Je n’ai toujours pas réussi à me faire à l’idée que ma tante n’est plus parmi nous et au fait que je n’ai même pas pu la revoir et lui dire merci avant qu’elle ne nous quitte. J’ai, bien sûr, retrouvé sa fille, ma cousine Elora, mais la conversation avait été un peu compliqué. Cela fait des années que nous ne nous étions pas vus et de ce fait les retrouvailles ont été un peu compliqué. Je n’avais donc pas insisté. L’annonce a été un peu difficile et il m’a fallu quelques jours avant de pouvoir trouver la force de me rendre sur la tombe de ma tante. Lorsque j’étais petit, elle a toujours été plus comme une mère que ma mère ne l’a jamais été et j’ai toujours gardé de très bons souvenirs de ces quelques années ou elle venait me voir souvent pour m’emmener manger quelque part, ou m’emmener faire des activités. Avec ma grande mère, elle est la personne qui a eu le plus d’impact dans mon enfance et qui s’est toujours démener pour s’occuper de moi et me rendre heureux, sans elles je ne sais pas où je serais sans elle. Après avoir appris la nouvelle, j’ai donc pris quelques jours de pause dans le montage dans mon film et je suis parti en montagne pour me perdre un peu dans la nature. Marcher avec Loki, camper et me perdre loin de la technologie a toujours été un moyen de décompression pour moi, et ma manière de gérer les choses un peu trop difficiles. A la suite de mon divorce par exemple, j’avais pris un sac à dos et j’étais parti marcher dans l’ouest des Etats Unis pendant près d’une semaine. De retour de ma petite randonnée, j’ai donc contacté Cora pour que l’on se fasse une soirée tous les deux. Nous ne sommes pas vus depuis quelques semaines, je sais qu’elle souhaite me parler de quelque chose, mais je sais également que sa présence me ferait beaucoup de bien. Je lui ai donc simplement envoyé un message, lui disant que je passerais la soirée avec elle vendredi et elle m’a rapidement répondu que ca serait avec plaisir. Entre Cora et moi, les choses ont toujours été simples, faciles et c’est le genre d’amitié qui m’a toujours fait du bien. J’ai toujours été là pour elle quand elle en avait besoin et elle fait de même avec moi. Elle avait été d’une aide particulièrement précieuse après mon retour en Australie et après mon divorce, c’est d’ailleurs à partir de ce moment que nous sommes devenus vraiment inséparable et d’avoir été séparer d’elle pour filmer mon dernier film à travers l’Australie a été un peu difficile, si bien que nous avons passés un nombre incalculable d’heures sur skype et au téléphone. Je sors doucement de mes pensées avant de regarder l’heure sur mon portable, je vais encore être en retard, mais je crois que la rousse a bien l’habitude avec moi. Je me glisse rapidement sous une douche brûlante avant d’enfiler un jean et un simple t-shirt. Quelques minutes plus tard, j’attrape mes clés, mon sac et sors de ma maison. Je passe rapidement récupérer les pizzas que j’ai commande avant de me mettre en route vers chez ma meilleure amie. Je suis définitivement à le bourre, surtout que je me retrouve coincé dans les bouchons pendant un moment. J’envoie rapidement un message à la rousse pour la prévenir et alors que je suis sur le point de perdre patience, je me gare enfin devant chez elle. Je verrouille ma voiture et monte les marches quatre par quatre avant de frapper à la porte. Une petite tête rousse ne tarde pas par apparaitre dans l’ouverture de la porte et je ne peux m’empêcher de sourire. « Hey ! Je sais, je sais, je suis en retard, mais y avait des bouchons et… Bon, j’avoue je suis parti à la bourre aussi. » Je laisse échapper un petit rire et viens rapidement la serrer dans mes bras, embrassant sa tempe, comme je l’ai toujours fait depuis des années. « Mais pour me faire pardonner, je t’ai ramené des pizzas et tes cookies préférés. » Je lui adresse un grand sourire et pénètre dans l’appartement, retirant mes chaussures et faisant comme chez moi par habitude. « Comment tu vas babe ? » Cora est l’une des rares personnes dans ma vie à qui je donne un surnom. Elle est l’une de mes plus vieilles amies, mais également celle qui a toujours compter le plus dans ma vie. Depuis nos dix-neuf ans, elle a pris une place dans ma vie et je ne m’imagine pas pouvoir vivre sans elle. Je lui adresse un sourire et la trouve très belle avec ses longs cheveux couleur de feu retomber doucement sur ses épaules.
Elle n’avait pas vu le temps passer à force de potasser la meilleure façon de bâtir son entreprise. Elle était déjà passé par là lors de la fondation de son refuge mais son état d’esprit a bien changé depuis cette époque. C’est un risque qu’elle prend bien que cela représente aussi l’occasion d’évoluer professionnellement, elle sait qu’elle peut échouer et s’il vaut mieux dans ce cas avoir un regret plutôt qu’un remord, ça n’empêche que cela fait son effet. Cora est tellement loin de la femme pleine d’assurance qu’elle fait mine d’être, c’est dans ces moment-là qu’elle commence à douter d’elle, à se sentir fausse. C’est au moment où elle commence à s’enfoncer dans cette pensée là qu’elle reçoit un texto de Matthias, demandant à la voir. La perspective de ne pas passer la soirée à ressasser seule des pensées qui n’ont rien à faire dans son crâne l’enjoue et tel un super héros, il annonce sa venue pour la tirer de là, ce qui suffit à la rouquine pour qu’elle se remette à travailler, bosser son plan d’entreprise et ses projets pour pouvoir en parler librement à celui qui, en plus d’être son meilleur ami, est son exacte copie en ce qui concerne cette passion commune qu’est le cinéma. Cela faisait quelques mois que Cora avait en tête de bâtir son entreprise, de produire ses propres films selon sa vision et de traiter de ses sujets à elle. Depuis quelques semaines, elle le met sur les rails en mesurant toutes les pertes et fracas que ce projet allait amener mais comme elle l’avait dit à Vittorio, il allait lui falloir quelque chose. Elle ne savait pas réellement quoi à l’époque mais sa pensée s’était précisée et passer derrière la caméra était son projet. Un projet qu’elle mettrait difficilement en route sans celui qui la complétait. « Hey ! Je sais, je sais, je suis en retard, mais y avait des bouchons et… Bon, j’avoue je suis parti à la bourre aussi. » Admet Matthias à l’instant où elle ouvre sa porte sur lui. Ses yeux ne manquent pas les cartons de pizza qui l’accompagnent, elle manquerait presque de lui demander s’il attend du monde tant c’est beaucoup. « Mais pour me faire pardonner, je t’ai ramené des pizzas et tes cookies préférés. » Au lieu de blaguer, elle préfère sourire face à son geste attentionné et l’invite aussitôt à entrer et à faire comme il en a l’habitude « Comment tu vas babe ? » demande t-il alors qu’elle s’avance déjà vers le salon pour ranger tout son petit bordel à elle pour mieux l’accueillir, c’est quand il arrive dans la pièce qu’elle lui répond : « Je vais plutôt bien, j’arrive à occuper mes journées malgré le chômage. » dit-elle en riant de sa propre situation. « Et toi ? Comment ça se passe le montage ? Tu m’as l’air un peu dépassé en ce moment, tu es sûr que tout va bien ? » demande t-elle par réel inquiétude, parce qu’elle le remarque maintenant qu’il est dans la lumière, la présence de cette marque sur son front, celle qui veut tout dire dès qu’il est un peu soucieux.
Il est vrai que ces derniers temps, je ne manque d’occupation, entre le boulot qui me prend un temps fou, les activités bénévoles que j’ai à coté et le fait de vouloir quand même avoir une vie sociale, je ne m’ennuie pas. A mes yeux, il est important de toujours trouver du temps pour voir mes amis, pour me sortir un peu la tête du boulot et de penser à autre chose que le monde du cinéma. Certes, j’adore mon métier, j’adore avoir cette chance de pouvoir travailler dans un métier que j’aime énormément, mais il me faut aussi penser à en sortir de temps en temps pour prendre le temps de respirer. Lorsque j’étais petit, je passais souvent du temps à écrire pour pouvoir oublier ce qu’il se passait dans ma vie, pour oublier ma mère ou le harcèlement que je subissais à l’école. L’écriture de mes histoires était devenue un peu une échappatoire dès que les choses devenaient trop compliqués ou trop prise de tête. En grandissant, en maturant avec l’âge, l’écrire est resté un peu cette échappatoire pour moi, mais je tente également de ne pas me faire piéger à trop m’enfermer dans cela. Puis il est également important à mes yeux de toujours garder du temps pour passer du temps avec mes proches, avec ses amis qui aux files du temps sont devenus ma famille. C’est pour cela que j’ai ce soir pris le temps de voir Cora. Depuis mon retour en Australie il y trois ans maintenant, je prends toujours soin de voir ma meilleure amie aussi souvent que possible. Il faut bien avouer que sans elle, sans l’avoir auprès de moi, au téléphone ou autre, je me sens un peu perdu. Depuis nos dix-neuf ans Cora est devenue une personne essentielle à ma vie et je ne serais sans doute pas là ou j’en suis aujourd’hui si elle n’avait pas fait partie de ma vie. Notre passion commune du cinéma, de la réalisation nous a toujours été rapprocher et je sais que dès que j’ai un doute, un souci ou une question je peux compter sur elle pour m’éclairer. Je lui adresse alors un sourire en la voyant apparaître à la porte de son appartement. Malgré son air un peu fatigué, elle est toujours aussi belle et la voir face à moi me confirme déjà que je vais passer une bonne soirée. Avec elle, je sais que je peux être moi-même et que je n’ai rien à cacher. Je pénètre dans l’appartement et lui donne la pizza et les cookies qu’elle va de ce pas déposer dans la cuisine. Je connais cet endroit par cœur, pour y avoir passé de nombreuses soirées à débattre cinéma et des soirées mémorables. « Je vais plutôt bien, j’arrive à occuper mes journées malgré le chômage. » Je sais que cette situation de chômage n’est pas facile pour Cora, qu’elle a envie de revenir dans le métier, de se relancer mais de savoir qu’elle va bien malgré cela me rassure. « Et toi ? Comment ça se passe le montage ? Tu m’as l’air un peu dépassé en ce moment, tu es sûr que tout va bien ? » Je ne peux m’empêcher de lui adresser un sourire rassurant en voyant son visage inquiet me regarder. « Un peu fatigue mais je vais bien. Y a juste pas mal de boulot en ce moment, et tu me connais, je suis perfectionniste donc je veux que les choses soient parfaites. » Depuis toujours, je suis le genre de mec qui a besoin d’avoir constamment un carnet sur lui pour pouvoir notre mes idées. Que je sois dans le train, dans le bus, ou même sur le point de m’endormir, si j’ai une idée ou une pensée il faut absolument que je le note. Je pense aussi beaucoup à ma tante depuis l’annonce de son décès, mais même si je ne suis pas sûr d’avoir trop envie de m’étendre sur le sujet, je sais qu’en parler à Cora me fera sûrement du bien. Elle est l’une des rares personnes dans ma vie au courant de mon passé, du fait que j’ai été élevé par ma grand-mère jusqu’à mes huit ans et qu’après cela j’ai plus ou moins dû me débrouiller tout seul. Elle est également la seule à savoir d’où vienne ses grandes cicatrices sur mes poignets qui datent de mes treize ans et qui auraient pu faire que je ne serais pas là aujourd’hui. « Briana m’a écrit. » Il y a bien longtemps que je n’ai pas appelé ma mère maman, après tout à mes yeux elle ne mérite pas ce statut. « Elle m’a envoyé une lettre et au milieu de ses demandes d’argents annuel elle m’a appris que ma tante est décédée… Accident de voiture apparemment. » Sophia, ma tante, avait toujours été plus une mère pour moi que ma propre mère alors cette annonce m’a un peu secoué, même si nous n’avons pas eu contact depuis quelques années.
Ils étaient devenus des adultes avec le lot de soucis qui accompagne l’âge et pourtant, ils sont encore capables de se réunir autour d’une pizza tels des étudiants pour parler de tout et refaire le monde. De se réunir avec Matthias, ça ramène Cora dans un passé où ses soucis étaient moindre que ceux d’aujourd’hui et surtout à un temps où elle voyait le temps devant elle et non celui derrière. En s’installant près de lui, elle se réalise qu’une part de son problème, c’est de trop regarder le passé là où elle ne devrait que se concentrer sur l’avenir. A partir de maintenant, il faudrait qu’elle réalise cette prouesse sans que Matthias ne soit obligé de venir chez elle. Les pizzas posées dans leur coin, elle s’empresse de le retrouver au salon pour se mettre à jour sur ce qu’est sa vie à lui. Elle sait qu’il a un film en post-prod actuellement et n’attend que de pouvoir jeter un coup au résultat, final ou pas. « Un peu fatigue mais je vais bien. Y a juste pas mal de boulot en ce moment, et tu me connais, je suis perfectionniste donc je veux que les choses soient parfaites. » Oui, c’était un point communs qu’ils avaient. D’entendre Matt en parler, ça la motive à faire ça elle aussi à son tour. Bien sûr, elle n’est pas capable de cadrer une caméra seule ou de réfléchir à l’entièreté d’un film et de ses plans mais de passer derrière simplement, ça l’émoustille autant que ça lui fait peur et quand Matthias en parle, ça rend la chose tellement vrai pour elle. Elle sent qu’elle a besoin de beaucoup se rassurer, elle pourrait lui poser des questions toute la soirée. « Tu sais, si tu as besoin d’une seconde opinion pour le montage, il se trouve justement que le montant de mon cachet a chuté drastiquement donc n’hésite pas, ça peut te couter seulement quelques cookies. » assure t-elle avec un grand sourire. Elle fait mine mais en réalité, elle a vraiment envie d’apprendre à ses côtés. S’ils avaient toujours eu cette passion commune, l’un n’était pas non plus complètement capable de faire ce que fait l’autre et vice versa. Elle est prête à lui parler de tout ce projet mais Matt semble avoir une information à communiquer et en l’écoutant, Cora met naturellement de côté tout ce qu’elle avait à dire. « Briana m’a écrit. » Il n’a pas encore précisé le contenu de ce courrier mais quand Matt parlait de sa mère, c’était jamais pour annoncer une bonne nouvelle. En cela, elle le comprenait. Elle avait mis des années à chasser sa mère de sa vie et à ne pas s’en sentir coupable, ce qu’elle aimerait là, ce serait de lui communiquer le courage de faire la même chose. « Elle m’a envoyé une lettre et au milieu de ses demandes d’argents annuel elle m’a appris que ma tante est décédée… Accident de voiture apparemment. » Elle n’ajoute rien, ne sachant trop quoi dire dans ces moments alors au lieu des paroles, elle choisit les gestes et dépose sa main dans la sienne pour lui rappeler sa propre présence. Elle pourrait lui poser plusieurs questions, à savoir si il l’avait vu récemment, mais elle se doute de la réponse et a bien trop peur que ça ne le fasse culpabiliser que plus. « Tu sais que, les proches n’ont pas besoin qu’on leur dise pour savoir qu’ils sont aimés ? » dit-elle, parce qu’elle devine aisément que de n’avoir pas pu dire au revoir doit être ce qui le tracasse. « Ce qui compte, c’est que tu te comportes comme elle aurait voulu que tu le sois et que tu ne l’oublies pas. »
Je me suis toujours senti bien avec Cora. Entre nous les choses ont toujours été simples, évidentes et depuis que nous ne connaissions pas une seule fois je n’ai ressenti le besoin de cacher quelque chose, de changer mon comportement ou de changer qui je suis. Je sais qu’elle me connait par cœur, qu’elle sait parfaitement quand je vais mal, quand j’ai des choses en tête et je sais que je peux compter sur elle à tout moment. Les quelques années que nous avons passées à des milliers de kilomètres l’un de l’autre n’ont d’ailleurs pas tous les jours était facile. Les quelques années que nous avons passées à des milliers de kilomètres l’un de l’autre n’ont d’ailleurs pas tous les jours était facile. Elle est l’une des rares personnes à savoir tout de ma vie, à savoir mon histoire avec ma mère, ma grand-mère, mais aussi à être au courant de la tentative de suicide que j’avais fais à l’âge de treize ans. Cora est ma confidente, celle vers qui je me tourne quand il se passe quoi que ce soit de ma vie, elle est un peu ma bouée et celle qui m’a sauvé lorsque nous nous sommes rencontrés. Nous avons d’ailleurs bossé ensemble quelques fois et dans le fond un jour j’aimerais beaucoup que nous puissions à nouveau collaborer sur un projet. Je me suis promis de lui proposer de bosser avec moi bientôt. « Tu sais, si tu as besoin d’une seconde opinion pour le montage, il se trouve justement que le montant de mon cachet a chuté drastiquement donc n’hésite pas, ça peut te couter seulement quelques cookies. » Je ris légèrement et lui adresse un grand sourire. « Tu devrais venir à la maison à l’occasion, que je puisse te montrer l’avancement des choses. Puis tu sais que j’ai toujours besoin de ton avis. » Cora est l’unique personne avec laquelle je partage des choses de mon boulot avant que les montages ne soient finis, même le reste de mes amis les plus proche n’ont pas ce privilège. Cora a cette place spéciale dans ma vie et cela ne changeras jamais, ou tout du moins c’est ce que j’espère.
Sans vraiment réfléchir alors, je me mets à lui parler de ma mère, des nouvelles qu’elle m’a apporté récemment et je dois avouer que cela me pince le cœur. Je n’ai jamais été proche de ma mère, et même si il y encore de rares ou jours ou cela me pèse un peu, j’ai fini par accepter les faits et j’ai couper les ponts avec elle. Cependant la nouvelle qu’elle m’a annoncée m'a pesé gros sur le cœur et il ne faut pas longtemps pour que je finisse par le dire à Cora. Avec elle, j’ai toujours eu de grande facilité à me confier et encore une fois cela prouve de la force de notre lien. « Tu sais que les proches n’ont pas besoin qu’on leur dise pour savoir qu’ils sont aimés ? » Je lui adresse un léger sourire alors que la rousse vient déposer sa main sur la mienne et reprend la parole. « Ce qui compte, c’est que tu te comportes comme elle aurait voulu que tu le sois et que tu ne l’oublies pas. » Encore une fois, Cora trouve les bons mots, les bonnes paroles et je me sens un peu plus léger. Je ne sais vraiment pas ce que je pourrais faire sans elle, je me serais sûrement noyé depuis des années si je n’avais pas de Cora dans ma vie, je lui dois beaucoup. « Oui, tu as raison. » Même si ma tante s'est éloigné, si j’ai appris qu’elle et ma cousine avaient vécu des choses difficile, qu’elles avaient été battu dans le passé, je sais que Sophia n’avait jamais oublié que je l’aimais. Je souris légèrement à ma meilleure amie. « Merci. » Je viens doucement déposer un baiser sur son front avant de me caler à nouveau dans le fond du canapé.
Je finis par me tourner vers la belle rousse, sachant qu’elle a quelque chose dont elle veut me parler. Je sais que ces derniers temps Cora a beaucoup réfléchi à sa carrière, à ce qu’elle veux faire dans le futur et la connaissant, c’est sûrement de ca qu’elle souhaites me parler. Je me tourne vers elle. « Enfin, tu veux me parler de quoi toi sinon ? » Je lui adresse un nouveau sourire.
Elle propose comme si de rien de venir voir où il en est de son film. Si Cora avait toujours pu profiter des explications de Matthias dans le domaine de la réalisation, le jeune homme garde encore des milliers d’informations dont elle ignore la nature et qui pourraient pourtant l’aider à mieux appréhender son futur et à la rendre beaucoup plus légitime dans ses projets. La vérité, c’est qu’elle crève d’envie de voir où il en est, déjà pour l’occasion de passer du temps ensemble (temps qui au passage s’écoule de plus en plus maintenant que les années passent) et enfin parce qu’elle souhaite apprendre. « Tu devrais venir à la maison à l’occasion, que je puisse te montrer l’avancement des choses. Puis tu sais que j’ai toujours besoin de ton avis. » « Je n’y manquerais pas alors. » assure t-elle, bien décidée à se ramener dès le lendemain avant de le harceler de question sur le film en question. Bon, Cora avait bien évidemment déjà eu à faire à des producteurs et peut sans mal s’imaginer faire le travail mais le sentiment de ne pas en savoir encore assez est là, bien présent. Alors qu’elle se prépare à lui annoncer la bonne nouvelle, il reprend la parole afin de lui faire part du décès récent d’une de ses tantes. L’information scie Cora sur place qui ne sait pas dans un premier temps comment elle doit réagir. Matthias intériorise beaucoup de chose et même s’il est capable de lui montrer ses plaies à vif, elle n’a pas toujours la bonne réponse à apporter à ses maux. Elle aimerait apaiser son ressenti mais si elle parvient déjà adoucir sa peine, ce sera une victoire. « Oui, tu as raison. » dit-il alors qu’elle semble le centrer sur le positif. Cora n’avait jamais expériencé le décès d’une personne. Enfin, il y’a son père, bien sûr, mais la situation n’en est que très peu comparable. Danielle l’avait tenu loin de lui toute son enfance. Cora n’avait toujours que peu de temps à ses côtés, si bien que ce qui l’avait blessé le plus dans le décès de ce dernier, c’était de ne plus avoir la possibilité de rattraper le temps perdu et non le décès en lui-même. Des souvenirs, Matthias en garde et c’est ça le principal, d’avoir sur profité. « Merci. » finit-il par dire en déposant un baiser sur son front avant de mettre fin au sujet, sujet sur lequel elle reste ouverte à l’entendre se confier. « Enfin, tu veux me parler de quoi toi sinon ? » demande t-il, la laissant hébétée d’être en train de rebondir sur elle après une telle annonce. Elle garde un regard interrogateur, à savoir si elle doit vraiment parler et se décide finalement à le faire. « J’ai décidé de tenter ma chance. » annonce t-elle avant de poursuivre ses explications. « Je vais créer ma propre boite de production de film, j’en suis encore au tout début, je passe dix heures par jour à paniquer, je me bats contre mon syndrome de l’imposteur mais j’avance, de plus en plus et j’ai bon espoir d’avoir un jour à nouveau mon nom au générique d’un film. » Elle déblatère à toute vitesse. C’est un gros truc, c’est projet, c’est sa preuve qu’elle peut aller de l’avant, c’est le futur dans lequel elle doit concentrer ses efforts et elle a besoin d’être autant rassurée qu’elle ne panique.
« Je n’y manquerais pas alors. » Je lui adresse un sourire et me perds dans mes pensées en la regardant quelques minutes. Cora a toujours été mon rock, la personne vers qui je me tourne lorsque les choses ne vont pas, lorsque j’ai besoin de conseils. Elle est toujours celle qui est au courant de mes projets de cinéma avant même que je ne signe les contrats. Elle est celle en qui j’ai une confiance aveugle et a qui je confirais ma vie sans aucune hésitation. Alors lui parler de ma tante, de ce que cela me fait ressentir est assez facile avec elle. Même si je n’ai jamais été un grand bavard lorsqu’il s’agit de parler de moi et encore plus de mes sentiments, avec elle les choses sont un peu différentes. Des fois nous n’avons même pas besoin de mots pour comprendre que l’autre ne va pas bien et c’est quelque chose d’assez bizarre mais également d’un peu extraordinaire. Alors les quelques mots qu’elle me dit, ces simples mots me rassure un peu. Elle trouve les bons mots à dire et surtout, elle est là, et c’est tout ce qui compte. Je la remercie et embrasse son front, par habitude.
Puis je lui demande alors ce qu’est sa nouvelle, cette chose qu’elle veut absolument m’annoncer. « J’ai décidé de tenter ma chance. Je vais créer ma propre boite de production de film, j’en suis encore au tout début, je passe dix heures par jour à paniquer, je me bats contre mon syndrome de l’imposteur mais j’avance, de plus en plus et j’ai bon espoir d’avoir un jour à nouveau mon nom au générique d’un film.» Si c’est, en partie, grâce à elle que je me suis lancé dans le métier de mes rêves, qu’elle qui m’a appris des tonnes de choses sur le cinéma, sur le métier d’acteur, maintenant que je suis réalisateur c’est aussi mon tour de lui apprendre des nouvelles choses et cette nouvelle me rend vraiment heureux. Cela fait un moment que Cora a un peu perdu sa voie, qu’elle ne savait plus trop quoi de sa vie et de savoir qu’elle a enfin réussi à prendre cette décision me rend heureux. Je lui adresse un sourire avant de prendre la parole. « C’est génial Co. Je sais que c’est flippant de se lancer, crois-moi, mais je suis sûr que tu vas être géniale ! Puis tu sais que si t’as besoin de quoi que ce soit, tu hésites pas, je suis là. » Je lui adresse un nouveau sourire. « On pourra bosser à nouveau ensemble, ca serait génial. Dis moi tes idées plus précises alors. » Je pourrais écouter Cora me parler de son métier d’actrice pendant des heures, et je suis sûr que je pourrais en faire tout autant avec ses nouvelles idées qu’elle doit avoir. Je crois en elle, depuis des années, et si je devais la soutenir à fond, alors c’est ce que je vais faire.
De le dire à haute voix commence à rendre les choses officielles. Il reste encore bien des étapes avant de parvenir au résultat final mais d’annoncer ses intentions de se lancer dans la production de film, c’est déjà le premier moyen pour confirmer qu’elle le fera et qu’elle ne se défilera pas face à la peur d’échouer afin d’honorer tous les encouragements que ses proches ont placés en elle. Si c’était un risque, d’avoir mis Mathias au courant et d’en faire son plus proche et important alliés est probablement ce qui lui permettra de venir à bout de ses intentions et s’ils devront plus tard situer le début de tout, ce sera au moment de cette conversation qu’ils pourront dater. Evidemment, elle aurait cent fois préféré que cela se fasse dans une situation plus propice à l’optimisme mais depuis toujours, ces deux-là étaient des partenaires de travail et pansaient leurs plaies en s’y jetant corps et âmes. « C’est génial Co. Je sais que c’est flippant de se lancer, crois-moi, mais je suis sûr que tu vas être géniale ! Puis tu sais que si t’as besoin de quoi que ce soit, tu n’hésites pas, je suis là. » Elle dresse un sourire de remerciement pour le soutien qu’il lui témoigne même si pour le moment, elle est réellement au stade un et que ce n’est pas dans l’immédiat que son premier film sera en production. Il y’a encore mille étapes à passer. « On pourra bosser à nouveau ensemble, ca serait génial. Dis moi tes idées plus précises alors. » Matthias semble visiblement plus enjoué qu’elle, ce qui témoigne qu’il a vraiment confiance en ce projet là où elle tatillonne et stresse à l’idée d’échouer. Il semble déjà la surestimer là où les idées sont encore très confuse. « Oulà, doucement. J’ai pas encore trouvé le scénario que j’aimerais produire. » dit-elle en riant, alors qu’il s’agit là de l’étape numéro un du projet : savoir quelle histoire elle aimerait raconter. Cela demandait du temps et cela ne se fait certainement pas seul, un film, c’est un travail d’équipe et elle doit trouver là où elle s’entoure. « Pour le moment, j’en suis à décidé du nom de ma boite et à rédiger tout un tas de présentation pour convaincre des investisseurs et surtout pour trouver des partenaires. Je dois faire pas mal de porte à porte avec les gens du métier et bon, c’est là que je découvre qui était vraiment mon ami et qui ne l’était pas. » Elle hausse légèrement les épaules. Trouver du soutien, c’était chose compliqué mais elle était déjà revenue une fois sur le devant la scène, elle serait capable de le refaire. Il ne lui reste qu’à réfléchir à une stratégie de retour. « Je pense que si je veux que ça marche, je dois d’abord redorer mon blason et travailler mon image. Je vais rester discrète, finis les journaux et la fame mais je dois montrer que je suis sérieuse. Je pense que la machine commence là. »
J’ai toujours cru en Cora, en ce potentiel qu’elle a en elle de monter ses propres projets, de se lancer dans de nouvelles idées. Si il y a des années de cela c’est elle qui m’avait supporte lorsque j’ai voulu réaliser mon rêve de producteur, si c’est elle qui m’a poussé à ne pas lacher, à ne pas baisser les bras mais surtout à me battre pour réussir. Aujourd’hui c’est à mon tour de l’aider dans cette démarque, de pouvoir l’aider avec les compétences que j’ai acquise au cours des dernières années, d’être derrière elle lorsqu’elle aura envie de baisser les bras. Se lancer dans une nouvelle activité, dans des projets ou tout est nouveau ce n’est jamais facile et cela peut également être effrayant des fois. Je sais que cela fait un moment qu’elle a toutes ses idées qui lui trottent dans la tête, qu’elle hésite à se lancer alors maintenant qu’elle m’annonce enfin vouloir le faire, je ne peux m’empêcher d’être excité. « Oulà, doucement. J’ai pas encore trouvé le scénario que j’aimerais produire. » Je ris légèrement, m’étant sûrement un peu trop emballé. « Désolé, t’as raison ne mettons pas la charrue avant les bœufs. » J’ai pourtant tellement envie de lui proposer de collaborer avec moi, de lancer ses projets avec moi. Je suis en train d’écrire un nouveau scénario et j’aurais adoré qu’elle puisse se joindre à moi pour le réaliser.
« Pour le moment, j’en suis à décidé du nom de ma boite et à rédiger tout un tas de présentation pour convaincre des investisseurs et surtout pour trouver des partenaires. Je dois faire pas mal de porte-à-porte avec les gens du métier et bon, c’est là que je découvre qui était vraiment mon ami et qui ne l’était pas. » « Oui, c’est un peu la partie longue et pénible. Mais je suis sur que tu finiras par trouver du monde. Déjà, tu en as un ici de partenaires si tu as besoin. » Je lève la main en lui adressant un grand sourire. Bien sur que je suis prêt à soutenir ses idées et à même investir un peu si il le faut. « Je pense que si je veux que ça marche, je dois d’abord redorer mon blason et travailler mon image. Je vais rester discrète, finis les journaux et la fame mais je dois montrer que je suis sérieuse. Je pense que la machine commence là. » J’hoche la tête. Elle a raison, elle doit surement redorer un peu son image, surtout à cause de sa mère également, mais je ne doute pas un seul instant que cela marcheras. « Je crois en toi. Je suis sûr que les gens finiront par voir la personne génial que tu es. Et puis tu le mérites. » Ca c’est sûr qu’elle le mérite, tellement. Si je pouvais je l’aiderais plus mais je dois aussi la laissé faire, seule et monter son projet comme elle l’entend. « Moi je dis que ca mérite quand même un petit toast avec un bon verre de vin. » Et je n’attends même pas la réponse de ma meilleure amie pour me lever et aller chercher une bouteille de vin au frais. Je sors deux verres et débouchonne la bouteille avant de nous servir. Je viens donner un verre à la rousse et tends le mien devant moi. « A ta nouvelle compagnie et à ton futur succès mademoiselle Coverdale. » Je lui adresse un nouveau sourire.
La nouvelle était tombée. Elle avait passé un long moment à juger de sa crédibilité dans le domaine mais avait fini par en conclure que si on laissait des pervers du genre de Polanski continuer à gagner des récompenses, elle pouvait sans honte prétendre à poursuivre une carrière dans le cinéma. Son seul tort avait, après tout, été que de cacher sa vie privée, un évènement qui n’aurait suscité autant de débat si elle avait une personne anonyme. Bien sûr, Rome ne s’est pas construite en un jour et c’est un sacré travail qui attend Cora, notamment autour de la communication. « Désolé, t’as raison ne mettons pas la charrue avant les bœufs. » répond Matthias après s’être un petit peu trop vite emballé. Sa boite de prod n’est encore qu’un bébé projet mais elle ne tenait plus à ne pas en parler. Il lui fallait des avis et du soutien venant de ses proches, de ceux du milieu et elle ne pouvait décemment pas entreprendre sans en parler à Mathias, ils avaient évolué ensemble dans le domaine bien que dans des côté opposé de la caméra. Elle finit par poser là où elle en est, c’est-à-dire pas très loin, mais comme on dit, de prendre la décision, c’est déjà la moitié du boulot de fait et connaissant le caractère de Cora à être un bourreau de travail, le reste devrait être accompli. Que de prévoir, ça la motive énormément. Les idées fusent dans sa tête et si ce n’est pas le moment de les exposer car ce qu’il faut en priorité, c’est une histoire à raconter, elles sont là et c’est ce qui la conforte. « Oui, c’est un peu la partie longue et pénible. Mais je suis sûr que tu finiras par trouver du monde. Déjà, tu en as un ici de partenaires si tu as besoin. » Un sourire se dresse sur son visage. Matthias, c’est son filet de sécurité. Elle sait que si elle tombe, il sera là pour la rattraper et qu’elle peut avancer sans avoir peur grâce à lui parce qu’il apporte la sécurité, la conscience que la réponse n’est pas loin et que le bout n’est pas si loin si jamais elle en a besoin. Seulement Cora reste fière et indépendante, et si elle peut avancer sans tomber, sans être rattrapée, elle préfèrerait. « Ne t'en fais, je ne t'oublierais pas. Après, ce à quoi je pense beaucoup, c'est de travailler à nouveau avec Lizzie, j'ai hâte de lui montrer le projet quand il sera concret. » « Je crois en toi. Je suis sûr que les gens finiront par voir la personne géniale que tu es. Et puis tu le mérites. » En soi, ça fait vingt ans que les gens voient qui elle est, ils ont juste appris des faits sur son passé remettant en cause ce qu’on savait d’elle, mais elle n’a pas peur à ce que tout revienne et dans le cas inverse, elle compte rester une femme de l’ombre. « Moi je dis que ça mérite quand même un petit toast avec un bon verre de vin. » dit-il en faisant comme chez lui pour aller le vin tandis qu’elle pianote rapidement sur son téléphone en attendant qu’il revienne vers elle. « A ta nouvelle compagnie et à ton futur succès mademoiselle Coverdale. » « Merci » dit-elle en saisissant son verre à ses lèvres pour trinquer. « Et donc, pour enrevenir à toi, ce film que tu montes, tu ne m’as pas encore pitché le scénario ? »
Se lancer dans quelque chose de nouveau, quelque chose de presque à nouveau, ca fait peur. Ca fait peur mais en même temps c’est excitant, c’est motivant. Je me souviens encore de mon premier film, de celui qui a lancé ma carrière, qui m’a permis de partir vivre aux Etats Unis. Je me souviens parfaitement de l’anxiété que cela avait provoquer mais aussi de l’excitation, de l’envie que le projet marche. Je me souviens parfaitement de ces sentiments et je ne doute pas une seule seconde que Cora doit ressentir la même chose. Bien sur elle connait le monde du cinéma, d’un côté elle le connait bien mais se lancer dans ce qu’elle fait aujourd’hui et être actrice n’est quand même pas la même chose. Pourtant lorsqu’elle me parle de tout cela, je ne peux m’empêcher de m’emporter un peu, de vouloir aller trop vite. Mais ca, c’est mon optimisme, le fait que je crois en Cora et que je suis parfaitement certains qu’elle va réussir. Je tente de la rassurer un peu sans trop m’enporter à nouveau parce que je sais à quel point cela peut être submergeant et flippant. « Ne t'en fais, je ne t'oublierais pas. Après, ce à quoi je pense beaucoup, c'est de travailler à nouveau avec Lizzie, j'ai hâte de lui montrer le projet quand il sera concret. » Cela ne m’étonne pas de la rousse, qu’elle veuille travailler avec Lizzie. Elles ont toujours été proche toutes les deux. « Je trouve que c’est une superbe idée en tout cas. Et puis t’as raison, chaque chose en son temps, prend le temps de faire les choses bien et comme tu les veux surtout. » Faire les choses comme elle l’entend, comme elle les veux et non se plier à ce que les autres attendent. C’est surement le plus dur dans ce domaine.
Je sors alors des verres et du vin afin de trinquer à l’idée de ma meilleure amie. Je sais qu’elle réussira, du moins je l’espère très fortement et si elle a besoin d’aide, elle sait qu’elle peut compter sur moi. Je tends alors mon verre pour trinquer. « Merci. » Je bois une gorgée et lui adresse un sourire. « Et donc, pour en revenir à toi, ce film que tu montes, tu ne m’as pas encore pitché le scénario ? » Cora est souvent celle qui connait toujours mes scénarios, celle à qui je parle lorsque j’avais une décision à prendre et je n’arrive pas à me décider, mais cette fois là je veux garde le projet secret. Je veux qu’elle découvre le film à l’avant-première, comme tout le monde. « Je crois que ca va rester un secret pour celui-là. Mais la sortie est normalement prévue pour dans quelques mois, donc il va falloir que tu sois encore un peu patiente. » Je lui adresse un sourire. « Mais promis celui que je suis en train d’écrire et de réfléchir je ferais appel à toi. Mais c’est pas pour tout de suite non plus. »
Reprendre le travail avec Lizzie était définitivement en haut de sa liste de projet. Les deux jeunes femmes avaient grandies et évoluées ensemble. Maintenant que l’une sort du banc de touche, c’est avec tout le naturel du monde qu’elle cherche à entrainer l’autre. Cora a le sentiment depuis bien longtemps que sa meilleure amie est aussi perdue qu’elle et elle espère de tout cœur que monter un projet ensemble l’aidera à sortir du flou qui entoure son quotidien. C’est un souhait qu’elle exprime à Mathias à défaut de l’avoir exprimé à la principale concernée. Au final, sa boite, elle souhaite plus en faire une entreprise familiale qu’une véritable entreprise profitable. Le monde du cinéma est vaste. Nul besoin pour elle que de viser un grand succès. Les films seront intimiste et se voudront de traiter de sujet réels au lieu d’être de simple objet de divertissement que l’on consomme. « Je trouve que c’est une superbe idée en tout cas. Et puis t’as raison, chaque chose en son temps, prend le temps de faire les choses bien et comme tu les veux surtout. » rajoute Mathias, amenant une nouvelle esquisse de sourire chez une Cora qui se garderait de se répéter. Maintenant, il est l’heure d’entreprendre.
Ne cherchant pas à monopoliser la conversation, elle se tourne naturellement vers ses projets à lui. Il montait son film avant d’arriver. La curiosité pointe le bout de son nez. Il ne lui en avait pas parlé. Elle et lui n’en étaient plus à cette période où elle pouvait lire ses scripts à l’avance. L’Amérique avait changé Mathias sur ce point, vu que son expérience du métier était au moins aussi équivalente à celle de la rouquine. Désormais, elle devait attendre pour découvrir ce qu’il mijotait. « Je crois que ca va rester un secret pour celui-là. Mais la sortie est normalement prévue pour dans quelques mois, donc il va falloir que tu sois encore un peu patiente. » dit-il avec les formes avant de poursuivre. « Mais promis celui que je suis en train d’écrire et de réfléchir je ferais appel à toi. Mais c’est pas pour tout de suite non plus. » Peu décontenancée malgré sa réponse, elle décide de ne pas être plus curieuse. S’il allait falloir attendre, elle attendrait et c’est pourquoi pour toute réponse, elle offre un « Okay » de bonne humeur avant de boire son verre.
Je suis content que Cora ait trouvé sa voie, qu’elle ait trouvé quelque chose qu’elle a vraiment envie de faire ; Je suis content qu’elle réfléchisse a un projet qu’elle peut développer doucement, comme elle en a envie. Alors, bien sûr, l’espace de quelques minutes, je ne peux pas m’empêcher d’être enthousiaste, peut être même un peu trop d’ailleurs. Je m’emballe, je pose des tonnes de questions à ma meilleure amie et elle me fait remarquer que je dois ralentir et elle a raison. Se lancer dans quelques choses de nouveau, à monter depuis le début ca prend du temps, c’est délicat et je sais qu’elle y arrivera. Je sais qu’elle fera quelques choses fidèle à elle-même et non pas pour plaire aux autres. Et puis de la savoir vouloir bosser à nouveau avec Lizzie me fait sourire, je sais à quel point elles aimaient bosser ensemble toutes les deux.
C’est à son tour de me questionner sur mon film, sur l’avancer des choses, mais je décide de ne rien lui dire, du moins pas pour le moment. Cora est souvent celle à qui je confie tout, celle à qui je lis mes scénarios avant tout le monde, mais pas cette fois. Je veux qu’elle découvre le film en même temps que tout le monde, ou presque, je veux qu’elle voie le produit fini directement parce que j’en suis fier de ce film. « Okay. » me répond-elle avec un sourire et je bois à mon tour.
C’est ainsi que nous passons la soirée tous les deux, comme on l’aime, juste à discuter de tout et de rien, à boire un peu, puis devant un film débile. Avec Cora les choses sont bien, faciles et avec elle je me sens bien. C’est toujours le genre de soirée qui me font du bien, qui me font respirer et qui me permettent de me détendre.