C’est aujourd’hui le grand jour : Owen avait fait le ménage pour l’occasion. Il recevait la nouvelle jeune femme qui allait occuper la chambre qu’il sous louait chez lui. Il ne savait pas trop s’il devait parler de colocation ou non mais peu importe, il avait un nouvel habitant dans son appartement et forcément, c’était toujours un peu spécial pour lui. Il espérait que cette fois, cette Jill puisse s’y plaire pour de bon et y trouver sa place. Après Tess, elle était la deuxième personne qui occuperait cette chambre. Il avait faillit avoir un autre occupant mais celui-ci n’avait plus donné suite après sa première visite, pourtant le courant était bien passé avec Owen mais il lui avait dit avoir trouvé une autre solution finalement, pas de problème pour le prêtre, il s’était montré patient le temps que quelqu’un se montre à nouveau intéressé. Et ce quelqu’un était Jillian McGrath. Il l’attendait donc patiemment cette jeune femme qui débarquait aujourd’hui sans être venu visiter l’appartement, visiblement les photos que le prêtre lui avait envoyé avait été suffisante. Il entendit frapper à la porte, il lui avait donné le numéro du code de la porte en bas pour qu’elle puisse arriver directement. « Owen ? C'est Jill ! » il ouvrit la porte aussitôt, souriant. « Salut ! Comment tu vas ? ». elle avait l’air d’être une vraie pile electrique sur patte. « Enchanté de faire ta connaissance, enfin ! » il regarda tous ces sacs à ses pieds, comment avait-elle fait pour les porter seule ? « Je suis épuisée ! » il comprenait bien. « Personne pour te donner un coup de main ? » heureusement qu’il s’était montré disponible si besoin. « J'étais déjà en coloc avant de devoir squatter chez ma famille et des amis pendant plus d'un mois, elle m'a lâché sans donner aucunes nouvelles, et je me suis faite virer ! Alors j'espère que toi t'es un coloc fiable ! » Une bonne nouvelle : elle a déjà fait de la colocation et connait un peu les code de celle-ci. Moins bonne nouvelle : elle s’est fait virer. Point à éclaircir… « J’espère l’être. Viré à quel propos ? » il préférait mettre les pieds dans le plat tout de suite, laissant quand même la jeune femme reprendre ses esprits. « Bon alors, où est ma chambre ? ». il hocha la tête, poussa la porte qui se trouvait juste derrière lui. « Tu pourras en faire ce que tu veux, si tu veux repeindre en noir, en bleu ou en rose, tu fais c’que tu veux. » il se décala alors pour la laisser y voir plus clair. « tu veux boire quelques choses? t’as d’autres affaires ? » il y avait déjà un lit dans la chambre, mais à part ça, pas grand-chose si ce n’est le placard aménagé et une chaise qui trainait par là. « y a des trucs dont t’as besoin ? »

Owen qui s’étonne de voir ce petit bout de femme débarquer seule avec ses sacs en pagailles. Il espère au moins qu’elle a pas traversé tout Brisbane avec ses sacs, en transport en commun. Peut être que quelqu’un est en voiture en bas et qu’il cherche à se garer à proximité pour les retrouver avec le reste de ses affaires. « Je suis pas du genre à demander de l'aide, et regarde ! J'ai réussi à me débrouiller toute seule ! »   donc il y avait personne en bas, il y avait personne qui l’aiderait et elle avait avec elle que ces quelques sacs. Owen s’empressa alors à la débarrasser de quelques bagages pour lui alléger la charge. Il referme la porte derrière eux et dépose ses affaires là où il y a de la place.
La jeune femme semble être quelqu’un de franc et direct et elle allait sans doute bousculer un peu le quotidien du prêtre. Il voyait déjà la différence avec Tess qui était quelqu’un de très posée et discrète. Deux personnes bien différentes dans un premier abord, en tout cas. Mais ça ne faisait pas peur à Owen, pour le moment. Il veut juste savoir pourquoi elle s’était fait jeter dehors par son ancien propriétaire, histoire de voir si le même schéma pouvait se reproduire avec lui. « Viré parce que j'avais pas les moyens de payer l'intégralité du loyer quand ma coloc a disparu sans laisser de traces et sans plus jamais donner de nouvelles. Donc ça fait quelques mois que je crèche chez des amis ou ma famille. » il comprenait mieux et il pouvait alors se montrer rassurant envers la jeune femme. « T’as pas de soucis à te faire, j’ai pas l’intention de partir d’ici. L’idée de mettre cette chambre en location, c’est juste pour mettre du beurre dans mes épinards, arrondir les fins de mois. J’peux m’en sortir seul mais c’est toujours un peu juste. Là-dessus, on y trouvera notre compte tous les deux. »
Owen reprit quelques sacs de la jeune brune pour les mettre à l’intérieure de sa chambre maintenant qu’il lui avait montré où elle dormirait à présent. « Elle est très bien comme ça » Le prêtre n’avait alors rien à ajouter, ravi de savoir que ça plaisait à la jeune femme, peut être par flemme aussi de s’attaquer à un rafraîchissement des murs. « Je veux bien un café ! Il va falloir qu'on fasse le tour de l'appart pour que tu puisses m'expliquer ou trouver le nécessaire de survie ! » il hoche la tête se dirigeant alors vers la cuisine. « Machine à café, c’est une nescafé. Faut les dosettes, celle de Georges Clooney. » Le prêtre était un grand amateur de café il devait avouer que ça lui revenait quand même assez cher d’acheter ces dosettes là, mais il les appréciait particulièrement. «Les appareils électroménagers sont assez récent, l’ancienne locataire les avait ramené quand elle s’est installé et finalement, elle est partie en laissant tout ici. » frigo, lave-vaisselle et four, tout était presque neuf sans qu’Owen n’a eu à dépenser un centime. « Ce placard là est vide, il est à toi. C’est pour y mettre c’que tu veux, dans les autres tu trouves les couverts, les ustensiles de cuisine. T’aime cuisiner ? » le prêtre lui était un grand amateur de bonne bouffe, il se débrouillait pour cuisiner mais c’était pas toujours réussi. « Qu’est ce que t’appelle le nécessaire de survie d’ailleurs ? »

Owen est clair, c’est chez lui avant tout ici, pas question pour lui de quitter les lieux sauf si cas d’extreme urgence, il fini par ne plus du tout s’entendre avec sa nouvelle colocataire et celle-ci refusant de quitter les lieux, il sera bien obligé de partir. Mais ce n’était pas la peine de voir le scenario catastrophe arrivé, Owen n’était pas de ce genre. C’est peut-être pour cette raison qu’il prenait toujours violement chaque drame de sa vie, trop violement d’ailleurs.  « C'est super, je compte pas changer d'appartement tout de suite non plus. Et je paye toujours, c'est possible que des fois, je sois en retard, mais je paye toujours. » il prend note, au moins, elle est honnête et tant qu’elle lui faisait pas le coup tous les mois où qu’elle faisait pas exprès d’oublier de payer, c’était okay pour lui, il pouvait aussi comprendre que c’était pas toujours simple. « J’apprécie ta sincérité. » un bon point pour elle en tout cas.
Il met la machine à café en route, en profite alors pour faire une démonstration à la jeune femme pour lui montrer comment l’utiliser, au cas où elle n’avait pas eu l’occasion de pratiquer la Nespresso. Une fois le café coulé et sa tasse bien chaude, le prêtre lui tendis avant de s’en faire un à son tour. Jill semblait être comblée par l’appartement et si elle s’y sentait bien, c’était bon pour Owen aussi. Qu’elle ne soit pas là par contrainte, c’était un avantage pour tous les deux et surtout pour leur colocation. « On fait des courses communes ou chacun ses repas ? Parce qu'apparemment il m'arrive d'être une assez bonne cuisinière ! » et un argument qui faisait sourire le prêtre à son tour. « Avec l’ancienne coloc, on avait tendance à faire ses courses chacun de son côté et de temps en temps on partageait les repas. Ca dépend des emplois du temps de chacun, faut pas avoir de contrainte ou se sentir de manger ensemble comme une famille. » même si ces moments là pouvaient être importants et intéressant pour créer du lien : la bouffe c’est quand même très fédérateurs. « J’suis pas un grand cuisto mais il parait que j’fais bien la sauce bolognaise et le risoto aux vin blanc et champignon ! » faut bien qu’il ai aussi quelques arguments à son tour. « La machine à café est un indispensable pour survivre je pense ! Après tout me semble très bien, je devrais réussir à survivre ici ! » alors le contrat était rempli, machin à café présente et testé à présent. « J’vais te laisser prendre tes marques, si tu trouves qu’il manque un truc, hésite pas à m’le dire ! Si ca te va, on j’veux bien acheter le petit materiel pour la cuisine par exemple, mais si on s’rend compte qu’on a besoin de plus gros, on partage en deux. »

Owen explique rapidement le fonctionnement de l’ancienne colocation, avec Zoé et ça semble convenir à Jill comme ça. Ses horaires ne lui permettent pas de partager tous ses repas avec Owen et c’est pas très grave. Ils ne forment pas un couple mais vivent sous le même toit car tous les deux ont besoin d’un peu plus d’argent à la fin du mois. Si l’entente est là bien sûre que c’est mieux, mais rien ne les oblige à tout partager ensemble. Owen avait un bon feeling et sentait que ça se passerait bien.
Il avait déjà reçu la visite d’autres candidats à la chambre avec qui le courant n’était pas du tout passé, il n’avait pas hésité à refuser. Il avait aussi eu la candidature d’un des paroissiens qui se rend dans son église assez régulièrement et pour le coup le prêtre ne s’était pas senti à l’aise d’accepter. Si le jeune homme était tout à fait aimable, généreux et tout ce qu’on veut comme adjectifs positif, ce n’était pas pour autant qu’il voulait partager son quotidien avec lui. Le prêtre préférait quelqu’un qui ne soit pas croyant en réalité ou alors qui ne fréquentait pas l’église de Redcliff, histoire de ne pas tout mélanger.
« Je veux absolument goûter à ça ! » le prêtre souri et prend note de préparer à la fois des spaghetti bolognaise à la demoiselle et un risoto pour une prochaine fois. D’ailleurs, il devait avoir ce qu’il faut sous la main pour la sauce à la tomate pour ce soir. Comme ça Jill n’avait qu’à défaire tranquillement ses affaires et une fois terminée, elle n’avait plus qu’à poser les pieds sous la table. « J’suis sûre qu’on peut s’arranger. » il lui lance un clin d’œil, déjà entrain de réfléchir s’il ne manquait aucun ingrédient sous la main, normalement, il y avait tout.
« Je vais regarder tout ça, mais j'ai l'impression que tu as tout ce qui faut ! Tu as mon numéro du coup, donc si tu veux me voir ou me parler hésites pas ! Je pense que je vais ranger mes sacs et aller faire quelques courses maintenant que je suis moins chargée ! » le prêtre hoche la tête, la laissant alors vaquer à ses occupations, pendant ce temps, il allait enfiler son tablier de cuisinier et faire à manger pour le soir. « Cet appart est vraiment parfait ! » il en était ravi et satisfait d’avoir l’impression d’avoir trouver une personne fiable et qui en plus, se sentait bien chez lui. « On s’retrouve pour manger si tu veux, ce soir, c’est moi qui régale. Bienvenue chez toi ! et si t'as besoin d'un coup de main, j'suis là !»