| Aberline & The Doherty's + hypersonic missiles |
| | (#)Mar 8 Oct 2019 - 2:16 | |
| L'oeil du cyclone n'est pas le calme que l'on nous vend. À moins de se fixer une solide paire d'oeillères de part et d'autre du visage, il est impossible d'ignorer qu'autour de soi, le chaos emporte ce qui nous est cher, le matériel et l'immatériel, bien au loin, loin du pays d'Oz. Et gris sont les pavés, sous mes talons noirs qui claquent dans les flaques de pluie. Le bel été Australien. Qu'est-ce qui n'a pas changé, en plus du temps, ces dernières semaines ? Finn n'est comme plus tout à fait lui-même. Lene s'arrondit du profil. Le show prend une direction strass ascendant cache-tétons. Mais moi, je suis toujours là. Bloquée à la fois dans quinze, dix, et cinq ans en arrière, un peu fille déchue, un peu repentie, fragile, increvable, tête brûlée apeurée ; proie et prédateur tout à la fois. Toujours en vie surtout, qu'importe à quel point je force le destin. L'oeil du cyclone, c'est le statisme et la paralysie, des orteils jusqu'au bout des doigts. C'est d'être au coeur de forces de la nature hors de ma portée, prête à les subir d'une minute à l'autre, quand le vent tournera. Pourquoi je resterais là à ne rien faire, à attendre, voire survivre un peu ? Tout change et je reste étranglée par mes erreurs passées, incapable de changer ce qui a été, ni d'aller de l'avant. J'aurais pu être plus brave. J'aurais voulu avoir un plus grand cœur. J'aurais aimé être plus futée. Peut-être que je ne serais jamais rien de tout ceci. Ou je peux lancer le dé à mon tour, me plonger dans la bataille, dans les vents violents ; placer mes pions sur l'échiquier, mettre mes dernières forces dans cette bataille pour le droit d'être et d'exister. Si je ne peux mourir, alors j'ai des chances de gagner. Et si le karma souhaite me donner raison, il ne lui reste qu'un mois pour que mon compteur d'années ne dépasse jamais le trente tout rond que je n'aurais déjà jamais pensé atteindre.
Le plan de bataille échafaudé en un éclair de génie durant une nouvelle nuit d'insomnie est le reflet de tout ce que j'ai toujours connu, ce que j'ai toujours été. Une étreinte de cette nature de mauvaise graine, l'amour du risque, une vie basée sur des lancers de dés. J'ai dit à Mitchell que je me prouverais, et la chance qu'il a refusé de m'offrir sera son joug. J'ai dit à Finn que je prendrais soin de lui, que je le protégerais ; et si cela implique de retourner auprès des forces qui m'ont menée à lui dans un premier temps, je n'ai plus peur de leur emprise désormais. Anwar et Lene peuvent bien aller se faire voir, le goût de leur traîtrise colle à mon palais comme un vieux chewing-gum me laissant amplement de quoi ressasser. Mais sans être hypocrite, je le fais pour moi avant toute chose. Pour cesser de me voiler la face en faisant mine d'être taillée pour la vie normale comme tout le monde. Cela ne m'a jamais procuré autre chose que la sensation de n'être nulle part à ma place. Sur le chemin de l'appartement des jumeaux, il me semble déjà respirer un peu mieux, débarrassée du corset formé par le carcan des mille et une règles du bon citoyen.
J'attends devant la porte après avoir asséné deux coups sur le battant. La surprise dans la voix de Freya à travers l'interphone ne l'avait pas empêchée d'appuyer sur le bouton cédant l'accès au bâtiment. Et Sésame, ouvre-toi. Elle ne tarde pas à m'ouvrir, à l'étage. Mon regard l'inspecte furtivement de haut en bas ; elle a toujours été jolie, atout qu'elle a pu conserver en quittant le style de vie imposé par Jim et moi à l'époque, avant qu'il ne soit trop tard. Avant de finir comme moi. "Salut, Doherty." dis-je nonchalamment, m'invitant toute seule à l'intérieur d'un pas décidé sans craindre l'idée de m'imposer. Quelques pas à l'intérieur et je trouve le Tic de son Tac. "Doherty bis. Ca fait un bail." j'ajoute avec un signe de tête, clôturant ainsi toute la partie courtoisie. Mes pupilles appuyées sur Tobias ont du mal à voir en lui autre chose que l'adolescent rachitique que j'avais côtoyé un jour. Sa dégaine n'a pas tant changé, comme figé dans cette poignée d'années. Je me dirige à grands coups de hauts talons vers le canapé, consciente que chaque claquement sonne comme le maillet du brigadier sur le parquet d'un théâtre, initiant les drames à venir. "Je peux ?" je demande, un bout de fesse déjà posé dans l'assise, puis m'y laissant tomber complètement, confortablement installée. Je me fiche bien d'être l'éléphant dans la pièce. Je pourrais même enfoncer le clou de ce squattage assumé en allant chourer une tasse de café dans la cuisine comme si j'avais toujours vécu ici. "J'adore ce que vous avez fait de l'endroit, dis-je non sans ironie. Super reconstitution de Bagdad."
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| | | | (#)Sam 19 Oct 2019 - 6:08 | |
| « Putain, Tobias, vire-moi ta merde du lavabo, j’te l’ai déjà dit ! » Combien de fois il va falloir qu’elle lui répète que l’évier de la salle de bain ne sert pas de laboratoire pour ces fichues expériences ? Il fait vraiment chier quand même. Il y en a partout parce que dans son énervement, Freya en a foutu par terre. Parce qu’elle voulait seulement se brosser les dents, le minimum de l’hygiène, certainement étranger à son jumeau qui doit sûrement se rincer les dents avec sa putain de poudre blanche éparpillée sur le rebord et le sol. Elle est fatiguée, Freya, elle a passé une sale nuit et ça se voyait. Les traits marqués par l’épuisement de nuits qu’elle n’arrive pas à compléter, les cernes qui se creusent en conséquence. La jeune femme passe de l’eau sur son visage, le bruit grinçant du robinet lui rappelant que la nuit dernière a été encore bien trop remplie de débauches. D’alcool principalement. Toujours de l’alcool, de toute façon. Freya n’y voit qu’une façon de passer le temps, d’occuper ses mains au lieu de faire des conneries qu’elle pourrait regretter. Mais il n’y a pas à dire, elle regrette quand même là d’avoir eu les mains trop légères. Heureusement qu’elle n’est pas allée chez Tim cette nuit, il aurait certainement eu peur de sa tête au réveil. Elle ignore encore ce qu’elle a fait pour mériter un type comme lui. Alors qu’elle balaie le rebord d’une main tout en activant sa brosse dans sa bouche de l’autre, Freya se dit qu’elle ne regrette pas qu’il ne soit pas au courant de tout. Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas dire, pour le bien d’autrui et surtout de leur relation. S’ils veulent que ça ressemble à quelque chose, que ça aboutisse à une finalité plus ou moins heureuse, certains secrets sont faits pour rester tel quel. Et puis, ce ne sont pas le genre de choses que l’on dévoile et que l’on se vante dès les premières prémisses d’une relation. Peut-être qu’il finira par découvrir tout ça, peut-être que ça foutra en l’air ce qu’ils commencent toujours à bâtir. Mais Freya n’a pas encore confiance en elle-même ni en sa réaction pour vouloir tout foutre en l’air tout de suite.
Doherty recrache, rince, nettoie d’un coup de main et s’essuie le visage avant de grimacer et de foutre la serviette dans ses mains dans le panier à linge. « Et arrête de te servir des serviettes pour nettoyer ta daube, bordel ! » Tobias est un cas irrécupérable. Pourtant elle essaie, sa jumelle, elle s’accroche, elle persiste. Elle n’a pas beaucoup d’ambition mais celui de vouloir garder son frère en dehors de l’eau le plus longtemps possible est sa priorité numéro une. Et c’est franchement un emploi à plein temps. Quitte à passer pour une chieuse infinie. Qu’importe s’il essaie de la repousser, qu’il essaie de la faire flancher par sa répartie inégalée. La jeune femme passe la main dans ses cheveux avant de sortir enfin de cette salle de bain ridiculement petite. Et déjà tellement crade. Elle soupire ; nan, le ménage n’est pas prévu pour aujourd’hui. Et certainement pas pour demain. Pas le temps de réfléchir un peu plus en détail de quand foutre cette tâche passionnante dans son emploi du temps que la musique insupportable de l’interphone résonne dans l’appartement – le trou à rats serait un terme plus exact – des jumeaux. Freya tire la grimace alors que le son percute les murs de son crâne dans un écho dont elle se serait bien passée. La voix à l’autre bout du combiné lui fait appuyer sur le bouton. Enfin, elle n’est pas très sûre de la voix qu’elle a entendue parce que c’est trop lointain, sur le plan de sa tête et des années aussi. « Salut, Doherty. » Cette dernière arque un sourcil alors que la petite brune s’invite chez eux sans plus de cérémonie. « Une revenante encore vivante. » Doherty regarde les talons qui claquent sur le sol, vite happés par le silence du tapis défraichi qui sert plus de cache misère qu’un élément décoratif. « Je peux ? » Une nouvelle fois, Lou n’attend pas le feu vert. « Fais comme chez toi. », elle maugrée entre ses dents, les bras ballants. L’intruse se permet un commentaire sur la décoration douteuse des jumeaux et Freya se frotte le front, l’incompréhension sur son visage. « Ça manque d’explosifs, j’trouve. » réplique-t-elle avec ironie tout en croisant les bras. « Qu’es-tu fous là et comment t’as su où nous trouver ? » Parce que des gens du passé, qui ont trempé dans des affaires louches, qui retrouvent leurs traces, c’est quand même bizarre. Freya veut savoir si cette rencontre est de bon augure. Mais c’est Lou. Evidemment qu’il y a anguilles sous roche derrière cette apparence de femme enfant vulnérable. Ne pas se laisser bercer par la couverture, jamais.
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| | | | (#)Sam 28 Déc 2019 - 14:09 | |
| A défaut d’être réveillé par le doux gazouillis des oiseaux ou n’importe quelle sonnerie d’horloge intitulée au choix, vagues de la mer (sans blague), feuilles de la forêt (sans déconner) ou encore sable du désert (vraiment ? le sable, ça fait quel bruit ?), Tobias doit se concentrer pour la vingt septième année de suite de sa soeur qui crie dans la pièce d’à côté. A en juger par l’épaisseur des murs de leur taudis, c’est comme si elle hurlait dans ses oreilles voir même à l’arrière de son crâne - ou peut être que c’est un des effets de l’alcool, ça. Ou de la drogue. Ou des deux combinés, parce que tout le monde, même lui, sait qu’il y a des mélanges qu’il ne vaut mieux ne pas tester. Ce qu’il fait quand même, bien sûr, parce qu’il est une tête brûlée doublée d’un imbécile de première et que la vie ne connaît que la mort comme seule limite.
La lumière du jour passe au travers des rideaux troués par les marques de cigarette, cela signifie que Freya est au top de sa forme et qu’elle ne s’arrêtera de s’égosiller qu’une fois raide morte, ce qui malheureusement ne semble toujours pas arriver. Alors Tobias souffle, Tobias grogne, Tobias se tourne et retourne dans son lit et envoyant au loin sa couverture comme le ferait un adolescent en colère parce que son pantalon préféré n’a pas encore été lavé. Il a tout d’un adolescent, Tobias, surtout le cerveau en cours de formation qui ne semble pas bien décidé à continuer de croître. Il est bien, là, perdu dans un coin de sa cervelle, pas vraiment lourd vu qu’il n’a rien emmagasiné ou presque. Tout ce qu’il sait se rapporte au monde de la drogue et c’est déjà un exploit en soit qu’il n’ait pas oublié les informations juste après les avoir apprises. Il devrait sûrement remercier sa pratique sur le terrain pendant les trois années durant lesquelles il faisait parti du Club. C’était le bon temps, quand tout était facile, quand il était sous la protection de nanas sans qu’il ne l’ait jamais demandé ni même compris pourquoi - t’as une bonne gueule qu’on lui disait simplement. Et ok, il prenait. On lui offrait des services sans qu’il ne paye quoi que ce soit, même le dernier des abrutis aurait accepté un tel deal. C’est ce qu’il a fait.
Aujourd’hui il se retrouve à errer dans Fortitude tel un zombie, armé du peu de came qu’il lui restait de sa consommation personnelle du Club. Il est parti il y a de ça, quoi ? Un mois ? Quinze jours ? Dix ? Il n’en a aucune putain d’idée et ce n’st pas en se basant sur le nombre de lever de soleils depuis qu’il pourra en retirer aucune conclusion, lui qui se la joue tant oiseau de jour que de nuit selon son humeur. C’est bien ça, le problème, avec Tobias ; il n’obéit à aucune règle et se contente de faire ce qui lui plaît, quand ça lui plaît. Sauf aujourd’hui, bizarrement, parce qu’il ne supporte ni la voix de Freya ni le bruit de l’interphone, encore moins la seconde voix qui sort du combiné électronique. Pour autant, c’est cette dernière qui le force à réellement sortir de sa taverne pour arriver dans le salon, personnage discret tapis dans l’ombre lorsque la petite brune entre dans la pièce avec la délicatesse et la discrétion d’un groupe d’adolescentes à un concert des One Direction - vous voyez le genre. Il grogne de n’être que Doherty bis alors que Freya a le droit au rôle principal mais se retient de dire quoi que ce soit, se remémoration rapidement qu’elle a toujours eu une meilleure tête de chair à canon que lui. Bis, c’est bien aussi.
Lou attaque, crache, marque son territoire et ce en quelques secondes à peine. S’il avait été plus instruit, il aurait rétorqué avec ironie qu’ils avaient fait de leur mieux pour recréer Sodome ou Gomorrhe ou mieux encore, Babylone et avaient dû se contenter d’un banal et bien réel Bagdad ; mais le fait est que Tobias est le dernier des abrutis et qu’il s’invente déjà mille scénarios dans lesquels elle meurt. La rhétorique n’a jamais été son fort, il laisse plutôt Freya s’occuper de dégrossir le tout ; lui reste seulement l’enfant qui parle trop et qui dérange, celui qu’on a relégué à une table au bout de la pièce mais qui reste pourtant bien présent. Adossé sur l’encablure de la porte, il ne lâche pas la brune des yeux, elle qui profite impunément de leur canapé mitteux et tout sauf confortable.
Si Freya met déjà un terme au jeu, lui se décide à le continuer encore un peu, rien que parce que Lou a toujours été un adversaire de taille. ”Aberline, la seule personne qu’Mitchell veut plus tuer qu’moi. Content d’voir que t’es toujours vivante.” Il n’est pas content de voir qu’elle se porte bien et que rien de mal ne lui est (pas encore) arrivé, il est seulement heureux de savoir qu’elle reste la priorité numéro un et que par conséquent son propre sort n’intéresse pas grand monde. Et c’est parfait comme ça. ”Freya fais pas ta radine là, sors lui un truc à boire, tu pues d’ici j’espère qu’t’as pas vidé tout ton stock.” Il doit être l’heure de boire, non ? Ca l’est quelque part dans le monde en tout cas.
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| | | | (#)Mar 31 Déc 2019 - 4:45 | |
| Le salon n’est pas bien grand et le canapé loin d’être tout confort, ce qui ne m’empêche pas de prendre place comme si les lieux m’appartenaient un peu. « Fais comme chez toi. » souligne Doherty, et j’y compte bien. Il n’y a que la politesse pour m’empêcher de mettre mes pieds sur la table. Ca, et le fait que ce ne soit pas de la plus grande classe. Ma tentative d’humour semble trouver un faible d’écho chez Freya qui rajoute une couche ; « Ça manque d’explosifs, j’trouve. » Je m’entends rétorquer avec un brin de méchant cynisme ; “Et vous en connaissez un rayon, n’est-ce pas ?” On sait tous que les Doherty ont une réputation explosive pour une bonne raison. Je ne sais pas si c’est la mention du vice familial qui renfrogne la jeune femme ou la fin de sa jauge de patience concernant ma visite inopinée. Quoi qu’il en soit, j’ai comme l’impression que Freya n’est pas particulièrement enchantée de me voir, ce qui est un effet qu’il me semble faire à de plus en plus de gens. « Qu’es-tu fous là et comment t’as su où nous trouver ? » elle demande. Je ne trouve rien de mieux à faire que de jouer avec mes cheveux, admirer mes ongles, l’air de rien -mais surtout l’air de me payer sa tête. “C’est mon p’tit doigt qui me l’a dit.” Une bonne enquêtrice ne révèle pas ses sources, alors la demoiselle peut se brosser si elle pense que je vais simplement lui donner un nom et par la même occasion l’envie d’aller lui coller des représailles dans les dents. Et puis, personne n’aime les balances. J’en connais un rayon.
”Aberline, la seule personne qu’Mitchell veut plus tuer qu’moi. Content d’voir que t’es toujours vivante.” Tobias s’était fait si discret que j’en avais presque oublié sa présence. Je ne m’étonne pas de le savoir dans les emmerdes -il n’en a jamais été autrement. Bon point pour lui, tant que le boss n’en aura pas assez dans le pantalon pour bel et bien me tuer, lui ne sera pas dans la ligne de mire. Ce qui ne me dérange pas plus que ça puisque cela le met automatiquement dans mon camp. “Je vois que ma réputation me précède.” dis-je avec une douce ironie. Néanmoins, le Doherty s’est bien passé de traiter de traîtresse comme l’aurait fait n’importe qui au courant de l’affaire, et faute de lui en faire part tout haut, je l’en remercie intérieurement. ”Freya fais pas ta radine là, sors lui un truc à boire, tu pues d’ici j’espère qu’t’as pas vidé tout ton stock.” Les points de sympathie fraîchement acquis par Tobias n’excusent pas un élan de misogynie aussi irrespectueux, et même s’il n’est pas ma place d’intervenir dans leur relation fraternelle décidément bien à eux, je me permets de le renvoyer à ses propres obligations ; “Et pourquoi toi tu n’irais pas me chercher une bière, hm ?” Je bats des cils, la bouche en coeur. Heureusement que je n’ai jamais eu de frère ou de soeur ; je n’aurais jamais supporté d’en être encombrée.
Mon regard se pose à nouveau sur Freya. Ses bras croisés font rempart entre elle et le reste du monde -surtout entre elle et moi. Une défiance qu’il ne me semble pas avoir méritée de quelque manière que ce soit. Le truc, avec les erreurs passées, c’est qu’elles ne nous sautent pas toujours aux yeux ; ce sont souvent aux autres que vous rappeler à vos bons souvenirs. Elle seule sait, ainsi, s’il y a quoi que ce soit dont je suis supposée m’excuser avant toute autre chose. “Tu as l’air beaucoup moins ravie de me revoir que ton frère. Pourquoi ça ?” je demande, curieuse. Quoi que “ravi” est un bien grand mot en ce qui concerne Tobias ; lui, en tout cas, n’a pas l’air d’en avoir grand chose à cirer de la manière dont je leur ai mis la main dessus. “Je ne suis pas là pour vous causer des ennuis, si ça peut te rassurer. J’ai une proposition pour vous deux, et si vous voulez bien l’écouter… Disons que je pense que nous pourrions tous nous faire un paquet d’oseille.” A voir l’aspect général de leur appartement, ils en ont au moins autant besoin que moi, même si mes raisons vont au-delà de simples liasses de billets.
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| | | | (#)Sam 4 Jan 2020 - 9:43 | |
| Freya ‘hum’ du nez ; elle a bien conscience qu’ils n’ont pas besoin d’explosifs sous forme d’objets. Les habitants de l’appartement le sont suffisamment pour manquer de faire vriller les ridicules murs aussi épais que du papier mâché. Même si ça ne leur a pas empêché d’en fabriquer quand ils étaient jeunes (et cons). (Et qu’ils le sont toujours, au final.) Lou va se prélasser sur le canapé qui a vu des jours meilleurs il y a un bon paquet de décennies tout en esquivant tranquillement et toute en finesse la question de la suédoise. Un petit doigt, voilà qui n’augure jamais rien de bon. Plus c’est petit, plus c’est fourbe, plus c’est louche. Alors le voile de suspicion ne quitte pas le visage de Freya, encore moins quand Tobias finit par poser sa voix quelque part parce qu’il lui semble être le bon moment pour déclarer sa présence. Freya arque un sourcil alors que son regard brun passe de son jumeau à la jeune femme sur le canapé. Tobias ouvre de nouveau la bouche et un florilège de douces paroles qui lui vaut un regard encore plus noir qu’il ne l’est déjà. « Et pourquoi toi tu n’irais pas me chercher une bière, hm ? » « Ecoute la dame et va chercher deux bières, tu s’ras mignon. Et tu craches pas d’dans ! » Parce que ce con en serait capable.
« Tu as l’air beaucoup moins ravie de me revoir que ton frère. Pourquoi ça ? » Elle a un œil soupçonneux, Freya, très rapide et trop visible, apparemment. « Merde, j’suis si transparente ? On va juste dire que tu fais pas parti d’la partie la plus joyeuse d’m’vie donc ouais, j’me méfie. » Freya va s’installer sur l’accoudoir du canapé de l’autre côté de Lou. Elle ne connait pas toutes les histoires qui peuvent relier la jolie brune à son jumeau, cette histoire de ‘Mitchell’ ayant sûrement déjà été évoquée à mi-mots de la part de Tobias sans qu’elle ait vraiment écouté. Ce genre de choses, la suédoise préfère mettre des œillères et faire comme si elle n’a pas entendu. Elle a conscience que son frère traine dans des affaires louches mais elle ne veut pas savoir quoi, juste le voir (encore) en un seul morceau lui suffit pour l’instant. Sinon, qui la menacerait de morts toutes les trois secondes et quart ? Freya pourrait presque s’ennuyer.
« Je ne suis pas là pour vous causer des ennuis, si ça peut te rassurer. J’ai une proposition pour vous deux, et si vous voulez bien l’écouter… Disons que je pense que nous pourrions tous nous faire un paquet d’oseille. » Oseille, paquet, proposition, ennui. « C’est marrant mais ça crie les ennuis, ça. A part si c’est une proposition honnête. Légale. » Mais bizarrement, elle en doute. Parce que Lou aurait pu aller voir ailleurs et elle ne se serait certainement pas pointée chez les jumeaux si ça croule d’honnêteté. « Mais vas-y, j’pense que Tobiro pourra s’la fermer cinq minutes pour t’écouter. » Surtout qu’elle a dit le mot magique, Lou. ‘Oseille’, même Freya peut se la fermer pendant dix minutes pour savoir ce qu’elle a à leur dire.
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| | | | (#)Ven 17 Jan 2020 - 6:37 | |
| On lui ordonne non pas à une mais deux reprises d’effectuer une tâche simple et rapide et bien sûr qu’il refuse à son tour la bouche en coeur, un sourire sur le visage, un doigt d’honneur offert à Lou puis le même dirigé ensuite vers Freya. Cadeau de la maison, qu’il dira, parce qu’il est un être généreux le Doherty - cependant pas assez pour bouger ses fesses et aller chercher de lui même à boire dans le frigo. C’était de toute façon en émettant la folle hypothèse que le frigo soit rempli avec autre chose qu’un sachet de mayonnaise.
Les filles montent sur leurs grands chevaux, jouent à celle qui aura le dernier mot, tentent de prouver qu’elles ont quelque chose de plus que l’autre n’aura jamais. C’est d’un ennui mortel pour Tobias qui reste en retrait, regardant simplement d’un oeil distrait sa soeur tournant autour de Lou comme le ferait un prédateur avec sa proie. A en juger par la distance qu’elles mettent entre elles, le câlin ne se fera pas de si tôt. L’atmosphère est électrique mais il reste persuadé que la présence de la jeune femme chez eux a été mûrement réfléchie - chose qu’il n’aurait par exemple pas faîte s’il s’était rendu en territoire ennemi. Il n’a aucune idée de ce qu’elle peut bien faire de son quotidien désormais, mais Raelyn a assez parlé d’elle pour qu’il puisse connaître ses plus sombres histoires et noirs secrets. Il ne s’intéresse à rien d’autre, de toute façon, alors ces quelques histoires là lui suffisant largement ; le reste, elle le contera elle même quand elle aura fini de faire mumuse avec Freya.
Il se décolle de la porte en soufflant, déjà à bout de patience, avant de se faufiler vers ledit frigo simplement pour vérifier qu’ils n’aient pas une bière. Juste une, puisqu’il ne compte certainement pas la partager avec qui que ce soit. N’ayant finalement rien à se mettre sous la dent, il se rabat sur le sachet de mayonnaise trônant fièrement au milieu du frigo dont les lumières sont cassées depuis leur arrivée. “J’ai une proposition pour vous deux, et si vous voulez bien l’écouter… Disons que je pense que nous pourrions tous nous faire un paquet d’oseille.” En voilà des mots qui l’intéressent enfin au milieu de tout ce blabla inutile. Il relève la tête à proposition, se promet d’écouter quelques bribes de la discussion à oseille. « C’est marrant mais ça crie les ennuis, ça. A part si c’est une proposition honnête. Légale. » Il lève les yeux au ciel à honnête, souffle longuement à légal ; ce sont deux concepts qu’ils n’ont jamais appris dans la famille et il s’étonne même d’en connaître la définition. A peu près. Sa définition à lui, disons, celle qui est quelque peu améliorée. “Sois pas chiante Freya, ferme la.” Elle parle trop, beaucoup trop, toujours pour ne rien dire d’intéressant. Les jumeaux n’en ont jamais rien eu à faire que leur vie soit honnête, encore moins qu’elle soit légale. Il lui lance un cadavre de bouteille en verre à la figure pour être certain qu’elle fermera son clapet pendant deux secondes au moins, ce qui serait déjà un bon début. “Parle, j’commence déjà à m’ennuyer.” A défaut d’avoir la moindre qualité, il est au moins franc dans ses paroles.
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| | | | (#)Ven 7 Fév 2020 - 21:37 | |
| Un rictus amusé flirte au coin de ma bouche. J'avais presque oublié la dynamique du duo de dynamites face à moi, délicatement rappelé à mon bon souvenir par la moue enfantine de Tobias tandis qu'il nous honore de son majeur. Pas de bière pour qui que ce soit, donc, mais une odeur nauséabonde qui émane du frigo lorsque le brun ouvre la porte du frigo où l'on pourrait entendre de l'écho. Je grimace légèrement, malgré l'habitude des mini bars puants des chambres où je loge depuis trop longtemps, l'acidité de l'air vide stagnant me chatouille les narines à chaque fois. Mes doigts passent dans mes cheveux, je reprends contenance pour évoquer ma proposition. « C’est marrant mais ça crie les ennuis, ça. A part si c’est une proposition honnête. Légale. » Un rire m'échappe face à l'effarouchée. Comme elle l'a dit, elle se méfie de moi, à ce que je constate elle n'a pas grossi le trait à ce sujet. "Honnête, c'est une question de point de vue. Légale, non." Autant jouer cartes sur table, quitte à ce que cela braque Freya dès le départ. Un Doherty vaut mieux que deux tu l'auras, et Tobias fera l'affaire, avec ou sans son compas moral ambulant pour l'accompagner. “Parle, j’commence déjà à m’ennuyer.” Mon regard le détaille, mais je ne me formalise pas de son impatience de bambin dans le rayon friandises du supermarché. Tant qu'ils ont encore un tantinet aussi influençables qu'ils l'ont été dans mes souvenirs, l'affaire devrait être dans la poche facilement. Et si cela nécessite que je me montre docile moi-même, je peux bien le prendre sur moi. "Je monte mon propre business, j'annonce donc sans détour, enfoncée dans le canapé, jambes croisées. Sans vouloir vous bercer de détails, j'ai un contact qui m'a rencardée avec des importateurs chinois qui sont prêts à bosser avec l'équipe que je monterais. Ils font passer du fentanyl, c'est… super puissant, bien plus que l'héro'." L'honnêteté, d'accord. Leur lister la liste des effets indésirables de cette substance ? Sûrement pas. S'ils ont de la jugeote, ils iront voir sur Google -mais je ne saurais le leur conseiller. Mais j'ai confiance en mon chimiste pour que le dosage demeure raisonnable et n'aille pas tuer le futurs clients à la pelle ; un consommateur mort ne rapporte plus rien. "Coupé à n'importe quelle came, ça décuple son effet. Si on commence à vendre ça, tout le monde va se l'arracher et la thune va pleuvoir en un rien de temps. Dans les squats, les soirées de la haute… Personne résiste à ce truc." Comme ceux qui testent l'héroïne se contentent rarement de leur première fois, le kick de ce mélange surpasse bien trop toutes les sensations que d'autres drogues procurent ; cette transcendance mène forcément à une seconde, une troisième, une dixième prise, et en un claquement de doigts, c'est un accro de plus sur le dos de la sécurité sociale. Mais puisque l'expérience vaut mille mots, je dégaine un cacheton estampillé d'une abeille, logé au fond d'un petit pochon plastique, et le dépose sur la table. "Je vous ai rapporté un petit échantillon, si vous ne me croyez pas." Est-ce que je consomme mon propre produit ? Non. Pour lancer cette affaire, je dois garder les idées claires. Manipuler de la drogue au quotidien sera un défi de taille pour ma toute récent sobriété, j’en ai conscience. Mes espoirs reposent sûrement trop sur mon éternel esprit de contradiction : si toutes les conditions sont réunies pour rechuter, alors je ne le ferais pas. Je tiens bien trop à ce plan pour tout faire capoter dès le début. Avant que Tobias ne s’endorme, je reprends; "L'organisation part de zéro, avec un peu de soutien des chinois pour lancer le truc.” Appelons ça un sponsoring. Ce ne sont pas des gens avec qui il faut particulièrement tenir à la vie pour faire affaire. Un autre pari risqué dans la balance. “C'est l'occasion idéale pour grimper les échelons vite et bien, et être à l'origine d'une nouvelle puissance dans la rue." Officiellement, le but n’est pas de concurrencer le Club, seulement d’avoir une part du gâteau qu’ils monopolisent bien trop. Officieusement, je pars en guerre contre Mitchell, et je ne peux pas le faire seule. L’ironie, c’est que le nombre de ses ennemis me facilite presque trop la tâche. "J'ai besoin d'associés, de dealers, et d'un endroit pour où stocker tout le matos." Et une bière, mais j’ai compris que je pouvais m’asseoir là-dessus. Pour le reste, j’ai bon espoir de pouvoir compter sur les Doherty. Pour faire plus concret, et puisque l’argument de l’argent semble être la clochette qui a éveillé leur attention, j’explicite les termes du contrat tacite ; "Vous gagnerez chacun trente pour cent de vos ventes, le reste sera mis de côté en cas de coup dur, ou réinvesti pour grossir les rangs, je ne prends aucune part pour moi en dehors de ce que j’écoule moi-même. C'est une fleur que je vous fais, les autres sont à vingt pour cent. Mais… J'ai pensé à vous, au nom du bon vieux temps, 'voyez." Reposer ma confiance en eux sur “la partie pas la plus joyeuse” de la vie de la demoiselle, comme elle l’a défini, c’est sûrement présomptueux, au final. Qui ne tente rien n’a rien, je me dis, et s’il faut bien commencer quelque part, autant commencer par me tourner vers ceux que je connais. Cette entreprise fera le tri entre entre ceux qui restent, et ceux qui me tourneront le dos.
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| | | | (#)Jeu 20 Fév 2020 - 4:30 | |
| La bouteille en verre atterrit mollement à ses pieds et Freya lève un regard dédaigneux sur Tobias. Avec les années et l’habitude, cette cohabitation qu’ils connaissent depuis qu’ils ont été dans le ventre dans leur tarée de mère, la brune finit par ne même plus réagir face aux actes de son jumeau qui peuvent se montrer comme révoltants ou choquants pour le commun des mortels. Franchement, si demain Tobias devient tout souriant, généreux et pacifique, là, elle commencera sérieusement à s’inquiéter. Mais pour l’instant, ses yeux bleus restent électriques, il a toujours son franc parler et son attitude nonchalante alors qu’elle est certaine que Lou a réussi à piquer sa curiosité. Il ne résistera pas à un mauvais plan, à quelque chose qui se passe sous le manteau, ce n’est pas le genre de la maison. Et il faut avouer que le ‘paquet d’oseilles’ à une résonnance bien particulière aux oreilles de Freya, qui ne crachera pas sur quelques billets en plus. Elle qui s’est toujours souciée de l’état des comptes, qui a toujours cette peur cachée de voir un jour un avis d’expulsion placardé à la porte. La suédoise croise les bras, son attention posée sur Lou qui finit enfin par parler. Elle expose, elle explique, elle met les précisions là où personne ne lui demande rien. Son discours est fluide, il est maîtrisé, comme si elle l’a déjà répété avant. Un contrôle parfait pour une vente commerciale qui pique la curiosité. Même si Freya ne veut pas que de (très) vieilles habitudes reviennent taper à la porte de chez elle. Elle, elle résistera à ce truc parce que ça ne l’intéresse pas, ça ne l’intéresse plus. Ses yeux bruns se posent néanmoins sur le cacheton et elle pointe du menton Tobias. « Il se f’ra un plaisir de tester pour deux, j’en suis sûre. Il s’ra pas à une dépendance près. » Freya passe une main dans une mèche, ne sachant encore comment prendre tout ce que leur raconte Lou. Cette dernière poursuit son monologue alors que la brune finit par poser ses pieds sur le canapé, les bras croisés sur ses cuisses et les yeux pleinement posés sur la fine forme de la jeune femme bien décidée à monter son propre business. Ceci dit, beaucoup de blabla sur le produit et sur le potentiel viable du projet mais ce n’est pas forcément ce qui intéresse en priorité Freya. Cette dernière tapote de ses doigts contre sa cuisse, signe d’impatience ; le meilleur pour la fin, il faut croire. « Les autres ? » Pas besoin d’en dire plus, la pointe d’interrogation se suffit à elle-même. « Pas sûr que je qualifierai le vieux temps comme bon. » Dit-elle avec un ton ironique tout en passant sa main dans sa nuque. « T’y gagnes quoi, toi, dans tout ça ? Pour avoir envie de monter un plan pareil, doit y avoir une sacrée motivation, quand même. » Après tout, Freya n’a pas revu Lou depuis des années. Ce n’est pas comme Tobias qui semble avoir été en contact sûrement de façon plus récente avec elle. Elle se masse machinalement la peau de la nuque, les yeux dans le vague avant de les poser sur Tobias. « C’est qu’elle nous ferait presque confiance, en plus. Il s’est passé quoi pour qu’ça en arrive là ? » Comme si son jumeau va lui répondre.
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| | | | (#)Dim 1 Mar 2020 - 11:11 | |
| Beaucoup auraient renoncé au plan à la simple évocation d’illégalité et si ce terme semble faire grimacer sa jumelle, il n’en est rien pour Tobias. Bien au contraire, d’ailleurs, une lueur de défi se lit désormais dans ses yeux alors qu’il est un peu plus intéressé par le plan de Lou à chaque seconde qui passe. Elle les fait attendre et les laisser tourner en rond tels des lions en cage mais le Doherty est certain que la récompense sera à la hauteur de toute cette attente.
Il n’avait pas fait fausse route en laissant tant d’espoirs se reposer sur la si petite personne de l’Aberline. Elle a du répondant pour un groupe tout entier et une rhétorique que lui ne maîtrisera jamais, bien souvent trop pressé à cracher ses mots pour avoir du recul sur ces derniers et mesurer leurs conséquences. Tobias, pourtant, s’attarde sur ses mots clés qui le font sourire toujours un peu plus largement à chaque seconde qui passe - secondes pendant lesquelles Lou ne s’arrête jamais de parler, véritable moulin à parole qu’il vient d’activer sans le vouloir. S’il avait su il aurait demandé la version concise et sans fioritures mais le voilà qui ne mine même pas de s’intéresser à ces histoires de chinois, d’équipe, de truc plus fort que l’héro, de personnes qui ne résistent pas, de fentanyl … - oh. Largement bien implanté dans le commerce tant que dans la consommation de drogues en tout genre, il sait bien ce dont elle veut parler. La drogue la plus forte du monde, qu’ils disent. La drogue qui a tué ses meilleurs client, qu’il voit.
Le soin apporté au produit, allant jusqu’à l’abeille estampillée sur le cachet, fait rigoler Tobias. Il n’a pas pour habitude de mettre les formes nulle part et le faire sur la drogue qu’il pourrait revendre au coin de la rue lui serait encore moins venu à l’esprit. Ce n’est pas la forme qui compte, de toute façon, seulement l’effet que le tout aura sur l’organisme du consommateur. Ce ne sont que les effets qui les font revenir, pas de savoir s’il y a une abeille, une mouche, un rat ou une licorne de dessiné dessus. Il ne dit rien là dessus, pourtant, et reste étrangement sage pour que ça n’ait quoi que ce soit de normal. Freya rechigne à s’approcher de l’échantillon présenté alors que lui la prend aussitôt entre ses doigts sans y réfléchir une seule seconde, bien trop curieux pour en rester éloigné et continuer à bouder près du frigo vide. Freya parle de lui à la troisième personne, il l’entend bourdonner dans un coin de son cerveau et elle l’agace, elle le détourne de sa contemplation du cachet qu’il admire telle la Huitième Merveille du monde. ”Il t’emmerde.” Un moi aussi je t’aime version Doherty, qu’on dira.
Lou continue de leur expliquer son plan alors que Tobias a déjà donné son accord dans sa tête depuis de longues minutes déjà. Elle l’a eu au ‘illégal’, au ‘fentanyl’, et à tous les autres mots à consonance dangereuse ensuite. Il est bien trop prévisible pour que ce soit sain ou même sécuritaire mais heureusement qu’il reste toujours égal à lui même : un traître parmi les traîtres. Elle attire son attention aujourd’hui et peut être que demain elle attirera ses foudres ou, pire encore, qu’il en sera déjà ennuyé. Il n’a rien de légal, il n’a rien de la personne sur laquelle elle pourrait compter et pourtant ce n’est en rien son problème : il sera là. Avec ou sans Freya, cela lui importe peu, mais lui vient de trouver son nouvel amusement du moment et il en avait bien besoin depuis sa défection du Club en quatrième vitesse. ”On peut stocker ici.” Le ‘on’ qui va déplaire à Freya autant que le ‘ici’, lesquels rivalisent avec le fait qu’il ait royalement ignoré sa jumelle au moment où elle lui posait une question. Il ne relève toujours pas les yeux vers Lou, trop amusé à faire passer le cachet d’un doigt à l’autre, accoudé au comptoir du salon.
Il n’avait pas besoin d’entendre l’argument de la notoriété, de l’argent, de la vengeance, de l’ascension hiérarchique, de la reconnaissance ou quoi que ce soit d’autre encore. Il n’avait d’ailleurs besoin d’entendre aucun argument, le bien trop prévisible gamin en manque d’adrénaline. ”Si on le fait ici y’aura toujours quelqu’un pour surveiller.” Lui, peut être, Freya, un peu moins probable (trop occupée à aller batifoler à droite à gauche ces temps-ci). Il lui propose la peste ou le choléra comme gardiens du stock mais ce sera toujours mieux que rien, mieux que louer un local louche pour leurs affaires l’étant encore plus. Le pire qui risque d’arriver ici serait que l’immeuble s’écroule ; ce qui ne tardera pas à arriver. ”T’as testé ?” Les détails, l’organisation, le pourcentage qu’il pourrait recevoir de ses ventes, … ça l’emmerde. Il se contente de poser les véritables questions, celles qui importent, alors qu’il relève (ou pose, plutôt) les yeux vers Lou, le cachet blanc coincé entre son pouce et son index. ”Comme au bon vieux temps.” Il répète ses propres mots, un air de défi sur le visage.
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| | | | (#)Mer 25 Mar 2020 - 6:49 | |
| Le cachet est sur la table, faisant les yeux doux, à qui voudra bien le gober tout rond. Je connais trop bien ses effets pour me sentir tentée. C’est une sacré saleté, mais une saleté à la mode, parfaite pour griller les étapes et viser une expansion plus rapide et fulgurante qu’en commençant, comme tout le monde, par l’herbe et la poudre. Non, je dois me placer au sommet de la ligue efficacement si je veux espérer me frotter aux grands très bientôt. Je n’ai pas le temps d’être patiente, et encore moins celui de me soucier des problèmes de conscience qui devraient se soulever à l’idée de mettre cette dope dans les rues. L’industrie pharmaceutique n’a pas eu de remords, elle, et ils baignent dans la légalité. Pourquoi en serait-il différent pour moi ? « Il se f’ra un plaisir de tester pour deux, j’en suis sûre. Il s’ra pas à une dépendance près. » lance Freya à Tobias comme s’il n’était pas juste à côté, dans l’exacte même pièce. ”Il t’emmerde.” Le débat n’ira pas plus haut que ça. Le côté amusant de leur éternelle querelle peut si rapidement devenir agaçante que je ne sais plus où je me situe là-dedans ; le mieux étant que je reste à ma place, celle qui vient leur vendre un projet, un rêve. “Vous battez pas. Y’en a pour tout le monde.” dis-je avec un sourire narquois, pleine de cynisme. A ce que je vois, Freya a décidé de devenir une sainte Nitouche en plein déni de son passé, et pire encore, du fait qu’elle ait aimé cette courte période de débauche. Il n’y a rien de plus triste que de ne pas accepter ce que l’on a été, ou de se croire supérieure à ce dont on a soi-même fait l’expérience. Mais qu’importe, si c’est ainsi que la jeune femme gère sa conscience. Je poursuis mon exposé du projet et n’entre dans les détails qu’à partir de ce qui les concerne eux : la commission. Un pourcentage aussi gras et généreux qu’un double whopper qui devrait gentiment les persuader d’au moins considérer l’offre. « Les autres ? » Jesus, c’est tout ce qu’elle a retenu ? “Les autres.” je confirme vaguement. Le recrutement a lieu à grande échelle et les premiers intéressés ont frappé à ma porte : il ne me reste plus qu’à concrétiser avec du stock et des fonds. « Pas sûr que je qualifierai le vieux temps comme bon. » Je souris, la détaille dans toute l’ampleur de sa posture défensive, comme si le loup était entré dans la bergerie. “J’ai cru comprendre.” J’avais entendu la première fois. Freya semble adorer appuyer ce fait. A croire qu’elle cherche à s’en persuader plus que moi. « T’y gagnes quoi, toi, dans tout ça ? demande-t-elle, enfin décidée à être constructive. Pour avoir envie de monter un plan pareil, doit y avoir une sacrée motivation, quand même. » Je hausse les épaules. Mon premier réflexe serait de clamer que ce ne sont pas ses oignons -ce qui est le cas. Je pourrais également arguer que l’argent est mère de toutes les motivations. Mais jamais ne pourrais-je admettre devant les jumeaux ma volonté d’écraser le Club. Je demeure silence, donc, tandis que Freya poursuit, toujours aussi caustique ; « C’est qu’elle nous ferait presque confiance, en plus. Il s’est passé quoi pour qu’ça en arrive là ? » Un souffle amusé s’échappe de ma bouche. Confiance ? Et puis quoi encore. J’aimerais en arriver là, j’adorerais pouvoir compter sur les Doherty, me reposer sur eux les yeux fermés et leur confier ma vie, mais cela serait purement du suicide. Il suffit de voir leur taudis pour comprendre qu’ils ne sont pas fichus de prendre soin d’eux-même, et l’état de leur relation pour saisir qu’ils ne peuvent déjà pas compter l’un sur l’autre. Je leur offre un partenariat, mais je ne suis pas stupide. “J’ai dit motivée, princesse, pas désespérée. Ca se fera, avec ou sans vous. Mais je suis la plus offrante sur le marché.” Pour ce que ça compte. ”On peut stocker ici.” interrompt Tobias. Lui est visiblement beaucoup plus intéressé par le deal que sa soeur, et c’est tout dans mon intérêt. Il est la tête brûlée du duo. S’il en est, je ne doute pas que Freya suivra, ne serait-ce que pour le garder à l’oeil. Et si Freya en est, j’ose espérer que Tobias se montrera moins enclin à la trahison qu’il ne l’a été avec le Club, afin de ne pas menacer sa jumelle. ”Si on le fait ici y’aura toujours quelqu’un pour surveiller.” Mon regard recommence à inspecter les lieux. Personne ne songerait à un endroit pareil pour stocker quoi que ce soit. C’est pour cela qu’il s’agit de la planque idéale. “Ca sera provisoire, de toute manière, dis-je en acceptant donc tacitement. Je ne compte pas vous envahir éternellement. Ce sera juste le temps d’amasser assez d’argent pour payer mieux.” Un vrai local, de la sécurité, la totale. En attendant, je suppose que je peux composer avec Mme Peste et Mr Choléra. Et si celui-ci est assez bête pour piocher dans la came, le livre de comptes fera foi. Ce sera un bon début. Un très bon début. ”T’as testé ? Comme au bon vieux temps.” qu’il me lance, l’impertinent. Un test, un piège ? Je ne sais quelle est sa démarche, mais je ne peux pas dire la vérité au risque de passer pour une dégonflée. “Tu me prends pour qui ? De quoi j’aurais l’air, à vendre un produit dont je ne serais pas garante de la qualité ?” Je lève les yeux au ciel, non mais, franchement. Je conseillerais bien à Tobias de ne pas goûter plus d’un cacheton pour l’éthique, histoire de ne pas s'accommoder à cette vermine chimique tant cela peut rapidement arriver ; seulement ce serait admettre la nocivité de la chose, et j’ai déjà décrété que ce n’était pas mon problème. “C’est d’accord alors.” je déclare tant que la conversation va dans mon sens et que Freya ne s’est pas encore décidée à se montrer encore plus rabat-joie. Je la préférais définitivement pendant le bon-vieux-temps-pas-si-bon. Ravie et déterminée, je me relève du sofa. Nul besoin de m’attarder plus longtemps. “Je ne vous fais pas signer dans le sang, mais il va de soit que si vous ébruitez les détails de cette affaire à qui que ce soit…” Il y en aura, du sang. Car si Mitchell ne sait visiblement pas faire ce qu’il faut concernant les traîtres dans ses rangs, je n’ai aucune intention de faire la même erreur envers quiconque qui tenterait de saborder mon projet. “Disons que ça ne sera dans l’intérêt de personne.” je conclus avec un sourire. Je n’ai pas peur de faire dans la menace, mais surtout, de l’exécuter. Et un mètre cinquante-cinq de colère noire ne doit pas être sous-estimé. |
| | | | (#)Mer 25 Mar 2020 - 18:59 | |
| Il y en a un qui dit « On peut stocker ici. » et l’autre qui ajoute « C’est d’accord alors. » La logistique est déjà dans la tête de son frère, donnant un accord à Lou qu’elle prend sans aucun scrupule. Elle l’affirme même et Freya, elle n’a pas grand-chose à rajouter. Les jumeaux ne roulent pas sur l’or, forcément, c’était visible. Ils ont toujours trainé dans les bas quartiers alors forcément, la proposition de la brune en face d’elle est plus qu’alléchante pour des personnes comme eux. Doherty ne pipe mot parce que tout ça, ce n’est plus ce qu’elle connait et encore moins ce qu’elle fréquente. Elle les laisse dans leur conversation alors qu’elle regarde le tapis - ou plutôt son état - d’un air absent. Trente pourcent des ventes, ce n’est pas négligeable s’ils réussissent à tirer leurs ficelles comme il faut. Bordel de fric. Freya passe une main sur son front pour le masser. De toute façon, Tobias vient d’ouvrir les portes de leur appartement à une organisation non constituée ; qu’elle le veuille ou non, elle est déjà impliquée malgré elle. La suédoise ne pourra pas faire comme si elle ne verrait rien, surtout s’il y en a ‘‘d’autres’’. Ses doigts finissent dans son cou alors qu’elle revient à la réaliser en regardant les deux autres l’un après l’autre avant de visser ses yeux bruns sur Lou qui se relève du sofa. Finalement, heureusement qu’il n’y avait pas de bière. Une visite express, ça aurait été un vrai gâchis. Freya s’extrait du rebord du sofa à son tour, les bras croisés. « Evidemment, on va aller l’crier sur tous les toits et aux voisins dès que t’auras déguerpi, Loupette. » Ton ironique et les yeux qui roulent. Forcément le genre d’associations dont on se vante dès qu’on en a l’occasion. Enfin ceci dit, il faudra sûrement faire attention à Tobias. Il a un peu trop la manie d’aller faire le paon là où il ne faut pas. |
| | | | (#)Sam 28 Mar 2020 - 2:52 | |
| Tobias prend les devants et s’occupe des négociations à la place de sa soeur, se contentant de réalité de statuer où garder la marchandise et hypothétiquement l’argent allant avec. Lou a su ranimer en lui un vif désir de se retrouver de nouveau au milieu des problèmes qui le dépassent en tout point et il saura faire au mieux pour intéresser au minimum sa jumelle aussi, pour qu’elle le suive dans cette aventure. Ils sont tout aussi brisés et adeptes de nouvelles sensations l’un que l’autre, ce n’était qu’une question de temps pour qu’ils apprennent à le faire ensemble. Les débuts semblent difficiles mais Tobias y croit : un jour ils cesseront d’être le pire duo de frères et sœurs de l’univers (c’est là que Wren entre en scène, parce que la palme du pire duo pourrait revenir tant à Freya et lui que Tobias et lui). “Tu me prends pour qui ? De quoi j’aurais l’air, à vendre un produit dont je ne serais pas garante de la qualité ?” Son sourire revient, fier au possible alors qu’elle avoue avoir déjà testé la marchandise d’elle-même. Il ne cherchera pas à savoir s’il ne s’agit que d’un mensonge pour l’amadouer ou de la pure vérité ; ce n’est pas ce qui l’intéresse. Dans la version officielle elle a goûté et elle n’en est pas morte, c’est tout ce qu’il aura besoin de dire aux clients quand il lui demanderont s’il n’y a rien de dangereux dans ce si joli petit comprimé estampillé de leur marque. Non, aucun danger.
La petite brune se sent obligée de poser des limites dans ce qui semble peu à peu devenir une organisation illégale. La leur. Ouh, ça sonne trépidant. “Je ne vous fais pas signer dans le sang, mais il va de soit que si vous ébruitez les détails de cette affaire à qui que ce soit…” Elle a son air méchant alors que la tête du brun dodeline doucement, sûrement pas effrayé pour un sou. Il s’est extirpé du Club comme si ce dernier n’était qu’un vulgaire camp d’été alors il n’est pas prêt de craindre le retour de bâton de la part de qui que ce soit, désormais, pas même Lou-au-regard-méchant. Il ne dit pourtant rien allant contre sa volonté, ne dérobe pas non plus ses yeux vers sa soeur qui doit déjà être en train de l’insulter dans toutes les langues du monde. Freya sait qu’il ne tiendra pas, Lou ne peut que s’en douter pour le moment. Le temps fera le reste. “Disons que ça ne sera dans l’intérêt de personne.” ”Bien sûr, chef.” Ses mains rentrent dans ses poches au passage de la reine des abeilles devant lui, il se contente d’afficher le plus grand, le plus beau et aussi le plus faux sourire qui soit. Elle leur fait assez confiance pour être la base de leur organisation et qui plus est pour protéger ses biens : c’est une erreur de débutant. Si pour le moment Tobias ne compte pas se dérober à l’organisation, nul doute qu’un jour l’idée lui viendra soudainement et il sera incapable de la sortir de sa tête. Pour le moment en tout cas, l’heure est aux réjouissances : ils ont de nouveau un job et ils sont même devenus partenaires par la force des choses. Un vrai petit esprit de famille s’est créé, en somme.
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| | | | | | | | Aberline & The Doherty's + hypersonic missiles |
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