What have you done ?! feat @Charlie Villanelle

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Heïana était de bonne humeur ce jour-ci. Comme 99% de son quotidien, à vrai dire; rien de bien nouveau sous les tropiques donc. Mais il faut tout de même dire que sa journée encore loin d'être finie, elle n'avait vécu que des choses agréables. Une naissance s'étant très bien passée, des parents passés à la maternité pour une consultation pensant à venir la voir et, ne la trouvant pas, laissant à son intention une boîte de chocolats dans son bureau... Gourmandises partagées avec ses collègues maïeuticiens pendant leur pause, puis matinée se concluant par des sessions de préparation à l'accouchement qui avaient été très participatives de la part des futurs parents. Non vraiment, la journée se présentait sous d'excellents augures, et lorsque la Tahitienne passa la porte du vestiaire, il n'était que quatorze heures !

Ayant quitté sa veste et son pantalon blancs, elle était désormais vêtue d'une robe légère et printanière, aux couleurs de la forêt et du soleil, bref, quelque chose d'aussi rayonnant que son tempérament. Mais elle ne partit pas directement pour autant, et alla au self partager un repas avec ses collègues, elle appréciait passer du temps avec eux. Alors bon, le repas de l'hôpital n'était pas le plus qualitatif ni le plus goûteux qui soit, mais c'était plus le moment partagé qui était recherché. Alors qu'elle discutait avec les autres professionnels de santé, elle se surprit à penser à Timothy. Il devait avoir fini Kapooka depuis début septembre, et elle ne l'avait pas encore revu; il serait peut-être bon qu'elle lui envoie un SMS, pour prendre de ses nouvelles. Si elle avait reçu quelques lettres de sa part depuis son escapade jusqu'au camp militaire à l'autre bout de l'Australie, elle se sentirait soulagée de le revoir un de ces jours, en espérant le trouver en bonne forme, ou du moins en meilleure qu'à leur dernière entrevue... Ce qui l'amena au sujet de Charlie; elle avait vu la serveuse du DBD une semaine avant de partir en catastrophe à Kapooka pour tenter de remettre le brun sur pied, et n'avait pas eu l'occasion de lui parler de tout ça. Ce n'était pas qu'elle en voulait à la blonde (ou rousse, ou blanche, elle ne savait plus à quelle étape elle en était dans ses colorations), mais elle espérait que celle-ci prendrait conscience de son erreur et même, de sa faute envers Tim. Alors, peut-être l'avait-elle revu entre-temps et qu'ils en avaient parlé; c'était là tout ce que leur souhaitait Heïana. Mais il n'empêche, la jeune fille était en train de devenir une amie, et entre filles liées d'amitié, on ne se cache ni faits ni sentiments. La tête dans les nuages, suivant le fil de ses pensées, la métisse quitta distraitement ses collègues, qui étaient assez habitués à ce qu'elle se perde dans le flot de ses réflexions.

La jeune femme sortait de l'hôpital, sac à main tenu sur une épaule, et releva les yeux du sol sur lequel ils s'étaient fixés. Soudain, une silhouette bien familière lui apparut, quelques mètres devant elle, quittant elle aussi l'hôpital. Ça pour une coïncidence ! Charlie ! la héla la brune aux yeux pétillants, alors qu'elle avançait à grandes enjambées pour la retrouver. Que faisait-elle aux abords de l'hôpital d'ailleurs ? Boh, si c'était important, elle le lui dirait peut-être. Pas de trace de coquard cette fois-ci, en tout cas, remarqua la franco-australienne lorsqu'elle arriva à la hauteur de la demoiselle. Salut ! Je m'attendais pas à te trouver par ici. Comment vas-tu ? Alors qu'elle venait à peine de se mettre à ses côtés, la maïeuticienne ressentit une étrange impression, au fond de son coeur, une sensation indéfinissable, comme un magnétisme nouveau. Mais ne pouvant en rien expliquer cela, elle garda ceci dans un coin de son esprit, se concentrant sur sa rencontre inattendue avec la brisbanaise. Et malgré la discussion un peu délicate qu'elle devrait avoir avec Charlie plus tard, la Polynésienne était sincèrement heureuse de la voir. Ça fait longtemps, déjà quoi... Un mois et demi ? Ça te dit qu'on aille boire quelque chose ?

Aller à l’hôpital est devenu une routine désormais, à croire qu’elle doit faire un examen tous les jours pour savoir si oui ou non le Lardon va devenir Courgette pour ensuite devenir un bébé qui passe son temps à pleurer. Pas besoin de faire des années de médecine, Charlie vous donnerait la réponse dans le mille : oui il va bien, oui il grandit, oui j’ai envie de dégueuler pour le troisième fois de la journée alors qu’il n’est même pas midi. D’autres questions ? Non ? Alors là voilà déjà repartie de la salle d’auscultation sur les nerfs, et que personne n’ose lui dire que ce n’est pas bon pour le bébé parce que cela ne fera que la mettre encore plus en colère - pour aucune raison valable. Mettons le tout sur la faute des hormones et pas de sa vie qui part en lambeaux, ça sera plus simple, plus propre. Heureusement que la musique qu’elle lance dans ses oreilles lui fait oublier le reste, que la douce mélodie de Deaf Havana a au moins pour avantage de lui faire oublier les horribles lyrics de chacune de leur chanson. Seules les chansons les plus tristes peuvent lui redonner le sourire, c’est un paradoxe à la Charlie Villanelle comme seule en a le secret. Si elle marche rapidement et qu’elle se concentre sur ses Converse qui lui font mal au pied, peut être que le temps passera plus vite.
Sauf si on l’appelle, évidemment.
Ses cheveux blonds volent dans les airs en même temps qu’elle se retourne et un fin sourire nait sur ses lèvres. Heïana. Elle est autant heureux qu’exaspérée de la voir, parce que ses jolis yeux marrons signifient qu’elle va tout faire sauf rentrer chez elle (chez lui) dans la minute. Elle lui avait manqué, quand même. La tahitienne rattrape rapidement la distance entre elles deux alors que Charlie ne fait qu’un pas alors qu’elle retire ses écouteurs pour les ranger dans sa poche et mieux brièvement enlacer son amie ensuite. Au moins une personne qui ne lui brisera pas le coeur, c’est peut être tout ce dont elle avait besoin en ce moment. ”J’étais venu voir un ami. Tu vas bien, toi ?” Qu’elle ment sans même sourciller, parce qu’après tout elle a vraiment un ami entre ces murs. Sauf que si elle était allée voir Levi il lui aurait dit de dégager et aurait utilisé toutes ses forces pour jeter le moindre objet sur elle. Elle a ce genre d’amis, oui, faut croire. Heureusement qu’elle l’aime assez pour le détester en même temps. Heureusement aussi que son sourire, désormais plus grand et plus franc, permet d’envelopper tous ses doutes et de les éclipser. Elle est bien loin la petite rousse/blonde qui n’arrivait pas à feindre le moindre mensonge sans qu’il n’y ait un panneau au dessus de sa tête pour signifier qu’elle ne disait pas la vérité. Un panneau avec des néons rouges clignotants. ”Déjà ? Je … oh, le temps passe vite. Je suis désolée.” Elle ajoute, sincère. Ses rapports avec Heïana ont toujours été un peu difficiles mais elle l’apprécie énormément et elle s’en vaut d’autant plus de ne pas avoir pris le temps de demander de ses nouvelles durant tout ce laps de temps. Au moins elle est toujours aussi souriante qu’au premier jour, cela devrait signifier qu’il ne s’est rien passé de mal pour elle durant ce mois et demi. Charlie espère, en tout cas. Elle est si douce, si gentille. ”Je commence mon service dans deux heures, on peut aller au DBD comme ça pour une fois je serai à l’heure.” Et pour avoir les verres à l’oeil. Surtout pour les verres à l’oeil. Et comme ça elle pourra surveiller Asher aussi.

What have you done ?! feat @Charlie Villanelle

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La Tahitienne était tellement contente de retrouver Charlie qu'elle ne remarqua même pas le petit pincement qui froissa délicatement ses lèvres, sur le côté droit, alors que l'ancienne rousse hésitait entre joie et lassitude après avoir entendu la brune l'appeler. La plus âgée ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'affection pour la demoiselle au teint d'albâtre, elle voyait en elle comme une petite soeur; à croire que Moana ne lui suffisait pas. Elle n'aurait pas su expliquer les raisons ou la manière dont ce sentiment lui était venu, mais c'était bien là tout ce qu'elle ressentait à l'égard de l'étudiante en sciences politique: une tendresse presque sororale. Cependant, ce type de lien implique un remontage de pendules lorsque l'une des deux, la plus jeune en l'occurrence, multiplie les conneries. La pauvre Heïana ne se doutait même pas encore de la moitié de l'histoire... Mais l'instant T n'en était pas rendu là, de toute façon. Après quelques salutations joyeuses, la plus grande des deux - pas la plus vieille pour autant - s'excusa de ne pas avoir donné de nouvelles. La Tahitienne secoua la main dans un geste bref, lui pardonnant sans aucun mal. Aucun soucis ! On a tous des vies bien remplies.

Bien évidemment, il ne fallut pas plus à la métisse que la proposition de l'Australienne pur-souche pour la suivre au Death Before Decaf'. Elle appréciait de plus en plus ce bar, y ayant apposé ses premières marques lors du Tournoi Harry Potter, où elle avait eu la joie de faire la connaissance de Terrence, meilleur adversaire de tous les temps. Elle avait même eu l'occasion d'y retourner, d'y papoter avec Charlie avant leur "aprèm-cocooning-filles-confessions" au spa quelques rues plus loin. Alors bien sûr qu'elle était partante pour y retourner ! Rien ne pressait pour elle, son service fini, après tout. La joie que Moana ait grandi, et soit assez adulte, mâture et indépendante pour qu'elle n'ait ni à la gérer comme une enfant, ni à la fliquer comme une adolescente en pleine crise existentielle. Sa robe printanière voletant légèrement autour d'elle, la brune prit place aux côtés de la rousse et elles entamèrent leur périple jusqu'au café. Heïana remarqua la mine pâlotte, plus que d'ordinaire en tout cas, de son acolyte mais elle n'en fit aucun commentaire; peut-être qu'elle était juste un peu grippée, c'était la saison après tout. Ce qui expliquerait sa présence dans le coin. Au fait, comment se passent tes études ? Moana vient juste de rentrer à la fac' de droit ! Je me suis dis que vous vous croiseriez peut-être.

Les deux amies arrivèrent auprès de la station de tram, et eurent la chance que l'un d'eux en direction de Logan City arrive pile à cet instant. Elles montèrent à bord, Heïana payant un ticket. Elle n'avait pas d'abonnement car elle utilisait peu les transports en commun. Son vélo lui suffisait pour les trajets quotidiens qui dépassaient le cadre du boulot-dodo et qui étaient à plus de vingt minutes de marche. La franco-australienne sortit de son sac à main la petite boite de chocolats que des patients lui avaient offert le matin même. Avec gourmandise, elle piqua une de ces délicieuses gourmandises, et tendit le paquet vers Charlie, sourire malicieux sur les lèvres: Tu en veux un ?

Le voyage se fait sans encombres jusqu’au bar, le trajet est connu par coeur par Charlie à force d’habitude. Leur robe respective virevolte doucement au vent, démontrant la joie viscérale de l’une et cachant le ventre arrondi de l’autre. Parfois le hasard fait bien les choses et pour aujourd’hui Charlie se promet de ne plus se plaindre de rien tellement elle est heureuse du concours de circonstances. ”Au fait, comment se passent tes études ? Moana vient juste de rentrer à la fac' de droit ! Je me suis dis que vous vous croiseriez peut-être.” Ah, oui, ça. Les études. Il semblerait en effet qu’Heïana ait beaucoup plus de choses à rattraper que ce qu’aurait pu imaginer la blonde. Bien plus. Bien, bien plus. Du genre, une éternité. Sa vie avance à mille à l’heure et quelques mois à peine ont suffit à les éloigner totalement, à faire d’Heïana une quasi étrangère alors qu’elle a pourtant une place bien à elle dans le coeur de la Villanelle. Les circonstances ne sont tout simplement pas en leur faveur et parfois, à certaines occasions, il n’est pas judicieux de ne raconter que la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Omettre quelques détails en modifier quelques, cela n’a jamais tué personne, hm ? "J'ai fait une pause. Le temps de travailler un peu ... je reprendrai dans quelques mois.” Une vérité pour un petit mensonge, cela ne tuera personne. Cela ne fera de mal à personne et surtout, surtout, cela permet de simplifier toute cette situation bien trop intriquée pour paraître réaliste.

Alors les transports en commun s’enchaînent, ils se serrent, laissent passer des gens, font biper leurs titres de transport. La mécanique est bien huilée, aucune d’elle ne semble plus faire attention à leurs faits et gestes tellement elles en ont l’habitude ; grande ville oblige, anonymat oblige. ”Tu en veux un ?” Les yeux bleus de Charlie se reposent un instant sur son amie et un sourire naît au coin de ses lèvres alors qu’elle l’observe manger avec gourmandise un carré de chocolat. Heïana aura toujours cet air enfantin, quoi qu’il se passe, quoi qu’il arrive. C’est toujours ce qui est le plus flagrant chez elle, quelle que soit la situation : cette touche de douceur qu’elle ne cesse d’apporter autour d’elle. C’est un rayon de soleil dans un pays surexposé à cet astre, une bouffée de chaleur alors que tout le monde meurt déjà de chaud. Et qu’importe. Elle est rapidement devenue une part essentielle du puzzle. D’un geste de la main, elle refuse poliment la boîte de chocolats tendue par son amie, incertaine de la composition de ces derniers. Elle est une femme rangée, maintenant, plus question de faire n’importe quoi avec sa santé et celle de son enfant.

Finalement elles rejoignent le bar, là où Asher fait la tête, là où Matt demande une hola en criant à tue tête, là où Decklan lève déjà les yeux au ciel. Et Charlie qui sourit, qui rigole de cette bande d’imbéciles devenus une seconde famille. "Matt va continuer de crier, mais on peut toujours essayer d’avoir une conversation normale sans avoir à faire comme lui.” Et elles vont échouer, parce que même à quelques centimètres de leurs oreilles il va continuer à crier et être, par conséquent, le centre de leur attention. "Je vais me chercher à boire, tu veux quelque chose ?”

What have you done ?! feat @Charlie Villanelle

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Naïve, Heïana ? Si peu. Crédule ? Mais non, croyez-vous. Toujours est-il qu'elle avale tout rond le mensonge de son interlocutrice tout rond, sans même le mâcher une seule fois. Charlie avait arrêté les études !? En voilà une drôle de nouvelle. De nature spontanée mais délicate, la brune ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux le temps d'un instant face à cette annonce pour le moins inattendue. Pourtant, quand elles en avaient parlé lors de leur première rencontre, en avril ou en mai, la blonde à l'époque rousse semblait apprécier sa formation... Cependant, Villanelle évoquait le fait de "travailler un peu". Manquait-elle d'argent ? Ce ne serait pas la Tahitienne qui lui poserait la question, qui serait le comble de l'indélicatesse; elles s'entendaient bien certes, mais n'étaient pas proches au point que la plus âgée pose des questions aussi intrusives à sa cadette. Il faudrait que ça vienne d'elle-même, dans ce cas. Elle tint cependant à afficher son soutien à l'ancienne étudiante, et lui dit: Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas.Sans dire qu'elle ferait la charité, Heïana était du style généreuse, et bien qu'elle soit une bonne gestionnaire de manière globale, s'il s'agissait d'aider un proche dans le besoin, elle mettrait la main au panier sans aucun doute, que ce soit dans l'optique d'un prêt d'argent ou d'un don simple et pur. Là aussi, elle n'imposerait rien, attendant la demande de la blonde; le consentement est quelque chose d'essentiel, et l'outrepasser, même si ça passe par une bonne volonté à la base, n'est pas la meilleure chose à faire.

Après quelques stations de tram, elles arrivent finalement au Death Before Decaf, qui est bien animé ce jour-là. Un sourire amusé s'étire sur les lèvres d'Heïana, voilà une scène assez comique, chaque serveur n'ayant pas du tout la même attitude, mais le tout formant un ensemble étrangement... Cohérent. Elle commente les paroles de la serveuse qui n'est pas en service dans un rire: On peut dire qu'il y a de l'animation au moins !  Elles se calent dans un coin sensé être un chouilla plus calme, ce qui reste encore à prouver. Charlie, encore debout, se propose alors pour aller chercher les boissons. C'est sûr que quand on fait partie de la team, c'est encore plus rapide pour être servie. Je veux bien un virgin mojito, s'il-te-plaît ! Il est bien trop tôt pour se mettre à l'alcool. Dieu bénisse les inventeurs des cocktails softs. Alors que la blonde s'éloigne, la brune se dit qu'elles vont avoir de quoi parler. Sans dire qu'elle allait l'accuser de quoi que ce soit, Heïana espérait que Charlie comprenait à quel point elle avait blessé Timothy en début d'été. Mais elle était encore tellement loin du compte... Le découvrirait-elle seulement ?

Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. La rousse se retient d’affiche n’importe quel rire, tous aussi faux les uns que les autres, qui lui viennent à l’esprit. Elle est gentille Heïana, elle a un bon coeur, mais cela ne suffit parfois pas. Elle peut vouloir le bien du monde entier, ce n’est pas pour autant qu’on sera le lui rendre, ce n’est pas pour autant que son vœu sera exaucé non plus. Charlie l’a appris à ses dépens mais aujourd’hui, enfin, elle semble avoir compris la leçon aussi difficile fût-elle à avaler. La vérité c’est que la Tahitienne ne peut pas lui offrir ce dont elle a besoin, ni personne d’autre d’ailleurs. Elle a juste besoin de lui, de Tim, à ses côtés et durablement, pas pour quelques heures le temps qu’ils se déchirent encore plus sans prendre le temps de s’aimer comme ils en crèvent pourtant d’envie. La vie n’est pas bien faite, non, parce qu’elle lui refuse ce genre de choses qui paraissent pourtant si essentielles à ses yeux. Tim, juste Tim. Prenez tout le reste, elle n’en a rien à faire. ”Ne t’en fais pas.” Elle assure pourtant, la tête baissé mais les yeux relevés vers la jolie maïeuticienne, un petit sourire sur les lèvres qui se veut rassurant au possible. La mascarade est bien huilée.

On peut dire qu'il y a de l'animation au moins ! Être au DBD a toujours su détendre Charlie, depuis la première seconde où son pied a franchi le seul de la porte, et depuis cet instant le bar a toujours été animé, de force ou de gré. La plupart du temps c’est Matt qui s’improvise clown et occupe tout le monde sans même s’en rendre compte et, de toutes les animations, elle doit bien avouer que c’est celles ci qu’elle préfère. Ses interventions ne font aucun sens, ses sondages entre Batman et Superman, Rose bleue ou rose violette, T-Rex ou Raptor lancés au hasard dans la journée l’ont toujours amusé. Bon public, la rousse, éternel enfant, le brun. ”C’est encore pire quand le soleil se couche, ils se pensent tout permis.” Elle ajoute une dernière fois avant de s’éloigner, levant les yeux au ciel avec exagération, comme si elle n’était pas la première à défendre l’intelligence des Raptors face à la force brute des T-Rex, ni même la première à glisser une nouvelle (et très mauvaise) idée de jeu dans l’oreille distraite de Matt.

Elle s’envole pour mieux revenir, prépare la boisson en un temps record, fait exprès de prendre toute la place derrière le comptoir pour ennuyer Decklan autant que possible. Plus il souffle et plus il grogne, plus ça l’amuse. Elle mime avoir besoin de la baille au bout du comptoir alors qu’elle en a une juste devant, puis finalement elle se ravise et décide que la couleur rose saumon, vraiment, c’est dépassé. Elle veut la noire, celle du dessus, celle que ne peut décidément pas attraper, celle pour laquelle elle bat des cils et fait les yeux doux, parce qu’il cède toujours. Parce que lui, il sait qu’elle a la carte joker du bébé. Elle finit par accrocher tout un tas de bonbons sur le rebord du verre et lâche enfin Decklan pour la soirée, arrête là sa torture dans un dernier clin d’oeil.

”Tu voulais me parler de quelque chose ?” Distraite, elle ajoute ces quelques paroles qu’elle pense anodine, elle joue de sa paille qu’elle a déjà mordillé alors qu’elle ne l’a entre les mains que depuis une paire de secondes. Ses yeux se concentrent un temps sur son propre smoothie avant qu’elle ne les repose sur Heïana. A toi l’honneur.

What have you done ?! feat @Charlie Villanelle

Heïana profita de ces dernières minutes, puis secondes de tranquillité; car il ne faisait aucun doute que la suite de la discussion serait plus difficile. Oh, elle ne voulait pas créer une ambiance houleuse, ni se disputer avec la blonde. Mais très clairement, le thème de leur conversation serait à mille lieux de celle qu'elles avaient pu avoir lors de leur toute première rencontre. Elle observa Charlie préparer leurs deux boissons avec un petit sourire rêveur, perdue dans ses pensées. Elle s'entendait vraiment bien avec l'ancienne étudiante, même si bien des choses les séparaient, que ce soit en termes de style de vie ou de caractère. Tout ce qu'elle espérait, c'est que sa cadette comprendraient que son sermon n'était pas fait de reproches - enfin, pas que - mais qu'il avait plus une base d'inquiétude et un but de conseil qu'un objectif moralisateur. La Tahitienne remercia la jeune femme d'un signe de tête et d'un sourire lorsqu'elle lui amena son Virgin Mojito, et commença à le siroter à l'aide de la paille fournie. Heureusement qu'elle buvait tranquillement, car les mots de Charlie le firent quasiment avaler de travers. Tu voulais me parler de quelque chose ? qu'elle lui demande innocemment, ne se doutant probablement pas que oui, en effet, Heïana veut discuter sérieusement avec elle. La brune termina donc de boire sa gorgée et lâcha le verre, le posant sur la table. Elle passa une main dans ses cheveux, un peu nerveuse. Oui, en effet. La sage-femme leva les yeux vers la serveuse du Death Before Decaf. Un ange passa. Pitié, faites qu'elle soit ouverte à la critique. Ca remonte à quelques mois, maintenant... J'aurais voulu t'en parler plus tôt, mais je n'en ai pas eu l'occasion. Se rendant compte que sa manière d'avancer les choses pouvait donner l'impression que c'était gravissime, elle ajouta en secouant un peu les mains: Rien de terrible, hein ! C'est juste que... La Polynésienne réfléchit un instant à sa formulation, puis se lança finalement. Je connais Timothy Decastel, et je sais que tu es plus ou moins sortie avec. Je ne sais pas où vous en êtes aujourd'hui, mais j'ai appris lorsqu'il est parti à Kapooka après vos... ton "stop" dans votre relation. Heïana ancra ses yeux océan dans les prunelles de l'ancienne rousse, ajoutant: Je ne suis pas là pour te faire la morale. C'est juste qu'il a été terriblement blessé, je l'ai vu de mes propres yeux et... Je ressentais juste le besoin d'en parler, et de savoir si tu t'en étais rendue compte. Voilà. Attendant la réaction qui ne saurait se faire guère attendre de la Villanelle, la plus âgée se permit de boire à nouveau un peu. C'est que ça lui avait asséché le palais de parler ainsi !

Spoiler:

Les yeux bleus de la blonde se posent avec attention sur le vert de la menthe qu’Heïana est en train de boire puis le brun de ses cheveux qu’elle touche avec délicatesse. Si elle ne dit rien de plus c’est parce qu’elle attend que la sentence tombe et que son amie mette enfin un terme à toute cette cérémonie artificielle, laquelle était visible à des kilomètres. Quelque chose ne va pas mais ce n’est pas assez urgent pour qu’elle le lui en fasse part rapidement, au lieu de ça elle a laissé le doute et les appréhensions naître dans le coeur de la femme enceinte qui regorge maintenant de pistes toutes plus horribles les unes que les autres.

L’entée en matière est difficile, elle bute sur la plupart des mots. Pourtant, certains ont le dont d’attirer l’attention et toute la concentration de la blonde. Timothy Decastel. Ses iris lâchent leur attention perdue ailleurs et se plantent aussitôt dans ceux d’Heïana en même temps qu’elle fronce des yeux, perdue. Elle n’avait aucune idée qu’elle était liée à Tim d’une quelconque manière que ce soit, encore moins qu’elle puisse connaître son existence dans la masse de la population de Brisbane. Désormais Charlie a un millier de question mais la paralysie l’empêche de les poser ; bientôt la colère prendra le dessus. Le ‘plus ou moins sortie avec’ lui arrache un rire qui n’a rien de joyeux ni d’amusé. Cela fait remonter des souvenirs douloureux qu’elle pensait enterrés à jamais, cela la ramène à une époque qui n’a absolument rien de reluisante qu’elle pensait naïvement avoir pu oublier.

Elle fait un résumé erroné de la relation qu’elle a avec Tim, des raisons pour lesquelles il s’est enfui à l’autre bout du pays. Comme si elle ne savait pas, tout ça. Comme si elle n’avait pas eu de discussion avec lui à ce propos un bon milliard de fois, entre cris et larmes. Elle était là. Contrairement à Heïana elle n’a pas besoin qu’on lui conte l’histoire pour s’en tenir informée. Elle était là, elle a tout vu, tout vécu, tout ressentit, du premier baiser au dernier adieu, de l’annonce de la grossesse à leurs retrouvailles d’un soir. Elle était là. Toujours. Elle souffle, se pince les lèvres, se retient d’exploser le temps qu’elle finisse son discours de merde. Les mains de la blonde quittent la table pour venir se poser sur son ventre, comme s’il avait besoin d’être protégé maintenant plus que jamais. ”Tu parles de choses que tu ne connais pas.” Elle est là, la seule vérité, celle qui compte réellement, la plus importante. Heïana n’est pas dans le triptyque de merde qui représente leur relation ; elle n’est pas dedans et par conséquent elle n’a pas de droit de regard dessus.

La blonde a grandi, elle a mûri, elle n’a désormais aucun mal à affronter les yeux accusateurs de son amie et à lui rendre la pareille. ”J’en reviens pas qu’il t’en ait parlé. Putain.” Ces mots là sont à peine murmurés, destinés à elle même plus qu’à son interlocutrice. En parlant d’eux c’est comme s’il avait brisé un pacte muet et invisible, comme s’il avait violé leur intimité. Personne ne sait rien à propos de Tim dans l’entourage de la blonde, mais voilà donc que l’inverse n’est pas aussi vrai. ”On n’est jamais sortis ensemble. Jamais. Il n’y a pas de plus ou moins. Il est parti à Kapooka au moment où j’ai été conne de croire qu’on aurait pu créer quelque chose.” La faute revient vers Tim, encore et toujours, parce que ça restera toujours la voie de la facilité. Elle s’est expliquée et excusée face à lui mais son ego ne lui permet pas de réitérer l’opération face à qui que ce soit d’autre. Il est le seul à connaître la vérité et c’est tout ce qui compte. ”Tu crois que je sais rien, Heïana, qu’il était juste un tampon dans ma vie pour oublier une histoire et aller de l’avant ?” Son visage reste fermé, le ton monte sans qu’elle le veuille. Ca, c’était le rôle de Kane. C’est Kane qui lui a tout fait oublier, Kane qui l’a aidé à aller de l’avant, Kane qu’elle aime de bien des manières mais jamais ô grand jamais de la même façon dont elle aime Tim. ”Je ne sais pas comment tu le connais ni à quel point vous êtes proches, et je m’en moque. Tout ce que je sais, c’est que ça n’a rien à voir avec la manière dont nous on se … connaît. Tu ne sais pas la moitié de l’histoire, tu ne sais rien du tout bordel, tu ne peux pas juste venir ici et me faire la morale.” Le passé ne saurait être changé, même si parfois elle le souhaite de tout son coeur, de toute son âme. Et de tout son corps. ”Je suis enceinte. Il va être père. Tu voulais savoir si je m’étais rendue compte de quelque chose ? T’as la réponse.” Charlie toise, juge, examine.

Bienvenue dans cette merde qu’est ma vie.
Mind the gap.

What have you done ?! feat @Charlie Villanelle

Et voilà. Comme prévu, ça coince. A peine a-t-elle commencé à en parler qu'Heïana a bien vu les traits de son interlocutrice se figer sous la surprise, puis se durcir sous l'effet de la colère. Ahlala... Elle qui avait voulu être délicate pour ne pas trop froisser la blonde, apparemment, ça n'avait pas suffit. En même temps, il n'était pas étonnant de découvrir Charlie comme quelqu'un de sanguin, lorsqu'un sujet arrivant sur la table la concernait directement. La brune aurait pu comprendre que la blonde veuille expliquer les choses de son point de vue - car après tout, dans une seule et même histoire, il y a toujours au moins deux sons de cloche, si ce n'est plus - qu'elle veuille se défendre et ce, même sur un ton inapproprié à cause de l'attitude défensive qu'elle pouvait adopter. Mais quelques mots ne passèrent pas, aux oreilles d'Heïana. Tu parles de choses que tu ne connais pas. Instantanément, et c'était là chose plutôt rare, ce furent les traits de son joli minois qui s'affirmèrent et se montrèrent plus creusés, plus rugueux. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux pétillèrent de dangerosité liée à un énervement certain. Ah oui, tu crois ? Qu'elle demanda d'une voix froide mais encore assez tempérée pour ne pas glisser vers une véritable dispute. Je ne suis pas dans votre relation amoureuse, mais j'en ai vu assez.

C'est qu'elle s'enfonce, en plus, la Villanelle. Les doigts d'Heïana se resserrèrent sur son verre, très légèrement, de manière imperceptible, alors que la blonde lui dit que c'est lui qui a fuit à Kapooka alors qu'elle pensait qu'ils pourraient bâtir quelque chose. Tu te fiches de moi, là ? La jeune femme n'a même plus l'instinct de prendre le temps d'une bonne respiration pour contenir son énervement, qui sonne de plus en plus sourd au fond de son cerveau carburant à mille à l'heure. De ce qu'il m'en a raconté à l'époque, tu lui as dit que rien n'était possible entre vous, alors même que vous veniez de coucher ensemble... Et qu'il t'avait offert sa première fois, ce qui était sans aucun doute précieux pour lui, une immense marque d'affection ! Pendant sa prise de parole, Heïana avait malgré tout eu le tact de ne pas trop hausser le ton, ne voulant pas gêner plus que ça Charlie devant ses collègues et devant les quelques clients présents.

La brune n'en revenait pas, pourtant. Comment Charlie pouvait-elle prétendre que c'était Tim qui l'avait abandonnée, alors même qu'elle lui avait brisé le coeur au sortir de leur nuit d'amour ?! Quelle mauvaise foi. Incroyable. La suite, la maïeuticienne laissa la serveuse parler. Comme quoi elle n'avait pas à intervenir, que ça ne la regardait pas, qu'elle n'avait pas à lui faire la morale, que Charlie se fichait bien de la relation qu'elle pouvait avoir avec Timothy pour oser venir lui en parler, et bla bla bla... Quand elle eut fini son monologue, la brune reprit, la voix coupante: Dis-toi bien que s'il m'en a parlé, c'est parce qu'il ignorait que je te connaissais; et moi tout pareil, je n'aurais jamais cru que vous vous fréquentiez. On était assez liés, rien de plus qu'un début d'amitié, mais assez important pour que je prenne le premier vol vers Kapooka lorsque j'ai compris que Tim descendait une pente de plus en plus dangereuse là-bas, à un moment donné. Mais Charlie ne pouvait pas imaginer ça. Ce n'est pas elle, qui l'avait vu, le visage plus terne, meurtri et désespéré que jamais, sans la trace de la moindre étincelle dans ses yeux. Ce n'est pas elle, qui l'avait pris dans ses bras alors qu'il s'effondrait en larmes. Ce n'est pas elle, qui avait constaté lors de l'étreinte, à quel point il était amaigri. Ce n'est pas elle, qui avait vu les bleus et les nombreuses contusions sur son corps dont la peau n'avait encore vu jusque-là pas d'autre entraînement que celui du sport que tout un chacun pourrait pratiquer. Ce n'est pas elle qui l'avait vu, presque démuni de toute émotion, son âme rongée par le chagrin et la dévalorisation. Tu n'imagines même pas à quel point il allait mal, souffla la brune d'un ton douloureux avant de reprendre avec un peu plus d'aplomb, et je dis ça même en me doutant que vous vous êtes revus quand il est revenu à Brisbane.

Une seconde de silence. Alors qu'elles auraient pu continuer, et peut-être même que la situation aurait pu s'améliorer, les filles auraient pu poser les choses à plat. Mais non, trop facile, bien sûr. Charlie lâche une bombe. Elle attend un enfant. De Timothy. La métisse pâlit, en n'osant même pas imaginer tout ce que ça implique, et se demandant bien où pouvait en être leur relation aujourd'hui. Elle a à peine revu le brun depuis qu'il est revenu à Brisbane, de loin, et encore. A croire qu'elle n'a été que l'interlude salvateur qui l'a empêché de sombrer tant qu'il était à Kapooka. Ou bien qu'il a tout simplement sombré pour de bon en revenant à Brisbane, elle n'en sait rien. La Polynésienne avale une gorgée de Virgin Mojito, directement au verre, cette fois. Tout fit sens alors dans sa tête: le passage de Charlie à l'hôpital, son arrêt des études... Ah, c'était donc ça, la vraie raison, ironisa la jeune femme d'une voix plus polaire que le pôle Nord. Pour tes études, précisa-t-elle sa pensée. Elle soupira, totalement désappointée. Et donc tu comptais me mentir longtemps comme ça ? Jusqu'à quand ? Que je te vois aussi ronde que n'importe quelle femme enceinte à cinq mois de grossesse passés ? Que je te croise au hasard dans le service maternité où je travaille ? Que j'arrive en salle d'accouchement pour m'occuper d'une patiente, et que je réalise que c'est toi ? Le ton monta de plus en plus, passant de glacial à brasier incandescent. Si la brune était venu dans un premier temps dans un but d'aide et de conseil, ce n'était plus le cas. Heïana était une femme patiente, sincère, délicate et attentionnée. Mais elle ne supportait pas qu'on se paye sa tête, délibérément, et ce venant encore plus d'une personne qu'elle commençait à considérer comme une amie. En fait, tu te fiches bien du monde. Il n'y a rien d'autre à dire.

La jeune femme se leva, alors que son coeur émietté par cette amitié brisée s'effritait dans sa cage thoracique, qui se soulevait au rythme accéléré de sa respiration. Elle laissa un peu de monnaie sur la table pour payer son verre, lança un dernier regard à Charlie. Je ne peux que te souhaiter, malgré tout, d'être heureuse pour la suite. Pour toi et pour l'enfant que tu portes. Bon vent. Sans rien ajouter, la Tahitienne quitta le Death Before Decaf d'un pas vif. Au bout d'une vingtaine de mètres, quelques larmes roulèrent sur ses joues, qu'elle essuya d'un geste rageur. Voilà où ça amenait, de toujours s'occuper des autres. On finit par être la potiche de service, celle qu'on appelle et qu'on sollicite quand on en a besoin, qui se démène plus qu'on le lui demande, mais qu'on oublie ensuite et à qui on reproche de s'intéresser et d'intervenir. Désormais, elle saura se mettre ses propres limites dans l'aide à son Prochain. Que Dieu lui pardonne.

Et dire que Charlie pensait naïvement en avoir terminé avec ce sujet de discussion là. Dire qu’elle pensait que maintenant qu’ils s’étaient expliqués, qu’ils avaient crié et pleuré, qu’ils s’étaient aimés et détestés … dire qu’elle pensait que tout allait rentrer dans l’ordre, qu’ils allaient être une de ces familles tout sauf nucléaire mais qui arrive pourtant à peu près bien à s’entendre malgré les aléas de la vie. Les discussions comme celle-ci la ramènent douloureusement dans le monde réel, dans lequel ce genre de chose n’est pas possible. Pas quand il s'agit de Tim et de Charlie, laquelle l’absence de l’être aimé la ronge un peu plus chaque jour, laquelle n’a aucune idée de comment continuer à vivre seule après l’avoir connu à ses côtés, parce qu’elle n’est qu’une gamine qui ne connaît rien encore. “Tu ne sais pas ce que je lui ai dit parce que tu. n’étais. pas. là !” Parce que jamais ô grand jamais elle n’aurait osé lui dire que leur union était impossible alors que c’est la seule chose qu’elle espérait le plus au fond de son coeur. Elle avait besoin de temps pour remettre ses idées en place, arrêter de vivre une vie à cent à l’heure qui ne lui a jamais correspondu. C’est tout ce dont elle avait besoin mais ses mots ont vrillé, ce sont perdu dans leur traduction, n’ont pas eu l’effet escompté. Il lui a offert sa première fois et elle toute sa confiance après avoir été détruite par John ; mais ça ce n’est pas le genre d’histoire qui peut être contée. Heïana ne connaît que la partie immergée de l’iceberg, ça enrage encore plus la blonde qu’elle se pense omnisciente alors que le peu de données qu’elle a su récolter date de plusieurs mois déjà. Leur relation change trop rapidement pour que quiconque autre qu’eux deux ne puissent en suivre le rythme effréné. Pas même elle, qui a eu le courage de prendre un avion dont Charlie n’oserait même pas rêver.

”Tu n'imagines même pas à quel point il allait mal.” Et elle siffle, la blonde qui ne supporte pas qu’on s’approche trop près de l’homme qu’elle aime. ”Il a une petite amie, maintenant. Il est heureux, il a su remonter la pente, tu vois.” Et elle fulmine, la blonde qui ne supporte pas qu’on lui prenne la seconde moitié de son coeur. Elle fait mine de rien, elle et sa voix glacée, glaçante, mais son coeur bat la chamade et sa jambe est tremblante sous la table, signe évident de stress et de mal être. Elle n’aime pas parler de Tim, encore moins quand il s’agit de se souvenir de cette époque là et de la liste interminable d’erreurs qu’elle a pu faire.

Heïana finit par afficher un air outrée à l’annonce de la grossesse et le sujet de la discussion retourne vers elle, sa petite personne, son travail dont Charlie n’a que faire. ”Ma grossesse n’intérferera pas avec ton travail. Si c’est la seule chose qui t’inquiète, ne t’en fais pas pour ça.” Elle en oublie le reste des mots, se fait fureur pour ne pas reprendre les arguments un à un et continuer cette joute verbale qui ne mène nulle part. Heïana est en colère, Charlie est en colère ; aucun des mots de l’une ne saurait apaiser l’autre et ce n’est même pas certain qu’aucune cherche l’apaisement désormais. Il s’agit seulement de jouer au jeu de celle qui fera le plus mal, celle qui piquera au meilleur endroit, qui enfoncera son dard assez loin pour qu’il soit impossible de l’en extirper un jour. Les amitiés tiennent souvent à peu de choses, et pour Tim, elle serait prête à tout abandonner.

”Ne remets plus jamais les pieds ici.”