Il s'agit d'un soir comme tous les autres et tu pousses la porte arrière du Candy Club avec un écouteur enfoncé dans les oreilles déjà prête à te changer et à grimper sur scène. Tu as un peu l'esprit ailleurs là tout de suite, probablement à cause des trois appels manqués de ton père et même du message vocal qu'il s'est senti obligé de laisser sur ton répondeur. Tu ne comprends pas pourquoi est-ce qu'il insiste autant, et qu'il ne comprend pas que tu en as fini avec cette vie là. Ta conversation d'il y a une semaine avec Evelyn t'a confortée dans ton idée que tu as prise la bonne décision en t'éloignant de ta famille, du moins, cette portion là de ta famille. Le reste... Ça ne le regarde pas, tu fais ce que tu veux et ça Evelyn elle au moins, semble l'avoir compris.
Tu te changes tout de même en fixant l'écran de ton téléphone portable et cette notification non lue, tout s'efface cependant quand c'est à ton tour de rejoindre le groupe de danseuse pour l'une des premières danses de la soirée. Tu aimes bien les danses groupées du Candy Club, toujours un moyen d'attirer l'attention et se faire quelques dollars de plus. Tu connais les mouvements par coeur et sur scène, tu oublies tout, te concentrant sur la musique et être synchrone avec l'autre danseuse. Ce n'est qu'une fois que vous êtes descendues de scène que tu réalises de qui il s'agit, Jillian et tu ne peux t'empêcher de rouler des yeux en sortant de scène, prête à mettre le plus de distance entre vous deux. Si la brune veut envoyer sa vie en l'air, ça sera sans toi dans les parages. Et tu crois voir rouge, vraiment, quand elle t'interpelle, la seconde d'après; tu croises les bras sur ta poitrine, la jaugeant de la tête aux pieds, comme si elle était un chewing-gum coincé sous ton talon. "Jill... Tu veux vraiment faire ça maintenant ...?" Certes, le club n'était pas encore bondé, mais vous n'êtes pas dans les coulisses, mais bien au milieu des clients, dans des tenues plus que légères, avec une perruque bleue flashy, allant plus que bien avec ton ensemble soutien-gorge et bas d'écolière, et une paire de dix centimètres de talons dans ton cas. Les mots suivants de l'autre danseuse indique que oui, elle veut parler de ça et cette fois-ci, tu roules vraiment des yeux. Voilà pourquoi tu n'as pas beaucoup d'amies ici, parce que tu n'as pas envie d'avoir ce genre de drames inutiles dans ta vie, tu as bien fait un effort avec Jillian, avant de réaliser que son problème c'était la drogue et que danser au Candy Club complètement défoncée ne la dérangeait pas. Et, tu aurais totalement pu aller confier l'affaire à Artémis, mais déjà, ça ne te regarde pas et ensuite rapporter les crimes des autres ne te ressemble pas vraiment. Ensuite c'est sa vie à elle, qu'est-ce que ça peut bien lui faire que tu la juges de loin ?
"Okay juste que les choses soient claires, tu peux dire que je suis une connasse mais si je t'évite c'est peut-être parce que je n'ai tout simplement pas envie de trainer avec toi. On a essayé okay ? J'ai pas trop envie de retenter l'expérience." Le ton est sec et froid, histoire que Jillian comprenne que non, tu n'as pas trop envie de te lancer dans un grand débat ou une quelconque conversation philosophique. Tu finis cependant par décroiser les bras, prenant une profonde inspiration pour calmer tes nerfs car tu peux sentir l'irritation grandir de secondes en secondes. Et hors de question de faire une scène ici et pour si peu. "Tu as des penchants un peu trop extravaggants pour moi..." Ceci étant dit, tu portes ton index vers tes narines, mimant rapidement le geste que quelqu'un qui s'enfile un rail de... De quoi au juste ? Tu ne sais même pas ce qu'elle prend, et tu n'as pas envie de savoir. "Mais tu fais ce que tu veux, si t'as envie d'être un cliché ambulant fais le, juste... Très loin de moi, okay ?" Et oui, là, elle peut te traiter de connasse.

Face au rire de Jill, là, perdue au milieu des clients qui commencent à arriver dans le club, tu ne peux t'empêcher de rouler des yeux et de croiser les bras sur ta poitrine, l'irritation est lisible sur ton visage et si tu n'avais pas été sur ton lieu de travail, tu aurais déjà tourné les talons, au sens propre comme au figuré et tu l'aurais laissée à ses rires et autres occupations toute aussi importante. Tu ne vois pas pourquoi la brune se fait insistante, si elle avait un minimum de jugeotte le fait que tu prennes tes distances aurait dû lui donner une bonne indication sur votre relation, mais non. Le soupir qui t'échappe est plus qu'audible cette fois-ci et tu décides de laisser tomber la diplomatie, et de ne plus prendre de pincettes, à quoi bon?
" ... Sérieux t'as trois ans d'âge mental ou quoi ?" Tu poses la question, à moitié dépitée et en te demandant d'autre part si elle se rend un minimum compte de l'image qu'elle renvoie. Oui, de loin, dans son attirail et sa tenue légère, Jill peut paraitre un minimun attirante et sexy mais de près tu lui trouves un air un brin innocent et même naïf, défintivement pas des qualités que tu vas associer à une adulte responsable. Et certes, tu n'es pas plus responsable qu'elle, sur bien des points, ta vie est un bordel sans nom, mais ce n'est pas pour cette raison-là que tu te retrouves au Candy Club ou que tu as envie d'expliquer pourquoi tu laisses les gens rentrer dans ton cercle d'amis ou non. "Okay, je vais faire simple pour que tu puisses comprendre et ce malgré tout ce que tu prends pour t'amuser." Tu lâches cette phrase-là sur un ton beaucoup plus enjoué et hypocrite à souhait, un pâle reflet du sourire de l'autre danseuse, mais qui te parait bien nécessaire dans ce cas-précis, surtout quand elle vient de te faire comprendre qu'elle ne compte pas lâcher le morceau sans une véritable explication. "Je me fiche complètement de ce que tu prends, ou pourquoi tu montes sur scène. Ça ne me regarde absolument pas et je n'ai pas envie de savoir ta petite histoire qui j'en suis certaine justifie les excès."
Toi tu ne bois pas d'alcool, et tu ne consummes pas non plus de substances illicites, tu ne fumes même pas et tu n'as jamais compris l'intérêt, que ce soit pour oublier ses problèmes, ou juste pour s'amuser supérieur, tu ne veux pas savoir la raison, c'est un non définitif pour toi et tu n'es pas sur le point de faire une exception pour elle. "Ce que je sais en revanche c'est qu'on est pas obligés d'être amies. On a essayé et je ne veux pas d'une personne comme toi dans ma vie. Est-ce que ça fait de moi une personne horrible ? Probablement, mais je m'en fiche. J'ai assez de problèmes comme ça ....On bosse ensemble c'est tout, on est pas obligés de se faire les ongles et de partager nos tubes de gloss une fois le rideau baissé." Tu es beaucoup plus sèche que la fois précédente et à la fin de ta phrase, le sourire hypocrite a disparu. Tu captes au loin le regard d'une danseuse, elle doit être en train de se demander pourquoi Jill et toi vous êtes en pleine conversation et pas en train de parler avec des clients. Tu pousses un énième soupir, avant de légèrement te mettre à te déhancher au son de la nouvelle chanson pour donner le change. Et dire que tu t'étais promis de ne ne pas te prendre la tête avec qui que ce soit au travail. Le travail justement, est-ce que Jill pense un minimum à quelqu'un d'autre qu'elle dans toute cette histoire  ? "Tout ce que je peux te dire c'est que je te laisse mener ta vie et que j'en dirais pas un mot au patron. Je pourrais, mais c'est pas trop mon genre donc tu peux dormir tranquille." Balancer n'est pas trop ton genre en effet, et qu'est-ce que ça te raporterait de toute façon ? Juste un nouveau lot de problèmes, c'est certain. "Compris ou est-ce qu'il faut que j'insiste un peu plus ?"

Qu'on se le dise, tu n'as jamais été la personne la plus sociable du monde. C'est tout le contraire en ce qui te concerne, et tu appris à faire avec, à rester à l'écart et à tout simplement ignorer les autres. Pourquoi ? L'habitude probablement, en grandissant, ton nom de famille avait un peu tendance à te suivre partout et à dresser une image de toi un peu faussée et à peindre le genre de portrait qui n'est pas vraiment toi. Certes, tu n'en as pas souffert autant que tes cousines, qui elles, ont été au premier plan et qui n'ont pas pu avoir un seul instant de répit, mais cela a été suffisant pour que tu comprennes que la plupart du temps... Les gens sont juste stupides. Ils se contentent de peu pour juger et pour se montrer plus qu'insultant et... C'est plus que frustrant. Se voir attribuer une étiquette à laquelle on ne peut pas échapper et devoir évouler en fonction de l'opinion des autres.
Oui, c'est un peu ce que tu es en train de faire avec la brune en face de toi, alors que tu te mets soudainement à danser, histoire de ne pas éveiller les soupçons et que tout l'établissement se doute que vous êtes en plein milieu d'une dispute. La dernière chose dont tu as besoin c'est de ce genre de publicité, mais tu ne vois pas vraiment pourquoi Jillian est encore là et tu finis par rouler des yeux, encore une fois alors qu'elle t'assure ne pas avoir envie de passer du temps en ta compagnie ou qu'elle n'a pas besoin de toi comme une amie. Parfait, pourquoi est-ce que vous êtes encore en train d'avoir cette conversation alors ? Tu marques cependant une légère pause quand elle te fait remarquer que de toute façon, elle n'est jamais arrivée complètement défoncée à un de ses shifts.
"... Oh et c'est censé me rassurer c'est ça ? Ou alors ça t'aide juste à te sentir supérieure et comme ça tu peux continuer à faire ce que tu fais de mieux ?" Tu poses la question, sans aucun sarcasme de ta part, cherchant à vraiment questionner la danseuse en face de toi. Est-ce que la brune est idiote ou désespérée à ce point-là ? Vous n'avez pas discuté tant que ça, tu ne connais pas sa vie, ni son parcours et tu ne peux donc pas vraiment imaginer quelle genre d'épreuves elle a dû traverser ou non pour arriver là où elle en est. On ne sait jamais, elle a peut-être de très bonnes raisons de faire ce qu'elle fait... Tu peux déjà sentir le début d'une migraine arriver et tu finis par hausser les épaules, arrêtant de danser et l'interrompant déjà dans la réponse qu'elle va te donner. Non, tu t'es jurée de ne pas te créer plus de problèmes en empruntant cette ligne de métier, des histoires comme celles de Jillian, pas de doute que ça court les rues, alors autant ne pas se prendre la tête et te donner des inquiétudes inutiles, c'est toujours en finissant par s'inquiéter pour les autres que l'on finit blessé ou avec des regrets, et ça tu as déjà donné alors...
"Je ne vois pas pourquoi on est toujours en train d'avoir cette conversation, c'est juste un boulot, je pense que le club est assez grand pour nous deux non ?" Un bon compromis, et une façon un peu plus mature de mettre fin à cet échange ? Pas de doute là dessus, c'est tout nouveau pour toi et tu te félicites intérieurement pour ton propre effort avant de hausser les épaules de nouveau. "Donc tu peux me maudire autant que tu le souhaites, le prendre personnellement ou pas, me traiter d'idiote, ton opinion ne compte pas. Je fais pas ce métier pour moi pas pour me faire des amies, un peu comme toi au final." Une réalité que quelques moments passés ensemble ne vont décidément pas changer et ce, même si cela blesse un peu l'ego de l'autre danseuse. "Donc c'est bon, tu vas me laisser tranquille ou mon explication n'est pas suffisante ?"

Ce n'est pas la migraine qui t'attend, voilà ce que tu réalises au bout de quelques secondes et aux prochaines paroles de l'autre danseuse, mais bien autre chose. Elle fait exprès d'en rajouter, juste histoire de voir à quel point elle te pousser à bout et oui, c'est complètement stupide, il n'y a pas d'autres mots pour le décrire. Et le pire c'est que vu ton caractère, son petit manège risque de bien fonctionner, tu n'es pas connue pour être particulièrement maitre de tes émotions, c'est même tout le contraire, tu es une personne sanguine avant tout, tu dis ce que tu aimes, ce que tu détestes, tout ce qui te passe par la tête, tout ce qui te déplait, te contrairie, te fait froncer les sourcils et t'énerve au plus au point. Et là c'est tout de suite, c'est Jillian. "Tu..." L'insulte ne passe pas tes lèvres, car dans le fond, une toute partie de toi, la plus rationnelle et la plus raisonnée, c'est qu'il s'agit d'une cause perdue et qu'il ne sert à rien d'essayer. Jillian te confirme cela quand elle décide de l'ouvrir un peu plus et tu prends une profonde inspiration, te demandant ce qui se passerait si tu faisais vraiment ce que tu as en tête, histoire de lui faire comprendre que tu n'es pas d'humeur à jouer ou qu'elle a un humour plus que douteux. Être sa petite distraction de la soirée ne t'intéresse pas du tout, qu'on se le dise, tu as bien mieux à faire et chaque minute que tu perds à lui parler, c'est du temps que tu perds à ne pas danser et à ne pas te faire des généreux pourboires. Ce qui n'est pas vraiment la raison pour laquelle tu viens au Candy Club. "Donc si je comprends t'as rien de mieux à faire que de me faire tourner en bourrique, on peut dire que tu as de la chance, j'aime bien me prendre la tête avec des abruties finies." Ton propre résumé te parait parfait, il n'y a rien de plus à ajouter et tu te demandes, presque avec le sourire aux lèvres, comment tu n'as pas fait pour voir et comprendre avant que cette fille-là était un aimant à problèmes. Le fait qu'elle n'ait pas vraiment d'amies dans le club aurait dû te mettre la puce à l'oreille, ça n'a pas été le cas, cela ne veux rien dire en fait, il est plutôt difficile de se faire des amies, surtout dans un tel milieu, mais dans le cas de Jillian, tu sais pourquoi. Elle est tout simplement impossible à vivre. "Mais je t'en prie, continue donc de m'énerver, il parait que je donne un assez bon uppercut et je peux te dire que si ça me démange vraiment, je ne me retiendrais pas." En disant cela, tu décroises les bras de ta poitrine et tes propres poings se serrent, tu as envie de lui dire que non, tu n'as aucun scrupule à passer pour la folle de service qui ne s'entend pas du tout avec ses collègues. Que son problème à elle, c'est peut-être la drogue, mais que la liste des tiens est beaucoup plus longue...Tu fais un pas, puis un autre dans sa direction, plus résolue que jamais et tout ton bon sens ayant disparu. "Donc qu'est-ce que tu disais ?" Parce si c'est une démonstration qu'elle veut, tu peux volontiers lui en faire une.

Oui, au final il n'en faut pas beaucoup pour t'énerver et te faire oublier les règles de la bienséance et tous les autres principes que tes parents ont essayé de t'enseigner pendant des années durant. Pour faire de toi une jeune fille bien élevée et une femme capable d'utiliser ses mots et capable de communiquer de manière raisonnée. La vérité est bien toute autre malheureusement et tu es certaine que si Cassandra ou Trevante te voyait à ce moment précis, ils se demanderaient où ils ont échoué. Nul part, tu as toujours été comme ça, incapable d'arrondir les angles, incapables de passer à autre chose et de faire comme si. Comme si tu n'étais pas passionnée, comme si tu n'étais pas en colère parfois, comme si parfois pousser un cri ou juste frapper dans quelque chose ou dans quelqu'un n'était pas la meilleure chose à faire. Et tu vois clairement ce que la brune en face de toi cherche à faire, et si tu étais quelqu'un de plus censée, tu remarquerais que cela marche à la perfection et que ce n'est pas en t'énervant de cette façon-là que tu vas résoudre quoi que ce soit. Mais c'est déjà trop tard, tu as passé le point de non-retour, et les répliques de Jillian, tu les prends comme des attaques personnelles. "... Oh tu veux vraiment qu'on règle ça comme ça, je vais me faire un plaisir de te faire ravaler tes p..." Tu ne peux pas faire un pas de plus dans sa direction, car vous êtes déjà proches, tu es sur le point de porter le premier coup, et du coup envenimer la situation -mais tu es beaucoup trop énervée pour t'en soucier pour le moment- quand vous êtes interrompues dans votre petite joute verbale par un client. "Quoi ...?" Ta voix est plus élevée que ce que tu pensais et elle porte légèrement par-dessus la musique et l'air un peu léger du club, c'est assez pour t'ancrer dans la réalité et il te faut quelques secondes, pendant lesquelles tu clignes des yeux, pour reprendre tes esprits et réaliser la requête formulée par le client. Une requête plus que valide. Après tout, il s'agit d'un club de strip tease, toi et Jillian vous devez renvoyer une image parfaite, le contraste est presque saisissant et fou entre vous deux et sur scène, vous deviez avoir l'air glamour et sexy au possible. Sur scène en théorie. La réalité elle... Elle est bien différente et tu n'es officiellement plus d'humeur, pour parler, pour danser, pour toute cette soirée au Candy Club. "Franchement ? Même si j'étais payée un million de dollars je ne danserais pas avec elle." Que tu finis par répondre avec un franc sourire sur les lèvres. "Et vous feriez mieux de faire attention, elle a peut-être l'air mignonne, mais c'est loin d'être le cas." Et c'est tout ce que tu diras sur le sujet, et tu montres ton plus beau doigt à Jillian, celui du milieu et qui n'est réservé que pour des occasions spéciales, avant de tourner les talons et la laisser avec le client. Un peu plus et il y aurait eu un meurtre sur la piste de danse.