils me font ni chaud, ni froid. Je sais pas ce qu’elle attend de moi. Elle pense vraiment que je sais mieux m’y prendre qu’elle ? Déjà que je refuse de participer à des cours d’initiation à la boxe pour adultes, mais alors pour des enfants. Bien sûr que si j’avais su j’aurais refusé et je l’aurais laissé toute seule dans sa merde. Oui je sais c’est égoïste de ma part, mais avec le temps et l’expérience j’ai appris à penser un peu à ma gueule de temps en temps. Ça ne fait jamais de mal un peu d’égoïsme. Il faut savoir penser à soi. Et là, ce soir Alex l’a fait. Elle m’a appelé tout en sachant que je n’aime pas les enfants. Mais je peux pas lui en vouloir parce qu’à sa place j’aurais fait exactement la même chose. « Vous voyez Rose c'est ma prof, c'est elle qui m'a tout apprit. Elle est super douée, vous avez de la chance qu'elle soit là pour vous. Vous allez voir c'est la meilleure ! » Pourquoi elle leur dit ça ? Pour qu’ils arrêtent de s’adresser à elle et qu’ils se mettent à être sur mon dos ? Je regarde les enfants en leur offrant un sourire forcé. S’ils ne comprennent pas que j’ai pas envie d’être ici et que je les aime pas, c’est qu’ils sont vraiment cons. Mais c’est rien de personnel, qu’ils se vexent pas.  « C'est quand qu'on fait la bagarre ? » Sauf pour lui. Lui, c’est personnel. Il m’a l’air vraiment emmerdant. Il veut faire la bagarre ? Il m’énerve déjà. Je lève les yeux au ciel en l’entendant et je vois qu’Alex a l’air aussi exaspérée par ce petit. Il y a déjà beaucoup trop de bruit j’ai l’impression qu’ils ont envie de tester mes nerfs. « Je suis désolé, sincèrement désolé mais regarde les, qu'est-ce que tu veux que je fasse pour eux. Je te promets de te laisser me frapper sur le ring après, mais aide moi avant qu'il y en ait un qui finisse par se blesser. » Je me tourne vers mon amie. Si j’en crois son expression elle semble vraiment désolée de m’avoir forcée à me retrouver coincée dans une salle remplie de gosses que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam. Mais quand elle me parle de me laisser la frapper sur le ring plus tard, je ne peux empêcher un rictus de se faire entendre.  « Ça va détends-toi je vais pas te frapper après. Enfin je pense pas. » La dernière phrase est dite sur le ton de l’amusement. Non, je ne compte vraiment pas la frapper après. Que ce soit sur le ring ou pas.  « Mais par contre je te retiens. » Je lui dis en la pointant du doigt. Et encore je suis sympa en comprenant le piège qu’elle m’a tendu j’aurais vraiment pu la lâcher et quitter la pièce sans rien lui dire. Mais bon je suis là et bien j’y reste. Même si j’ai vraiment envie de partir. « Fais quelque chose avec lui, il va se blesser. » Mon regard se pose sur le même petit qui demandait à faire la bagarre tout à l’heure, il agite son poing vers une petite fille. Ok alors lui il a vraiment décidé de me faire chier ou bien ? Je m’avance vers lui et me place entre eux.  « Bon les trois mômes, vous venez là. Vous me mettez devant moi. Tout de suite. » Je leur dis sans la trace d’un sourire et sans l’ombre d’une plaisanterie dans la voix.  « Si vous voulez qu’on vous apprenne quelques petites choses il va falloir que vous vous calmiez. Tous les trois. Vous êtes sages. Vous êtes polis. Vous vous respectez. Vous nous respectez et ça devrait bien se passer. Quant à toi… » Je regarde le petit merdeux de tout à l’heure – voilà je lui ai trouvé un surnom – et je me baisse pour me retrouver à sa hauteur.  « Toi, particulièrement il va falloir que tu te calmes. Les choses que tu vas apprendre ici, je t’interdis de les reproduire ailleurs que dans une salle de boxe. T’as pas intérêt à frapper un de tes camarades que ce soit ici, ou dans la cour de récréation. Frapper les gens sans raison c’est pas bien. C’est que les mauvais garçons qui font ça. La boxe c’est pas un jeu. Si tu te comportes mal encore une seule fois, on appelle tes parents et tu reviendras plus jamais ici. T’as compris ? » Je le regarde très sérieuse, attendant une réaction de sa part. J’espère qu’il a compris le message. Il hoche doucement la tête, et je me relève.  « Ok très bien. Vous êtes prêts ? » Et ils répondent tous positivement. Bon, je pense qu’on va pouvoir commencer. Je lance un coup d’œil à ma partenaire, allez let’s go.

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La colère et l'agacement de Rose n'est pas dur à sentir ou à deviner. Elle n'a pas envie d'être là, elle avait sans doute un bien meilleur programme et par ma faute, elle se retrouve entourée de goss hyper excités à l'idée de faire de la boxe. Et au fond leur attitude est naturelle, enfin je crois, j'en sais trop rien. C'est dingue comme je perds mes repères avec des gamins dans les parages. Je n'ai pas de frères ou sœurs, j'ai grandi sans cousins, cousines, pas de d'enfants dans mon entourage, jamais. Je n'ai même jamais tenu un bébé dans mes bras, jamais eu besoin de faire du baby-sitting, en gros je n'y connais absolument rien en enfant, et ils me mettent mal à l'aise vraiment. Je ne sais pas comment me comporter avec eux. Être une adulte responsable semble déjà compliquée pour moi quand il n'y a pas d'enfants dans les parages alors avec eux, je me sens inutile, incapable et c'est grave perturbant. Ce sont que des petits bonhommes finalement, je devrais m'en sortir non ? J'en suis clairement pas sûre, alors même si Rose risque de me le faire payer un jour ou l'autre, je suis tellement soulagée de l'avoir à mes côtés, pour m'aider à gérer cette bande de mioches qui ne comprennent pas mon incompétence à entrer en relation avec eux. « Je te jure que tu peux pas faire pire que moi, alors merci d'être là et de pas me laisser tomber. » Je crois que j'ai jamais réellement eu à me confronter à des enfants enfaîte. Je suis pas dans mon élément, enfin si la salle de boxe l'est mais leur présence bouleverse mes habitudes et je ne suis pas capable de faire face à cette nouveauté sans ressentir un peu de colère et de panique. Je veux juste taper dans un sac, travailler mon cardio, m'épuiser sur le ring à travailler mes déplacements et ma capacité à éviter les coups. Je ne veux que ça, et eux sont là dans mes jambes, le sourire aux lèvres, comme si la situation était normale. Comme si, on était là pour eux, pour leur plaisir. C'est ultra égoïste de leur part, ils me volent mon moment à moi et me demande de sacrifier mes plans pour eux. On ne se connaît pas, j'ai rien demandé moi, ils ont des parents ces goss non ? Ils peuvent leur apprendre la boxe non ? Pourquoi ils nous demandent à nous d'abord ? Ils confient leur goss à n'importe qui en vrai. « Ça va détends-toi je vais pas te frapper après. Enfin je pense pas. Mais par contre je te retiens. » Rose a du sentir un peu ma tension et mon stress puisqu'elle me dit de me détendre. Ou elle pense peut-être que l'idée qu'elle me frappe soit la raison de mon stress ? Mais je préfère cent fois, passer des heures sur le ring avec elle, à devoir éviter ses coups et à encaisser, que passer du temps avec eux. Et c'est à peine exagérer comme pensée. Ils m'ont rien fait, c'est même pas eux le problème, mais ce qu'il représente. « Je préférerai que tu me frappes là maintenant plutôt que faire ça avec eux. » Je lui murmure ces mots, mais elle doit comprendre que si elle n'aime pas les goss, si elle n'aime pas être avec eux, au moins ils ne semblent pas la terroriser. Ils ne semblent pas la mettre dans une situation qu'elle ne connaît pas. Et je ne sais pas si c'est pour me sauver ou parce qu'elle considère que maintenant qu'elle est ici autant servir à quelque chose, mais elle prends les choses en main, regroupant tout le petit monde devant elle. Elle n'appelle que les mômes mais j'écoute et je me poste devant elle aussi avec eux. Et je l'écoute expliquer les règles et le déroulement des choses à partir de maintenant. Un peu de cadre, merci Rose ! Je la regarde se baisser pour se mettre à la hauteur de ce goss qui s'agite bien trop pour son propre bien et le notre depuis plusieurs minutes. Elle le regarde l'air sérieux et je n'ose pas bouger. Non, non Rose ne me fait pas peur, enfin je crois. C'est pas moi qui ait le droit à un serment, et pourtant je n'ose pas parler, silencieuse, je regarde les deux autres enfants présents qui semblent eux aussi faire connaissance avec le côté sérieux et droit de Rose. Mais elle a réussit. Le petit agité des poings semble se calmer, ne parle plus, hochant juste la tête pour répondre à Rose. « Ok très bien. Vous êtes prêts ? » Ils répondent tous par un oui qui se veut contenu, je crois qu'ils ont eu peur. Et moi qui était incapable de calmer ce goss, elle a réussi en quelques secondes. Elle me regarde, et je lui fais moi aussi un signe de la tête pour lui dire que je suis prête. « Quelle autorité naturelle ! Je sais pas si tu as leur respect mais au moins ils te craignent. » Et je souris tout en mettant mes bandes autour des poings pour pouvoir participer avec eux et enfin passer à la pratique. C'est Rose la prof, moi je serais son quatrième élève, disciplinée, enfin presque. On se met par deux, avec un chiffre impair d'enfant, je suis le binôme du goss sans coordination, ça va être marrant. Face à face, nous devons enchaîner deux mouvements, coups de poing dans le gant du partenaire qui réplique à son tour dans notre gant. Simple, basique, sans danger, à priori du moins. Rose et moi faisons une démonstration. « Frappe pas trop fort, j'ai besoin de mes mains. » Je préfère m'assurer que Rose ne décide pas de se venger dès maintenant, après tout, elle a dit qu'elle n'allait pas me frapper, tout en ajoutant un 'enfin je ne pense pas', alors je reste sur mes gardes. Non, non Rose ne me fait pas peur j'ai déjà dis, mais je sais qu'elle est meilleur que moi dans la pratique de la boxe, alors autant rester sur ses gardes, c'est un peu le principe de la boxe aussi, être sur ses gardes et savoir anticiper les coups. Finalement après avoir fait quelques mouvements de démonstration, les mômes se mettent en place et je les suis. Rose supervise, replace les jambes, le corps, les pieds et s'assure que les coudes restent assez haut et solide pour éviter des blessures malheureuses. Je l'écoute, elle ne veut pas l'avouer mais c'est une bonne prof, elle aime pas les enfants, mais elle sait ce qu'elle fait avec la boxe. Je suis accroupie pour être à la hauteur du goss face à moi, il est concentré dans l'exercice, jetant des regards en coin à Rose. Et j'ai envie de rire, parce qu'il semble vraiment craindre mon amie. Le gamin agité qui tapait dans l'air, impatient de commencer semble tout coincer, plus concentré sur les déplacements de Rose que sur ce qu'il doit faire, touchant à peine mes poings. « Si tu écoutes ce qu'elle dit elle ne te fera rien, reste concentré sur le geste que tu dois faire, je te promets qu'elle ne mange pas les enfants. » Est-ce que je serais en train d'être gentille avec ce goss ? Celui là même qui me donnait des frayeurs à s'agiter dans tout les sens ? « T'inquiète pas, la seule personne contre qui Rose est en colère c'est moi et j'ai pas peur. » Je prononce cette phrase de manière assez forte, tout en souriant à Rose. J'essaye de me détendre, j'essaye vraiment et je sais que Rose est là pour gérer. Je ne suis plus responsable moi, je ne suis pas leur prof, je ne suis pas leur éducatrice, ni leur nounou, ni une figure de rattachement potentielle. Je suis juste une fille qui fait de la boxe avec des enfants, ça devrait aller là non ? Je n'ai plus qu'à me concentrer sur mes gestes, bouger ma main pour compenser la maladresse du gamin face à moi et l'obliger à se concentrer sur ce qu'il fait. C'est tout et c'est déjà bien assez. L'ombre de Rose plane autour de nous, et je sais qu'au moindre soucis, elle va gérer. Je n'ai pas à paniquer, pas à m'inquiéter, pas à craindre qu'ils aient trop d'attentes, pas à gérer leurs déceptions. Je ne serais pas celle qui décevrait un enfant aujourd'hui.

nightgaunt

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Je sais que de la part d’Alex, me faire venir ici ne partait pas d’une mauvaise intention. Elle s’est sentie dépassée par tous ces morpions qui courent partout et qui crient pour un oui ou pour un non. C’est pour ça que je ne peux pas lui en vouloir. Et puis je sais qu’à sa place j’aurais peut-être fait la même chose. Je lui aurai envoyé un message pour la faire venir jusqu’ici et ne pas avoir à gérer ces gosses toute seule. Donc même si j’ai envie de la tuer, je me contente de l’assassiner dans ma tête et je vais peut-être éviter de passer à l’acte directement. « Je te jure que tu peux pas faire pire que moi, alors merci d'être là et de pas me laisser tomber. » Je ne peux pas faire pire qu’elle ? Mais comment elle peut le savoir, c’est la première fois de sa vie qu’elle va me voir interagir avec des enfants. Et sachez que je ne suis pas douée pour ça. Parler aux enfants. Mais je ne pense pas pouvoir leur donner un cours d’initiation à la boxe sans leur adresser un mot. Et puis ce n’est pas le but non plus. Mais Alex parvient quand même à m’arracher un rire quand elle me donner l’autorisation de la frapper sur le ring un peu plus tard. Pas que la proposition ne soit pas tentante mais je lui dis tout de même que je ne devrais pas en arriver là. « Je préférerai que tu me frappes là maintenant plutôt que faire ça avec eux. » Elle me dit ça en murmurant, mais sa réflexion me fait sourire. Elle veut vraiment que je la frappe ou je rêve ?  « J’vais pas te frapper Alex. » Je lui répète une deuxième fois. Et je décide de gérer les gosses en leur disant qu’ils ont plutôt intérêt à se tenir à carreau s’ils veulent qu’Alex et moi leur apprenons quelques petites choses. Et elle disait que je savais mieux m’y prendre qu’elle ? À en croire leur tête j’ai l’impression que je suis en train de traumatiser ces trois enfants. Je leur dis que tant qu’ils nous respectent nous et les règles tout devrait bien se passer. Et je m’attarde surtout sur le petit surexcité qui semble avoir hâte de « jouer à la bagarre » comme il le dit si bien. Et j’ai l’impression que les trois enfants ont l’air d’avoir bien compris parce qu’ils me semblent d’un coup bien plus calmes et moins surexcités que tout à l’heure. « Quelle autorité naturelle ! Je sais pas si tu as leur respect mais au moins ils te craignent. » Je souris doucement. Je ne sais pas si on peut dire que j’ai de l’autorité mais je sais comment m’imposer et me faire respecter.  « J’ai grandi dans un milieu qui m’obligeait à savoir m’imposer pour me faire respecter. » Je lui avoue avant de me préparer en mettant des bandes autour de mes poings. Je me place à nouveau face aux trois gosses en les regardant tour à tour.  « Alex et moi on va vous montrer l’exercice que vous allez devoir faire. Regardez bien. » Je fais signe à Alex de se placer en face de moi et on leur fait une démonstration d’un exercice assez simple pour commencer. Et il ne faut pas oublier que ce sont des enfants qui n’ont aucune expérience dans la boxe. « Frappe pas trop fort, j'ai besoin de mes mains. » Un sourire en coin se dessine sur mon visage.  « Bah je croyais que je pouvais te frapper ? » Je lui demande d’un air amusé. Et je suis celle qui commence la démonstration en donnant un premier coup dans son gant. Je ne frappe pas trop fort parce que je ne veux effectivement pas lui faire mal. Elle réplique donnant un coup dans le mien.  « Et puis je voudrais pas te blesser et que tu sois obligée de partir en me laissant toute seule avec eux. » Je lui dis doucement alors qu’on leur montre une dernière fois, frappant dans le gant de l’autre. Je me retourne vers les enfants.  « Bon allez mettez-vous deux par deux, Alex se mettra avec l’un de vous. Vous commencez par donner un premier coup dans le gant de votre copain. Mais je veux pas vous voir frapper ailleurs que dans les gants, compris ? » Je leur demande, essayant de ne pas les traumatiser plus que ce que je n’ai fait tout à l’heure. Je les laisse se placer en binôme et j’observe les premiers coups qu’ils donnent, leur montrant comment bien se placer. Le binôme des deux enfants semble bien s’en sortir. Je replace tout de même les jambes de la petite en lui remontrant bien les bons gestes à avoir et puis je me retourne vers Alex et le petit casse-couille de tout à l’heure qui semble s’être calmé, ce qui est vraiment plaisant.  « Attends. » Je dis au petit.  « Mets bien tes jambes comme ça. » Je lui montre la bonne position et donne un coup dans le gant d’Alex.  « N’aie pas peur, vas-y. Tu pourras pas lui faire du mal de toute façon. » Je dis toujours à l’attention du petit tout en offrant un grand sourire à Alex. Je viens d’autoriser ce petit garçon à être un peu plus franc dans ses coups. Mais pour ma défense il sembel bizarrement tendu. Est-ce que je lui ai fait peur tout à l’heure ? Si oui j’y peux rien moi, ce petit se l’a joue caïd alors qu’au final ce n’est qu’un peureux.

nightgaunt

“Are you ready, hey, are you ready for this ? Are you hanging on the edge of your seat ? Out of the doorway the bullets rip, to the sound of the beat. Another one bites the dust.”

Elle sourit à ma remarque, mais en vrai je suis sérieuse, je préférerai qu'elle me fracasse sur un ring que passer du temps avec des goss qui ont des demandes répétées et des attentes que je ne peux pas combler. « J’vais pas te frapper Alex. » Et au fond, je sais qu'elle ne va pas réellement me frapper, même si elle est en colère ou énervée. Dans cette salle, on se contient, on ne se blesse pas, et on ne frappe pas violemment nos partenaires d’entraînements. C'est une règle et je sais que Rose la respecte, moi un peu moins mais ici avec elle, j'accepte la façon de procéder. Alors je lui faire un signe d'épaule qui laisse suggérer que j'étais presque déçue de la voir me répéter à nouveau qu'elle ne me frapperait pas. Elle finit par prendre les choses en main et je suis à la fois étonnée et plutôt soulagée de voir qu'elle semble capable de maîtriser l'énergie débordante des goss. Et je me sens presque un peu moins sous tension et je me félicite d'avoir pensé à elle pour venir me sauver. Rosalie, ma prof et partenaire de boxe, et désormais je peux lui attribuer le titre de sauveuse pour situation désespérée ! « J’ai grandi dans un milieu qui m’obligeait à savoir m’imposer pour me faire respecter. » Et alors qu'elle me réponds à mon compliment sur son autorité, je me rends compte que je ne sais pas grand chose de celle avec qui je passe pourtant pas mal de temps dans cette salle de boxe. Faut dire qu'on ne parle pas énormément, enfin surtout elle. Elle est pas très bavarde, mais là face aux enfants, j'en apprends un peu plus sur Rose et ça m'intrigue un peu. « C'est pour ça que tu t'es mise à la boxe ? » Je lui pose cette question sans avoir la certitude qu'elle voudra m'y répondre, mais après tout c'est elle qui a parlé de son enfance en première.

L’entraînement, du moins l'initiation avec la démonstration des exercices de base se met en place avec Rose aux commandes. Je suis, je la laisse diriger et je me plie à ses demandes quand il faut servir de cobaye pour montrer les exercices. Je demande de façon amusée à Rose de faire gaffe à mes mains, une petite taquinerie à laquelle elle ne tarde pas de répondre. « Bah je croyais que je pouvais te frapper ? » J'accompagne son air amusé, par un sourire. Finalement, ce moment ne sera pas un calvaire non ? « Oui tu peux me frapper, mais pas mes mains, c'est mon outil de travail. » Elle sourit, se moque de moi et j'en fais de même, on s'en sort pas trop mal. Et l'une face à l'autre, nous montrons aux enfants les premiers mouvements, et pendant ce temps Rose en profite pour me glisser doucement qu'elle ne risque pas de frapper fort pour ne pas me blesser et que je l'abandonne. « Oh si blesse moi, je t'en pris. » Je lui murmure ces quelques mots avec un regard qui se veut suppliant. Les yeux grands ouverts, la tête légèrement penché sur le côté, je la supplie comme le ferais un enfant. Je n'y pense pas un mot, je l'ai traîné dans cette histoire, je ne vais quand même pas m'enfuir, quoique. Mais rire avec elle me permet d'oublier un peu mes craintes en présence d'enfants, j'ai vu qu'elle pouvait gérer, alors je peux juste suivre le mouvement non ? « Bon allez mettez-vous deux par deux, Alex se mettra avec l’un de vous. Vous commencez par donner un premier coup dans le gant de votre copain. Mais je veux pas vous voir frapper ailleurs que dans les gants, compris ? » Sauf qu'elle m'envoie en duo travailler avec un goss et je ne suis pas sûre de vouloir être en face à face seule avec l'un des goss, mais j'ai pas le choix je crois alors j'essaye de rester dans un rôle d'élève moi aussi. Pas de responsabilité. « Oui Madame ! » Je donne un sourire franc à Rose alors que je suis clairement en train de me complaire dans mon rôle d'élève. Les premiers gestes sont pas francs, sont même très timides, autant de ma part que de la part du goss. Il a peur de Rosalie et c'est réellement marrant, mais ce qui l'est moins, c'est que moi j'ai peur de lui faire mal. Et on est finalement tout les deux stressés, enfin surtout lui et je ne sais pas pourquoi, je me prends à être gentille avec lui. Je le rassure, enfin j'essaye et je ne sais même pas si j'en suis capable enfaîte, mais il est tout tendu le pauvre. C'est mon rôle de faire en sorte qu'il s'amuse non ? Je veux pas traumatiser ce goss moi. Alors j'essaye vraiment d'être gentille et douce avec lui, mais c'est tellement pas naturelle pour moi. Rose arrive vers nous et a du elle aussi sentir le stress du gamin puisqu'elle prends du temps avec lui et surtout elle lui donne l'autorisation de se défouler sur moi. « N’aie pas peur, vas-y. Tu pourras pas lui faire du mal de toute façon. » Et c'est qu'elle prends du plaisir à lui dire cela. Donc elle ne me frappera pas mais elle autorise les goss à le faire, merci Rose. Et puisqu'elle est coach et que je suis rendue au rôle d'élève face à ce petit goss, je joue mon rôle d'élève pour continuer à surfer sur l'ambiance plus détendue. « Et moi je fais correctement coach ? » Ok, c'est un peu risible et je rigole en regardant la tête de Rose, sauf que le goss a bien entendu les conseils de Rose et se met à frapper réellement dans mes gants. En soit, ce n'est pas un goss de 7/8 ans qui va pouvoir me faire mal, mais c'est qu'il ne sait pas viser et je dois surtout être vigilante à ce qu'un de ses poings ne termine pas sa course sur mon visage. Mais lui dire de ne pas avoir peur semble l'avoir aidé, il sautille sur place et bouge ses bras avec plus ou moins de maîtrise, mais il sourit. Je crois qu'il est content, et je crois qu'on est un peu responsable de son sourire. Pourquoi je remarque ça moi ? « Hey Rose regarde il semble s'amuser non ? Tu devrais donner des cours pour enfants plus souvent. » Je glisse doucement ces mots à Rose, on est plutôt douée finalement toutes les deux non ?

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“Are you ready, hey, are you ready for this ? Are you hanging on the edge of your seat ? Out of the doorway the bullets rip, to the sound of the beat. Another one bites the dust.”

Elle est bien gentille Alex, mais elle me répète plusieurs fois qu’elle m’autorise à la frapper pour me venger de m’avoir embarqué dans cet enfer avec tous ces enfants. Même si la proposition est tentante je ne cède pas parce que je pense pas que la frapper soit la bonne solution. Enfin non, je sais que ce n’est pas une solution acceptable. Je finis par recadrer les trois mioches et ça semble plutôt bien fonctionner ; ils ont tous l’air bien plus calmes que tout à l’heure, même le gamin pile électrique. Alex me complimente sur mon autorité naturelle. Oh mais si elle m’avait connu quand j’étais en foyer c’était tellement pire. Sauf que pour le coup je sais pas si on peut réellement parler d’autorité. Je gueulais pour gueuler, parce que je détestais ma vie parce que j’étais en colère contre tout et tout le monde, tout le temps. J’étais une gamine extrêmement casse-couille. Je le sais, je m’en rends bien compte. Les éducateurs avaient du mal à me canaliser et j’étais du genre à les envoyer chier dès que j’en avais l’occasion. Les envoyer chier et vivre notre vie comme on le voulait et pas comme les éducateurs le voulaient ; c’est quelque chose que je faisais régulièrement avec Jet. Mais comme la dernière des garces je l’ai ghosté quand j’ai rencontré Jackson. Pourtant j’ai tellement de bons souvenirs avec lui et je pense même que le peu de bons souvenirs que j’ai de mon enfance sont presque tous avec lui.   « C'est pour ça que tu t'es mise à la boxe ? » Je pensais qu’en me mettant à la boxe je pourrais me défendre face aux violences verbales et physiques de mon ex, mais vous savez quoi ? Pas du tout. Je ne faisais rien et je le laissais me rabaisser et me frapper dès qu’il en avait l’occasion.  « Ouais, on va dire ça. Plus ou moins. » C’est du coup pas vraiment à cause de mon enfance que je me suis mise à la boxe mais plutôt à cause des dernières années de ma vie. Mais ça revient plus ou moins au même. C’est mon passé qui fait qui je suis, c’est mon vécu qui m’a rendu aussi dure et aussi fermée. C’est à cause de tout ce que j’ai vécu que je me suis créée cette carapace et que j’agis comme si rien ne me tenait à cœur, comme si j’étais incapable d’aimer ou d’exprimer un minimum mes sentiments. Mais c’est tellement plus facile de faire comme si. Comme si j’étais qu’une femme sans cœur. Parce que j’ai pas envie de me montrer à nouveau vulnérable, et l’amour, les sentiments ça rend vulnérable.

Les choses sérieuses commencent enfin et l’entraînement a vraiment commencé. Avec Alex, on leur fait une démonstration et les enfants ne bronchent pas. Ils nous regardent, nous écoutent, nous observent. J’ai vraiment l’impression que mon petit discours de tout à l’heure a porté ses fruits et nous sommes maintenant face à des enfants sages – enfin plus ou moins, faut pas déconner ils restent des gosses avant tout. – « Oh si blesse moi, je t'en pris. » Je sais qu’elle me dit ça pour rire – ou du moins je suppose – mais je peux pas m’empêcher de me demander si elle a des sortes de délires sadomasochistes. Elle arrête pas de me demander de la frapper, de la blesser, de lui faire mal et là ça commence à devenir presque étrange. Enfin après chacun son truc, je suis plutôt mal placée pour juger.  « Je te ferai pas ce plaisir. » Parce que j’ai clairement pas envie de lui faire mal, ça serait une bonne raison pour elle de partir et me laisser toute seule avec les trois diables et ça, c’est hors de question. Les mioches ont d’ailleurs l’air de plutôt s’amuser et ils sont attentifs, quand je leur donne des conseils ils font exactement tout ce que je leur demande. Comme quoi il suffit de gueuler et d’avoir un peu d’autorité pour se faire respecter. Ce qui me pousse à penser au fait que les éducateurs des foyers dans lesquels j’ai pu aller n’étaient clairement pas les personnes les plus douées ou les plus autoritaires sinon ils auraient pu facilement gagner mon respect. Ou bien c’est juste moi qui était une véritable chieuse. Oui, ça doit être ça. J’observe Alex et le gamin surexcité, qui d’ailleurs ne s’en sort pas si mal que ça. Je lui donne quelques conseils et même lui semble attentif à ce que je lui dis. Waw, j’ai réussi à calmer le petit démon qui sommeille en lui. Je me sens presque fière de moi. On dirait que je suis presque douée avec les gosses, mais attention, ça veut pas dire pour autant que je les aime bien. « Et moi je fais correctement coach ? » Sa question me fait sourire mais je ne lui réponds pas tout de suite. Je les regarde encore s’entraîner pendant une poignée de secondes et je regarde le gosse qui l’accompagne.  « Je sais pas tu trouves qu’elle se débrouille comment, Alex ? » Je demande au petit garçon. Intérieurement je prie pour qu’il me dise qu’elle est nulle, pas très douée, parce que ça serait di drôle.  « Elle frappe pas fort ! Elle a pas de force ! » Me répond le petit, en gueulant. Et là, je ne peux pas m’empêcher de rire. Le petit diable a réussi à me faire rire, chapeau à lui. Même si j’ai envie de lui demander d’arrêter de gueuler, je ne le fais pas parce qu’il a eu le mérite de m’amuser.  « Je crois qu’elle a juste pas envie de te faire mal en fait. » Bah oui parce qu’à en juger sa taille je dirais qu’il a sept ou huit ans à tout casser. Alors clairement il n’a pas énormément de force. « Hey Rose regarde il semble s'amuser non ? Tu devrais donner des cours pour enfants plus souvent. » Elle abuse un peu là. Moi donner des cours aux enfants plus souvent ? Faut pas craquer, si je suis là c’est parce qu’elle m’a piégé sinon jamais je me serais portée volontaire pour ce cours de boxe improvisé.  « Euh ouais enfin, abuse pas non plus. Ça reste des enfants. » En langage Rose ça veut dire ; c’est des gosses et même si j’arrive à les canaliser et à peut-être leur faire passer un bon moment ça veut pas dire pour autant que je les aime bien. Ni qu’ils m’aiment bien d’ailleurs.

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“Are you ready, hey, are you ready for this ? Are you hanging on the edge of your seat ? Out of the doorway the bullets rip, to the sound of the beat. Another one bites the dust.”

La présence des enfants à la salle nous permet de nous comporter autrement l'une avec l'autre. Et pour la première fois, elle évoque très brièvement son enfance. Bon très très brièvement, et je sens bien par sa réponse qu'elle ne semble pas vouloir s'attarder. Ni sur son enfance, ni même sur les raisons qui l'ont poussé à se mettre à la boxe. Mais je sais que c'est plus ou moins lié à l'environnement dans lequel elle a grandi qui l'obligeait à savoir s'imposer. C'est tout ce qu'elle me dit, et je ne cherche pas à en savoir plus, déjà que c'est à cause de moi qu'elle se retrouve dans ce bordel avec des enfants la regardant les yeux à la fois terrifiés et excités. C'est sur elle que repose leurs espoirs, et leurs craintes. Elle est leur prof, parce que j'ai décidé que moi j'étais incapable d'être à la hauteur de leurs attentes. Je ne sais même pas ce qu'ils attendent, ni même réellement ce que l'on peut enseigner à un cour d'initiation à la boxe à des enfants d'environ six/dix ans. Je sais juste que c'est pas pour moi, et qu'à défaut d'être à l'aise avec les goss, Rose elle, semble au moins capable de les tenir et d'éviter qu'ils se blessent en s'éparpillant partout. Elle arrive à les concentrer, à les calmer et à les faire se tenir debout sans qu'un poing ne s'agite dans l'air risquant de blesser tout les autres. Et après un recadrage clair, net, le cour, ou au moins l'initiation peut commencer pour ces trois goss qui risquent de se souvenir longtemps de Rose. Et après une démonstration avec Rose, ou elle refuse de me faire le plaisir de me donner une excuse pour m'enfuir, je me retrouve en tête à tête avec un goss qui doit avoir entre six et dix ans. Je prends large parce que j'en sais rien enfaîte. Je n'ai pas de référence de cet âge là, je ne connais pas d'enfant qui pourrait avoir cet âge, j'en connais pas … Je regarde le goss qui depuis le recadrage de Rose semble toujours aussi décidé à découvrir la boxe mais avec plus de discipline, il écoute ce que Rose lui dit, il est attentif et quand Rose lui dit qu'il peut frapper plus fort, je vois un sourire s'afficher sur son visage. Il se détends, et frappe un peu plus fort, il sautille, s'amuse et même Rose ne semble plus vraiment l'intimider. Moi, je crois qu'il ne m'a jamais réellement prise au sérieux, en même temps, j'étais sans doute plus apeurer qu'eux lorsqu'ils sont arrivés dans mes jambes sans que je n'ai demandé quoique ce soit. Alors quand Rose, lui demande comment il trouve que je me débrouille, il n'hésite pas un instant pour me descendre. « Elle frappe pas fort ! Elle a pas de force ! » Il gueule comme si cette phrase était destinée à toute la salle alors que je suis juste devant lui, et je vois Rose qui rigole à la remarque du gamin, et je rigole avec elle. C'est vrai que je ne frappe pas fort, mais quelle force est acceptable quand on frappe dans le gant d'un gamin à la boxe ? J'en sais rien moi.  « Je crois qu’elle a juste pas envie de te faire mal en fait. »  Oh oui, j'ai pas envie de lui faire du mal, c'est un goss merde. On ne fait pas de mal aux goss, même si on ne les aimes pas, et qu'on aimerait être n'importe ou sauf là avec eux. Même si leur présence me met mal à l'aise et que j'ai peur de mal faire. C'est un enfant et je ne sais pas comme être avant lui, ni comment frapper, ni comment lui parler, ni comment être moi-même, totalement sereine. « Rose a raison, je ne veux pas te faire mal, c'est tout. » Je lui fais un sourire, et je regarde les deux autres petits, concentrés, souriants, appliqués. « On dirait que tu as peur. » Au fond il a raison, j'ai peur, voilà, c'est juste ça j'ai peur. Peur de le blesser, peur de faire quelque chose de mal avec eux, peur de ne pas assumer la responsabilité des ces goss, d'ailleurs c'est pour ça que j'ai appelé Rose. Pour ne pas avoir à assumer quoique ce soit avec eux. « Tu sais on a tous peur parfois, et oui j'ai peur de te faire mal, alors je ne frappe pas fort, parce que je suis une adulte et toi un enfant, ce n'est pas juste comme combat, mon rôle c'est de t'empêcher de te blesser, pas de te faire mal. Tu comprends ? Mais toi, tu peux y aller, c'est toi qui est ici pour apprendre, alors montre moi toute ta force. » Je lui fais un petit sourire, finalement, je crois que je l'aime bien ce goss. « Montre moi tes muscles. » Il me montre son biceps qui n'a réellement aucune musculature apparente, mais il semble fier de lui alors sans même comprendre ce mécanisme irréfléchi autour des relations adultes/enfants, je fais semblant d'être étonnée par ce qu'il me montre juste pour flatter son ego de petit garçon. Et je me remets en place, les poings prêt à revoir ses coups. Et juste avant de reprendre une nouvelle série, je regarde du coté des deux autres enfants. Leurs sourires, et leurs applications me rassure. Je félicite même Rose pour le résultat, parce qu'elle est la principale artisane du bon déroulement de ce moment qui avait commencé dans le chaos. « Euh ouais enfin, abuse pas non plus. Ça reste des enfants. » Bon j'ai compris les cours pour enfants ce n'est pas pour elle, et clairement pas pour moi non plus, mais elle peut être heureuse quand même Rose, grâce à elle, trois goss auront appris quelques trucs, en s'amusant et en prime sans aucune blessure à déplorer. C'est quand même le principal non ? L'amusement, la sécurité et la découverte, tout ce qu'il faut dans un cour de découverte non ? Tout ce que moi j'aurais été incapable de faire sans elle. « Merci Rose, merci d'être venue vraiment. Tu peux me demander ce que tu veux, je te suis redevable ! » J'étais à deux doigt de partir avant qu'elle n'arrive, de fuir sous le regard des trois enfants que l'on venait de me confier, mais elle est arrivée et elle m'a sauvé et elle a sauvé la séance de ces trois goss. L’entraînement reprends et le petit gars face à moi frappe de toutes ses forces, ses gestes sont beaucoup moins précis, beaucoup moins coordonnés et moins appliqués mais il s'amuse et j'en rajoute un peu faisant semblant de perdre l'équilibre sous la force de ses poings. Il sourit, il s'amuse et il me donne le sourire, un peu. Finalement c'est pas si monstrueux de passer quelques heures avec des enfants. Mais après ce moment avec eux, je sais que je vais avoir besoin d'une bonne séance de boxe, et cette fois sans retenir mes coups, parce que mine de rien, ils ravivent certaines émotions en moi dont je me serais bien passé … Et en attendant que ce soit à mon tour de laisser mes poings s'exprimer, avec Rose, on continue à leur montrer deux, trois petites choses sans risques en attendant la fin de la séance et que les parents viennent récupérer tout ce petit monde.

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