| even after all this ends can we pretend? ▲ quinn & jack |
| | (#)Ven 11 Oct 2019 - 5:09 | |
| Et le soleil de l’Australie lui brûlait la peau. Une de ces journées où la température était étouffante, où rester à l’intérieur résultait en un crime. La terrasse était overflowing de coussins, de parasols censés protéger des UV, calmant à peine les rayons qui perçaient jusqu’à leurs épidermes libérées, allégées pour le confort de la cause de t-shirts amples, de jeans déchirés, les pieds nus.
C’était le genre d’après-midi qui commence un peu au hasard, qui s’accroche à une visite impromptue, la surprise de Quinn dans les parages dont Jack ignore si elle était anticipée ou non. Est-ce qu'il l'avait invitée à passer, croisée au détour d'une boîte postale? Est-ce qu’elle était venue chercher chez lui du sucre, qu'il l'avait gardée en otage amical? L'inverse, sinon? Est-ce que la raison lui importait plus que le résultat, au final?
Si Brisbane devenait de plus en plus chez lui au fil des années, Quinn en était clairement l'une des causes, et il ne se cachait pas pour le lui faire sentir. Sa maison toujours grande ouverte pour la blonde, son jardin toujours offert si elle avait besoin, si elle dérivait dans le coin. Un visage familier, amical, une valeur sûre dans un environnement incertain, et ses marques qu'il avait pu prendre dans le quartier, dans ce pays, grâce à elle.
L’entendre farfouiller à l’extérieur alors qu'il s’adonne lui-même à creuser les armoires et autres tiroirs en cuisine lui arrache un sourire à Jack, et une remarque glissée par la fenêtre ouverte, le ton qui chante. « Tu trouves ton bonheur? » anticipant son excitation, s'amusant d'avance. Il avait sorti dehors la grande malle à trésors, la caverne aux merveilles, le ramassis d’instruments de brocantes, du studio, de différents voyages, des dons & des cadeaux reçus par ci par là, coffre à la disposition de la jeune femme pour qu’elle y déniche sa saveur du jour, pour qu’elle mette la main sur ce qu’elle voulait entendre, de quoi elle voulait jouer, ou apprendre à. Avec le deal venait une leçon de base si elle le demandait, ou quelques regards admiratifs et hochements de tête à la clé si elle se tâtait à se la jouer autodidacte.
Puis, armé d’un plateau de métal aux allures d’argenterie des 70’s, Jack la rejoint au jardin, théière pleine et sachets variés, tasses mal assorties et sourire chaleureux au visage. « J’savais pas trop quel thé tu préférais, alors j’ai fait tout ça. » l’objet de son labeur qu'Epstein dépose sous son nez, la petite table de bois recyclée qui siège tout au centre de l’espace à vivre en extérieur, où il organise des dîners, où il boit des bières et refait le monde jusqu’à pas d’heures avec les autres du quartier, avec les potes, avec les musiciens qui font déborder leur passage ici après être venus enregistrer à B&B.
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| | | | (#)Lun 21 Oct 2019 - 19:50 | |
| Even after all this ends, can we pretend ? Jack Epstein & Quinn Callahan Samedi 14 Septembre 2019.Confortablement installée dans un immense coussin, les yeux fermés, je me laisse porter par une douce sensation de bien-être, la laissant envelopper la moindre cellule de mon corps. Le silence est roi dans ce quartier, loin du tumulte du centre-ville. Les seuls sons qui me parviennent sont ceux de notre Reine à tous : la nature. Le gazouillis des divers oiseaux voisins, le roulement faible des vagues – comme si l’océan avait décidé de se reposer, lui aussi – ou encore le bruissement discret des feuilles dans les arbres aux alentours. Autant d’éléments qui me permettent de me détendre au maximum. Malgré l’ombre bienvenue offerte par le parasol de la terrasse, je sens les rayons du soleil me chauffer la peau. Plus sensible au froid qu’à la chaleur, je suis donc à l’aise malgré la température élevée de ce samedi après-midi. Décidément, toutes les conditions étaient réunies pour passer le plus parfait des week-ends. Et moi, je crois bien que c’est la première fois depuis un bon nombre de semaines que j’accepte enfin de lâcher prise. Je pousse un profond soupir d’aise et, au même moment, j’entends Jack qui sort de sa propre bulle pour rejoindre la maison. Il ne prononce pas un mot, me laissant l’occasion d’émerger tranquillement de cette torpeur si agréable. Je ne sais pas combien de temps on est restés là, allongés pratiquement côte à côte, sans rien se dire. Après trois belles années à s’épanouir pleinement, notre amitié en est arrivée à un stade où l’absence d’échange verbal ne nous met plus du tout mal à l’aise. C’est tout le contraire, car on a désormais assez confiance l’un en l’autre pour ne plus s’embarrasser de discussions qui, dans des situations comme celles-ci, seraient superflues. J’aime me dire que je peux simplement apprécier la présence bienveillante et rassurante de Jack, sans aucune pression, sans aucune obligation. D’ailleurs, à mon sens, cette capacité à se sentir bien ensemble dans le silence le plus total est l’une des preuves les plus irréfutables de la solidité d’une relation, quelle qu’en soit la nature. Je me sens enfin prête à soulever mes paupières sur le ciel bleu de Brisbane. Puis, doucement, je m’installe en position assise. Je suis passée à deux doigts de m’endormir pour de bon. Je soupçonne donc Jack d’avoir senti la chose arriver et d’avoir agi en conséquence avant qu’il ne soit trop tard. Même si le principal intéressé ne peut pas le voir, un sourire reconnaissant étire mes lèvres. La seule et unique fois où j’ai lamentablement ronflé dans son jardin, je lui ai fait promettre de plus jamais me laisser recommencer. Car je fais partie de ces gens qui, s’ils ont le malheur de se laisser happer par le sommeil en pleine journée (ne serait-ce que dix minutes), n’arrivent plus à le retrouver la nuit tombée. Ne m’en déplaise, c’est mon grand frère qui a hérité de tout le potentiel « sieste » de la famille Callahan. Il faut bien que je fasse avec – ou plutôt sans, et mon corps aussi. En attendant que Jack revienne, je tire vers moi sa malle aux trésors, qu’il a sortie à mon intention peu après mon arrivée. Il sait combien j’aime fouiller là-dedans, avide d’en apprendre davantage sur chacun des bibelots qui s’y cachent et sur les histoires qui entourent leur acquisition. Une voix masculine s’échappe par la fenêtre de la cuisine et me demande si j’arrive à trouver mon bonheur. « Visiblement plus que toi ! » Je lui lance avec humour, alors que je l’entends lui-même farfouiller dans ses tiroirs. Soudain, mon regard se pose sur un objet des plus étranges. Et je sais que je ne quitterai pas la maison des Epstein sans avoir appris tous ses secrets. Je le sors du coffre à la seconde où Jack réapparait, plateau entre les mains. « C’est confirmé : tu es le maître ultime des thés de Bayside ! » Je m’exclame en remarquant tous les sachets. « Merci. » J’en attrape un que je n’ai encore jamais eu l’occasion de goûter et le pose dans l’une des deux tasses. J’aime saisir toutes les opportunités qui se présentent pour découvrir de nouvelles choses, même celles qui semblent insignifiantes de prime abord. Puis, sans perdre une seconde, je récupère ma trouvaille et l’exhibe fièrement devant Jack. « Ôte-moi d’un doute : c’est un instrument de musique ? » Je lui demande tout d’abord en haussant un sourcil, impatiente d’en savoir plus. Fini le moment de calme et de silence. Je me mets en tailleur, prête pour le cours. Car maintenant, il est temps pour moi de boire les paroles de cette belle âme bohème que je considère comme un voisin, un professeur mais aussi et surtout, un véritable ami. @Jack Epstein
Dernière édition par Quinn Callahan le Lun 11 Nov 2019 - 17:49, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 3 Nov 2019 - 18:08 | |
| Elle dormait presque. Il avait un sourire aux lèvres, le même qu’il arbore toujours quand Quinn est dans le coin. Simple, si simple avec elle, et bien sûr qu’il s’en amuse, lorsqu’il s’occupe en cuisine, qu’il s’assure de pouvoir revenir chargé comme une mule, et qu’elle le souligne avec le même trait d’amusement qui fait briller ses prunelles au quotidien, quand elle est heureuse, quand elle se moque. « Visiblement plus que toi ! » et il éclate de rire Jack, il ne se formalise pas de la pique, il la voit voler comme les quelques brins d’herbe qui se laissent soulever par la brise australienne, le soleil qui réchauffe leurs joues malgré la météo un peu plus froide vu la saison.
Il se faufile finalement de la cuisine au jardin, évite soigneusement les divers items sur son chemin, pots de fleurs de toutes les couleurs, coussins et couvertures qu’il a lui même rapatriés au cas où ils en auraient besoin. Les après-midis improvisés faisaient partie de ses meilleurs moments, de ces parcelles de temps qu’il chérissait, parce qu’ils lui rappelaient quel était l’essentiel, à quoi il revenait toujours lorsqu’il n’avait pas la pression de la vie de tous les jours qui oppresse ses épaules. « C’est confirmé : tu es le maître ultime des thés de Bayside ! » il pose le plateau entre eux, s’égaie de la voir réfléchir, ne se froisse pas lorsque l'intérêt de la blonde dérive vers son préféré, le seul sachet restant. Il n’est pas égoïste Jack, jamais, il partage tout, il donne tout aussi. Confiance aveugle, prompt à ce que tous ceux qui l’entourent soit heureux, en tous temps, pour toutes les raisons du monde.
Quinn qui s’intéresse maintenant à l’un des instruments qu’il a dégainé. Jack qui prend le temps d’ajouter une cuillère de miel à son thé à la menthe, d’y tremper ses lèvres pour se les brûler avec une tolérance qui en feraient froncer plus d’un. Il n’avait plus de résistance à la chaleur, tout ce qu’il consommait étant toujours trop bouillant pour n’importe qui sauf pour lui. Les habitudes du canadien, le gars qui vivait de neige et de froid, qui prenait toute la chaleur du monde partout où il pouvait la trouver. Même dans une vulgaire tasse de thé. « Ôte-moi d’un doute : c’est un instrument de musique ? » son sourcil se hausse en même temps que celui de la Callahan, il laisse planer le mystère une poignée de secondes à peine, incapable de ne pas être un livre ouvert, incapable de ne pas laisser transparaître tout ce qui se trame en lui au creux de ses prunelles.
« C’est un souvenir d’abord. » qu’il commence, le vieux sage, comme s’il s’agissait d’une histoire complexe, d’un secret parfaitement bien gardé. D’un signe du menton il l’incite à prendre l’instrument comme elle le sentirait naturellement, s’attardant à placer les doigts de Quinn au bon endroit lorsqu’elle aura enfin la valiha entre les paumes. « Ça date d’un show qu’on a fait aux Philippines. » d’un geste doux, patient, il installe le pouce de la blonde, l’index aussi. « J’ai pas pu m’empêcher de faire les brocantes près de l’auberge où on dormait. Et j’ai fini avec une valise pleine de tas de trucs, dont une cithare. » son rire est vif, nostalgique. Il évite bien sûr de parler de la période peu glorieuse à cette même époque où il avait suivi des gars dans un bar crade un peu derrière le market, pour aller y sniffer la poudre blanche qu’ils avaient à lui offrir. Elle est loin l’ère junkie de Jack, et malgré ça, il ne peut qu’y penser, une bribe, à peine. « Tu es déjà allée en Asie? » et voilà qu'il retourne les interrogations, la laissant tester l'instrument d'une note ou de deux.
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| | | | (#)Lun 11 Nov 2019 - 18:19 | |
| Les jambes croisées sur le coussin moelleux, je suis en attente du verdict de Jack. Je continue néanmoins à tourner cet objet mystérieux dans tous les sens, comme si une inspiration soudaine allait me frapper et me révéler tous ses secrets. Dire que je suis incapable de déceler ne serait-ce que sa véritable nature ! Je pense qu’il s’agit d’un instrument de musique puisque c’est ce qui collerait le plus, évidemment. Cela étant, la malle aux trésors de Jack contient de nombreux artefacts et contrairement à ce que l’on pourrait croire, je sais de source sûre que tous n’ont pas vocation à créer des mélodies. Serais-je sur une mauvaise piste ? Mon voisin et ami semble prêt à laisser le doute planer une poignée de secondes encore, alors qu’il s’accorde une première gorgée de thé parfumé au miel. Depuis le temps, je n’ouvre plus des yeux ronds comme des soucoupes quand je le vois faire. On est bien assez proches tous les deux pour que je connaisse son véritable pouvoir : sa résistance à la chaleur. Là où je me serais très certainement brûlée au second degré, lui ne sourcille même pas. Raison pour laquelle j’attends patiemment que la température de ma propre boisson redescende avant de m’offrir le plaisir de la goûter… « C’est un souvenir d’abord. » Je hoche la tête, intriguée. Avec cette simple première phrase, je sais déjà que je ne serais pas déçue du voyage. Mais l’ai-je jamais été avec Jack ? D’un simple geste, il m’invite à tenir ce tube de bois comme je le sens. Je place alors mes mains selon mon inspiration, consciente que je suis sûrement très loin du compte. « Ça date d’un show qu’on a fait aux Philippines. » Je pars avec lui, et je me retrouve bientôt à des milliers de kilomètres de Brisbane. « J’ai pas pu m’empêcher de faire les brocantes près de l’auberge où on dormait. Et j’ai fini avec une valise pleine de tas de trucs, dont une cithare. » Et tout en m’expliquant, il déplace mes doigts avec des gestes infiniment doux pour les positionner au bon endroit. Je ne cache pas mon étonnement. « C’est la première fois que je vois une cithare de cette forme. » Mais ce n’était que la seconde fois que je voyais une cithare, au final. La précédente, c’était aussi en compagnie de Jack. Je lui devais littéralement toutes mes connaissances à ce sujet. Peu sûre de moi, je teste l’instrument et me réjouit des premières notes. « Comment ça s’appelle ? » J’observe les différents dessins, en clair sur le bois sombre. On dirait des divinités. De la nature aussi, représentée par un arbre et ses racines. La connexion à la Terre, sans doute. « C’est vraiment magnifique. » Pas étonnant qu’il ait attiré mon attention, alors que je fouillais parmi des dizaines d’autres objets. Je m’essaie à de nouvelles notes, motivée par les explications du musicien. « Tu es déjà allée en Asie ? » Je détourne mon regard pour le plonger dans celui de Jack. « Oui, mais jamais aux Philippines. Sauf si on considère que deux heures d’escale enfermée dans un aéroport, ça compte. » J’avoue avec un petit sourire contrit. « C’est comment ? Tu y es resté longtemps ? Tu étais dans quelle ville ? » Je ne veux pas lui donner l’impression d’un interrogatoire. Mais il me connait lui aussi. Il sait que j’aime voyager, découvrir de nouveaux pays, de nouvelles cultures, même si je ne le fais pas aussi souvent que je le voudrais. Ma curiosité sert donc un double objectif : en apprendre davantage sur cette fameuse période qu’il a passée là-bas (je suis toujours friande de ses aventures), et qui sait, peut-être aussi m’aider à choisir ma prochaine destination de vacances. Je délaisse donc temporairement la valiha et la dépose délicatement sur la table basse. J’en profite pour attraper ma tasse de thé qui doit maintenant avoir atteint la température parfaite. Lorsque notre pause boisson chaude sera terminée, je demanderai à Jack de me jouer un peu de cette cithare si originale, et je ne serais pas contre un petit cours comme il sait si bien les donner. Transmettre sa passion pour la musique lui met toujours des étoiles dans les yeux, et très franchement, je ne sais pas ce que j’aime le plus entre les voir briller ou apprendre de leur propriétaire… @Jack Epstein
Dernière édition par Quinn Callahan le Ven 6 Déc 2019 - 18:37, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 28 Nov 2019 - 2:48 | |
| « C’est la première fois que je vois une cithare de cette forme. » Quinn qui s'émerveille, Jack qui se surprend à mémoriser chacun de ses traits, de son regard brillant à son sourire intrigué. Il se contente de peu lui, il aime tout, il vit tout. Et à la voir se fasciner pour un instrument qui serait resté bien banal aux yeux de qui que ce soit d'autre qu'eux, Epstein se recale dans ses coussins, la dévore des yeux. Il n'est pas de ceux qui multiplient les mots de trop, il préfère laisser aux choses, au temps, aux gens l'espace de faire leurs propres déductions, se complaisant la plupart du temps dans un silence rassurant. Pourtant, il ne peut s'empêcher de la laisser s'exclamer, de sentir ses lèvres se retrousser en une expression de bonheur, du vrai. Les maigres instants de douceur et d'innocence qu'il a réussi à vivre ici depuis qu'il est arrivé, il les doit en grande partie à Quinn. « Comment ça s’appelle ? C’est vraiment magnifique. » « C’est une valiha. Tout ça, c'est du bambou qu'ils ont taillé à la main. » du bout des doigts, il l'encourage à toucher, à tester, à pincer, à s'amuser aussi. Surtout.
Et il parle de voyage, ou du moins, il l'aborde. Toujours un peu à tâtons, son thé bouillant entre les paumes, il est bien plus à l'aise lorsqu'il parle de musique que de son passé, ayant réussi en la présence de la jeune femme à toujours éluder les mauvaises décisions - nombreuses - qu'il a cumulées dans sa jeunesse. Sans lui cacher quoi que ce soit, il ne se vantera jamais volontairement de ses échecs, il n'assumera jamais vraiment ses erreurs. « Oui, mais jamais aux Philippines. Sauf on considère que deux heures d’escale enfermée dans un aéroport, ça compte. » un fin sourire qu'il reprend au vol, l'imaginant partir à l'aventure à sa façon, s'énumérant des dizaines de raisons et de scénarios qui auraient pu motiver la visite de Quinn dans ce coin de pays. Secret, discret, il n'avance pas de questions intrusives, il scrute son visage pourtant, essayant d'y voir une expression qui trahirait si l'attente l'avait contrit, ou si elle avait apprécié. « T'as été sur leur timezone, t'as respiré leur oxygène, à mes yeux, ça compte. » il joue le jeu Jack, il s'amuse, il se brûle les lèvres à nouveau, il ne ressent plus la chaleur depuis si longtemps.
Viennent les questions qui piquent, qu'il ravale comme son breuvage avant de poser calmement la tasse sur la table basse improvisée, de retrouver les prunelles scintillantes de la Callahan. « C’est comment ? Tu y es resté longtemps ? Tu étais dans quelle ville ? » il inspire doucement, se donne du courage qu'il sait très bien ne pas avoir, qu'il tente d'aller chercher pour elle. Il veut bien faire Jack, il tente vraiment. « On était en plein milieu de tournée, on a à peine pu voir du pays. Je ne me souviens même plus du nom des villes où on s'est arrêtés ; mais y'en a eu beaucoup. 5, ou 8, je sais plus. » ce qui est vrai, épuisant aussi. Les dates des spectacles trop proches, les voyages qui se cumulent, il était essoufflé à l'époque, fatigué à un niveau qu'il niait, la drogue servant d'échappatoire parfait pour ne jamais être confronté à ses limites. C'était une période dans sa vie où son groupe allait vite, fort, et bien. Il avait dû se plier à des horaires inhumains sans profiter de rien sauf des excès. « À un moment, j'ai réussi à me sauver d'une salle où on devait jouer le soir même. » un rire qui glisse, il renchérit la seconde suivante. « C'est là où je suis allée l'acheter du menton, il pointe la cithare qu'elle a fini par laisser de côté au profit de son thé refroidi avant de me perdre dans leurs marchés qui n'en finissaient plus. » il revoit toutes les couleurs, il renifle encore toutes les odeurs, il se remémore tous les sons aussi, les plus agressants comme ceux plus mélodieux.
« Je me suis toujours promis que j'y retournerais. » à son avis, c'était horrible d'être passé par un endroit sur la carte sans en profiter à plein. Éternel émotif, à jamais nostalgique. « Ça se fait, d'ici jusqu'à là-bas en bateau? » qu'il finira par demander, la voix complice, le ton qui pointe inopinément la passion navigation de son amie. |
| | | | (#)Sam 7 Déc 2019 - 14:26 | |
| Je laisse mon regard émerveillé courir sur chaque parcelle de cet objet inédit. Bientôt, la voix de Jack apporte des réponses à toutes mes questions. « C’est une valiha. Tout ça, c'est du bambou qu'ils ont taillé à la main. » Je hoche la tête, satisfaite de constater que sans avoir su percer tous ses secrets, j’avais au moins le bon type de bois. Son nom, exotique, me donne encore plus envie d’aller découvrir les paysages qui marquent ses origines. Quant aux décorations qu’il arbore, je ne suis pas étonnée d’apprendre qu’elles sont faites main. Cela avait dû demander un travail si long et minutieux ! Il faut une patience inébranlable et un savoir-faire certain pour en arriver à un tel résultat. Je me dis que finalement, la valiha ressemble davantage à une œuvre d’art à exposer pour le plaisir de nos yeux, qu’à un instrument de musique voué à régaler nos oreilles. Elle appelle néanmoins à être touchée, expérimentée. Et, guidée par Jack et ses solides connaissances, je me laisse aller à quelques notes timides. Je ne sais pas si cette mélodie improvisée sonne bien ou non. Difficile de juger quand on n'a aucune idée des sons qui doivent sortir de cette cithare bien particulière. Mais cela n’a pas importance. Ni pour moi, ni pour Jack d’ailleurs. Ce qui compte pour lui, c’est de m’apprendre quelque chose. De me mettre face à une nouvelle expérience. En réalité, je crois qu’il s’amuse autant que moi dans des moments comme celui-là. Bientôt, Jack me demande si je suis déjà allée aux Philippines. Bien que cela me brise le cœur, je dois répondre par la négative. Pourtant, c’est ma faute. J’ai beau dire que j’aime les voyages, m’imprégner de nouvelles cultures… Je dois admettre que je ne quitte pas assez souvent mon petit cocon. Je prends l’avion deux fois par an, et qu’une seule pour m’accorder un vrai séjour dans un pays que je ne connais pas encore. L’autre virée est réservée à Las Vegas, la ville qui m’a vue grandir pendant sept ans et où une partie de mes proches vit encore. Je gagne bien ma vie et j’ai un certain nombre de congés à prendre, comme tout le monde. Sans compter que je fais entièrement confiance à mon équipe, au travail. Si je le voulais, je pourrais facilement visiter deux à trois pays dans l’année. Mais pour une raison que j’ai du mal à définir, décrocher trop longtemps m’est difficile. Pour ne pas dire au-dessus de mes forces. « T'as été sur leur timezone, t'as respiré leur oxygène, à mes yeux, ça compte. » J’esquisse un sourire. Son trait d’humour me remonte un peu le moral. C’est mieux que rien, en tout cas. Du moins jusqu’à ce que je sois en mesure de faire autre chose que respirer le même air et apercevoir une zone de quelques kilomètres carrés depuis les baies vitrées de l’aéroport. Finalement, ma seule option pour voyager sans trop bouger de Bayside est encore de me plonger dans les récits de Jack. C’est donc sans aucun scrupule et avec une réelle impatience que je le noie de questions. Je finis par me taire, prête à l’écouter en buvant une gorgée de mon breuvage chaud. Les traits de mon visage passent de la surprise face au nombre de villes dont il a foulé les rues, au rire alors que je l’imagine esquiver un concert pour errer sur des marchés colorés aux parfums enivrants. Et à cet instant précis, je l’envie beaucoup. « Je me suis toujours promis que j'y retournerais. » Je le comprends tellement. Il ne lui a fallu que deux phrases pour me vendre cet endroit. Ce n’est pas tant les mots choisis qui ont fait leur effet, mais la manière dont il s’est exprimé. Et la lueur dans son regard. Comme s’il revivait chaque souvenir agréable de ce voyage tout en me racontant. « Ça se fait, d'ici jusqu'à là-bas en bateau? » « Tu sais, tout se fait par les océans. Ça demande juste un peu plus de préparation que réserver un billet d’avion. » Je lui rends son sourire complice. Peut-être n’est-il pas sérieux mais en ce qui me concerne, l’idée me plaît. Beaucoup. J’ai toujours voyagé seule. Je me dis que cela peut faire partie des raisons qui me retiennent, aussi. Et si, sans même en avoir conscience, je me bloquais en me servant du travail comme excuse, le temps de rencontrer la personne avec qui partager toutes ses belles découvertes ? Partir avec un 'simple' ami, Jack ou un(e) autre, ne m’a jamais traversé l’esprit. Je réalise aujourd’hui à quel point c’est dommage. « Je crois pouvoir dire que j’ai dépassé le stade de novice en musique grâce à toi. Il serait grand temps que je te renvoie l’ascenseur. Une expédition en mer jusqu’au Philippines serait parfaite pour te montrer les bases de la navigation. » Et parce que ce périple ne se ferait pas qu’à deux, je finis par ajouter. « Tu penses qu’Elie pourrait apprécier l’aventure ? » Je suis consciente que je viens certainement de rendre la chose beaucoup plus tangible qu’elle ne l’était dans l’esprit de Jack. Surtout s’il se contentait de plaisanter. Mais j’espère qu’il ne s’en étonnera pas outre mesure, car après tout, pourquoi pas ? Qu’est-ce qui nous retient de sauter le pas l’été prochain ou dans deux ans, autre que la nécessité d’accorder nos emplois du temps ? Soudain, je me sens bien moins frileuse face à la perspective de laisser le CMS et la fondation derrière moi pendant quelques semaines. Comme quoi, parfois, il suffit juste d’un petit coup de pouce… @Jack Epstein |
| | | | (#)Dim 8 Déc 2019 - 20:59 | |
| Les voyages qu'il relate, il a le coeur heureux un instant Jack. Parce que ça ne remonte pas que de mauvais souvenirs, parce qu'il a vu une bonne partie du globe et qu'à chaque moment, il arrive à y associer de bons souvenirs. Bien sûr qu'il fait attention à ce qu'il mentionne, toujours un peu soucieux d'offrir le meilleur de lui-même à Quinn, toujours un peu inquiet qu'elle use de son attention sans bornes pour en découvrir un peu trop sur lui, un peu trop sur ses démons enfouis. « Tu sais, tout se fait par les océans. Ça demande juste un peu plus de préparation que réserver un billet d’avion. » il s'est aventuré dans un potentiel plan le coeur léger, sachant que peu importe l'issue de la discussion, ça lui aura permis de rêver. « Faudra que je m'enture des bonnes personnes pour planifier tout ça, alors. » la vérité étant qu'il ne planifiait presque jamais rien Epstein. Depuis l'arrivée officielle d'Ellie dans sa vie, il faisait un effort supplémentaire, mais de base, c'était un gars sans attache, sans risque de. Du genre à tout quitter un matin simplement pour le plaisir de pouvoir le faire. À répétitions jadis il avait osé, puis avec le temps, les responsabilités l'avaient calmé.
« Je crois pouvoir dire que j’ai dépassé le stade de novice en musique grâce à toi. Il serait grand temps que je te renvoie l’ascenseur. Une expédition en mer jusqu’au Philippines serait parfaite pour te montrer les bases de la navigation. » son sourcil se hausse de malice, il mime presque l'air taquin qu'elle a, et elle est belle Quinn, il ne le lui dit pas assez. Il ne lui dit pas comment elle rayonne quand elle a une nouvelle idée, il ne lui dit pas à quel point il admire la lumière qui brille de chaque pore de sa peau quand elle s'emballe, quand elle est curieuse, quand elle rêve à voix haute. Il est bien loin de le faire avec des idées derrière la tête, il est bien loin de vouloir le lui dire pour lancer un flirt éphémère qui ne vaudrait pas la relation qu'ils entretiennent tous les deux, la simplicité qu'ils ont su trouver dans une relation sans ambiguïté. Et sa tête que Jack secoue, ses idées qu'il rattrape, son retour à eux deux et au jardin gorgé de soleil qu'il reprend. « Je t'ai déjà dit que mon père avait un bateau? » le thé qu'il boit un peu, l'histoire qu'il semble sortir de nulle part mais qui ne fait que réitérer son intérêt envers l'idée lancée au vol, rattrapée par la belle. « Un voilier. J'adorais quand on y passait nos journées. Mais il ne m'a jamais appris à le piloter - il l'a eu pendant des années ; ma famille l'a vendu un peu après qu'il nous ait quittés. »
Sa façon à lui d'accepter, sa façon à lui de placer les bases, de dévoiler l'une de ses nombreuses motivations. « Tu penses qu’Elie pourrait apprécier l’aventure ? » « Oui, je crois oui. Elle aime l'aventure en général, ça aide. » un fin sourire qu'il reprend, imaginant sa fille apprendre à faire de la voile, à conduire un bateau, imaginant sa fille tout court découvrir un nouveau hobby peut-être, une nouvelle lubie. « Elle a jamais pu naviguer avec son grand-père, il avait déjà remisé le voilier quand elle est née. » et il a aussi coupé presque toute communication autre que pour des banalités, futilités avec lui. Information qu'il omet d'ajouter avant de replonger son regard intrigué dans celui de Quinn pour la suite. « T'as appris à naviguer à quel âge? » il envoie valser les politesses lui sommant de ne pas demander l'âge, il se moque des banalités quand il est à l'aise avec elle, depuis toujours. Et mine de rien, sans qu'il ne le réalise lui-même, il pense déjà à tout ce qu'il voudrait lui montrer, à Quinn, s'ils vont aux Philippines. Rectification : lorsqu'ils iront aux Philippines.
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| | | | (#)Mer 18 Déc 2019 - 19:37 | |
| Le moindre détail de cette journée ensoleillée appelle à la détente et aux échanges insouciants. Notes de musique exotiques, récit d’un passé rempli de découvertes à la faveur d’une boisson chaude partagée entre amis, regards et sourires complices. Le tout sur le meilleur fond sonore au monde : le roulement calme des vagues en contrebas. Je savoure chaque minute de cet instant suspendu, le laissant m’envelopper toute entière, bien loin de la terreur causée par John et ses cachets oubliés, bien loin de Caelan, de Jasper, et de la contre-expertise qui causera peut-être notre perte à tous d’ici la fin de l’année. Je me sens bien ici, aux côtés de Jack, à rêver d’un voyage en commun, d’un ailleurs fait d’aventures que nous pourrions vivre ensemble. Lui, sa fille et moi. « Faudra que je m'entoure des bonnes personnes pour planifier tout ça, alors. » Et mon regard intense transperce le sien, cherchant à déceler le sérieux dans ses mots. « Loin de moi l’idée d’influencer ton choix, mais quelqu’un qui sait apprivoiser les eaux me semble une excellente option. » Je lui réponds d’un ton léger, doté d’une pointe de malice. Je lui propose donc ma propre candidature, avide de savoir s’il envisage vraiment cette traversée jusqu’aux terres où il s’était juré de retourner un jour. Ou ailleurs. N’est-ce pas le chemin qui compte, plus encore que la destination ? Jack finit par m’apprendre un élément de son passé qui me laisse d’abord sans voix. « Je t'ai déjà dit que mon père avait un bateau? » Je profite du silence imposé par sa gorgée de thé pour répondre dans un souffle, ne cherchant aucunement à dissimuler ma surprise. L’incitant plutôt à se dévoiler davantage. « Non, jamais. » Ce qu’il fait volontiers. « Un voilier. J'adorais quand on y passait nos journées. Mais il ne m'a jamais appris à le piloter – il l'a eu pendant des années ; ma famille l'a vendu un peu après qu'il nous ait quittés. » Coup au cœur soudain. Je sais que son père n’est plus de ce monde, mais le reste m’était inconnu, du moins jusque-là. Et je laisse mon esprit vagabonder, imaginant le petit Jack heureux sur le bateau de son enfance. Je reviens au présent et réalise que son choix de mots n’est sans doute pas anodin. C’est sa famille qui a choisi de s’en séparer. Jack ne s’est pas inclus dans cette décision. En aurait-il pris une autre s’il avait pu donner son avis ? Mon instinct m’assure que oui. « Est-ce que tu aurais ce voilier en photo ? Je suis curieuse de voir à quoi il ressemblait. »Je suis maintenant persuadée que les Philippines vont bien au-delà d’une simple conversation entre amis. C’est devenu un vrai projet, qui permettrait à Jack de renouer avec le jeune garçon en lui. Avec les souvenirs de son père. Une question s’impose alors : Ellie serait-elle prête pour un tel périple ? « Oui, je crois oui. Elle aime l'aventure en général, ça aide. » Je hoche la tête, satisfaite. Peut-être que cela nous donnerait aussi l’occasion de nous rapprocher un peu, qui sait ? « Elle a jamais pu naviguer avec son grand-père, il avait déjà remisé le voilier quand elle est née. » Et je sens dans la voix de Jack qu’il s’agit là d’un grand regret. Il aurait voulu que sa fille connaisse ces sensations incroyables et uniques, main dans la main avec son grand-père. Une génération après l’autre… J’esquisse un sourire compréhensif, presque nostalgique, alors que je partage l’émotion du musicien. Il n’y a rien à ajouter. On ne peut pas faire revenir ceux qui sont partis, peu importe combien on le souhaite. « T'as appris à naviguer à quel âge? » Cette fois, mes lèvres s’étirent un peu plus et témoignent d’une réponse à venir pleine de passion. « En toute franchise, je ne m’en souviens pas. Je suis née ici. L’océan et son univers ont toujours fait partie de ma vie. C’est mon grand-père maternel qui m’a initiée. Il m’a tout appris. J’ai su tenir une barre avant même de marcher. Avec un peu d’aide, bien sûr. » J’ajoute, amusée, laissant mes pensées m’entraîner de nouveau vers cette époque lointaine faite de joie, de rires, et d’une complicité exceptionnelle. Ses yeux plongés dans les miens, Jack m’écoute avec attention, me détaille comme s’il me voyait pour la première fois. A mon tour de briller de mille feux, alors que j’évoque la seule et unique chose pour laquelle je me lève chaque matin. Car la mer m’est aussi précieuse que la musique est indispensable à Jack. Je peux lire sur les traits de ce dernier une vive émotion à me voir m’enflammer à chaque mot. Celle-là même que j’ai ressentie tout à l’heure chez lui face à la valiha. La manière dont il me regarde me transporte. Et je me dis que j’ai eu une chance inouïe le jour où les Epstein ont décidé d’emménager en face de chez moi. Je fais tourner la tasse désormais pratiquement vide entre mes doigts. Je sais que cette âme bohème que j’ai appris à découvrir et à aimer au fil du temps est du genre à ne pas faire de plans, à ne rien décider en avance, à suivre ses envies. Mais je ressens un besoin presque irrépressible de partager ce qui me brûle les lèvres. « Hey, Jack ? Tu te plais vraiment à Brisbane ? » Je fronce légèrement les sourcils avant de préciser. « Je veux dire : plus tard, quand ta fille volera de ses propres ailes, tu te vois encore ici ? » J’imagine que cette question lui semble sortie de nulle part. Ce n’est pas comme s’il pouvait suivre le cheminement de mes pensées, quand bien même il est l’une des rares personnes capables d’en deviner un certain nombre derrière mes silences… ou mes non-dits. @Jack Epstein |
| | | | (#)Ven 3 Jan 2020 - 5:10 | |
| « Est-ce que tu aurais ce voilier en photo ? Je suis curieuse de voir à quoi il ressemblait. » il l'a mémorisé, par coeur. Il n'a pas besoin de photos Jack, quand il ferme les yeux, quand il entend à nouveau les flots se casser sur la coque comme s'il y était toujours. Il ressent l'air salin sur ses joues, le soleil pareil, le froid parfois. Il se souvient d'où se trouvait chaque mécanisme, il se rappelle des pas qu'il faisait d'un bout à l'autre du navire pour y actionner les parties qu'on lui avait déléguées, l'un des seuls rôles dans sa vie qu'il avait pris autant au sérieux, qu'il n'avait pas laissé au hasard. « À quelque part dans les boîtes au grenier, oui. » avec des tas d'autres souvenirs qui lui rappelleront le Canada, qui lui rappelleront sa famille, qui lui rappelleront sa vie d'avant. Jude. Son coeur se serre mais il le montre à peine, son thé qui encore une fois sert de barricade à un sourire absent le temps d'une gorgée. Mais il n'aime pas donner l'impression qu'il ne lui fait pas confiance à Quinn, pas assez pour lui parler de ce volet de son passé, pour parler de celle qu'il a aimée tant qu'il en a encore mal. « Si t'es prête à braver la poussière et les toiles d'araignées, on ira voir tout à l'heure. » alors il lui ouvre cette porte-là en plus de toutes les autres qu'elle a pu faire céder, par la simple douceur de son caractère. Par la personne incroyablement rayonnante qu'elle est, tout simplement.
De ses souvenirs à lui ils passent à ceux de la blonde. Jack se replace, pose maintenant sa vieille guitare préférée sur ses genoux pour en gratter quelques cordes, mélodie aléatoire d'une note et de deux autres qui formeront la trame sonore de cette conversation emplie de nostalgie. « En toute franchise, je ne m’en souviens pas. Je suis née ici. L’océan et son univers ont toujours fait partie de ma vie. C’est mon grand-père maternel qui m’a initiée. Il m’a tout appris. J’ai su tenir une barre avant même de marcher. Avec un peu d’aide, bien sûr. » il note les rictus aux différents passages, il sourit en imaginant la jeune fillette qu'elle devait être à l'époque, la tête pleine de rêves le regard brillant. « C'est quoi, ton tout premier souvenir sur ce bateau? » s'entendra-t-il demander, curieux, l'intérêt qu'il ponctue d'un solo improvisé qu'il aura oublié la seconde d'après tant il est attentif à la suite du récit de celle qu'il considère comme l'une de ses plus proches amies.
L'après-midi passe sans que même eux s'en rendent compte, tant la vie est simple, tant le flot est naturel lorsqu'ils se réunissent même pour le plus impromptu des rendez-vous. « Hey, Jack ? Tu te plais vraiment à Brisbane ? » elle s'est perdue dans ses pensées pour s'y rattraper avec une question qu'il se pose rarement, simplement incertain encore jusqu'à maintenant de la réponse qu'il aurait à une telle interrogation. « Je veux dire : plus tard, quand ta fille volera de ses propres ailes, tu te vois encore ici ? » il inspire, il laisse les mots monter, il ne contrôle pas, aucun besoin de filtre avec elle, surtout pour ces choses-là. « Oui, et non. » son honnêteté est sans faille, il se replace sur les coussins, ses doigts grattant l'instrument qu'il n'a pas lâché, beaucoup plus lentement que lorsqu'elle avait le monopole d'une conversation au voile d'un passé rêveur.
« J'ai de la famille ici, des amis, le studio. » il énumère les arguments pour comme un homme bien dressé, comme l'adulte responsable qu'il devrait être à son âge, loin de l'ours mal léché qu'il assumait être devenu. Mais Quinn ne sera pas dupe, verra probablement même dès le moment furtif où il cède un sourire en coin commencer à orner les lèvres du musicien. Il assume enfin l'évidence. « Mais il fait trop chaud. » le canadien pur souche qui ressort, elle ne s'en étonnera pas, elle l'imaginera sûrement râler d'un Noël sans neige, d'un hiver sans lainages qui n'en finissent plus. « Et le monde est grand surtout. » meilleure justification à ses yeux, celle de découvrir, celle de bouger, celle d'être le même qu'on lui a reproché, alors qu'il a décidé de tout plaquer adolescent pour sillonner son pays sans un sous en poche. « Tu viendrais prendre le thé chez moi même si j'habite à l'autre bout de la planète? » |
| | | | (#)Sam 25 Jan 2020 - 11:10 | |
| Je me sens plus sereine que jamais, comme transportée dans une bulle de douceur, voguant au gré de notre conversation. Mais plutôt que de nous déplacer dans l’espace, nous sommes sur la ligne du temps. Je savoure chacun de nos arrêts avec la même intensité. Le présent, son jardin au calme et son thé délicieux. Le futur, ses projets de voyage en commun et ses promesses de découvertes. Puis le passé, ses moments extraordinaires dont on se souvient avec affection, parce qu’ils ont forgé les adultes que nous sommes aujourd’hui. J’écoute mon voisin et ami évoquer ses premiers instants sur un bateau, curieuse de chaque détail et m’amusant à imaginer sa petite frimousse braver les vagues et le vent. Afin de m’en faire une idée plus précise, je demande à Jack s’il aurait une photo de ce voilier familial. « À quelque part dans les boîtes au grenier, oui. Si t'es prête à braver la poussière et les toiles d'araignées, on ira voir tout à l'heure. » « Tant que tu restes près de moi pour me protéger d’une éventuelle attaque… Ce sera avec plaisir. » J’esquisse un sourire en coin, mais il sait que je suis sérieuse. Il a conscience de mon aversion (ma phobie, véritablement) pour ces bestioles depuis que je l’ai appelé à la rescousse un soir tard, peu après notre rencontre. Sans son aide précieuse, j’aurais passé la nuit debout, tétanisée par une grosse indésirable noire et velue ayant élu domicile dans ma salle de bains. Le comble pour une Australienne de pure souche. C’est bientôt mon tour de me replonger dans l’enfance. Je me remémore, sous le regard attentif de Jack, cette étincelle qui a su animer le feu de ma passion actuelle pour les océans. Qui sait ce que je serais devenue sans mon grand-père maternel ? Sans ses promenades dominicales vouées à me faire découvrir l’univers caché sous la surface ? Aurais-je fait les mêmes études ? Choisi la même voie professionnelle ? « C'est quoi, ton tout premier souvenir sur ce bateau? » Je réponds du tac-au-tac, l’air taquin. « Honnêtement ? Le mal de mer de mon père. » Je le revois blanc comme un linge et luttant corps et âme contre son malaise. Il savait qu’il ne serait pas bien, mais ça ne l’empêchait pas de nous accompagner régulièrement, prêt à faire cet effort pour être le témoin des étoiles dans les yeux de sa fille. « Je crois que ça m’est resté malgré tout le reste parce que j’ai eu peur. » J’avoue en fronçant les sourcils, reprenant un peu de sérieux. « A cette époque, j’ai vu mon père comme la preuve que nous ne sommes pas tous faits pour naviguer. Et j’ai eu peur de lui ressembler sur ce point. Que mon amour pour l’océan ne soit qu’à sens unique… » Ce qui, fort heureusement, ne fut pas le cas. Je laisse mon attention flâner alentours, sur le ciel sans nuage, la masse d’eau en contrebas, les frondaisons de la forêt un peu plus loin sur les hauteurs de Bayside. Avec Jack, ici et maintenant, tout est si simple, si calme et rassurant. Le soleil continue sa course, déclinant un peu plus chaque minute, alors qu’un agréable silence s’installe. Je baisse les paupières et me laisse aller avant qu’une question, sortie de nulle part, me traverse l’esprit. Est-ce parce que Jack et moi venons de discuter du temps qui passe ? Sans doute. Après être retournés si loin dans le passé, j’ai envie de savoir ce que notre avenir, plus ou moins lointain lui aussi, nous réserve. Je formule ces mots à voix haute après avoir plongé mon regard dans celui du musicien. « Oui, et non. » Une expression amusée étire mes traits. Quelque part, je n’en attendais pas moins d’un homme tel que lui, qui préfère l’inattendu aux plans bien établis. « J'ai de la famille ici, des amis, le studio. » Il s’octroie une très courte pause et je peux voir la malice s’installer dans ses yeux. « Mais il fait trop chaud. » J’acquiesce en échappant un rire. Il est vrai que les conditions météo de Brisbane sont à l’opposé de celles de son Canada natal. Je peux le comprendre. J’ai moi aussi eu le mal du pays durant plusieurs années. « Et le monde est grand surtout. » Oui, le monde est grand. Et c’est sans doute la raison pour laquelle je risque de le voir faire ses valises un beau jour. Pas pour retourner au Canada, non. En tout cas pas pour emménager de nouveau là-bas. Quand il s’en ira, ce sera pour découvrir les nombreux pays qu’il n’a pas encore eu l’occasion de fouler. Car Jack a le voyage dans le sang. Et lorsque sa fille volera de ses propres ailes, il retournera à cette vie faite d’aventures uniques et magnifiques. Celle pour laquelle il est né. Alors que je garde le silence, tendrement bercée par sa musique, sa voix s’élève à nouveau. « Tu viendrais prendre le thé chez moi même si j'habite à l'autre bout de la planète? » Je crois que mon sourire chaleureux et mon regard rayonnant lui donnent déjà un bel aperçu de la réponse. « Evidemment, Jack. » Je tends le bras et pose ma main sur la sienne avant d’ajouter, désireuse de taire le moindre de ses doutes potentiels. « Toujours. »Je me redresse finalement, quittant le moelleux du coussin, et lui lance un coup d’œil espiègle. « Es-tu prêt à jouer les preux chevaliers contre les vilains monstres à huit pattes ? » Parce que moi, je suis prête. Pas pour les araignées, bien sûr. Je suis prête à plonger encore un peu plus dans le passé de mon ami, à mieux le connaître. Reconnaissante qu’il accepte d’abaisser une nouvelle barrière, avant de me prendre la main et me laisser rejoindre l’autre côté. ----- RP TERMINE ----- @Jack Epstein |
| | | | | | | | even after all this ends can we pretend? ▲ quinn & jack |
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