| WRIZZIE • stars can't shine without darkness |
| | (#)Lun 7 Oct 2019 - 22:57 | |
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FIN JUIN 2007 Lizzie n’a plus vraiment les yeux en face des trous. Elle rigole pour un rien, elle sourit bêtement et elle garde les doigts enchaînés à des petites bouteilles en verre qu’on s’enquiquine à lui foutre en sa possession. Elle ne s’en plaint pas. Elle n’est pas non plus bourrée ou ivre morte. Juste de quoi être un peu plus détendue, un peu plus joyeuse. Parce qu’il y a du monde, parce qu’il y a des têtes qu’elle ne connait pas et parce que c’est l’anniversaire de son copain. Du coup, elle se doit de se mélanger, de ne pas faire de vague, de ne pas être sauvage ni timide. Heureusement, la plupart des visages lui sont familiers. Elle les reconnait parce qu’ils rôdent souvent autour de Wren. Lizzie ne veut pas vraiment savoir pourquoi des universitaires trainent autour de son copain, même si elle n’est pas assez sotte pour ne pas voir, pour ne pas comprendre ce qui se passe. Si Wren pense parfois être discret, il se trompe. Parce qu’elle ne le quitte quasiment jamais des yeux, il est toujours dans un coin de son champ de vision, qu’il le veuille ou non. Elle reste à l’écart quand il le faut, elle le laisse respirer aussi parce qu’il n’est pas question d’être la petite amie chiante et envahissante à fliquer chacun de ses gestes et de ses pas. Elle évite aussi de se faire bouffer par la jalousie, vilain défaut qu’elle a perfectionné durant tous ces mois passés ensemble. Si Elizabeth n’a jamais été jalouse dans sa carrière qui ne semble être qu’un vague souvenir ce soir, elle est cependant en train de découvrir ce que ça veut dire d’avoir les entrailles qui se rongent quand il met trois ans à répondre à un message ou qu’il détourne son regard d’elle. Et ces derniers temps, Lizzie a toutes les raisons d’être encore plus inquiète. Il agit bizarrement, différemment de d’habitude. Wren semble toujours regarder au-dessus d’elle, vouloir être partout mais ailleurs qu’avec elle. Elle a la sensation qu’il lui parle moins, qu’il ne renchérit plus quand elle lui parle. Il y a clairement quelque chose qui ne va pas et ça la ronge. Est-ce que, sans le faire exprès, elle se montre quand même trop envahissante ? Est-ce qu’elle a fait quelque chose de mal ? Wren n’est pas du genre à étaler son mal être, ça ne serait pas étonnant qu’il fourre ça au fin fond de lui-même en attendant que ça passe. Mais en attendant, sa copine n’aime pas ça, elle n’aime pas l’espèce de mur dont il pose les briques une à une entre eux. C’est une situation qui la rend complètement dingue. Lizzie n’a pas osé en parler, pas encore, parce qu’elle n’a pas le cran. Parce qu’il suffit qu’il repose ses yeux verts sur elle et tout va déjà mieux alors elle oublie. Les inquiétudes, les craintes, les peurs. Quand il l’embrasse, la saveur est peut-être différente de celle du début mais elle s’en convainc en se disant que c’est normal puisque ça fait huit mois qu’ils sont ensemble.
Alors ce soir, Elizabeth a décrété qu’elle essaiera de profiter, de se détendre et de s’amuser. Des mots qui n’avaient jamais eu de sens avant qu’elle entre dans la vraie vie adolescente. Et multiplier par dix avec Wren. Parce qu’il savait toujours où aller, à qui parler. Elle n’est que la brebis égarée au bras d’un lionceau qui finira bien par devenir le maitre de sa savane un jour. Mais ça, Lizzie ferme les yeux. Elle ne veut pas voir les arrangements, les trafics, toutes ces choses illégales dans lequel il s’embourbe. Est-ce que c’est plus simple comme ça ? Peut-être. Mais Elizabeth connait un peu mieux son histoire, elle comprend mieux pourquoi il fait tout ça, qui elle est pour le juger de toute façon ? De la poudre aux yeux qu’elle se balance constamment, préférant l’idéaliser toujours plus plutôt que de voir la réalité des choses. Même si parfois elle le récupérait dans un sale état, Lizzie prenait toujours soin de lui. Même quand il ne voulait pas, même quand il rechignait. Mais il ne la repousse pas forcément plus que ça puisque sinon, ce n’est pas elle qui aurait eu la force physique de lutter face à lui s’il y mettait plus d’énergie. Mais ce soir, Wren n’est pas dans un sale état, il est au loin, par là-bas, à discuter. Lizzie porte sa mini bouteille à ses lèvres avant de détourner le regard sur un type aux cheveux rouges qui est en train de balancer une connerie à l’assemblée qu’ils forment. Elizabeth rit encore plus fort et elle finit par s’affaler un peu plus dans le canapé, la tête penchée à l’arrière. Elle est restée dans son coin, avec des gens qui se sont agglutinés au fur et à mesure. Une bande de joyeux lurons, qui s’étonnent de tout et rigolent de rien. L’adolescente est captée par sa voisine de droite, qui lui glisse un petit sachet dans les mains. « Si tu veux être sûre de lui souhaiter un très bon anniversaire. » Lizzie regarde le sachet dans sa paume avant de s’esclaffer tout en refermant quand même les doigts dessus. « J’ai pas besoin de ça mais merci. » Sa voisine lui rentre le bras dans l’épaule dans un signe amusé et la conversation de groupe reprend de plus belle, le sachet dans sa main passant dans la poche arrière de son jean, oublié.
Plus tard, bien plus tard – ou alors il était tôt, très tôt – Lizzie finit par décoller de sa place. C’est compliqué parce que même si elle reste toujours consciente et active de ses membres, ses jambes lui rappellent quand même qu’elle a peut-être abusé. Et qu’il y a des corps endormis jusqu’aux endroits les plus improbables (oui, sur la cuvette des toilettes). Mais ce n’est pas grave ça. Non, ce qui est grave c’est que Wren n’est plus dans son champ de vision, qu’il a brillé par son absence à ses côtés et qu’elle a juste besoin de savoir s’il va bien. Quand elle le trouve, il est de dos et franchement, impossible de le confondre avec un autre. C'est un modèle unique et c'est le sien. Elle s’approche de lui, ses bras encerclant sa taille et son visage plaqué contre son dos. « Hey, big guy. Tu m’as manqué ce soir. » Lizzie ne lui demande pas ce qu’il a foutu – business is business, anniversaire ou non, elle est bien placée pour le savoir. Elle ne lui fera pas non plus remarquer qu'il n'est pas venu la voir, inutile, futile, elle s'en remettra. Elle l’embrasse entre les omoplates alors qu’une de ses mains passe sous son haut pour caresser avec flânerie son ventre, ses abdos. Elle n’a pas besoin d’excuse, elle a le droit le plus légitime et mon dieu qu’il est magnifique. Même de dos, même sans le voir de face. « J’ai pas encore eu le temps de te donner ton cadeau d’anniversaire. »
- Spoiler:
Dernière édition par Lizzie Potter le Mer 9 Oct 2019 - 19:33, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 9 Oct 2019 - 19:29 | |
| Il fallait toujours un misérable prétexte pour se mettre la tête à l'envers et son anniversaire était l'excuse rêvée. En soi, Wren ne portait que peu d'intérêt à cette fameuse date qui célébrait sa naissance, il y avait de cela bien trop longtemps déjà. Alors, il invitait l'assemblée de lycéens et les connaissances de l'université, un paquet de monde pour revendre sa dope et s'en mettre plein le nez par la même occasion. Ces derniers temps, c'était son seul motto parce qu'il voyait bien que les événements échappaient à son contrôle, que Lizzie le suivait dans cette débandade de mauvais sentiments et actions pitoyables, sauf qu'elle n'était pas comme cela. Elle valait bien mieux que lui. Plus il se le répétait, plus il se sentait mal de l'emprisonner dans une relation qui ne lui apporterait que des torts alors, il se défonçait plus encore, partait pour des deals à des heures improbables... Il évitait surtout son regard parce que l'idée lui traversait de plus en plus l'esprit: putain, il devait la libérer de sa mauvaise influence, sinon elle allait rater sa vie. A cause de lui. D'un connard égoïste qui n'était pas capable d'assumer ses responsabilités et prendre sa vie en main pour redevenir quelqu'un de bien. Au lieu de rêver de ce genre de destinées, il fallait qu'il s'enfonce encore plus, qu'il ne laisse plus aucune chance au hasard et qu'il se laisse partir vers les pires exactions car il était un Doherty et que c'était ainsi que les choses devaient fonctionner au sein de leur famille. Il ne savait même pas l'heure exacte, Wren n'y faisait plus attention depuis que la musique tambourinait jusqu'à ses tympans, son regard se portant de temps en temps vers l'endroit où Potter traînait avec des vieilles amies à lui, de très mauvaises fréquentations pour une jolie brune comme elle. Il avait envie de vomir de constater qu'elle était dans un état pitoyable déjà parce qu'elle avait bu, peut être qu'elle s'était droguée et ce n'était pas son genre, cela n'aurait pas dû être son genre et c'était sa faute. Wren était responsable de sa décadence, de ce monde qui ne tournait plus rond pour la belle Potter et il ne savait pas vraiment quoi faire pour se sortir de cette spirale du vice. Rien, oui, peut être rien alors qu'il s'éclipsait dans le couloir, en proie à un moment de doute intense alors, il vendit quelques cachets à des badauds avant de se faire un rail discrètement. Personne n'était dupe sur ses actions de toute manière, sauf peut être Lizzie mais allait-il pouvoir lui cacher la vérité encore longtemps? Hors de question de continuer comme cela, de la torturer alors que son avenir se jouait dès maintenant. Lui n'en avait pas donc agir. Oui, agir, bordel. Il n'en fit rien, le regard porté vers le vide en fumant sa dernière cigarette du paquet, les mains presque tremblantes, vivement que les effets de la cocaïne s'activent et que son cerveau s'éteigne en conséquence. Il finit par sentir les mains de Lizzie se poser sur lui, son corps se coller au sien et elle n'avait même pas encore parlé qu'il avait compris que c'était elle parce qu'il la connaissait par coeur, qu'au bout d'un temps de relation, il ne pouvait plus la confondre avec aucune autre parce qu'il l'aimait. Vraiment. Comme un fou. Ce n'était pas possible cela, ce n'était pas viable pour la petite brune, mais il terra le tout, se retourna vers elle, clope en main pour la regarder avec ses yeux verts d'eau si électriques. "Quel cadeau d'anniversaire? Je sais pas si je mérite une telle attention vu la fête de merde que c'est là." Il reposa le fagot entre ses lippes en la regardant, lèvres closes. Il aurait dû trouver les mots, lui dire qu'il l'aimait et que tout cela le butait mais Wren n'était pas de ce genre là. Wren était con. Wren était faible et surtout, Wren attendait d'avoir le courage de renverser la tendance, de changer la vie de Lizzie... Pour quelque chose de meilleur, oui, meilleur que lui.
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| | | | (#)Mer 9 Oct 2019 - 21:57 | |
| « Quel cadeau d'anniversaire? Je sais pas si je mérite une telle attention vu la fête de merde que c'est là. » Lizzie ne quitte pas ses bras autour de lui. Même quand il se retourne. Même quand la fumée de sa cigarette lui chatouille le nez. Elle reste là où elle sent être à sa place et rien ne peut la déloger dans l’immédiat. Pas même un tremblement de terre ou une météorite. Nope. L’adolescente a les yeux levés vers lui, posant son menton sur son torse tout en mordillant sa lèvre avant de sourire légèrement. « On s’en fout de la fête. » Parce que ça reste une fête comme les autres et qu’elle s’en fiche. Les autres lui importent peu à ce moment-là, alors que ses yeux sont plongés dans la contemplation de celui qui vient de passer un cap majeur sans vraiment en prendre conscience, ni même le savourer pleinement. « C’est pas la fête que je veux célébrer mais le type qui vient d’avoir dix-huit ans. C’est pas rien, Wren, dix-huit piges. » C’est la majorité, celle qui ouvre déjà des portes de responsabilité et de liberté en tout genre. « Tu vas pouvoir faire ce que tu veux. Même si je sais que tu le fais déjà. » Elle rajoute un léger sourire à son propos. Wren lui parait maussade et elle n’aime pas le savoir comme ça. Alors la jeune fille essaie d’être la plus radiante possible pour qu’il arrête de ruminer, quoiqu’il se passe dans sa boite crânienne. Ce soir, c’était son soir et il devrait être exalté, pas refrogné. L’adolescente glisse une main près de son visage pour qu’il s’abaisse un peu, qu’elle lui retire la cigarette de ses lèvres et qu’elle pose les siennes dessus, délicatement et furtivement avant de lui redonner sa précieuse nicotine. « Suis moi, il doit être avec mes affaires. »
Lizzie finit par détacher son étreinte pour glisser sa main dans la sienne et le tirer vers une des chambres – pour le peu qu’elle retrouve là où elle a laissé ses affaires. Elle ignore à qui est la maison mais il y a trop de portes, trop de pièces pour un seul couloir et elle prit pour que la première soit la bonne. « Tu mérites l’attention autant que n’importe qui. » Elizabeth prend soin depuis des mois à lui démontrer ce point de vue. Que même avec ses problèmes de famille, même avec son comportement difficile, même ses actions douteuses, il reste un être humain qui peut être aimé tout autant qu’un autre. Parce que ça, elle n’a pas à en douter une minute. Ce cœur qui s’emballe sans arrêt dès qu’il est là – même quand elle ne fait que penser à lui. Les mains qui peuvent devenir moites et les yeux qui brillent. Elle est plongée dedans, tout en une seule fois, sans bouée de sauvetage ni rien. Elle l’aime à en crever, petite innocente qu’elle est. Lizzie n’a jamais connu pareilles sensations et c’est beau, c’est tellement fort que parfois, c’est trop d’un seul coup. Elle ne le lui a jamais dit, pas encore, un jour sûrement. L’adolescente a peur de la réaction de Wren si jamais elle dit ces mots-là, comme si un truc peut se briser juste à cause d’eux. Alors elle trouve d’autres trucs pour lui démontrer ce qu’elle ressent pour lui, avec un grand A mais sans dire le mot, presque tabou. Après une recherche plombée de jurons et de râlements, Lizzie se tourne vers Wren, une petite boite dans les mains. « Happy birthday, Wren. » Une boite noire, sobre, qu’elle ouvre pour lui présenter un briquet sagement allongé qui lui a tapé dans l’œil quelques semaines plus tôt. Comme un signe apparent. « Ça te changera un peu des trucs moches que t’utilises habituellement. » Et ça te donnera une raison de plus de penser à moi. Lizzie se mord la lèvre, soucieuse de sa réaction. Telle une véritable gamine qui veut faire plaisir. Parce que c’est le cas. Elle souhaite plus que tout lui faire plaisir, marquer à son niveau et à ses capacités ce passage dans une ère nouvelle pour lui.
Tant qu’elle peut rester à ses côtés jusqu’à ce qu’elle le rejoigne dans un an.
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| | | | (#)Mer 9 Oct 2019 - 22:45 | |
| Cette distance le tuait, mais c'était lui qui l'infligeait, lui qui s'y obligeait parce qu'il ne tenait pas à ruiner la vie de Lizzie Potter. Il aurait dû se douter qu'ils en arriveraient là, il le savait déjà au moment où il avait succombé à ses charmes et où il avait pris cette décision un peu folle d'accepter leur relation, se mettre en couple avec elle. Surtout avec elle, oui. Elle n'était pas comme les autres, Lizzie, elle était plus jolie, elle était rayonnante aux yeux du suédois et il avait justement conscience de ne pas être à sa hauteur, même s'il était bien plus grand qu'elle dans les faits. Cela ne changeait rien au fait qu'elle avait l'âme pure et que lui en avait une parfaitement viciée. Dans ce cas, le jeu ne pouvait plus durer parce que Lizzie avait encore une chance de s'en sortir, de s'échapper de cette relation maudite, de tout la mal que Wren lui apportait depuis des semaines maintenant. Il la quittait toujours sans rien dire, pour aller boire des coups jusqu'à tout oublier, quand il ne sortait pas pour aller se droguer avec des sans domicile fixe qui habitaient en bas de chez lui. La famille n'avait plus un billet dans les poches et il n'arrivait plus à s'en sortir. Il n'avait que dix huit ans mais Doherty avait l'impression d'en avoir soixante dix et de porter le fardeau de cette société sur ses épaules plus frêles qu'il ne l'aurait imaginé. Il était cuit, mort à l'intérieur et Lizzie était là, à se coller à lui, à essayer de lui transmettre sa chaleur par une étreinte qui détonnait clairement avec l'ambiance que tâchait de mettre Wren dans la pièce. Il voulait qu'elle fasse demi tour, qu'elle soit heureuse et ce n'était pas avec lui qu'elle obtiendrait gain de cause, pas avec un cadavre comme le sien. "C'est que dal. Juste un anniversaire comme un autre, ça change rien d'avoir dix huit ans, ça rend pas la vie meilleure ou quoi, ça te rend juste responsable de tes actes pour mieux finir en taule." Il n'était pas spécialement enjoué en recollant sa cigarette correctement entre ses lèvres après avoir reçu le baiser de sa petite amie. Putain, il détestait cela. Il détestait ce qu'il allait devoir faire, il se détestait, lui. Et voilà qu'elle lui parlait de cadeaux alors que Wren ne méritait pas ce genre de choses, juste son mépris, à la limite mais Lizzie était trop parfaite pour agir ainsi. Elle était tout pour lui, voilà ce qui le tuait alors qu'elle l'entraînait dans les couloirs de la grande bâtisse pour aller lui donner cette fameuse surprise. Le suédois la suivait sans entrain en terminant sa clope, entrant dans une salle alors qu'il regardait la brune chercher partout où elle avait mis ses affaires. Il avait envie d'un second rail, merde. Elle finit par s'approcher de lui, souriante avec une petite boîte noire entre les mains. Elle l'ouvrit et les yeux de Doherty changèrent de teinte, instinctivement. Le feu, ce petit pêché mignon qui le rendait toute chose mais qui le mettait en colère aussi parce qu'il ne voulait pas être son père. Jamais. Il referma la boîte et s'éloigna de Lizzie, silencieux d'abord. "Garde ton cadeau, Lizzie, ça vaut mieux, vraiment. Je t'avais déjà dit que je voulais pas de ça, c'est trop ce merdier." En un sens, c'était vrai, elle était trop pour lui et Wren ne pouvait pas le gérer. L'amour, ce n'était pas inscrit dans son patrimoine génétique, il n'avait pas demandé à naître avec cette sensation au creux des entrailles et il avait bien cru qu'il n'en avait pas hérité, jusqu'à ce que son regard glisse sur Lizzie, sur ses yeux pétillants et son corps si idéal sous ses grandes mains. Maintenant, il était fichu parce qu'il l'aimait et il allait la détruire.
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| | | | (#)Mer 9 Oct 2019 - 23:35 | |
| « C'est que dal. Juste un anniversaire comme un autre, ça change rien d'avoir dix huit ans, ça rend pas la vie meilleure ou quoi, ça te rend juste responsable de tes actes pour mieux finir en taule. » Lizzie ne fera pas remarquer qu’il est trop grognon pour l’occasion, que son point de vue est totalement déprimant et qu’il est de plus en plus froid avec elle. Distant, peut-être. Elle ne sait pas trop comment qualifier ça. Mais elle décide d’ignorer tout ça, de passer outre son manque total de volonté à vouloir s’amuser et profiter du moment. Elle ne veut pas gâcher tout ça, elle qui ne sait pas toujours comment aborder les choses avec tact. C’est tellement nouveau mais en même temps, ça devient de plus en plus naturel et familier, un petit cocon rassurant qui est cependant en train de s’effriter sans qu’elle ne sache comment et surtout pourquoi. La sensation qu’il s’éloigne toujours un peu plus d’elle, qu’il la fuit ou qu’il lui cache quelque chose qui devient de plus en plus net au fur et à mesure des jours qui passent. Mais la douce Lizzie veut penser que ce n’est que passager, qu’il doit passer par une galère de famille, personnel, psychologique, quelque chose, n’importe quoi. Il sait qu’il peut se tourner vers elle quand il en a besoin, elle sera là pour lui, toujours et encore, prête à le recueillir à la moindre faille, à la moindre cassure. Wren n’a qu’à le demander et Lizzie sera là. Un peu trop docile, un peu trop parfaite peut-être. Mais c’est parce qu’elle essaie de l’être, sur ce tangible fil d’équilibre entre l’amie et l’amante. Alors pourquoi il ne veut pas lui parler, pourquoi il s’entête à se montrer blasé avec elle ?
Quand Wren ferme la boite et se détourne d’elle, il y a quelque chose qui se passe. Elle ne sait pas trop ce que c’est, si c’est un cri de désespoir masqué ou une alerte rouge qu’il y a danger. Mais non, il n’y a pas de danger, c’est Wren. Il ne peut pas lui faire de mal. Il n’a aucune raison de lui en faire. Il reste silencieux un moment, bien trop longtemps. Assez pour qu’elle ouvre la bouche avant qu’il se mette à parler de nouveau (mais vu qu’il est demi tourné d’elle, pas étonnant qu’il ne l’ait pas vu). « Garde ton cadeau, Lizzie, ça vaut mieux, vraiment. Je t'avais déjà dit que je voulais pas de ça, c'est trop ce merdier. » Lizzie sent son visage se décomposer sur place. Ses doigts se crispent un moment et elle se sent ridiculement stupide. Elle se mord la joue de l’intérieur, elle regarde le sol qui semble vachement plus intéressant et surtout, surtout elle finit par plisser les lèvres pour garder une certaine contenance. Ce n’est rien, ce n’est pas grave, elle est une grande fille, ce n’est qu’un cadeau, il l’acceptera plus. Quand il sera de meilleure humeur. Oui, mais c’est maintenant qu’elle voulait lui offrir, maintenant qu’il devait l’accepter et sans rechigner. Pourquoi il persiste à vouloir lui montrer son dos, à mettre cette fichue distance entre eux ? « Et alors ? J’ai juste envie de te faire plaisir. C’est si mal que ça ? » Parce que là, elle a l’impression que ce n’est pas le briquet qui est un ‘‘merdier’’. Il y a une double signification quelque part et elle ne sait pas vraiment ce que c’est. Lizzie s’approche de lui, à croire qu’elle a passé la soirée à faire ça. Le poursuivre, le chercher, le trouver tout ça juste pour le voir s’échapper un peu plus. Elle se plante devant lui, droite et lui foutre la boîte contre lui. « Tu vas accepter, Wren, parce que c’est pas poli de refuser un cadeau. Tu peux le revendre si tu veux, je m’en fiche, mais ne le refuse pas. » Ne me refuse pas non plus l’accès vers ce qu’il se trame chez toi, un accès que t’es en train de boucher et de sceller pour que je ne puisse plus y accéder. « Qu’est-ce qu’il ne va pas ? Et ne me dis pas rien, j’y croirai rien du tout. Je respecte ton espace, tu le sais, mais il y a quelque chose qui ne va pas. » Parle-moi, bordel, je peux tout encaisser, tout supporter. Surtout si ça veut dire que tu m’accordes ta confiance et ton affection.
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| | | | (#)Jeu 10 Oct 2019 - 21:52 | |
| Il savait par avance que la fin serait atroce, qu'il la vivrait mal parce que c'était Lizzie. Il n'y avait eu qu'elle, toujours et Wren avait beau faire son coq la majeure partie du temps, il était pourtant resté accroché à elle de nombreux mois, se refusant à regarder le paysage autour de sa belle brune. Désormais, c'était l'enfer, pur et simple. Cela faisait des jours qu'il y pensait, qu'il retournait le problème dans tous les sens au fond de son crâne mais il n'y avait aucune solution qui le satisfaisait réellement: lui dire qu'il était taré? Moyen. La laisser s'enfoncer dans la drogue en le suivant dans ses délires? Bien sûr que non. La quitter? Son coeur était brisé, déjà. Il savait pourtant que c'était la seule chose à tenter, le seul fait qui pouvait encore la sauver d'une bien triste vie parce que, soyons réalistes, Lizzie ne serait plus la même si elle continuait à l'aimer. Elle finirait paumée comme lui, à chercher un but à son existence, elle qui était brillante et intelligente. Elle avait tout pour plaire à un public, elle l'avait prouvé par le passé avec la reconnaissance qu'elle avait eu et Wren l'empêchait de briller. Il fallait qu'il prenne toute la place, qu'il laisse son aura de mystère attirer les inconnues comme des mouches et ce n'était pas la place de Potter de rester dans l'ombre, derrière sa grande taille. Au bout du compte, le suédois ne pouvait que se haïr de l'avoir rendue aussi misérable, seule au monde à supporter les indiscrétions de ses vieilles connaissances qui réglaient leurs soucis en mettant le nez dans la poudre. Lizzie n'aurait jamais dû toucher à toute ces merdes et Doherty était l'unique fautif pour l'avoir amenée vers ce monde. Non, il fallait que tout cela cesse, qu'elle se remette en selle et rencontre des gens qui en valaient la peine, pas des âmes mortes comme la sienne. Pour autant, Wren savait que l'affaire ne serait pas facile à aborder parce qu'il sentait que ce qu'ils partageaient tous les deux n'était pas quelque chose qu'on pouvait quitter sans souffrir. Il allait devoir la décevoir, une fois de plus, mais surtout la fois de trop. Il la regardait avec cet air froid, alors qu'à l'intérieur, il y avait un véritable torrent d'émotions qui le transperçaient. Heureusement pour lui, Wren avait toujours été un maître dans l'art de la dissimulation et puis, dans le mensonge aussi, ce qui allait grandement l'aider pour protéger Lizzie de sa petite personne. "Ça sert à rien de faire plaisir aux autres, à quoi bon?" Il aurait dû prendre un deuxième rail, ou se jeter sous la ligne de chemin de fer non loin de là parce qu'il devait mettre tout son courage dans cette dure labeur de blesser la plus belle personne qu'il ait jamais rencontré. La seule femme qu'il était capable d'aimer, apparemment. "J'ai jamais été un type poli, tu le sais bien." Il n'était qu'un sale connard après tout, elle le savait depuis le début mais elle avait craqué malgré tout, se laissant aller à cette face angélique qu'il arborait quand il était en plein coeur d'une mission de séduction. Tout cela, ce n'était que du vent et Lizzie allait devoir le comprendre, avec cruauté certes, mais c'était la seule réponse que Wren avait toujours eu pour que les gens le fuient et ne se retournent jamais vers lui. "Juste, ça marche pas nous deux, ça mène à rien. Rentre chez toi, ça vaut mieux." Est-ce qu'une simple phrase allait suffire? Il en doutait largement mais une petite partie de son âme espérait qu'il n'aurait pas à aller plus loin que cela. A se briser en mille morceaux, en même temps qu'elle. L'unique femme de son existence.
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| | | | (#)Jeu 10 Oct 2019 - 22:49 | |
| « Ça sert à rien de faire plaisir aux autres, à quoi bon? » Elle n’y peut rien, Lizzie, c’est dans sa nature. Elle aime faire plaisir aux autres, elle l’a toujours fait. Petite déjà, dictée par une génitrice qui faisait ce qu’elle voulait d’elle parce que le plus importants, c’était que maman soit contente, que maman soit fière. Et maintenant, c’est Wren qui est porteur de son affection. C’est pour Wren que son cœur gonfle, qu’il bat, qu’il s’affole même. Avec le temps, ça ne s’est jamais calmé, ça ne s’est jamais stoppé, au contraire. Il y a eu plus de vigueur, plus de passion, plus de détermination à vouloir s’accrocher, à vouloir l’aimer. Même si ça voulait dire entrer en conflit permanent avec sa mère, prendre l’initiative de sécher les cours (ce qu’elle a fait dernièrement pour son anniversaire qui tombait en semaine, hors de question d’être séparé et s’ennuyer toute la journée) et se mettre dans l’ambiance une fois de temps en temps. Elizabeth le fait parce que ça lui permet d’être proche de Wren, de rester un contact avec son monde, un pied dans son univers alors qu’elle crève de mettre le deuxième. « J'ai jamais été un type poli, tu le sais bien. » Lizzie le regarde, son œil lui disant clairement d’arrêter de se foutre d’elle. Il peut pavaner devant son assemblée autant qu’il veut, ça ne fonctionnera pas avec elle, tout son manège. Elle l’a vu au plus bas, elle l’a vu tous les jours se démener pour sa famille en s’oubliant lui-même. Il n’est peut-être poli mais il n’est pas méchant. Il y a une différence entre les deux et qu'elle compte bien le lui faire comprendre. « Juste, ça marche pas nous deux, ça mène à rien. Rentre chez toi, ça vaut mieux. »
Wait… What ? L’adolescente reste les yeux visés sur ceux de Wren malgré le seau d’eau qu’on est en train de lui foutre sur la tête. Okay, c’est bien une alerte au danger qui s’est déclenchée et elle a l’impression qu’elle va s’écrouler d’une minute à l’autre. Un de ses sourcils se cambre, hésitant. « Qu'... Qu'est-ce que tu racontes, Wren ? » Il n’a pas le droit. Il n’a pas le droit de lui dire ça, il n’a pas le droit de décider pour deux, il n’a juste pas le droit, putain. « J’ai fait quelque chose de mal ? » Parce qu’elle a sûrement dû faire quelque chose qu’elle n’aurait pas dû, forcément, sinon, il ne lui dirait pas ça. Ce n’est pas juste ça, c’est une petite de rupture qu’il est en train de lui faire subir là. Lizzie suffoque, poitrine oppressée, l’eau qui montre tranquillement mais qu’elle refuse de déverser, de montrer. Elle n’a pas dit son dernier mot, elle ne le laissera pas faire, c’est hors de question, impossible. Elle attrape une de ses mains dans les deux siennes et se rapproche de lui. « Quoiqu’il se passe, tu peux me le dire. Mais ne me rejette pas, s’il te plait. » Lizzie ne veut pas croire qu’il pense ce qu’il dit. Parce que c’est impossible. D’accord, il est distant depuis quelques jours mais ce n’est pas grave, ça doit sûrement toujours arriver dans un couple, non ? (Elle n’en sait rien, il n’y a pas de manuel, pas de mode d’emploi pour ce meuble suédois-là.) Ses muscles tremblotent et elle se raccroche à sa main, à ses yeux pour tenter de l’emprisonner et de l’empêcher de faire une connerie qui leur coûtera cher, très cher à tous les deux.
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| | | | (#)Jeu 10 Oct 2019 - 23:04 | |
| Forcément qu'elle allait insister, qu'elle n'allait pas le laisser se barrer comme il le désirait. Faire au plus vite, faire semblant de tourner la page et espérer qu'elle trouve son bonheur ailleurs. D'accord, il y avait une partie égoïste au fond de lui qui n'attendait qu'elle ne se remette jamais de lui, comme il ferait sûrement semblant de se remettre d'elle. Il était comme ça, Wren, vilain à l'extérieur mais incapable de vivre avec ce mal au fond de lui, plus sensible qu'il ne voulait le montrer. Pire encore, qu'il ne pouvait le montrer parce qu'il avait conscience que c'était une preuve de faiblesse indéniable et dans son monde dohertyen, il n'y avait pas de place pour cela. On crevait pour moins que cela, pour un mégot de cigarette qui faisait cramer des fusibles d'un appartement de banlieue et le jeune homme n'avait vécu que dans ce genre de tragédies. Bien entendu, il ne s'attendait pas spécialement à ce que Lizzie comprenne sa décision, ce n'était pas comme s'il allait lui expliquer les tenants et les aboutissants de cette affaire puisqu'il n'avait que trop bien conscience qu'elle réussirait à le convaincre de conserver leur couple en l'état. Elle trouverait les mots parfaits pour que Doherty craque face à ce joli minois qui était capable de l'aimer même dans ses pires moments et il ne pourrait jamais la laisser après cela. Tout redeviendrait comme avant ensuite, peut être pas après quelques jours ou quelques semaines, mais Wren recommencerait à la faire sombrer parce qu'il était né pour être un chevalier du chaos, plutôt qu'un agent du bonheur. Potter ne pouvait pas vivre de la sorte, pas maintenant que le lycée s'achevait peu à peu, qu'elle s'approchait du monde adulte avec déjà trop de substances illicites qui circulaient dans son système et cette envie de rébellion qui ne faisait que grandir. Wren ne savait que trop bien qu'elle avait fait le mur pour venir à sa fête d'anniversaire et si elle avait quelques scrupules à agir de manière inconsciente jusque là, cette angoisse avait apparemment totalement disparu depuis plusieurs semaines. Elle devenait comme lui, sa pire crainte. "T'es juste pas ce qu'il me faut. Pourquoi il te faut des explications comme ça? Ça marche pas, point barre, tu me colles aux fesses et je comprends pas bien pourquoi, t'es encore au lycée et moi, j'ai d'autres trucs sur le feu, pas le temps de jouer aux gamins là." Ce n'était pas suffisant, pas assez cruel, bordel, Doherty, fais quelque chose. Sois un sale con. D'habitude, tu le fais très bien, qu'est-ce qui te bloque là? Peut être le fait qu'il était amoureux d'elle et qu'il n'aurait jamais la chance inouïe de lui avouer et de voir son regard s'illuminer face à une telle vérité. A la place, il détachait sa main des siennes malgré ses supplications pour comprendre ce rejet nouveau et ô combien soudain. "Tu veux la vérité? Bon, ok mais je t'aurais prévenu, hein. T'étais qu'un jeu pour moi, depuis le départ. Des nanas, je m'en suis tapé des dizaines en étant avec toi à côté. T'es pas très importante, Lizzie donc maintenant, sérieusement, rentre chez toi, ça sert à rien qu'on discute des faits." Qu'est-ce qu'il ne donnerait pas pour ravaler ce genre de mots. Ah bordel, il avait mal au coeur, il en crevait mais son visage, néanmoins, restait glacial. Un mensonge n'avait jamais été aussi dévastateur, jamais.
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| | | | (#)Ven 11 Oct 2019 - 0:17 | |
| « T'es juste pas ce qu'il me faut. » Lizzie a un mouvement de recul. « Pourquoi il te faut des explications comme ça? » Parce qu’on ne dit pas ce genre de choses sans explication, sans dire pourquoi, sans se battre un minimum. Parce que Lizzie compte bien le faire, pour eux deux s’il le faut. « Ça marche pas, point barre, tu me colles aux fesses et je comprends pas bien pourquoi, t'es encore au lycée et moi, j'ai d'autres trucs sur le feu, pas le temps de jouer aux gamins là. » Quelque chose du cosmos pourrait atterrir là, à côté d’elle, faire trembler la terre entière, qu’elle ne réagirait pas plus. Pétrifiée, mortifiée, assommée proprement et simplement, voilà ce qu’elle est à ce moment actuel. « Tu veux la vérité? Bon, ok mais je t'aurais prévenu, hein. » Et là, pour la première, Lizzie a peur. Depuis la première fois qu’elle est avec lui, elle le laisse s’éloigner, elle le laisse lui échapper parce qu’elle a la flippe. Cette boule au ventre qui a toujours été là mais qu’elle réussissait à faire taire à chaque fois parce qu’elle le retrouvait toujours, lui, ses bras, ses sourires et sa parfaite imperfection. Mais là, ses boyaux se tordent et elle ne se sent pas bien, le vent tourne, brutalement, soudainement, et aucune alerte ne lui a été signalée plus tôt pour s’y préparer. « T'étais qu'un jeu pour moi, depuis le départ. Des nanas, je m'en suis tapé des dizaines en étant avec toi à côté. » Lizzie recule d’un pas chancelant, sa respiration qui commence à s’emballer. Si elle voulait essayer de retenir ses larmes jusqu’à maintenant, c’est foiré là. Son visage se décompose littéralement, sa lèvre supérieure tremble avant que l’eau se mette à couler de ses yeux qui regardent le sol. Il lui avait dit qu’elle n’était pas un jeu. Il lui avait assuré que c’était tout sauf un jeu. « T'es pas très importante, Lizzie donc maintenant, sérieusement, rentre chez toi, ça sert à rien qu'on discute des faits. »
T'es pas très importante. T’es unique. T'es pas très importante. T’es unique. T'es pas très importante. T’es unique.
Elizabeth fout sa main devant sa bouche pour étouffer le bruit de ses sanglots. Elle est mal, partout. Elle ne pensait pas que ça pouvait faire aussi mal. Au cœur, à l’esprit, au ventre. Il aurait pu lui donner un déferlement de coups qu’elle aurait sûrement eu moins mal. Un véritable coup de poing au visage. Les os qui s’en brisent en conséquence et elle est KO avant même d’atteindre le sol. Parce que Lizzie se retient au mur derrière elle, aussi bien qu’elle peut. T'es pas très importante. T'étais qu'un jeu pour moi. Elle se sent tellement idiote mais en même temps, elle ne veut pas y croire. Imbécile de gamine amoureuse qui n’a rien de mieux à faire que d’essuyer ses larmes sur ses joues et de poser ses mains tremblantes sur chaque côté du visage de Wren. « Fais pas ça, Wren, s’il te plait, me dis pas que tu le penses vraiment. J’y crois pas, elle ne veut pas y croire, t’as faux. » Mais le visage de Wren est froid, elle se le prend en plein fouet et Lizzie s’en fout si elle se ridicule un peu plus en pleurer de plus belle, mais elle ne le lâche pas du regard ni des mains. Elle reprend la sienne. « Tu te rappelles de ça ? » L’adolescente la pose sur sa poitrine, plus précisément sur son cœur qui est en train de pleurer. « Je t’aime, Wren, tu peux pas me faire croire que ça veut rien dire. » Elle s’enfonce, elle y va franco et tant pis si elle se crashe pleinement. Lizzie ignore comment elle réussit à lui faire face, ce visage, ces traits qui sont en train de la briser plus que de raison. Il n’a jamais été comme ça avec elle, jamais aussi froid, aussi glacial, aussi distant. Est-ce qu’elle essaie vraiment de se voiler la face ou ne pas accepter la véritable réalité ? Une réalité où il ne l’aime pas, où il ne l’a jamais et ne le fera jamais. Une réalité où elle n’a jamais rien été pour lui, juste un ‘jeu’, juste une autre qui s’est laissée berner par son charisme indéniable et ses belles paroles.
Non, cette réalité-là, Lizzie la rejette et la renie complètement. Ce n’est pas envisageable. Ça ne peut pas être envisageable. Elle est unique. Mais pas très importante.
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| | | | (#)Dim 13 Oct 2019 - 15:11 | |
| La briser pour mieux qu'elle se reconstruise, c'était cruel comme intention et Wren en avait conscience. Néanmoins, ce passage était nécessaire pour que Lizzie puisse avoir une vie rêvée, une vie idéale, une vie où elle n'aurait pas à le suivre dans ses aventures dramatiques. Rien de tout cela ne lui apporterait quelque chose de bon et Doherty se savais mauvais comme la teigne. Il n'avait rien à apporter aux gens, rien de positif en tout cas, alors comment envisager qu'il puisse entraîner la femme qu'il aimait dans les bas fonds? Ce n'était pas une possibilité qu'il pouvait continuer d'envisager, cela lui faisait trop de mal de la voir ivre ou défoncée dès le début des soirées avec ses amis aussi décadents que lui. Ce soir-là ne changeait pas à ce sujet, puisque l'alcool coulait à flots, la drogue passait de main en main et Wren savait que Lizzie avait touché à tout cela. Elle était désormais loin d'être l'adolescente si innocente qu'il avait rencontré bien des mois plus tôt. Elle filait un mauvais coton parce qu'elle côtoyait des gens mauvais, des gens comme lui, des gens qui ne voulaient pas son bien mais se complaisaient dans le malheur qu'ils pouvaient offrir aux autres. Que ce fut sous forme de poudre blanche ou de petites pilules qui n'avaient l'air de rien comme cela. Le suédois connaissait les conséquences de tout cela: il savait mieux que quiconque qu'on ne sortait pas indemne d'une addiction, on s'y noyait comme son père l'avait fait avant lui et comme lui s'y perdrait s'il prenait ce briquet et l'ouvrait pour mieux l'actionner. Ce serait sonner le glas de son petit univers qui semblait si parfait en apparence mais tout cela, Potter ne le savait pas et Wren n'avait pas envie qu'elle l'apprenne. Qu'elle réalise qu'il était fou à lier et qu'elle était tombée amoureuse d'un démon. Hors de question. Il fallait tout arrêter maintenant, que ce cercle vicieux cesse et qu'elle retrouve la joie de vivre aux côtés de gens comme elle, des gens qui brillaient de mille feux. Wren avait mal de lui mentir de la sorte, les mots étaient durs à dire parce qu'il ne les pensait pas... Bien évidemment qu'il n'avait jamais trompé Lizzie cela ne lui avait même pas traversé l'esprit et pourtant, des filles lui avaient fait des propositions au cours de ces derniers mois mais il avait toujours refusé. Il aimait Lizzie, fait indéniable mais fait trop prenant pour que ce fut sain pour une relaton adolescente comme la leur. Alors, il la regarda avec des yeux toujours aussi froids, persuadé que c'était la seule solution pour la faire fuir. Allait-elle le faire sans en rajouter? Certainement pas, elle le retenait, se faisait du mal en tuant son coeur suédois en même temps. Sentir sa main se poser sur ce palpitant qui battait si fort, c'était la pire chose qu'elle aurait pu faire pour Doherty. Il ne gérait pas, rien du tout, encore moins les petits mots qu'il aurait aimé pouvoir dire à son tour, dans un moment de joie et non de peine intense... Mentir encore. Ne rien dire de plus que les pires mots qu'il avait au fond de ses cordes vocales et espérer qu'elle le méprise. Pour l'éternité. Il détacha sa main de son buste pour se reculer un peu plus, reprenant sa respiration avant d'enfoncer le pieu bien profondément dans l'âme de son amour idéal. Son amour unique. "Tout ça, c'est la vérité, Lizzie. Je ne t'aime pas, moi." Mensonge, mensonge, mensonge. Son coeur battait trop vite pour que ce fut proche de la vérité mais Wren ne devait pas flancher, pas maintenant. "Pars, maintenant. Va vivre ta vie. Adieu." Il avait envie de baisser les yeux, de pleurer aussi mais le suédois n'en fit rien, soutenant les yeux plein de larmes de sa belle Potter en faisant un signe de la main vers la porte. Que tout cela se termine. Qu'il ait envie de mourir et de sombrer encore plus. Qu'il se laisse aller à la pire partie de lui, sa Lizzie était sauvée et c'était tout ce qui comptait désormais. Le reste n'avait plus aucun sens. Plus rien. Pas même la vie.
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| | | | (#)Dim 13 Oct 2019 - 23:31 | |
| Il se tient droit et toujours aussi grand devant elle. Il est là mais il n’est pas le Wren habituel. Le sien, celui qui vient la chercher du regard, celui qui lui prend la main automatiquement, celui qui la regarde d’une façon qu’elle se sent vraiment unique. Il n’a pas cette chaleur dans les yeux et encore moins dans son attitude. Il est crispé, il est distant, il est froid. Lizzie n’a pas l’habitude de le voir comme ça. D’habitude, c’est avec les autres qu’il se montre comme ça, aussi impassible et désintéressé. Mais elle, l’adolescente éperdue, elle n’est pas habituée à ce comportement. « Tout ça, c'est la vérité, Lizzie. Je ne t'aime pas, moi. » Et cette fois, la rupture physique sonne en même temps que les paroles. Et Lizzie se sent misérable, elle se sent comme la plus imbécile des créatures. Elle ne pensait pas qu’elle connaitrait de nouveau cette honte, ce sentiment d’aller se cacher et de ne plus jamais ressortir. Se laisser crever jusqu’à ce que ses os ne deviennent que poussières et qu’on l’oublie, à jamais. Non, la jeune fille n’avait pas idée que ça aurait pu arriver un jour et pourtant, c’est exactement ce qui est en train de se passer. Lizzie sent ses jambes qui veulent se dérober sous elle, elle a les mains, repoussées avec un rejet dégoûté certain, qu’elle replie sur elle. Je ne t'aime pas, moi. C’est violent et ça fait mal. Lizzie est en train de connaitre son premier déchirement, un cœur qu’on vient de lui prendre et qu’on met toute sa force pour qu’il dégouline, qu’il se réduise, qu’il ne devienne plus que néant. « Donc tout ce temps, que du mensonge ? Du double jeu ? Dire que c’est moi l’actrice mais c’est à toi que reviens l’Oscar. » Sa voix est brisée et Lizzie se déteste tellement d’être comme, aussi faible, aussi vulnérable. D’habitude, ce sont les bras de Wren qui la protègent mais là, ce sont eux qui la brisent. Inaccessibles, inatteignables. Alors l’adolescente passe ses propres bras autour d’elle, comme pour se donner un semblant de rassurement. « J’ai été conne, bordel. J’étais été tellement aveugle. J’ai cru que c’était fort. Réel. Mais en faites- » Mais en faites, tu n’as été que la farce d’un jeu dont tu ignorais les règles, les principes, les participants et la finalité. Enfin si, la finalité est sûrement elle, meurtrie, déboussolée, vidée de toute illusion et choquée. Un jeu, des autres, toujours des autres, encore des autres. Ces fichues autres qu’elle a toujours détesté, qu’elle a toujours vu d’un mauvais œil parce que les autres, elle ne leur fait pas confiance. Mais en Wren, si. Aveugle, désespérante, intense.
« Pars, maintenant. Va vivre ta vie. Adieu. » « Non. » Elle sent la colère arrivée. Parce qu’elle refuse cette humiliation. Elle l’a déjà subi, elle l’a déjà vécu. Se faire montrer la porte, un signe qu’on la gracie, qu’on la remercie, qu’elle est finie, qu’elle peut partir. Carrière fichue et là, c’est son cœur qui est en pièces. C’est encore pire que la première fois. Parce qu’à ce moment-là, on parle de sentiments, on parle de ce fichu conte de fées avec lequel on la berce depuis qu’elle est gamine. L’amour, le vrai, le délirant, le passionnant, l’oppressant. S’endormir sur un sms qu’il lui a envoyé ou, mieux, se réveiller avec sa présence à ses côtés – signe qu’ils avaient défié tous les interdits. Fusiller du regard chaque fille qui s’approche de lui, se tordre le ventre en pensant qu’il se laisse sûrement tenter. Les moments intimes, ses doigts sur sa peau, ses baisers, son regard clair parcourant ses traits comme pour s’en abreuver. Lizzie est dingue de lui, il a réussi à la rendre accro et maintenant, il coupe tout. Il est en train de lui dire qu’il l’a allègrement trompé. Qu’elle n’est qu’une gamine – un an d’écart n’a jamais autant semblé être une montagne. Qu’elle n’est pas importante. En vrai, il y a plein de piques qu’elle ressent partout, un véritablement déchirement. Mais son égo refuse de supporter ça. Lizzie ne peut pas non plus supporter d’avance les réflexions de sa mère, parce qu’elle sait qu’elle va lui en faire. Constamment et avec plaisir. Lizzie n’est pas prête pour ça. Elle a les larmes qui tombent, qui coulent et qui roulent sans qu’elle puisse contrôler quoique ce soit. Pour une fois, elle est pure, elle est sans filtre, elle est presque hystérique. « Non, c’est pas moi qui partira. C’est toi le connard, c’est toi qui te tires. C’est ta liberté que tu veux ? Je te le redonne ! Vas les rejoindre, tes poufiasses ! » Lizzie serre des dents, sa mâchoire se crispant instantanément. Elle est à deux doigts de s’effondrer mais elle ne le fera pas. Pas devant lui. Alors la jeune fille le pousse, elle le frappe sur le torse, une fois, deux fois, trois fois. Et elle s’énerve un peu plus à chaque fois. Les petits cailloux de la rancœur s’installent, l’adolescente commence de nouveau à pleurer de plus belle et elle finit par prendre la boite et la lui jeter. « Dégage, salopard, disparais ! »
Elle est brisée, la gamine, elle a juste envie de s’éteindre et de pleurer.
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| | | | (#)Dim 13 Oct 2019 - 23:49 | |
| C'était fait. La rupture était nette et sans bavure. Est-ce que pour autant elle pouvait être satisfaisante? Loin de là pour Doherty. Il ne l'avait pas réellement voulue, non, c'était juste de la survie. Pas la sienne, non, ça faisait bien longtemps qu'il s'en foutait de vivre ou de mourir mais celle de Lizzie. Juste la sienne. Tout le reste n'avait jamais eu aucune importance à ses yeux et plus que jamais, il n'en avait rien à foutre de se tuer en la regardant avec cet air glacial, ce regard meurtrier collé à ses traits parce qu'il essayait de la faire fuir. Pire encore, il voulait qu'elle le haïsse, purement et simplement. Qu'elle brûle la moindre photographie de lui, le supprime de son répertoire téléphonique et jette par la fenêtre tous leurs souvenirs communs. Wren voulait juste être totalement effacé de sa vie, qu'elle en oublie jusqu'à son prénom parce qu'il ne méritait pas d'avoir la moindre place dans le coeur de cette beauté brune. Il avait au moins cette honnêteté là, de savoir qu'il n'était pas à la hauteur d'une fille comme elle, qu'il ne lui apporterait que le malheur et la désolation. Alors, autant prendre le taureau par les cornes et la détruire maintenant, plutôt que de rentrer un soir d'ici quelques mois, quelques années, et se retrouver face à une Lizzie en pleine overdose. Par sa faute. Parce que c'était lui qui lui avait fourni la première dose, et peut être la dernière également. Il pourrait mettre la faute sur son business, sur ce besoin d'argent perpétuel comme il avait une famille à nourrir mais c'aurait été un mensonge aussi tragique que celui qu'il osait prononcer devant la lycéenne. La vérité était plus infâme encore: Wren aimait tout ça. Il aimait se détruire, se perdre dans les tréfonds de la drogue, de l'alcool et du sexe. Se sentir brûler à l'intérieur plutôt que de laisser s'exprimer cette torpeur enflammée qui l'habitait depuis des années déjà. Il ne voulait juste pas le faire payer à cette femme là, à cette beauté en puissance qui méritait de vivre le plus beau des destins, que ce fut sur les planches ou devant une caméra... Tout était bon à prendre, du moment que c'était loin de lui. Il y arrivait, enfin. A la rendre fébrile, la faire pleurer, sentir sa haine grimper en même temps que son amour se disloquer. C'était la réussite de toute une vie, vaincre l'amour qu'elle avait pour lui et laisser partir sa seule chance au bonheur. Voilà qui était Wren Doherty, ce lâche notoire, ce lâche qui crèverait seul parce que, oui, Lizzie avait raison, c'était ce qu'il allait faire. La laisser là, se mettre à sourire pour ne pas sentir son âme crever sous sa peau. C'était horrible mais il était un excellent comédien, un vrai de vrai. "Comme tu dis, ouais. Je fais de belles performances." Il osait la provoquer, il fallait que le mépris augmente, qu'elle ait envie de l'éclater contre une voiture ou de le jeter d'un avion en plein vol. Qu'elle veuille le tuer. Heureusement, Doherty était un spécialiste pour attiser la haine chez les gens autour de lui et il le faisait à merveille avec Potter, évidemment, puisqu'il savait où frapper pour qu'elle ait mal. Elle aussi, en retour, le frappait, mais Wren ne bougeait pas d'un poil, réceptionnant le fameux briquet au lieu de le prendre en pleine tronche et il lui souriait en retour parce qu'elle l'insultait et qu'il savait qu'il avait gagné. Qu'elle ne l'aimerait plus jamais et qu'il serait brisé éternellement, en conséquence. Il avait tout perdu et c'était le plus beau jour de sa vie parce qu'il pouvait mourir tranquille, il ne l'entraînerait pas avec lui dans la terreur. Plus jamais. "Mais avec plaisir, j'ai plein de coups à me faire, Potter. Ce fut un plaisir de profiter de toi, en tout cas." Et il osa lui faire un clin d'oeil, l'effronterie à son apogée. La haine toujours plus intensément recherchée. Pire, il laissa le briquet tomber par terre et il la regarda fermement dans les yeux avant d'asséner un grand coup de pied dessus pour le briser, la plus triste des analogies au monde. Son coeur se brisait en même temps que le matériau sous son talon et il se détourna à la hâte parce qu'il sentait que son coeur implosait à l'intérieur de sa cage thoracique et en passant la porte de la pièce, il sentit une larme couler. Wren n'eut même pas le courage de la rejeter, pas plus qu'il ne put la nier. C'était réel tout ça, c'était réel à un tel point qu'il n'allait plus jamais aimer parce que c'était Lizzie Potter et que pour survivre, il allait devoir mettre la tête dans un sac entier de poudre et finir ses nuits avec n'importe qui, du moment qu'elle ne ressemblait pas à la jolie brune qu'il avait volontairement laissé derrière lui. Sa vie, c'était ça désormais, plus aucune saveur, plus aucune flamme à l'intérieur parce qu'il avait enflammé le monde à l'extérieur. Et il n'était plus rien, en conséquence.
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| | | | | | | | WRIZZIE • stars can't shine without darkness |
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