| been born again ▲ levriane |
| | (#)Sam 5 Oct 2019 - 19:27 | |
| « You laugh, you stay here. » ma voix pique, mon orgueil est à vif. C’est qu’après avoir enfoncé la clé dans le contact (en la tordant au point où je suis certaine qu’elle s’est complètement fendue la pauvre) pour la troisième fois que le moteur de Willa démarre enfin. Apprenez à faire de la mécanique en regardant des tutoriaux sur Youtube ouais, ouais. Tentez aussi de vous rappeler de tout ce qu’un des copains de passage de votre mère, garagiste, vous a dit entre deux allers retours de sa maison à la vôtre quand votre voiture d’adolescente arrêtait pas de se casser au moindre hiccup sur la route. J’avais trouvé le Westfalia un peu au hasard sur les petites annonces y’avait presque un mois, l’avais retapé au compte-goutte dans le garage de maman en rageant à sa moindre petite offre de venir m’aider, faisant tout toute seule comme une grande. L’impression d’exorciser un peu de la colère violente, de l’impuissance déstabilisante des deux derniers mois dans les écrous et énièmes liquides à changer, la rouille à sabler et les freins à nettoyer. C’était pas la grande classe et les tapis à l’intérieur puaient encore malgré les mélanges d’huiles essentielles par dizaine que j’avais faits pour noyer les tissus, mais overall, ça avait bien plus d’allure que ma voiture éclatée par Jet le connard en puissance, bien plus de sens que la version de Willa avant qu’elle se nomme Willa justement. Levi à qui je dédie mon regard le plus fier, le plus condescendant de l’histoire de l’humanité face à ma victoire quand tout (le moteur qui s’étouffe, d’abord) portait à croire qu’on allait rester cloués à Brisbane encore trop longtemps pour notre bien. On a beaucoup à laisser derrière, on a des gens à mettre de côté, on a des moments de merde à foutre dans des dossiers classés. On a besoin d’air tous les deux. I kissed him, and this is not a one-time thing. J’ignore combien de temps ce scénario-là entre McGrath et moi durera, j’ai pas trouvé de date de début comme j’ignore s’il y a une date de fin. Avec lui, je sais jamais quel est le résultat final, je sais juste que le processus en vaut toujours la peine. Et apparemment, Joel l’avait compris aussi facilement que moi quand il avait agi en raté borné à juste disparaître de la carte plutôt que de régler la situation en adultes. You promised. Bien sûr que je pense aussi à Kane et à sa connerie, ça va de pair, son gamble à tenter de nous secouer Levi et moi, et qui lui a fait perdre non seulement mon estime mais aussi ma confiance. Et donc pour le moment, Brissie nous a bien montré qu’elle avait rien de bon à apporter à nos vies. J’ai envie d’être partout sauf ici, j’avais envie d’être nulle part sauf avec lui. « I called Jill : she asked for a souvenir. Put that on the list. » je finis par lâcher, une fois la caravane engagée sur la première bretelle d’autoroute. Jill allait mieux, je me faisais violence pour pas revoir la scène de sa chute over and over en ayant entendu un peu plus tôt sa voix au téléphone. La fameuse liste donc, qui se résumait pour l’instant à une étendue de restos à tester, de plages où camper et de cabinets médicaux où s’assurer qu’il reçoive son traitement sans que j’angoisse comme une conne à côté.
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| | | | (#)Mar 5 Nov 2019 - 23:53 | |
| « You laugh, you stay here. » Elle signale alors que tu te hisses sur le siège passager du véhicule que tu soupçonnes posséder autant d'histoire que vous deux réunis. Tu t'installes, un immense sac en papier kraft sur les genoux que tu délègues ensuite à l'arrière, contenant tous les médicaments nécessaires à pallier toute éventualité et repousser tout nuage noir qui menacerait de briser votre road trip. Ce dernier a des goûts d'essentiel, de salutaire, de vital. L'idée vient de Parker, tu n'as pu que l'apprivoiser et l'adopter entièrement jusqu'à ce que le désir de partir devienne en quelques secondes viscéral. Ton malaise avait contrecarré la date de départ, suivi de l'overdose de Jillian, mais aujourd'hui, rien ne se mettait en travers de ce projet d'envergure.
Tu inspires profondément, glisses ton coude contre la paroi où la vitre est baissée. Cette machine, elle te représente en quelque sorte Ariane. Une force de caractère, durable, tenace. Elle l'a retapée elle-même et t'es fier du fait que la rouquine a autant besoin de personne que toi. Vous avez toujours su vous débrouiller - sauf cas de force majeure. Tu aimes songer que votre duo est capable du meilleur comme du pire ; mais une partie de toi saigne en songeant à vous deux uniquement en tant que duo. Parce qu'avant tout, vous étiez un trio.
« I called Jill : she asked for a souvenir. Put that on the list. » Tu ouvres la boîte à gants, dégaines un des nombreux calepins que tu as investis pour y inscrire docilement l'achat à l'une des pages. Listes de choses à faire, à voir. Liste de coordonnées importantes. Liste de postes médicaux. Listes de bars et festivals on the road. Listes d'attractions déjantées et singulières. Liste de points d'eau. Liste de trajets. Des listes de tout, de rien, d'essence du bonheur et de liberté.
Et pourtant, ton esprit est séquestré par la vision de ton ancien meilleur ami. Ça te frustre à un point incommensurable de gâcher ces minutes de vie partagée avec Ariane en en dédiant une part au blond qui n'en a strictement rien à cirer de toi. Tu ne comprends pas son comportement, la teneur comme les motifs de cet odieux message qu'il a transmis sur le groupe virtuel sur lequel vous communiquez à distance. Tu n'assimiles pas pourquoi il n'est jamais entré dans ta chambre, pourquoi il s'est déplacé jusqu'à l'hôpital quand la seule chose qu'il voulait était être ailleurs - être avec Charlie ? Comment Kane pouvait-il te blâmer d'être un si mauvais ami quand lui agissait de la sorte ? Tu ne le reconnaissais pas et étais totalement déçu comme répugné du personnage. En quelque sorte, tu reconnaissais devoir faire le deuil de la personne qui, pendant la majorité de ton existence, était l'une des plus importantes au registre de tes relations. La seule ne partageant pas ton sang qui connaît tout du séisme Gideon. La seule que tu as décidé de mettre dans cette confidence, sachant que cet aveu pouvait t'annihiler sans pitié aucune.
Tu inspires profondément, expires rageusement, tentant d'expier Williamson de cette manière. « I got something to tell you. Before we go. » Tu annonces, grave. Parce que même si tu es heurté et déconcentré par le comportement du garçon, tu sais aussi reconnaître ce que tu as de bon dans ta vie. Tu te concentres dessus, antidote de tes maux. Les personnes qui t'entourent, celles qui t'apprécient pour qui tu es, celles qui accourent en cas de nécessité et sont présentes par pure amitié. Celle qui redéfinit ta vie et fait évoluer le regard que tu portes sur le monde, si bien que tu ne comptes plus en voyages mais en personnes et sentiments, que tu ne penses pas qu'à parcourir des kilomètres sur cette planète mais bien avec qui tu passes le temps qui t'est alloué.
« I have two brothers. » Tu annonces, rictus qui s'affiche, s'intensifie au gré des secondes. Tes dents mordent l'intérieur de tes joues, ton regard est incertain. « There's Colton, my twin. » Tu énumères, dérisoirement. Bien qu'elle ne l'ait jamais rencontrée - ou du moins, pas à ta connaissance -, Ariane connaît l'existence de cette drôle de copie de toi-même. « And there was Gideon. He died when I was 15. » Ta mâchoire est si crispée qu'elle menacerait presque de se rompre, violemment voler en éclats. « I never talk about him. We don't talk about him. » We représentant ainsi l’entièreté du clan McGrath. « I went insane when it happened. I could not handle it. I still can't, really. I've never accepted him passing. So nobody talks about him. » Because you can't handle it. Tu baisses la têtes, tes yeux parcourent les diverses marques sur tes bras : les traces des perfusions, des innombrables intrusions d'aiguilles, les marques de colle que t'arrives toujours pas à enlever sans t'arracher l'épiderme, les coups de stylo dont l'encre te paraît graver la chaire, les ecchymoses et égratignures des maladresses des soignants ou suite aux urgences de ton état. « He was born ill. I devoted my life to him. To him having the normal life he was denied to get. My parents and Colton were ashamed of him as they are of me, he was just good to bring pity and compassion to the name, and money from the hospital my parents sued as soon as he was born. He was good image, good reputation and publicity. They could look like loving parents through their unfortune, even though they never took care of him. » Les scènes défilent devant tes yeux, les souvenirs, les images, les traumatismes, les émotions beaucoup trop fortes pour être contenues. Elles te paralysent, bande infernale de ton passé issue du premier être que tu aimais jusqu'à lui en donner ta vie s'il le fallait. « We had a nanny to look after us. But after a while, Gideon got sicker and sicker and my parents decided to institutionalise him because no nanny would take on this responsability. » Malgré tes argumentaires, ta véhémence à prendre soin de ton frère toi-même. Malgré tes prières, tes supplications, tes preuves innombrables que vous pourriez vous en sortir. Malgré tout ; tu ne restais qu'un enfant aveuglé par l'amour fraternel qui ne réalisait pas que Gideon était rendu au terme de son histoire, ni qu'aucune gouvernante n'accepterait de prendre le risque d'être poursuivie en justice par les cupides McGrath parce qu'il avait expiré son dernier souffle sous sa supervision. « He died shortly after being institutionalised. I've never forgived. » Tu inspires profondément, orientes sans cérémonie ton regard vers le profil de la rousse. Contrairement à tes géniteurs et ton frère, tu n'as jamais eu honte de ton cadet. Le passer sous silence est ton unique solution pour ne pas perdre pied en évoquant quelqu'un que tu aimais tant que tu en souffres encore vingt ans plus tard. Cette part de ton histoire, tu la chéris autant qu'elle te détruit. La divulguer à Ariane est ardue et te places brutalement sur une périlleuse corde raide. « He's why I never wanted kids. » Tu as conscience d'ajouter un niveau de sensibilité à la conversation, tu ne peux toutefois t'empêcher de faire un lien avec une très ancienne conversation que vous avez eue sur le toit de la roadie, quand vous discutiez de ces descendances que vous ne désiriez - tout en les aimant pourtant en bons êtres humains que vous assumez tacitement. |
| | | | (#)Mer 6 Nov 2019 - 1:53 | |
| Et Brisbane sert plus à rien derrière nous. On part enfin, on laisse enfin tout derrière, on prend enfin une pause. « I got something to tell you. Before we go. » do you now? Et je suis habituée à Levi qui fait des frasques pour dire de la merde, je suis habituée à lui qui s’amuse, qui a le sourire en coin du gars qui troll en permanence. Je m’attends qu’à ça lorsque je tourne vite fait bien fait la tête vers lui, alors que le van commence doucement à s’engager sur la route de je sais pas où, la route qui nous appartient à nous. Mais je le connais pas cet air-là, je le connais pas et j’ai l’impression que les mots qui vont suivre, je ne les connaîtrai pas du tout non plus.
« I have two brothers. There's Colton, my twin. And there was Gideon. He died when I was 15. » il prend des pauses que j'anticipe pas, il est prudent McGrath, il insiste assez pour que je quitte à nouveau la route des yeux pour le regarder lui. J’ai volontairement ralenti le rythme, un geste bref et rapide du bout des doigts sur le volume de la radio pour le baisser au maximum, m’assurer de ne rien manquer de la suite. Colton le douchebag ; je maîtrise. Gideon par contre et sa fin tragique, je l’ignorais. « I never talk about him. We don't talk about him. » une part de moi se demande si Matt la grande gueule a bel et bien su tenir cet engagement de son côté ; mais j’ose pas demander, j’y pense même plus déjà. Levi qui poursuit avec une voix aussi grave que sérieuse, un ton que je ne lui connais que trop peu, un ton que j’apprécie pas particulièrement parce que je sais que ce qu’il dit l’atteint, et que tout ce qui l’atteint brûle de ses précieuses forces. Call me mama bear here. « I went insane when it happened. I could not handle it. I still can't, really. I've never accepted him passing. So nobody talks about him. » je sais pas pourquoi j’hoche de la tête, mais j’acquiesce, j’entends, j’enregistre. Même si on était pas dans la situation où on se trouve l’un face à l’autre, les époux, les épris, j’aurais jamais cru pouvoir aborder le sujet après qu’il me l’ait présenté ainsi. Je sais que de base, j’étais pas la meilleure référence en ce qui concerne faire ce que Levi veut, ce qu’il demande, ce qu’il exige. J’ai passé ma vie à faire volontairement toujours le contraire. Mais là, à peine ses explications entamées, à peine j’ose l’interrompre d’emblée.
Et il parle de ses parents. Il parle d’une nanny, j’ai encore une piqure de rappel qui me confirme comment il est sorti d’une famille de bourgeois, comment ses géniteurs sont des riches chiants qui font tout pour vivre selon les stéréotypes, qui ont tenté de l’y calquer, lui qui s’en est extirpé aussi vite qu’il a pu. « He died shortly after being institutionalised. I've never forgived. » c’est ça la partie qui me rejoint le plus. C’est ça la partie qui me fait de suite prendre la première sortie que je vois à proximité, pincer les lèvres de l’imaginer gérer ça seul sans personne sans repères à l’autre bout du monde, gérer ça et jamais en parler à travers. Je sais pas d’où lui sort l’envie, le besoin de me mettre au courant de cette facette-là de sa vie d’avant. Je sais même pas pourquoi il le fait maintenant. Mais j’ai aucune, absolument aucune question qui à mes yeux vaille la peine que je l’arrête dans son discours. « He's why I never wanted kids. » oh my.
« I already hated your parents, and your weird dumbass twin. » j’ai fini par prendre la bretelle, j’ai même pas vu quel est le nombre de kilomètres à franchir avant d'arriver à un drive-in quelconque. Je sais juste que la limite ralentit et que c’est tout ce que je veux. « But I didn't know I could hate them even more. » ce qu’il raconte qui dépeint exactement ce qui m’exacerbe, ce qui m’horripile des gens comme ça. Les apparences, toujours. Volontairement je ne pousse pas. Je ne lui demande pas si ça a un lien avec cette aversion de Londres qu'il a depuis toujours, si ça fait un écho simple et direct avec sa retenue agressive à la seconde où on parle de sa famille au-delà ses cousins. Bien sûr que ça a un rapport. Bien sûr que c’est lié. Bien sûr que ça lui fait mal d’en parler, aussi. Surtout.
He's why I never wanted kids. Et ça. Et ça qui tourne en boucle dans ma tête, même pas les mots en soit. Juste la façon dont il les a livrés comme s’il amenait avec lui la pire, la plus horrible des nouvelles. « Man, I married you for you. I did not marry you for your daddylike potential. We have Tim for that. » autant clarifier – quand en plus que Levi sait tout aussi bien que moi que si on entre dans ce sujet-là, il sera pas le seul à ne pas vouloir – pouvoir – avoir d’enfants. Il était aux premières loges de ça jadis. « I'm gonna stop the car so I can kiss you now. » j’entame, arrivant finalement à un stationnement de commerce lambda inutile parmi tant d’autres. La voiture que j’arrête comme mentionné, ma ceinture que je retire d’emblée pour passer par-dessus la console, m’installer sur ses cuisses. L’empêcher de continuer à se mordre les lèvres et l’intérieur des joues du baiser le plus tendre que j’arrive à entamer malgré ses révélations qui semblent lui faire autant de mal que de bien. J’ignore encore quel côté l’emporte sur l’autre, j’ose étrangement pas scanner ses yeux comme je l’aurais fait impunément pour n’importe quoi d’autre, question d’en avoir le coeur net. À la place, je m’inspire de son carpe diem de merde habituel, me détachant d’à peine quelques centimètres de son visage pour lui demander le plus sérieusement du monde. « Tell me one good story about Gideon. Your favorite. »
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| | | | (#)Jeu 7 Nov 2019 - 1:16 | |
| Willa s'engage sur la route, et à peine le moteur ronfle-t-il gaiement de recevoir la confiance totale du duo pour les mener durant ce road trip vital, qu'Ariane ralentit, baisse le volume de la radio recyclant des morceaux pop rock à foison. Tu poursuis ton récit, imperturbable, livres cette partie interdite de ton être. Ce morceau d'histoire si précieux que tu en es avare, que tu refuses qu'on en parle, comme si tu refusais les mots d'effleurer le souvenir de ce frère qui était tout pour toi durant des années. Ta seule ancre dans les méandres bourgeoises et infectes que régissaient tes parents et ton jumeau, ton seul allié même si jamais n'avait-il pu te défendre bien que tu n'en doutais pas sa volonté. Le seul qui te ressemblait, tu le savais, le seul qui t'assurait que t'avais une place sur cette planète, que tu n'étais pas voué à devenir comme les êtres que tu côtoyais chaque jour et abhorrais sans limite. Il était ton échappatoire dans ta prison dorée et son départ t'a brisé sans parvenir à en faire exploser les barreaux, mais en les rendant encore plus toxiques.
Tu énonces tout, le meilleur, le pire. Tu n'as jamais fait dans les filtres avec Ariane et tu ne comptes pas commencer aujourd'hui. Tu as toujours aspiré à être transparent dans ce que tu disais, même si évidemment, tu lui as caché tout un étalage de renseignements sur ta personne. Tu sens ses prunelles passer de ton profil à la route battue de plus en plus lentement, son attention, sa concentration, se dévouant à ton passé exponentiellement. Tu boucles le drame en exposant sa conclusion, ton refus catégorique de paternité quand tu connais tes gênes pourris ainsi que l'incommensurable peine que cause le parte de ton sang.
Elle ne laisse pas de lourdes et terribles secondes s'installer entre vous ; elle t'épargne cette épreuve-là alors que tu te sens mis à nu : libre mais vide ; voletant entre les émotions, dans ce cortex étrange qui lie passé, présent, futur. She is them all, now. « I already hated your parents, and your weird dumbass twin. » Un faible, bref, sourire émeut ta bouche. Elle est ton alliée, envers et contre tout. Elle reste à tes côtés alors que t'es abominable, potentiellement mourant. Elle persévère, elle ne lâche pas, elle s'accroche ; sans raison valable à tes yeux, mais qui es-tu pour en juger et l'en dissuader ? Tu l'as mis en garde contre tous les maux, elle n'appartient à personne et est libre de ses agissements comme de ses décisions. « But I didn't know I could hate them even more. » « He was good. » Tu informes, comme si tu voulais défendre quelque chose de futile, comme si tu souhaitais étouffer l'ignominie que composent tes parents et ton frère par toute la bonté et l'affection que tu voues à ton cadet. Comme si tu désirais signifier à Parker que tout n'était pas que peine perdue : Gideon était bon, il était meilleur que les quatre autres guignoles qui l'avaient entouré toute sa courte existence. « I'm sure you would have loved him. »
« Man, I married you for you. I did not marry you for your daddylike potential. We have Tim for that. » Tu pouffes. Tim et ses berceaux, Tim et sa douceur absolue, Tim qui menace à tout moment de chanceler. Tu le juges sur une bribe de vie, pourtant, au regard que lui porte Red, tu as l'impression de tout savoir de sa personne. Mais tu sais qu'il y a une force terrible qui sommeille en lui. Il partage la moitié du patrimoine génétique d'Ariane, il n'en peut autrement. Tu lui fais confiance, tu sais que même s'il se brise, il saura se reconstruire. Tu en es persuadé, naïvement, candidement. De toute façon, tu ne comptes pas laisser ton nouveau beau-frère dégringoler sans y apposer au moins un grain de sel. « I'm gonna stop the car so I can kiss you now. » Son annonce a l'effet d'une brise délicate sur ton corps. Tu expires doucement cet air que tu conservais dans tes poumons comme si tu craignais en l'expirant voir disparaître de nouveau Gideon. Tes épaules se détendent, ta mâchoire crispée se décontracte. Ariane se gare proche d'un commerce, sa ceinture crisse quand elle la décroche d'autour de sa taille, sa chaleur comme son parfum t'envahissent quand elle prend place sur tes cuisses. Ses lèvres sont si tendres contre les tiennes, novatrices. Tes mains se posent naturellement sur ses hanches, vos visages ne se séparent pas de plus de quelques centimètres, son souffle devenant le tien, ton cœur battant au tambour du sien.
« Tell me one good story about Gideon. Your favorite. » L'intérieur de tes joues est sensible, éraflé, d'avoir été si mordu. Tu inspires doucement, prospères via son parfum, son savon, tout d'elle te conforte dans ce chemin de croix que tu réalises. « He loved waves. » Tu commences, croisant tes doigts dans le dos d'Ariane, la gardant proche de toi. « Once I kinda run away with him. I cycled to the beach, him in the little char I fastened behind my bike. I knew he loved water, I wanted him to see the sea. I brought him close to the shore, waves came and went, tickling his toes. He liked it, he was happy to feel all of it, but when a wave took me by surprise and made him soaking wet, that's when I heard him laugh as if he couldn't stop being happy. » Tu lèves les yeux, cherches à capter le regard d'Ariane, comme si tu pouvais lui transmettre les scènes de ta mémoire via les émotions animant tes yeux. « I know he's better now. He doesn't suffer any longer. But a part of me wanted him to stay with me so I could make sure he was happy. So I could make everything I could for him to get a normal life. The life he deserved. » C'est un sourire désolé qui transparaît contre tes traits, avant que tu ne poses doucement ton front sur son épaule osseuse, quitte à mourir étouffé par sa chevelure rebelle mêlée à la tienne. Tu laisses les secondes défiler, te ressources de sa présence tout contre la tienne, de sa candeur à son odeur, de sa vie à son amour. « I never talk about him and I don't want people to talk about him. » Peut-être es-tu profondément égoïste par ce biais, mais jamais n'as-tu su autoriser quiconque à évoquer Gideon devant toi sans tout briser sur ton passage. Gideon était trop précieux pour les mots et causaient trop de maux pour les valoir. Le silence dans son intensité et sa puissance dans son retour inébranlable lui allait bien, à ton sens. « Silence always comes and goes, like the waves. » Tu justifies aussi, exposant que par cet intermédiaire, tu le faisais aussi vivre dans ton esprit, même si jamais il ne saurait le quitter, le benjamin gravé en toi jusqu'à l'essence même de ta constitution.
« He's important to me. » Tu exposes, dans toute son évidence. « He's a big part of me. » Tu extrapoles, redressant ta tête en vue de capter les iris de la rousse. « As you are. » Tu marques une pause, avouant, cœur battant : « I wanted you to know all of me. » Tu plantes ton regard dans le sien, assuré, franc. « I wanted the most important person in my life to meet the late one, even if it means that you have to meet him through me. » So Gideon's yours too and I now trust you with my life - and his memory. You know he lived and you can know who he was - what nobody really totally did. |
| | | | (#)Jeu 7 Nov 2019 - 2:35 | |
| « He was good. I'm sure you would have loved him. » il justifie, il clarifie. Ses parents et son jumeau que j’imagine être de vrais connards dans tous les sens possible, et Gideon qu’il sauve sans en avoir besoin. Le seul fait de l’entendre parler ainsi de lui me fait déjà l’aimer, convaincue, rassurée. « And I’m sure he would have sided with you to make my life a pain in the ass. » j’esquisse un sourire complice en attrapant le sien, faible mais présent, au passage. Pas aucun doute que Levi l’aurait eu dans ses rangs d’une façon ou d’une autre, le portrait que je me fais d’eux bien trop clair pour que l’additionner aux paroles du McGrath ne rende pas la scène lourde de sens.
Le van que j’arrête, le stationnement que j’improvise, les lignes en parallèles que je bafoue, et ses lèvres que je vais chercher dans un besoin aussi nécessaire que salvateur de proximité. Il va pas, il est en train de tomber, je suis conditionnée à le rattraper autant qu’il l’est à me rescaper. Depuis bien plus longtemps que sa maladie le monopolise. J’étire, une seconde de plus, juste une. Mes paumes qui remontent le long de ses bras usés, marqués. J’évite les blessures sans même les regarder en sachant pertinemment où elles se trouvent, file à ses épaules, joue avec ses mèches emmêlées que je m’affaire à dresser sans aucun espoir de les sauver. « He loved waves. » mes prunelles ont pas lâché celles de Levi, l’histoire qu’il raconte avec tant de détails que je suis persuadée qu’en fermant les yeux, j’aurai une image claire et précise de la scène. « Once I kinda run away with him. I cycled to the beach, him in the little char I fastened behind my bike. I knew he loved water, I wanted him to see the sea. I brought him close to the shore, waves came and went, tickling his toes. He liked it, he was happy to feel all of it, but when a wave took me by surprise and made him soaking wet, that's when I heard him laugh as if he couldn't stop being happy. » je reconnais le Levi adolescent dissipé, je reconnais ses frasques, je le vois très clairement planifier la fuite une poignée de minutes plus tôt sous l’impulsion du moment. « I know he's better now. He doesn't suffer any longer. But a part of me wanted him to stay with me so I could make sure he was happy. So I could make everything I could for him to get a normal life. The life he deserved. » « He had one as much as he could 'cause of you. » conditionnée à le rattraper. Ça compte aussi quand il sombre dans sa tête et dans des remords, dans des regrets qui ne lui ressemblent pas. Mes doigts sont perdus entre sa nuque et la naissance de sa mâchoire, son sourire nostalgique qu’il égare contre mon épaule quand je pose ma joue contre sa tempe. M’assurant que mes mots glissent doucement à son oreille. « That’s the only thing that counts. You made that possible for him, with your annoying squeaky bike and your typical tons of shitty ideas. »
« I never talk about him and I don't want people to talk about him. » ce serait mentir de dire que ça ne me rassure pas qu’il en parle peu. Le voir se mettre dans cet état, savoir à quel point tout ça l’a marqué au point où je le reconnais à peine ne me donne pas particuièrement envie d’insister sur le sujet s’il ne l’amène pas de lui-même. Encore moins avec qui que ce soit d’autre. « I love secrets. » and I love you. Un baiser que j’égare à travers ses cheveux, un autre sur sa nuque. « Silence always comes and goes, like the waves. » « Keep that for your lyrics, poet. » j’ironise, je dédramatise surtout, occupée une seconde de trop à dévisager les cons qui se sont postés à la hauteur de Willa à faire les curieux, à essayer de voir ce qu’on trame à prendre deux parkings, et à pas avoir la moindre intention de précipiter notre départ tant qu’on l’aura pas décidé.
« He's important to me. He's a big part of me. » il redresse la tête, je capte ses iris à nouveau. « As you are. » ouh. Une part d’ego qui, je l’avoue, accueille ses mots comme la plus belle des déclarations, des confirmations aussi. Mais je la chasse pour me concentrer sur le parallèle, sur le secret, le nôtre, maintenant. « I wanted you to know all of me. » « So that’s it? No more mystery? » une fausse moue piteuse que j’exagère, un « Bummer. » qui complète le sarcasme. « I wanted the most important person in my life to meet the late one, even if it means that you have to meet him through me. » elle est loin la blague, elle est disparue la pique. Quand je vois que lui, quand j’entends que lui. Quand c’est probablement sa façon à lui de me dire qu’il me fait confiance, là, maintenant. I don't trust anyone, Ari, qu’il disait. Ça compte pas ça, ça compte plus. Et je l’embrasse pas. Pas tout de suite du moins, c’est secondaire. C’est pas de ça dont il a besoin, et moi encore moins. C’est Levi là, c’est Levi et c’est moi et c’est une barrière de presque 20 ans qui tombe, c’est une confession qu’il a répétée et confirmée comme intouchable, intraitable. Personne sait. Sa famille, et encore. Personne sait ça. Comment il est, là. Avec moi.
« I would have shown him the south shore. Third stop on the list. That’s my favorite. Waves there are insane. » du menton je pointe la boîte à gants, là où y’a des listes pour tout, là où y’a cet arrêt-là qui à l’instant prend toutes les significations du monde à mes yeux. Et quand je suis persuadée qu’il sait que j’ai compris, qu’il a pas besoin de rien dire d’autre, que je sais, que je sais tout, j’ajoute, comme le contrat scellé, comme une énième confirmation de mon côté. « He’s family to me now, as you are. » il sait que très peu de gens ont passé ce stade-là, encore moins qu’on le croit. Et que de ce côté, c’est à la vie, à la mort. Always.
Les clés toujours sur le contact, la radio qui jouait toujours en trame de fond, j’avais même pas remarqué. Et c’est la voix du McGrath qui remonte, tour de force ou hasard de merde, je sais pas du tout. Mais c’est sa chanson, celle qui l’a fait gagner The Voice, celle que j’en peux plus d’entendre parce qu’il a pas arrêté de la pratiquer, parce qu’elle tourne sur toutes les stations depuis trop longtemps à mon goût. « Ugh, this song, I can’t. Too whiny. » c’est là où l’embrasser prend tout son sens, du moins, le mien.
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| | | | (#)Dim 29 Déc 2019 - 2:41 | |
| Et c'est précautionneux, en pesant précisément chaque mot orné de leur puissante sémantique, en autorisant méticuleusement chaque syllabe de franchir la barrière de lèvres religieusement scellées quant à ce sujet sous menace d'une implosion ardente, que je dévoile mon plus grand secret, la plus puissante de mes vulnérabilité, le drame ultime de mon existence. Peu à peu, à mesure que je peins la toile d'un frère cadet dont l'histoire a toujours été dissimulée aux yeux d'Ariane comme tant d'autres dans ma vie, je mêle également les véritables couleurs de la parisienne, son unique camaïeux de nuances écarlates de leur acidité mais aussi brutales de leur altruisme, au tableau intégral de ma vie : celui qui unit révolu, actuel et avenir. Ce cadet tabou, duquel la famille a appris à ne jamais remémorer son souvenir en ma présence car j'en devenais fou de rage comme de chagrin. Ce deuil que je n'ai jamais su accepter, bien que l'âme de Gideon trône dans l'inconnu depuis deux décennies. Mon frère est toujours présent, ardent, cuisant, gravé profondément sur mon palpitant, accompagnant immuablement chacune de mes décisions et soupèse la moindre de mes actions. Chaque mois de décembre est un supplice tant la date de son dernier souffle orchestre un récalcitrant tintamarre à m'en briser la boîte crânienne et m'en faire perdre les pédales d'émotions. Mais cette année, j'ai bien compté passer décembre avec Ariane. Cette année, j'offre à Parker bien plus que les clefs de Cadence : je lui montre les dernières bribes de ma personne, celles auxquelles je me rattachais comme si ma santé mentale et physique en dépendaient. Cette année, la rouquine a mon histoire, alpha et omega.
« And I’m sure he would have sided with you to make my life a pain in the ass. » Pâle sourire sur teint blême, j'apprécie, je chéris, le conditionnel tracé par mon interlocutrice, sans me risquer à m'y bercer. J'ignore si le benjamin des McGrath aurait été si malicieux, je refuse de me permettre ce loisir doux amer de m'imaginer une vie avec lui quand il est parti à jamais. Mais Ariane parvient à souligner son souvenir que je couve d'ordinaire d'interdits en l'intégrant dans une partie de ma vie qui m'est précieuse, salutaire. Elle se lie à lui savamment, tendrement, sublimement, récupérant au passage une nouvelle dose de ma reconnaissance admirative. Mon mutisme s’aggrave, la parisienne stationne finalement son van, bafouant le code de la route sans scrupule aucun.
Ses lèvres viennent chercher les miennes. Sa chaleur me ranime, la douceur de ses lippes qui jure avec la totalité du reste de sa personne. Je ferme, exténué et inavouablement avide des émotions qu'elle me prodigue, les yeux. Ses cheveux taquinent mon cou tandis qu'elle s'installe sur mes jambes ; j'inspire lentement, à contre-cœur, à contre-courant. Ses mains remontent contre mes bras, petit à petit, elle me rattache, me rappelle. Mes paupières s'élèvent, je me rejoue la bande de mon souvenir préféré avec Gideon avant de la relater, soigneusement, chaque grain et chaque brin, à Ariane. Une poignée de secondes agonisant, s'en suivent les regrets, les remords, les vœux pieux. Égoïste, possessif, j'aurais aimé que jamais mon frère ne disparaisse parce qu'il avait constitué mon seul allié durant toute mon enfance et adolescence et puisque je ne faisais strictement confiance à personne pour s'occuper de lui comme il se le devait. Je reconnaissais que la délivrance qui l'avait enlacé des années plus tôt était due comme ad hoc, mais un âcre goût d'inachevé perdurait inexorablement en moi. J'aurais désiré faire plus - être davantage. J'aurais voulu lui décrocher la lune et rétablir la justice de l'univers au nom de Gideon. Un rictus désolé apparaît sur mon portrait, avant que je ne capitule et appuie mon front sur l'épaule pointue de ma follement fidèle compagne d'infortunes ; à la recherche d'une pause, d'un ressourcement qu'elle seule serait apte à me donner. « He had one as much as he could 'cause of you. » J'inspire profondément, son odeur vient alléger mes maux, ensorceler suavement mes démons. Ses ongles jouent à la naissance de ma mâchoire et ses paroles se produisent en écho dans mon esprit, avant d'emprunter une ligne directe vers mon cœur. Je n'ignore désormais plus par quel talent Parker déniche naturellement les meilleurs mots à m'adresser mais bien les motifs qui me persuadaient jadis, dur comme fer, qu'elle n'était pas de confiance pour une telle confidence qu'elle risquait d'utiliser contre ma propre personne. « That’s the only thing that counts. You made that possible for him, with your annoying squeaky bike and your typical tons of shitty ideas. » J'émets un rire nerveux contre son cou, ma main remontant contre son dos pour le caresser, réalisant possiblement un transfert sur ce sentiment de réconfort qu'elle me livre avec altruisme. You're the best. I love you, mon souffle déferle contre son épiderme, inaudible.
La raison s'émoustillant, je lui murmure mon refus que Gideon soit discuté. « I love secrets. » Elle rétorque, baisers sur mon lourd crâne, avant de banaliser, réconforter, mes justifications pour de prochains ouvrages. Mes doigts attrapent ceux de sa main libre, sans savoir trop y faire, mis à part sentir sa main rêche quand je lui confie l'essentiel qu'elle le connaisse, le crucial que les deux personnes les plus importantes de ma vie se rencontrent, même si c'est par mon intermédiaire. Elle nargue, elle se plaint du mystère dévoilé, et j'enchéris, sérieux, déterminé. « I wanted the most important person in my life to meet the late one, even if it means that you have to meet him through me. » Parce que même si je suis incapable d'être direct comme de la sérénader sérieusement, je peux lui faire comprendre que je l'aime tant que je lui offre tout de ma personne : yin et yang, joies et peines, santé et maladie, passé et futur. Elle sera la seule - à tout jamais, parmi tous les milliards d'âmes - avec une alliance de ma part au bout des doigts, un nœud marin artisanal qui lui assure que finalement, elle compose l'exception à ma règle comme quoi je ne promets rien et que je ne fais confiance à personne sauf moi.
« I would have shown him the south shore. Third stop on the list. That’s my favorite. Waves there are insane. » Un sourire sincère, reconnaissant, apparaît sur mon visage. Une touche de malice l'anime quand elle démontre la boîte à gants, que mes mains se resserrent un peu plus dans son dos. Elle est la seule à être capable de tout affronter, tout dédramatiser, tout lier sans jamais rien casser. Elle est cette créature à sang-froid exceptionnel et au cœur surdimensionné. You are insane, Ari. « He’s family to me now, as you are. » Une pointe de surprise étire discrètement mes traits parce que je sais à quel point faire partie de la famille de Parker n'est pas inné. Elle ne parle pas de biologie ici, ni ne distribue les places de cette proximité aisément. Quand on fait partie de sa famille, on l'est à tout jamais, et pour cette moindre raison, comme moi pour Gideon, excessivement rares sont ceux qui y ont accès. Nous sommes peut-être sauvages, mais notre raison est intraitable ; on n'aime pas à la volée ni à la dérobée et quand on s'accroche à une âme, qu'on on l'élit à notre cœur si sélectif, c'est parce qu'on est sûr qu'elle est sœur de la nôtre et qu'on en finira pas trahi. « It's real, as it's right. No kinda on our part. » Je conclus aux tons de récents souvenirs, nos alliances s'entrechoquant au passage.
Ma propre voix détonne de la radio de Willa, je ne peux m'empêcher de rire quand elle critique, quand elle prend possession de mes lèvres alors qu'en bon mégalo, je m'apprêtais à chanter en même temps que mon écho. Mon sourire s'amoindrit toutefois alors que le goût de sa bouche envahit la mienne, que le piment de son être enveloppe le mien, que mon amour croît encore plus au sein de notre bulle. Mes doigts caressent sa mâchoire, se faufilent affectueusement dans ses cheveux volages, réduisant la distance de nos deux entités, avant que je ne sursaute, plusieurs coups brefs assénés contre la vitre à quelques centimètres de nos visages. Un policier nous toise, réprobateur, puis somme d'abaisser la vitre pour qu'il puisse communiquer sa morale à deux balles. « Can't do that here, kiddos. » « And what are we doin, Officer? » je provoque avant même que le moustachu stéréotypé réprimande davantage, affublant le grade d'un accent ignoble. Je le toise, soutiens son regard sans scrupule aucun, quitte à le faire changer de teint. « You can't fool around here. » Je fronce les sourcils, avant de prendre un air faussement entendu. « Oh, but we're truly sorry, Officer, we don't do threesome. We can't go elsewhere. » Et je lance un coup d’œil à Ariane, l'encourageant aussi tacitement que malhonnêtement de prendre le volant et mettre les gaz pour enrager davantage le policier en le quittant de cette manière - et continuer ainsi la lignée de l'indécence. |
| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 19:37 | |
| C'était pas nous d'entrer dans l'émotif, c'était pas nous d'être aussi à fleur de peau. Et pourtant, je me serais pas fait chier avec qui que ce soit d'autre que lui à parler aussi ouvertement d'une partie de sa vie que j'ignore, qu'il me lègue comme la prunelle de ses yeux. Y'a quelque chose d'aussi étrange que de nécessaire, de vital qui s'est tissé entre Levi et moi dans les derniers mois, et jamais je perdrai la moindre seconde à tenter de me l'expliquer quand ça semble faire autant de sens. Quand ça en a probablement toujours fait.
Et évidemment que je change la dynamique, à la seconde où je vois qu'il en a assez. Il est facile à lire Levi, il l'est encore plus depuis qu'il me laisse accès à tout, depuis qu'il n'en met plus de barrières. Depuis qu'il rage pas à la moindre tentative où je tente de gratter sous sa surface. C'est plus facile depuis qu'on fonctionne ainsi, mais pas moins fun. Surtout pas, quand mes lèvres se soudent aux siennes et que la conclusion ne fait rien d'autre que de lancer un nouveau chapitre bien plus que d'en fermer un seul entre nous.
« Can't do that here, kiddos. » « Bitch please. » ça cogne à la porte, ça joue à l'adulte, ça me fait rouler des yeux à m'en fouler le nerf optique. « And what are we doin, Officer? » McGrath qui joue au prince charmant comme tous les mecs de sa famille. Je peux pas m'empêcher de le toiser avec le même air condescendant qu'il dédie à l'officier lui-même, avant de pouffer de rire, parce que vraiment, la scène n'a rien mais alors absolument rien pour me terrifier, même pas pour me faire lever un seul poil sur les bras. La chair de poule, ce sont les baisers que l'anglais perdait y'a quelques secondes sur ma nuque qui la provoquaient. « You can't fool around here. » ouais, ouais, on a compris déjà. Do we look like we care? « Oh, but we're truly sorry, Officer, we don't do threesome. We can't go elsewhere. » et ma paume qui quitte l'épaule de Levi pour filer à la fenêtre, pour la monter non sans braquer mes yeux dans ceux du flic. « There are rapists outside just waiting for you to do your job. » mes paupières battent la cadence, il dégaine son carnet de contraventions, je lui baille au visage. « Thank you for your time, now go on and have a good life. » c'était pas si pire 100$ pour lui avoir rigolé au nez. Comme s'il pensait qu'on allait payer, anways.
***
C'était mon idée de camper sur la plage et si Levi vous dit que c'était la sienne, bah vous aurez juste à lui dire que c'est moi et toujours moi le cerveau de l'opération et qu'il devra se lever très, très tôt pour me voler les rennes. « Come onnnn, stop being a prick. » je le presse, l'encourage, soupire et rage, tout ça en même temps. Quand je suis posée dans le sable depuis de longues minutes à compter les vagues, le soleil qui se couche à l'horizon. Et l'autre con qui fout je sais pas quoi encore dans le van sans me dire le moindre truc sur ce qui l'occupe au point de manquer le feu de joie que j'ai fait toute seule, comme une grande, qui brûle presque autant que moi et ma rage au quotidien et surtout dans l'instant.
« You'll miss everything if you keep at it. » pas que ça me stresse en soi. Des couchers de soleil y'en aura plein, ils se réinventeront mais y'a rien de nouveau non plus. Des feux sur la plage aussi, des nuits à être tous les deux, et des décomptes avant la fin de l'année aussi. Mais même si j'en ai rien à faire parce que ultimement, on est juste tous les deux et c'est que ça qui compte, reste que ma vie a vraiment beaucoup, beaucoup plus de sens lorsque je la passe à emmerder Levi. |
| | | | | | | | been born again ▲ levriane |
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