Devant l’hôpital, je suis toujours sous le choc de tout ce qu’il s’est passé. Entre mon sentiment de pas être du tout à ma place dans la même pièce que Levi et Ariane et cette violence auquel j’ai eu droit. J’ai du mal à raisonner correctement. J’ai juste le temps de recevoir un SMS de Charlie qui me dit qu’elle est safe et chez nous. Je lui réponds et quand je vais ouvrir Uber, mon téléphone meurt complètement. Fuck. C’est pas le moment. Mais j’ai des collègues qui sortent de l’hôpital à ce moment là. Thank god. Une faveur plus tard, me voilà dans l’ambulance avec eux qui vont me laisser chez moi. Ils voient qu’un truc va pas. Je vois qu’ils l’ont vu, mais c’est trop compliqué. Je veux juste rentrer chez moi. Je sens mes cotes qui me font mal quand je prends de trop grandes inspirations. C’est super chiant parce que j’ai grave besoin de respirer profondément pour essayer de me sentir mieux. Je crois que rien ne pourra y faire. J’ai une peaumette qui me tire aussi, je sens que je suis rouge. Je me suis pas regardé encore.

Quand j’arrive enfin à l’appart’, je suis soulagé de voir que Charlie est belle et bien là. Je vais tout de suite jusqu’à elle. La prend dans mes bras, la serrant pas trop fort pour pas me faire mal.

« How are you? Where were you? »

Je la garde contre moi parce que je suis sûr qu’elle va m’échapper elle aussi. C’est ce que j’ai en tête depuis le début de nous deux, c’est sûr que j’ai raison. C’est sûr. Y’a plus rien qui va. Mais avec Charlie au moins je le sais depuis le début que ça va se terminer un jour, tôt ou tard. Je vais faire en sorte que ce soit le plus tard possible mais là vu comme tout part en couille, ça m’étonnerait pas que ça s’ajoute.

Tout semblait si bien aller dans les sms, Charlie n’a même pas eu l’idée de se faire du soucis pour Kane. Elle s’en est fait pour Levi, oui, mais pas pour Kane. Il s’était juste inquiété pour elle pendant la nuit et elle avait raté un demi millier de ses appels, mais maintenant il a été mis au courant que tout allait bien. Et ça aurait dû s’arrêter là. Ils auraient dû retourner à la maison, s’enlacer, s’embrasser, se regarder dans les yeux quelques secondes et retourner se reposer d’un commun accord. Tout aurait dû être aussi simple, aussi naturel. Comme s’ils avaient réellement l’habitude des choses simples et naturelles.
Elle savait déjà qu’elle allait le venir le prendre dans ses bras quand il rentrerait, parce qu’au fond elle en a réellement besoin ; mais elle ne savait pas qu’il serait aussi présent lui aussi. Il se rassure de cette manière, elle le sait bien, oui, mais il n’était pas supposé avoir besoin d’être rassuré. Il n’était pas supposé avoir une pommette aussi gonflée ni même grimacer alors que ses doigts se faufilent de son torse jusqu’à son dos. Il la serre même trop fort pour que tout ceci soit réellement normal, et soudainement ses interrogations passent au second plan. ”What about you ?” Elle ne cherche pas à renchérir, à contre-attaquer ou quoi que ce soit d’autre. Sa voix est beaucoup trop douce pour ce genre de chose, beaucoup trop peinée et attristée aussi. Sa tête se pose dans son cou un instant pendant lequel elle s’octroie le droit de respirer un peu et ses mains viennent ensuite tâter sa pommette gonflée, comme pour vérifier qu’il y a réellement quelque chose qui cloche. C’est le cas. Bien sûr que c’est le cas. ”What happened ? Weren’t you at the hospital ?” Ce genre de choses n’arrivent pas à l’hopital, hein ? On ne se prend pas des coups dans un hopital. Ca ne se peut pas. Ca n’existe pas. Les mains de la jeune femme remontent son tee shirt, cherchent une quelconque raisons à ses plaintes à peine prononcées. Le tout est couvert d’ecchymoses et la raison en devient ainsi évidente. Ses mains finissent par se poser à la base de son cou, là où elle sait qu’elle ne pourra pas lui faire de mal, là où elle peut aussi soutenir son menton avec ses pouces pour le forcer à la regarder droit dans les yeux. ”Should I put some ice ? Everyone always put some ice. Should I too ? Tell me what to do and I’ll do it. Just tell me.” Elle qui manque de faire une crise de panique à la vue de la moindre plaie, elle ne s’est jamais intéressée aux gestes en cas de blessures du quotidien. Jusqu’à il y a quelques mois, elle n’aurait jamais cru en avoir l’utilité un jour. ”I’m fine now. Are you ?” Si elle ne répond pas à sa question il ne va pas être capable de se la sortir de la tête, alors elle répond à la seule qui lui soit restée en tête, la seule qu’elle ait pris le temps d’écouter avant que toute son inquiétude pour le blond ne reviennent au galop. Ou plutôt telle la réplique d’un tsunami. Saleté de tsunami.

 

« What about you? » Non Charlie. J’ai posé la question en premier. Mais je comprends qu’elle s’en fasse pour moi, je dois avoir une tête qui fait peur parce que moi même je me fais peur d’être dans cet état. Et puis elle m’observe plus et puis elle comprend. « What happened? Weren’t you at the hospital ? » Yeah, mais apparemment ça nous garde pas obligatoirement safe un hôpital. Je la sens faire. Elle remonte mon t-shirt et je la regarde elle. Je sais pas quel gueule ça a. J’ai pas regardé et je vois que ça lui plaît pas ce qui est sous ses yeux. Pourquoi je dis rien ? Parce que je suis encore halluciné de tout ça. Je veux pas y croire. Mettre des mots dessus ça le rendra encore plus réel mais je suis juste con parce que la douleur me le rappelle déjà très nettement à toutes les secondes. « Should I put some ice ? Everyone always put some ice. Should I too? Tell me what to do and I’ll do it. Just tell me. »

« Yeah. Ice is good. »

« I’m fine now. Are you? »

Comme si elle me répondait parce que je venais de le faire moi aussi. Donnant donnant. On donne pas 200% chacun de notre côté. C’est en choeur. Et je préfère me concentrer sur ça que sur sa question.

« I’m not… »

Je prends une grande inspiration et je grimace. Putain de cotes. Comment je vais faire pour me calmer si je peux pas respirer à ma guise ? Y’a vraiment rien qui va… Rien pour m’aider… De la glace. C’est ça qu’il faut, le plus vite est le mieux. Pendant que Charlie va chercher ce qu’il faut dans le congèle, je vais m’asseoir sur le canapé et je commence à lui raconter ce qu’il s’est passé.

« I don’t feel confortable around Ariane and Levi… They’re in their world and I don’t feel like I belong. I couldn’t stay in the room with them and because I left Levi’s cousin started to hit me… »

Vraiment ça, je suis traumatisé. J’en reviens pas. Choqué de fou.

« They’ve changed so much… They’re hiding so many things from me… I… I don’t know who they are anymore. »

Je déteste ça.

« And my phone’s broken… »

Je sais pas pourquoi je me sens obliger de leur envoyer un message parce que je ne leur ai même pas dit que je suis parti. J’irai prendre mon ancien téléphone qui est dans le tiroir de mon bureau tout à l’heure.

« Where were you last night? »

Et je parle pas d’avant hier où on s’est fait la coc’ au calme. J’y pense toujours. Mais elle a l’air d’aller… Une fois ça doit pas trop affecter le bébé nan ? Yeah it does…Except if you’re lucky. Yup. Lucky, c’est pas nous ça. Ni Charlie ni moi.

Ses mains fouillent dans le congélateur, elle s’énerve parce que tout est trop froid et qu’elle ne trouve pas ce qu’elle veut, s’énerve parce que le bout de ses doigts se colle au plastique et qu’elle n’a pas le temps pour ce genre de choses. Elle s’énerve parce qu’au moins ça l’occupe à faire autre chose que de s'inquiéter pour Kane à qui il est arrivé mal puisqu’encore une fois elle n’était pas là. Elle a fait passer son propre bonheur avant le sien et elle n’était pas là pour lui ensuite. Ca recommence, encore, encore et encore et ça la tue qu’il arrive toujours quelque chose de mal à ses proches. Il lui répond qu’il ne va pas bien et son coeur se brise encore plus, parce que la sincérité fait parfois plus mal que la vérité. Lui aussi ne va pas bien. Lui aussi s’est pris des rails, et pour lui aussi ça n’a rien arrangé. Tout ça pour rien. Tout ce mal pour rien, cet instant d’euphorie déjà largement évaporé.
L’histoire qu’il lui raconte ensuite n’a absolument rien pour la rassurer, cette histoire de cousin lui fait froncer les sourcils alors qu’elle entoure la glace dans un chiffon et retourne auprès de Kane. Assise sur la table base, elle pose le grand morceau sur ses cotes et découvre des bleus qui remontent toujours plus haut à chaque centimètre de tee shirt soulevé. Une portion plus petite se retrouvé sur sa pommette, elle tient le morceau sans appuyer pour ne pas lui faire mal. Ses yeux tentent de vérifier s’il n’a pas d’autres blessures mais elle n’est pas douée pour ce genre de choses. ”Does it hurt anywhere else ?” Elle le coupe dans ses explications tout en continuant paradoxalement à l’écouter, davantage concentrée sur ses blessures que sur le passé que personne ne saurait refaire. Les mots sont bien analysés par son cerveau, cependant. Ariane, Levi. ”You were with Ariane yesterday. What happened in the meanwhile ? I heard you, you were ok. And Levi is Levi … you know he won’t allow you to be worry about him.” Comme il a soigneusement évité le sujet par message avec elle. Il agit comme ça avec tout le monde. Tout le monde sauf Ariane, certes. Mais ça, elle n’y peut rien. Pour ça elle n’a pas les mots qui s’alignent assez rapidement dans son esprit pour tenter de rassurer Kane, et heureusement qu’elle est occupée à bouger la glace sur ses cotes pour ne pas avoir à le regarder en face. Parce qu’elle n’a pas la réponse et que ça la terrifie. Toute cette situation la terrifie.

Les dominos tremblent.

”You can get a new phone, it’s not a big deal.” Au moins une chose qu’elle peut lui dire sans trop s’avancer. Elle sait qu’il dit ça parce qu’il se perd dans ses pensées, sans ses souvenirs et dans ses mots ; parce que de toute façon il n’a jamais été très proche de son téléphone. Sauf que cette fois ci il s’est brisé alors qu’il est allé voir Levi à l’hopital et qu’un cousin fou l’a battu. Ca change beaucoup de choses.
Ses petites mains continuent de s’activer sur son torse plus que de raison, elle change légèrement la position de la glace sur son visage. ”I was at Tim’s.” Charlie ne cherche pas à mentir, à changer de sujet ou à faire quoi que ce soit d’autre. Il mérite d’avoir la vérité pleine et entière, elle n’a pas honte d’être retournée chez lui et de lui avoir demandé qu’il l’enlace avant qu’elle ne s’endorme. Elle a honte de beaucoup de choses, elle en regrette plus encore, mais certainement pas ça. ”And I was high, so don’t ask me why I did that. I needed to see him. If I had known about Levi, I’d have come. You know I’d have come.”

 

Elle a l’air à cran elle aussi, je la vois devant le congèle. On est pareil. Souvent. Très souvent. All the time. Mais j’essaie de l’ignorer parce que je veux pas m’attacher encore plus à elle. Mais c’est trop tard, depuis très longtemps. Ma tête sait qu’il faut pas, mais mon coeur n’en fait qu’à sa tête. Je peux pas contrôler mes émotions. Mes sentiments. Elle revient vers moi et applique la glace sur ma peau. Je la vois froncer les sourcils. I know this is fucked up. « Does it hurt anywhere else? » Well yeah. My heart. « You were with Ariane yesterday. What happened in the meanwhile ? I heard you, you were ok. And Levi is Levi … you know he won’t allow you to be worry for him. »

« She told me some more stuff I had no idea about… We slept cos she needed to. »

Je prends une grande inspiration de nouveau parce que parler de Ariane me brise le coeur. Et je grimace parce que j'ai mal. I need to text them. « You can get a new phone, it’s not a big deal. »

« Yeah. »

Un des rares trucs facile à arranger. C’est matériel. Je me lève, gardant la glace sur moi. Je récupère mon ancien téléphone dans mon tiroir et je retourne sur le canapé pour mettre ma carte sim dedans. C’est important. Il faut que je le fasse maintenant. Elle reprend contrôle de la glace ce qui me laisse les mains libres. « I was at Tim’s. » Je suis même pas surpris. Je crois que je suis surtout content de savoir qu’elle était pas seule. She’ll end up with him. He’s the father. « And I was high, so don’t ask me why I did that. » Si y’a encore un bébé. Yeah. That.  « I needed to see him. If I had known about Levi, I’d have come. You know I’d have come. »

« Yeah let’s not do that. Please. No if. It is what it is. »

I am overthinking way too much on my own already. J’essaie de pas le faire mais c’est dur. J’en reviens toujours au « et si j’avais… » mais non. Ca fiat plus de mal qu’autre chose. Faut que j’accepte que plus rien n’est comme avant. Mon téléphone s’allume pas. Y’a pas de batterie. Ca fait tellement longtemps que je m’en suis pas servi. Je soupire. Je souffre. Je me relève pour le mettre à charger et je vais devant le miroir pour voir la gueule de mon torse.

« Fuck… »

Looks so bad. Et c’est frais. Ca va être encore plus moche avec les jours. Je vais sûrement être arrêté quelques jours. Je peux pas bosser dans cet état. En souffrance. Y’a vraiment rien qui va. Je vais même pas pouvoir être occupé par mon boulot. Je vais rester chez moi avec mes pensées. With my demons… Je suis bloqué devant le miroir. Je repense aux coups que je me suis pris. J’en oublie ma peaumette parce que les bleus sur mes cotes sont tellement moches…

Elle est simplement heureuse qu’il ne fasse aucune commentaire à propos de la nuit qu’elle a passé chez Tim, qu’il ne lui pose aucune autre question non plus. Parce qu’à sa place elle lui aurait demandé mille choses et bien plus encore et le tout aurait terminé en une énième dispute. Kane n’en fait rien. Elle ne lit même aucune expression sur son visage, comme si finalement c’était une réponse logique. Sa seule remarque se fait entendre à propos des if … et la blonde souffle doucement, sachant pertinemment qu’il a raison. Plus rien ne se passe comme prévu de nos jours et peut être que si elle avait su elle aurait pu ne pas venir pour d’obscures raisons. Elle ne sait rien de rien, de toute façon, se contente d’observer son manège d’allers et retours dans l’appartement comme s’il était mal à l’aise face à elle. Sans doute que la blonde a pris cette mauvaise habitude de tout extrapoler d’un rien et de venir en tirer des conclusions hâtives, mais c’est son seul moyen de se rassurer ou de croire posséder la sciences infuse. Le minimum vital, en tout cas. Ses mains cherchent les siennes pour le calmer mais il est bien trop occupé avec ses problèmes de téléphone alors elle le regarde continuer à vagabonder, comme si elle était étrangère à la scène. Il semble tellement perdu et elle elle l’est tout autant, bien incapable de lui venir en aide.
Il se fige enfin devant le miroir pour des raisons évidentes et elle abandonne l’idée de lui poser de la glace, se relève seulement de la table basse pour se placer entre lui et l’objet. ”Kane look at me.” Oublie les coups, oublie ce qu’il s’est passé, oublie tout ce qui te fait tant de mal. Ses deux mains viennent caresser chaque côté de sa mâchoire, ses yeux bleus forcent les siens à se fixer sur eux pour qu’il en oublie le reste. Pour une fois elle tente d’être assez forte pour deux et à défaut de l’être réellement au moins peut-elle faire illusion. Une main se détache pour faire redescendre son tee shirt et cacher ses ecchymoses une bonne fois pour toutes. ”You needed some rest anyways. And Hope needs his best friend.” Il s’était plaint quand elle avait fait passer un dragon vert pour le meilleur ami du chien alors la voilà qui lui redonne ce rôle auto-attitré. Il a des problèmes avec Levi et Ariane, au moins le chiot sera toujours là. Quand tout sera réglé il continuera à être là. ”What about leaving the town for the week end ? Sydney, Melbourne, Canberra … anywhere. Just a week end without troubles. You and me. And nothing except some rest.” Loin des problèmes et des tentations, loin de tout.

 

Mes yeux sont bloqués sur les bleus et Charlie vient se poster devant moi pour que j’arrête. « Kane look at me. » Je la regarde. Elle passe ses mains sur mon visage. I’m looking at you. Je vais poser une main sur une des siennes. Pas pour la lui enlever, juste pour un contact plus fort. Je caresse sa main de mon pouce. J’ai peur de ce qu’elle va dire. Un truc genre: I am leaving you, you sick fuck. « You needed some rest anyways. And Hope needs his best friend » Ok so c’est pas du tout ce que j’avais imaginé, c’est même comme si elle avait lu mes pensées à propos de mes questions sur le boulot que je vais devoir arrêter. Are you really doing this? Parce que y’avait pas avec grand monde que j’ai cette faculté… Seulement avec Ariane… And Charlie now. Je capte carrément ce qu’elle a fait en disant que Hope était mon best friend. Je me souviens très bien de ces messages qu’on s’est envoyé y’a quelques jours. Elle est beaucoup trop adorable de faire cette précision là. She cares. She really does. But she’ll end up with him. She will. « What about leaving the town for the weekend ? Sydney, Melbourne, Canberra… Anywhere. Just a weekend without troubles. You and me. And nothing except some rest. » Je continue de la regarder, je réfléchis à sa proposition qui est vraiment la meilleure chose qu’elle pouvait dire là. C’est tout ce dont j’ai besoin. Je le sais. Me couper de tout ça. Remettre mes idées en place. Essayer d’avoir un semblant de vie où tout va bien pour ne pas avoir à prendre autant de profondes inspirations qui me font si mal à l’heure actuelle.

« Yeah… Yeah let’s do this. »

Même si je sais qu’il faut que je passe par la case docteur avant de filer. Parce que je préfère savoir si y’a de la casse ou non. Même si le résultat sera le même parce que pour les cotes tu peux rien faire à part souffrir en silence au rythme de ta respiration le temps que ça se soigne tout seul. Je continue de caresser sa main et je suis reparti dans mes pensées. Je comprends tellement pas ce qu’il s’est passé… Pourquoi tout a changé. Mes yeux s’accrochent de nouveau à ceux de Charlie et je sors de mes réflexions qui servent à rien qu’à me fatiguer de toute façon.

« I’ll check where there’s a good show and we’ll go there. »

Parce que j’ai loupé beaucoup trop de show ces derniers temps et j’en ai grave besoin. Ca va me faire du bien c’est sûr que ça va aider. Ma main s’enlève de la sienne et je vais la prendre contre moi très délicatement. J’ai tellement peur qu’elle m'échappe elle aussi. Just not now please… Parce que c’est sûr qu’elle va filer avec Tim. Je caresse doucement son dos. Thank you.

Le moment est simple, doux, et ô combien important. Elle accueille la main du blond sur la sienne, continue de plonger ses yeux dans les siens et tente de le rassurer à sa manière à propos de tous les maux du monde. Il accepte la proposition de dernière minute ce qui a pour don de la rassurer quelque peu. Ils vont s’enfuir quelques heures, seulement quelques heures. Cela lui fera du bien à lui, à elle, à tout le monde. Kane finit par lui annoncer qu’il leur trouvera où aller en fonction des shows à venir et elle souffle doucement, amusée. Quelle idée que de proposer un week end avec comme seul objectif de s’évader et se reposer ; on parle de Kane. Elle aurait pu lui proposer un moment n’importe où qu’il serait aussitôt parti à la recherche des shows auxquels assister. ”You choose where to go. And we go. Anywhere.” Pas grand chose ne la retient ici si ce n’est Tim, et elle se promet de le prévenir de son absence parce qu’il n’a pas besoin de s’inquiéter à nouveau pour elle. Il a déjà assez donné.
Son étreinte se fait un peu plus présente et la jeune femme vient passer ses bras autour de ses épaules, son visage dans son cou. Ce sont ces moments là qu’elle chérit avec lui et aucun autre. Absolument aucun. ”No more drugs. Never, ever.” Please. Elle a besoin qu’il soit avec elle dans ce coup là, qu’il soit la voix de la raison qu’elle n’arrive pas à être toute seule. Elle a encore beaucoup trop besoin de lui pour bien des choses et ne veut pas le perdre. Ni maintenant ni jamais, mais surtout pas maintenant. Tout va trop vite en ce moment, elle a besoin qu’ils deviennent une constante. Une constante rassurante, reposante, revitalisante. Seulement eux deux. ”I’m gonna ask Leo if he can take care of Hope.” Elle allait donner le nom de Tim mais s’est heureusement ravisée avant de commettre l’irréparable. Léo va gérer. Il va devenir fou avec tous ces animaux chez lui mais au moins il sera entouré. Charlie tourne légèrement sa tête pour venir l’embrasser dans le cou une dernière fois. Tout va bien, maintenant. Tout le monde va bien. Tout le monde ira bien.

 
« You choose where to go. And we go. Anywhere. » Vraiment là c’est les plus beaux mots à mes oreilles. J’aimerai bien que Trophy Eyes soient en tournée en ce moment mais c’est pas le cas. Je pourrais limite aller à Melbourne et espérer tomber sur John Floreani dans la rue mais non. J’ai besoin d’un concert. Je sais qui tourne en ce moment et je le dis pas encore à voix haute mais on va aller voir Northlane. Je les ai loupé à Brisbane. Deux soirs ils ont joué. Deux soirs j’ai fait passé d’autres choses avant ça alors que ça m’aurait été dans mon équilibre. Pas les meilleures décision que j’ai pris ces derniers temps mais là encore, everything is falling apart. Y’a rien qui va et les décisions que j’ai pris en sont certainement responsable d’une façon ou d’une autre.

Charlie calé dans mes bras, je ferme les yeux, j’essaie d’oublier tout ce bordel. « No more drugs. Never, ever. » Oh god… Qu’elle remette ça sur le tapis. Ca me brise le coeur. Je sais qu’on a grave merdé. C’était tout sauf raisonnable, pas responsable du tout. On s’est pas aidé dans notre vie de merde actuelle. On a juste fait empirer les choses. Je n’ose même pas imaginer comment c’est l’irruption dans sa tête à cause du bébé et tout ce que ça engendre niveau santé.

« Never again. »

Je m’en veux tellement d’avoir céder au lieu de l’avoir arrêté. I’m a piece of shit… Je crois que si le bébé a un quelconque problème, je vais avoir la culpabilité pour le restant de mes jours. Adding to all the guilt I feel already. Ouais… « I’m gonna ask Leo if he can take care of Hope. » Ah yeah, that. Je suis pas encore habitué à avoir un animal de compagnie. J’avais pas pensé à ce détail très important si on veut partir de chez nous quelques temps. Mes bras toujours bien autour de Charlie, je la garde contre moi délicatement. Je m’en veux tellement. De tout. Je sais même pas si c’est ma faute. Je sais même pas à quoi je fais référence là. Mais je m’en veux énormément.

« Let me check where we’re going, and if we can do it by car, we can take Hope with us. »

Je me détache légèrement pour la regarder dans les yeux. Would be good to have Hope. Vraiment je m’arrêterai jamais de ces jeux de mots avec le prénom de notre chien parce que c’est juste le meilleur prénom de la planète. Il me fait du bien. Ces phrases me font du bien. J’en ai besoin. Je les pense. Je les dis. Je les entends. Et du coup je suis en train de changer mes plans dans ma tête parce que y’a d’autres tournées qui sont en ce moment si jamais Northlane sont trop loin dans les jours à venir.