Le frère de May ne lui demandait presque jamais rien. Il savait d’avance que c’était inutile, puisqu’elle trouverait toujours une excuse pour se défiler. Mais cette fois, il avait tenté sa chance, au pied du mur, May avait été sa dernière chance. Il s’était engagé auprès de l’école de son fils de 10 ans pour chaperonner une boom d’halloween, Boom qui tombait juste à la veille des vacances scolaires. Doug avait un entretien professionnel très important, lui qui galérait depuis des mois à trouver un travail, il ne pouvait pas se permettre de refuser. Le seul souci était que l’entretien se déroulait au siège de la boite à Melbourne. Il était obligé de partir deux jours pour mettre toutes les chances de son côté et il avait enfin osé demander à May de lui rendre ce petit service : se rendre à la fête et déposer ensuite Henry chez leurs parents pour qu’il y passe ensuite le weekend. Doug était séparé depuis peu et s’il pouvait en temps normal compter sur son ex nana, elle travaillait de nuit et il était impossible pour elle de changer son horaire la veille pour le lendemain.
Contre toutes attentes, May avait accepté, non sans contrepartie, elle avait négocié avec Doug qu’il lui fasse livrer des fleurs chaque semaine pendant un mois. May adore les fleurs, elle a pas de mecs et n’a jamais de bouquet qui habille sa table, elle le regrette, c’est bien le seul compromis qu’elle a trouvé pour mettre un peu de gaité dans sa villa vide et sans âme. Elle n’avait pas oublié de demander si la soirée était payée ou non, car, elle avait admis pour une fois à son frère que les temps étaient durs.
May alla chercher Henry en début d’après midi chez son frère et le ramena chez elle, attendant le début de la soirée, son neveu avait tout son attirait pour se déguiser. « Henry, t’es prêt ? » c’est alors qu’un vampire haut comme trois pommes surgit dans le salon. « GRRRRR ! » wow. « Ok, très impressionnant ! » le gamin leva les yeux ciel tout en se dirigeant vers sa tante. « et ton déguisement, il est où ? » May resta silencieuse un moment, bonne question. « ton père m’a pas dit que j’devais aussi me déguiser… » et Henry hocha la tête. « C’est HA LO WEEN ! Allo ! » Oh merde, le gamin sait réfléchir. « Aller, tati ! » il sortie ses dents pour tenter de l’impressionner. May réfléchit un instant et alla à l’étage pour sortir un vieux coffre à jouer de la chambre – inoccupée depuis plusieurs mois – de sa fille. « Ca fera l’affaire ! » elle descendit alors pour retrouver son neveu. « Voilà, appelle moi sorcière ! » elle se contentera d’un chapeau de sorcière et Henry aussi. « Maintenant, on peut y aller ! » le môme hocha la tête et suivi sa tante dans sa voiture pour le mener jusqu’à son école.
« Enchanté Madame Andrews » elle grimaçait toujours quand elle entendait son vrai nom de famille, préférant largement celui qu’elle s’était choisi elle-même, question de communication, c’était bien mieux pour son métier. « Votre frère m’a prévenu qu’il ne serait pas présent. Merci de votre engagement pour votre neveu, c’est remarquable. J’ignore si Doug vous en a informé, mais vous serez au bar ce soir. » elle n’en avait pas idée mais peu importe où elle se trouverait, le bar semblait être le meilleur endroit. Elle s’y rendit alors, laissant Henry avec ses copains les zombis et les loups garous et elle pris place derrière la table qui servait de comptoir. « J’étais ravie d’être ici, mais j’ai oublié que des mômes de 10 ans ne boivent ni mojito ni vin rouge… » elle se tourna vers celui qui semblait être assigné à la même tâche qu’elle pour ce soir. « Moi c’est May, enchantée ! » m

Encore une idée merveilleuse signée Cadburry. Lorsque l'établissement scolaire de Theo avait appelé pour demander de toute urgence du renfort pour une soirée d'Halloween, il avait sauté sur l'occasion de jouer les chaperons. A aucun moment il ne s'était dit que c'était sûrement le rôle le plus chiant à souhait qu'on pouvait avoir en tant que parent d'un soir. Certes, le quarantenaire s'entendait à merveille avec le neveu de sa colocataire mais cela justifiait-il qu'il débarque à la soirée avec le môme déguisée en requin marteau? Probablement pas, mais il l'avait fait. Clairement, Elwyn n'avait pas écouté les recommandations de la principale qui préconisait une tenue sobre et de se faire le plus discret possible tout en assurant l'ordre lors de la petite beuverie. Non, Elwyn avait sauté à pieds joints dans le merdier, s'offrant les regards de tous les camarades de Theo qui devait d'ailleurs le haïr à l'heure actuelle mais le pauvre homme ne s'en rendit pas compte. Il était plutôt concentré sur le fait que ses mouvements étaient sacrément compliquées avec cet attirail sur le dos: si c'était ce que devait vivre chaque requin marteau de ce monde au quotidien, Elwyn leur vouait un respect éternel encore plus profond qu'au moment de son énième visionnage d'un reportage sur leur espèce. On finit par le diriger vers le bar, idée encore plus pourrie encore que de l'appeler pour gérer ce genre de soirées mais apparemment, la connerie était sans limite dans cette école alors Cadburry les laissa gérer. Il se mit à son poste et commença à servir des gamins pressés d'obtenir leur dose de jus d'orange. L'ambiance était clairement électrique mais Elwyn n'avait pas l'air de s'en faire puisqu'il racontait toutes les blagues qu'il connaissait à ceux qui passaient dans le coin, désespérant à souhait, n'est-ce pas? Finalement, une femme s'approcha, apparemment, elle serait sa compatriote d'infortune dans ce ramassis d'idioties et forcément, Elwyn fit naître son plus beau sourire au moment où elle se présenta. "Elwyn, enchanté. Je vous dirais pas que j'ai un stock d'alcool caché dans ma nageoire alors, ce serait mal placé de ma part, non?" Il put faire un tour sur lui-même, assez difficilement vu l'espace que son costume prenait et la difficulté de mouvements mmais ce fut suffisant pour prouver son fait, assurément. "Du coup, vous m'accompagnez pour le reste de la soirée? Ça tombe bien, je commençais à fatiguer tout seul du barbarouffe que ces mômes font. Bon, je sais, je suis un requin martin et pas un dugong, alors parler du barbarouffement, c'est pas logique mais bon, vous saisissez l'idée." Probablement pas vu qu'il n'avait aucun sens pour le commun des mortels, en général mais Elwyn n'allait pas s'en faire pour cela non plus, tout de même.

Henry ne calculait déjà plus May. Il était sur la piste de danse et s’éclatait alors qu’elle devait prendre le relai de son frère qui s’était défilé. Il avait une bonne raison pour avoir sollicité la bienveillance de sa grande sœur, mais il pouvait déjà s’attendre à ce qu’elle lui demande quelques choses en retour. May ne donnait jamais de son temps gratuitement et ce même pour sa famille, elle le fait encore moins pour sa famille d’ailleurs, mais elle vous soutiendra toujours que ce n’est pas le cas. Une sorte de déni dans lequel elle a toujours été.
Elle qu’elle venait de se tourner vers son acolyte de comptoir pour la soirée, remarquant son costume de requin tout en se présentant. May, la sorcière déguisée de son simple chapeau, sobre et plutôt discret, face à ce gros requin qui allait sans doute foutre en l’air tous les gobelets sur cette table une fois qu’il se tournera pour aller on ne sait où. Un coup de queue est si vite arrivé.
« Elwyn, enchanté. Je vous dirais pas que j'ai un stock d'alcool caché dans ma nageoire alors, ce serait mal placé de ma part, non? » Elle peut pas s’empêcher d’y jeter un œil vers cette nageoire imposante alors qu’il fait ce tour sur lui, celui qui aurait pu envoyer valser les gobelets partout mais finalement, il gère pas mal ses déplacements, pour le moment. May ne parierait pas autant pour la suite s’il avait réellement un stock d’alcool dans son costume. May ne pouvait pas se montrer désintéressée mais son frère la tuerait s’il savait qu’elle aurait gouté une goutte d’alcool dans l’école de son fils. «Du coup, vous m'accompagnez pour le reste de la soirée? Ça tombe bien, je commençais à fatiguer tout seul du barbarouffe que ces mômes font. Bon, je sais, je suis un requin martin et pas un dugong, alors parler du barbarouffement, c'est pas logique mais bon, vous saisissez l'idée. » Elle avait saisi l’idée ouais. « Déjà fatigué alors que la soirée ne fait que commencer, va falloir s’accrocher ! Surtout que j’ai l’impression que tu fais fureur avec ton déguisement, plutôt original d’ailleurs. » ils allaient passer la soirée à servir des mômes qui on le nez qui coule alors autant se mettre à l’aise aussitôt et May sentait bien que ce requin n’allait pas lui tenir rigueur de l’avoir tutoyer. « J’propose qu’à chaque petit con qui vient en pleurant, on se serve un verre de ce que tu as dans ta nageoire ! » et la petite conscience qui s’appelait Doug sur son épaule allait bientôt être envoyé à des kilomètres d’un coup de pichenette. « C’est lequel ton gosse ? » qu’elle demande en regardant tous ces gamins qui courent, les garçons d’un côté, les filles de l’autres, l’âge où c’est encore compliqué de se mélanger les uns avec les autres.

Pourquoi n'avaient-ils pas mis un aquarium géant en guise de décoration? Bien plus classe qu'une simple piste de danse, Elwyn déplorait ce manque cruel de créativité. Il aurait dû se porter volontaire pour faire partie du comité de préparation de cette fausse beuverie parce qu'il y avait clairement des choses à revoir. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il aurait fait un décor cent pour cent animalier. Des petites tortues dans un coin, c'était sûr que cela annonçait une bonne fiesta comme on n'en faisait plus mais les choses avaient sûrement dû évoluer depuis les années 90. Il était plutôt question de faire profil bas pour que Theo puisse passer une bonne soirée, sans avoir la honte de sa vie de vivre avec un énergumène pareil. Déjà, qu'avant d'arriver, le pauvre bonhomme avait dû supporter les récits à rallonge de Cabdurry sur les meilleures manières de conclure avant ses quinze ans. Comme s'il était bien placé pour donner des conseils en la matière, lui qui avait mis une bonne année à conclure avec sa tante. Quel idiot il pouvait être parfois, non souvent, avec son air de dandy du vendredi alors qu'on était plutôt samedi, mais on n'allait pas changer Elwyn à son âge. Non, il allait simplement rester l'idiot avec le costume grandeur nature du requin marteau, à menacer de faire exploser la moindre vaisselle trop proche de sa nageoire et rien que le concept le faisait rire. Il devait clairement avoir un âge mental nettement inférieur à celui des gamins qui peuplaient la soirée et couraient dans tous les sens pour obtenir un jus d'orange. C'était triste à en crever cette affaire mais May était venue le sauver de son intense solitude parce qu'il était prêt à tenir la grappe au moindre marmot pour qu'ils aillent dormir plus tôt. "Les gosses m'adorent. J'aurais dû ramener le même en taille féminine, ça t'aurait convenu. Bon, par contre, il y aurait fatalement eu des chocs de nageoire et quelques dommages collatéraux en verres cassées mais on aurait pu rigoler." L'idée était fameuse et il regrettait vraiment de ne pas avoir empaqueté un autre déguisement au fond de son vieux véhicule. Trop tard pour revenir en arrière, maintenant Elwyn devait avoir l'air con tout seul mais ce n'était pas si grave, il avait l'habitude avec son mode de vie décalé. "Mais on va être complètement rétamés, tu le sais ça? Après, j'ai toujours un éthylotest sur moi parce que le concept est trop ingénieux, je pouvais pas ne pas m'extasier d'en avoir un sous ma nageoire à côté de l'alcool." Il racontait n'importe quoi et il n'avait encore pas bu grand chose, l'affaire allait sûrement mal finir. "C'est le môme de ma coloc' en fait. Le petit brun là bas qui sait pas où se mettre. Il mériterait un coup de pied au cul, je te jure. Et toi, t'accompagnes ton môme?" Elle n'avait pas l'air d'être une maman vu comme cela mais la vie réservait parfois des surprises alors Elwyn préférait se taire. Oui, pour une fois en servant un verre de plus à un enfant aussi perdu que lui. La soirée de sa vie, vraiment.

 May se voyait mal gigoter dans un costume comme celui d’Elwin. Le chapeau de sorcière lui suffisait amplement, simple et distingué, suffisamment connoté Halloween pour se fondre dans le paysage sans être prise pour une rabat joie de première.  « Ose dire que mon déguisement n’est pas suffisamment fun. » qu’elle plaisante, bien qu’elle eût conscience qu’elle n’était pas dans la même catégorie que lui. Et que sans aucun doute, les enfants étaient bien plus attirés par le requin que par la vieille sorcière, mais pour être franc, May ne s’en plaindrait pas. Si elle pouvait être sollicitée un minimum, ça l’arrangerait.  Et May pouvait passer à son temps à compter les points, pour savoir combien de verres ils pourraient boire jusqu’à la fin de la soirée. Doug allait lui en vouloir s’il savait à quel point elle était consciencieuse et raisonnable à une soirée où elle était censée veiller sur des enfants dont son propre fils. Mais May jouerait une fois de plus l’innocente et puis, elle ne manquerait pas de faire remarquer à son frère que finalement, la demande n’était qu’être présente, peu importe l’état dans lequel elle le serait. Il fallait toujours être très précis dans ce genre de contrat, et là May estimait avoir rempli sa part. « Mais on va être complètement rétamés, tu le sais ça? Après, j'ai toujours un éthylotest sur moi parce que le concept est trop ingénieux, je pouvais pas ne pas m'extasier d'en avoir un sous ma nageoire à côté de l'alcool. » et elle regarde cette autre nageoire. « Est-ce qu’on peut considérer tes nageoire comme le sac magique de Mary Poppins ? Qu’est ce que tu es bien capable d’en sortir encore ? » May se retourna vers la salle quand, à soixante centimètres sous son nez, attendait une gamine qui portait exactement le même chapeau qu’elle. Elle la regardait avec des yeux de vautours, prête à sauter sur sa proie. « C’est mon chapeau ! » qu’elle lance surement persuadée de terrifier la grande blonde, laissant d’ailleurs May sans voix face à cette attaque. Est-ce qu’elle fait face à une crise de jalousie de la part d’une gamine de dix ans ? « C’est la faute du requin, c’est lui qui l’a sortie de sa nageoire. » elle hausse les épaules et pointe du doigt Elwyn. « Faut s’en prendre à lui. » le laissant ainsi se dépatouillée avec une gamine entre les pates qui finalement, quand elle posa ses yeux sur le binôme de May, tourna les talons et alla voir ailleurs, comme si elle craignait le prédateur des profondeurs. « Parfait. » May savait à présent comment se débarrasser des merdeuses qui lui feraient des scènes dignes de téléréalités. Elle y connaissait un rayon. Reportant ensuite son attention sur Elwyn, qui lui aussi n’était pas ici pour son propre rejeton mais pour rendre servie. « Et bien nous voilà deux beaux pigeons ! J’suis là pour mon neveu. Mon frère devait être là ce soir, il a eu un empêchement. » elle mime les guillemets avec ses doigts, croyant finalement, qu’il s’était défilé en dernière minute. « alors ça mérite bien un petit verre de temps en temps ! »

Qu'il tienne encore debout avec son déguisement devait relever de l'exploit mais Elwyn n'était pas du genre à envisager de le retirer avant la fin de la petite fiesta. Il avait bien compris que pour passer un bon moment et permettre aux mômes d'en faire autant, il fallait jouer le jeu jusqu'au bout et ces petits bambins avaient de la chance, le quarantenaire était certainement l'homme le plus responsable de toute la ville. Ce cher Cadburry n'avait jamais appris à se tenir correctement en société: il parlait, parlait, parlait encore jusqu'à épuisement total de ses cordes vocales. Les meilleurs moments de paix revenaient à ce fameux stade où il devenait aphone mais c'était un fait très rare au bout du compte. En tout cas, il ne l'était pas ce soir en servant du jus d'orange à toutes les petites statures qui osaient s'approcher du stand, riant déjà des remarques de sa camarade d'infortune. "Disons que tu serais venue avec un costume de Lady Di, là, on aurait pu voir l'ironie et le fun arriver, tu penses." C'était peut être le seul sujet où Elwyn manquait cruellement de connaissances: les familles royales. Il saurait quoi faire lors des prochains jour de pluie, clairement. En attendant, il dût se retrouver à faire un air effarouché pour effrayer la môme qui essayait de rentrer dans le lard de May, décidément, les gamins de nos jours n'avaient plus l'éducation nécessaire pour que cette société se porte bien. Elle fuit bien vite, ce qui sembla rassurer tout le monde parce que Cadburry était déjà en train d'envisager le discours à rallonge qu'il aurait pu lui faire pour calmer ses ardeurs de pré adolescente. "T'as pas d'enfants, je me trompe? Non, parce que t'as l'air de les mépriser... Le PIB mondial a plus que doublé entre 1998 et 2010, et je dirais que c'est comparable avec la médiocrité des mômes." Comme s'il pouvait se permettre de juger, lui qui faisait exploser des bananes dans son micro-ondes quand sa colocataire était absente pour ne pas se prendre une bonne gifle. Il avait à peu près quinze ans de retard niveau maturité mais il le vivait bien, disons-le. "Il est en train de regarder Tic et Tac, c'est ça? Faut pas lui en vouloir, tu sais, les tamias anthropomorphes, c'est hyper classe!" Et là, on en revenait à son sujet de prédilection alors, il ne valait mieux pas le relancer ou alors cela allait devenir très barbant pour tout le monde. "Tu peux attraper la flasque de vodka sous ma nageoire gauche au besoin... Je le ferais bien mais c'est galère avec la nageoire." Euphémisme, clairement.

« Disons que tu serais venue avec un costume de Lady Di, là, on aurait pu voir l'ironie et le fun arriver, tu penses. » Humour noir quand tu nous tiens et May doit avouer que si sa réaction fu longue à venir, c’est qu’elle mis quelques temps avant de comprendre ce que Elwyn voulait dire par là. Elle se sentie d’ailleurs gênée de ne pas avoir compris tout de suite sa vanne. Préférant d’ailleurs ne pas y répondre, car le malaise était passé et elle voulait ne pas revenir dessus. Elle regarda ces enfants qui venaient tour à tour, après la gamine qui sait pas encore que les déguisements se font en séries dans les magasins, voilà le gamins qui semblent avoir oublié son paquet de mouchoir à la maison. La morve, ca coule et il en a presque dans la bouche. May se passe la main devant la bouche avant de détourner son regard, suppliant Elwyn d’avoir aussi des mouchoirs dans son déguisement. «T'as pas d'enfants, je me trompe? Non, parce que t'as l'air de les mépriser... Le PIB mondial a plus que doublé entre 1998 et 2010, et je dirais que c'est comparable avec la médiocrité des mômes. » et c’est qu’elle serait presque vexée la May. « J’ai une fille. » qu’elle renvoie d’un revers de manche. « Je les méprise quand ils font exprès d’être débile à ce point. » elle pointe du doigt l’autre morveux, que ça à pas l’air de déranger d’ailleurs. Elle prend une serviette en papier sur la table qu’elle lui tend. « Essuis moi ça tu veux… » elle désigne du doigt son nez, parce qu’elle était même pas sûre qu’il s’en rende compte. « Elle a 21 ans. » ou 22, c’était la période de l’année où May était plus très sûre, ou alors 23… elle attendrait l’anniversaire de sa fille pour en être sure. « Elle se débrouille comme une grande et a jamais vraiment eu besoin que j’la mouche en public. » surtout pas à 10 ans. Et May espère que le mome en question était pas le fils de sa coloc ou un gamin qu’il connaissait bien. « C’est qui le môme que tu viens garder ? » histoire qu’elle fasse pas de gaffe au cours de la soirée. « Il est en train de regarder Tic et Tac, c'est ça? Faut pas lui en vouloir, tu sais, les tamias anthropomorphes, c'est hyper classe! » ouais, son frère est surement entrain de faire quelques chose dans le genre, du genre : j’te file mon gosse parce que j’ai juste envie de décompresser et foutez moi la paix. May avait fait comme si elle l’avait cru en répondant, pour une fois, à son appel à l’aide.
Elwyn semblait avoir compris le désespoir de la blonde « Tu peux attraper la flasque de vodka sous ma nageoire gauche au besoin... Je le ferais bien mais c'est galère avec la nageoire. » aussitôt dit, aussitôt fait, May glissa alors sa main dans le déguisement de l’homme, en passant par son cou, glissant jusqu’à la nageoir et faisait en sorte de ne pas trop en profiter pour toucher son corps assez bien sculpté. « Je l’ai presque. » elle la sent du bout des doigts, elle se colle un peu plus à lui et se retrouve presque avec le nez collé à son oreille. « Je l’…l’ai ! » et May sort la flasque d’un geste victorieux ! « La voilà ! » elle la met cependant dans son dos lorsque madame la directrice s’approche du bar, venant les saluer. « Monsieur, madame, ravie de vous compter parmi les renforts ce soir, je crains ne vous avoir jamais vu par ici auparavant, vous êtes ? » May vire au rouge, se demandant si elle allait rester longtemps ici. « May Glitters, Andrews si vous préférez. Je suis la tante de Henry Andrews. »

Mettre les pieds dans le plat, inspirer la gêne, c'était une vérité qui s'écrivait dans le patrimoine génétique des Cadburry. Ces cinglés n'avaient jamais été calibré comme le reste du monde, l'aîné en premier lieu. Ce pauvre Elwyn n'arrivait jamais à suivre réellement les conversations des gens autour de lui, son cerveau toujours branché sur une fréquence extra-terrestre et il savait qu'à force d'en abuser, il allait terminer seul avec sa tortue et quelques lapins. Pourtant, est-ce qu'il pouvait s'en empêcher? Négatif, monsieur, le brun était incapable de se contrôler outre mesure. La preuve, il était arrivé à une soirée d'école avec un costume grandiloquent, suant sang et eau à l'intérieur du tissu, persuadé que le monde pourrait s'arrêter de tourner que ses nageoires sauveraient la Terre des flammes de l'enfer. Oui, il avait sûrement trop regardé la saga Die Hard récemment, il fallait l'excuser pour ses propos surréalistes. Même chose avec cette histoire de Lady Di mais heureusement, May fit semblant de ne pas relever, tâchant de se concentrer sur les litres de jus d'orange à distribuer, avec une nonchalance déconcertante puisqu'elle avait l'air enchantée d'être là à la place de son frère. Encore une fois, Elwyn fit une bonne boulette en posant la question sur sa maternité mais c'était habituel avec lui. Il arrivait toujours à se raccrocher à une branche quelconque cela dit, donc il n'était pas en train de rougir comme un môme à l'idée de se faire surprendre en pleine bêtise. "Une fille? Elle est où? Elle a quel âge? Elle aime les requins et les tortues?" Quand il était gêné, il fallait qu'il se répande en interrogations, une pratique courante chez les Cadburry mais qui n'aurait pas dû l'être vu l'enfer que c'était de réagir avec eux. Enfin, ils avaient un nouveau client et Elwyn se mit à rire discrètement en voyant le ras le bol de May de s'occuper des nez plein de morve de ces mauvais bougres. "Je crois qu'il va se pisser dessus, t'es une sacrée figure d'autorité..." Le gamin était déjà reparti en courant, bout de tissu à la main, espérant sûrement ne jamais recroiser le regard de la blonde. Elwyn, lui, l'aimait bien. Elle n'était pas comme les autres et c'était toujours quelque chose qui plaisait au quarantenaire, offrant la possibilité à sa partenaire d'infortune de boire un coup pour se débarrasser de la touche de désespoir qui les étrennait. Réussite douloureuse puisque tout le monde les observa en train de se battre avec le costume, sûrement qu'ils devaient penser que May tripotait Elwyn devant un tas d'enfants... Oups. "T'as bien failli me titiller la nag..." Il ne finit pas puisque la directrice se retrouvait devant eux, Elwyn bouche bée en train d'essayer de retrouver l'usage de la parole, étonnant qu'il la perde d'ailleurs. "Eh madame, un jus de fruit? Une pom'pote? Bon, je sais, c'est extrêmement sucré du coup pour les problèmes de diabète, tout ça, c'est pas génial mais je suis sûr que ça aiderait pour un système digestif plus performant, vous pensez pas? Merde, enfin zut, dites pas à Theo que j'ai parlé. Dites rien, s'il vous plaît." Le môme allait le tuer mais sûr que le neveu de May aussi. Ils étaient vraiment des adultes médiocres.

Est-ce que Elia aime les requins ou les tortues ? Bonne question, si May s’empresse de répondre à la question de l’âge de sa fille, avec une incertitude dans sa voie, elle préfère ne pas s’aventurer sur les passions de sa fille. « Je sais qu’elle aime la pâtisserie, la cuisine. » réponse totalement à côté mais s’il y avait bien une chose dont elle était sûre, c’était ça. Quant au reste, elle lui poserait la question à l’occasion. Il se pourrait bien qu’Elia aime les tortues, un peu moins pour les requins, mais un homme déguisé en requin, qu’il reste loin d’elle. Fin de l’histoire. « Je crois qu'il va se pisser dessus, t'es une sacrée figure d'autorité... » et May qui espère que ce n’est pas au sens propre mais qu’il veut bien dire par là qu’elle lui fait juste peur. Ce qui l’arrangerait, parce que si elle avait accepté de venir pour donner du jus d’orange à des mômes excités, ce n’était pas dans le contrat d’aller torcher des gosses dans les toilettes. Mais l’enfant avait eu vite fait de tourner les talons et aller voir ailleurs. May, sans perdre le nord, se dirigea alors dans la nageoir d’Elwyn pour aller récupérer la flasque qu’il y avait caché. Comme si elle avait enfin trouver le trésor caché, ce remède qui allait mettre fin à l’ennuie de la soirée. D’ailleurs, c’était quand la fin ? "T'as bien failli me titiller la nag..." coupé alors par la directrice qui se présenta à eux, la flasque cachée derrière son dos, priant pour qu’elle ne reste pas plus de 5 minutes dans le coin. "Eh madame, un jus de fruit? Une pom'pote? Bon, je sais, c'est extrêmement sucré du coup pour les problèmes de diabète, tout ça, c'est pas génial mais je suis sûr que ça aiderait pour un système digestif plus performant, vous pensez pas? Merde, enfin zut, dites pas à Theo que j'ai parlé. Dites rien, s'il vous plaît." May le regarde en se décomposant au fur et à mesure qu’il l’ouvrait. « Ce sera… notre … secret. » elle fait une drôle de tête la directrice aussi. « Je vous remercie, je n’ai pas soif. » elle parle au ralenti qui plus est et dévisage à la fois Elwyn et May, les détaillant de la tête aux pieds, comme si elle les passait au rayon X et fait ensuite demi tour. « Le diabète ? » elle accuse presque May. « Bon… file moi un verre, jus d’orange, pas beaucoup,c’est juste pour l’illusion. » avec un peu d’alcool, ca passera bien. Elle attend le verre et fait son petit cocktail se tournant doucement vers le mur pour se cacher des regards indiscrets. « J’te sers aussi j’imagine. » après tout elle est à lui cette flasque. « Dis, t’es célibataire ? » la question lui vient comme une illumination, de nulle part, un éclair soudain. « T’as envie de te marier ? » Deux candidats venaient de se retirer de la selection de marié au premier regard et May devait les remplacer, autant prendre ce qu’elle a sous la main et Elwyn semble lui être un bon candidat.

Elwyn ne pouvait pas se rendre à un endroit sans créer l'apocalypse sur son passage, à croire que c'était la base de son patrimoine génétique vu qu'aucun Cadburry n'échappait à cette règle d'or. Ils avaient toujours des tonnes de choses à dire, que ce fut sur la vie des tortues ou les modes de contraception en Chine, rien ne les arrêtait, sûrement pas les conventions qu voudraient qu'on reste un peu dans son coin et qu'on fasse un minimum attention aux propos lancés. Très peu pour le quarantenaire, il avait passé déjà bien assez de temps dans son coin devant des documentaires, il avait besoin de s'exprimer et le plus tôt serait le mieux. Alors, il profitait sûrement un poil trop de la sympathie de May en la matière, même si sa comparse n'avait pas l'air de savoir comment répondre à toutes ses interrogations, ce qui était une réaction habituelle pour l'informaticien et donc, il n'en était pas le moins désarçonné. "C'est bon, la pâtisserie. Elle connaît des spécialités indiennes? Non, parce que j'ai goûté un truc l'autre fois et coïncidence, pendant que je mangeais, bim je tombe sur un article qui disait que d'après un rapport de l'ONU, en Inde il y a plus de téléphones portables que de toilettes. C'est épatant, non?" Comme si c'était le fait de l'année. L'urgence était ailleurs puisque la proviseure s'était invitée à leur table, ce qui provoqua un chaos légendaire de la part d'Elwyn. Il se prit le vent de l'année en conséquence mais n'eut pas l'air franchement traumatisée au moment où la dame fit volte face pour retrouver le reste des convives. Pas la peine de parler de cet échec cuisant, surtout pas alors que May parlait de boire un coup. Cadburry lui servit un verre et il la vit ajouter quelques gouttes du précieux breuvage qui avait goûté à sa nageoire, enfin façon de parler. Il attrapa le verre que la blonde lui tendait en souriant, prêt à parler du mode de transport de la girafe pour combler le vide mais il n'eut pas franchement le temps de le faire puisque Glitters lui demanda ce qu'il en était de son statut matrimonial. Pour une fois, on réussit à lui couper la chique, ce qui n'était pas un mal vu sa tendance à déblatérer sans s'arrêter une petite minute. "Tu fais une enquête? Des statistiques? Non, parce que je sais pas mal de trucs sur le mariage, ça pourrait p'tet t'intéresser. Tu savais qu'avant le 1er janvier 2005, une femme divorcée devait attendre 300 jours avant de se remarier, ceci pour éviter un risque de conflit de paternité. Ce délai s'appelait le délai de viduité? Non? Enfin, ça doit être cool le mariage, je sais pas, j'ai jamais essayé de mon côté. Il paraît que c'est un sacré délire, enfin c'est ce que ma coloc' dirait, elle a été fiancée, elle et maintenant, je sais pas trop ce qu'elle fait. Parfois, elle vient dans mon lit mais c'est pas hyper clair. Tu vois? Non, je suppose que non. Et toi, t'es mariée?" Pourquoi continuait-il à s'enfoncer? Le mystère restait entier, avec Elwyn, tout était si compliqué à suivre. Voire à vivre.

May se demandait si effectivement, Elia savait cuisiner les pâtisseries indiennes, mais pour une fois, elle serait prête à parier que ce n’était pas le cas. C’était quoi, les pâtisseries indiennes ? Un gâteau à base de semoule ? Un genre de Baba au rhum imbibé de sucres et tout gluant ? Quoi d’autres ? Ce n’était jamais très bon et sa fille était bien plus digne que ces pâtisseries-là. Sa fille avait plus d’élégance et besoin de plus de challenge. Ce n’était pas les cupcakes et les génoises qui l’intéressaient, c’était la pate feuilletée, les crèmes en tout genre, les pates à choux, les entremets et tartelettes sophistiquées. Elia rêvait d’aller faire des stages de cuisines en France – May en était persuadée en tout cas – et la facilité l’ennuyait. Si May était peu reconnaissante des compétences de sa fille, du moins avec les mots, le fait de finir absolument toutes ses assiettes en disait long sur ce qu’elle en pensait réellement.
May n’avait pas eu le temps de se poser la question à elle-même concernant ces pâtisseries qu’il avait conclues avec le nombre plus important de téléphone que de toilettes en Indes… comment ?! « Epatant oui. » de l’alcool, il lui faut de l’alcool, ou alors… « a quel moment est-ce que tu fais le lien entre pâtisserie et toilettes et téléphone ? » qu’elle s’interrogeait, curieuse de savoir comment un cerveau comme le sien pouvait fonctionner.
« Un Jus d’orange la sorcière ! » May baisse les yeux et si ca n’était pas son neveux qu’elle avait devant les yeux, entrain de rire devant ses petits copains, May aurait sans doute renverser le verre sur les pieds de ce gamin – ce qu’elle se serait quand même retenu de faire sous les yeux avertis de la directrice de l’école qui venait de s’incruster juste avant. - « A vos ordres petit vampire. » elle sert alors son neveu avant qu’il ne reparte vers un stand de jeu un peu plus loin. Maintenant que Elwyn avait fait fuir la grande prêtresse de l’école, ils pouvaient se servir discrètement leur breuvage. May sauta sur ce petit silence pour en placer une.
« Tu fais une enquête? Des statistiques? Non, parce que je sais pas mal de trucs sur le mariage, ça pourrait p'tet t'intéresser. Tu savais qu'avant le 1er janvier 2005, une femme divorcée devait attendre 300 jours avant de se remarier, ceci pour éviter un risque de conflit de paternité. Ce délai s'appelait le délai de viduité? Non? Enfin, ça doit être cool le mariage, je sais pas, j'ai jamais essayé de mon côté. Il paraît que c'est un sacré délire, enfin c'est ce que ma coloc' dirait, elle a été fiancée, elle et maintenant, je sais pas trop ce qu'elle fait. Parfois, elle vient dans mon lit mais c'est pas hyper clair. Tu vois? Non, je suppose que non. Et toi, t'es mariée? » ce que May retiendra de tout ça c’est qu’effectivement, il n’est pas marié. « Ca te dirait de participer à une émission ? Mariés au premier regard. En exclusivité en Australie, ca marche dans d’autres pays, c’est très suivi et le tournage débute bientôt, j’ai besoin d’un homme, un candidat sélectionné a fait faux bon, si c’est ok pour toi, on commence la semaine prochaine. » elle porta son verre à sa bouche, attendant une réponse de sa part mais répondit tout de même à sa question. « Non, pas mariée. »

Il n'y avait sûrement pas deux spécimens comme lui dans ce bas monde et c'était clairement une aubaine pour sa survie, justement. Ce cher Elwyn était une calamité perpétuelle et il ne se rendait compte de rien, pas même des regards réprobateurs des quelques adultes qui traversaient la salle pour surveiller les marmots apparemment prêts à créer une apocalypse dès qu'on les laisserait agir. Cadburry adorait les mômes, il en était un lui même, ce qui aidait forcément dans ce domaine, à l'exception près qu'il avait le droit de boire de l'alcool, lui. Ce dont il ne se privait pas à l'heure actuelle. On pouvait déjà pressentir que c'était la pire idée du siècle alors que May essayait de suivre le flot de ses babillements habituels, autant dire qu'elle allait se confronter à un mur puisque personne n'avait jamais réussi à décoder le mystère Cadburry en quarante années de pratiques possibles. "C'est bien connu que les toilettes et la pâtisserie sont liés, j'veux dire, dans les deux domaines, on démoule un cake, non?" Logique implacable et il était très sérieux, ce qui était pire parce que la flasque se vida le temps que Glitters échangeait avec son neveu. Le quarantenaire fit comme s'il était parfaitement sobre, ce qui ne marchait pas des masses en vue de son monologue. La pauvre May venait d'avoir bien trop d'informations pour une seule femme avec une idée derrière la tête, et une de celles qu'Elwyn ne pouvait pas imaginer. Non, lui, il se voyait déjà sur National Geographic à parler des rapports humains alors qu'on était trop loin d'un tel rêve. "T'es vraiment en train de me proposer une expérience scientifique digne des plus grands? Que Pavlov aille se rhabiller, je signe où? C'est à quelle heure? Il faut s'habiller comment? On passe un détecteur de mensonges? On subit des chocs électriques?" Il avait encore cent autres questions, heureusement qu'il n'avait plus d'alcool sous la nageoire, sinon May aurait fini dégommé par trop de vaines paroles.