Le Deal du moment : -17%
(Black Friday) Apple watch Apple SE GPS + Cellular ...
Voir le deal
249 €

 Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA

Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyDim 14 Juin 2015 - 1:03


« T’es mon copain toi Cracotte, tu partiras pas. » Je gratouille les barreaux de la cage de mon lapin mes yeux perdus dans le vide. Je le vois remuer son petit museau comme si une odeur le dérangeait et lève le bras pour me renifler avant de grimacer. « T’as raison je pus. »  Je fais pitié, il y a pas à dire, depuis que Savannah est partie je n’ai pas pris une douche, je suis sorti de l’appart uniquement pour aller courir et acheter ce lapin. Je sais bien que m’apitoyer sur mon sort ne changera rien mais je ne me sens la force de rien… Comme vidé de toute énergie, comme l’ombre de moi même. Pourtant je me diriger vers la douche en trainant des pieds, tout ici me fait penser à ma relation avec Savy, me fait penser au bonheur ressenti quelques semaines auparavant quand j’ai su qu’elle était enceinte. Maintenant elle et loin, Savannah et mon enfant son partis. Je rentre dans la douche tel un robot sans vraiment réfléchir, mes gestes sont lasses, tout l’est en moi. L’eau qui glisse le long de mon corps semble me réveiller un peu mais j’ai toujours l’impression d’être hors de mon corps, comme si je regardais ma vie défiler sans pouvoir y croire. Une fois sorti je vais dans mon frigo, de quoi j’ai envie ? D’une bonne bière, non d’un whisky, d’une vodka d’un gin… Tout en même temps. Juste histoire d’oublier le temps d’une soirée. Je finis par me décider à enfiler des habits, les premiers qui me tombent sous la main, puis retourne voire mon lapin. « Cracotte, ton maitre va allez faire l’ivrogne de service. Toi tu restes bien sage, pas d’alcool pour le petit lapin dans ton genre, désolé mon grand. » J’en suis réduit à parler à un lapin, plus vieux garçon que ça tu meurs.

Quelques minutes plus tard je pousse la porte d’un bar jazz avec une seule idée en tête, mon verre, c’est donc au bar que je me dirige en premier lieu. Je prends à peine garde aux gens autour de moi, à l’ambiance du lieu, en fait je me donne l’impression d’être un de ces vieux alcooliques à qui personne ne prête attention et qui eux même semblent dans leurs petite bulle. « Bonsoir, un whisky sec s’il vous plait. » J’ai beau avoir la tête au fond du bac ce n’est pas une raison pour être impoli et alors que le barman me ramène mon verre je tente même un sourire sans doute peu convainquant.

Assis sur une tabouret  haut du bar et mon verre à la main je prends enfin le temps de scruter un peu la salle, l’ambiance est plutôt tranquille, pas de petits jeunes en quête de folle soirée, la moyen d’âge doit approcher le mien et une musique tout à fait envoutante se fait entendre. Il me semble reconnaitre le morceau pour l’avoir moi même joué en solitaire. J’ai une admiration sans voix pour tous ceux qui osent se représenter devant un public. Dans mon cas la simple idée que l’on puisse m’entendre me terrifie, peut-être parce qu’en jouant j’ai l’impression de livrer une partie de moi. Celle que personne ne connaît. C’est donc avec intérêt que je cherche la personne qui fait émaner se mélodieux son.  Mon regard trouve enfin le piano remontant lentement sur la personne qui joue avec un petit sursaut d’étonnement. « Sophia. » Comment oublier un si beau visage ? Impossible. Une jeune femme croisée au détour de mon premier apéro chez Jamie, déjà ce jour là elle m’avait tapé dans l’œil, pétillante, drôle et souriante je me souviens m’être dit qu’elle aurait pu être mon genre de fille. Mais ce jour là, il y avait encore Savannah, j’étais un homme en couple et fidèle alors évidement je n’avais même pas tenté de savoir ce qu’il en était pour elle.

Mes yeux se crochent à elle alors que sa musique m’envahit, faisant naitre un sourire sur mon visage. Il me semble qu’elle relève la tête et m’aperçoit mais je ne suis pas sûr qu’elle me reconnaisse. D’un coup je m’en veux d’avoir négligé mon apparence, je regarde mes habits en grimaçant avant de replacer légèrement mon T-shirt alors que la partition se finit sous les applaudissements de la salle – les miens aussi – pour ça je peux bien lâcher mon verre tout de même. J’hésite un instant, me lever pour aller à sa rencontre ou rester sagement sur mon tabouret ? La deuxième option semble bien plus en adéquation avec ce que j’avais prévu pour la soirée mais je suis de ceux qui aiment se faire surprendre par la vie. Cette soirée devait entre en solitaire mais si je peux la passer en charmante compagnie ne serait-ce que pour quelques minutes de bavardage je ne suis pas capable de résister à la tentation. Je me lève alors pour m’approcher du piano prenant bien soin de vérifier qu’elle ait fini. « Bonsoir Sophia. » Elle lève son magnifique regard vers moi et je peux y lire cette lueur familière qui m’indique qu’elle m’a reconnu. « C’était vraiment magnifique, du Bill Evans je me trompe ? Et sans partition en plus de ça ? » Je jette un œil sur le piano ou rien ne traine me demandant combien de morceaux elle a joué comme ça de façon autonome. « Je ne savais pas que vous étiez musicienne mais ça ne m’étonne pas, je vous sentais bien l’âme d’une artiste. » Je voudrais l’être un peu plus moi aussi, mais je pense que mon caractère est un peu trop réservé pour me permettre de venir sur l’avant de la scène. « Est ce que je… Enfin je peux vous payer un verre ? Pour vous remercier de ces magnifiques minutes que mes oreilles ont passées grâce à vous. » J’ai presque honte d’être seul dans ce bar avec mon verre de whisky à la main et je me dis qu’elle doit me trouver pathétique, mais j’ai besoin de quelqu’un pour égayer ma soirée et elle est je pense, la personne parfaite pour ça.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyDim 14 Juin 2015 - 16:25



jamophia
alcohol may be man's worst enemy,
but the bible says love your enemy

Revenir à l'une de mes premières amours, c'était mon objectif depuis quelques mois déjà. Maintenant que j'avais mon poste de conservatrice de musée à Brisbane, mon appartement aussi cosy que je l'avais imaginé, mon petit compagnon à quatre pattes et une nouvelle famille ici, tout me réussissait. Si, évidemment, on écarte le côté amoureux de ma vie, qui se résumait à peu près au néant. Je ne m'en étais jamais plainte car je vivais au jour le jour, profitant de délicieux moments avec des amis, qui parfois été devenus un peu plus, que ce soit même pour l'espace d'une soirée ; cela me suffisait, pour le moment. Je ne désespérais pas de trouver mon âme soeur un jour, mais après tout, il n'avait qu'à se montrer aussi. Je n'allais pas lui courir après toute ma vie. Toujours est-il que ma petite vie australienne me comblait, à un détail près ; la musique me manquait. Je n'avais pas de piano chez moi, faute de place, mais une guitare que j'avais trouvé chez un particulier, collectionneur depuis des années. Elle avait une valeur pécuniaire incroyable, alors même qu'elle avait quelques griffures et autres bosses. Elle avait du vécu, celle-là ! Comme moi, elle n'avait pas eu la vie toujours facile, mais elle n'avait jamais perdu son cap : c'est ce qui m'avait plu dans cet instrument. Les mini-concerts partagés avec Loukoum dans mon appartement n'étaient pas rares, mais le piano, un public intimiste venu prendre du bon temps ... cela me manquait vraiment. Sans que personne ne le sache, pas même Joanne, je m'étais renseignée depuis plusieurs semaines sur les bars jazzy de la ville. Après quelques essais, j'avais été embauchée pour deux représentations dans le quartier de fortitude valley. Ce n'était pas grand chose, mais on ne me connaissait pas ce côté musicienne, ici, et il fallait que je fasse mes preuves.

Il est vingt deux heures, c'est l'heure de monter sur scène. Le rideau s'ouvre pendant que je m'installe au piano. Un regard vers le public dans cette salle chaleureuse et à la fois intimiste et festive, je remarque que la moyenne d'âge frôle la mienne et que les clients semblent impatients. Cela me donne plus de motivation que de stress - heureusement que les habitudes ne se perdent pas ! Je fais glisser mes doigts sur les touches de ce sublime piano à queue pour faire virevolter dans la pièce de somptueuses mélodies, que je joue au souvenir grâce à mon oreille absolue. Plusieurs mélodies défilent, je me sens aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, et le public semble heureux. Ils me regardent peu, trop occupés à rire et discuter avec leurs amis, mais je remarque que les corps se dandinent naturellement. Mon visage ne quitte plus son sourire, tant je baigne dans le bonheur. Retrouver cette douce sensation des notes qui virevoltent dans la salle au rythme de mes doigts sur le piano m'emplit de joie. J'achève ma représentation sur une musique de Bill Evans, artiste cher à mon coeur, lorsque j'aperçois au loin une tête qui m'est familière. Cela me perturbe un peu, mais je termine mon morceau sans fausse note. Des applaudissements envahissent cette petite pièce ; je salue avec beaucoup de reconnaissance mon public, fière de cette symbiose. Le rideau se referme presque lorsqu'un homme se glisse sur la scène. « James ! » Son prénom m'était revenu instantanément. Comment avais-je pu oublier une seconde les traits de cet homme si charmant ? Nous nous étions rencontrés autour de l'apéro qu'avait organisé Jamie il y a quelques temps. J'avais immédiatement remarqué que James était un bel homme - évidemment qu'il me plaisait - mais je n'avais jamais failli à ma mission première qu'était de rester aux côtés de Joanne toute la soirée. « Ah.. euh oui, je ... j'ai l'oreille absolue en fait. Je n'ai pas besoin de partitions pour rejouer un morceau, et puis, j'avoue que je n'ai jamais fait de solfège. » Je grimaçai ironiquement. James, quant à lui, ne tarissait pas d'éloges à mon égard. Je ne pus retenir un sourire satisfait, et me passai la main dans les cheveux pour remettre en place une mèche flamboyante un peu trop rebelle. « Merci beaucoup. Je ne saurais refuser une telle invitation. » Un sourire radieux s'empara de mon visage à l'idée de passer la soirée en une si charmante compagnie. Je me levai de mon siège de pianiste et accompagnai mon partenaire dans la salle bondé - à la réflexion, nous étions sûrement plus tranquilles cachés derrière ce rideau, seuls sur la scène. Je réfrénai des pensées inappropriées. « On peut se tutoyer, si tu n'y vois pas d'inconvénient. » Le tutoiement était un cap pour certaines personnes, que j'avais en revanche très peu de mal à passer. Selon moi, cela brisait une distance qui pouvait parfois se transformer inconsciemment en un véritable obstacle à la découverte de l'autre. Nous nous installâmes au bar et je commandai un cocktail typiquement féminin : un daïquiri fraise. « Que fais-tu ici, en tête à tête avec ton whisky ? » Loin de moi l'idée de lui faire la morale, j'espérais simplement qu'il ne soit pas là pour chasser des idées noires, ou que sais-je encore. Auquel cas, je ne le quitterai pas tant qu'il n'irait pas un tant soit mieux. Et Dieu seul sait à quel point je suis têtue.

Spoiler:


Dernière édition par Sophia Cadwell le Dim 14 Juin 2015 - 18:50, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyDim 14 Juin 2015 - 17:59


Quand il se pose sur moi, son regard bleu azure me déstabilise légèrement. Cette femme est vraiment magnifique – évidement je l’avais déjà remarqué, la première fois ou nous nous étions vu mais aujourd’hui mon regard sur elle a un peu changé, évidement je n’ai pas dans l’idée de me relancer dans une relation à peine quelque jours après ma rupture mais la présence d’une femme à mes côtés a déjà le don de me réchauffer un peu le cœur. « Ah.. euh oui, je ... j'ai l'oreille absolue en fait. Je n'ai pas besoin de partitions pour rejouer un morceau, et puis, j'avoue que je n'ai jamais fait de solfège. » Mon sourire s’élargit en entendant ces propos et lorsqu’elle fait cette petite moue absolument adorable. « Quel chance, je ne serais pas contre l’idée de me passer de ces partitions de malheurs. Elles me mènent la vie dure. » Je rigole doucement mais je dois bien l’avouer ce n’est pas tout à fait faux. J’ai commencé le piano un peu sur le tard, principalement parce que l’idée même de jouer devant une prof me mettait mal à l’aise, j’ai donc appris en autodidacte et les partitions ont été pendant longtemps de vraies ennemies pour moi. Si j’avais pu m’en passer, je me serais considéré comme bien heureux. « Merci beaucoup. Je ne saurais refuser une telle invitation. » Son ravissant sourire me fait chavirer alors que nous quittons la scène pour rejoindre la salle bien plus bruyante. Une fois la musique terminée les gens semblent avoir repris leur rythme et les conversations vont bon train. Pour la première fois depuis que Savannah m’a quitté je ne me sens un peu moins à côté de mes pompes, comme si la présence de Sophia à mes côtés me recardait un peu, m’empêchant de m’apitoyer sur mon sort ou de rester dans ma bulle.

« On peut se tutoyer, si tu n'y vois pas d'inconvénient. » Je suis heureux qu’elle aborde le sujet et réponds dans la foulée. « Evidement, avec plaisir, ça sera plus naturel. » Le vouvoiement est un vieille habitude de travail, que ça soit à l’armée ou dans la police il est souvent mis en place et j’ai donc de la peine à tutoyer les personnes que je connais peu, mais dans le cas de Sophia ça me semble tout à fait naturel, son caractère simple et nature m’inspire confiance et amitié ce qui est suffisant. Une fois la commande de madame passée nous nous installons tout les deux au bar, l’un à côté de l’autre mais tournés pour nous faire face. Je remarque que je n’ai pas touché à mon verre depuis que j’ai commencé à lui parler, et bien qu’il soit déjà à moitié vide, je l’avais presque oublié. « Que fais-tu ici, en tête à tête avec ton whisky ? » Ouille, elle n’y va pas par quatre chemins, tout de suite là ou ça fait mal. Je me mords la lèvre un peu gêné avant de grimacer laissant transparaitre mon malaise. « Je suis démasqué je pense… Ce n’est pas bien glorieux, je le sais, mais pour être honnête j’avais dans l’idée de noyer mes soucis sous des litres de whisky. Je t’épargne les détails ça n’a rien de très joyeux, disons juste que je suis ce que l’on appelle un nouveau célibataire. » Je tente un sourire assuré mais qui doit sans aucun doute laisser transparaitre mon malaise. Pourtant cette affirmation a au moins une chose de positive – le célibat me permet un nouveau regard sur le monde et surtout sur les femmes qui m’entourent. Je suis le genre d’homme qui ne jure que par sa petite amie quand il en a une, aujourd’hui je peux voire les autres femmes, juste observer leur beauté et accepter le fait qu’elles m’attirent ou me plaisent sans me sentir coupable. C’est le cas de Sophia, évidement elle me plait, à qui ne plairait-elle pas en même temps ? Et pour le moment cette simple constations me suffit. « Et si on parlait plutôt de toi ? Ca fait longtemps que tu fais du piano ? Je m’étonne de voir qu’aucune de tes connaissances ne soient venue t’écouter… » Evidement ce n’est qu’une supposition mais depuis que Sophia a fini de jouer personne n’est venu lui parler à part moi. « Tu préfères rester anonyme ? » Je pourrais comprendre évidement, si l’idée d’être entendu par une foule d’inconnue peut-être terrorisante celle que ces gens soient des proches est bien pire. Pourtant avec ce que j’ai entendu, elle n’a pas à se soucier de ce que quiconque pourrait penser, elle joue assez bien pour plaire à tous.

Sa boisson arrive enfin et je lui fais un petit sourire tendant mon verre dans sa direction. « A quoi est-ce qu’on trinque ? » J’aurais bien des idées en tête mais honnêtement ce ne sont pas les plus réjouissantes et quand Sophia me regarde avec son jolie sourire je n’ai aucune envie de me lamenter. « Aux nouvelles rencontres ? » Ou devrais-je dire aux charmantes rencontres – A notre rencontre.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyLun 15 Juin 2015 - 12:01



jamophia
alcohol may be man's worst enemy,
but the bible says love your enemy

Si je devais me choisir un incroyable talent, ce serait sans doute celui idée mettre les pieds dans le plat. Vous vivez quelque chose de difficile ? Vous vous sentez mal à l'aise ? Appelez Sophia, elle abordera maladroitement ce sujet à éviter et ce, sans même s'en rendre compte ! En réalité, c'était parfois très gênant. « Je suis démasqué je pense… Ce n’est pas bien glorieux, je le sais, mais pour être honnête j’avais dans l’idée de noyer mes soucis sous des litres de whisky. Je t’épargne les détails ça n’a rien de très joyeux, disons juste que je suis ce que l’on appelle un nouveau célibataire. » Et voilà. J'aurais dû me taire une fois de plus. Mais voyons le positif : au moins, il n'y avait plus de tabou entre nous. « Je suis désolée. » Je l'étais vraiment ; certes, je ne le connaissais que très peu - voire pas du tout - mais il me semblait être réellement attristé par ce qu'il vivait. « Alors noyons nous ensemble dans l'alcool. » proposai-je spontanément. J'avais aujourd'hui assez de recul et d'expérience pour savoir qu'en cas de coup dur, un ami a finalement plus besoin d'être accompagné plutôt que de recevoir des conseils parfois douteux. Il avait envie de boire ? Eh bien, toute proportion gardée, je le suivrai. Je n'étais pas là pour le juger, il semblait garder les idées claires - ce qui était le plus important - et il était suffisamment grand pour savoir ce qu'il faisait.

Soudainement, James changea de sujet. « Et si on parlait plutôt de toi ? Ca fait longtemps que tu fais du piano ? Je m’étonne de voir qu’aucune de tes connaissances ne soit venue t’écouter… » J'hausse les sourcils et affiche une mine modeste, presque gênée. Je faisais du piano depuis toute petite, à l'orphelinat, mais je préférai éviter ce sujet déplaisant. « Depuis bien longtemps, oui. Mais disons que je n'avais pas fait de petite représentation depuis mon arrivée à Brisbane, soit huit ans. C'est ... très long. » Avoir joué sur scène ce soir m'avait fait prendre conscience du manque que je ressentais depuis toutes ces années ; je serai désormais incapable d'attendre si longtemps avant de profiter d'un tel instant de jouissance. « Tu préfères rester anonyme ? » Sa question me décrocha un petit sourire. « C'est pas ça, c'est que ... Je n'ai prévenu personne en réalité, j'avais peur d'avoir tout perdu. Fort heureusement, il y a un piano dans la salle du personnel du musée où je travaille. » Je mimais un grand soulagement. « Je te proclame donc premier spectateur VIP. » Mon cocktail à base de rhum m'est servi, et après un clin d'oeil du serveur que je tente d'ignorer - pour qui il se prend celui-là ? - James lève son verre presque vide. « A quoi est-ce qu’on trinque ? » J'eus à peine le temps de réfléchir qu'il me propose : « Aux nouvelles rencontres ? » Cette idée me plait beaucoup - plus que de raison, en réalité. « À notre rencontre ! » Ma maladresse m'échappe, une fois de plus. Je trinque rapidement et porte mon verre à mes lèvres, détournant le regard. Je ne voulais pas qu'il croit qu'à peine son annonce de célibat passée, j'allais lui sauter dessus. Ce n'était certainement pas mon intention, même si l'envie ne manquait pas ; il avait juste besoin d'une bonne compagnie, et sans me vanter, c'était dans mes cordes. Je bois une lampée de ce breuvage, et repose mon verre à pied sur le bar. « Et tu es donc musicien, toi aussi ? » Son attrait pour la musique était indéniable ; et que nous partagions cette passion me plaisait d'autant plus. C'est pas vrai d'être aussi fleur bleue, je ne voulais pas séduire cet homme fraichement célibataire, qui n'en avait sûrement que faire, et pourtant ... c'était le feu d'artifice dans mon esprit. Je fis bonne figure en reprenant sagement la conversation. « D'après ce que tu m'as demandé tout à l'heure, l'anonymat tout ça, je suppose que tu n'aimes pas te produire en public ? » Je comprenais tout à fait que tout le monde ne se sente pas à l'aise sur scène, c'était quelque chose qui, même pour les moins timides comme moi, était effrayant au début. Mais j'étais sûre qu'il était doué. Ses mains de pianiste, élancées, ne mentaient pas. Mince, même ses mains me plaisaient.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyMar 16 Juin 2015 - 0:25


Grace à Sophia cette soirée semble prendre une tournure différente, moi même j’ai de la peine à me reconnaître. James le zombie qui sort de son trou, c’est plutôt agréable je dois bien l’avouer, et même si la boule qui me tord le ventre n’a pas disparu tous mes symptômes semblent un peu atténués en sa présence. « Je suis désolée. » Elle a vraiment l’air de l’être et ces mots me touchent réellement. « Il n’y a pas de quoi… Tu n’y peux rien puis, je m’en remettrais. » J’ai besoin de jouer un peu les forts, comme pour me persuader mais en réalité j’ai encore de la peine à y croire. Pourtant ça sera sans aucun doute le cas, c’est toujours le cas. On change un peu à chaque coup dur de la vie mais on finit par s’en sortir. Qui aurait pensé que James Beauregard puisse continuer à vivre sans son frère jumeaux ? Personne sans doute et pourtant je suis toujours débout. Je sais bien que les prochaines semaines ou mois vont être compliqués mais tout s’atténue avec le temps, j’en ai déjà fait la douloureuse expérience. « Alors noyons nous ensemble dans l'alcool. » Mon sourire s’élargit en entendant les propos de la jeune femme, plus je lui parle et plus elle me plait il n’y pas de doute, elle est spontanée et j’adore ça. « Je trouve ce programme absolument parfait. Je ne me serais jamais noyé en aussi charmante compagnie. » Je lui fais un sourire un peu plus timide cette fois. Il y a bien longtemps maintenant que je n’ai plus eu ce genre de propos pour une femme que je connais à peine et pourtant avec Sophia tout me semble naturel. Nos échanges coulent de source ne me causant aucune gêne.

Très vite la conversation revient sur la jeune femme et plus particulièrement sur ces capacités au piano. J’en reste encore sous le charme et ne peut m’empêcher de vouloir en savoir plus. « Depuis bien longtemps, oui. Mais disons que je n'avais pas fait de petite représentation depuis mon arrivée à Brisbane, soit huit ans. C'est ... très long. » Je fais une moue étonnée, effectivement huit ans c’est une période plutôt importante et ces propos ne font que d’aiguiser un peu plus ma curiosité. « Vraiment ? Comment ça se fait ? Enfin… Si ce n’est pas trop indiscret. » Je sais que la musique peut parfois être un indicateur de bien plus dans la vie des gens et je n’ai pas envie que Sophia soit emmenée sur des terrains glissants pour elle si elle n’en a pas envie. « Et donc tu es à Brisbane depuis seulement quelques années ? Je me disais bien que ce charmant petit accent n’était pas de chez nous ? Quel coin du monde as-tu quitté pour venir t’installer par ici ? » Si il y a bien une chose que je regrette c’est de ne pas avoir plus voyagé, une tare que je compte bien tracer de mon tableau de choses à faire rapidement et si toutes les filles sont aussi magnifiques que Sophia dans son pays je m’achète un billet d’avion directement. « C'est pas ça, c'est que ... Je n'ai prévenu personne en réalité, j'avais peur d'avoir tout perdu. Fort heureusement, il y a un piano dans la salle du personnel du musée où je travaille. Je te proclame donc premier spectateur VIP. » Un large sourire s’affiche sur mon visage alors que je penche un peu la tête comme pour recevoir les honneurs. « Tu n’aurais pas pu plus me flatter. Et je suis officiellement ton premier fan à Brisbane saches le ! Alors la prochaine fois que tu te produis je veux être invité comme il se doit ! Comme le spectateur VIP que je suis, avec une loge et du champagne évidement. » Bien sûr je la taquine même si l’envie de la voire jouer un peu plus longtemps est réellement présente.

Sa boisson arrive enfin, non sans une petit clin d’œil peu discret du serveur, certains hommes n’ont vraiment aucune gêne – et nous trinquons tous deux les yeux dans les yeux. « À notre rencontre ! » Une fois de plus sa spontanéité m’arrache un sourire alors qu’elle semble la gênée pour sa part. Je trouve d’ailleurs ça absolument adorable et boit une grande gorgée de mon whisky, de quoi me réchauffer le gosier pour un moment. « Et tu es donc musicien, toi aussi ? » Je mets quelques secondes à répondre ne sachant trop comment me définir. « Disons que je pianote. Mais j’aime beaucoup la musique, surtout quand elle est jouée avec brio. C’est mon père qui m’y a initié, un grand amateur de piano lui aussi. » Pour la musique a bercé mon enfance, en grande partie grâce à mon père qui – pour couvrir les musiques de Thomas qu’il jugeait un peu barbare – nous passait de la musique plus classique. « D'après ce que tu m'as demandé tout à l'heure, l'anonymat tout ça, je suppose que tu n'aimes pas te produire en public ? » Elle m’a cerné avec une telle facilité que je reste quelques secondes étonné. « Tu supposes très bien. En fait je ne joue que pour moi… Je sais que c’est un peu étrange mais je ne supporte pas que l’on m’écoute, ça a toujours été comme ça, alors je profite quand je suis seul. » A le dire tout haut je me donne l’impression d’être une sorte d’égoïste, la musique doit sa partager je le sais, je le pense aussi et pourtant j’ai toujours été incapable de le faire pour ma part. « Je trouve que ça a quelque chose de tellement… Personnel et profond… J’ai beaucoup de respect pour ceux qui sont prêt à se mettre à nu comme ça. » Ce n’est clairement pas mon cas. J’attrape mon verre une nouvelle fois pour l’apporter à ma bouche et prend une nouvelle gorgée que je prends plus de temps pour savourer cette fois. « Le seul instrument que je n’ai jamais pu jouer en public c’est du triangle et encore… Je devais trembler comme une feuille à l’époque. » Je rigole en repensant à se spectacle d’école et à mon père qui avait mis des heures à mon convaincre de monter sur la scènes.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyMar 16 Juin 2015 - 15:11



jamophia
alcohol may be man's worst enemy,
but the bible says love your enemy

J'avais suffisamment de recul pour reconnaitre lorsqu'un homme faisait le fier pour cacher ses faiblesses - faiblesses qui, en passant Messieurs, font craquer ces dames - et j'aurais parié que celui qui se tenait face à moi ce soir était précisément dans ce cas de figure. Cela me touchait d'autant plus qu'il semblait, au fond, avoir vécu des choses vraiment difficiles. J'avais vaguement entendu que la famille Beauregard avait vécu un drame, quelque chose comme le décès d'un des enfants de la fratrie, mais je n'en savais pas plus. Cela aurait été malsain de satisfaire une curiosité sur ce sujet tragique, et l'alcool serait, une fois de plus, notre sauveur. James sembla d'ailleurs plutôt satisfait que je lui proposer de noyer ensemble nos soucis dans ces breuvages peu catholiques - ou alors il m'était simplement reconnaissant de ne pas chercher à lui faire la morale. « Je trouve ce programme absolument parfait. Je ne me serais jamais noyé en aussi charmante compagnie. » Je baissais les yeux et souriais légèrement, charmée par ce compliment comme une adolescente de quinze ans.

Gênée - ce qui ne m'arrive pourtant pas si souvent - j'optai pour la facilité en attendant ses prochaines paroles, qui ne tardèrent pas à se firent entendre. « Vraiment ? Comment ça se fait ? Enfin… Si ce n’est pas trop indiscret. » Zut, c'était encore plus compliqué de parler de mon enfance, mais je ne pouvais pas m'échapper comme je venais de le faire, en restant muette comme une carpe. D'autant plus que notre conversation, et ma spontanéité, avait amenée plusieurs questions personnelles. Mon sourire avait disparu et je touillai lentement le petit parapluie de mon cocktail dans le liquide, espérant que le tourbillon qui se formait pourrait m'aspirer et m'emmener loin d'ici. « J'ai commencé à jouer quand je savais à peine marcher. C'est juste que ... disons que je n'ai pas eu une enfance toute rose. » Je sentais que mon ton était devenu plus strict, et je m'en voulais de m'être laissée emporter par de mauvais souvenirs. « Excuse moi, je n'ai pas l'habitude de parler de ça. Ce ne sont pas de très bons souvenirs. » Maintenant que j'avais commencé, je pouvais au moins lui avouer le noeud du problème. « Je n'ai jamais connu mes parents, j'ai vécu dans un orphelinat à Galway, en Irlande, jusqu'à ma majorité. » Vivre sans parents, sans connaitre ses origines, son arbre généalogique ... tout cela était un poids énorme, même si je n'en parlais jamais. À la réflexion, seule Joanne était au courant, et sûrement Jamie. Fin de l'inventaire. Et pourtant, en quelques mots, James m'avait inspiré plus de confiance que quiconque. Je m'étais livrée à lui par cette confidence comme il avait pu découvrir mon âme à nue sur scène. Cette impression d'avoir ouvert ma boite de pandore me soulageait autant qu'elle me mettait mal à l'aise : comment avais-je pu me confier comme ça à un homme qui a vécu des choses bien pires dans sa vie ? J'étais ridicule. D'un trait, je bus ce qu'il restait de mon cocktail. « La même chose, s'il vous plait. » dis-je au serveur instantanément après avoir avalé ma dernière gorgée et reposé mon verre sur le bar. Ce soir, nous serions deux ivrognes et, heureusement, je ne me laissais pas le temps d'avoir honte.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptySam 20 Juin 2015 - 1:33


Je vois bien que son sourire disparaît. J’ai mis les pieds dans le plat, je le sens et d’atmosphère semble se refroidir légèrement d’un coup alors qu’un léger silence s’installe entre nous. De toute évidence c’était trop personnel – j’espère juste que je n’ai pas tout foutu en l’air avec ma curiosité. « J'ai commencé à jouer quand je savais à peine marcher. C'est juste que ... disons que je n'ai pas eu une enfance toute rose. » J’ai de la peine à reconnaître le son de sa voix, il est différent et je me contente de hocher la tête comme pour l’inciter à continuer. Je ne veux pas la forcer cette fois, en posant plus de questions, mais plutôt lui laisser le choix. « Excuse moi, je n'ai pas l'habitude de parler de ça. Ce ne sont pas de très bons souvenirs. » Mes yeux se fixent aux siens alors que je garde le silence, attendant une potentielle suite. Je ne suis pourtant pas sûr qu’elle arrive et je pourrais bien la comprendre, parler d’une période difficile de sa vie à un homme qu’on connaît à peine n’est pas forcement des plus facile et pourtant elle enchaine. « Je n'ai jamais connu mes parents, j'ai vécu dans un orphelinat à Galway, en Irlande, jusqu'à ma majorité. » Whoua je ne m’attendais pas à une telle révélation et reste quelques seconds silencieux tout en prenant le temps de mesurer ces mots. Sophia et son joli sourire semblent cacher bien plus de fragilité que ce que j’avais cru percevoir au premier abord. C’est une nouvelle qui me rapproche un peu plus d’elle, cette fille commence à me toucher, j’aime sa façon d’être mais aussi ce qu’elle fait ressortir en moi, en quelques mots elle m’a donné l’impression de compter, de ne pas être juste un mec dans un bar mais quelqu’un à qui elle peut se confier, de quoi remonter un peu mon estime de soi. « Ah l’Irlande, je n’aurais pas trouvé tout seul, j’ai entendu dire que c’était un très beau pays. » Je tente un sourire un peu plus timide cette fois comme pour attendre son avale avant de me jeter dans le sujet épineux qu’elle vient de mettre sur la table. « Ca n’a probablement pas du être simple pour toi… Pour ma part, je ne peux même pas penser à ce que serait ma vie sans mon père, sans ma famille. Tu en as vu un petit échantillon à l’apéro chez Jamie, mais il y en a encore quelques uns cachés sous la table. Parfois j’ai l’impression que c’est eux qui m’on construit, je ne sais pas ce que je serais devenu sinon... » J’ai peur d’être délicat dans mes propos, le but n’étant pas de dire qu’elle n’as pas su le faire et j’enchaine d’ailleurs. « J’imagine qu’il faut un sacré force de caractère pour arriver à le faire seule. » Je voudrais pouvoir faire ou dire quelque chose de plus mais la vérité c’est que je suis impuissant face à ça, face à des événements déjà arrivés, seul le futur est à ma portée.  « Est ce que tu as déjà… Tenté de les retrouver ? Ou enfin… Tu y penses parfois ? » Je sais que je suis bien trop curieux, et peut-être même un peu invasif, et que le risque est qu’elle se referme comme une huitre ou décide de partir même. Mais maintenant que le sujet est lancé je ne peux pas faire comme si ça ne m’intéressait pas. Je suis incapable d’imaginer ce que c’est que de vivre sans famille, sans même savoir qui ils sont. Evidement pour ma part, j’ai grandi sans mère, je n’ai même pas de réels souvenirs d’elle, mais je sais qu’elle m’aimait, qu’elle n’a jamais choisi de me quitter et mon père a su faire vivre son souvenir. Mais qu’est ce qui se passe quand il n’y personne pour faire vivre ces souvenirs ? Qu’est ce qu’on ressent quand on a été abandonné par ces parents ? J’arrive à peine à l’imaginer. Je finis mon verre à mon tour et profite de la commande de Sophia pour en demander un nouveau moi aussi. Ce soir nous faisons ménages à trois, Sophia moi et nos verres et c’est un programme qui me convient à merveille.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyLun 22 Juin 2015 - 0:59



jamophia
alcohol may be man's worst enemy,
but the bible says love your enemy

« Ca n’a probablement pas du être simple pour toi… Pour ma part, je ne peux même pas penser à ce que serait ma vie sans mon père, sans ma famille. Tu en as vu un petit échantillon à l’apéro chez Jamie, mais il y en a encore quelques uns cachés sous la table. Parfois j’ai l’impression que c’est eux qui m’on construit, je ne sais pas ce que je serais devenu sinon... » C'était sans doute d'apercevoir à quel point sa famille semblait soudée qui m'avait donnée la confiance nécessaire pour lui parler de mon enfance, chose que je ne fais jamais. Au fond, je le jalousais un peu : il avait tout ce dont j'avais rêvé pendant des années étant petite : des frères et soeurs avec qui faire les pires pitreries, et des parents aimants prêts à rire de leurs bêtises - c'était en tous cas l'impression qu'ils donnaient, autant les uns que les autres. Je l'écoutais attentivement, le regardant avec toute la tendresse et l'innocence de l'enfant orpheline que j'avais été - et que je serai toujours. « J’imagine qu’il faut une sacrée force de caractère pour arriver à le faire seule. » Je baissais les yeux pour regarder mes doigts jouer nerveusement entre eux. « Si seulement j'avais eu le choix. » J'évitais le regard profond de James, qui aurait immédiatement repéré les larmes qui s'agglutinaient au bord de mes paupières - si ce n'était déjà fait. « Est ce que tu as déjà… Tenté de les retrouver ? Ou enfin… Tu y penses parfois ? » Etrangement, et pour la première fois de ma vie, j'étais soulagée et presque heureuse que l'on porte de l'intérêt à mon histoire. Que James me portait de l'intérêt. Ces derniers temps, j'avais plutôt tendance à être le personnage secondaire que le protagoniste ; j'oscillais entre les promesses de Jamie et les angoisses de Joanne, je soutenais Maxyn dans sa nouvelle vie bien remplie post-guérison et Felix dans son coming out. Tout autour de moi bougeait à une vitesse folle, sans que je ne puisse prendre le rythme. J'en avais presque oublié mon propre bonheur, que James réveillait peu à peu. « Non, jamais. Je ne pense pas qu'ils aient envie de me retrouver, et je ne crois pas être prête non plus. Tu sais, j'ignore même si je pourrais leur pardonner. » Pendant l'adolescence, j'en voulais à la terre entière de m'avoir donné cette place d'orpheline, de "fille sans famille" comme je me qualifiais moi-même. Et si, avec le temps, ma colère s'était dissipée, j'avais l'impression que ma rancoeur envers ces deux inconnus qui m'avaient mis au monde persistait. Ces pensées négatives étaient en train de me submerger alors que nous étions censés, avec James, passer une bonne soirée. Je me repris instantanément en me secouant physiquement. Je détestais m'apitoyer sur mon sort, et c'est pourtant ce que je faisais depuis le début de la soirée. Si je continuais comme ça, mon partenaire ne tarderait sûrement pas à fuir - et je ne pourrais lui en vouloir.

« Et alors comme ça, tu es pianiste toi aussi. » Changer de sujet était tout indiqué, et il fallait absolument que je rebondisse sur cette passion commune qu'il m'avait avoué quelques minutes auparavant. « Je suis sûre que tu joues fabuleusement bien, tes mains sont magnifiques. » Ma main s'était glissée sur la sienne, mes doigts frôlant délicatement les siens dans la longueur. L'alcool commençait à produire ses effets et à inhiber tant les freins comportementaux que les scrupules ; James se remettait péniblement d'une rupture douloureuse, et j'osai parcourir sa main du bout des doigts sans la moindre retenue, prétextant analyser sa nature de pianiste. C'est en relevant les yeux que je croisai les siens, profonds, qui me ramenèrent immédiatement à la réalité : qu'étais-je en train de faire ? Je sentis mes joues chauffer à tel point qu'il était impossible d'ignorer qu'elles avaient dues se teinter d'un rouge flamboyant, sous l'effet de la gêne - et toujours de l'alcool. J'aspirais une nouvelle gorgée de mon second cocktail, déjà bien entamé, avant de lever les yeux au ciel en mimant une profonde réflexion. « Je sais que ça peut paraître très prématuré mais ... as-tu confiance en moi ? » Je capturai James du regard, terriblement impatiente d'entendre sa réponse.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyMar 23 Juin 2015 - 22:48


Je crois que je ne me suis jamais posé la question. Celle qui doit être un quotidien pour Sophia. Qu’est ce que c’est que de grandir sans famille ? Sans appartenance ? Combien de fois je me suis plaint de ma famille ? Combien de fois je me suis dit que quand même ce n’était pas simple d’avoir une tribu comme la notre, de donner de l’attention à tous sans se perdre, de ne pas s’oublier mais au final nous sommes toujours là l’un pour l’autre. On se soutient, on s’aime, c’est ce que font les familles. C’est ce qu’elles sont supposées faire tout du moins… « Si seulement j'avais eu le choix. » J’entends sa voix trembler, perçois la brume qui semble envahir ces yeux et garde le silence quelques instants moi même envahi par une nuée de sentiments. Je voudrais trouver les mots pour faire partir la peine mais il n’y en a pas… La peine se vit, c’est le seul moyen de l’apaiser… Ne pas la cacher. Alors je me permets une question encore un peu plus personnelle, sans vraiment mesurer la portée que peuvent avoir mes propos. « Non, jamais. Je ne pense pas qu'ils aient envie de me retrouver, et je ne crois pas être prête non plus. Tu sais, j'ignore même si je pourrais leur pardonner. » J’hoche la tête réussissant cette fois à trouver le regard de Sophia qui me fuyait jusqu’à maintenant. « Le pardon c’est quelque chose de compliqué… J’espère pour toi qui tu y arriveras un jour… Peut-importe la façon, ça c’est quelque chose qui t’appartient… » Je l’avais fait moi aussi ce chemin, non j’étais toujours entrain de le faire et par le regard que nous venions d’échanger je savais qu’elle l’avait compris. J’avais tellement de rancoeur en moi, elle ne me quittait jamais vraiment, avec le temps elle c’était apaisée ou alors je savais simplement mieux la cacher. Puis j’avais essayé de blâmer les vrais coupables de la mort de mon frère, de prendre du recul, mais les choses ne sont malheureusement pas toujours aussi simples. Dans la vie rien n’est jamais soit noir soit blanc, la mienne est remplit de teintes grisâtres. Des nuances qui s’atténuent un peu jour après jour.  

Cette fois je n’ajoute rien de plus. Je sais bien que ce n’est pas l’endroit le plus adapté pour parler de ça, qu’au milieu d’un bar et parmi tout ces étrangers c’est loin d’être parfait pour se laisser aller vraiment. Et j’ai cet espoir un peu naïf que l’on puisse un jour en reparler elle et moi dans un cadre plus adapté. « Et alors comme ça, tu es pianiste toi aussi. » Je ne sais pas pourquoi mais avec Sophia toutes les conversations semblent plus simples. Non pas que je sois quelqu’un d’insociable mais parfois je me censure moi même. Posant des limites à ce que j’ai envie de raconter. Avec Sophia ce n’est pas le cas. Je me livre en me moquant de moi même - lui parlant de mes soucis de pianiste et de ma peur panique de me mettre à nu. « Je suis sûre que tu joues fabuleusement bien, tes mains sont magnifiques. » Sa main glisse sur la mienne m’arrachant un frisson de désir. C’est étrange et merveilleusement bon à la fois. Ce désir nouveau, celui qu’on ne connaît pas et qu’on doit dompter, j’aime ça et en même temps ça  a quelque chose d’effrayant. Je retourne ma main de façon à ce que nos paumes se frôlent alors que mon regard plonge dans le sien. Ces magnifiques yeux bleus me perturbants et ses joues rougissantes faisant apparaître un sourire sur mon visage. Sa main finit par quitter la mien me laissant un vide intense que je comble par le contact froid de mon verre, l’amenant à ma bouche. Je commencer à ressentir les effets de ma boisson magique, cette chaleur intérieure, cette impression que tout est plus simple… Ou alors est-ce l’effet que Sophia a sur moi ? Si c’est le cas je ne veux plus jamais la quitter. « Je sais que ça peut paraître très prématuré mais ... as-tu confiance en moi ? » « Evidement » La réponse est sortie sans même que je ne l’ai calculée, comme si c’était une évidence absolue, pourtant ce n’est pas mon style, je suis habituellement plus méfiant que ça. Je m’approche un peu plus de la jeune femme, rompant cette barrière invisible qui semblait encore nous séparer et entendre sa proposition. « Est ce que j’ai tord d’avoir confiance ? » Je me demande bien ce qu’elle mijote. Une pointe d’anxiété s’emparant de moi bien vite chassée par l’envie d’en savoir plus sur l’idée que Sophia a derrière la tête. A cette distance nos soufflent se mélangent presque et je me laisse emporter par l’odeur enivrante de sa peau, naturelle et douce comme elle.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyMer 24 Juin 2015 - 0:41



jamophia
alcohol may be man's worst enemy,
but the bible says love your enemy

Mentionner - certes difficilement - de mon enfance était déjà un grand pas pour moi. Mais alors en discuter, avouer que mon pardon envers mes parents biologiques serait actuellement inconcevable, avec un parfait inconnu était absolument inédit. Seule Joanne était au courant de ma vie à l'orphelinat, et encore. J'avais épargné les moindres détails insignifiants, en dessinant péniblement les grandes lignes. Pourquoi me livrais-je à ce point ce soir, face à James ? Cette question me taraudait à mesure que nous apprenions à nous découvrir autour de nos verres qui se vidaient à vitesse grand V. Sur ce sujet, je commandai d'ailleurs un troisième cocktail - et les effets de l'alcool commençaient vraiment à se faire sentir. Peu importe. J'en avais besoin, et, de surcroit, je devais accomplir ma mission de soutien auprès de mon partenaire - ce qui était en réalité une bonne excuse pour boire, moi aussi. Mon monologue achevé, James fit preuve d'une grande douceur. « Le pardon c’est quelque chose de compliqué… J’espère pour toi qui tu y arriveras un jour… Peut-importe la façon, ça c’est quelque chose qui t’appartient… » Il ne me donnait pas tel conseil à suivre, où ce qu'il aurait fait à ma place, mais se contentait simplement de me soutenir à son tour. À cet instant, je sentis qu'il était quelqu'un d'exceptionnel, de différent des autres. J'avais envie de le découvrir davantage, de partager plus de moments comme celui que nous vivions si aisément ce soir ; entre nous, toutes les barrières étaient tombées, il n'y avait pas le moindre tabou, et (aveu totalement hors de propos grâce aux cocktails) il était tellement séduisant.

J'eus à peine le temps de lui demander s'il avait confiance en moi - à l'instar de cette fameuse scène dans le blockbuster Titanic - qu'il me répondait naturellement : « Evidement ». J'en fus grandement surprise. Une très agréable surprise qui me fit sensiblement accélérer mes battements cardiaques. « Est ce que j’ai tord d’avoir confiance ? » Je souris, fière de le laisser dans l'ignorance pendant quelques secondes. D'une main, j'attrapai mon cocktail et de l'autre, la main de James. Sans dire un mot, et alors que les derniers clients rentraient chez eux, je l'emmenais derrière le bar, où se trouvait une petite porte pour le personnel. Derrière, nous fîmes quelques pas dans un couloir mal éclairé, où seuls les tons rougeâtres des murs se distinguaient. Nous croisâmes deux ou trois personnes des cuisines qui, dans ce couloir étroit, nous forcèrent à nous coller contre le mur, si proches l'un de l'autre que nous aurions aisément pu nous embrasser si nous le voulions. À cet instant, je me félicitai de n'être "qu'à" mon troisième cocktail et ainsi, de résister à cette vile tentation. J'ouvris une seconde porte qui nous amena juste derrière la scène, dans les coulisses. « J'avais juste envie que tu sentes ce que ça fait de monter sur les planches. » avouai-je tout simplement, en affichant la mine d'une petite fille offrant le plus doux mais aussi le plus modeste des présents. « Dans la salle, il n'y a plus que le barmaid et une serveuse. Si tu veux jouer un petit air de piano, nous ne sommes que deux musiciens cachés derrière cet épais rideau rouge, dans notre bulle, coupés du monde extérieur. » Nous n'étions que deux, sur la lumière chaude de la scène qui se reflétait sur le corps du piano à queue noir. Je voulais offrir cette chance à James - chance puisqu'il n'y était en rien obligé - de se faire plaisir, de laisser tomber les craintes et les aprioris. Peut-être m'étais-je laissée emporter sous le coup de l'alcool et du bonheur passé à ses côtés durant cette soirée ? Après tout, nous ne nous connaissions que très peu. Mon dieu, pourvu que cela lui fasse plaisir.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyMer 24 Juin 2015 - 20:57


Je ne sais pas dans quelle histoire je suis entrain de m’embarquer, Sophia me regarde son petit air taquin collé au visage et bien qu’il puisse y avoir quelque chose de plutôt effrayant là dedans je me laisse embarquer sans broncher. Sa main attrape la mienne sans que je ne m’y attende et je me laisse guider après avoir attrapé mon verre. Le contact de sa peau enivrant me laisse sans voix, un peu anxieux mais surtout impatient se savoir à quelle sauce je vais être mangé. Le bar commence à se vider mais au lieu de suivre la foule nous allons à contre sens, rentrant dans ce qui semble être un endroit strictement réservé au personnel. En temps normal j’aurais sans doute bronché, prétextant que je n’ai pas ma place ici mais ce soir tout semble différent et la main de Sophia tenant la mienne avec légèreté semble me faire avancer sans même avoir à réfléchir. Notre rythme est rapide et quand nos corps se touchent je ressens un frisson me parcourir l’échine. Je voudrais que nous restions quelques instants de plus comme ça, mais elle continue déjà son chemin sans rompre le contact entre nous pour m’emmener dans un endroit que je connais déjà. La scène – le piano est la prônant devant moi et j’ai presque peur de comprendre ce qu’elle attend de moi. « J'avais juste envie que tu sentes ce que ça fait de monter sur les planches. » Je la regarde d’abord sans trop comprendre puis un sourire vient se glisser sur mon visage. Ma main qui n’a pas quitté la sienne la caresse du bout des doigts – j’ose à peine – comme si ce petit aparté m’avait rendu un peu plus pudique. La douceur de ce moment ne laisse pas place aux mots, juste à ces regards que nous échangeons et où j’espère qu’elle lit ma gratitude. Ce n’est pas grand chose c’est vrai et pourtant personne ne l’a jamais fait pour moi.

« Dans la salle, il n'y a plus que le barmaid et une serveuse. Si tu veux jouer un petit air de piano, nous ne sommes que deux musiciens cachés derrière cet épais rideau rouge, dans notre bulle, coupés du monde extérieur. » Mon sourire se décompose un peu en l’entendant parler et cette fois c’est la nervosité qui prend possession de moi. « Merci Sophia c’est vraiment… C’est très attentionné de ta part. Je crois que personne n’avait jamais tenté de me faire ressentir les choses de cette manière mais… Je – je ne peux pas… » Je me sens lâche, je me sens idiot, ce n’est qu’un piano. Personne ne va mourir, où est le James qui se jette dans l’arène sans réfléchir, celui qui bouge ? Ma main libre va toucher le piano du bout de doigts puis je finis par lâcher la main de la jeune femme pour prendre place devant cet instrument qui – sans que je ne sache pourquoi – me terrifie tellement d’un coup. Je relève le regard pour croiser celui de Sophia et lui laisse une place à côté de moi sur le petit banc. Nous gardons tous deux le silence mais je ne sens aucun malaise entre nous… Comme si malgré le silence il y avait une sorte de lien invisible entre nous. « Je sais pas si tu le sais mais j’étais en Afghanistan… Il n’y a pas si longtemps… » Je ne sais pas ce qui me prend. Je ne parle presque jamais de ça, peut-être parce que ce regard que me lance les gens est trop dur à encaisser, qu’il me semble que je ne mérite aucune éloge. Ou peut-être simplement parce que ce souvenir me ramène inlassablement à mon frère et aux circonstances de sa mort. « J’avais pas peur là bas… Enfin du moins c’est ce dont je me souviens. Tu vois quand on combat plus rien d’autre ne semble avoir de l’importance. Il n’y a que le moment présent. Je partais tête baissée je… J’avais pas peur. Et là je suis face à ce stupide piano et je me trouve aussi terrifié que quand j’avais 8ans. C’est con non ? » Ce n’est même pas vraiment une question, plutôt comme une sort de constatation puéril.   « C’est tellement con mais tout me semble plus compliqué ici…» Je crois que c’est de vivre qui m’effraye aujourd’hui, d’être toujours là… Mais ce piano… Pourquoi ce piano ? « Je sais pas ce qui me fait si peur…  » Je me sens idiot, comment pourrait-elle me comprendre alors que moi même j’en suis incapable ? Mes mains inlassablement posées sur ce piano sans même oser appuyer sur une touche. Mon regard se détourne légèrement de mon objectif pour chercher celui de Sophia, ce regard bleu – perçant – qui semble me transpercer de l’intérieur, voir en moi. C’est ça… J’ai l’impression qu’elle me voit, que j’existe et je voudrais pouvoir jouer, je le voudrais vraiment mais c’est comme si j’étais suspendu à ces lèvres, à ces gestes comme si j’avais besoin d’elle pour accomplir ce simple acte - pour lancer la première note.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyJeu 25 Juin 2015 - 15:28



jamophia
alcohol may be man's worst enemy,
but the bible says love your enemy

Les effluves de l'alcool me poussaient à aller de l'avant, à ne me préoccuper de rien, à oser. Et j'avais osé emmené cet homme sur scène. Certes nous étions cachés derrière le rideau, mais nous y étions. Il m'avait fait part de son admiration pour la mise à nu des musiciens devant leur public, et j'avais osé l'emmener sur les planches, face à ce piano à queue. Si, au premier abord, j'eus l'impression que la surprise, aussi modeste soit-elle, l'avait touché, je remarquai ensuite qu'une certaine nervosité s'emparait de lui. « Merci Sophia c’est vraiment… C’est très attentionné de ta part. Je crois que personne n’avait jamais tenté de me faire ressentir les choses de cette manière mais… Je – je ne peux pas… » À mon tour, je me décomposais lentement. « Excuse moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Tu m'as dit que tu ne supportais pas et je … » Je peinais à trouver les termes adéquats. James effleurait l'instrument du bout des doigts et s'assit devant, presque comme s'il tentait de l'apprivoiser ; il m'invita à le rejoindre sur le petit banc de musicien sur lequel il avait pris place. Timidement, et sans un mot, je le rejoins. Il brisa le silence. « Je sais pas si tu le sais mais j’étais en Afghanistan… Il n’y a pas si longtemps… » J'haussai subitement les sourcils, essayant de capter son regard fuyant. « Pas du tout, je l'ignorais … » Dans sa voix, je décelais quelque chose de grave. « J’avais pas peur là bas… Enfin du moins c’est ce dont je me souviens. Tu vois quand on combat plus rien d’autre ne semble avoir de l’importance. Il n’y a que le moment présent. Je partais tête baissée je… J’avais pas peur. Et là je suis face à ce stupide piano et je me trouve aussi terrifié que quand j’avais 8 ans. C’est con non ? » Je me mordillais la lèvre inférieure, aussi surprise que touchée par cette triste anecdote. Naturellement, je posai ma main sur le genou de James sur lequel j'exerçais une très sensible pression, comme pour l'assurer de ma présence à ses côtés. « C’est tellement con mais tout me semble plus compliqué ici … » Entre nous, j'avais l'impression que tout coulait de source. James se livrait totalement à moi, comme je m'étais livrée à lui, en l'espace d'une soirée. Une seule soirée. La tête légèrement penchée sur le côté - signe de compassion et de tendresse - je le laissais sagement se libérer. Il regardait de nouveau ce piano, prêt à accueillir le glissement de ses doigts comme celui de douces vagues. « Je sais pas ce qui me fait si peur … » avoua-t-il modestement. J'eus un pincement au coeur devant cet homme qui semblait avoir traversé bien plus d'épreuves que son séduisant sourire n'aurait jamais pu le laisser imaginer. Nous nous échangeâmes un regard intense, qui me déboussola pendant quelques secondes. « Il n'y a rien d'idiot là dedans. » Je tâchais d'être la plus sincère possible. « Peut-être as-tu simplement peur de souffrir à nouveau ? Les évènements font de nous ce que nous sommes, et parfois, nous nous créons une carapace. » Avec les déboires de son enfance, elle savait de quoi elle parlait - et son haussement d'épaules l'avait d'ailleurs sûrement trahi. « Je peux partager un petit coin de la mienne avec toi, si tu en as envie. » Un petit sourire timide aux lèvres, je lui proposai - par quelques détours - de jouer un morceau à quatre mains. Je quittai son regard envoûtant pour caresser les touches du piano, cherchant la mélodie idéale. Deux ou trois secondes suffirent avant que je ne commence à pianoter, laissant virevolter les premières notes de la mélodie que je dédiais à James.  

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptySam 27 Juin 2015 - 17:24


Sophia, la belle Sophia me regarde et je me sens tellement considéré avec elle. Mais malgré tout pas prêt à passer par dessus mes peurs. « Excuse moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Tu m'as dit que tu ne supportais pas et je … » Je lui adresse un petit sourire pour le déculpabiliser. Je sais qu’elle a pensé bien faire et l’attention me touche réellement bien que la situation me rende un peu nerveux. Je suis heureux que cette belle rousse soit avec moi, sa présence semble me calmer, me rendre plus conciliant et je me laisse même aller jusqu’à m’asseoir devant le piano. Une sensation étrange ce saisit de moi, je ne connais pas d’autre piano que le mien c’est donc étrange, je me demande ce qu’on ressent quand on s’apprête à jouer devant des gens venus exprès pour nous écouter. Puis bien vite je me laisser aller aux confidences avec Sophia, je lui parle de mon séjour en Afghanistan, les mots sortent avec simplicité comme si je connaissais Sophia depuis toujours, que j’avais une absolue confiance en elle. La pression de sa main sur ma cuisse me poussant un peu plus à la confidence. « Il n'y a rien d'idiot là dedans. Peut-être as-tu simplement peur de souffrir à nouveau ? Les évènements font de nous ce que nous sommes, et parfois, nous nous créons une carapace. » Est-ce que c’est vraiment aussi simple de lire en moi ? Devant Sophia je me sens mis à nu et étonnamment ce n’est pas aussi désagréable que ce que je pouvais redouter. « Si seulement je savais comment me protéger de la souffrance… Si au moins j’avais la bonne carapace. » J’ai ce gout un peu amer dans la bouche. Je ne veux pas que cette rupture fasse de moi quelqu’un d’amer et pourtant c’est de toute évidence ce qui est entrain d’arriver. Savannah m’a sorti de ma dépression quand je l’ai rencontré, je me suis raccroché à elle comme si c’était mon seul moyen de survivre, ma bouée de secoure je lui ai voué une confiance absolu et aujourd’hui elle est partie. Elle m’a quitté, sans se retourner, sans montrer de remords… De quoi briser toutes mes certitudes sur l’amour et la confiance.

« Je peux partager un petit coin de la mienne avec toi, si tu en as envie. » Je mets quelques secondes à comprendre ce qu’elle est entrain de proposer. Elle veut m’aider avec simplicité et je me laisse faire. Je laisse Sophia prendre la place de meneur alors que ces doigts glissent déjà sur le piano faisant sortir une mélodie plus que charmante. Je reconnais vite le son, elle a choisi quelque chose de connu sans doute pour que je puisse la suivre mais mes doigts restent encore et toujours crispé sur les touches sans bouger. Je ferme les yeux en écoutant cette musique si sincère que Sophia m’offre et sans  même réfléchir mes doigts se mettent en mouvement, suivant le rythme des siens. L’instant me transport, j’oublie tout ce qu’il y a autours, il n’y a plus que ce piano, Sophia et moi. Un moment particulier comme je n’en ai jamais partagé avec personne. Quand la musique se finit, mes doigts ne peuvent quitter le piano et mes yeux restent fermés encore un moment comme pour le graver dans ma mémoire. Puis j’ouvre enfin les yeux attrapant une fois de plus le magnifique regard de Sophia dans le mien. « Merci… » C’est tout ce que je suis capable de dire. Je voudrais dire plus mais rien ne sort. « Excusez moi ? » Je relève la tête pour apercevoir le barman proche de nous. La simple idée qu’il m’ait entendu joué me mettant de suite mal à l’aise. « Le bar va fermer je suis désolé. » Il semble avoir reconnu Sophia et ne fait aucun commentaire sur notre présence ici. Pour ma part je finis mon verre d’une traite avant de me lever, Sophia me suivant pour sortir du bar. J’attrape au passage ma veste et retrouve l’air frais de la soirée. Sophia quand a elle n’est pas beaucoup habillée et il me semble la voir légèrement frissonner. « Tu as froid ? Je… » Je lui montre ma veste un peu naïvement, j’ai l’impression que ce genre de plan et vraiment cliché mais pour autant je lui dépose quand même la veste sur les épaules avec un sourire. « Tu habites loin ? Je peux te raccompagner. » Nous commençons à marcher l’un à coté de l’autre dans la fraicheur de la nuit puis sans réfléchir ma main se rapproche de la sienne glissant le long de son avant bras avant d’attraper ses doigts dans les miens. J’ai sans doute trop bu mais c’est tellement bon.

Nous arrivons devant ce qui doit être chez elle. Je regarde la bâtisse quelques instants comme pour faire durer un peu plus ce charmant moment. Sophia commençant à enlever ma veste pour me la rendre. « Non, tu sais quoi ? Garde là, ça sera une très bonne raison pour être obligé de te revoir. » Je doute d’avoir besoin de cette excuse pour avoir envie de la revoir mais c’est un moyen de faire passer le message. « Je suis très heureux de t’avoir rencontré ce soir… Je crois que tu m’as sauvé de la noyade alcoolique. » Je lui adresse un léger sourire puis dépose un baiser plutôt chaste sur sa joue. « Bonne nuit Sophia, à très bientôt j’espère. » Ma main quitte la sienne avec douceur alors que je recommence à marcher, pour autant mon regard ne quitte pas le sien, comme incapable de s’en défaire.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA EmptyDim 28 Juin 2015 - 16:52



jamophia
alcohol may be man's worst enemy,
but the bible says love your enemy

« Si seulement je savais comment me protéger de la souffrance… Si au moins j’avais la bonne carapace. » Silencieuse, la bouche serrée, je quittai des yeux son regard pour les touches du piano. J'ignorais si tout cela avait été, à un moment donné, une bonne idée, mais j'étais comblée de bonheur à l'idée d'apporter un tant soit peu de soutien à James. Sans trop réfléchir, j'entamais une mélodie qui résonnait chaleureusement sur la scène. Sur ce bel instrument à cordes frappées, je laissai glisser mes doigts sur les touches blanches, exerçant plus ou moins de pression selon la vigueur que le morceau demandait ; ce qui était plus physique qu'autre chose, j'en conviens, mais nombreux sont les pianistes qui, vivant entièrement leur musique, se laissent aller à quelques gestes dansés. Les petits marteaux frappant les cordes tendues sur la caisse de résonance en bois résonnaient dans mon coeur comme des battements humains. Les paupières presque closes, je fus subitement emplie d'un sentiment puissant - de joie, sûrement - lorsque j'entendis que nous jouions désormais à quatre mains. Ce furent des instants uniques. « Merci… » Les yeux pétillants, je lui retournai un sourire timide, modeste. Mon corps semblait être en apesanteur, et mon esprit quant à lui, virevoltait encore dans les airs au rythme du morceau que nous venions de jouer ensemble. Mon regard était prisonnier du sien lorsqu'un élément extérieur mit fin à cette sensation presque ... onirique. « Excusez moi ? » Avec regret, je brisais notre complicité. « Oui, Marco ? » Je le connaissais puisqu'il était le responsable du bar et qui plus est, mon employeur. Un homme très sympathique, qui ne fit aucune réflexion sur notre présence sur scène, cachés de tous, à cette heure tardive. « Le bar va fermer je suis désolé. » Je lui adressai un léger hochement de tête. James, quant à lui, finit son verre d'un trait et reprit la direction de la salle, où il attrapa sa veste. Je le suivais, attrapant à mon tour mon sac à main. « Aurevoir, merci. » adressai-je à Marco, que je reverrais le lendemain pour une seconde représentation, et nous sortîmes.

L'air était beaucoup plus frais qu'en début de soirée ; je frissonnais légèrement. « Tu as froid ? Je… » Je n'eus pas le temps de refuser poliment que James me couvrit les épaules avec sa veste. « Merci, c'est très gentil. » J'eus les joues rougies par cette délicate attention. « Tu habites loin ? Je peux te raccompagner. » En plus de toutes les qualités qu'il était parvenu involontairement à me faire percevoir ce soir, je découvrais qu'il était prêt à détourner son parcours de quelques centaines de mètres, juste pour m'accompagner jusque chez moi. Le mystère de la nuit noire et l'effet désinhibant de l'alcool conduisirent James à entrelacer ses doigts dans les miens ; j'eus la douce impression que nous nous connaissions depuis des années, tant nos gestes - aussi surprenants et hâtifs soient-ils - étaient naturels. J'aurais aimé vivre à dix mille lieux de là, mais mon quartier était attenant à fortitude valley et nous y arrivâmes plus rapidement que je ne l'aurais cru. Nous restâmes quelques instants dans ce froid, dans ce silence, dans cette rue éclairée de quelques lampadaires jaunâtres. J'aurais aimé lui proposer de monter boire un dernier verre en ma compagnie, mais cela aurait été déplacé étant donné qu'il se remettait ce soir d'une rupture difficile. Résignée, j'ôtai sa veste pour le lui rendre. « Non, tu sais quoi ? Garde la, ça sera une très bonne raison pour être obligé de te revoir. » Un sourire non dissimulé se grava sur mon visage. Nous nous reverrions, comme j'avais hâte ! « N'oublie pas de revenir la chercher alors. » plaisantai-je, faisant en sorte de passer subtilement le message suivant 'ne m'oublie pas, je t'attends'. « Je suis très heureux de t’avoir rencontré ce soir… Je crois que tu m’as sauvé de la noyade alcoolique. » Un petit rire joyeux s'échappa de ma gorge. « C'est amplement partagé et, en quelque sorte … je pense que tu m'as sauvé toi aussi. » J'étais heureuse d'avoir pu l'aider ce soir à surmonter un peu son épreuve, mais plus encore : j'étais ravie d'avoir partagé de si bons moments en sa compagnie. Il me dépose un baiser sur la joue, qui fit bondir mon coeur. Les yeux clos, je profite de cette seconde magique ; je me sens terriblement vivante. « Bonne nuit Sophia, à très bientôt j’espère. » me glisse-t-il à l'oreille alors qu'il s'en va sans pouvoir défaire son regard du mien. Quelques secondes nous furent nécessaires pour que nous brisions - temporairement, je l'espère - cette alchimie. Je lui adressai un ultime sourire, discret, avant de rentrer chez moi, le pas lourd. Une fois la porte de mon appartement fermée, je me laisse glisser contre le bois et me retrouve assise sur le sol, stupéfaite d'avoir vécu une si belle soirée improvisée. C'est sûrement l'alcool, mais j'ai l'impression d'avoir rencontré l'homme de ma vie.

Spoiler:

to be continued ... Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA 1150905828
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty
Message(#)Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Alcohol may be man's worst enemy, but the bible says love your enemy ▽ SOPHIA