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JESSIAN & DIMITRI.

Vendredi, en début de soirée. L'un des moments où la fréquentation à la fête foraine pouvait doubler par rapport à certains soirs de semaine, mais pour une fois ce n'était pas une préoccupation qu'aurait Dimitri. Pas ce soir, et pas alors qu'il avait placé une confiance totale en Billy pour s'occuper seul du stand et enfin véritablement prendre du galon sans personne pour guetter par dessus son épaule ni lui jeter des coups d’œil comme s'il n'était pas capable de se débrouiller. Il l'était, Dimitri s'en était suffisamment assuré pour savoir que le stand était entre de bonnes mains, et c'était ce qui lui permettrait d'avoir l'esprit tranquille pour ce que lui avait prévu de son coté. Le rendez-vous était pris depuis deux semaines, et il ne saurait pas exactement dire si c'était l'idée de faire entrer quelqu'un dans ce qu'il considérait comme son antre et une sorte de passage vers un univers dont peu de personnes connaissaient l'existence, ou l'idée de placer à nouveau son objectif sur quelqu'un quand ça ne lui était plus réellement arrivé depuis des années, qui faisait naître en lui le plus d'appréhension. Une série de premières fois, ou presque, qui lui donnaient la déroutante impression de marcher les yeux bandés le long d'un fil, mais qui l'envahissait aussi d'une plénitude qu'il n'avait plus éprouvée depuis longtemps. La photo, c'était ce qui avait souvent donné un sens au reste, même dans les moments où ce reste n'était précisément plus composé de grand chose. Et si peu de gens savaient, si peu de gens entrapercevaient cette part de lui qu'il continuait le plus souvent à planquer derrière ce qu'il pouvait, c'était parce que Dimitri avait depuis longtemps perdu confiance en ses photos, en ce qu'il faisait, comme il avait perdu confiance en lui. Et puis une rencontre avait redistribué les cartes, et une partie de lui s'était sans doute convaincue que ce n'était peut être pas tout à fait un hasard si on avait mis sur sa route quelqu'un comme Jessian. Quelqu'un qui puisse à la fois vous intimider et vous mettre incroyablement à l'aise, et quelqu'un qui n'irait pas se laisser impressionner par sa stupéfiante carrière de photographe amateur qui n'avait pour ainsi dire qu'un book entamé, des centaines de tirages en désordre et autant de photos enfermées dans son appareil photo pour prouver qu'il était un passionné pur et dur, à défaut d'être pour l'instant un professionnel. Il se revoyait exulter lorsqu'elle avait accepté de poser devant son objectif, elle qui avait l'habitude de travailler avec les meilleurs, puis s'être dit que si elle y avait peut être vu l'occasion de lui faire une faveur, au moins pourrait-il faire en sorte qu'elle reparte d'ici convaincue de ne pas avoir perdu son temps. Ici, c'était non seulement l'endroit où il se sentait peut être le plus apaisé au monde, mais aussi le cadre dont il rêvait depuis le départ pour ce projet. Et s'il avait passé trois heures à tout ranger, s'assurer qu'aucun détail n'irait jurer avec l'atmosphère qu'il avait toujours voulu apporter à ce lieu, c'est aussi parce qu'il n'oubliait pas que Jessian voyageait dans les plus beaux pays du monde quand elle n'occupait pas ses soirées à rejoindre un type qu'elle connaissait encore à peine aux abords d'un van dont elle ne savait presque rien. A un détail près. « Si tu n'as pas changé d'avis, retrouve-moi à Redcliffe, après Hughton Avenue. Je serai le type mort de trac à coté du van bleu. A tout à l'heure. » Dimitri avait dicté ce message à son téléphone deux heures auparavant, le cœur battant plus vite à l'idée que ce qui était encore une proposition qu'il n'arrivait pas à formuler deux semaines plus tôt, soit maintenant quelque chose qu'il pouvait presque toucher du doigt. Garé un peu en retrait des habitations le long d'une petite route préservée, il avait attendu que la nuit tombe doucement sur le paysage pour installer une banderole lumineuse à l'extérieur de son van, dans un souci de rendre cet endroit si cher à ses yeux mais si atypique à ceux de n'importe qui d'autre un peu plus chaleureux encore. Le VTT qu'il gardait le plus souvent à l'intérieur avait été sorti pour l'occasion, et parce que si l'endroit n'était pas immense, il en avait pensé chaque détail pour qu'il soit parfaitement fonctionnel. Si on aimait ce qui sortait un peu de l'ordinaire, bien sûr. Et puisqu'elle avait accepté une séance photo sur laquelle planait encore un certain mystère, Dimitri aurait tendance à dire que c'était le genre de Jessian. L'heure avança plus vite qu'il n'en eut d'abord conscience, jusqu'à ce que les phares d'un véhicule à quelques mètres de là ne lui fasse dire que c'était sûrement elle. Presque personne ne venait jamais ici, si ce n'est quelques animaux sauvages avec lesquels il cohabitait toujours volontiers, ainsi il attendit de la voir apparaître pour étirer un sourire. « Salut Jessian, je suis content que tu sois venue. T'as pas eu trop de mal à trouver ? » Il demanda en s'avançant, hésitant une seconde à la façon dont il pourrait bien la saluer, et si dans ces cas-là il valait mieux se serrer la main ou bien se faire la bise comme deux personnes qui avaient déjà appris à faire un peu connaissance. Il opta finalement pour la seconde option, plus chaleureuse et susceptible de les mettre à l'aise, et imprima une bise sur chacune de ses joues avant d'ajouter d'un air un peu intimidé. « D'habitude je me gare en bas de chez moi, mais je me suis dit que t'apprécierais peut être de faire les photos dans un coin plus tranquille. » Et non pas juste sous les fenêtres de ses voisins, qui pourraient trouver ça étrange de le voir faire monter une fille dans son van s'ils avaient trop d'imagination. Et puis il avait promis une certaine discrétion à Jessian lorsqu'elle avait accepté cette séance. « C'est normalement le moment où tu sais enfin si je suis un vrai photographe ou juste un psychopathe de plus qui conduit un van. » Dimitri eut un rire un peu nerveux, avant de secouer la tête en se sentant obligé d'ajouter. « Désolé, c'est nerveux. J'ai plus vraiment l'habitude en réalité. » Ni des séances photos avec un modèle plus vrai que nature, et encore moins une fille qui se retrouvait régulièrement placardée à travers tout Brisbane pour des campagnes, ni de faire découvrir son van à quelqu'un. Peu de gens savaient, c'était un endroit qu'il protégeait un peu malgré lui, mais aujourd'hui il avait deux bonnes raisons de lui en ouvrir les portes. Pour qu'il leur serve de décor, et parce que ce qu'elle faisait pour lui en étant là, ça justifiait amplement qu'il veuille lui faire découvrir l'une des choses qu'il chérissait le plus. « Je te fais visiter l'intérieur ? » Il proposa alors, en ouvrant la porte située sur le coté du van, l'autre étant située à l'arrière, avant de lui tendre une main pour qu'elle s'en serve d'appui. Comme tout ce qui roulait, il fallait se hisser un peu pour monter à bord.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Tu te promènes au milieu des vêtements stockés dans une salle de l’agence pour des occasions multiples. Pour t’y promener régulièrement, tu sais qu’il y a de tout. Le problème c’est que tu ne sais pas réellement ce que tu cherches. Dimitri t’avait dit de venir habillée à l’aise mais il y a peu de vêtements dans lesquels tu ne l’es pas donc c’est un peu un casse tête. A force de tourner, tu finis par te décider en attrapant une élégante robe noire de soirée et un maillot de bain. Pour le reste, tu as tout ce dont tu as besoin chez toi. Tu quittes la pièce après avoir signé ton nom dans le registre d’emprunt et tu te mets en direction de ta maison. La journée a été longue et chargée. Tu as enchaîné un photoshoot le matin pour de la lingerie avec des réunions à l’agence pour discuter de tes prochains contrats et de ton emploi du temps. Ce n’est pas la partie la plus amusante de ton travail mais il faut bien y passer. Alors que tu passes la porte, un message de Dimitri s’affiche sur ton écran et tu souris quand tu le lis en notant bien l’adresse qu’il vient de te donner. Tu vas lui répondre mais ton téléphone sonne et tu te retrouves au téléphone avec ta mère que tu laisses monologuer sur les derniers agissements d’Abel. Il va sérieusement falloir que tu discutes avec ta mère à ce sujet car il est hors de question qu’elle continue à faire raconter à Morgane ses week-ends avec son père en détail pour trouver tous les points noirs de ton ex-mari. Dans la chambre de ta fille, tu prépares son sac pour le week-end faisant attention à prendre son doudou et sa couverture préférée. Tu déposes le sac dans le couloir avant de préparer le tien. Tu glisses à l’intérieur la robe et le maillot de bain avant de terminer la conversation avec ta mère et de te doucher. Une fois propre, tu enfiles un jean slim taille haute et en haut une chemise légère que tu noues au niveau du nombril. Tu passes ensuite une quinzaine de minutes à te maquiller avant de te coiffer avant de mettre tout le nécessaire maquillage dans une trousse et de prendre ta brosse à cheveux et de quoi les attacher en différentes coiffures. Etre prête à tout, c’était ta devise quand tu faisais des photoshoots. Tu regardais ensuite l’heure et tu attrapais les deux sacs pour les mettre dans la voiture. Il était temps d’aller chercher Morgane qui allait être toute excitée à l’idée de voir son père. Tu tenais cependant à passer un peu de temps avec elle avant de t’en séparer pour quelques jours alors tu profitais du beau temps de printemps pour l’amener goûter dans un parc près de l’école où elle eut ton attention complète pendant une trentaine de minutes. Elles passèrent bien trop vite et tu te retrouvais devant l’immeuble d’Abel sans avoir vu le temps passer. Tu déposais Morgane chez ton ex-mari avec qui il y avait un peu moins de gêne que d’habitude et tu lui fus reconnaissant de ne pas commenter le fait que tu étais bien trop apprêtée pour une soirée enfermée chez toi. De toute manière, Abel te connaissait assez bien pour se douter que tu n’allais pas rester seule chez toi quand tu n’avais pas Morgane. Une fois de retour dans la voiture tu entrais l’adresse donnée par Dimitri dans le GPS avant de te mettre en route. En remontant Hughton Avenue, tu ne pus t’empêcher de te demander où tu allais atterrir et tu fus surprise quand tu te retrouvais devant un magnifique van rétro bleu et blanc. Tu en avais déjà vu dans des photoshoots mais c’était plus des accessoires qu’autre chose. En descendant du véhicule et en observant l’objet, il était évident que celui-ci était plus qu’une simple décoration. « Salut Jessian, je suis content que tu sois venue. T'as pas eu trop de mal à trouver ? D'habitude je me gare en bas de chez moi, mais je me suis dit que t'apprécierais peut être de faire les photos dans un coin plus tranquille. » Dimitri s’approche pour te faire la bise et tu souris. Tu as du mal à imaginer que ce n’est que la troisième fois que vos chemins se croisent alors qu’une certaine familiarité s’est installée entre vous. Tu préfères cela à la distance que tu rencontres généralement dans les soirées organisées par l’agence. Prenant le temps de regarder autour de toi, tu remarques qu’en effet le lieu est assez calme. Il n’y a que Dimitri, le van et toi finalement. Si le beau brun en face de toi ne semblait pas légèrement nerveux, tu te serais inquiétée de cet isolement mais tu doutais que Dimitri soit mal intentionné. Un sourire aux lèvres, tu lui répondis : « Salut ! J’ai trouvé assez facilement merci. Et tu as raison, c’est mieux d’être un peu isolé, on est plus tranquille. » Tu ne connais que ça toi parce que les plages sur lesquelles tu as l’habitude de shooter ou les lieux utilisés pour vos séances sont privatisés. Cela laisse souvent plus de liberté. « C'est normalement le moment où tu sais enfin si je suis un vrai photographe ou juste un psychopathe de plus qui conduit un van. Désolé, c'est nerveux. J'ai plus vraiment l'habitude en réalité. » Tu laisses ton rire cristallin s’échapper de tes lèvres alors que ta main vient se poser sur son bras de manière rassurante et que tes yeux se posent de nouveau sur le van. Il est réellement magnifique et les fenêtres laissent présager un intérieur très bien aménagé. Toi, tout ce que tu connais qui ressemble à ça ce sont les loges dans lesquelles tu t’habilles et l’on te maquille pour les shoots mais c’est à peu près tout. « Respire. » Lui dis-tu amusée avant d’ajouter : « Promis je ne mors pas. » C’était assez drôle à tes yeux qu’un homme comme Dimitri puisse être impressionné par ta petite personne. Tu savais que l’atmosphère allait se détendre d’elle-même et que le stress de l’homme à tes côtés allait finir par s’évaporer, particulièrement quand il sera derrière l’objectif et qu’il oubliera tout le reste mais pour l’instant, tu essaies de lui faire oublier qu’il a une mannequin expérimentée à côté, il a simplement avec lui une fille qui adore se faire prendre en photos. « Je te fais visiter l'intérieur ? » Tes yeux doivent briller d’excitation à cette perspective. Bien sûr que tu veux voir l’intérieur. Tu ne réponds pas et tu poses ta main dans celle de Dimitri pour t’aider à monter à l’intérieur. Comme tu t’y attendais, c’est petit certes mais c’est très bien agencé avec amour et de manière très cozy. Perdue dans les plaines australiennes au milieu de nulle part, il ne doit pas y avoir mieux pour se retrouver à deux. Tu regardes partout où tes yeux peuvent se poser et tu ne caches pas ton exaltation. « C’est magnifique ! De l’extérieur, je n’aurais jamais imaginé qu’il pourrait y avoir tout ça à l’intérieur. C’est très beau ! » Dis-tu en posant tes yeux dans ceux de Dimitri. « C’est toi qui as fait tout cela ? » Demandas-tu curieuse en t’avançant un peu plus vers le fond du van.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Un mélange d'anxiété et d'excitation régnait dans l'air alors que Dimitri s'assurait  que tout était fin prêt pour accueillir Jessian, qui d'ici une poignée de minutes compterait parmi les quelques personnes à avoir mis un pied à l'intérieur de ce van qui encore aujourd'hui était comme un portail vers un jardin secret qu'il ne dévoilait qu'aux yeux de ceux qui lui inspiraient une certaine confiance et en compagnie de qui il se sentait bien. Leurs routes ne s'étaient peut être croisées qu'assez récemment, mais quelque chose chez la jeune femme lui avait instantanément inspiré un sentiment positif, comme si elle n'avait jamais eu à faire beaucoup d'efforts pour qu'il éprouve l'impression de la connaître, de s'en sentir relativement proche là où pourtant ce ne serait que la troisième fois qu'ils se rencontreraient. Dimitri ne saurait pas exactement l'expliquer, sa sœur aînée aurait sûrement une théorie toute faite sur la question et ce sans même avoir déjà posé les yeux sur Jessian, mais lui se contentait d'apprécier ce que sa présence avait chaque fois d'agréable, de familière, d'apaisante aussi. Il n'aurait pas proposé à n'importe qui de le rejoindre ici à la tombée du jour et le temps d'une séance photos qui signerait aussi ses retrouvailles avec l'appareil qu'il ne sortait normalement plus que pour photographier de temps à autres les passants et les paysages sur lesquels ses yeux s'arrêtaient, mais savoir que Jessian avait l'habitude de ce genre de contextes le rendait un peu moins nerveux. Il savait bien qu'elle travaillait généralement dans d'autres conditions, mais avoir pu discuter avec elle de son boulot lui faisait dire qu'elle apprécierait sûrement aussi l'ambiance plus intimiste que ce van leur offrirait pour la soirée. Pas d'équipe qui s'affairait dans tous les coins, pas d'énormes projecteurs, juste elle, lui, le décor et l'appareil. Le reste ne serait qu'accessoire et c'est Jessian qui donnerait vie aux clichés qu'il se contenterait d'immortaliser, elle qui ferait que ces photos seraient forcément spéciales, et pas uniquement parce qu'il y avait des années qu'il n'avait plus proposé à personne de poser pour son objectif.

Elle le rejoignit sur le lieu du rendez-vous, à l'abri des regards curieux du voisinage, et cette fois encore sa seule présence fit flotter un parfum de décontraction agréable, qui devrait aider Dimitri à se détendre un peu plus, lui qui à vouloir soigner le cadre dans lequel il l'accueillerait s'était mis une pression inévitable, accentuée par le fait que pour la première fois depuis leur rencontre ils se trouvaient véritablement seuls tous les deux. Une chose qui n'avait rien de désagréable, loin de là, mais qui accentuerait son anxiété avant que celle-ci ne s'atténue naturellement lorsqu'ils se seraient mis à l'aise. « On ne devrait pas être dérangés, peu de gens savent pour cet endroit et généralement ce sont mes chiens qui m'y tiennent compagnie. » Dimitri précisa dans un sourire, histoire qu'elle sache qu'il y avait peu de risques que quelqu'un décide de toquer à la porte du van, d'autant plus alors qu'il l'avait garé dans un endroit tranquille. « J'ai juste estimé que ce serait plus simple s'ils m'attendaient sagement à mon appartement, ils sont très affectueux mais aussi surexcités lorsqu'ils rencontrent quelqu'un pour la première fois. » L'idée avait beau l'amuser et ses chiens lui manquer chaque fois qu'il s'en séparait, il n'oubliait pas qu'il avait invitée Jessian à le rejoindre pour une séance photos, et en ça il était hors de question de ne pas se montrer un tant soit peu professionnel. Dimitri n'avait aucun doute sur le fait que ses chiens auraient réservé à la jeune femme un accueil des plus enjoués, mais on ne pouvait jamais prévoir la réaction d'une personne face à trois grosses boules de poils et la dernière chose qu'il voulait c'était la faire fuir. Le fait qu'il soit tout à coup un peu nerveux à l'idée de s'isoler avec elle n'eut cependant pas l'air de perturber la brune, dont le rire fut suffisamment communicatif pour en arracher un à Dimitri qui se sentait déjà plus serein de voir qu'elle était parfaitement à l'aise. Jessian ne pouvait pour l'instant se fier qu'à sa parole pour savoir qu'elle n'avait rien à craindre de lui, même dans cet endroit plutôt isolé qui rappelait le début d'un épisode d'Esprits Criminels, et le fait qu'elle semble naturellement lui faire confiance le touchait. Ce n'était pas la première fois qu'elle s'en remettait à lui, elle qui avait déjà accepté qu'il la photographie alors même qu'il n'était pas un photographe professionnel, et ce n'était pas si souvent qu'on se fiait à lui sans le juger d'après l'image qu'il pouvait parfois renvoyer au premier abord, quand on ne le connaissait pas. Celle d'un type qui compensait un manque criant de confiance en lui par une tendance à l'extraversion et à un certain bagout, et qui en réalité resterait certains matins au fond de son lit pour ne pas affronter le monde extérieur et ses jugements. « Même si tu mordais, je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même. C'est mon idée tout ça. » Il glissa alors, dans un regard à la fois malicieux et amusé, alors qu'un plus large sourire vint étirer ses lèvres en voyant que Jessian et lui n'avaient décidément aucun mal à plaisanter ensemble. C'était agréable, et une ambiance dans laquelle il aurait plaisir à se remettre enfin à la photo. Lui proposant de lui faire visiter son van, il l'aida à monter et la suivit à l'intérieur avant d'ôter son blouson pour ne garder que la chemise sobre mais relativement habillée qu'il avait pris soin d'enfiler pour ce rendez-vous d'un genre particulier, pour lui faire bonne impression. Jessian observa l'intérieur et le sourire de Dimitri s'étira lorsqu'elle parut subjuguée par ce que ses yeux découvraient. « Je suis content que ça te plaise, j'étais pas sûr que le décor te conviendrait lorsque je t'ai proposé cette séance. Je sais pas pourquoi, mais c'est le premier endroit qui m'est venu à l'esprit lorsque je me suis imaginé te prendre en photo. » Il souffla en s'approchant de quelques pas, regardant un instant autour d'eux avant de reposer ses yeux sur elle. « Sans doute parce que comme toi, il m'inspire quelque chose de très authentique. » Et il lui sourit à nouveau avant d'accrocher son blouson sur le petit porte-manteau qu'il avait installé près de la porte histoire d'être pleinement libre de ses mouvements, hochant la tête. « C'est moi, oui. J'ai acheté ce van il y a quelques années alors qu'il était en assez mauvais état, et je me suis mis en tête de le retaper pour lui offrir une seconde vie et en faire un endroit qui serait un peu comme mon refuge. La déco peut sans doute encore être améliorée, mais il n'a déjà plus rien à voir avec avant. » Lorsqu'il était vide, dans un état de conversation assez mauvais et que même les sièges de la cabine de devant devaient être changés. Ça lui avait pris du temps, mais il avait fait en sorte que cet endroit ne ressemble à aucun autre et puisse l'accueillir pour les moments où il voudrait s'y isoler, et aujourd'hui il s'y sentait bien. « Merci pour les compliments, c'est pas rien pour moi. » Il souffla avec une sincère reconnaissance, et parce que ça le touchait d'une façon particulière pour avoir passé des heures à penser cet endroit pour qu'il retrouve une âme et quelque chose de vraiment singulier. Voir cette forme de fascination dans les yeux de Jessian était incontestablement agréable. « Je t'en prie, mets-toi à l'aise. Tu peux poser tes affaires sur le lit et t'y installer. J'ai tiré les rideaux pour être tranquilles mais tu peux les ouvrir, et même mettre un peu de musique si tu as envie. » Il voulait avant tout qu'elle se sente à l'aise et n'ait pas peur de faire comme chez elle, après tout c'était tout comme à ses yeux maintenant qu'il lui avait ouvert les portes de ce van qu'il mettait entièrement à sa disposition. « Tu veux boire quelque chose ? J'ai le nécessaire au frigo, ou une plaque de cuisson si tu préfères quelque chose de chaud. » Dimitri proposa en désignant la mini cuisine qui se voulait petite mais fonctionnelle, qu'elle soit tentée par une boisson fraîche ou une tasse fumante.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Quitter le cocon familial à dix-sept ans t’avait permis de te libérer de l’emprise de tes parents assez radicalement et rapidement. Tu avais grandie dans une famille remplie de préjugés et tu étais certaine que tes parents auraient catalogué Dimitri comme un individu avec qui il fallait être courtois mais qu’il fallait éviter à tout prix. Après tout, il était d’un autre monde, celui des forains, celui où tout n’est pas aussi simple et tout ne s’arrange pas parce que Dieu le veut. Ta famille n’était pas très riche mais elle était aisée et il y a tout un tas de problèmes que tu n’avais jamais eu à résoudre dans ta vie car ils ne s’étaient jamais présentés. En quittant l’Australie, tu avais appris l’ouverture d’esprit et surtout, tu avais découvert que tu étais fascinée par la découverte de l’inconnu. Et Dimitri était une forme d’inconnu pour toi. Le fait qu’il t’ait ramené une Morgane souriante et complètement amoureuse de son sauveur alors que tu paniquais au milieu d’une foule compacte jouait clairement en sa faveur mais les différences entre vos vies à tous les deux étaient nombreuses et pourtant, elles ne t’avaient jamais parues aussi insignifiantes. Tu étais habituée à des décors paradisiaques remplis de projecteurs, de ventilateurs et autres artifices avec des photographes gradés mais ce soir, tu repartais vers quelque chose de plus simple, quelque chose de plus authentique avec Dimitri et cette perspective était réjouissante et excitante pour toi. Il t’avait également dit qu’il te ferait découvrir son van et n’ayant jamais eu la chance d’en visiter un, il te tardait de faire cette découverte. Tu étais arrivée sur le lieu de rendez-vous désert en dehors de Dimitri et de son van sans encombres. Trouver n’avait pas été un problème et tu devais avouer que l’idée de ne pas être dérangés lors de ce petit moment partagé avait quelque chose de grisant. Il fallait que Dimitri se détende et tu espérais arriver à cela avant qu’il ne se mette derrière son appareil mais sinon, tu espérais que l’appareil derrière lequel il pourrait se réfugier le mettrait plus à l’aise. « On ne devrait pas être dérangés, peu de gens savent pour cet endroit et généralement ce sont mes chiens qui m'y tiennent compagnie. J'ai juste estimé que ce serait plus simple s'ils m'attendaient sagement à mon appartement, ils sont très affectueux mais aussi surexcités lorsqu'ils rencontrent quelqu'un pour la première fois. » Tu laissais les informations s’imprimer dans ton esprit. C’était la première fois que Dimitri te parlait de ses chiens mais en même temps, ce n’était que votre troisième rencontre. Quand tu y pensais, tu trouvais cela complètement fou. Tes parents et ta soeur aînée trouveraient cela bien irresponsable d’aller poser pour un quasi inconnu mais ils n’avaient jamais compris ton amour pour le modelilng et encore moins cette confiance que tu mettais rapidement en quelqu’un juste par instinct. « Tu as combien de chiens ? » Lui demandas-tu curieuse avant d’ajouter : « Cela ne m’aurait pas dérangé qu’ils soient là mais si tu ne les veux pas sur les photos c’est certainement plus sage. Par contre, je connais une petite fille qui serait ravie de les rencontrer. » Morgane faisait partie des enfants qui voulait des animaux de compagnie. Pour l’instant, tu avais la chance d’avoir des personnes avec des animaux de compagnie dans ton entourage et Cora qui avait un refuge pour animaux où tu amenais ta fille de temps en temps. Avoir un chien ou un chat avec ton emploi du temps, c’était inconcevable pour toi. Si tu devais le laisser à tes parents quand tu partais en voyage pour le boulot, ces derniers allaient finir par en avoir assez. Dimitri semblait impressionné par ta petite personne alors tu tentais une blague pour détendre l’atmosphère et tu fus ravie de voir ses épaules se détendre et un sourire apparaître sur son visage. « Même si tu mordais, je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même. C'est mon idée tout ça. » Effectivement, vu comme ça il avait raison ! Mais bon, tu n’avais jamais été une personne très violente et si tu mordais c’était dans des contextes bien particuliers qui n’allaient sans doute pas se produire aujourd’hui. Dimitri te proposa de visiter son van et tu ne te fis pas prier. Tu attrapais sa main pour monter à l’intérieur avant de découvrir un espace optimisé que tu n’aurais jamais imaginé de l’extérieur. Il y avait quelque chose de fascinant dans ce petit espace malgré tout aéré et agréable à vivre. C’était comme entrer dans une bulle qui vous faisait oublier que vous étiez dans une ville de plusieurs millions d’habitants. « Je suis content que ça te plaise, j'étais pas sûr que le décor te conviendrait lorsque je t'ai proposé cette séance. Je sais pas pourquoi, mais c'est le premier endroit qui m'est venu à l'esprit lorsque je me suis imaginé te prendre en photo. Sans doute parce que comme toi, il m'inspire quelque chose de très authentique. » Ton regard revint se poser sur Dimitri à ces paroles. Etais-tu une personne authentique ? Tu n’en savais rien mais cela te touchait énormément de l’entendre te définir ainsi. Parce que même si tu appartenais à un monde où les faux semblants étaient de mise, tu avais toujours essayé de rester le plus naturel et le plus authentique possible. « Je … Tu es décidément un homme plein de surprises. » Ne pus-tu t’empêcher de dire le regardant accrocher sa veste au porte manteau. Tu n’avais pas imaginé une seule seconde en le rencontrant à la fête foraine que derrière cet homme adorable et un peu bourru pouvait se cacher toutes ces choses merveilleuses. « C'est moi, oui. J'ai acheté ce van il y a quelques années alors qu'il était en assez mauvais état, et je me suis mis en tête de le retaper pour lui offrir une seconde vie et en faire un endroit qui serait un peu comme mon refuge. La déco peut sans doute encore être améliorée, mais il n'a déjà plus rien à voir avec avant. Merci pour les compliments, c'est pas rien pour moi. » Tu n’avais jamais rien créé de tes mains de la sorte. Ta seule création était Morgane et tu étais très fière de ta fille mais en dehors de ce petit être qui était sorti de toi, tu n’avais jamais rien créé de pareil. Oh tu avais décoré et meublé ta maison à Bayside, bien entendu mais ce n’était pas pareil. « La décoration doit être au goût de chacun, si elle te convient c’est qu’elle est exactement comme elle devrait l’être. » Dimitri venait de te le dire, c’était son refuge et il lui ressemblait. Plus tu le faisais parler sur l’histoire du van, plus tu commençais à comprendre que tu faisais parti des privilégiés qui avaient pu le voir. Car Dimitri ne semblait pas être le genre d’homme à montrer cet endroit intimiste et personnel à des inconnus tous les jours. « Je suis très touchée de pouvoir découvrir ton refuge. Vraiment, merci beaucoup. » Tu voulais souligner que tu avais compris que c’était exceptionnel d’être ici avec lui et tu profitais de l’expérience autant que possible, absorbant avec tes yeux tous les petits détails de cet endroit hors du commun. « Je t'en prie, mets-toi à l'aise. Tu peux poser tes affaires sur le lit et t'y installer. J'ai tiré les rideaux pour être tranquilles mais tu peux les ouvrir, et même mettre un peu de musique si tu as envie. Tu veux boire quelque chose ? J'ai le nécessaire au frigo, ou une plaque de cuisson si tu préfères quelque chose de chaud. » Un sourire se dessine sur ton visage. Tu poses ton sac à côté du lit, il n’était pas nécessaire de le poser dessus avant de t’asseoir sur le matelas qui s’avérait être confortable. Si Dimitri continuait comme ça, tu allais vraiment finir par te sentir chez toi. C’était peut-être le but finalement ? « Je veux bien un café si tu as, merci. » Prendre des forces, booster un peu son énergie. C’était une sorte de petit rituel avant de commencer tes shootings. Par la suite tu te concentrais sur l’eau pour t’hydrater tout au long de la séance. Tu n’oubliais pas que c’était pour les photos que tu étais là et tu étais prête à poser sous tous les angles, dans toutes les tenues possibles mais c’était en général au photographe de te donner les premières indications. « Dès que j’ai bu ce café, on peut commencer quand tu veux et où tu veux ! Je n’ai que cette tenue, une robe plus habillée et un maillot de bain parce que c’est généralement avec ça que je pose mais tu me diras ce que tu préfères. » Vous n’alliez pas avoir du mal à trouver un terrain d’entente non ? Tu n’étais pas si compliquée que ça. « Et je n’oublie pas que tu m’as promis que je verrais quelques unes de tes photos. » Ajoutas-tu avec un clin d’oeil.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Pour beaucoup de personnes, ça paraîtrait étrange d'être aussi attaché à ce qui quelques années plus tôt était encore un tas de ferraille en assez mauvais état, mais pour Dimitri ce van avait acquis une grande valeur sentimentale dès l'instant où il avait décidé de le retaper, d'en faire quelque chose qui serait le prolongement de son imagination, l'endroit où il pourrait penser, rêver, s'isoler comme un gamin dans une cabane perchée. Ce van, c'était un peu sa cabane à lui et elle avait l'avantage de rouler, si bien qu'il ne comptait plus les fois où il s'était pris à rêver de sillonner les routes du pays au volant de ce bijou. Mais chaque fois quelque chose, quelqu'un l'avait retenu. Ses sœurs d'abord, son père ensuite, que comme chaque fois il replaçait au centre de sa vie au détriment d'aspirations enterrées depuis longtemps. S'il ne pouvait pas être complètement lui-même parce qu'ils comptaient sur lui, s'il ne pouvait pas faire exactement ce dont il rêvait, au moins pouvait-il se couper de tout lorsqu'il venait ici, dans cet endroit qui de temps en temps se substituait à son appartement et abritait des choses qu'il préférait savoir ici, à la vue des rares personnes à savoir ce que renfermait ce van. Des dessins de l'époque où il ne se passait pas un jour sans qu'il tienne un crayon entre ses doigts, des photos que quelques fois il aimait ressortir, éparpiller sur le matelas et observer. Peut être était-ce alors de s'y replonger qui lui avait redonné l'envie de photographier non plus seulement au gré de ses balades, mais quelqu'un qui initierait un vrai échange avec l'objectif, qui jouerait avec la lumière, le décor, et lui aussi, qui derrière son appareil retrouverait peut être enfin la flamme qui l'avait habité toutes ces années. Jessian n'était pas seulement l'une des rares personnes à se voir ouvrir les portes de cet endroit, elle était aussi la première qui poserait pour lui depuis longtemps, et en ça il s'en sentait déjà plus proche que de bien des personnes au dehors. Comme si maintenant qu'il lui laissait entrevoir cette partie de sa vie, les moments qui s'écriraient ici ne pourraient être que spéciaux eux aussi. Dimitri savait que personne n'irait les déranger et avait veillé à la faire se sentir aussi à l'aise que possible, là où lui se surprenait pourtant à être un peu intimidé. Par l'enjeu, par le cadre plus intimiste que le café de l'autre jour. Mais si quelqu'un était bien capable de lui faire oublier sa nervosité, c'était Jessian, dont l'énergie et la décontraction étaient aussi communicatives que sa présence était agréable. Ses chiens ne s'y seraient pas trompés non plus. « J'en ai trois, tous adoptés dans un refuge. Et je peux te promettre qu'en terme de bouches à nourrir, ils sont pas en reste. » Dimitri confia, un sourire amusé en guise de ponctuation qu'il sentit s'étirer lorsque Jessian évoqua justement Morgane et l'idée que la petite fille aurait apprécié de faire la connaissance de ses trois boules de poils. « Dans ce cas, je crois que ça signifie qu'il va falloir qu'on se revoit pour que j'ai une chance de les lui présenter. Et comme ça je pourrai t'apporter une copie des photos d'aujourd'hui. » Et c'est au moment d'user d'une certaine légèreté en prononçant ces mots que Dimitri prit conscience que l'idée de faire recroiser sa route avec celle de Jessian était définitivement plaisante, en partie parce que trois rencontres avaient suffi  à ce qu'il sente une complicité naturelle s'installer entre la jeune femme et lui, et que ça lui ferait également plaisir de revoir la fille de cette dernière. Le courant était bien passé avec la fillette lorsqu'il avait retrouvé celle-ci entrain d'errer seule près de son stand, et il n'avait aucun doute sur le fait que trois chiens très affectueux sauraient eux aussi se faire adopter de Morgane. Plaisanter avec Jessian permit à Dimitri de se détendre pour de bon, et c'est une fois à l'intérieur que la jeune femme s'émerveilla à la vue de son van, sous le regard d'un Dimitri touché qu'elle soit sensible à l'ambiance qu'il avait voulu créer dans ce petit cocon sur roues. De quoi lui confirmer qu'il y avait une vraie pureté dans le regard de Jessian, que celle-ci voyait les choses telles qu'elles étaient, d'après des détails, des ressentis. Et le voyait lui, visiblement, comme un homme plein de surprises. Il ne lui semblait pas que quelqu'un le lui ait déjà dit, ou pas comme ça. « Ça veut dire que tu te ranges à la première impression de Morgane à mon sujet ? » Il souffla au moment de reposer son regard sur Jessian, ses lèvres étirées dans un nouveau sourire, plus doux sans pour autant laisser complètement transparaître la façon dont ses paroles pouvaient une nouvelle fois le toucher. Si elle savait combien il avait pu hésiter à lui proposer de le rejoindre ici, combien de fois il s'était répété qu'une fille comme Jessian n'avait pas de temps à perdre à explorer cet endroit avec lui, elle comprendrait combien ces mots avaient une vraie importance à cet instant. Dimitri se confia justement sur les conditions dans lesquelles il avait retapé ce van, qui ressemblait à un genre de bric à brac où se mélangeaient ses goûts, ses idées, ses envies. « Je devrais peut être pas te le dire, mais il y a longtemps que cet endroit n'avait pas accueilli de présence féminine alors je comptais un peu sur toi pour noter d'éventuelles fautes de goût. » Un rire ponctua sa remarque, soufflée sans qu'il soit tout à fait sérieux, tout du moins en ce qui concernait la partie où il l'invitait pour s'assurer que la décoration ne jurait pas. « J'imagine que ça veut dire que le test est réussi. » Dimitri lui adressa un clin d’œil, avant de retrouver une expression plus sérieuse, légèrement attendrie, lorsque Jessian se dit touchée de se voir ouvrir les portes de son repaire. Il n'avait pas insisté sur le fait que peu nombreux étaient ceux à qui il l'avait montré pour qu'elle se sente reconnaissante, mais il n'avait jamais été si sûr d'avoir pris la bonne décision en l'accueillant ici. « Tout le plaisir est pour moi, je t'assure. Tu sais que je te suis très reconnaissant d'avoir accepté cette séance photo, alors c'est un peu ma façon de te remercier. » Jessian le comprendrait sans doute à son sourire, ce n'était pas rien pour lui d'avoir l'occasion de repratiquer la photo et de pouvoir le faire avec quelqu'un comme elle, qui régulièrement se retrouvait placardée aux quatre coins de la ville et avait pourtant accepté de poser pour lui dans ce lieu intimiste. La laissant se mettre à l'aise, désireux qu'elle se sente comme dans une bulle à son tour, Dimitri lui proposa à boire au moment de faire quelques pas jusqu'à la mini cuisine. « Un café, ça marche. Je te prépare ça tout de suite. » Plus pratique encore que la plaque de cuisson prévue pour les soirs où il dînait ici, il brancha la cafetière qui s'avérait vitale lorsqu'il s'enfermait des heures dans cet endroit pour réfléchir, parfois tenter de se remettre au dessin. Souvent en vain. Une fois la tasse prête, il revint vers Jessian et la lui tendit. « Tiens, il y a du sucre sur la petite table. » Il aurait certainement du s'en servir une tasse, mais dans l'état d'excitation et de nervosité dans lequel il se trouvait déjà, ça n'aurait sans doute pas été raisonnable. Jessian comptait sur lui pour lui faire des photos pour lesquelles elle ne regretterait pas d'avoir posé, alors s'il pouvait éviter d'avoir la tremblote pendant qu'il la photographiait c'était certainement mieux. Celle-ci mentionna les tenues qu'elle avait préparé pour la séance, et Dimitri hocha la tête. « C'est parfait, je suis sûr que ce sera très bien. On n'aura qu'à faire des essais d'abord avec cette tenue-là, puis si tu veux je sortirai le temps que tu te changes, ou je te tournerai le dos. Je te promets de pas regarder. » Un rictus amusé fendit le coin de ses lèvres, le van était peut être petit mais Jessian pourrait se changer sans craindre qu'il laisse ses yeux se promener là où ils n'avaient rien à faire. Non pas que l'idée soit désagréable, mais... non, il se devait d'agir en vrai professionnel, certainement pas adopter une attitude qui ferait fuir Jessian et gâcherait ce moment. C'est alors que sa prochaine remarque lui tira un sourire plus entendu. « C'est vrai, justement j'avais mis de coté quelques boites remplies de photos que j'ai pas encore vraiment eu le temps de trier. Tu peux commencer à y jeter un œil si tu veux. Certaines datent un petit peu... » Et Dimitri était secrètement touché qu'elle s'en soit souvenue et ait toujours envie de voir quelques unes des photos qu'il avait pu faire, ainsi il récupéra les trois boites de taille moyenne qu'il avait entreposées dans un coin pour les déposer sur le matelas près de la brune. A l'intérieur, pas mal de photos, des paysages, des portraits, des clichés parfois oubliés, d'autres parfois pris dans un cadre un peu plus intime. « Et même renverser du café dessus, j'ai encore les négatifs. » Il garda son sérieux une seconde puis se remit à rire, retirant les couvercles pour qu'elle se sente libre de piocher à l'intérieur puis s'éloignant de quelques pas. « Je vais préparer mon matériel, j'en ai que pour quelques minutes. » Et il sortit son appareil de son étui puis rapprocha l'unique spot qu'il utiliserait pour donner aux photos une luminosité suffisante mais naturelle. Pas de trépied pour aujourd'hui, Dimitri aimait mieux l'idée de se déplacer tout autour de son modèle pour trouver les parfaits cadrages qui rendraient justice à la beauté de Jessian.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Quand tu avais laissé ta carte à Dimitri à la fête foraine en lui disant de t’appeler si jamais il avait besoin de quelque chose un jour, tu n’avais jamais pensé que cela t’amènerait à te trouver dans son van en vue d’une séance photo. Tu avais toujours été du genre impulsive, à ne pas trop réfléchir avant de se lancer et ta présence à ses côtés aujourd’hui en était encore la preuve. Une personne plus prudente aurait certainement dit non ou alors elle aurait pris des précautions supplémentaires mais quelque chose en Dimitri te poussait à lui faire confiance. Le lien qui vous avait uni était plus que léger et superficiel mais au fil des rencontres, c’était avec une facilité déconcertante que vous passiez d’un sujet à l’autre, vous ouvrant sur certaines choses comme vous ne l’aviez pas fait depuis longtemps. Enfin c’était surtout le cas de Dimitri pour l’instant mais tu ne doutais pas qu’il finirait par te soutirer des informations personnelles, sans réellement savoir qu’elles en sont. Te retrouver dans ce van c’était découvrir une autre manière de vivre, découvrir un petit bijou dont tu n’avais jamais imaginé l’existence. En te proposant de venir poser dans ce lieu qui lui était si cher, Dimitri se rendait vulnérable. Une vulnérabilité qui se traduisait par une nervosité que tu ne lui aurais pas attribuée en le rencontrant. Alors tu fis ta mission de détendre l’atmosphère car il n’avait réellement rien à craindre. « J'en ai trois, tous adoptés dans un refuge. Et je peux te promettre qu'en terme de bouches à nourrir, ils sont pas en reste. » Tes pensées s’envolent vers Cora, ta meilleure amie, qui passe le plus clair de son temps à s’occuper de son refuge ces derniers temps. C’est admirable que des gens adoptent ces animaux qui n’ont pas eu la chance de naître dans les bonnes conditions. Tu doutes de craquer aux supplications de ta fille mais si jamais c’est le cas, tu adopteras dans un refuge c’est sûr et certain. « Dans ce cas, je crois que ça signifie qu'il va falloir qu'on se revoit pour que j'ai une chance de les lui présenter. Et comme ça je pourrai t'apporter une copie des photos d'aujourd'hui. » Tu ne t’étais pas vraiment projetée plus loin que ce photoshoot avec Dimitri mais l’idée de ne pas le revoir après cette occasion n’était pas quelque chose que tu envisageais. Le fait qu’il sous entende ainsi qu’il ne serait pas contre une nouvelle occasion de vous croiser fit naître un sourire sincère sur ton visage. Ce lien particulier que vous étiez en train de créer et sur lequel tu ne pouvais et ne voulais pas mettre de nom, comptait pour toi. Et de savoir que c’était le cas pour Dimitri aussi était rassurant. « Ce sera avec grand plaisir ! Il me tarde déjà de voir le résultat ! » Dis-tu toute excitée avant même que vous n’ayez commencé à prendre des photos. Peu importe le résultat, ce qui te resterait de cette expérience ce sera les sensations et le moment que vous allez vivre, les photos ne sont qu’un support qui ravive les souvenirs. Et n’ayant toujours pas vu le travail de Dimitri, tu ne sais pas vraiment à quoi t’attendre. Une fois à l’intérieur du van, alors que tu découvres cet espace si bien pensé et aménagé, tu ne peux t’empêcher d’être admiratrice. Jamais tu ne te serais imaginée qu’un homme comme Dimitri pourrait avoir créé un objet pareil. C’était idiot et cela ressemblait fort à des clichés mais c’était plus fort que toi. Tu n’étais cependant pas déçue, loin de là … « Ça veut dire que tu te ranges à la première impression de Morgane à mon sujet ? » Tu soutiens le regard du beau brun en face de toi sans ciller. Dès votre deuxième rencontre, tu lui as confié que tu avais entière confiance en ta fille et en son instinct qui s’avérait plutôt bon de manière générale. « Sans aucune hésitation ! Ma fille n’est clairement pas quelqu’un qu’il faut sous-estimer. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Les adultes ont souvent l’habitude de dire que les enfants ont de bien meilleurs jugements qu’eux sur les personnes qui les entourent car ils sont moins sensibles aux artifices. C’est quelque chose que tu as remarqué avec Morgane et que tu comprends désormais un peu mieux. Ta remarque sur la décoration n’était ni bonne ni mauvaise. Tu n’aimais pas juger, chacun organisait ses espaces à son goût, c’est tout. « Je devrais peut être pas te le dire, mais il y a longtemps que cet endroit n'avait pas accueilli de présence féminine alors je comptais un peu sur toi pour noter d'éventuelles fautes de goût. J'imagine que ça veut dire que le test est réussi. » Tu es légèrement étonnée à ses paroles mais tu ne commentes pas. Tu ne t’étais pas vraiment demandé si Dimitri était célibataire ou non, un rapide coup d’oeil à ses mains au café t’avait suffit pour savoir qu’il n’était pas marié et c’était tout ce qui t’importait. Qu’un homme aussi plaisant pour les yeux et qui semblait aussi intelligent qu’intéressant n’ait personne dans sa vie t’intriguait mais ne te regardait pas. Tu ne savais que trop bien que la vie n’était pas toujours aussi simple qu’on l’aimerait. « Toutes les femmes ne sont pas des expertes en décoration ! Moi j’aime beaucoup celle que tu as choisi en attendant que la bonne personne vienne rajouter sa touche personnelle. » Te contentas-tu de dire à Dimitri. Quand il trouvera cette personne, nul doute qu’il la laissera entrer dans ce van et qu’ils y partageront des moments qui les amèneront à changer quelques éléments de décoration. Sans vraiment comprendre d’où te venait cette idée, tu t’imaginais déjà accrocher des photos sur les murs ou en poser dans des cadres et c’était ridicule alors tu chassais ces pensées de ton esprit avant de le remercier de te laisser entrer dans son jardin secret. « Tout le plaisir est pour moi, je t'assure. Tu sais que je te suis très reconnaissant d'avoir accepté cette séance photo, alors c'est un peu ma façon de te remercier. » Tu hoches la tête sans rien dire. Il ne fallait pas que Dimitri se sente trop endetté envers toi suite à cette séance photo, tu le faisais réellement avec plaisir. Quand Dimitri te demanda si tu voulais boire quelque chose, tu lui demandais un café qu’il te prépara rapidement et qu’il ne tarda pas à te servir : « Un café, ça marche. Je te prépare ça tout de suite. Tiens, il y a du sucre sur la petite table. » Attrapant un sucre, tu le diluais rapidement dans le liquide noir dont tu pris une gorgée. « Merci beaucoup ! » Lui dis-tu avant de revenir sur des sujets plus centrés sur le photoshoot en lui-même comme les différentes tenues que tu avais apportées avec toi. Tu en fis donc la liste à Dimitri pour qu’il te dise ce qu’il préférait et par quoi il désirait commencer. « C'est parfait, je suis sûr que ce sera très bien. On n'aura qu'à faire des essais d'abord avec cette tenue-là, puis si tu veux je sortirai le temps que tu te changes, ou je te tournerai le dos. Je te promets de pas regarder. » Tu souris aussi à ces paroles. Voilà des années que tu n’as plus aucun problème à montrer ton corps nu ou en sous-vêtements. A force de se voir presque nue sur les pages des magazines, tu avais perdu toute inhibition ou gêne quand il s’agissait de perdre tes vêtements. « Si tu me le promets alors, tu peux rester. » Lui dis-tu un sourire taquin sur les lèvres. La vérité c’était que cela ne te dérangerait pas si Dimitri décidait de faire une entorse à cette promesse mais tu n’allais pas te lancer sur ce terrain glissant. « Nous aviserons sur le moment mais je ne suis plus pudique depuis longtemps, déformation professionnelle. » Tu espérais d’ailleurs que tes parents se contentaient d’acheter les magazines catholiques et regardaient peu les publicités parce que tu savais que ta mère ferait une attaque si elle te voyait dans certaines publicités. Mieux valait qu’ils restent innocents le plus possible. Tu ne savais pas ce qu’ils avaient vu ou pas, ils refusaient d’en parler de toute manière. « C'est vrai, justement j'avais mis de coté quelques boites remplies de photos que j'ai pas encore vraiment eu le temps de trier. Tu peux commencer à y jeter un œil si tu veux. Certaines datent un petit peu... Et même renverser du café dessus, j'ai encore les négatifs. Je vais préparer mon matériel, j'en ai que pour quelques minutes. » Vu que vous aviez décidé de commencer les photos dans ta tenue actuelle, tu te dirigeais vers les boîtes qu’il venait de t’indiquer. Tu allais bien sûr veiller à finir ton café sans renverser quoi que ce soit dessus. Tu le bus donc tranquillement entendant les cliquetis du matériel de Dimitri derrière toi alors que tu regardais une à une des photos magnifiques de paysages et d’objets diverses. Il était évident que l’homme à tes côtés avait l’oeil pour prendre l’angle qui sublimerait son sujet. « J’espère que tu arriveras à me rendre aussi belle que cet insignifiant bout de bois sur la plage. » Finis-tu par lui dire pour le taquiner en lui montrant en particulier une photo sur laquelle ton oeil s’était arrêté. Le soleil levant et cette immensité de sable avec ce bout de bois sublimé était particulièrement touchant. Finissant ton café, tu posais la tasse à côté des photos avant de lui dire : « Il est temps de passer aux choses sérieuses. » Sans hésiter une seconde, tu enlevais tes chaussures car il fallait que tu fasses comme chez toi pour que ces photos soient réussies. Et tu ne porterais pas de chaussures dans ce van s’il était à toi. Attrapant un livre sur une étagère, tu vins prendre place sur la banquette d’un côté du van. « Prêt à me voir envahir ton espace ? » Tu ajoutais ensuite : « N’hésite pas si tu veux me voir à un endroit ou dans une position particulière, c’est un travail d’équipe. » Tu faisais toujours une première proposition, une pause qui te paraissait la meilleure mais tes photographes avaient toujours un petit commentaire, un petit ajustement à faire pour que la photo soit meilleure.  

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Si ses chiens étaient d'ordinaire les seuls ou presque à lui tenir compagnie dans ce van qui par conséquent était aussi un peu devenu leur deuxième maison, Dimitri mentirait s'il disait que ça n'était pas aussi agréable de goûter à une compagnie un peu différente, qui ne se résumerait pas à passer les deux prochaines heures allongé sur le lit, ses chiens blottis contre lui pendant que ses yeux observaient la vue depuis la vitre et que son esprit faisait le vide. Ces moments-là, il les chérissait profondément et pas un jour n'avait passé depuis qu'il avait adopté ces trois boules de poils sans qu'il se soit dit qu'il était le plus chanceux des hommes rien que pour tout l'amour que ces bêtes avaient à offrir, mais la compagnie de Jessian avait quelque chose d'au moins aussi singulière et agréable que ces instants volés. Peut être parce que Dimitri se demandait encore comment il avait trouvé le courage de lui proposer de le rejoindre dans cet endroit, et qu'ainsi la voir là paraissait par instants irréel, comme si une partie de lui craignait encore qu'elle puisse se raisonner et décide au dernier moment de faire demi-tour avant de se retrouver seule à l'intérieur d'un van avec lui. Les guirlandes extérieures visaient peut être alors autant à rendre ce van plus accueillant encore qu'à la rassurer, lui faire sentir que l'homme qu'elle avait face à elle était aussi inoffensif que les chiens que Morgane et elle auraient peut être l'occasion de rencontrer si comme il l'espérait elle apprécierait aussi qu'ils se revoient. Aussi bien pour qu'il lui montre le résultat de la séance d'aujourd'hui que simplement parce que l'idée était séduisante, que quelque chose dans ce qu'ils partageaient déjà l'un et l'autre nourrissait chez Dimitri une envie assumée de partager d'autres moments privilégiés avec Jessian. Elle le réconciliait sans le savoir avec un art qui avait toujours compté pour lui, et ce n'était qu'un seul des bienfaits que sa présence ce soir avait déjà. Alors, à ses paroles, il sentit son sourire s'étirer un peu plus, flatté et rassuré que l'idée d'une nouvelle rencontre semble lui plaire comme à lui. « J'espère que tu seras pas déçue, j'ai ni secrétaire ni service après vente pour ce genre de cas alors il faudra que je trouve un autre moyen de te dédommager pour le temps que tu m'auras accordé. » Il confia en lui lançant un regard amusé, espérant que Jessian ne regretterait pas d'avoir pris le temps de venir faire cette séance photos avec lui, d'autant plus un soir où Morgane était chez son père, bien que l'idée que ce soit lui qu'elle soit venue rejoindre et pas des amis était plaisante et le faisait se sentir un peu plus reconnaissant encore. Il la laissa ainsi découvrir l'intérieur de son van, qu'il avait veillé à ranger pour que les détails qui lui sautent aux yeux soit d'abord son atmosphère. Et s'il se montra sincère au moment de lui confier la trouver aussi authentique que pouvait l'être à ses yeux cet endroit, les mots qu'elle souffla à son tour le touchèrent autant que le regard qu'elle posait depuis tout à l'heure sur ce qu'elle voyait. Un regard entre émerveillement et insouciance, qui lui inspira une nouvelle mention à Morgane, et au premier contact chaleureux qu'il avait eu avec la fillette. « J'en doute pas, et je suis ravi que sa mère se range à son avis. D'autant plus qu'on lui doit un peu d'être ici ce soir, quand on y pense. » L'idée était aussi douce qu'amusante, parce qu'elle permettait en quelques sortes d'enjoliver un souvenir qui pour Jessian avait sur le coup était source d'inquiétude. C'était presque drôle d'imaginer que sans la malice de Morgane, ils ne se seraient probablement pas rencontrés ce soir-là au parc d'attractions, ou pas de cette façon. Et troublant, de se dire que chaque chemin qu'on choisissait d'emprunter influait sur la suite des choses. Aujourd'hui Dimitri se sentait chanceux de pouvoir partager ce moment avec Jessian, chanceux aussi qu'elle donne raison au flair de sa fille. C'est alors qu'il se laissa aller à une confession, à demi-mot, sans tellement réaliser sur le coup qu'il ouvrait là une porte qu'il gardait généralement fermée, celle qui renfermait un certain nombre de choses sur lesquelles il évitait de s'étendre, comme ses mésaventures amoureuses, sortes de drame qui se rejouait depuis qu'il était en âge de s'intéresser aux filles, bien que dans son éternelle pudeur il ne dévoila que l'essentiel. Les quelques mots soufflés par Jessian dessinèrent une esquisse plus douce au coin de ses lèvres. « J'aime ta façon de voir les choses. C'est la Jessian romantique qui parle, ou juste la mère d'une fillette de quatre ans qui doit raffoler d'histoires qui finissent bien ? » Son regard amusé croisa le sien plusieurs secondes, comme s'il tentait d'y lire le début d'une réponse, un petit quelque chose qui l'aiderait à la cerner un peu mieux, à se faire une idée des nombreuses facettes qu'elle devait cacher, derrière ce sourire et ce regard légèrement troublants. Elle aussi devait être pleine de surprises et il mentirait s'il disait qu'il n'apprécierait pas de les découvrir. « Mais je crois que ça me déplairait pas que tu aies raison, et que ce van soit voué à devenir autre chose qu'une garçonnière jonchée de cartons de pizzas. » Il ajouta dans un léger rire, se moquant cette fois de lui-même, ayant en réalité toujours voulu faire de cet endroit un écrin dont il prendrait soin. Il ne l'avait pas transformé de ses mains pour y laisser régner le désordre, qu'il en profite seul ou qu'une présence féminine finisse par le transformer sous différents aspects, lui apporter une âme dont il manquait sans doute encore aujourd'hui. Dimitri n'était pas certain de croire encore la plupart du temps à cette possibilité, sans doute encore marqué par ces quatre dernières années, mais ce n'était pas désagréable de s'y autoriser, et se noyer dans la lueur optimiste qu'il voyait briller dans le regard de Jessian pour se dire qu'après tout, pourquoi pas. C'est en tout cas un Dimitri reconnaissant qui ré-exprima sa gratitude à la jeune femme, dont la présence ici lui apportait plus qu'elle n'en avait conscience, et qu'il tenait vraiment à faire se sentir comme chez elle. Il lui servit alors un café, et fut rassuré que Jessian se soit occupée de ses tenues et n'ait pas attendu après lui pour ça, étant certain qu'elle était bien meilleure juge bien que le regard d'un homme vous en dise généralement plus que ses mots sur ce qu'il pensait de la tenue que vous portiez et que professionnel ou non, Dimitri avait deux yeux en parfait état et savait apprécier la vue d'une belle femme, vêtue ou non. Raison pour laquelle il lui proposa de lui tourner le dos lorsqu'elle se changerait, par respect et pour ne pas risquer d'avoir un regard mal-placé, même involontaire, et de créer une gêne là où pour l'instant tout se passait parfaitement bien. La précision de la jeune femme sur son absence de pudeur étira à nouveau son sourire, avec plus de malice cette fois. « Je peux imaginer, et je suis sûr que les photographes avec qui tu travailles sont aussi suffisamment habitués pour ne plus rougir. Mais on peut pas dire ce que soit le cas de celui qui se trouve face à toi. » Dimitri passa une main contre sa nuque et émit un rire silencieux, forcé de reconnaître que si l'idée de laisser ses yeux profiter quelques instants du spectacle ne serait pas déplaisante, il risquerait de perdre ensuite légèrement ses moyens au moment de se replacer derrière son appareil. Ses yeux avaient certes contemplé les corps de différentes femmes ces dernières années, mais jamais dans ce contexte, et rarement avec l'intention ou même l'espoir de les revoir ensuite. « D'un autre coté, rouge écarlate ou pas, c'est pas moi qu'on prend en photo. » Il finit par s'amuser en lui adressant un clin d’œil, prêt dans tous les cas à faire ce que Jessian jugerait le mieux et surtout le plus confortable pour elle, pour qui il voudrait vraiment que ce shooting reste un souvenir agréable. Il fut touché qu'elle montre une curiosité intacte pour ses photos et la laissa découvrir des boites remplies de clichés auxquels il était attaché pour différentes raisons, le plus souvent parce qu'ils lui rappelaient qu'il avait toujours eu la passion de la photo en lui. S'occupant de son coté de préparer son matériel, il jeta de temps à autres de petits regards en direction de la brune et se surprit à sursauter légèrement lorsque sa voix lui parvint, comme si on l'avait pris sur le fait. De quoi, exactement ? C'était ridicule, et si quelqu'un avait l'habitude qu'on la regarde c'était certainement Jessian. « Oh, ce bout de bois m'a tapé dans l’œil mais on peut dire qu'il a été un modèle plutôt... inexpressif. Je suis persuadé que j'aurai pas ce problème-là avec toi. » Dimitri souffla après un nouveau rire, se redressant et se tournant à nouveau vers Jessian entre les mains de qui trônait cette photo qu'il se souvenait avoir prise quatre ou cinq ans plus tôt, sur la plage, un matin où il y traînait. « Disons que tu pars avec une nette longueur d'avance sur lui, alors si l'objectif ne parvient pas à te sublimer ce sera la faute du photographe et non du modèle. » Parce qu'aussi sincère était-il quant à ce qui faisait de Jessian un modèle tout à fait ravissant et photogénique, Dimitri espérait surtout que le résultat serait à la hauteur de l'enjeu et d'autant plus maintenant qu'elle avait vu plusieurs de ses photos. Jessian proposa alors de commencer, et Dimitri hocha la tête avec enthousiasme, parce qu'il attendait le moment où il renouerait avec la photo depuis longtemps et que ce soir les conditions étaient toutes réunies pour qu'il n'ait aucun regret. « Plus que prêt. » Il lui sourit et passa la sangle de son appareil autour de son cou pour se rapprocher de la banquette où Jessian s'était assise. «  Ici c'est très bien pour commencer. Tu peux jouer avec le livre, appuyer un de tes bras sur le dossier de la banquette... » Il commença à prendre plusieurs photos à mesure qu'il soumit ses suggestions, variant les cadrages, jouant avec le zoom de son objectif, un œil toujours sur l'écran pour vérifier le rendu. « Oui comme ça, parfait. Tu peux même t'allonger, t'étendre de tout ton long, si je dois me contorsionner c'est pas un problème. » Il étira un sourire taquin et continua à la photographier pendant que Jessian s'appropriait l'espace et se servait de son environnement pour poser comme elle en avait l'habitude, il suffisait de la voir pour en avoir confirmation. Redressant légèrement la tête, Dimitri ajouta. « J'aimerais aussi te voir jouer avec le store, derrière toi. Tu es magnifique dans cette lumière et avec le reflet de la vitre ce sera encore mieux. » Il se contentait de lui suggérer certaines postures mais c'était encore Jessian qui décidait comment aborder cette séance, et elle qui ferait vraiment vivre ces photos. « Oh juste, si tu permets... » Dimitri s'interrompit une seconde pour se pencher légèrement vers elle et aventura une de ses mains près de son visage pour replacer quelques mèches de cheveux vers l'avant, déstructurant légèrement sa coiffure. « Ça te donne un coté plus indiscipliné. » Il souffla, une lueur plus amusée dans le regard, au moment de repointer son objectif dans sa direction. Heureusement qu'il avait tout prévu en terme de mémoire et avait son ordinateur sous la main au cas où, Jessian n'avait posé que dans une tenue qu'il pourrait déjà remplir plusieurs albums rien qu'avec cette première série de photos.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Te prendre la tête ce n’était vraiment pas ton genre. Quand tu avais rencontré Dimitri, tu pensais sincèrement ne plus jamais le revoir ou alors peut-être le recroiser à l’occasion. Tu n’avais pas réellement pensé qu’il sauterait sur l’offre que tu lui avais faite de lui rendre service s’il avait besoin de quelque chose en contrepartie de t’avoir ramené Morgane saine et sauve. Mais tu avais fait cette proposition et tu n’étais pas du genre à revenir sur ta parole et tu ne le regrettais pas. Cette séance photo à l’improviste, loin des maquilleuses, des décors pré-sélectionnés et tous les mêmes c’était rafraichissant pour toi. L’idée de revoir Dimitri ne t’avait pas encore effleuré l’esprit parce que depuis le début, tu n’avais jamais cherché à savoir quelle serait votre prochaine rencontre, tu préférais te laisser surprendre. Pourtant, tu lui aurais proposé de se revoir dans tous les cas avant de vous quitter car il y avait une certaine complicité qui s’était installée entre vous et qui te faisait apprécier la compagnie du beau brun. Si en plus de ça il promettait de prêter ses chiens à Morgane pour qu’elle les câline quelques heures, c’était parfait pour toi ! « J'espère que tu seras pas déçue, j'ai ni secrétaire ni service après vente pour ce genre de cas alors il faudra que je trouve un autre moyen de te dédommager pour le temps que tu m'auras accordé. » Tu secouais la tête amusée toi aussi. Tu doutais que tout cela serait nécessaire. Peu importe que les photos de Dimitri soient belles ou non, tu comptais profiter de ce photoshoot à fond ! Et pour toi c’était ça le plus important, pas vraiment le rendu, particulièrement si ces photos restaient dans la sphère privée de Dimitri. « Je te rappelle que je suis ici pour te remercier, il n’est pas question de me dédommager quelque soit le résultat. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil alors qu’il enchaînait sur Morgane et son instinct. Ta fille avait toujours fait preuve d’une clairvoyance peu commune à ce niveau-là et tu te fiais à ses premières impressions, particulièrement avec Dimitri que tu commençais à apprendre à connaître et qui te paraissait être un homme charmant. « J'en doute pas, et je suis ravi que sa mère se range à son avis. D'autant plus qu'on lui doit un peu d'être ici ce soir, quand on y pense. » Il avait raison, ta fille était la raison de la présence ici ce soir et tu allais certainement avoir besoin de l’en remercier vu que la soirée s’annonçait très agréable. Peut-être l’amèneras-tu une nouvelle fois au zoo où elle veut absolument aller voir les dauphins ? Tu verras bien. « Comme quoi, avoir des enfants peut avoir du bon quelques fois. » Dis-tu amusée. Les parents se plaignaient souvent de leurs enfants et de tout ce qu’ils les empêchaient de faire mais pour toi, Morgane avait pour toi ouvert la porte à tout un tas de possibilités et d’activités que tu n’avais pas imaginées avant de l’avoir. Alors que tu étudiais tranquillement le van, que tu faisais petit à petit de cet espace le tient, Dimitri te confia qu’il manquait certainement une touche féminine à la décoration. Tu étais surprise d’apprendre qu’il n’avait personne dans sa vie toutefois, tu ne le montrais pas. Tu préférais te concentrer sur l’idée qu’un jour il trouverait quelqu’un à laisser entrer dans cet espace, quelqu’un à qui il laisserait la chance de laisser sa trace et cet espace se transformera alors en leur espace à tous les deux. « J'aime ta façon de voir les choses. C'est la Jessian romantique qui parle, ou juste la mère d'une fillette de quatre ans qui doit raffoler d'histoires qui finissent bien ? Mais je crois que ça me déplairait pas que tu aies raison, et que ce van soit voué à devenir autre chose qu'une garçonnière jonchée de cartons de pizzas. » Un sourire se dessine sur tes lèvres. Cela ne te surprend pas que Dimitri soit attiré par l’idée d’une relation qui amènerait une personne à laisser sa touche dans ce van. Toi, tu avais déjà été mariée et divorcée et cela en peu de temps. Aujourd’hui, même si tu restais ouverte à toutes les possibilités, tu n’étais pas certaine d’être prête à te consacrer pleinement à quelqu’un d’autre que ta fille. Mais tu n’étais pas fermée à l’idée non plus. Tu avais envie de retomber amoureuse, de redécouvrir ces sensations si agréables, ces premiers émois et tu espérais que l’histoire ne se répèterait pas. Même si tu étais certaine de ne plus te marier. « Un peu des deux je suppose. J’aimerais retomber amoureuse mais cela fait longtemps que je ne crois plus aux contes de fées non plus. Je te souhaite de trouver cette personne, tout le monde le mérite. » Etre aimé pour la personne que l’on était, c’était presque un luxe à tes yeux. Abel t’avait aimée, ça tu n’en avais jamais douté mais tu avais appris à tes dépends que l’amour n’était pas suffisant pour construire une histoire et une relation saine. La conversation revint ensuite sur le photoshoot que vous alliez faire et les différentes tenues que tu avais amenées. Tu t’amusais à tourmenter un petit peu Dimitri en le taquinant quand il t’assura qu’il ne regarderait pas quand tu te changerais. Cela t’amusait car tu avais arrêté d’être pudique dès ton adolescence. « Je peux imaginer, et je suis sûr que les photographes avec qui tu travailles sont aussi suffisamment habitués pour ne plus rougir. Mais on peut pas dire ce que soit le cas de celui qui se trouve face à toi. D'un autre coté, rouge écarlate ou pas, c'est pas moi qu'on prend en photo. » Tu laissais échapper un petit rire cristallin à ces paroles. En effet, c’était toi qui allais te retrouver derrière l’appareil photo et tu te souviens très bien de tes premiers photoshoots, le malaise que tu avais d’abord éprouvé, la peur de ne pas être à la hauteur. Tout cela n’existait plus vraiment aujourd’hui, seul le jeu et le plaisir d’être derrière un appareil photo comptait. Tu décidais de ne rien répondre, à la place tu te plongeais dans les photos que Dimitri avait mises à ta disposition. Tu ne savais pas à quoi t’attendre mais tu fus agréablement surprise parce qu’elles étaient très jolies. Il était évident que l’homme à tes côtés avait un regard bien à lui sur ce qui l’entourait et c’était beau à voir, très beau même. Attrapant une photo prise sur une plage, tu ne pus t’empêcher de le taquiner de nouveau un peu : « Oh, ce bout de bois m'a tapé dans l’œil mais on peut dire qu'il a été un modèle plutôt... inexpressif. Je suis persuadé que j'aurai pas ce problème-là avec toi. Disons que tu pars avec une nette longueur d'avance sur lui, alors si l'objectif ne parvient pas à te sublimer ce sera la faute du photographe et non du modèle. » Tu ne t’attendais pas à de telles paroles dans la bouche de Dimitri et cette fois, c’est toi qui sentis le rouge te monter aux joues. C’était une chose d’être à l’aise dans son corps et de savoir qu’on était plutôt agréable à regarder, c’était une toute autre chose que de l’entendre dans la bouche de quelqu’un d’autre et particulièrement d’un homme qui allait vous photographie. Tu posais délicatement la photo avant de sourire timidement et de lui dire : « Je n’ai aucun doute sur ta capacité à me sublimer si c’est ce que tu cherches à faire. Mais je me contenterai aussi d’être simplement photographiée à ma juste valeur. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil avant d’aller t’installer sur la banquette de l’autre côté du van. Il était temps de commencer cette séance photo et Dimitri semblait avoir fini de préparer son matériel. Assez étrangement, alors que poser t’avait toujours attiré, la photographie était un art que tu ne connaissais que de très loin et dont tu savais peu de choses. Installée sur la banquette, tu lui demandais s’il était prêt de son côté, toi tu étais prête à te lancer. « Plus que prêt. Ici c'est très bien pour commencer. Tu peux jouer avec le livre, appuyer un de tes bras sur le dossier de la banquette... Oui comme ça, parfait. Tu peux même t'allonger, t'étendre de tout ton long, si je dois me contorsionner c'est pas un problème. J'aimerais aussi te voir jouer avec le store, derrière toi. Tu es magnifique dans cette lumière et avec le reflet de la vitre ce sera encore mieux. » Tu hoches la tête et tu vas attraper le store quand soudain Dimitri s’approche vers toi pour déplacer une mèche de tes cheveux en te disant : « Ça te donne un coté plus indiscipliné. » Tu laissais échapper un éclat de rire. S’il voulait de l’indiscipliné tu pouvais faire ça sans aucun souci. « Indisciplinée ce sera alors ! » Lui dis-tu avec un clin d’oeil avant de te mettre à jouer avec le store. Dimitri avait raison, la lumière printanière de Brisbane en cette fin de journée était très belle. Tu ne te fis donc pas prier avant de t’allonger sur la banquette, laissant tes cheveux s’étaler sur le coussin et plongeant ton regard vers l’objectif. Il y avait toujours eu quelque chose de grisant pour toi dans ce jeu de dupe avec le photographe. Au bout de longues minutes, tu finis par dire à Dimitri : « Je pense que pour la banquette, nous avons fait le tour. » Alors que tu te lèves, tu regardes autour de toi et une idée te vient alors à l’esprit. Le lit sur lequel tu t’es assise tout à l’heure te tend les bras et tu proposes à Dimitri : « On passe sur le lit ? Je peux m’étaler dessus toute habillée ou alors … » Tu t’approchais du fond du van avant de lui dire : « Ou alors tu peux me photographier en train d’enlever mon chemisier, comme si j’allais me glisser dans le lit. Et c’est plus facile de jouer avec la couette en sous-vêtements. » Ajoutas-tu d’une voix droite et sans détour. Pour beaucoup, ce genre de proposition aurait sonné comme une technique de séduction, pour toi, c’était simplement une proposition de mise en scène. Mais il fallait avouer que dans ton métier, il y avait une ligne pas toujours très bien tracée entre la séduction et la mise en scène …

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Juger un livre d'après sa couverture, ou une personne d'après ce qu'elle faisait, aimait ou détestait, ça n'avait jamais fait partie des choses que Dimitri avait appliqué, peu importe le premier sentiment qui l'habitait lors de leur rencontre. Et pourtant, si Jessian aurait difficilement pu lui faire autre chose que bonne impression le soir où leurs chemins s'étaient croisés pour la première fois, il y avait une partie de lui qui ne l'aurait sans doute pas cru si on lui avait dit qu'une mannequin qui se retrouvait parfois placardée aux quatre coins de la ville visiterait un jour son van. Parce qu'elle avait sans doute tout ce dont pouvait rêver une jeune femme que son boulot semblait passionner, à commencer par un carnet d'adresses rempli de photographes réputés et, surtout, une beauté déroutante. Et pourtant, il se surprenait à oublier l'espace d'une minute que sur le papier son monde semblait diamétralement opposé au sien, parce que ce n'était pas ce qu'il voyait quand il observait Jessian, quand elle s'adressait à lui et qu'il sentait s'installer une complicité aussi agréable que naturelle. Il avait hésité à l'appeler lorsqu'il avait eu son numéro entre les mains, mais il n'hésita pas cette fois à effleurer l'idée d'une nouvelle rencontre, avec ses chiens, avec Morgane, simplement parce qu'il ne voyait pas de mal à continuer de profiter de sa compagnie qu'indéniablement il appréciait, et qui lui permettait de renouer avec ce qui comptait pour lui. Elle pourrait être sa muse, si seulement il osait le lui demander. « Pas même parce que t'en avais un tout petit peu envie ? » Il souffla d'un air doucement taquin, un sourire amusé au coin des lèvres et son regard rivé vers le sien, lorsque Jessian lui rappela à juste titre qu'elle avait accepté cette invitation à poser pour lui afin de le remercier pour son aide d'il y a quelques semaines. Il est évident qu'il ne lui posait pas la question sérieusement mais plutôt pour continuer d'instaurer cette légèreté agréable, et pourtant une partie de lui espérait sincèrement qu'elle ne s'était sentie ni obligée ni trop redevable. Que si elle était ici, c'est aussi parce que quelque part sa proposition avait piqué sa curiosité, titillé sa fibre artistique, intéressé la professionnelle qu'elle était. Ou tout autre chose qui ait fait qu'elle ait aussi envie d'être là, comme lui avait envie qu'elle vienne. L'idée qu'ils doivent cette soirée à Morgane était elle agréable, et la remarque de la brune tira à Dimitri un léger rire. « C'est ce que ma sœur me dit quand elle est dans un bon jour, je devrais peut être songer à faire passer l'idée de l'expérimenter un jour en tête de ma liste au père noël. » Et à le voir sourire de cette manière, on n'imaginerait pas qu'il y avait une vraie part de vérité derrière cette plaisanterie, et tout un cœur meurtri de n'avoir pas réussi à toucher du doigt ce rêve-là non plus. Ses aspirations professionnelles, il les avait mises de coté il y a longtemps et commençait tout juste à s'autoriser à y repenser, mais son envie de fonder une famille... elle était là, tapie dans l'ombre depuis des années, et le récent retour de Tamsin et ce mystère encore intact autour des raisons de son départ avaient ravivé pas mal de choses. Dimitri n'en montra rien, pas plus que lorsqu'il effleura du doigt le vide qui régissait sa vie affective, préférant nettement tenter d'en apprendre un peu plus sur Jessian. Il était curieux de la découvrir davantage, après avoir rencontré la mère dévouée qu'elle était pour Morgane au parc d'attractions et l'artiste passionnée qui n'avait pas hésité une seconde à accepter de poser pour lui, persuadé qu'il y avait de nombreuses facettes de Jessian qui se laisseraient peu à peu entrevoir. Et il trouvait ça touchant, la façon dont elle semblait toujours croire en l'amour et espérer le revivre malgré ce qu'il savait de sa séparation, et même si celle-ci semblait l'avoir rendue plus réaliste. « Parce qu'on sait que dans la vraie vie, l'histoire est parfois nettement plus compliquée et la fin moins heureuse. » Son regard croisa le sien tandis qu'il conclut ses paroles d'un sourire plus fin, sans chercher à ce qu'elle se confie si ce n'était pas un sujet qu'elle avait envie d'aborder. Mais il avait le sentiment qu'il pouvait comprendre, quelque part, ce qu'elle avait du vivre, et les désillusions par lesquelles elle était sûrement passée. « Je te le souhaite aussi, je crois que qui qu'il soit il aura beaucoup de chance. » Et il se montrait sincère, car peu importe qu'il apprenne encore à la connaître, c'était le genre de choses qu'il ne dirait jamais sans les penser. Et Jessian, en plus d'être le genre de femme au bras de qui n'importe qui serait fier de se promener, dégageait une douceur et un naturel qu'il trouvait au moins aussi troublants que ce qui faisait qu'un regard s'arrêtait facilement dans sa direction. Il suffisait qu'il l'observe découvrir l'intérieur de son van, se montrer sensible à son atmosphère, pour savoir qu'elle était loin des clichés qu'on aimait souvent associer aux mannequins qu'on admirait en couverture des magasines. Raison pour laquelle il oublia l'espace d'un instant qu'elle était habituée à se déshabiller devant des professionnels et qu'il risquait d'être le plus embarrassé des deux si elle se changeait devant lui. Non pas parce que le spectacle serait désagréable, il était assez honnête avec lui-même pour savoir que non, mais justement parce qu'il ne voudrait pas risquer d'avoir un regard qu'elle pourrait mal interpréter. Mais comprenant que Jessian n'était définitivement pas pudique, Dimitri se détendit et conclut le tout d'une plaisanterie de circonstances, bien vite occupé à préparer son matériel en vue du début de la séance photo. Jessian, elle, découvrit ses photos et fut surtout sensible à l'une d'elles, ce qui flatta le photographe en perte de confiance qu'il était depuis des années. Dimitri crut alors lire une pointe d'embarras sur le visage de Jessian lorsqu'il la complimenta sur sa capacité à irradier quel que soit l'objectif qui se poserait sur elle, et trouva ça adorable. Qu'une fille comme elle, qui devait souvent s'entendre dire qu'elle était jolie, puisse encore s'en sentir flattée. « Ce qui est certain, c'est que tu vas contribuer à donner un souffle nouveau à mes photos qui ces derniers temps tournaient un peu en rond. » Dimitri s'amusa dans un rire teinté de malice, ajoutant. « Je crois que j'avais fait le tour des natures mortes, maintenant j'ai envie de capturer la vie. » Comme à l'époque où il faisait beaucoup de portraits, appréciait de capturer les émotions d'un visage, les mouvements d'un corps, la vie dans tout ce qu'elle avait de pure. Il se sentirait toujours à l'aise au milieu d'une nature fascinante, mais il ne voulait plus se contenter de photographier des paysages. Il voulait retrouver le goût de la photo telle qu'il l'avait découverte, et aimée. Jessian était la première à qui il avait osé demander de poser pour lui depuis des années, et tout au fond de lui il espérait que ce déclic l'aiderait à prendre confiance en son art, à le partager, à en vivre peut être un jour... Qui sait. Jessian partit s'installer sur la banquette et la séance photo put commencer, le brun glissant des indications ici et là pendant que son appareil immortalisait la jeune femme au sommet de sa grâce. Il avait oublié ce que ça faisait de photographier un modèle pourvu d'autant de présence, et cette connexion créée naturellement entre eux était fascinante. Il s'approcha le temps de replacer l'une de ses mèches de cheveux, de façon à ce qu'elle ait l'air plus indomptable, ce qui collait parfaitement à Jessian. « On dirait que t'as fait ça toute ta vie. » Il glissa, l’œil malicieux, conscient que ce n'était peut être pas loin d'être vrai. Jouant avec la lumière, les ombres et ce que le décor leur permettait, Dimitri tâcha de rendre justice à tout ce qu'elle pouvait dégager sans même avoir à faire d'effort. Elle paraissait dans son élément, allongée sur la banquette, le store entre ses doigts et son regard planté vers l'objectif, qui se faisait ce soir la prolongation de son œil. Jessian proposa finalement de changer, et l'idée de poser sur le lit ne mit qu'une seconde à être approuvée par le brun. « Très bonne idée, sur la couverture blanche tu ressortiras parfaitement, et je me disais... » Mais il s’interrompit aussitôt qu'elle eut ajouté, avec une décontraction intacte, une proposition qui laissa d'abord Dimitri un brin ébahi, lui tirant un sourire de nouveau amusé. Cette séance prenait une tournure plutôt agréable, décidément. « Oh. Oui c'est... parfait, faisons ça. Ce qui compte c'est que tu sois à l'aise. » De son coté, le rouge dut lui monter aux joues le temps d'une seconde, c'était comme si Jessian avait compris où le titiller pour lui provoquer cet état, entre le trouble de l'homme sensible à cette idée et l'enthousiasme du photographe impatient de capturer quelque chose d'aussi artistique, car ce le serait forcément. Et Dimitri trouvait ça amusant, quand peut être était-ce aussi un bon moyen de tester sa capacité à rester professionnel dans une situation légèrement moins anodine que tout à l'heure... « Tu peux jouer avec les coussins, mes chiens ne se couchent jamais dessus et j'ai de toute façon refait entièrement le lit en t'attendant. Je me doutais que tu ne manquerais pas d'idées. » Il laissa échapper un rire, une lueur amusée dans le regard, tandis qu'il retourna derrière son appareil. Il ne pouvait nier que l'atmosphère était un peu différente depuis que Jessian avait proposé de se dévêtir devant son objectif, et il s'en rendit compte au moment de remonter son regard jusqu'au sien. « Il y a aussi... une chemise, accrochée au-dessus du lit. Tu peux t'en servir pour après si t'en as envie, ça fera peut être encore plus vrai si t'as une chemise d'homme sur le dos. » Cette pensée fit naître un nouveau sourire au coin de ses lèvres, sans qu'il sache si c'était la chose à proposer quand avec ou sans accessoire Jessian semblait parfaitement à l'aise dans cet environnement. Et ce n'était même pas à lui qu'il pensait, l'idée de la voir avec sa chemise n'étant pas vraiment pour atténuer son trouble...

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Saisir les occasions qui se présentaient et ne jamais hésiter. C’était comme cela que tu avais vécu ta vie jusqu’ici et malgré les expériences plus ou moins heureuses que tu avais eues, tu continuais encore aujourd’hui à fonctionner ainsi. Quand Dimitri t’avait demandé d’être son modèle pour une séance photo, tu avais sauté sur l’occasion. Il était rare aujourd’hui de te faire prendre en photo par des amateurs et il y avait quelque chose dans le jeune homme qui t’intriguait. Il était évident que cela comptait beaucoup pour lui et tu voulais qu’il profite pleinement de cette expérience. Alors même si les raisons de refuser s’empilaient quelque part dans ton cerveau et que ta mère aurait été outrée que tu acceptes ce genre de proposition, tu n’avais pas hésité une seconde et tu ne le regrettais pas. « Pas même parce que t'en avais un tout petit peu envie ? » Un petit rire s’échappa de tes lèvres. Dimitri ne te connaissait peut-être pas encore assez bien mais il était rare que tu fasses quelque chose dont tu n’avais pas envie. Pour toi la vie était trop courte, il ne fallait pas perdre de temps à s’imposer des activités qui ne vous plaisaient pas. Et puis concrètement, toi, l’amoureuse de l’objectif, tu ne pouvais pas refuser cette proposition parce que tu avais une envie folle de retrouver les frissons d’un shooting plus privé, plus intime aussi vu le lieu que Dimitri avait choisi. « Quand il s’agit de poser derrière un objectif, j’en ai toujours envie. » Lui répondis-tu avec un clin d’oeil. Tu t’en fichais si cela paraissait légèrement narcissique. Tu regardais rarement les photos de toi que l’on t’envoyait après les shooting photo. Tu y jetais un oeil pour vérifier qu’elles n’avaient pas été trop retouchées et que tout était bien comme indiqué dans le contrat mais tu ne passais pas de temps à te contempler. Ce n’était pas ça qui t’intéressait, c’était cette petite montée d’adrénaline quand pendant quelques minutes voire quelques heures, tu étais sublimée par l’oeil d’un ou une photographe. Et puis quand tu rentrais chez toi, tu retrouvais ta fille, cette petite boule d’énergie qui avait été la raison pour laquelle tu avais rencontré Dimitri. Revoir le jeune homme en compagnie de ta fille serait un plaisir, pour elle comme pour toi et l’amour que l’homme portait aux enfants était réel. « C'est ce que ma sœur me dit quand elle est dans un bon jour, je devrais peut être songer à faire passer l'idée de l'expérimenter un jour en tête de ma liste au père noël. » Tu ouvris la bouche pour demander à Dimitri pourquoi il n’avait pas d’enfants ou du moins ce qui avait fait qu’il n’en avait pas eu mais tu refermais ta bouche presque aussitôt. Ce n’était pas tes affaires après tout et tu ne connaissais pas assez le beau brun pour t’aventurer sur ce genre de terrain. Non, il était plus facile de sourire timidement et de poser ta main sur son bras pour lui dire : « J’espère que le Père Noël saura se montrer généreux alors si c’est vraiment quelque chose que tu désires. » Tu avais appris que les enfants étaient un sujet compliqué en mettant bien souvent les pieds dans le plat. Nouvelle et jeune maman que tu étais, tu étais tombée enceinte par inadvertance et d’une facilité déconcertante qui t’avaient fait oublier que ce n’était pas le cas pour tout le monde. Les sourires pincés, les sourcils froncés, tu avais appris à les reconnaître quand tu parlais de ta fille. Alors tu avais appris à ne plus poser de questions sur les progénitures de chacun car la plupart des gens qui voulaient en parler lançaient eux-même le sujet. Mais pour avoir un enfant, il faut trouver un ou une partenaire, quelqu’un avec qui partager cette joie immense. Et tu savais que ce n’était pas aussi simple que certains le pensaient. « Parce qu'on sait que dans la vraie vie, l'histoire est parfois nettement plus compliquée et la fin moins heureuse. Je te le souhaite aussi, je crois que qui qu'il soit il aura beaucoup de chance. » Cela t’avait toujours intrigué que l’on considère que c’était d’un homme dont tu tomberais amoureuse. Tu pouvais comprendre que c’était le plus probable vu tes antécédents mais la vérité c’était que tu n’étais pas difficile. Avoir une femme dans ta vie serait un challenge de taille avec tes parents, voire un non-retour mais tu ne voulais faire face à ce problème que s’il se présentait. « Ou elle, je ne suis pas difficile. » Dis-tu à Dimitri sans rien ajouter de plus. Lui aussi méritait de trouver quelqu’un à la hauteur de ses espérances. Même si tu ne croyais plus aux contes de fées, tu restais persuadée que chacun pouvait trouver une personne qui les complèterait. Après avoir taquiné Dimitri, tu pris le temps de regarder les photos qu’il avait mis à ta disposition et de les commenter. C’était plus fort que toi, tu n’avais jamais été une personne calme et introvertie. Et puis les photos étaient réellement belles, elles mettaient en valeur les natures mortes et s’il arrivait à faire pareil avec toi, tu ne te faisais aucun souci pour le rendu de ce photoshoot. « Ce qui est certain, c'est que tu vas contribuer à donner un souffle nouveau à mes photos qui ces derniers temps tournaient un peu en rond. Je crois que j'avais fait le tour des natures mortes, maintenant j'ai envie de capturer la vie. » Tu étais très touchée qu’il t’ait demandé à toi de faire ce photoshoot qui allait lui permettre de développer une autre facette de son art. C’est un sourire timide qui s’était dessiné sur ton visage alors que tu lui répondis : « J’espère que je serai à la hauteur de ton ambition. En général je n’ai pas de mal à faire vivre les photos. » Dis-tu simplement en haussant les épaules. Tu étais de manière générale dans la vie, quelqu’un qui croquait la vie à pleines dents et cela se retrouvait souvent dans tes poses lors de photoshoots. Tu espérais que cela sera le cas aussi avec Dimitri. Tu lui rappelles d’ailleurs qu’il est peut-être temps de commencer et tu t’installes sur le banquette où tu prends diverses pauses, aidée des remarques de ton photographe, tu te laisses aller, tu ne réfléchis pas trop. « On dirait que t'as fait ça toute ta vie. » Même si tu restes concentrée dans ton travail, tu l’observes du coin de l’oeil et tu ne peux t’empêcher de remarquer qu’il semble habité d’une nouvelle énergie dès qu’il a l’appareil photo en mains. C’est assez fascinant à regarder et s’il veut te taquiner, tu peux lui rendre la pareille : « Que veux-tu ? Mes parents n’ont pas une photo où je n’ai pas réussi à m’incruster à partir de mes six ans. » C’était une anecdote que tes parents aimaient raconter à leur entourage pour justifier ton choix de profession. Tu avais toujours aimer poser, bien avant de savoir que tu pourrais peut-être en faire ton métier un jour. Tu proposais ensuite à Dimitri de changer d’ambiance et de passer sur le lit, le déstabilisant légèrement avec ta proposition. « Très bonne idée, sur la couverture blanche tu ressortiras parfaitement, et je me disais... Oh. Oui c'est... parfait, faisons ça. Ce qui compte c'est que tu sois à l'aise. » L’idée que tu puisses avoir cet effet sur Dimitri te plaisait. Le voir légèrement hésitant pendant quelques secondes avant de se reprendre t’amusait et tu le reconnaissais, n’importe qui à sa place aurait eu cette réaction. Tout le monde n’est pas habitué à ce que l’on vous propose de se déshabiller pour vos photos. Tu étais ravie que l’idée lui plaise en tout cas mais ce fut à ton tour d’être surprise : « Tu peux jouer avec les coussins, mes chiens ne se couchent jamais dessus et j'ai de toute façon refait entièrement le lit en t'attendant. Je me doutais que tu ne manquerais pas d'idées. Il y a aussi... une chemise, accrochée au-dessus du lit. Tu peux t'en servir pour après si t'en as envie, ça fera peut être encore plus vrai si t'as une chemise d'homme sur le dos. » Ton regard se posa automatiquement sur la chemise que tu voyais pendre à une panthère au dessus du lit. Tu ne pouvais pas l’attraper de là où tu te trouvais mais une fois sur le lit, tu n’auras aucun mal à le faire. Un léger frisson te parcourut alors que tu imaginais enfiler la chemise de Dimitri, chose que tu ne faisais jamais avec les personnes qui passaient de temps en temps dans ton lit mais que tu adorais faire avec Abel à l’époque. Hochant la tête, tu lui dis : « Faisons ça alors. » Laissas-tu échapper presque dans un murmure avant de mettre tes longs cheveux d’un côté et de te mettre à défaire un à un les boutons de ton chemisier. Tu pris ton temps, laissant Dimitri photographier chaque mouvement s’il en avait envie, regardant alternativement tes mains et son objectif. Une fois la chemise ouverte, tu te tournais pour laisser glisser le long de ton dos le vêtement le laissant tomber par terre sans remord une fois en bas de ton dos. Tu ne te retournais pas pour ton jean, tu le déboutonnais avant de le faire glisser le long de tes jambes. Secouant la tête, tu laissais tes cheveux tomber en cascade sur ton dos avant de te retourner, vêtue seulement de tes sous-vêtements, un sourire en coin sur les lèvres. Machinalement, tu passais ta main sur le tatouage se trouvant sur ta hanche avant de te laisser tomber sur le lit. Relevant la tête, tu allais faire une remarque à Dimitri pour le taquiner de nouveau mais ce n’est pas son appareil photo que tu vis te regarder, c’était son regard et il ne semblait plus amusé du tout. « Il y a un problème ? » Demandas-tu d’une petite voix te sentant soudainement bien dénudée alors que tu te sentais à ton aise quelques secondes plus tôt.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Si cette séance photo était symbolique pour plus d'une raison aux yeux de Dimitri et qu'il n'avait pas regretté un instant d'avoir proposé à Jessian de poser pour lui, ce qui importait ici le plus était qu'elle ait eu sincèrement envie d'être là. Qu'elle ne l'ait pas fait uniquement parce qu'elle se sentait redevable ou parce qu'il avait pu l'apitoyer sans le vouloir. Non, ce que Dimitri désirait c'était lui insuffler à elle aussi l'envie de faire partie de cette aventure, d'être celle qui le réconcilierait avec l'art de suggérer des émotions à travers ses photos, sa vision du monde qui les entoure. Il ne voulait pas que ce soit pour elle différent de n'importe quelle autre séance, à ceci près que sans équipe pour s'affairer autour d'eux l'instant risquait d'être plus intimiste, lui qui déjà répandait dans l'air une décontraction agréable. Jessian acheva alors de le rassurer, étirant un sourire paisible sur ses lèvres. « Considère que mon objectif est flatté de bientôt compter parmi ceux qui t'auront vu poser. » Il glissa d'un ton complice et amusé, forcé de reconnaître que si ça faisait plaisir à Jessian de prendre la pose, c'était surtout lui qui se considérait chanceux qu'elle ait fait le déplacement jusqu'ici. L'important étant ici qu'elle sache qu'il apprécierait sincèrement de la revoir, ne serait-ce qu'en compagnie de Morgane, dans un cadre dont ils auraient le secret tant leurs trois premières rencontres avaient varié les styles et les ambiances. La façon dont la brune évoquait sa fille était elle toujours touchante, et ravivait chez Dimitri un certain nombre de choses qu'il n'avait jamais réellement partagé avant aujourd'hui. Une part de lui qui avait souvent éprouvé l'envie de goûter un jour au bonheur de fonder une famille, mais le caractère complexe et imprévisible de sa vie sentimentale n'avait jamais permis à ce genre de souhaits de se concrétiser. « Et moi qu'il n'attend pas des adultes qu'ils se montrent parfaitement sages et raisonnables pour exaucer leurs souhaits, sinon ce sera sûrement pas encore pour cette année. » Dimitri sentit son sourire s'étirer au contact de sa main sur son bras, et parce que plaisanteries ou pas la bonté que renfermait Jessian lui faisait dire que le hasard faisait bien les choses. Elle était une mère assurément dévouée, organisée et qui d'après ce qu'elle lui avait dit l'autre jour savait aussi profiter de la vie, et c'était une chose qu'il admirait. Lui, serait-il seulement capable d'autant d'organisation, d'être un père aussi présent et attentif que celui qu'il avait eu pour modèle ? Il aimait penser que oui, mais il mentirait s'il disait qu'en l'état sa vie était tout à fait adaptée à la venue d'un enfant, sans compter qu'il lui faudrait pour ça rencontrer une femme avec qui se poser. Et en la matière, si l'envie n'avait jamais manqué, les femmes avaient par contre tendance à sortir de sa vie à point nommé... Mais ça ne l'empêchait pas d'espérer, dans un coin de sa tête et de son cœur, qu'un jour il y aurait dans sa vie une place pour quelqu'un qui aurait envie d'y rester. Jessian avait raison, tout le monde méritait de rencontrer la personne qui était faite pour lui, et qu'on y croit ou non ça restait une pensée agréable. La confession de la jeune femme le laissa à demi-surpris, non pas par l’élément qu'elle venait apporter mais par la façon dont il avait malgré lui peut être tiré des conclusions hâtives. « Désolé, oui, bien sûr. » Il souffla simplement, dans un sourire un peu plus timide. Que Jessian puisse être autant attirée par les hommes que par les femmes n'était pas déroutant, ça lui permettait même de la découvrir davantage et Dimitri devait avouer qu'elle n'en était qu'un peu plus fascinante à ses yeux. Une femme qui savait ce qu'elle voulait et ne se laissait rien dicter, et qu'il aurait plaisir à représenter telle qu'elle était sur des photos qui, il l'espérait, lui rendraient justice. Car l'enjeu était de taille, pas juste parce que pour la première fois depuis des années, il ne photographierait pas des natures mortes dont ses boites étaient déjà remplies, à l'image de la photo que Jessian eut entre les mains. Ce que Dimitri désirait, c'était retrouver la grisante sensation d'avoir entre ses mains la beauté troublante d'un corps, d'un visage, d'un sujet qu'il tenterait de sublimer. Et en ça il était ravi que le courant passe aussi bien avec Jessian et que tous deux semblent comprendre ce que la photographie, au sens large, représentait pour chacun. « Ça, j'avais espéré le constater de mes propres yeux en tombant enfin sur une de tes campagnes dans un magazine, mais j'ai pas encore eu cette chance. » Un sourire un peu plus malicieux étira le coin de ses lèvres, tandis qu'il ajouta. « Il faut croire que je lis pas la bonne presse. » La lueur amusée au fond de son regard s'expliquait aussi par le fait que Jessian l'avait prévenu au cours de leur discussion de l'autre jour que sa spécialité était les campagnes de lingerie et maillots de bain. On pouvait donc imaginer que l'homme qu'il était aurait n'aurait pas trouvé désagréable de tomber dessus en feuilletant une revue, et alors qu'il serait plus déstabilisé sans doute de la voir en petite tenue juste sous ses yeux. Simplement parce qu'on rougissait rarement devant une photo mais qu'il était beaucoup plus difficile de ne pas être troublé face à une femme, sa beauté n'étant pas son outil de travail pour rien. Une pensée toutefois loin d'être déplaisante, et qui n'empêcha pas la séance de débuter. Comme il s'y attendait, Jessian était détendue et dans son élément. Sa confession au sujet de ses parents lui tira un rire. « Ils doivent être fiers aujourd'hui. » De leur fille et du chemin qu'elle avait réussi à tracer dans un milieu qu'on savait compétitif, d'autant plus si c'était une chose que Jessian aimait depuis petite. N'importe quel parent aimerait voir réussir ses enfants dans la voie qui les passionnait, et au fond Dimitri savait que les siens n'étaient pas différents et auraient aimé que leur fils puisse choisir de faire ce qu'il aimait. C'était la vie qui avait compliqué les choses, son père n'avait pas choisi de tomber malade. C'est alors qu'après que Dimitri l'ait immortalisée sur la banquette, Jessian proposa de passer sur le lit pour changer d'ambiance, et pas qu'un peu. Une proposition qui le déstabilisa un instant mais à laquelle le brun adhéra sans attendre, trop curieux de la voir à l’œuvre en tant que photographe et sans doute pas insensible non plus à l'idée qu'elle se déshabille devant lui, mais ça c'était une pensée qu'il valait peut être mieux qu'il garde pour lui. Il en profita alors pour lui proposer d'enfiler sa chemise si elle en avait par la suite envie pour apporter une touche de réalisme supplémentaire au photoshoot, puis retourna derrière son appareil dès que Jessian commença à défaire son chemisier. Des gestes gracieux, photogéniques et qu'il immortalisa un à un. Elle se tourna ensuite, et Dimitri se sentit cette fois plus troublé de voir apparaître son dos lorsque le vêtement atterrit sur le sol. Rapidement rejoint par son jean, qu'il vit glisser le long de ses jambes tandis que ses doigts s'étaient figés et que son regard avait quitté pour une seconde le viseur de son appareil pour la contempler, juste de ses propres yeux. Ses cheveux en cascade, le teint hâlé de sa peau, étaient autant de détails dont ses yeux osèrent profiter et qui embellirent plus encore cette séance. Le sourire qu'il la vit étirer lorsqu'elle lui fit de nouveau face lui laissa penser que Jessian avait conscience d'être troublante, indéniablement magnifiée sans avoir besoin ni de son objectif, ni de ses propres vêtements. Dimitri sourit alors à son tour, de façon amusée et légèrement intimidée, lorsqu'elle se laissa tomber sur le lit. Il s'apprêta à reprendre la parole mais n'en eut pas l'occasion, lorsque ses yeux tombèrent par hasard sur le tatouage que la brune affichait sur sa hanche droite et qui sur le coup empêcha tout nouveau son de sortir de sa bouche, le laissant interdit. Il crut d'abord à une coïncidence, beaucoup plus plausible que le scénario que son esprit était entrain de façonner, bien plus commode aussi sans doute, mais tout au fond de lui il savait que ça ne pouvait pas n'être que ça... Cette fleur indélébilement tatouée sur sa peau ne pouvait pas n'être que ça. « C'est... un coquelicot, sur ta hanche ? » Il expira dans un murmure, sans plus détacher son regard du dessin et de ses contours, face à l'incompréhension d'une Jessian sûrement loin de s'attendre à ce qui allait suivre. Car la réponse, elle semblait déjà dessinée à même sa peau. « Alors tu... tu connais Alec. » Des mots qui sonnaient plus comme un constat, surpris, dérouté, tant il lui paraissait de plus en plus évident qu'un puzzle auquel il avait à peine prêté attention quelques mois plus tôt venait de se reconstituer sous ses yeux. Ce soir-là, quand Alec lui avait raconté son aventure avec une jeune femme dont il avait appris l'essentiel, et dont sa mémoire avait gardé la trace presque malgré elle... Des Jess avec un coquelicot tatoué sur la hanche droite, jolies brunes et mères d'une fillette de surcroît, il ne pouvait pas y en avoir cent. Ils étaient à Brisbane, même ici ça semblait peu probable. « Je sais que vous... que tous les deux... » Dimitri chercha ses mots sans vraiment savoir si lui, si elle, avaient vraiment envie qu'il continue et développe sa pensée. « Il m'en a parlé, par hasard, il y a quelques temps... » Ses yeux retrouvèrent les siens avec embarras comme s'il se sentait brusquement gêné, par cette séance, par le plaisir qu'il avait pris à la photographier, et par le fait que le corps que ses yeux avaient admiré quelques instants plus tôt avait maintenant toutes les chances d'être celui que son meilleur ami avait étreint, embrassé, caressé... « C'est mon meilleur ami. C'est comme ça que j'ai su pour... le tatouage. » Lèvres pincées, Dimitri passa une main contre sa nuque et réalisa que Jessian risquait de comprendre qu'Alec ne s'était pas contenté de lui imager le contexte des moments qu'ils avaient passé ensemble, et que ce tatouage était l'un des détails qu'il avait partagé avec lui. Et il se sentait nul, coupable, qu'une discussion superficielle et anodine entre deux amis puisse aujourd'hui jeter un froid sur quelque chose d'aussi important. Et puisse embarrasser Jessian, bien plus encore que lui l'était à la seule idée que Brisbane ne soit pas encore assez grande pour que la fille qu'Alec avait mise dans son lit et celle avec qui il sentait une telle complicité, ne puissent pas être deux personnes distinctes. « Désolé, c'était peut être pas une si bonne idée, tout ça, finalement... » Il souffla tout bas, s'éloignant de quelques pas et lui tournant le dos comme si il trouvait plus sage de poser ses yeux ailleurs, pour ne pas rajouter au malaise déjà installé. La gorge serrée, Dimitri s'en voulait de réagir comme si qui que ce soit avait fait quelque chose de mal. C'était simplement le contre-coup d'un constat plus amer et déplaisant qu'il n'osait sans doute se l'avouer.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Dimitri n’avait pas besoin de te remercier. Certes tu sacrifiais un peu de ton temps pour poser pour lui mais ce n’était pas un sacrifice à tes yeux. Il t’arrivait d’en avoir assez des photoshoots. Tu n’aimais pas l’admettre mais c’était vrai. avoir des tonnes de coiffeurs, de maquilleurs, de designers toujours autour de toi en train de retoucher ceci ou cela, c’était des fois épuisant. Alors retrouver la simplicité d’un photoshoot amateur, c’était très appréciable de temps en temps. Et Dimitri t’avait donné cette opportunité … « Considère que mon objectif est flatté de bientôt compter parmi ceux qui t'auront vu poser. » Tu ne dis rien et te contentes de sourire. Tu aimes penser que malgré le fait que ton nom est reconnu dans ton métier et ton visage reconnu par des inconnus régulièrement, tu as gardé les pieds sur terre et tu n’es pas devenue la petite star prétentieuse que sont certaines mannequins. Tes parents t’ont élevée de manière à ce que tu restes le plus naturel possible, que tu ne te laisses pas gagner par des compliments qui tombent régulièrement et qui te feraient monter la tête. Tu connais bien des collègues qui auraient rit à la proposition de Dimitri mais ce n’était pas ton genre et tu restais persuadée que chaque proposition dans la vie est peut-être l’occasion d’une nouvelle et belle aventure. En parlant de Morgane, Dimitri laisse échapper son envie d’être père. Il fera certainement un très bon père quand son tour viendra mais tu peux voir dans ses yeux qu’il n’y croit plus vraiment. L’espoir est toujours là mais mériterait d’être ravivé. Tu ne peux t’empêcher de te demander comment cela se fait que Dimitri n’ait trouvé aucune femme avec qui construire sa vie mais ce n’est jamais aussi simple que cela. « Et moi qu'il n'attend pas des adultes qu'ils se montrent parfaitement sages et raisonnables pour exaucer leurs souhaits, sinon ce sera sûrement pas encore pour cette année. » Tu laissais échapper un petit rire à ces paroles. Le Père Noël ne sera pas celui qui amènera un enfant au beau brun en face de toi mais tu espères qu’il ne perdra pas complètement espoir non plus. Ce ne sera peut-être pas pour cette année mais Dimitri n’est pas encore très vieux non plus, il suffit qu’il rencontre la personne qui voudra se lancer dans cette aventure avec lui et des fois, cela n’est pas si compliqué ou si long qu’on le pense. « Tu pourras toujours te rattraper l’année prochaine ! » Lui dis-tu simplement. Vu qu’un bébé met neuf mois à arriver, il était peu probable que cette année soit la bonne de toute manière. A moins que Dimitri décide d’adopter un enfant mais là aussi, les démarches sont réputées pour être longues. Alors que vous vous préparez tous les deux à ce photoshoot, le sujet de partenaires de vie vint se glisser dans la conversation et tu en vins à faire remarquer à Dimitri que tu n’étais pas trop pénible, homme ou femme, du moment que cette personne était la bonne, c’était le plus important. « Désolé, oui, bien sûr. » Tu lui souris en retour, preuve que tu ne lui en voulais nullement. Il n’était pas marqué sur ton front que tu étais bisexuelle et au vu de ton mariage et de la petite fille qui était dans ta vie, c’était normal que Dimitri en soit arrivé à cette conclusion. Alors que Dimitri préparait son appareil, tu regardais les photos qu’il avait mises à ta disposition, engageant la conversation sur ce que la photo était pour vous. « Ça, j'avais espéré le constater de mes propres yeux en tombant enfin sur une de tes campagnes dans un magazine, mais j'ai pas encore eu cette chance. Il faut croire que je lis pas la bonne presse. » Cela ne t’étonnait pas vraiment. Tes photos n’apparaissaient pas que dans les magazines féminins, désormais elles peuplaient la toile aussi mais Dimitri ne t’apparaissait pas comme un grand internaute et tu doutais que les algorithmes lui proposent des publicités de lingerie ou maillots de bain pour femme quand il s’y connectait. Mais s’il les cherchait, il allait les trouver sans problème. « Si tu tiens vraiment à les voir, il te suffit de taper mon nom sur internet, tu ne devrais pas avoir trop de mal à trouver mes campagnes. » Ce n’était pas pour te vanter, c’était une simple constatation. Il fut un temps où les photos s’envolaient quand les magazines disparaissaient et où les seules traces qui restaient étaient dans les archives des rédactions. Aujourd’hui, les photos restent dans les archives du net, pour le meilleur mais souvent pour le pire … En parlant de photos, tu confiais une anecdote à Dimitri sur tes parents et le fait que tu t’incrustais sur les photos depuis ton enfance. « Ils doivent être fiers aujourd'hui. » Tu aimerais pouvoir en être aussi certaine mais tu n’en es pas sûre tous les jours. Tes parents t’ont laissée partir, certes, mais tu sais très bien qu’ils auraient préféré que tu fasses autre chose et que tu ne poses pas à moitié nu dans les magazines. Alors ils sont fiers d’une certaine manière mais ils ne sont pas en train de se vanter de ta carrière à leurs amis. « Ils le sont, d’une certaine manière mais pas autant que tu le penses. » Te contentas-tu de dire. Ce n’était peut-être pas le moment de confier à Dimitri les rouages compliqués de ta famille. Il était d’ailleurs temps de se mettre au travail et tu ne trainais pas en allant t’installer sur la banquette du van. Vous enchainiez les photos, les différentes positions jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à exploiter dans cet espace. C’est vers le lit que tu te dirigeais ensuite, un lit devant lequel tu te déshabillais pour apparaitre en sous-vêtements. Le seul bruit dans la van était les bruits de l’appareil photo de Dimitri et les bruits lointains de la ville qui arrivaient jusqu’à vous. Il y avait une certaine tension dans l’air, une tension dont tu ne connaissais pas vraiment l’origine mais dont tu te régalais. Et puis finalement, tu laissais tomber tes vêtements sur le sol et tu te retournais, prête à jouer sur ce lit et à enfiler la chemise que Dimitri t’avait fait remarquer. Toutefois, le sourire aguicheur qui s’était dessiné sur ton visage tomba vite de tes lèvres alors que Dimitri te regardait désormais comme s’il ne t’avait jamais vue … « C'est... un coquelicot, sur ta hanche ? » Ton regard se pose sur ton tatouage alors que tu fronces les sourcils. Dimitri ne te semble pas être un homme qui prend peur devant un tatouage. Et la seule personne qui l’a regardé avec cet air presque terrifié auparavant est Abel, ton ex-mari. Mais vu que tu venais de lui dire qu’il représentait votre relation et que le coquelicot était une fleur magnifique mais toxique, il avait le droit. « Hum … Oui mais qu’est-ce que … » Tu n’eus pas le temps de finir ta phrase, que Dimitri sembla se reprendre et t’interrompit pour te dire : « Alors tu... tu connais Alec. » Ton sang se glace. C’est un peu comme si l’on venait de jeter un seau d’eau glacé sur ta tête et tu te sens frissonner. Il ne fait pas froid pourtant mais tu as l’impression d’être soudainement au pôle nord. Oui, tu connaissais Alec. Enfin … Connaître était un bien grand mot, disons que vous aviez partagé quelques nuits et petits-déjeuners ensemble mais tu ne l’avais pas vu depuis plusieurs mois maintenant. Et surtout … Comment est-ce que Dimitri le connaissait ? Alec ne t’avait pas semblé être un homme qui racontait sa vie privée à des inconnus. « Un peu, enfin si on veut. » Dis-tu en passant ta main dans tes cheveux. « Tu le connais comment toi ? » Instinctivement, tu te recroquevilles un peu sur toi-même, incapable de savoir comment gérer les émotions qui t’assaillent. Tu n’es pas une sainte, tu as couché avec un nombre important d’hommes et de femmes dans ta vie mais jamais, jamais une chose pareille t’était arrivée. Tu sentais l’embarras monter en toi, comme si tu devrais t’excuser mais de quoi exactement ? « Je sais que vous... que tous les deux... Il m'en a parlé, par hasard, il y a quelques temps... C'est mon meilleur ami. C'est comme ça que j'ai su pour... le tatouage. » Tu ne sais pas ce à quoi tu t’attendais mais pas à ce que Dimitri et Alec soient meilleurs amis. Tu étais mortifiée, réellement mortifiée. Tu faisais partie des femmes qui revendiquaient une sexualité débridée et libérée mais à cet instant, tu étais incapable de l’assumer. Dimitri ne semblait pas plus à l’aise que toi mais ce qui te fit le plus mal, c’est de le voir se refermer sur lui-même. Et le coup de grâce tomba quand il prononça ces mots : « Désolé, c'était peut être pas une si bonne idée, tout ça, finalement... » Morgane adorait te faire regarder ‘La reine des neiges’ et pour le coup, tu avais l’impression de te trouver dans le palais d’Elsa. C’était comme si tout à coup tout était devenu glace autour de toi. Tremblant légèrement, tu descendis du lit et enfilais les vêtements que tu venais d’enlever. Il était évident que Dimitri avait envie que tu partes et tu ne savais pas vraiment quoi dire pour rattraper la situation. Y avait-il seulement quelque chose à dire dans cette situation ? Tu ramassais les quelques affaires qui étaient à toi avant de relever les yeux sur le dos de Dimitri qui n’avait pas réellement bougé. Tu avais l’impression de te faire punir pour quelque chose que tu avais fait dans le passé et qui n’aurait pas dû venir empiéter sur ce qui se passait aujourd’hui. « J’ai couché avec Alec certes mais je ne l’ai pas vu depuis des mois. Je ne sais pas si je devrais être touchée ou en colère qu’il ait partagé l’expérience avec son meilleur ami. Enfin, si ça vous a permis de passer une bonne soirée … » Dis-tu en soupirant avant de passer une main dans tes cheveux. Tu te dirigeais vers la porte du van que tu ouvris et avant de la refermer derrière toi, tu dis à Dimitri : « Je suis désolée que les choses se terminent ainsi. J’espère que les photos seront réussies et que tu trouveras des modèles qui n’ont pas couché avec ton meilleur ami pour continuer à exercer ta passion. » Tu tentais un petit sourire avant de tourner les talons et de te diriger vers ta voiture.

 

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JESSIAN & DIMITRI.

Flatté, il n'y avait pas que son objectif qui l'était que Jessian ait accepté de consacrer sa soirée à cette séance photo, et alors que plus Dimitri y réfléchissait, moins il imaginait quelqu'un d'autre ayant pu tenir ce rôle pour lui ce soir. Quelque chose chez Jessian l'avait marqué dès leur rencontre, alors même qu'il ignorait encore qu'elle était mannequin, et que le magnétisme qu'elle dégageait et la capacité naturelle qu'elle devait avoir à capter tous les regards devaient venir de là. Ce n'était pourtant pas le premier modèle photo dont la route croisait la sienne, après tout ce n'était pas d'hier que lui aimait se trouver derrière un objectif et de ce fait il avait déjà été amené à approcher quelques jeunes femmes habituées à ce qu'on les photographie, des années en arrière. Et quand ce n'était pas des professionnelles, c'était des amies, ou Tamsin du temps où elle était encore celle qui le plus souvent  flirtait avec son objectif et l'aidait à pratiquer cet art qui l'aimait tant. Mais tout ça, c'était très différent d'aujourd'hui, parce qu'en ce qui concernait Jessian il n'était pas seulement question de photo, mais aussi de confiance en lui. Voilà des années qu'il n'avait plus tenu un appareil pour photographier une femme, et non plus un paysage qui lui ne risquait pas de le troubler en un seul regard, et sa vie avait depuis beaucoup changé. Certainement moins épanouie, si on tenait compte des quatre années écoulées. Beaucoup plus solitaire aussi, sans doute. Alors oui, entre la façon dont le courant était passé entre elle et lui, que ce soit le soir de leur rencontre ou durant le moment qu'ils avaient passé dans ce café, et le fait que Jessian soit indéniablement assez photogénique pour être à la hauteur de ce que cette soirée symbolisait pour lui, il était vraiment content que ce soit elle et pas une autre. Il ne sut pas vraiment comment il en arriva à confier son envie de devenir père, chose généralement toujours un peu compliquée à énoncer pour lui, mais l'optimisme dégagé par Jessian était attendrissant, en plus de lui donner le sourire. Le Père Noël ne pourrait sans doute rien pour lui cette année, et pas uniquement parce qu'il n'était pas toujours l'homme le plus sérieux et raisonnable qui soit, mais tout au fond de lui il avait envie de croire qu'un jour viendrait où il ne gâterait plus seulement les enfants des autres. Certaines personnes se savaient faites pour être parents, et sans aller jusqu'à dire que l'évidence datait de toujours en ce qui le concernait, elle était là depuis déjà quelques temps. « Ça me laisse plus de temps pour trouver la femme avec qui concevoir cet enfant, c'est certain. Tout compte fait c'est peut être par là que je devrais commencer. » Il souffla d'un air rieur, pas sérieux quand il disait envisager de demander au Père Noël de mettre sur son chemin une femme qui aurait peut être cette fois envie de partager sa vie durablement. Il avait beau savoir qu'il ne s'entichait pas toujours de celles qui étaient faites pour lui, en tout cas si on considérait le fiasco qu'était sa vie sentimentale, il n'était pas d'avis que les autres soient mieux informés que lui sur celle qu'il lui fallait. Se corrigeant lorsqu'il comprit qu'il avait tiré des conclusions un peu hâtives au sujet de Jessian, il fut au fond de lui rassuré qu'elle ne lui en tienne pas rigueur. Sa bisexualité était un détail qu'il ignorait jusque là, mais il était toujours curieux d'en découvrir davantage sur les autres et Jessian était un mystère qu'il appréciait de voir peu à peu se dissiper. Préparant ensuite son matériel, il se rappela de leur conversation au café et confia n'avoir toujours pas eu l'occasion d'admirer sa photogénie directement à travers un des nombreux magazines où ses campagnes devaient apparaître, étirant un sourire plus amusé à la remarque de Jessian. « Si j'ai ton accord, alors je le ferai sans doute. Autrement je voudrais pas que tu penses que j'ai pour passion de stalker les jolies filles sur internet. » Ce qui, pour autant, ne serait sûrement pas si surprenant étant donné l'usage que la plupart des gens faisaient aujourd'hui d'internet. Il y avait probablement de nombreux hommes là dehors qui aussitôt après avoir eu connaissance de son nom et de son métier l'auraient recherchée sur un moteur de recherche, mais Dimitri se connaissait assez pour savoir qu'il aurait été gêné de la prendre photo s'il avait du l'admirer au préalable comme le cliché du célibataire qui savait apprécier la beauté d'une femme. Ce qu'il ne disait pas, c'est aussi qu'il ne faisait qu'un usage réduit d'internet en raison des difficultés qu'il avait parfois à utiliser un clavier. C'était certes plus intuitif que l'écriture manuscrite, mais ça restait un peu moins naturel pour lui que pour quelqu'un d'autre, et c'était une chose qu'il ne se voyait pas confier à Jessian dans ces circonstances. Un jour peut être, s'ils étaient effectivement amenés à se revoir et qu'il lui était plus facile de se confier sur cette part de lui-même pour laquelle il avait au fond toujours peur d'être regardé de travers... Entendre de la bouche de la jeune femme que ses parents n'étaient pas forcément aussi fiers de leur fille et de sa réussite professionnelle qu'il avait tendance à le penser le surprit sincèrement. « Parfois ils oublient simplement de nous le dire, mais ils sont fiers de nous. Je suis sûr que tes parents n'auraient pas voulu que tu te lances dans une voie qui ne te passionnait pas. Et poser, on voit que pour toi c'est une passion. » Posant sur Jessian un regard empreint de douceur et de bienveillance, il lui sourit de manière à ce qu'elle sache qu'il n'avait aucune prétention d'avoir raison mais que son instinct lui disait qu'en général le premier souhait d'un parent était que son enfant fasse ce qu'il aime. Sans doute qu'on n'envisageait pas de voir sa fille poser pour des photographes avant qu'elle n'en émette le souhait, mais il suffisait de la voir pour comprendre qu'elle était faite pour ça. La séance photo démarra ensuite, prenant rapidement place à hauteur du lit installé à l'arrière de son van et sur lequel Jessian ne tarda pas à s'installer, sous le regard et l'objectif d'un Dimitri particulièrement attentif et concentré. Tout du moins jusqu'au moment où flotta dans l'air une tension légèrement différente, due à la façon dont la brune ôta ses vêtements avec toute la grâce qu'il lui connaissait jusque là essentiellement pour ce qui était de poser. Ambiance légèrement différente, donc, et sourire moins indifférent sur ses lèvres tandis que Dimitri s'efforçait de ne pas complètement sortir de son rôle, au risque sinon de passer à coté de photos assurément réussies parce qu'il se serait laissé troubler. Difficile pourtant d'ignorer ce qu'il éprouvait de différent à la voir ainsi dévêtue, son regard captant le sien quand il ne se planquait pas derrière son appareil pour cacher plus ou moins habilement le rougissement de ses joues. Son trouble visible jusque dans sa façon de se pincer les lèvres, Dimitri s'apprêta à entretenir ce petit jeu plutôt plaisant... au moment où son regard capta l'existence de ce tatouage énigmatique, sur la hanche de la jeune femme. Un tatouage qu'il voyait pour la première fois mais qu'il lui semblait connaître, et il ne lui fallut à ce moment-là qu'une demi-seconde pour comprendre. Alec, cette discussion d'il y a quelques mois, anodine au premier abord mais qui tout à coup s'éclairait différemment. Il voulut se convaincre qu'il ne pouvait pas s'agir d'autre chose que d'une coïncidence, mais fut forcé d'admettre que ça faisait beaucoup de détails, beaucoup d'éléments tout à coup empreints de sens. Et sans qu'il n'arrive vraiment à cacher son embarras, l'idée d'une aventure entre Alec et la brune était bien plus déroutante qu'il ne l'aurait pensé, lui faisant perdre peu à peu ses moyens face à une Jessian légitimement interloquée. Comme il aurait voulu être moins maladroit... Comme il aurait voulu pouvoir balayer tout ça d'un revers de la main, décider que ça ne le regardait pas et poursuivre la séance sans lui causer plus de gêne. Mais c'était plus compliqué que prévu, pour la simple et bonne raison qu'à peine une minute plus tôt, c'était ses yeux à lui qui l'admiraient, ses yeux à lui qui découvraient ses courbes, dans un slow motion dont ils avaient apprécié chaque instant. Alors tout à coup, ce n'était plus seulement d'Alec dont il était question, mais de ce qu'il avait ressenti face à un spectacle agréable, devant une jeune femme qui ne le laissait sans doute pas aussi insensible qu'il tentait jusqu'ici de s'en convaincre. C'était ce détail-là qui compliquait les choses et faisait qu'il se sentait brusquement coupable, sans vraiment savoir de quoi. Alec était son meilleur ami, et ils s'étaient si souvent promis que jamais ils n'auraient de vues sur la même femme, que jamais une attirance ne viendrait semer le trouble dans leur amitié... Était-ce ce qu'il risquait, si Alec avait connaissance de cette soirée ? Et Jessian, qu'imaginait-elle maintenant qu'elle devait l'imaginer écouter Alec lui conter les moindres détails de leur aventure ? Mortifié, le cœur lourd d'être ainsi doublement responsable de la façon dont l'ambiance s'était alourdie, c'est sans réfléchir qu'il laissa entendre que tout ça n'était peut être pas une si bonne idée, tout compte fait. Il ne le pensait pas vraiment, à vrai dire il voudrait déjà pouvoir ranger ça derrière eux et faire comme s'il n'avait jamais rien su, mais Jessian la première n'avait sans doute plus aucune envie de s'éterniser dans ce van. Il la comprenait. Statique, Dimitri l'observa du coin de l’œil ramasser ses affaires et se maudit d'être incapable de rattraper les choses. Alors, lorsqu'elle s'approcha finalement de la porte, il sortir de son mutisme pour avancer de quelques pas vers elle. « Je... c'est moi qui suis désolé. » Désolé que la surprise et l'embarras aient pris le dessus sur tout ce que lui inspirait jusqu'ici cette séance, qu'au fond il n'avait aucune envie de voir s'écourter. Désolé de s'être retrouvé mêlé à des histoires qui de toute évidence ne le regardaient pas, simplement pour quelques confidences qu'il pensait anodines et auxquelles il n'aurait autrement jamais repensé. « Ce qui s'est passé n'aurait du regarder que vous, j'aurais jamais du avoir cette conversation avec Alec... comme j'aurais du être capable d'y faire abstraction... » Il confia du bout des lèvres, incapable de ne pas se sentir coupable pour deux, quand il imaginait ce que Jessian devait éprouver à l'idée qu'il ait eu connaissance de choses qu'il aurait préféré ne jamais savoir. Parce que ça faisait tout à coup planer un voile trouble au-dessus de tout ça, de cette soirée, du reste, et qu'il ne voulait pas que cette complicité qu'il ressentait soit entachée par tout ça. Mais c'était inévitable, n'est-ce pas ? Inévitable de ressasser les paroles de son meilleur ami, inévitable de l'imaginer dans ses bras, quand c'était la pire chose à faire que d'y penser. « Jessian, je... » Il s'interrompit lorsque ses dernières paroles lui nouèrent la gorge, l'observant quitter le van sans être capable d'un mot de plus, ou même d'essayer de la retenir. L'ambiance était trop lourde, la gêne trop palpable, et lui incapable de se regarder dans une glace pour les prochaines vingt-quatre heures au moins. Et finalement dans tout ça, le plus gros regret qu'il avait c'était de ne pas l'avoir à nouveau remerciée avant qu'elle ne parte. Pour sa gentillesse, le temps qu'elle lui avait accordé et pour cette soirée, malgré sa triste fin.