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Jailey #5

On avait besoin de s’enfermer dans notre bulle un instant. On avait besoin de se parler à cœur ouvert une bonne fois pour toute. Il y aura encore des choses à se dire, j’en suis certain, mais pour l’instant, on voudrait profiter de notre soirée. Je sais que Jill n’aime pas les longues conversations, ce n’est pas son truc et je ne veux pas la forcer. On va prendre les choses doucement, petit à petit. Cela ne sert à rien de se précipiter alors que j’ai attendu ce moment depuis si longtemps. Je veux juste profiter de cette soirée en sa compagnie maintenant que je suis bien moins stressé. Elle m’a fait peur avec son message, mais je ne peux clairement pas lui en vouloir avec tout ce qui viens de se passer. Alors, on se retrouve aussi au bar et bien entendu Jill se moque de moi. Je lève les yeux au ciel et bois une gorgée de ma bière. Je veux plus voir de whisky pendant un moment et je suis persuadé que je vais entendre parler de ma dernière cuite pendant un moment justement. Jill va se faire plaisir, je la connais. Et comme pour continuer à me taquiner, elle me demande d’aller chanter quelque chose sur scène. Elle l’a fait et selon les règles de la McGrath, je dois y aller à mon tour pour égaliser. C’est timidement que je finis par me lancer et que je chante une de mes dernières créations. Sans réellement m’en rendre compte, je viens de faire ce qui me terrorisait tellement depuis un moment. J’ai chanté devant des inconnus. Certes le bar est à moitié vide et je suis persuadé que personne n’a réellement écouter ce que je faisais même si quelques-uns ont applaudis. Mais je l’ai fait. Je suis fier de moi, mais bien entendu, il ne faut pas longtemps pour que je recommence à me dénigrer ce qui énerve ma compagne. « Arrête de faire ça, arrête de toujours dénigrer ce que tu fais. C'était magnifique, c'est tout, fais-moi confiance. Tu devrais enregistrer cette chanson. » Je ne peux réprimer un rire quelque peu nerveux. « Tu devrais avoir l’habitude depuis le temps. » Je hausse les épaules en souriant. Je passe mon temps à me dénigrer depuis que j’ai seize ans et c'est clairement pas prêt de changer. C’est tout simplement plus fort que moi. Et bien entendu, je m’en veux immédiatement d’être comme cela, mais je ne dis rien. C’est probablement quelque chose dont on devra parler avec Jill, mais pas ce soir. Elle veut qu’on aille chanter ensemble et je ne me fais pas prier pour changer de sujet. Une nouvelle fois au piano, je me mets à jouer une mélodie que Jill finis par reconnaître et c’est en souriant qu’on se met à chanter cette chanson que l’on avait composer ensemble il y a de cela quelques années. On se perd à nouveau dans notre bulle et c’est tout ce dont j’avais besoin.

Mais Jill à la bougeotte, elle ne sait pas rester en place et après notre chanson, elle m’entraîne de suite à l’extérieur du bar. « J'ai envie de rester seule avec toi jusqu'à la fin de cette longue nuit ! » Je ne vais pas lui dire non alors qu’elle me tire par la main pour m’embarquer dans la rue et me propose d’aller se poser près de l’eau. « Avec plaisir. » Je garde sa main dans la mienne et je me sens apaisé. On se balade pendant plusieurs minutes sans rien dire, juste en profitant de la présence de l’autre. Les rues de Brisbane sont relativement calmes et de nouveau, on est dans notre bulle. Je me perds dans mes pensées pendant de longues minutes avant de tourner la tête vers Jill. « Tu… Tu crois que ça va durer ? » C’est plus fort que moi, je suis obligé de me poser un million de questions à la minute. « Enfin... Non désolé, c’était mal dit. » Et bien entendu, je sais jamais m’exprimer. Je serre la main de Jill dans la mienne comme pour m’excuser. « Je veux que ça dure. » Ça c’est déjà mieux. « Vraiment, tu sais, mais… Je… Je veux pas que tu prennes peur. » dis-je doucement en baissant les yeux sur le trottoir. « Enfin, c’est rien, je me pose beaucoup trop de questions hein. » Je ris nerveusement. « Faut vraiment que j’apprenne à me taire des fois et a pas paniquer dès qu’il se passe un truc aussi tiens. »    

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Jailey #5

« Et tu devrais avoir l'habitude que je te laisse pas faire, depuis le temps » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres. C’est vrai que je devrais avoir l’habitude, moi aussi. Jill est toujours celle qui fera tout pour que je garde confiance en moi, je le sais. Pourtant, il faudra plus que quelques paroles de la part de la femme que j’aime pour que j’arrête de douter de moi constamment. Cela va prendre du temps, mais peut-être que l’on pourra évoluer ensemble désormais. Je veux y croire. Qu’un jour, je pourrais monter sur une scène sans avoir la peur au ventre, sans avoir envie de vomir mes tripes. Peut-être un jour, grâce à elle. En attendant ce soir, on reste dans notre bulle. C’est tout ce dont j’ai besoin. On chante notre chanson, je joue du piano, elle est là tout près de moi. Cette soirée pourrait presque être un rêve pourtant, c’est bel et bien la vérité. Je voudrais que ce moment ne cesse jamais et il semblerait que Jill soit exactement du même avis que moi.

Elle finit son verre et me propose que l’on parte s’échapper tous les deux. La nuit est encore jeune, on a tout le temps devant nous. La main dans la main, on arpente les rues calmes de la vie en direction du bord de l’eau. On marche en silence, mais ce n’est pas très bon pour mon esprit. Je commence à me poser tout un tas de questions et bien entendu, je suis obligé de les exprimer à haute voix. Je m’embrouille dans ce que je suis en train de raconter. Je ne trouve pas les bons mots, j’essaye et je recommence. Heureusement, Jill semble comprendre ma nervosité. Elle serre ma main dans la sienne, s’arrête de marcher pour se mettre en face de moi et m’embrasse tendrement. « Ça fait près de 10 ans qu'on a commencé tous les deux, je suis prête à signer pour 10 ans de plus ! » Je me mets à rire avec elle. Elle a raison sur ce point. « Ah oui vraiment, dix ans de plus ? » Je lève un sourcil en souriant. Ne surtout pas paniquer face à ce qu’elle vient de dire, ça va bien se passer. Chaque chose en son temps. Elle m’assure que tout va bien se passer et je hoche la tête doucement. « Oui, tout va bien se passer. » Elle a confiance en nous et l’entendre me dire cela me rassure réellement. Venant de la part de Jill, c’est vraiment quelque chose d’important, je le sais. « Merci Jill. » Je murmure doucement avant de venir l’embrasser à nouveau un peu plus longuement.

Et puis la boule d’énergie Jill aperçois le bord de l’eau et sans que je n’aie le temps de comprendre quoique ce soit elle se met à courir et à se déshabiller en chemin. Il faut croire qu’elle a décidé que l’on allait prendre un bain de minuit. Je suis pas vraiment sûr que l’eau soit très chaude, mais elle m’a l’air déterminée, la plage est vide et on va profiter. Je m’arrête au niveau du tas de fringues qu’elle vient de créer et retire les miennes. Alors que je passe mon tee-shirt au-dessus de ma tête, je sens ma chaîne rebondir contre mon torse et mes yeux se posent sur l’anneau qui y pend depuis près de deux ans. Je relève la tête et vois Jill qui me fait signe de la rejoindre. Je touche l’anneau du bout des doigts et soupire longuement avant d’entrer dans l’eau pour la rejoindre. « C’est froid bordel ! » Je me rapproche de Jill et viens coller mon torse contre son dos passant mes bras autour de ses hanches. Mes lèvres viennent se poser sur son épaule et doucement dans le creux de son cou. « Si on meurt gelé, ce sera de ta faute. » ajoutais-je en riant un peu. « Y a que toi pour me faire faire des trucs pareils. » Je ris un peu et reviens embrasser sa peau douce. Je ne cesse de penser à cet anneau autour de mon cou et soupire à nouveau. « Jill ? » Je me décale quelque peu et passe mes mains derrière ma nuque pour décrocher la chaîne. « Je… Je crois que je vais m’en débarrasser. » lui dis-je tout en lui montrant le bijou. Cet anneau qu’elle déteste tant depuis des années surtout depuis qu’elle le voit autour de mon cou.     

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Jailey #5

« Pourquoi tu préfères que je dise 20 ans de plus ? Ou tu trouves que ça va faire trop long 10 années de plus avec moi ? » Et pourquoi pas ? Pourquoi pas vingt ans de plus ? Il semblerait que quoiqu’il arrive nos chemins finissent par se croiser, que l’on finisse toujours pas se retrouver. Cela fait près de dix ans que l’on joue à un jeu dangereux. Enfin… C’était dangereux lorsque j’étais encore marié à sa sœur, mais désormais qu’est-ce qui pourrait nous arrêter ? Ses parents, les miens ? Je n’ai pas envie de penser à cela ce soir, pas alors que tout va si bien. On aura encore bien le temps de se prendre la tête pour ce genre de détail plus tard. Tout va bien ce soir, mais je sais que tout n’est pas réglé. On doit encore parler de beaucoup de choses. Nos angoisses communes ou respectives ne pourront pas disparaître avec quelques baisers. On va avoir besoin de temps, rien ne sera simple, mais ce soir, je nous sens invincible et je ne veux pas penser à ce qui me fera de nouveau angoisser dans quelques jours. C’est donc en souriant que je finis par lui répondre. « Dix, vingt, trente. Tout me va, je crois. » Tout me va, car lorsque je suis avec Jill, je me sens bien. Il y aura toujours des hauts et des bas entre nous au vu de nos deux caractères, mais ce soir, je me dis que l’on pourrait enfin traverser cela ensemble plutôt que de cesser de se fuir constamment. « Merci à toi d'être venu, je pensais pas que tu le ferais... » me dit-elle tout en posant sa tête sur mon bras. Je serre doucement sa main dans la mienne comme pour la rassurer. « Je pouvais pas ne pas venir. Même si tu m’as stressé comme jamais avec ton message si mystérieux. » Un léger rire s’échappe d’entre mes lèvres. Un jour, elle finira par me filer un ulcère avec ses idées.

En voilà une nouvelle d’ailleurs. Je n’ai pas le temps de comprendre quoique ce soit que Jill part en courant sur la plage tout en se déshabillant avant de finir sa course dans l’eau. Je lève les yeux au ciel, mais finis tout de même par la suivre dans l’eau pour venir me coller à son dos. Là, on est bien. Juste nous, le bruit de l’eau qui remue légèrement et les étoiles au-dessus de nos têtes. Même si l’été approche à grand pas, il faut avouer que l’air reste encore un peu frais et surtout l’eau pas vraiment chaude pour ce genre de circonstances. Et bien entendu, il faut que je m’en plaigne un peu et qu’elle se moque. « Je suis sûre qu'on trouvera des moyens de se réchauffer bien avant que ça arrive Bai. » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres tandis qu’elle vient m’embrasser un peu plus langoureusement. « Oh j’en doute pas. » Non clairement, je ne doute pas de nous sur ce sujet. Loin de là. Et pour profiter de l’instant, je viens l’embrasser à mon tour.

Pourtant, je ne cesse de penser à une chose : cet anneau qui pend encore autour de mon cou. Mon alliance. Dernier symbole de mon mariage avec Ginny. Je le garde depuis notre divorce sans réellement savoir pourquoi. Comme symbole des promesses que j’avais pu faire à la jeune femme. Dernier rempart qui nous raccroche l’un à l’autre. Je suis persuadé qu’elle n’a plus son alliance, mais je n’ai jamais réussi à me débarrasser de la mienne. Jusqu’à ce soir… Cet anneau ne me raccroche qu’a un passé révolu qui me blesse plus qu’autre chose. Je le gardais en symbole de promesse, incapable de vouloir complètement décevoir ma famille. Je le gardais sans réellement savoir pourquoi, mais ce soir, je sens que j’ai besoin de passer cette étape. « T'es sûr ? T'es pas en train de me faire une blague à la con parce que je pourrais très, TRES, mal le prendre ! » Actuellement, c’est moi qui le prends vraiment mal. Je pourrais vraiment lui sortir une réplique plus que piquante, mais je me retiens. Pour une fois, j’aimerais qu’elle prenne les choses au sérieux. « Je suis sérieux Jill… » Je fais tourner l’anneau entre mes doigts hésitant malgré tout un instant. Cette alliance je ne l’ai même pas choisi, on me l’a imposé, comme tout le reste. Je ne veux plus jamais avoir à vivre quelque chose comme cela. « Je… Faut que ce soit fini tout ça. » Et sans rien dire de plus, je jette l’anneau dans l’eau le plus loin possible. Je sens la main de Jill serrer la mienne fortement alors que je viens l’embrasser tendrement. « Je sais à quel point tu le détestais et… Je crois que moi aussi, je savais plus vraiment pourquoi je gardais ça depuis si longtemps. » Je hausse les épaules sans véritablement savoir quoi dire d’autres et heureusement Jill n’attends pas pour enchaîner sur un tout autre sujet.

En quelques secondes, elle me propose que l’on part en vacances ensemble, rien que tous les deux. Je n’ai pas le temps de lui répondre quoique ce soit, qu’elle enchaîne. « Je vais quitter mon boulot au Candy Club... Je sais pas ce que je vais pouvoir trouver d'autre, mais je vais partir » Il me faudra un instant pour réaliser ce qu’elle est en train de dire. J’ai appris que récemment qu’elle faisait du strip tease et ce n’est vraiment pas quelque chose qui me plaît, je pensais l’évoquer prochainement, mais clairement pas ce soir. Pourtant, elle me devance largement. « Tu vas vraiment le faire ? » Non pas que je veuille commander sa vie loin de là, elle fait ce qu’elle fait de son corps. Pourtant, je dois avouer que sa décision me fait plaisir, véritablement. « Tu… Enfin moi, je pourrais t’aider à te trouver du travail. » dis-je doucement. « J’en connais du monde avec mon boulot. » Je ne pourrais pas la placer au studio, je ne veux pas la voir entre Eliott et moi. Clairement pas. « Je pourrais parler un peu à des gens en qui j’ai confiance si tu veux. » Je lui souris quelque peu avant de repenser à ses idées de vacances. Ça va être compliqué pour moi de quitter mon poste. De laisser Eliott seul au label. Pourtant, je suis d’accord avec Jill, on en aurait vraiment besoin. « J’aime l’idée de partir juste avec toi. » Je sais aussi que cela pourrait être un véritable défi pour moi, mais je veux pas lui parler de mon travail ce soir. « Tu aimerais aller où ? » J’ai juste le temps de poser ma question qu’elle m’éclabousse avec l’eau froide et je lâche un cri très peu viril avant de m’enfuir vers la plage. « Je vais te noyer Jill fait gaffe ! »      

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Jailey #5

« Trente ? Tu crois que tu vas tenir jusque-là ? » Je hoche la tête doucement. J’en suis persuadé même, mais je ne voudrais pas inquiéter Jill. Alors, je ne dis rien de plus. Je ne veux pas que l’angoisse du futur commence dès ce soir. On aura bien le temps de parler de tout cela plus tard ou jamais. Je n’en sais trop rien. Je crois que les plans d’avenir ce n’est pas vraiment notre truc. Il nous a fallu dix ans pour parler de sentiments, pour se l’avouer à nous-même et à l’autre. C’est compliqué, on avance tout doucement, à notre rythme. Il nous faudra du temps pour que tout soit parfait, mais je sais que ça finira par aller. On a besoin de l’autre dans notre vie, on le sait, on vient enfin de se l’admettre. Le reste viendra, tout doucement. Je le sais. Alors, en attendant, ce soir, on prend le temps de profiter de notre soirée.

Jill m’entraîne dans ses idées folles et on se retrouve à moitié nu, les pieds dans l’eau sur une plage déserte. Il n’y a qu’elle pour m’entraîner dans ce genre d’aventure. Je ne suivrais personne les yeux fermés comme je le fais avec la brunette et elle le sait parfaitement. On discute un peu à cœur ouvert encore et toujours. Il faut croire que ce soir, plus rien ne nous arrête. Je me débarrasse de mon alliance sous les yeux ébahis de Jill. Je ne me pensais pas capable de faire cela. J’ai longtemps gardé cet anneau sans réellement savoir pourquoi. Un dernier lien officiel avec Ginny. Un lien qui prend définitivement fin alors que mon histoire avec Jill prend officiellement vie. Une page qui se tourne, un chapitre qui se termine pour mieux en commencer un autre. C’est quelque chose qui m’effraye, je ne vais pas le cacher, mais j’en ai besoin. On a tous les deux besoins de cela. Et alors que mon alliance disparaît dans l’eau, Jill se tourne vers moi. « Je t’aime. » J’en ai des frissons de l’entendre dire ces quelques mots. Je crois que je ne suis pas près de m’y habituer, mais j’aimerais qu’elle le dise encore et encore. J’aimerais lui dire tellement de choses, mais sous l’effet de l’émotions tout reste coincé dans ma gorge. Alors, sans un mot, je passe mon bras autour de ses épaules et viens embrasser sa tempe. Ma manière à moi, lorsque rien ne sort, de lui faire savoir que je l’aime.

Alors, que je pensais retourner sur la plage, Jill continue de parler. Il faut croire que les confessions ne vont pas s’arrêter ce soir. La jeune brune m’apprend qu’elle va arrêter de travailler au club de strip tease et je me retiens de ne pas pousser un cri de joie. Je retiens également un commentaire mal placé lorsque la jeune femme me parle de vieux lubriques. « Je veux pas savoir Jill. » Pendant des mois, elle venait chez moi après son travail, alors que ces vieux avaient posé leurs mains dégueulasses sur elle. Rien que d’y penser, je frissonne de la tête aux pieds, je déteste savoir tout cela. « Non, plus sérieusement, je veux vraiment arrêter, t'as pas vraiment besoin d'une source d'angoisse en plus, je te connais ! » Et je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. J’angoisse toujours pour tout et elle l'a bien compris. « Il y aura toujours une source d’angoisse pour moi. » Toujours. C’est comme ça, je ne sais pas faire autrement. Je soupire quelque peu ne voulant vraiment pas parler de cela ce soir. Mes angoisses, je sais que je dois travailler dessus, mais c’est souvent bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Alors, Jill me parle d’aller bosser avec son frère et je hausse les épaules. « Si tu veux oui. » dis-je doucement. Je vais pas interférer dans leur histoire de famille tout simplement parce que je ne peux encadrer Matt. C’est son frère, je sais qu’elle lui fait confiance, mon avis ne compte pas.

On en vient à parler de vacances, de s’échapper loin d’ici. C’est une bonne idée. Je le sais et elle le sait. On en a réellement besoin. « Ce serait vraiment cool. » dis-je en souriant un peu alors que je serre les dents pour ne pas commencer à claquer de la mâchoire. Je réfléchis à d’éventuels endroits qui pourrais lui plaire, mais Jill va plus vite que moi. « Et pourquoi on réfléchirait pas à ce que tu veux toi pour une fois ? » Elle me prend de court et je ne sais pas quoi lui dire. Vraiment pas. « Je sais pas. » Je crois que j’ai besoin d’un endroit calme, sans touristes. Un instant, je pense à la maison à Londres. C’était mon havre de paix, je ne sais pas si ça l’est encore… « Sur une île ? Je… Je veux pas aller à un endroit où il y a trop de mondes. » dis-je doucement. Oh, je n’ai pas le temps de réfléchir bien plus longtemps que Jill m’éclabousse avec l’eau froide et je lâche un cri en lui courant après. Elle me demande si je la menace et me pousse à la provocation. Un rire s’échappe d’entre mes lèvres tandis que je lui cours après. Il ne faudra pas longtemps pour que je l’attrape et la jette par-dessus mon épaule. « Donc… Tu as deux choix. Je te pose et on rentre chez moi avant de finir geler ouuuuuu… Tu finis à l’eau. » Je la sens s’agiter dans tous les sens et resserre ma prise autour de ses jambes pour qu’elle ne tombe pas la tête la première sur le sable. « JILL arrête de bouger. » Je l’entends rire et cela me faire vraiment du bien.        

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Jailey #5

Cette soirée me paraît complètement folle et l’espace d’un instant, j’ai peur que tout cela ne soit qu’un rêve. Pourtant, je n’hallucine pas. On a bien parlé de nos sentiments, elle m’a fait chanter devant un public et désormais nous voilà à moitié nu, les pieds dans l’eau à parler d’avenir. Une chose que l’on n’aurait jamais faite il y a encore de cela quelques semaines. J’ai du mal à réaliser, mais je ne vais pas me plaindre, bien au contraire. J’ai attendu cela depuis si longtemps. Je veux juste que tout se passe bien, que rien ne nous fasse faire dix pas en arrière cette fois-ci. Je crois en nous. On va pouvoir aller mieux, on va pouvoir avancer. Il nous faut juste un peu de temps. Alors, en attendant, on profite de cette soirée pour tout se dire ou tout du moins pour essayer de se parler le plus possible. On doit arrêter de tout garder pour nous, j’en suis certain. Pour autant, je n’étais pas prêt à l’entendre me parler de son travail au Candy Club. Vraiment pas. Savoir que des hommes payaient pour pouvoir la regarder se déshabiller ou même toucher son corps me donne littéralement envie de vomir. Pourtant, il faut croire que cela amuse Jill de me donner des détails. « Une de mes premières règles, c'était interdiction de toucher sans accord préalable au risque de se prendre ma main dans la figure ! » Elle a beau embrasser mon épaule juste après cela, je n’ai pas vraiment envie de rire. Je sens mon corps entier se tendre et ma mâchoire se serrer comme jamais. « Je veux VRAIMENT pas savoir Jill. » J’insiste un peu plus durement cette fois-ci. Je n’ai pas envie de connaître les détails de son travail. Absolument pas. Heureusement, elle comprend et fini par changer de sujet. Elle finit par m’assurer que travailler pour son frère est une bonne idée et je ne me mêle pas vraiment de cela. C’est son frère, c’est normal qu’il l’aide et qu’elle veuille passer du temps avec lui. Il faut croire que je vais finir par devenir un client du DBD après toutes ces années. « Tant que tu es heureuse et que personne ne te touche ça me va. » dis-je en haussant un peu les épaules.

Et voilà qu’on finit par parler de vacances. Ce mot si étrangé à mes oreilles. Je travaille pour mon père depuis mes dix-huit ans, cela fera bientôt vingt ans. En tout, j’ai dû prendre que quelques semaines de véritables vacances et encore… Je ne sais pas m’arrêter, j’ai toujours besoin d’avoir un pied au travail pour être sûr de ne pas décevoir mon père. J’ai pris l’habitude, je ne m’en plains pas. Mais je connais Jill, si elle parle vacance, c’est-à-dire de vraie vacance, sans travail et juste nous. Elle me demande même où je voudrais aller et voilà que je bégaye. Je n’ai pas vraiment l’habitude que l’on me demande mon avis. « Oui, ça peut être bien ! Des idées déjà ? » Je secoue la tête. Je ne pense jamais vraiment à tout cela donc les idées ne me viennent pas vraiment d’un coup. « Pas vraiment… » Je réfléchis un instant. « Je sais pas peut être Bali ou une petite île du Vanuatu. » Je ne sais même pas ce que je pourrais faire comme activité en dehors de mon boulot. Cela fait des mois que je n’ai pas joué au rugby, je continue à courir, mais rien de bien plus. « Tu es au courant que je ne sais pas ne rien faire hein ? » Je veux qu’elle sache ce qu’elle va devoir subir si on part tous les deux.

Finalement, on commence à se chamailler comme deux gamins. Jill me jette de l’eau et je finis par la jeter sur mon épaule. Je ris de bon cœur lorsqu’elle commence à se tortiller comme un vers sur mon épaule. Je lui fais une proposition et bien entendu elle me défie de la voix. « T'oserais pas ! » Watch me. Pourtant, elle a raison, je vais finir dans l’eau avec elle et c’est pas vraiment un plan idéal pour moi. J’ai pas envie de me retrouver trempé de la tête aux pieds. Alors, qu’elle s’égosille encore, je finis par la renverser pour poser ses pieds au sol. « Un baiser et je resterai gentil avec toi. » dis-je en lui souriant quelque peu. Au même moment, un courant d’air frais passe entre nous ce qui me fait frissonner. « On rentre ? » J’ai réellement envie de me poser chez moi avec elle. On serait bien mieux assis dans le canapé, une bière à la main ou quelque chose comme ça. « Chez moi ou tu veux aller faire un petit tour au studio ? » A cette heure-ci, il n’y aura personne au moins. Je retourne sur la plage et commence à enfiler mon jean en essayant de ne pas tomber.        

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Jailey #5

Je vois bien qu’elle se moque de moi, qu’elle me cherche, mais je n’ai vraiment pas envie pas de savoir ce qu’elle faisait dans ce club. Je ne veux pas qu’elle me parle de tout cela. Je ne suis pas idiot, j’ai déjà fréquenté des clubs de strip tease, je sais ce qui se passe là-bas dedans. Je ne préfère pas imaginer Jill entre ces hommes qui pense qu’une femme n’est rien d’autre qu’un objet. Non clairement, je veux pas savoir ce genre de choses. Bien entendu elle en joue, elle se moque de moi et je lève les yeux au ciel. « Que personne ne me touche hein ? Donc, à chaque fois que tu viendras au DBD, t'auras l'interdiction de me toucher Bai ? » Cette fois, c’est moi qui me mets à rire. Non alors là clairement ça ne va pas pouvoir fonctionner comme cela. « JAMAIS je mettrais les pieds là-bas. » Jamais. Plutôt crever. Elle sait. Jill a ses différends avec Ginny, j’ai les miens avec Matt. Tous les jours, on me parle du DBD, comme quoi il faut que j’aille goûter le café là-bas, que je sais pas ce que je rate et blablablabla. Tout le monde me soûle avec cet endroit, mais j’ai mes raisons pour ne pas m’y rendre. « Je me tiens loin du DBD et ça me va très bien. » Je lui souris quelque peu même si je sais parfaitement que cela ne va pas lui suffire, qu’elle voudra forcément que je vienne la voir à un moment donner. Mais on parler de cela plus tard, j’ose l’espérer.

Heureusement, notre conversation se dirige vers quelque chose de bien plus intéressant. Jill semble réellement motivée pour nous entraîner en vacances et surtout pour que je sois celui qui décide de la destination. Autant dire que je n’ai pas vraiment l’habitude de prendre des décisions pour moi. Je laisse toujours les autres faire alors j’hésite un peu avant de lui donner une réponse. Depuis que je suis arrivé ici, j’ai beaucoup bougé en Australie, mais je n’ai jamais quitté le pays. Je rêve de me rendre dans une des îles paradisiaques pour être tranquille. « Je suis jamais allée à Bali ! » Je hoche doucement la tête. Donc il semblerait que ce soit une bonne idée dans ce cas. Il va falloir que l’on planifie tout cela un peu plus, mais je crois qu’on a le temps désormais. Tout du moins, je l’espère vraiment. « Plus sérieusement, tu vas en profiter pour te détendre, pour plus penser ni au boulot ni aux problèmes pendant quelque temps ! Et si tu penses trop ou que t'es trop chiant je te noierai ça te va ? » Un rire s’échappe d’entre mes lèvres à la suite de ses paroles. Me détendre, comme si je savais faire une chose pareille. « Donc je vais finir noyé quoiqu’il arrive… Super. » Je lui fais mon petit air triste. Je sais que pour moi ça va être compliqué si elle m’impose de ne pas penser au boulot pendant quelques jours. On verra en temps et en heure, je crois. « On pensera à tout ça, promis. » dis-je en souriant quelque peu.

Finalement, après s’être quelque peu chamaillé dans l’eau, on finit par rejoindre la plage et nos fringues. Il fait encore assez frais et il est temps que l’on se rhabille si on ne veut pas choper la crève. J’enfile rapidement mon jean et ma chemise en essayant de ne pas perdre l’équilibre sur le sable. « On va au studio et après, on va chez toi ! Ça fait une éternité que j'ai pas pris le temps de jouer ! » Je hoche la tête et cherche les clés de ma voiture dans ma poche de jean. Je viens voler un baiser à Jill et on reprend le chemin vers le bar. En chemin, on discute simplement, de tout et de rien. On profite de notre soirée comme on ne l’avait pas fait depuis si longtemps.

Lorsque l’on arrive devant le studio, je ne peux m’empêcher de vérifier que la voiture d’Eliott n’est pas sur le parking. Il est tard et il semblerait que tout le monde ait quitté les lieux depuis un moment, ce qui me rassure vraiment. J’ouvre la porte, désactive l’alarme et entraîne Jill dans le plus grand studio, celui où se trouve le piano. « Tu veux jouer un peu ? » lui demandais-je tout en allumant toutes les lumières de la pièce. « Je vais me faire un thé, tu veux quelque chose ? » Autant finir la soirée en beauté rien que tous les deux. J’en avais cruellement besoin.          

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Jailey #5

« Jamais jamais ? » Tel un enfant de cinq ans, je secoue vivement la tête et ajoute presque en boudant. « Jamais, jamais, jamais ! » Non, je veux pas aller là-bas. J’ai toujours promis à Ginny que je ne me lancerai jamais dans un conflit actif avec Matt. Tout le monde sait que je ne porte pas le fils McGrath dans mon cœur et je n’ai jamais compris comment Ginny avait pu lui pardonner ses actes passés. Il ne faut pas trop m’en demander, je ne vais pas sur son terrain, il ne va pas sur le mien et tout le monde se porte bien comme cela. C’était sans compter sur Jill. La plus têtue du clan… « Ma prochaine mission est donc de te faire venir avec moi au DBD de temps en temps ! » Je secoue la tête en soupirant. Je sais parfaitement qu’elle ne va pas lâcher l’affaire, qu’elle va insister jusqu’à ce que je cède. Et elle sait parfaitement qu’elle va gagner, c’est probablement cela le pire. « On verra. » dis-je en souriant un peu. Je compte bien la faire galérer un peu… Il faut bien s’amuser de temps en temps quand même. « Va falloir que tu sois vraiment cool pour que je te suive là-bas. » Je sais parfaitement que je me lance dans un jeu dangereux avec elle, mais c’est toujours ce que j’ai aimé dans ma relation avec Jill.

Dans cet élan de folie de la soirée, on planifie des vacances, rien que nous deux. Quelque chose qui n’est pas arriver depuis notre fuite lors de ma lune de miel. Je me souviendrais toujours de ce voyage. On n’avait absolument rien prévu, je voulais me barrer et elle avait accepter de me suivre. J’avais piqué une ancienne voiture à mon paternel et c’est sans aucun plan en tête que l’on était parti sillonner les routes de l’Angleterre. Dix jours rien que tous les deux à vivre pleinement. On n’était jamais reparti ensemble après cela. Cette fois, tout sera différent. On n’aura pas besoin de se cacher, on pourra vivre cela pleinement, sans se prendre la tête, juste en s’aimant un peu plus. Ce sera différent et je suis déjà persuadé que ce sera mieux.

On finit par se rhabiller avant de finir complètement geler et probablement malade. Après cela, on se retrouve dans mon studio, à nouveau seuls dans notre bulle. Il ne faudra que quelques secondes pour qu’elle trouve le chemin du piano le plus proche. « Celui-là est parfait ! » Tandis que je continue mon chemin en direction de mon bureau par automatisme, pour vérifier que personne n’a laisser un courrier ou un dossier pour moi. Je ne sais pas faire autrement. Je fais le tour des lieux et me dirige vers la petite cuisine pour nous faire une boisson chaude. Je prends quelques minutes pour ressasser tout ce qui viens de se passer durant cette soirée. Je tente de ne pas me laisser submerger par les émotions et mes questionnements éternels. J’attrape les deux tasses brûlantes et retourne près du piano. Je reconnais tout de suite l’air que Jill est en train de jouer et cela me fait sourire. « Il va falloir que je t’apprenne d’autres mélodies. » Je ris un peu et pose nos tasses sur le dessus du piano. Je soupire d’aise et pose doucement ma main sur la cuisse de la jeune femme. Je me penche vers elle et embrasse tendrement sa joue. « Ou tu préfères rester sur nos chansons ? » Je ferais tout ce qu’elle souhaite ce soir, parce que pour la première fois de sa vie elle s’est réellement ouvert à moi. Je chantonne une de nos chansons de manière un, peu absente. C’est plus fort que moi, je me perds un peu dans mon monde. Je me demande si cette sérénité va durer entre nous, si on va enfin être heureux tous les deux. Je m’absente dans mon esprit sûrement un brin trop longtemps, Jill s’agite un peu à côté de moi et me fais sursauter. « Hein ? » Je crois que j’écoutais vraiment plus rien surtout.          

take me far from streets and roads. lead me out in the night, don't show me the way back home. because i'm craving, craving, craving something i can feel. where do i go, what do i need, is it ecstasy or is it fear? am i on my own, am i even close? because i'm still craving something i can feel

Even my phone misses your call

Jailey #5

« Qu'est-ce que tu veux dire par vraiment cool ? » Je ris une nouvelle fois et passe mes bras autour de ses hanches pour l’attirer contre moi. « Je veux dire vraiment vraiment cool. » Je lui souris comme un enfant et viens embrasser ses lèvres tendrement. Juste pour l’embêter un peu, pour la taquiner. Tout simplement, parce que pour une fois, on ne va pas se prendre la tête. On plaisante simplement, on ne se met pas la pression. On vit l’instant présent et c’est quelque chose que nous n’avions pas pris le temps de faire depuis si longtemps. « Genre me faire mon petit déj, venir avec moi à un concert. Des trucs comme ça, tu vois. » En réalité, je n’ai jamais été du genre à imposer quoique ce soit à une femme, bien au contraire. Toute mon adolescence, j’ai vu mon père traiter ma mère comme un objet et je ne copierais jamais ce genre de comportement.

On finit par se retrouver au studio, dans ma bulle, là où je me sens le mieux. Bien entendu, il ne faudra pas bien longtemps à Jill pour prendre place derrière le piano tandis que je vais nous chercher un truc à boire. Lorsque je la rejoins, je remarque qu’elle joue encore et encore la même mélodie. Je trouve cela vraiment touchant. Elle me tire la langue lorsque je la taquine et je viens m’asseoir près d’elle. Je l’entends discuter, mais je me perds clairement dans mes pensées. Il fallait bien que cela arrive. On a mis les choses à plat entre nous comme je le voulais depuis si longtemps, mais voilà que je doute à nouveau. J’ai peur de l’avenir alors que tout va bien à l’instant présent. Au plus profond, je me déteste de me laisser entrer dans ce genre de pensée, mais je crois que c’est tout simplement plus fort que moi. Je ne sais pas faire autrement. Heureusement, la brunette me ramène sur terre en posant sa main sur ma cuisse. Je relève la tête et croise son regard. « Pardon. » Je viens l’embrasser tendrement comme pour la rassurer. « Je me perds dans ma tête. » Je soupire et secoue un peu la tête. « Mais c’est rien. » Ou tout du moins, j’essaye de m’en convaincre. Je ne veux pas lui faire peur, je n’ai vraiment pas envie que l’on se prenne la tête. Alors, mes doigts se posent sur les touches du piano pour jouer la première mélodie qui me vient en tête, pour ne pas parler de tout cela plus longtemps. Pourtant, je sens qu’elle ne me lâche pas du regard et je comprends que c’est elle qui s’interroge désormais. Je m’arrête de jouer et me tourne vers elle. « Je te jure que ça va. C’est juste… Tu sais bien que je me pose toujours trop de questions, mais c’est rien. Je veux pas… Enfin ça ne remet rien en question entre nous. Promis. » Je lui souris un peu bien trop nerveux pour que ce soit normal. Je m’énerve moi-même et je sens que c’est en train de monter doucement. « Je me déteste quand je suis comme ça. » J’ai la sensation de tout gâcher et c’est pire que tout. Alors, je change de sujet. Radicalement. « Tu me chantes un petit truc ? » Je lui fais mon plus beau sourire, joue un truc un peu idiot au piano et embrasse sa joue. Je veux garder cette bonne humeur entre nous. Ce lien. Cette connexion que l’on n'avait pas retrouvée depuis bien longtemps. Et fièrement, je finis par lui dire : « J’ai envoyé mes chansons à un producteur. » C’est sorti de nulle part ça.           

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