Allez tourne, tourne, reste avec moi ◊ Dimitri & Justine2017 - Justine était en train de désinfecter son chariot de soins après avoir fini son tour du couloir quand elle sentit son téléphone vibrer dans la poche de son uniforme. Elle termina sa tâche et se dirigea vers la salle de repos pour regarder sa notification en toute tranquillité. Il s’agissait d’un message de Dimitri, un homme qu’elle avait rencontré à l’hôpital il y a quelques semaines. Ils avaient pas mal discuté et avaient fini par échanger leurs numéros. Dans le message, il lui proposait un restaurant le soir-même, dans le quartier de l’hôpital. La blonde connaissait bien le lieu, elle y avait déjà mangé à plusieurs reprises après de longues journées à l’hôpital. Elle tira une des chaises pour s’installer et déposa son téléphone devant elle. Elle hésitait à accepter cette invitation, elle essayait de peser le pour et le contre mentalement. Les idées s’emmêlaient et elle finit par décider de poser ça sur papier, elle saisit une feuille de sopalin et sortit le bic qui était dans la poche de son uniforme. Elle traça deux colonnes à main levée, une pour les « pours » et l’autre pour les « contres ». Elle se pinça la lèvre et réfléchit aux arguments à noter. Elle commença avec un point positif : il était très charmant. C’était quand même à prendre en compte comme critère, elle n’était pas insensible au charme du brun et c’était un début. Elle nota ensuite un point négatif qui la tracassait : elle n’avait pas oublié Isaac, il était toujours dans un coin de son esprit. Elle rajouta le fait qu’elle adorait manger dans les points négatifs, après tout sa gourmandise était toujours à prendre en compte pour les grandes décisions… Après une bonne dizaine de minutes, l’une de ses collègues passa la tête au dessus de son épaule pour lire ce qu’elle avait noté. Elle releva la tête vers elle pour lui avouer ce qui la taraudait « Un homme m’a proposé de sortir ce soir, mais je sais pas quoi répondre… ». Sa collègue soupira, saisit son sopalin qu’elle froissa et jeta à la poubelle « Tu te poses trop de questions Justine ! Tu es jeune, tu es belle et tu es célibataire ! Alors profite-en ! ». La blonde fit la moue et fut forcée d’hocher la tête, elle avait raison. Après tout elle n’avait rien à perdre à y aller, elle ne pouvait que passer un bon moment. Elle saisit son téléphone et s’arma de courage pour écrire un texto « Je suis partante pour ce restau ! Je finis à 19h ma garde, on se retrouve devant l’hôpital vers 19h30 ? ». Elle releva la tête vers sa collègue « J’ai pas emmené de tenue pour un date moi… Ni de maquillage ! ». La brune lui sourit en levant les yeux au ciel « T’inquiètes, j’ai du maquillage, et pour la tenue t’en fais pas, je t’ai vu ce matin et t’étais plutôt bien sapée avec ta petite jupe ! ». Oui c’est vrai que Justine était pas trop mal habillée pour une fois, à croire qu’une partie d’elle avait deviné qu’elle aurait besoin d’être présentable aujourd’hui. Sa journée se termina enfin, et armée de la trousse de maquillage de sa collègue elle descendit aux vestiaires pour se changer. Elle remit les vêtements qu’elle avait laissé le matin même, détacha ses cheveux en les laissant tomber sur ses épaules et utilisa du mascara, un peu de gloss et de blush pour lui donner meilleure mine. Elle ferma son casier et sortit du vestiaire en saluant ses collègues au passage. Elle était mi stressée, mi impatiente de la soirée qu’il l’attendait. Une pensée s’imposa à elle, une pensée qui portait le prénom d’Isaac et elle chassa ces sentiments. Ce soir c’était avec Dimitri qu’elle serait, et il fallait qu’elle laisse toute cette histoire de côté et qu’elle passe un bon moment avec un homme qui, lui, en avait quelque chose à faire d’elle. Elle sortit sur le parvis de l’hôpital, essayant de trouver le brun. Elle l’aperçut assis sur un banc et se mit à marcher vers lui. Il se leva en la voyant arriver et elle lui sourit en s’approchant « Salut. ». Elle lui fit la bise et réajusta son sac à main sur son épaule pour occuper ses mains « Tu vas bien ? ».
L'hôpital n'avait jamais été l'endroit que Dimitri affectionnait le plus, mais depuis quelques années c'était devenu une habitude de déambuler d'un couloir à l'autre pour retrouver les mêmes distributeurs et acheter les mêmes snacks qui finiraient par lui rester sur l'estomac pendant que son père faisait sa batterie d'examens habituelle. Leur vie avait été bouleversée le jour où ses problèmes au cœur leur avaient fait prendre conscience à tous que celui qu'ils avaient toujours vu comme le socle indestructible de leur famille n'était pas éternel, et pour Dimitri en particulier qui s'était retrouvé avec un stand à gérer et des aspirations mises de coté sans qu'il ne songe à décevoir son père. C'était il y a sept ans et peu de choses avaient changé, si ce n'est que chaque rendez-vous faisait grandir un peu plus l'inquiétude qu'il intériorisait autant que possible depuis qu'il s'était promis de devenir un deuxième pilier sur lequel sa famille pourrait compter. Ça n'avait pas toujours été le cas et Dimitri le savait, et depuis deux ans ce pilier qu'il aurait voulu inébranlable peinait il est vrai à remplir son rôle. Le départ de Tamsin et la fin de trois années d'une histoire qu'il pensait elle aussi destinée à durer quels que soient les obstacles ou les épreuves l'avaient laissé complètement anéanti, incapable pendant les vingt-quatre derniers mois à ne serait-ce qu'envisager d'aller de l'avant. Parce que c'avait été brutal, parce qu'il n'avait pas compris pourquoi elle leur avait fait ça, et parce qu'il s'était longtemps raccroché à un espoir qu'au fond il savait vain depuis le jour où elle était partie. Dimitri en avait conscience, il n'avait pas été un cadeau durant ces deux années ni le soleil que sa mère et ses sœurs auraient mérité d'avoir dans leur vie, et c'est pour ça qu'il avait récemment décidé de faire des efforts. Pour tenter d'avancer comme on le lui conseillait chaque fois que le sujet était mis sur le table, et parce que ça ne rimait probablement à rien d'attendre après quelqu'un qui n'avait peut être simplement pas trouvé d'autre moyen de le quitter quand elle en avait ressentie l'envie. Et si depuis quelques semaines ses allers-retours à l'hôpital avaient aussi une saveur différente, c'est parce qu'il y avait fait la connaissance de Justine, une jolie infirmière dont la présence n'avait pas mis longtemps à le troubler. Leurs échanges lui avaient toujours fait beaucoup de bien, autant parce qu'elle avait toujours su trouver les mots pour lui faire oublier son inquiétude, que parce que pour la première fois depuis deux ans elle lui avait fait entrevoir un chemin qui pourrait bien être celui de la guérison et, peut être, un jour d'un nouveau départ. Si le fait qu'elle ait tout pour plaire était une chose qu'il s'était avoué depuis longtemps, c'est à force d'apprendre à la connaître que Dimitri s'était surpris à vouloir écouter son cœur qui pour une fois semblait prêt à cicatriser, c'est pourquoi il avait aujourd'hui décidé de l'inviter à dîner pour se lancer, voir ce que ça donnerait et s'il avait raison de penser qu'il y avait une chance pour qu'il ne la laisse pas complètement indifférente elle non plus. Sa réponse à son texto arriva au moment où il finit de remplir le frigidaire de ses parents chez qui il s'était éternisé après avoir accompagné son père à l’hôpital le matin même, et il étira un sourire. « Génial, va pour 19h30. Je commence à bien connaître le coin, c'est une chance. » Il dicta à son téléphone au moment de répondre, avant de quitter la cuisine pour rejoindre le salon et tomber sur son père qui lui lança un regard curieux. « Qu'est-ce que tu fais encore là, tu devrais pas être entrain de profiter de ton jour de congé ? Ta sœur m'a dit qu'elle te remplaçait au stand avec Billy, et les médecins disent que ça va, j'ai pas besoin que mon fils me chaperonne. » Réaction typique de son père, il n'était pas son fils pour rien, Dimitri était à peu près sûr qu'il avait du tenir le même discours trois ans plus tôt après son agression. « Justement, je sors ce soir. J'ai invitée Justine à dîner dehors. » Et parce qu'il avait plus souvent l'habitude de parler d'elle avec ses sœurs, il se sentit obligé de préciser. « Tu sais, l'infirmière. » Et vit aussitôt une lueur particulière passer dans le regard de son père, comme si ces quelques mots l'avaient débarrassé d'un poids invisible pesant sur ses épaules. Est-ce qu'il était un cas aussi désespéré que ça pour que sa famille accueille ce genre de nouvelles comme s'il leur annonçait avoir gagné le gros lot à la loterie ? Son célibat était visiblement une vraie source de préoccupation pour ses proches. « Alors ça c'est un jour à marquer d'une pierre blanche, celui où t'as suivi un de mes conseils. Je te l'ai dit, ça changera rien de continuer à te morfondre. » Dimitri leva les yeux au ciel avant d’acquiescer silencieusement, habitué à ce qu'on lui répète les mêmes choses depuis que Tamsin était partie et que chacun tentait de lui changer les idées à sa façon, comme si c'était si simple. « Tu sais que j'y vais doucement. » Et c'était déjà un grand pas pour lui d'inviter une fille à dîner malgré la crainte qu'il avait que ce soit trop tôt, ou trop tard, ou simplement plus pour lui. Pour une fois il avait envie de se laisser porter, et adviendrait ce qui doit advenir.
L'après-midi avait défilé à toute vitesse et Dimitri avait profité d'avoir un peu de temps libre pour faire le point sur ce qui se trouvait dans ses placards et trouver une tenue adaptée au rendez-vous de ce soir. Une tenue qui soit à la fois assez habillée pour montrer qu'il prenait ça au sérieux, mais pas trop pour que Justine n'ait pas l'impression qu'il allait mettre un genou à terre ou cherchait à l'impressionner pour lui faire oublier qu'il n'avait pas les moyens de l'inviter dans un restaurant de haut standing qui aurait sûrement été trop ambitieux lui aussi s'il ne voulait pas se mettre plus de pression encore que ce rendez-vous ne lui en mettait déjà. Une chemise repassée, une veste, ça trancherait assez avec ce qu'elle le voyait porter d'habitude à l’hôpital pour que ça fasse son petit effet, mais sans paraître « trop », ainsi Dimitri finit de se préparer avant de se mettre en route avec un peu d'avance. Question de galanterie, ça faisait peut être des années qu'il n'avait plus fait ça parce que la dernière fille qu'il ait invitée à sortir avait fini par partager sa vie pendant plus de trois ans et qu'avec Tamsin tout s'était ensuite enchaîné, mais Dimitri n'avait pas oublié. A vrai dire, même à cet instant il ne pouvait faire autrement que de penser à elle, et il savait tout au fond de lui que ce n'était pas une bonne chose, pas s'il voulait laisser une chance à ce rendez-vous. Alors il tâcha de faire le vide, assis sur un banc devant l’hôpital, avant de se lever lorsque la silhouette de Justine apparut au loin, lui souriant lorsqu'elle s'approcha. « Salut. » Il souffla en essayant de ne pas lui montrer qu'il était un brin anxieux lorsqu'ils se firent la bise et qu'il prit un instant pour la contempler. « Très bien, et toi ? Je suis content qu'on passe la soirée ensemble, tu es ravissante. » Il glissa dans un sourire un brin intimidé peut être, pas certain qu'il saurait quand s'arrêter et s'il risquait de mettre les deux pieds dans le plat en laissant tous les compliments qu'elle pourrait lui inspirer franchir ses lèvres tout au long de la soirée. L'invitant à marcher quelques pas pour se rapprocher du restaurant, il se tourna à nouveau vers elle. « Tu as faim ? J'ai sûrement pas été très original dans le choix du restau, mais je voulais pas te faire faire un détour après ta journée de travail. Et je me suis dit que ce serait toujours meilleur que la cafet' de l’hôpital. » Un sourire plus amusé étira ses lèvres tandis qu'il lui lança un regard qui en disait sûrement assez long sur le fait que le lieu n'était plus qu'un détail à ses yeux depuis qu'elle avait accepté son invitation. Mais un détail qu'il espérait à la hauteur du défi que représentait pour lui cette soirée.
Allez tourne, tourne, reste avec moi ◊ Dimitri & Justine2017 - Justine était loin d’être une pro en relations amoureuses. La dernière qu’elle avait eue remontait à l’époque du lycée. Elle était en terminale, pour la seconde fois, et avait donc 19 ans. Elle en avait maintenant 32 et elle n’avait rien connu d’autres que les bras et les lèvres du jeune Flavio. Elle n’était même pas sûre d’être réellement tombée amoureuse de ce garçon quand elle se rendait compte de tout ce qu’elle ressentait pour Isaac. Ils avaient couché ensemble une fois, avant qu’elle ne parte en école d’infirmières, et lui en école de commerce, se séparant en bons termes. Elle avait parfois honte de parler de ce passé à ses amis, car c’était maintenant une adulte et elle n’y connaissait rien. Elle était complètement à côté de la plaque niveau sentiments, et niveau relations physiques, et ça la rendait folle de se sentir totalement inexpérimentée à côté de ses fréquentations. Elle s’était dit à un moment que fréquenter quelqu’un de manière occasionnelle, juste pour le sexe, pouvait être une solution, mais elle ne se reconnaissait pas dans ce genre de relations, et avait préféré éviter. Elle était persuadée qu’elle s’était attachée à Isaac aussi fort car elle n’avait pas l’habitude, et que c’était de l’idéalisation avant tout. Elle avait besoin de se défaire de ses sentiments, elle n’était pas heureuse en vivant comme ça, en étant l’amie d’un homme qu’elle aimait. Elle avait suivi le conseil de sa collègue, et elle allait tenter de sortir avec une nouvelle personne. De découvrir quelqu’un, de recommencer à flirter, à s’ouvrir de nouveau. Elle ne voulait pas faire ça avec n’importe qui, elle avait essayé les applications de rencontre mais le système ne lui convenait pas. Quand elle avait rencontré Dimitri, même si les circonstances n’étaient pas des plus joyeuses, elle s’était dit pourquoi pas ? Le jeune homme était charmant, et il était vraiment gentil, passer du temps avec lui était agréable et elle n’avait aucune raison de refuser d’en passer plus. Elle n’avait pas osé lui proposer de sortie, étant trop maladroite avec ça, et ayant peur de paraître ridicule. Elle n’était pas du tout du genre à penser que c’était l’homme qui devait faire le premier pas et ce genre de choses, mais pour le coup, ça lui paraissait tellement loin de flirter qu’elle se sentait complètement démunie. Elle était donc heureuse et soulagée d’avoir reçu un message de sa part. Ils pourraient enfin passer du temps ensemble, en dehors de cet hôpital, dans une ambiance plus sympa. Même si ça ne restait que le restaurant à deux pas de celui-ci, l’ambiance là-bas était quand même sympa, et la nourriture était vraiment bonne. De toute façon, Dimitri allait vite découvrir que Justine n’était pas difficile en termes de nourriture, et pour parler à son cœur, il fallait avant tout s’adresser à son estomac. Elle avait quand même un peu paniquée à l’annonce de ce rencard, estimant ne pas être assez bien habillée. Après 13 ans sans avoir eu de rendez-vous galants, elle avait un peu perdu l’habitude, et ne savait plus s’il fallait mettre le paquet. Sa collègue la rassura directement, et elle était tout de suite plus sereine à l’idée de cette soirée. Il est vrai que le restaurant n’était pas non plus gastronomique, et Dimitri savait très bien qu’elle travaillait et donc qu’elle n’aurait pas forcément l’occasion de choisir une tenue adaptée. Son téléphone vibra de nouveau quand elle reçut sa réponse « Génial, va pour 19h30. Je commence à bien connaître le coin, c'est une chance. ». Elle sourit en verrouillant son écran et rangeant son téléphone dans la poche de son uniforme. Elle avait maintenant hâte de passer du temps avec lui. C’était vraiment un homme charmant, dans tous ses aspects, et elle avait vraiment envie de croire que c’était le début de quelque chose, et surtout la fin de sa tourmente qui portait le prénom d’Isaac. Elle avait besoin d’aller de l’avant, autant pour elle-même que pour lui. Leur amitié était précieuse, et les sentiments amoureux n’étaient pas les bienvenus. Elle allait faire de son mieux pour que tout se passe bien, en commençant par se préparer. Son esprit était partagé entre le stress, qui venait de l’inconnu, et l’excitation, qui venait également de l’inconnu. Justine avait peur d’être maladroite, de ne pas plaire au jeune homme, d’avoir un morceau de nourriture coincée entre les dents, de renverser des choses, ou autres actes qu’elle pouvait facilement faire. Mais elle avait hâte, de discuter, de découvrir plus de choses au sujet de Dimitri, de partager de nouvelles choses. Elle avait déjà décrété qu’elle ne prendrait rien qui contenait de la salade ou des épinards, car les films et séries avaient su lui montrer que c’était toujours une mauvaise idée. Elle comptait également éviter les ingrédients qui pouvaient donner mauvaise haleine, car ce n’était jamais agréable de sentir le souffle puant d’une personne en discutant. Elle finit par sortir de l’hôpital, serrant ses bras autour d’elle pour stopper les légers frissons qui la parcouraient. Elle s’approcha de Dimitri qui attendait sur un banc « Salut. ». Il était vraiment bien habillé, c’était élégant tout en n’étant pas too much, et Justine espérait ne pas faire tache à ses côtés « Très bien, et toi ? Je suis content qu'on passe la soirée ensemble, tu es ravissante. ». Elle ne put s’empêcher de sourire en baissant la tête, pour tenter de camoufler la rougeur qui avait envahie son visage « Je vais bien, merci. Ça me fait vraiment plaisir aussi, et ça change de nos habitudes en plus. Merci, je te renvoie le compliment ! ». Ils commencèrent à marcher lentement vers le restaurant et Justine réajusta la bretelle de son sac à main sur son épaule, décoinçant les mèches de cheveux qui s’y étaient prises « Tu as faim ? J'ai sûrement pas été très original dans le choix du restau, mais je voulais pas te faire faire un détour après ta journée de travail. Et je me suis dit que ce serait toujours meilleur que la cafet' de l’hôpital. ». Justine releva ses yeux vers lui en hochant la tête « Je meurs de faim oui, mon dernier repas était à 11h30 et j’ai eu trop de choses à faire pour manger dans la journée… ». Elle desserra un peu ses bras, les frissons se calmant, elle se sentait un peu mieux « C’est vraiment attentionné de ta part ! J’espère que ça ne te fait pas trop de trajet à toi au moins. Eh oui je te rassure, c’est bien meilleur que la cafet de l’hôpital ! ». Ce n’était pas compliqué de faire meilleur en même temps. Même s’ils avaient la chance d’avoir un choix varié, ce n’était pas les repas du siècle. Le restaurant lui avait une carte assez courte, mais ce n’était que du fait-maison, ce qui était appréciable. Elle plongea son regard dans le sien, lui souriant au passage. Il avait un regard accrocheur, plutôt envoutant, et c’était agréable de se laisser s’y perdre. Ils arrivèrent quelques minutes plus tard devant la porte du restaurant et Justine leva un sourcil « Je ne t’ai pas demandé, mais tu as une réservation ? ». Elle poussa la porte, et se glissa dans l’entrée de la salle. Les odeurs de nourriture venaient taquiner ses narines, ce qui déclencha un gargouillis joyeux de son estomac. Elle porta la main à son ventre, comme pour lui faire comprendre d’arrêter ce bruit, en espérant que toute la salle n’avait pas entendu que son appétit était plutôt énorme
L'émotion particulière qu'il avait cru déceler dans le regard de son père avait laissé Dimitri silencieux quelques secondes avant qu'il ne se décide à rejoindre son appartement pour se préparer avant son rendez-vous. Il savait, depuis le temps, que sa famille avait à cœur qu'il réussisse à tourner la page, et cette histoire avec Tamsin qui aujourd'hui encore le faisait souffrir sans qu'il ne s'autorise plus à le montrer, en partie parce qu'il s'en voulait de ne pas savoir lâcher prise, même après deux ans. Il s'en voulait de continuer à se poser les mêmes questions, d'être envahi des mêmes doutes, de ressasser la même inquiétude même alors qu'elle l'avait sûrement rayé de sa vie le matin où elle avait emprunté la porte sans regarder derrière elle. Ou pas assez longtemps pour que ça ait suffi à la convaincre de rester. Il s'en voulait d'être ce type incapable de faire de nouveau une place à quelqu'un dans sa vie, et qui peut être avait déjà laissé passé plusieurs occasions de potentiellement la reconstruire. Mais surtout, il s'en voulait d'agir depuis deux ans comme si sa famille était contre lui chaque fois qu'elle l'encourageait à aller de l'avant, quand tout ce qu'ils demandaient c'était qu'il aille mieux. Alors même si l'appréhension était palpable, même si la simple idée de dîner avec une femme qui méritait qu'il laisse une vraie chance à ce rendez-vous l'angoissait au point qu'il dut vérifier par deux fois qu'il avait bien envoyé le nom du restaurant à Justine, c'était aujourd'hui l'occasion de se prouver qu'il pouvait aussi décider de se reprendre en mains. D'essayer, en tout cas. Dimitri se rappelait de la première fois qu'il l'avait vue, elle l'infirmière dévouée et brillante qui voyait défiler des types comme lui par centaines dans les couloirs de l’hôpital et devait avoir l'habitude que certains lui montrent un intérêt pas tout à fait désintéressé quand elle prenait le temps de répondre à leurs sourires ou de les rassurer comme elle l'avait fait la première fois qu'elle l'avait trouvé attendant les résultats des examens de son père. Mais même s'il ne s'était pas fait d'illusions au départ, même si une partie de lui ne s'en faisait toujours pas aujourd'hui, quelque chose chez Justine lui avait donné envie de braver le pressentiment qu'il avait eu qu'une fille comme elle, dans ce monde-ci du moins, ne pourrait jamais vraiment s'intéresser à un mec comme lui. Que si Tamsin était partie, elle, la femme qu'il croyait connaître par cœur et avec qui il s'était imaginé vieillir, alors personne n'aurait probablement jamais plus envie de lui faire une place à ses cotés, de composer avec ses défauts, et ce qui faisait qu'il n'était pas toujours quelqu'un de facile à comprendre. Mais Justine dégageait une telle douceur qu'il s'était surpris à y croire un peu plus chaque fois où leurs chemins s'étaient recroisés, chaque fois qu'il s'était autorisé une approche, qu'il avait parlé d'elle comme si quelque part il attendait juste qu'on lui dise ne pas s'emballer, de ne pas se faire d'idées. Mais personne n'avait jamais rien dit, sans doute parce que tout le monde avait voulu se convaincre qu'il était enfin en bonne voie de passer à autre chose, alors Dimitri s'était accroché à ses espoirs un peu plus fort qu'il ne l'avait prévu au départ. Et aujourd'hui, à quelques minutes de la retrouver devant l'hôpital, une petite partie de lui se disait que ça en valait la peine, quoi qu'il puisse advenir. Car qu'est-ce qui pourrait bien arriver ? Dans le meilleur des cas, il parviendrait enfin à avancer auprès de quelqu'un qui lui redonnerait envie de sourire. Dans le pire des cas, il saurait que les relations amoureuses ne lui réussissaient pas.
Le vacarme de ses pensées fut interrompu par l'arrivée de Justine, à quelques mètres du banc où il s'était assis, et la première chose qui lui vint à l'esprit fut que ce n'était pas désagréable, de se voir en dehors de l'enceinte de l’hôpital. Sa présence était souvent l'une des rares choses qui sachent lui changer les idées lorsqu'il s'y rendait, et ça lui permettait aussi de la découvrir autrement que comme l'infirmière qui s'était toujours montrée si avenante avec lui. Et puis, ça avait quelque chose de troublant de la voir ainsi après ne l'avoir toujours connue que dans sa blouse blanche, certes plutôt habile pour éveiller l'imagination quand il la voyait traverser un couloir et l'imaginait aller aider quelqu'un qui en avait besoin, mais qu'il ne regrettait pas maintenant qu'il la découvrait telle qu'elle était dans la vie de tous les jours, non sans rougir légèrement à l'idée qu'elle ait peut être enfilé cette tenue pour marquer le coup comme lui avait essayé de son coté. Rien d'exceptionnel, mais de quoi montrer qu'il prenait ce rendez-vous au sérieux et n'invitait pas des infirmières à dîner tous les soirs. Ce serait sûrement moins triste, mais il en était loin. « Merci. Je réalise que c'est la première fois qu'on se voit en dehors de l'hôpital, j'espère qu'on enfreint aucune règle à partir du moment où je suis pas ton patient. » L'idée étira un sourire amusé sur ses lèvres, parce que si Dimitri n'avait rien contre une touche d'interdit, la dernière chose qu'il voulait c'était lui attirer des ennuis. Mais il y avait sûrement peu de risques qu'on leur reproche quoi que ce soit si ça se savait, n'étant pas un de ses patients ni quelqu'un dont elle se soit déjà directement occupée. La déontologie devrait donc ne pas poser de problèmes. Justine lui affirma être affamée, et il comprit qu'en effet le boulot d'infirmière ne permettait pas de multiplier les pauses. « Si j'avais su, je t'aurais donné rendez-vous plus tôt mais je suis pas sûr que ta direction aurait apprécié que tu abandonnes tes patients pour partir dîner avec moi. » Et Justine avait tout sauf le profil de l'infirmière capable de lâcher ses patients sur un coup de tête, au contraire elle lui avait toujours parue profondément dévouée et c'était une chose qui ne pouvait pas laisser indifférent. « Non, t'en fais pas, j'habite pas si loin d'ici. Et j'ai pris l'habitude d'emprunter ce chemin depuis que mon père a régulièrement des rendez-vous à l’hôpital, j'avais juste jamais pensé à venir manger ici avant ce soir. » Il confessa lorsqu'ils arrivèrent à quelques mètres de la devanture du restaurant dont il avait entendu pas mal de bien mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion de tester avant aujourd'hui, en partie parce qu'il n'était généralement pas accompagné comme il l'était ce soir. Leurs regards se croisèrent un instant et un plus timide sourire gagna les lèvres de Dimitri, qui réagit après une seconde de flottement, durant laquelle il se perdit dans ses pensées et peut être bien dans la clarté de ses yeux. « Oh, j'aurais du te proposer ma veste, t'as pas trop froid ? » Il demanda, un peu embêté, avant de préciser. « Je suis désolé, je... j'ai du perdre certains automatismes. Si t'étais pas encore sûre que j'avais pas l'habitude de ce genre de soirées, maintenant t'as plus trop de doute à avoir. » Il laissa échapper un rire nerveux, embarrassé à l'idée qu'elle doive maintenant se dire qu'il n'avait pas du inviter une fille à dîner depuis des lustres, ce qui n'était pas une chose qu'il souhaitait laisser transparaître de cette façon, alors qu'il faisait de son mieux pour oublier que tout ça, au fond, le terrorisait pas mal. « Oui, j'ai réservé cette après-midi pour m'assurer qu'on aurait de la place, on m'a dit que c'était souvent plein le soir. Après toi. » Justine et lui entrèrent ainsi à l'intérieur tandis qu'il lui tint la porte et Dimitri se dirigea vers l'hôtesse d'accueil qui releva les yeux vers lui. « Bonsoir, on a une réservation pour deux, au nom d'Horowitz. J'ai appelé tout à l'heure. » Chose qu'il n'avait pas l'habitude de faire en temps normal, mais ce n'était pas exactement une soirée comme les autres et il n'avait pas voulu prendre le risque de se retrouver sans table face à Justine, qui devait s'attendre à ce qu'il ait la situation bien en mains. « Bien, suivez-moi. » L'hôtesse les conduisit jusqu'à une table au milieu de la salle, tandis que les cartes les attendaient déjà à leur place. Un moment toujours un peu compliqué et stressant pour Dimitri, qui savait qu'il y avait un risque pour qu'il ne soit pas capable de déchiffrer certains plats du menu, surtout sous le coup d'un tel trac. Mais il ne pouvait pas se permettre de montrer quoi que ce soit, raison pour laquelle il aida Justine à s'installer avant de prendre place face à elle. « Tu sais déjà ce qui te ferait envie ? Si t'as très faim on peut commander l'apéritif et des starters à partager. On va bien trouver une raison de trinquer, non ? » Il proposa dans un sourire et un regard teinté de malice, en croyant voir qu'ils proposaient quelques mets pour patienter. Ça pouvait ou bien ouvrir l'appétit, ou bien faire patienter un estomac qui criait famine, et celui de Justine semblait avoir grand besoin d'être un peu rempli. Et plus qu'en avoir pour son argent vu les prix qu'il croyait déjà déchiffrer sur la carte, Dimitri voulait surtout lui faire plaisir.
Allez tourne, tourne, reste avec moi ◊ Dimitri & Justine2017 - Passer une soirée entière avec Dimitri était quelque chose que Justine appréhendait, autant qu’elle attendait avec impatience. Elle n’avait pas eu de rendez-vous depuis l’époque du lycée. Et le dernier devait avoir eu lieu dans un fast-food que tous les lycées fréquentaient, entre deux cours, sur la pause du midi. Elle était complètement rouillée en terme de flirt, et elle espérait vraiment ne pas se ridiculiser et faire fuir le beau brun. Elle se disait quand même que s’il l’avait invité, c’est qu’il avait cerné quelque chose chez elle, et elle devait un minimum lui plaire. On n’était plus à l’époque de l’école, où on invitait une fille pour un pari débile, alors la blonde supposait qu’il y avait une certaine alchimie derrière tout ça. Elle mentirait si elle disait qu’il n’y avait rien de son côté à elle, elle était clairement attirée par Dimitri. Il avait l’air d’être quelqu’un de fascinant, et elle n’avait qu’une envie : apprendre à le connaître encore plus. Hors du cadre de l’hôpital était encore mieux, car elle savait désormais qu’elle n’était pas juste une façon de passer le temps pour lui quand il attendait son père. Elle avait profondément envie de croire que Dimitri pourrait être le début d’un nouveau chapitre de sa vie, la fin de ses tourments amoureux, de son amour non partagé. Elle espérait qu’il était dans le même état d’esprit qu’elle, mais elle le découvrirait au fil des moments passés ensemble. Car si elle était bien sûre d’une chose, c’était qu’ils allaient passer encore de nombreux moments tous les deux. Elle espérait que la simple jupe en daim marron, et le chemisier noir légèrement transparent, qu’elle avait mis aujourd’hui suffiraient à plaire au jeune homme, et feraient suffisamment passer le message de « Je prends ce rendez-vous au sérieux ». Le léger maquillage qu’elle avait appliqué sur son visage faisait également soigné, et confirmait le fait qu’elle avait voulu se faire jolie pour lui, pour lui plaire. C’était bien le début du flirt ça, non ? Vouloir attirer l’œil de l’autre, faire en sorte qu’il nous remarque, qu’il se dise « oh elle est jolie ». Elle rejoignit Dimitri directement après s’être préparée. Il devait sans doute être venu en avance, il marquait déjà sans le savoir des points auprès de la blonde qui était pointilleuse sur la ponctualité « Merci. Je réalise que c'est la première fois qu'on se voit en dehors de l'hôpital, j'espère qu'on enfreint aucune règle à partir du moment où je suis pas ton patient. ». Elle répondit à son sourire « Ne t’en fais pas, aux dernières nouvelles ton père n’est pas hospitalisé dans mon service en pédiatrie ! Rien ne peut nous relier, on est dans la légalité. ». Elle lui glissa un clin d’œil, amusée et marcha à ses côtés, profitant de la douceur de la soirée et du calme qui régnait à l’extérieur. L’hôpital était toujours agité, entre les patients qui sonnaient, les infirmières qui couraient partout et les nombreuses visites durant l’après-midi, c’était un vacarme continuel. La blonde appréciait donc de sortir de ce lieu, de n’entendre que leurs pas sur le béton et les quelques voitures qui circulaient « Si j'avais su, je t'aurais donné rendez-vous plus tôt mais je suis pas sûr que ta direction aurait apprécié que tu abandonnes tes patients pour partir dîner avec moi. ». Elle hocha doucement les épaules, un sourire dans la direction du beau brun « Mmh effectivement, bien que je m’entende plutôt bien avec ma patronne, je pense qu’il lui aurait fallu une meilleure raison de quitter plus tôt ! ». Si ça ne tenait qu’à ses collègues en revanche, elle aurait été expulsée à la seconde où elle avait reçu l’invitation du jeune homme. Elles tenaient tellement à la caser qu’elles auraient sauté sur l’occasion pour l’envoyer s’acheter une tenue et autres préparatifs pour l’occasion. Elles étaient énormément à être casées, voire mariées et avaient des enfants. Justine était un peu l’enfant du groupe, sans pour autant être la plus jeune « Non, t'en fais pas, j'habite pas si loin d'ici. Et j'ai pris l'habitude d'emprunter ce chemin depuis que mon père a régulièrement des rendez-vous à l’hôpital, j'avais juste jamais pensé à venir manger ici avant ce soir. ». Elle leva ses yeux vers lui « Je comprends, quand tu es beaucoup à l’hôpital pour des problèmes de santé, tu n’as pas forcément envie de rester dans le coin pour manger, t’as besoin de t’éloigner un peu. ». Elle était extrêmement compatissante envers Dimitri et son père, ayant elle-même perdu le sien. Même s’il n’était pas malade, même si ça avait été brutal et inattendu, c’était toujours un sujet difficile pour elle, et elle ne pouvait que comprendre les épreuves que le jeune homme traversait. Elle lui adressa un regard compatissant, appuyé d’un léger sourire. Elle ne voulait pas trop l’embêter avec ses problèmes de santé en ce jour de rencard et n’insista pas plus. S’il avait besoin d’en parler, il savait qu’elle était toujours à l’écoute et qu’elle l’écouterait et le consolerait « Oh, j'aurais du te proposer ma veste, t'as pas trop froid ? ». Justine secoua rapidement sa tête, ne voulant pas le faire culpabiliser « Oh non ne t’en fais pas, je me réadapte juste à la température extérieure ! Le service de pédiatrie est vraiment surchauffé pour éviter que les enfants n’attrapent un rhume en plus de tous leurs soucis ! ». Elle lui sourit, se voulant rassurante « Je suis désolé, je... j'ai du perdre certains automatismes. Si t'étais pas encore sûre que j'avais pas l'habitude de ce genre de soirées, maintenant t'as plus trop de doute à avoir. ». Elle grimaça légèrement, non pas car il lui avait avoué ne pas avoir fait ça depuis longtemps, mais car elle ne se reconnaissait que top bien dans ses paroles « Tu n’as pas à t’excuser, honnêtement j’étais à peine majeure la dernière fois que j’ai eu un rendez-vous… Alors on est deux, c’est parfait, même rassurant. ». Au moins elle n’avait pas affaire à un pro des rancards, devant qui elle se sentirait intimidée. Ils s’approchèrent de la porte d’entrée du restaurant « Oui, j'ai réservé cette après-midi pour m'assurer qu'on aurait de la place, on m'a dit que c'était souvent plein le soir. Après toi. ». La blonde lui adressa un sourire de remerciement et entra « Oui tu as eu raison, je pense que pas mal de personnes qui travaillent à l’hôpital viennent manger ici pour ne pas avoir à cuisiner en rentrant. ». Elle suivit Dimitri qui alla s’adresser à la femme qui gérait l’accueil « Bonsoir, on a une réservation pour deux, au nom d'Horowitz. J'ai appelé tout à l'heure. ». Elle tapa rapidement sur le clavier de son ordinateur et hocha la tête quand elle trouva le nom de Dimitri « Bien, suivez-moi. ». Les deux jeunes gens suivèrent la femme dans le restaurant, traversant la salle et arrivant à une table au milieu « Merci. ». Elle adressa un sourire à la jeune femme qui lui rendit et retourna à son poste. Justine retira sa veste et la déposa sur le dossier de sa chaise. Dimitri tira sa chaise pour qu’elle puisse s’asseoir et la blonde fut touchée de cette douce attention, il avait vraiment tout d’un gentleman et ne cessait de marquer des points « Merci. ». Elle sourit et replaça ses cheveux qui s’étaient mis dans tous les sens quand elle avait retiré sa veste « Tu sais déjà ce qui te ferait envie ? Si t'as très faim on peut commander l'apéritif et des starters à partager. On va bien trouver une raison de trinquer, non ? ». Elle secoua la tête pour la première partie de sa question. Elle ne voulait pas prendre encore une fois la même chose, ce soir elle avait envie de bouleverser ses habitudes, continuer dans sa lancée de nouveauté « Je pense essayer quelque chose de nouveau… Par contre je suis partante pour un apéritif, et bien sûr qu’on trouvera de quoi trinquer ! ». Elle afficha un large sourire, dévoilant ses dents, et plongea son regard dans le menu devant elle, consultant les différentes boissons proposées « Heureusement que je suis venue en bus ce matin, pas besoin de me priver d’un verre d’alcool ! ». C’était vraiment rare qu’elle prenne le bus, mais ce matin elle n’avait pas envie de conduire, elle avait envie de se laisser porter « Je pense que je vais prendre un verre de vin blanc… ». Elle regarda la partie consacrée aux gourmandises à partager « Avant tout, tu aimes tout ? ». Elle plongea son regard dans celui du brun, un sourire au coin des lèvres « Si tu aimes tout je te propose la planche à partager, c’est un regroupement de tous leurs apéritifs ! ». Elle referma la carte, et posa ses mains sur la table.
Probablement qu'il y a encore quelques mois, Dimitri n'aurait jamais osé proposer à Justine de sortir dîner ni n'aurait fini par suivre les conseils que ses sœurs ne cessaient de lui donner lorsqu'elles l'encourageaient à se laisser une chance de tourner la page de son histoire avec Tamsin pour aller de l'avant auprès de quelqu'un qui peut être saurait enfin la lui faire oublier. Mais s'il s'était souvent évertué à repousser leur aide, il était forcé d'avouer que ça ne lui avait jusqu'ici pas vraiment réussi, et alors qu'il y avait tant de jeunes femmes dehors à qui il pourrait laisser une chance de lui prouver qu'il y avait peut être encore quelque chose pour lui quelque part, même si la bonne personne ne se trouverait pas au coin de la rue ou qu'il y avait toujours le risque pour qu'il connaisse d'autres déceptions. S'autoriser à vivre, c'était prendre ce genre de risques et ça faisait bien longtemps que Dimitri ne se l'était pas autorisé. Qu'est-ce qu'il attendait, au juste, quand il fixait son reflet dans la glace et était frappé par le vide abyssal qui régissait sa vie ? Peut être quelqu'un qui saurait à nouveau l'aimer pour ce qu'il était, à qui il suffirait et qui lui suffirait en retour. Ou peut être juste une présence qui lui donnerait l'impression qu'il y avait plus pour lui dehors que juste des nuits sans lendemain, des étreintes éphémères partagées à la lumière de la lune et évaporées au lever du jour. Dimitri était pour autant terrifié à l'idée de passer cette soirée avec Justine, que jusqu'ici il n'avait toujours côtoyée qu'entre les murs de l'hôpital, et alors que pour la première fois depuis leur rencontre c'est seuls qu'ils passeraient les prochaines heures. Il avait attendu cette soirée avec une telle impatience et ressentait une telle envie de bien faire et de lui prouver qu'il ne prenait rien de tout ça à la légère que la seule idée de faire un faux pas l'angoissait. Tout ça remontait à longtemps pour lui et la dernière fois qu'il avait invité une femme au restaurant aussi, et pourtant ce qu'il croyait avoir cerné de Justine lui faisait dire qu'il avait raison de croire que pour elle aussi, tout ça signifiait peut être quelque chose. Que ce n'était peut être pas uniquement sa douceur et son empathie qui parlaient quand elle s'était montrée si gentille avec lui, et que c'était par envie qu'elle avait accepté ce dîner et non pas parce qu'elle s'y était sentie obligée.
Et à la voir si apprêtée, probablement aussi nerveuse que lui mais souriante et aussi chaleureuse qu'à son habitude, il avait l'intuition que cette soirée ne pouvait que bien se passer. Elle était venue, c'était leur première vraie rencontre hors de l'hôpital, et ça avait quelque chose d'exaltant. « Heureusement. Mon père n'est pas un patient particulièrement docile et pour lui avoir un peu parlé de toi, je sais qu'il t'accablerait de questions. » Dimitri souffla d'un air à la fois amusé et quelques peu soulagé à l'idée qu'ils ne soient entrain d'enfreindre aucune règle en se trouvant ici tous les deux, avant de lui préciser dans un sourire en coin. « Il a bien fallu que je lui explique pourquoi un aller-retour jusqu'au distributeur me prenait parfois vingt-cinq minutes. » Et il sentit une pointe d'embarras l'envahir à l'idée de le lui confier, passant une main contre sa nuque pendant qu'ils continuaient d'avancer en direction du restaurant, peut être simplement parce qu'ainsi elle saurait qu'il ne s'était pas contenté de lui porter de l'intérêt et n'avait pas fait un secret de leurs discussions auprès de ses proches. C'est à ses sœurs qu'il en avait d'abord parlé, pour la simple raison qu'ils se disaient tout et qu'il pensait qu'elles apprécieraient de savoir qu'il se sentait attiré par quelqu'un, mais c'était pour leur père qu'ils se rendaient régulièrement à l'hôpital et croire que celui-ci ne comprendrait pas ce qui se tramait aurait été naïf de sa part. Dimitri comprit que sortir du cadre de l'hôpital ferait véritablement du bien à Justine, qui ne comptait pas ses heures et ne devait pas si souvent dîner dehors. « Ça vaut mieux pour tes patients, parce que je ne serais pas étonné que tu aies du succès entre les murs de l'hôpital. Mais peut être que je suis le seul type assez fou pour avoir osé t'inviter à dîner. » Son regard amusé croisa le sien, imaginant sans mal qu'une infirmière aussi jolie et dévouée devait régulièrement attirer l'attention des hommes de l'hôpital, qu'ils y travaillent ou s'y rendent régulièrement comme c'était son cas. Justine n'avait pourtant pas l'air d'être habituée à ce genre de sorties, et quelque part ça le rassurait davantage que s'il avait du jouer des coudes entre ses admirateurs, mais c'était peut être uniquement parce que personne n'était généralement assez fou pour lancer ce genre d'invitation dans les couloirs d'un hôpital. « C'est vrai, je mentirais si je disais que ces moments à l'hôpital sont ceux que je préfère partager avec lui. Mais je vous admire tous beaucoup pour ce que vous faites pour les gens comme mon père, ou dans ton cas pour les enfants. Ça doit être un boulot ultra enrichissant. » Et si lui n'avait souvent qu'un aperçu assez angoissant de la vie à l'hôpital depuis que son père y était suivi, Dimitri avait conscience de tout ce que ces gens accomplissaient et des miracles qui y voyaient aussi le jour. Il ne voulait pas donner l'impression à Justine que c'était uniquement l'admiration qu'elle lui inspirait qui l'avait incité à l'inviter, mais il était impressionné et ne pouvait pas prétendre que ça ne le troublait pas un peu plus. S'apercevant qu'elle devait avoir froid et qu'il aurait été judicieux qu'il lui propose sa veste tant qu'ils n'étaient pas encore trop près du restaurant, Dimitri se sentit obligé de confesser qu'il n'avait plus l'habitude de ce genre de soirées, face au regard compréhensif et rassurant de Justine. « Alors je comprends que le choc puisse être rude une fois dehors. » Et même si le printemps s'installait et qu'il faisait bon à cette période de l'année. Dimitri étira un nouveau sourire, qui s'élargit lorsqu'elle confia à son tour n'être plus du tout habituée à ces rendez-vous. Rassurant, c'était bien le mot. « Dans ce cas j'espère que tu seras ensuite heureuse de pouvoir te rappeler de celui-ci. J'ai quand même un peu la pression. » Il rit doucement et échangea avec Justine un regard qui à lui seul traduisait le fait qu'il était lui-même heureux de partager cette soirée avec elle, et même si maintenant il avait d'autant plus envie que les choses se passent bien et qu'elle garde de ce dîner un bon souvenir. Entrant dans le restaurant, il se pencha légèrement pour lui glisser à l'oreille. « Si tu crains de tomber sur tes collègues, on peut encore faire demi-tour. Tu n'as qu'un mot à dire. » Puis lui adressa un clin d’œil amusé, pas sérieux même s'il devait y avoir plus confortable que de se retrouver à la table voisine du collègue qu'on avait quitté une heure plus tôt et qu'on ne tenait pas forcément à avoir aux premières loges à ce genre d'occasions. L’hôtesse d'accueil les plaça à une table au centre de la salle et c'est une fois assis que Dimitri déboutonna sa veste et s'enquit des préférences de Justine, qui semblait séduite par l'idée de prendre l'apéritif. « Parfait. On vient d'établir que ni toi ni moi n'avions plus l'habitude de ce genre de soirées, et pourtant on est là. Je pense que c'est une raison suffisante de trinquer. » Il suggéra en relevant vers elle un regard malicieux, étudiant la carte qu'il avait sous les yeux et qui par chance reprenait pas mal de noms qui lui étaient familiers ou qu'il avait appris par cœur. La remarque de Justine le tira alors de ses pensées. « Oh je suis garé au bout de la rue, je te raccompagnerai si tu veux. Comme ça la question de l'alcool n'a définitivement plus lieu d'être. » C'était juste une proposition qu'elle était libre de décliner, mais ça le rassurerait de ne pas la savoir dans un bus aussi tard et si elle devait avoir bu un peu d'alcool pendant le repas. Et ce serait loin de le déranger de la déposer chez elle. « Dans ce cas je te suis. » Il rebondit dans un sourire, lorsqu'elle opta pour un verre de vin blanc, songeant que ce ne serait pas un mauvais choix pour un dîner et que ça se mariait avec une multitude de plats. « J'aime tout oui, alors la planche à partager sera parfaite. Et j'ai pas non plus d’allergie connue, ce qui ne serait pas un si gros problème étant donné que je dîne avec une infirmière. » Le coin de ses lèvres s'étira au moment où la serveuse vint prendre le début de leur commande, moment où son regard quitta le sien pour énoncer ce qu'ils avaient décidé de prendre en apéritif. « Un apéritif, c'est noté. Votre femme et vous souhaitez commander la suite maintenant ? » Dimitri eut un léger moment de flottement et posa sur Justine un regard rieur, un peu embarrassé tandis que d'un mouvement de tête légèrement hésitant il déclina. « Nous ne sommes pas... enfin, non, on commandera le reste plus tard. Merci. » La serveuse parut un peu confuse et disparut sans demander son reste, probablement consciente d'avoir fait une légère bourde, laissant derrière elle un léger silence se réinstaller l'espace d'une ou deux secondes, et que Dimitri brisa au moment de reprendre la parole. « Désolé, c'est sûrement parce que j'ai réservé uniquement sous mon nom. Elle a pas du voir qu'on portait pas d'alliance... et j'imagine que ça veut dire qu'on a pas l'air si tendus que ça. » L'idée prêtait à sourire et n'était pas désagréable étant donné qu'à choisir d'être associé à quelqu'un, il y avait clairement pire que d'être pris pour le mari de Justine. Ce qui l'inquiétait un peu plus, c'était que la maladresse de la serveuse puisse la mettre mal à l'aise, ce qui était la dernière chose qu'il souhaitait.
Allez tourne, tourne, reste avec moi ◊ Dimitri & JustineL’infirmière n’aurait jamais osé inviter Dimitri à se voir en dehors de l’hôpital. Non pas que l’envie lui manquait, seulement une grande timidité qui l’en empêchait. Malgré le fait qu’elle était plutôt à l’aise en sa présence, elle ne savait pas ce qui se passait dans sa tête, et s’il avait forcément envie de la voir en dehors du cadre de l’hôpital. Après tout, elle était peut-être seulement une infirmière avec qui il appréciait passer du temps quand il était forcé d’accompagner son père faire des examens, mais il n’avait pas forcément envie de passer volontairement quelques heures à ses côtés. Elle avait donc été profondément rassurée de se voir inviter à dîner car maintenant elle n’avait plus aucun doute à son sujet. Ils allaient enfin pouvoir se voir comme deux personnes normales, et non pas comme une infirmière et le fils d’un patient. L’envie de le connaître un peu plus avait grandi en elle, et elle avait hâte d’en apprendre plus sur lui, et également de s’ouvrir à lui. Les quelques moments qu’ils avaient pu passer ensemble, elle l’avait surtout réconforté, encouragé et avait très peu parlé d’elle-même, alors c’était le moment où jamais. Elle avait le pressentiment qu’ils pourraient passer de très bons moments ensemble, et elle avait vraiment envie d’y croire. « Heureusement. Mon père n'est pas un patient particulièrement docile et pour lui avoir un peu parlé de toi, je sais qu'il t'accablerait de questions. ». La blonde rejoignit son air amusée, admirant le brun qui était face à elle « De tout ce que tu as pu me dire de lui, il a l’air d’être un homme adorable, alors j’aurai répondu à ses questions avec plaisir ! ». Elle lui adressa un sourire, sincère. Elle aime l’échange dans toutes ses formes, elle apprécie communiquer avec les gens et arrive très facilement à être sociable. C’est quand il s’agit de réellement se confier, s’ouvrir à une personne, que ça devient plus compliqué. Avec le départ précipité de sa sœur, le décès de son père, elle a construit de nombreuses barrières, et ne les ouvre que très rarement. Elle est d’ailleurs incapable de se souvenir de la dernière personne à qui elle s’est ouverte, hormis son grand frère. Personne n’est au courant de ce qui est arrivé dans sa famille, les gens savent brièvement qu’elle a perdu son père, mais ne sont pas au courant de sa dépression, des nombreuses séances chez le psy et surtout de la trahison de sa propre sœur. Au fond d’elle, elle souhaite de tout son cœur trouver quelqu’un avec qui elle pourra laisser tomber ses barrières, et enfin pouvoir se confier. Elle est tirée de ses pensées par la voix du jeune homme qui poursuit « Il a bien fallu que je lui explique pourquoi un aller-retour jusqu'au distributeur me prenait parfois vingt-cinq minutes. ». Elle ne put s’empêcher de rougir légèrement, un petit sourire niais sur ses lèvres à ses paroles. Ça lui faisait chaud au cœur de savoir que Dimitri avait parlé d’elle à ses proches, elle se sentait réellement appréciée et elle avait réellement l’impression de lui plaire « Oui je suppose que l’excuse « je me suis perdu » n’a dû marcher que les premières fois… » elle plaisanta, amusée. Ils marchèrent côte à côte et c’était très agréable pour Justine de relâcher la pression du boulot, d’autant plus en si bonne compagnie. Elle comptait bien apprécier chaque minute passée à ses côtés, et pouvoir graver dans sa mémoire ces souvenirs. Elle était le genre de personnes qui saisissait chaque moment, chaque personne dans sa vie et donnait de l’importance à tout ce qu’elle vivait. Même si par la suite, Dimitri venait à sortir de sa vie, elle garderait toujours en tête cette soirée, qu’elle espérait être une très bonne soirée. Elle avoua au brun que sa patronne ne l’aurait pas forcément laissé quitter le service plus tôt, bien qu’elle aurait sans doute été enchantée par l’annonce de ce rendez-vous « Ça vaut mieux pour tes patients, parce que je ne serais pas étonné que tu aies du succès entre les murs de l'hôpital. Mais peut être que je suis le seul type assez fou pour avoir osé t'inviter à dîner. ». La blonde leva les yeux au ciel, amusée par une telle hypothèse. Elle n’avait jamais eu d’invitation à dîner, du moins jamais dans de bonnes conditions comme ça avait été le cas avec Dimitri. Des hommes mariés qui lui avaient glissé leur numéro discrètement, ça elle avait connu en revanche « Ecoute, à part les pères qui tentent discrètement une fois leur épouse le dos tourné, je n’ai jamais vraiment eu de telles occasions. ». Elle avait bien évidemment déjà vu Isaac en dehors du boulot, mais jamais avec une intention derrière, jamais dans un tel cadre et une telle ambiance qui annonçait la couleur « Et pourquoi fou ? Moi je te trouve très galant. ». Elle était totalement honnête avec lui, elle ne voyait pas ce qu’il y avait de mal à inviter une femme au restaurant, même si c’était une infirmière, et il l’avait fait de manière totalement charmante et appropriée « C'est vrai, je mentirais si je disais que ces moments à l'hôpital sont ceux que je préfère partager avec lui. Mais je vous admire tous beaucoup pour ce que vous faites pour les gens comme mon père, ou dans ton cas pour les enfants. Ça doit être un boulot ultra enrichissant. ». Elle lui sourit, touchée par son compliment. Enrichissant, c’était un euphémisme à ses yeux. Elle avait l’impression que, malgré qu’elle travaille avec des enfants, elle apprenait tous les jours de nouvelles choses et elle ne cessait de grandir et d’évoluer à travers son métier « C’est vrai qu’on apprend tous les jours, même quand tu apprends les règles d’un nouveau jeu de société ou une nouvelle façon de coiffer une poupée barbie, tu apprends quand même. » Elle plongea son regard dans le sien, se perdit quelques secondes dans ses yeux et arrêta de respirer quelques secondes sans s’en rendre compte. Elle lui expliqua que le changement de température en sortant de l’hôpital la faisait frissonner, mais c’était seulement le temps de s’y ré-habituer et rien que le temps de marcher jusqu’au restaurant, elle se réchauffait déjà « Alors je comprends que le choc puisse être rude une fois dehors. ». Elle hocha lentement la tête, confirmant son propos. Elle lui confessa ne pas être non plus une pro dans les rendez-vous, n’en ayant pas eu depuis son adolescence. Elle espérait le rassurer en lui confiant cela, qu’il sache qu’elle n’avait pas des exigences très hautes et qu’elle ne serait pas repoussée au moindre faux pas de sa part « Dans ce cas j'espère que tu seras ensuite heureuse de pouvoir te rappeler de celui-ci. J'ai quand même un peu la pression. ». Elle était presque certaine que le souvenir qu’elle garderait de cette soirée serait positif, et elle n’avait aucun doute là-dessus « Ne t’en fais pas, je suis sûre qu’on passera un bon moment. ». Elle se voulait rassurante, pour lui enlever ce petit stress qui était visible dans certains de ses gestes. Elle appréciait Dimitri, elle ne s’était en aucun cas sentie obligée de sortir ce soir, elle avait même été heureuse de recevoir cette invitation alors il n’y avait aucune raison que les choses se passent mal. Leurs regards étaient clairs sur le fait que chacun d’eux était heureux d’être ici, et attendait beaucoup de ce dîner et de ces quelques heures passées ensemble « Si tu crains de tomber sur tes collègues, on peut encore faire demi-tour. Tu n'as qu'un mot à dire. ». Elle rit, amusée à la vue de son clin d’œil complice. Toutes les collègues de pédiatrie étaient bien au courant qu’elle serait ici ce soir, et elles savaient très bien que ce n’était pas une bonne idée de se pointer pour l’espionner ou intervenir dans son date. Elle décida d’avouer que ses collègues étaient au courant de cette soirée, comme pour répondre au fait que sa famille à lui était au courant, et lui montrer qu’elle aussi avait parlé de lui à des proches « Ne t’en fais pas, la plupart savent que je te vois ici ce soir, elles n’oseraient pas se pointer, elles auraient trop peur des représailles ! ». A son tour de lui adresser un clin d’œil complice, histoire d’alléger l’atmosphère, de resserrer un peu plus les liens et augmenter leur complicité. Ils s’installent face à face dans le restaurant, commençant à décider de l’apéritif et de ce qu’ils allaient pouvoir grignoter ensemble « Parfait. On vient d'établir que ni toi ni moi n'avions plus l'habitude de ce genre de soirées, et pourtant on est là. Je pense que c'est une raison suffisante de trinquer. ». L’infirmière hocha la tête gaiement, confirmant son propos. Ils avaient effectivement un point commun suffisamment important pour porter un toast à celui-ci « Oh je suis garé au bout de la rue, je te raccompagnerai si tu veux. Comme ça la question de l'alcool n'a définitivement plus lieu d'être. ». Elle répondit par un sourire, flattée par sa proposition « C’est gentil de ta part, et proposé aussi gentiment, c’est difficile de refuser ! ». Elle sourit, un grain de malice dans son regard vert émeraude et se mit à observer les gens qui les entouraient. Elle voyait beaucoup de familles, qui venaient sans doute après une journée passée à l’hôpital, après avoir rend visite à une maman à la maternité ou à un proche malade. Elle opta pour un verre de vin blanc, choix qu’approuva Dimitri puisqu’il décida de prendre la même chose « J'aime tout oui, alors la planche à partager sera parfaite. Et j'ai pas non plus d’allergie connue, ce qui ne serait pas un si gros problème étant donné que je dîne avec une infirmière. ». Elle répondit à son sourire et se prépara à répondre quand la serveuse arriva, prenant leur commande « Un apéritif, c'est noté. Votre femme et vous souhaitez commander la suite maintenant ? ». Les joues de la blonde se teintèrent légèrement de rose à ces mots. Ils en étaient loin du statut de mari et femme, et le fait de les avoir pris pour tels était quelque peu amusant « Nous ne sommes pas... enfin, non, on commandera le reste plus tard. Merci. ». Elle lui rendit son sourire, se détendant peu à peu quand la serveuse s’éloigna « J’allais dire juste avant qu’elle n’arrive, que je préfèrerais quand même que cette soirée se passe sans hospitalisation, tu en garderas un meilleur souvenir ! ». Elle lui sourit de nouveau, ne décrochant pas son regard du sien, soutenant ce jeu de séduction qui ne passait que par les yeux « Désolé, c'est sûrement parce que j'ai réservé uniquement sous mon nom. Elle a pas du voir qu'on portait pas d'alliance... et j'imagine que ça veut dire qu'on a pas l'air si tendus que ça. ». Elle secoua lentement la tête, voulant lui faire comprendre qu’il n’y avait aucun malaise. Il n’y était pour rien si la serveuse avait mal compris la situation, et elle n’était pas du tout gênée d’avoir été prise pour la femme de Dimitri « Oh ne t’en fais pas ! Et oui tu as raison c’est plutôt positif, on ne doit pas être si mal à l’aise que ça ! ». Elle lui sourit, tentant de ramener l’atmosphère à ce qu’elle était plus tôt, plus détendue. Elle observa la serveuse revenir avec les verres et la planche à partager, la remerciant en hochant la tête. Elle leva son verre, le tendit en direction du brun, un grand sourire sur son visage « Alors à nous deux, et notre manque de compétences en la matière ! ». Elle rit légèrement, faisant trinquer son verre avec celui du jeune homme. Elle but une première gorgée, savourant le vin et profitant des saveurs qui dansaient sur sa langue. Elle observa Dimitri, tentant de deviner s’il appréciait le breuvage.
Passé le trac qui accompagnait inévitablement ce genre de rendez-vous, Dimitri apprenait à se détendre au contact de Justine, qu'il découvrirait ce soir dans un tout autre environnement que celui de l'hôpital. Il n'y aurait pas cette barrière invisible entre une infirmière et le fils d'un patient, ni cette impression inconsciente d'appartenir à deux mondes différents, qui ne pouvaient vraiment et totalement se rejoindre qu'à l'extérieur, loin de ce qui pouvait parfois rendre l'atmosphère de l'hôpital pesante, loin aussi des très jeunes patients de Justine ou de la maladie de son père. Son père auquel il ne pouvait pourtant pas s'empêcher de penser, le sourire aux lèvres, tandis qu'il glissa à Justine lui avoir parlé d'elle et se réjouir que son père n'ait pas l'occasion de la noyer sous toutes les questions qui lui viendraient à l'esprit s'il l'avait face à lui après n'avoir pas eu besoin de sous-titres pour comprendre à la façon dont Dimitri la lui avait présentée qu'il ne lui était pas indifférent. « S'il était là, je suis sûr qu'il ajouterait qu'il est aussi un beau-père charmant et que si son fils est toujours célibataire ça ne peut absolument pas être de sa faute. » Il souffla d'un air amusé, exagérant à peine quand il sous-entendait que son père se serait fait une joie de donner raison à Justine, et parce qu'il y verrait certainement une occasion d'aider son fils à aller de l'avant. C'était son père, un sacré numéro que les allers-retours à l'hôpital avaient transformé en maître absolu dans l'art de dédramatiser n'importe quelle situation. Justine parut quant à elle sincèrement touchée qu'il ait pu vouloir évoquer leurs échanges et la façon dont ils n'étaient pas anodins à ses yeux, et Dimitri répondit à son sourire, qui s'étira lorsqu'il lui sembla noter que ses joues rougissaient légèrement. « Par contre, il m'a cru du premier coup lorsque je lui ai dit que j'avais rencontré une jolie fille avec qui j'avais pris l'habitude de discuter. Je crois qu'il a simplement d'abord pensé que c'était la fille ou la sœur d'un patient. » Et non l'une des infirmières de l'hôpital, peut être aussi parce qu'inconsciemment Dimitri avait réservé ce détail pour après, et parce qu'une partie de lui devait continuer de se demander pourquoi une fille qui devait être brillante et recevoir fréquemment des invitations à dîner, avait accepté la sienne. Justine n'avait pas du attendre que sa route croise la sienne pour faire des émules, il suffisait de voir son sourire pour comprendre qu'il lui ait été sensible dès le premier mot qu'ils avaient échangé. Et pourtant, à l'entendre, ça ne semblait pas si habituel que ça et bien sûr une partie de lui se trouvait rassurée qu'il n'y ait pas plusieurs admirateurs susceptibles de l'éclipser dès cette soirée terminée. Mais surtout, rassuré que Justine ait pu accepter son invitation parce qu'elle en avait envie. « Il y a vraiment des types pour faire ça avec leur femme et leurs enfants à proximité ? La grande classe. » Il rebondit en levant une seconde les yeux au ciel, pas si surpris qu'on puisse trouver ce genre d'individus aussi entre les murs d'un hôpital, même si ça paraissait particulièrement discutable dans ce contexte. « Mais je crois que ça me soulage, de savoir que je devrais pas avoir autant de mal que prévu à relever le niveau après ça. » Dimitri se fendit finalement d'un sourire en coin, de nouveau amusé, et bien qu'il continue certainement de se trouver un peu dingue d'avoir osé lui lancer cette invitation. Un sentiment que Justine ne semblait pas partager, là aussi pour son plus grand soulagement. « J'avais simplement peur de te paraître trop audacieux, ou que tu penses que je fais ça tous les jours. » Il sourit à nouveau, balayant cette idée d'un léger mouvement de tête, parce qu'inviter une infirmière à dîner, non ce n'était pas une chose habituelle chez lui, et pas uniquement parce qu'il n'avait pas noué avec toutes ce qu'il avait commencé à nouer avec Justine au fil de leurs discussions. C'était aussi sa manière de la faire se sentir vraiment spéciale, parce qu'il n'aurait pas pris le risque de lui proposer ce dîner si les moments qu'ils avaient passé à l'hôpital ne signifiaient rien ou ne lui avaient pas donné envie de la découvrir davantage. L'écouter parler de son métier de cette manière, par exemple, était touchant et Dimitri vouait une admiration d'autant plus forte aux personnes qui comme Justine dédiaient leur vie aux autres. Il ne pouvait qu'imaginer le sentiment d'accomplissement qui devait l'habiter lorsqu'elle rentrait chez elle. « Je côtoie aussi pas mal d'enfants dans le cadre de mon boulot, et c'est souvent la clientèle que je préfère. Ils sont toujours tellement curieux de tout, et un rien les rend heureux. » En ça il pouvait comprendre que son boulot au contact de ces enfants que la vie n'avait pas épargné enrichisse Justine et donne un sens à ses journées. Les gamins qu'il voyait revenir au stand n'avaient pas besoin de lui de la même manière, mais leur sourire, leur enthousiasme faisaient aussi qu'une journée était particulièrement belle. Son regard accroché au sien, il s'y plongea en silence et sentit que l'atmosphère avait changé, devenant à la fois plus détendue et un peu plus intimiste. Dimitri étira un sourire rieur lorsqu'il réalisa qu'ils n'avaient plus articulé le moindre mot depuis plusieurs secondes, puis fut rassuré de l'entendre lui avouer qu'elle non plus n'avait pas l'habitude de ce genre de soirées. Une pression en moins, que Justine balaya pour de bon. « C'est déjà le cas en ce qui me concerne. » Il confessa dans un souffle, lui lançant un regard adouci et légèrement amusé, sans chercher à faire un secret du fait qu'il appréciait sa compagnie et ces premiers instants partagés hors de l'hôpital, à l'aube d'une soirée dont il voulait surtout profiter. L'idée que les collègues de Justine soient au courant de ce rendez-vous était à la fois amusante et légèrement déroutante, lui arrachant un rire. « Je vois que je suis pas le seul à t'avoir fait de la pub auprès de mes proches. » Dimitri s'amusa dans un sourire, ayant du mal à cacher le fait qu'il soit touché qu'elle ait pu elle aussi parler de lui à ses collègues, ce qui n'était pas rien à ses yeux et tendait à prouver ce qu'il savait déjà, à savoir que chacun prenait cette soirée au sérieux. « J'ai du mal à imaginer la Justine rancunière, mais je serais pas surpris qu'un petit caractère se cache sous cette apparence angélique. » Il souffla plus bas, une lueur complice dans le regard, ne pouvant cependant empêcher une partie de lui de trouver à la jeune femme quelque chose de trop paisible pour l'imaginer perdre son calme. Justine et lui convinrent ensemble de trinquer à cette soirée, et c'est spontanément qu'il lui proposa de la ramener une fois celle-ci terminée, parce que ça lui ferait plaisir et qu'il préférerait ça à la savoir seule dehors en pleine nuit. Une proposition qu'elle accepta face à un Dimitri ravi. « Alors c'est dit, tu peux boire sans te priver. De mon coté je passerai à l'eau dès l'apéritif terminé. » Histoire de se montrer raisonnable et parce qu'étant celui qui conduirait, il n'avait pas envie de prendre avec elle un risque qu'il n'aurait déjà probablement pas pris s'il avait été seul. Il se rangea alors à son choix et opta lui aussi pour un verre de vin blanc, moment que la serveuse choisit pour venir prendre leur commande et pour gaffer sous leurs deux regards amusés, quoi qu'un peu embarrassés sous le coup de la méprise. « Eh bien, j'aurais sûrement pu y voir un bon coté si j'avais au moins eu une chance d'être pris en charge dans ton service, mais on sait tous les deux qu'à moins d'un bon élixir de jeunesse ça aurait été compliqué. » Dimitri rebondit à la remarque de Justine d'un air amusé, forcé d'avouer que l'expérience de l'allergie alimentaire aurait été un peu plus agréable si elle avait pu s'occuper de lui. Une pensée qui lui tira un rire silencieux, alors qu'il se sentit quand même obligé de s'excuser pour la méprise de tout à l'heure. « Ça doit aussi vouloir dire qu'elle nous trouve plutôt bien assortis, ce qu'on peut sûrement prendre comme un compliment. » Il reprit un peu plus bas en voyant la serveuse revenir avec leur apéritif, ses lèvres étirant un plus fin sourire tandis que son regard jusqu'à lors accroché au sien s'échoua sur le verre qu'elle lui tendit. « Et à cette soirée. » Ses yeux retrouvèrent les siens au moment où ils trinquèrent, dans un toast rempli de sens à cet instant où Dimitri ne voulait plus penser à ces deux années riches en peine, et simplement profiter de ce dîner et de la compagnie de Justine qui lui changeait les idées pour la première fois depuis des mois. Portant son verre à ses lèvres, il en but une gorgée puis tendit la main jusqu'à la planche à partager disposée au milieu de la table. « Le vin est excellent et le reste délicieux, tu as très bien choisi. » Il lui adressa un clin d’œi puis, d'un air plus malicieux, ajouta. « Voyons voir si tes goûts sont aussi sûrs en ce qui concerne le reste de la carte... D'après ce que tu sais déjà de moi, qu'est-ce que tu me conseillerais pour la suite ? » La carte était remplie de mets sans doute savoureux qui viendraient parfaitement compléter cette entrée en bouche déjà réussie, mais ça ne l'intéressait pas autant de choisir que de la laisser faire pour lui. « C'est pas une question piège, rassure-toi. » Et il ne la lui poserait pas s'il y avait quoi que ce soit qu'elle doive savoir sur un potentiel régime alimentaire qu'il puisse suivre, à présent que les allergies avaient elles été mises de coté. « Je veux simplement m'en remettre à toi, je suis convaincu que tu m'as déjà mieux cerné que je n'en ai conscience. » Son sourire se voulait rassurant tandis qu'il posa une main à plat sur sa carte et remonta son regard joueur jusqu'au sien, prêt à se fier à son jugement d'après ce qu'elle aurait pu déduire. Il voulait juste que Justine se laisse aller et fasse jouer son intuition, persuadé qu'elle ferait le bon choix quel qu'il soit.
Allez tourne, tourne, reste avec moi ◊ Dimitri & JustineLe courant passait tout naturellement entre Justine et Dimitri. Les mots venaient naturellement, la blonde ne se sentait pas sous pression et n’avait pas l’impression de devoir se forcer, de devoir se donner une certaine impulsion. Elle avait réellement envie d’apprendre à connaître Dimitri, de passer du temps en sa compagnie hors du cadre dont ils avaient tous les deux l’habitude, de laisser tomber ses barrières pour laisser une nouvelle personne la découvrir et l’apprivoiser. Elle se sentait plutôt sereine à l’idée de cette soirée, et si une seule chose devait l’effrayer c’était bien que cette sensation ne soit pas réciproque et que Dimitri réalise qu’il n’avait pas tant que ça envie de passer cette soirée avec elle. Elle était incapable de lire ses pensées, et ne pouvait pas contrôler ce qu’il attendait d’elle, mais elle pouvait faire de son mieux pour être à la hauteur, et lui donner envie de multiplier ces moments à deux « S'il était là, je suis sûr qu'il ajouterait qu'il est aussi un beau-père charmant et que si son fils est toujours célibataire ça ne peut absolument pas être de sa faute. ». Elle lui sourit, réellement amusée par sa taquinerie, imaginant parfaitement la scène dans son esprit, et le sourire amusé du père de Dimitri. Si le jeune homme était encore célibataire, il ne montrait pourtant aucune raison qui laisserait penser que c’était une situation méritée, et Justine n’était que charmée par le brun « Je ne doute pas que ton père est irréprochable avec ses éventuelles belles-filles ! ». Elle lui glisse un léger clin d’œil, observant ses traits s’adoucir face à elle, touchée par les réactions qu’elle arrivait à provoquer chez lui. Elle ne put s’empêcher de rougir légèrement, ce qui devait sans doute être suffisamment voyant pour que son partenaire ne le remarque « Par contre, il m'a cru du premier coup lorsque je lui ai dit que j'avais rencontré une jolie fille avec qui j'avais pris l'habitude de discuter. Je crois qu'il a simplement d'abord pensé que c'était la fille ou la sœur d'un patient. ». La blonde hocha lentement la tête, il est vrai que c’était plus probable de sympathiser avec une proche d’un patient, plutôt qu’avec un membre du personnel soignant. Dimitri n’aurait certainement pas crée ce même lien avec une infirmière travaillant dans le service où son père était hospitalisé, mais dans leur cas, il y avait une certaine distance qui permettait que la blonde ne doive pas garder une relation strictement professionnelle « C’est vrai que c’était plus probable ! Mais il faut croire que tu as poussé tes recherches plus loin que le service de ton père ! ». Elle sourit doucement et évoqua les hommes qu’elle avait pu croiser dans son service, et leur culot indétrônable « Il y a vraiment des types pour faire ça avec leur femme et leurs enfants à proximité ? La grande classe. ». Les sourcils relevés, la blonde hocha la tête. Malheureusement pour leur famille, oui ces hommes n’avaient aucune décence « Je te jure, ça m’écœure à chaque fois et je plains leur femme… ». Elles devaient déjà affronter la maladie de leur enfant, des évènements difficiles à vivre, et en plus de ça leur mari, la personne dont elle attendait le plus de soutien, se permettait de flirter avec le personnel « Mais je crois que ça me soulage, de savoir que je devrais pas avoir autant de mal que prévu à relever le niveau après ça. ». Un sourire malicieux à son égard, la blonde hocha la tête « C’est vrai que là tu as déjà atteint le top du classement ! ». Elle qui n’avait pas eu de rendez-vous depuis une éternité, la moindre petite attention faisait vibrer son être et elle était touchée par le moindre compliment à son égard « J'avais simplement peur de te paraître trop audacieux, ou que tu penses que je fais ça tous les jours. ». L’infirmière secoua la tête, les sourcils légèrement froncés « Si tu me dis que ce n’est pas fréquent chez toi, je vais prendre le risque de te faire confiance écoute ! ». Elle sourit, s’ouvrant un peu plus à lui « Je côtoie aussi pas mal d'enfants dans le cadre de mon boulot, et c'est souvent la clientèle que je préfère. Ils sont toujours tellement curieux de tout, et un rien les rend heureux. ». Un léger hochement de tête et son regard s’accroche de nouveau au sien, se plongeant presque dedans, s’y laissant aller « Oui tu as raison, parfois je me dis qu’on devrait être un peu plus comme eux, ça ne nous ferait pas de mal. ». En vieillissant, on perdait ce côté innocent et curieux qui était si important pour évoluer. On devenait presque blasés dans tous les domaines, et il devenait compliqué de nous éblouir, et Justine trouvait ça presque triste « C'est déjà le cas en ce qui me concerne. ». Les joues de la blonde se teintèrent d’un doux rose et elle détourna son regard, voulant camoufler sa gêne. Pas une gêne négative, juste son cœur qui s’accélérait légèrement, son ventre qui se resserrait et ses pupilles qui brillaient de façon incontrôlable « C’est réciproque sache le. ». Ils pouvaient s’arrêter maintenant que la blonde pourrait clamer avoir passé une bonne soirée, mais elle avait tout sauf envie d’arrêter ce moment « Je vois que je suis pas le seul à t'avoir fait de la pub auprès de mes proches. ». La blonde haussa légèrement les épaules et adressa un regard complice au brun « Elles ont fini par remarquer que mes pauses cafés avaient tendance à s’éterniser… Surtout quand je revenais un sourire aux lèvres ! ». Elles avaient bien compris que Justine ne revenait pas de la lingerie ou du service technique, mais bel et bien d’une pause en bonne compagnie, et l’avaient rapidement questionné sur la compagnie en question « J'ai du mal à imaginer la Justine rancunière, mais je serais pas surpris qu'un petit caractère se cache sous cette apparence angélique. ». Justine était très douce, et il était compliqué de la faire sortir de ses gonds, mais quand on la trahissait, elle pouvait devenir rancunière et prendre énormément de temps à tourner la page « Je te l’épargne pour le moment… Mais reste sur tes gardes ! ». Elle lui glissa un clin d’œil, amusée et taquine. Rentrer en voiture avec Dimitri était certes un moyen de profiter de quelques verres de vin, mais également un moyen de prolonger la soirée en sa compagnie et de continuer à discuter, ce qui n’était pas déplaisant pour Justine « Alors c'est dit, tu peux boire sans te priver. De mon coté je passerai à l'eau dès l'apéritif terminé. ». Elle sourit en hochant la tête, le remerciant d’un sourire sincère et trinquant avec lui à cette belle soirée qui s’annonçait « Eh bien, j'aurais sûrement pu y voir un bon coté si j'avais au moins eu une chance d'être pris en charge dans ton service, mais on sait tous les deux qu'à moins d'un bon élixir de jeunesse ça aurait été compliqué. ». Effectivement, peu de chances pour que Dimitri ne se retrouve hospitalisé dans le service de Justine « Non ça me paraît compliqué… Je changerai peut-être de spécialité dans ma carrière, qui sait ? ». Ce n’était pas quelque chose de prévu pour l’instant, mais Justine s’était toujours dit qu’elle avait la possibilité de voir des choses différentes, et malgré son amour pour les enfants, sa soif d’apprendre et de nouveauté pourrait la pousser à se spécialiser dans un domaine tout à fait différent « Ça doit aussi vouloir dire qu'elle nous trouve plutôt bien assortis, ce qu'on peut sûrement prendre comme un compliment. ». La blonde hocha la tête en souriant et leva son verre pour trinquer avec Dimitri, heureuse de cette soirée qui s’annonçait et des quelques heures passées en sa douce compagnie « Et à cette soirée. ». Son sourire s’étira, et elle fut troublée par leurs regards qui étaient entremêlés, par tout ce qui passait entre eux sans forcément avoir besoin de mots. Elle porta le verre à ses lèvres et but une gorgée avant de saisir une olive sur la planche qui était entre eux « Le vin est excellent et le reste délicieux, tu as très bien choisi. ». Elle termina de mâcher son olive et lui sourit « Je te remercie ! ». Elle l’observa, plutôt l’admira, tandis qu’il reprit la parole « Voyons voir si tes goûts sont aussi sûrs en ce qui concerne le reste de la carte... D'après ce que tu sais déjà de moi, qu'est-ce que tu me conseillerais pour la suite ? ». Justine plissa légèrement les yeux, saisit le menu pour se replonger dedans et trouver une idée qui le satisferait « Oula que de défis… ». Ses yeux parcoururent les lignes, analysant les différents plats « C'est pas une question piège, rassure-toi. ». Elle releva le regard, accrochant celui du jeune homme et lui sourit « Laisse-moi réfléchir un peu. ». Elle n’avait pas envie de le décevoir et de tomber complètement à côté de la plaque « Je veux simplement m'en remettre à toi, je suis convaincu que tu m'as déjà mieux cerné que je n'en ai conscience. ». Elle fut touchée par une telle hypothèse et rougit légèrement. Elle se replongea dans la carte en réfléchissant. Elle l’imaginait comme quelqu’un d’assez aventureux, donc elle se doutait que les plats un peu épicés pouvaient lui plaire, mais ce n’était pas forcément ce qui lui ferait envie ce soir. Elle était persuadée qu’il aimait les choses un peu plus classiques mais ne voulait pas choisir quelque chose de trop banal, car cette soirée ne l’était pas et son repas devait être à l’image de cette soirée. Elle pinça légèrement les lèvres et releva le regard vers le brun qui attendait sagement « Je te propose d’essayer le risotto au chorizo. ». Elle guetta sa réaction, voulant savoir si son choix le satisfaisait ou non « Je pense que c’est à la fois atypique et suffisamment classique pour te plaire, et c’est quelque chose qu’on ne mange pas forcément tous les jours. ». Elle reposa le menu à côté d’elle et but une gorgée de vin tout en continuant de maintenir son regard dans celui du brun « Alors, satisfait ? ». Elle afficha un sourire malin, attendant son verdict.
Mentionner son père à ce stade de son rendez-vous avec Justine n'était pas dénué de symbolisme, quand on savait combien ce dernier l'avait dernièrement encouragé à aller de l'avant et tourner pour de bon la page de son histoire avec Tamsin, et ce malgré les nombreuses questions restées en suspend depuis son départ. Si son père le voyait ce soir, prêt à laisser une vraie chance à sa rencontre avec l'infirmière et fermement décidé à exorciser ses craintes et ses doutes, il serait probablement fier et ça Dimitri le savait. Ça ne rendait pas pour autant les choses faciles, sans doute parce qu'une partie de lui s'avouait n'avoir aucune envie que les choses se gâtent avec la jeune femme dont il appréciait véritablement la compagnie, mais savoir que ses proches seraient heureux pour lui si les choses se passaient bien lui donnait un peu plus de courage encore. Pour le reste, c'était le naturel et la décontraction de leurs échanges qui l'aidaient à ne plus penser à rien, comme si enfin il avait décidé de prendre le temps d'essayer de guérir. La remarque de Justine lui tira ainsi un sourire sincère, alors que l'espace d'un instant il s'imagina son père poser les yeux sur elle et probablement y voir tout ce que Dimitri lui avait déjà conté à son sujet, de sa générosité à sa simplicité, en passant par son charme indéniable. Pour sûr, son père n'aurait sûrement pas imaginé qu'il rencontrerait une jolie infirmière avec qui le courant passerait aussi bien, mais ce n'était en soi qu'un détail pour lui qui depuis le début ne percevait pas cette frontière entre eux. « Je crois qu'il vaut mieux pour lui comme pour moi qu'il se tienne à distance de ma vie sentimentale, elle lui inspire bien assez de commentaires comme ça sans qu'il en soit témoin. » Il s'amusa, songeant qu'il avait par la même occasion passé l'âge que son père garde un œil sur les filles dont il se rapprochait, raison pour laquelle il valait définitivement mieux qu'il évite de les inviter à dîner juste sous son nez. Les infirmières de son service n'étant, par ailleurs, pas nécessairement aussi souriantes que Justine. L'idée selon laquelle certains hommes n'hésitent pas à draguer le corps médical devant femme et enfant était quant à elle révoltante, ça va sans dire. « Et je parie qu'ils s'empressent sinon de jouer les pères et les maris irréprochables pour se faire bien voir. » Classique cas d'hypocrisie que Dimitri avait particulièrement en horreur, peut être parce qu'il s'opposait fermement aux principes qu'on lui avait inculqué. Il était certes loin d'être parfait mais il n'avait jamais abusé de la confiance de personne et était convaincu que quelqu'un qui trompe une fois le referait tôt ou tard. « C'est gentil. Qu'est-ce que tu diras alors une fois qu'on aura le ventre plein. » Il reprit dans un sourire en coin, doucement amusé, et bien évidemment flatté que Justine semble déjà sensible à ses efforts pour faire de cette soirée un moment agréable, dont ils auraient plaisir à se rappeler. S'il ne se trompait pas, le dîner devrait y contribuer et il n'y avait rien de tel qu'un bon repas pour vaincre pour de bon son stress. Qu'elle veuille lui faire confiance était naturellement appréciable, d'autant plus qu'ils semblaient l'un-l'autre aussi peu habitués à ces rendez-vous. « Et moi faire en sorte que tu ne le regrettes pas. » C'était tout ce qu'il voulait, que Justine soit à la fin de cette soirée contente de s'être laissée tenter, sans regret aucun, et peut être prête à réitérer l'expérience si elle estimait sa compagnie suffisamment agréable pour ça. Chacun fut en tout cas amené à se confier sur son boulot, face au constat évident qu'ils avaient en commun d'aimer travailler avec des enfants – ou, dans son cas, une majorité d'enfants. « Si l'idée de retomber en enfance te séduit à ce point, je connais un très bon parc d'attractions et notamment un stand d’autos-tamponneuses dont tu me diras des nouvelles. C'est statistiquement impossible de ne pas s'y amuser, j'en sais quelque chose. » Un sourire mutin au coin des lèvres, Dimitri lançait peut être une deuxième invitation à passer une soirée ensemble, ou tout du moins laissait à Justine le soin de décider si c'était ainsi qu'elle souhaitait le voir. Il serait en tout cas ravi de lui faire visiter son univers, loin des couloirs de l'hôpital mais peut être pas tellement de l'ambiance que des infirmières comme Justine devaient veiller à répandre dans le service de pédiatrie, où des enfants comme ceux qu'il voyait tous les jours à Dreamworld désiraient juste s'évader. Son prochain aveu sembla toucher la jeune femme, et les mots qu'elle lui souffla en retour firent eux aussi faire à son cœur un léger bond dans sa poitrine. C'était agréable, de sentir qu'on appréciait notre compagnie quand on avait autant douté d'être encore capable de susciter l'intérêt d'une femme. Un sourire plus doux étira ses lèvres, et Dimitri garda le silence un instant, les joues un peu plus colorées que d'ordinaire, appréciant la simplicité de ce moment. L'idée que Justine ait pu de son coté aussi évoquer leurs rencontres à l'hôpital auprès de ses collègues fut d'abord un peu déstabilisante, c'est vrai, mais finalement tout à fait agréable et même amusante à s'imaginer. « C'est ma faute, je peux parfois donner l'impression que je suis pas très loquace au premier abord, mais le naturel revient vite au galop dès que je me sens à l'aise avec quelqu'un. » Il souffla sur le ton de la plaisanterie, pour autant conscient qu'il n'était jamais aussi bavard que quand il apprenait à connaître quelqu'un avec qui le courant passait bien. Et avec Justine, quelques échanges avaient suffi à ce qu'une totale décontraction s'installe entre eux. Un peu plus, aussi, certainement. « Finalement c'est sûrement mieux pour le bon déroulé de ton travail qu'on se voit hors des murs de l'hôpital. » La remarque avait beau être soufflée sur le même ton amusé, Dimitri savait qu'il leur serait plus pratique de se revoir hors des heures de travail de la jeune femme, qu'elle n'était sans doute pas censée passer en sa compagnie. Il ne voudrait pas la déconcentrer ou lui causer le moindre ennui auprès de sa hiérarchie. L'image d'une Justine rancunière, elle, lui tira un sourire conquis. Peut être parce que ce mystère qui entourait une part de sa personnalité qu'il n'avait pas encore aperçue lui plaisait en plus de le rendre un peu plus curieux. « Je vais faire en sorte d'éviter de m'attirer ton courroux, dans ce cas. » Il répondit à son clin d’œil avec amusement et légèreté, aussi conscient que Justine ne devrait pas renfermer un tempérament complètement imprévisible, que lui n'avait pas de raison de faire quoi que ce soit qui pourrait égratigner la complicité qui les unissait, et ce petit quelque chose qu'il sentait flotter entre elle et lui depuis le début de cette soirée. C'est peut être alors l'une des raisons pour lesquelles il se proposa de la raccompagner chez elle à la fin du dîner, dans un souci de faire honneur à ses principes mais aussi parce qu'il avait l'espoir qu'ainsi ils passeraient un peu plus de temps ensemble. Ils trinquèrent, à cette soirée notamment, tandis qu'il plaisanta sur les faibles chances pour qu'il soit un jour amené à compter parmi ses patients. « Pour l'instant en tout cas, tu sembles faite pour la pédiatrie. Et je suis sûr que tes petits patients seraient d'accord avec moi. » Il nota dans un sourire, et parce que cette candeur dégagée par Justine lui faisait dire qu'elle devait être à sa place, auprès des enfants de l'hôpital qui avaient tant besoin qu'on leur fasse oublier la maladie. De là où il était, elle semblait habitée par une véritable vocation, et plus généralement faite pour apporter un peu de bonheur autour d'elle. Et si les quelques instants qui suivirent furent en partie interrompus par l'arrivée de la serveuse, le moment où leurs regards se rencontrèrent n'en fut pas moins troublant, laissant Dimitri incapable d’articuler quoi que ce soit l'espace de plusieurs secondes, avant de ne rien trouver de mieux à faire que saluer les choix de Justine, et ses goûts très sûrs en matière de vin et d'apéritif. Et c'est porté par la douceur de cette soirée et par l'envie de la pimenter un peu plus qu'il lui laissa choisir pour lui ce qui suivrait. Loin d'être une question de piège, c'était pour lui surtout un moyen de lui montrer qu'il se fiait entièrement à son jugement, quoi qu'elle ait décelé chez lui. « Prends ton temps, c'est pas chronométré. » Il précisa dans un rire, et peut être parce qu'il la sentait tout à coup très concentrée, peut être aussi un peu prise au dépourvu. Reposant son regard sur elle tandis qu'elle plongeait le sien dans la carte, Dimitri se fit la réflexion qu'il était plus que chanceux d'avoir obtenu ce rendez-vous avec Justine, et pas seulement parce que pour lui c'était loin d'être gagné d'avance. Alors, lorsqu'elle releva ses yeux vers lui pour annoncer son verdict, c'est un sourire curieux qu'il esquissa, et toute son attention qu'il reporta sur la jeune femme. Et si le fait qu'elle semble être tombée aussi juste n'était pas si surprenant compte tenu des qualités d'observation qu'il lui prêtait déjà, c'était à n'en point douter très agréable de noter à quel point elle semblait l'avoir cerné. « Très satisfait. Non seulement ça n'aurait pas pu mieux coller à mes goûts, mais en plus je suis pas sûr que mes propres sœurs auraient visé aussi juste. » Il confia, dans un sourire amusé. « Ce sera parfait, t'as décidément des goûts très sûrs pour quelqu'un d'habitué à la cafétéria de l'hôpital. » Et elle noterait sans mal le trait d'humour, référence aux débuts de leur conversation lorsqu'ils plaisantaient déjà sur la qualité de la nourriture généralement servie dans les hôpitaux. Redevenant silencieux, ses lèvres étirant un sourire plus doux, il posa son regard dans le sien une seconde avant d'ajouter. « Et au risque de paraître vieux jeu... » Sa main glissa sur la table jusqu'à ce que ses doigts frôlent les siens, s'en saisissent, puis s'y emmêlent, dans un contact qu'il espérait aussi sécurisant pour elle qu'il l'était pour lui. « Je suis heureux d'avoir osé t'inviter à ce dîner. Mais plus heureux encore que tu aies dit oui. » Qu'elle le sache déjà était un détail, il désirait juste que Justine mesure à quel point ces instants, et ceux qui suivraient, étaient profondément inespérés au départ et donc infiniment précieux.