| I wanna show you something, just put your trust in me ▬ JET |
| | (#)Mer 30 Oct 2019 - 3:53 | |
| Oh brother, I wanna show you something, just put your trust in me • Brother ▬ Archive You can't hurt me now I got away from you, I never thought I would You can't make me cry, you had the power I never felt so good 'bout myself Oh Father you never wanted to live that way You never wanted to hurt me Why am I running away " Oh Father • SIA" @Jeremiah Etish « Bonjour Jeremiah. Je m'appelle Alexandra, je suis journaliste, enfin on s'en fout. On ne se connaît pas, et je sais pas vraiment comment faire, ni quoi dire dans de telles circonstances. Alors je vais être directe, désolé si c'est vraiment trop direct mais je ne vois pas comment faire autrement. J'ai des informations sur ton père biologique, enfin j'ai même carrément l'identité de ton père biologique, c'est un beau salaud. Alors je sais que c'est étrange comme démarche et que tu me connais pas, mais moi je te connais plutôt bien. J'ai sous les yeux, un dossier sur toi et je vois que tu as pas eu la vie facile à cause de lui. C'est même un euphémisme si j'en crois ce que je lis. Alors, moi j'ai des informations pour toi qui pourraient te permettre d'en savoir plus sur lui et même de te venger si tu le désires. Et, une autre information importante à son sujet, il est riche et il n'aime pas trop les scandales surtout quand il est au centre de ceux ci. Enfin je te dis ça, mais tu feras ce que tu veux de ces informations, ça ne regarde que toi après moi je ne suis que la messagère. Et je t'assure que tout est authentique et qu'il n'y a pas d'erreur possible. Peut-on se voir un jour ? Bonne journée. Alex. »
Je relis le mail ouvert sur ma boite mail et je crois me souvenir que je n'étais pas sobre quand j'ai écris ce message, en même temps pour mon excuse, comment je peux annoncer à ce type, qui se trouve visiblement être mon demi-frère, qu'il est justement mon demi-frère et que son père, notre père est un connard, doublé d'un lâche qui a abandonné sa mère et lui. Comment je peux le regarder et lui dire que ma mère savait tout, continuait à suivre sa vie et avait constaté les problèmes sans bouger le petit doigt pour cet enfant ? Juste parce qu'elle avait signé un putain de bout de papier. J'étais la fille de ces deux personnes, du père qui l'avait abandonné, de la femme qui ne l'avait pas aidé alors qu'elle en avait largement les moyens. J'étais la fille qui savait la vérité sur sa jeunesse, qui savait son parcours de vie, et qui venait lui annoncer qui était son père. Et je ne pouvais pas arriver dans la vie de ce type en criant « coucou je suis ta demi-sœur. » Et puis de toute façon je n'ai même pas réellement envie d'être lié à lui finalement. Et c'est sans doute pour ça que je n'ai pas avoué que je suis liée à lui et à son père dans le mail. Je crois que j'ai vu en lui le moyen d'atteindre mon père et ça montre juste encore à quel point je suis comme lui finalement. Je ne peux pas mener ce combat contre mon père, un enfant abandonné partout, balle au centre. Mais lui, il le peut. Ce type, Jeremiah, il le peut. L'enfant abandonné, au parcours traumatique, laissé de coté parce que considéré comme dérangeant, c'est lui. C'est son histoire, c'est à lui de la défendre. Et moi je ne l’avouerai pas mais je serais là à observer en attendant qu'il fasse chuter cet homme. Je me moque de savoir comment il compte faire, je n'ai aucune envie d'être liée à ça, je veux juste que mon père paye enfin, souffre à son tour. Et je veux que Jeremiah s'en charge, parce que moi je suis lâche, pas assez forte, même faible d'après les propres dires de mon 'notre' père et que je ne veux pas entrer dans une guerre avec cet homme. C'est moche de ma part, mais je repense aux mots de ma mère 'un jour peut-être qu'il payera pour le mal qu'il a fait autour de lui, à cette famille et à notre famille. Il n'est jamais trop tard pour se venger.' Et bien Jeremiah a toutes les raisons du monde de vouloir se venger, et mon père va payer, c'est en tout cas ce que j'espère en envoyant ce mail à cet homme. J'ai étudié un peu la vie de cet homme, ma mère était plutôt bien renseignée pour une femme au foyer, elle a du en payer des gens pour suivre le parcours de cet homme, c'en est presque inquiétant de l'imaginer suivre avec autant d’intérêt le parcours de vie de cet homme pour lequel elle n'a pas bougé le petit doigt. Fichue famille… Dépenser de l'argent et des ressources pour surveiller les gens plutôt que pour les aider. Mentalité de merde, argent de merde, famille de merde. C'est ma famille et bientôt, ça sera aussi un peu la sienne. Pour le meilleur et pour le pire.
Mais les choses ne se sont pas passées comme je l'avais espéré. Je relis une dernière fois sa réponse, « Vas faire tes blagues ailleurs, j'ai pas besoin qu'on encombre ma boite mail. » et je me demande ce que je fais là, des papiers à la main sur le lieu de travail de ce type. Ça n'a pas été bien difficile de savoir ou il se trouverait, lui l'organisateur de soirée en tout genre. La pub est primordiale pour réussir ce genre d’événement alors je n'avais pas eu de difficulté à le retrouver, ou du moins à savoir ou le chercher. Je l'ai trouvé sans difficulté, mais c'était la partie facile finalement. La suite s'annonce bien moins aisée. Est-ce que je veux réellement le faire entrer dans le jeu ? Est-ce que ce type mérite que je me prenne la tête pour lui, pour son histoire ? Est-ce que j'ai raison de venir ici avec le secret de sa vie ? Je pourrais tout simplement lui envoyer les documents et me décharger de toutes responsabilités dans cette histoire, pourquoi je tiens à le voir ? Pourquoi je tiens à me lancer dans cette histoire, dans cette bataille avec mon père ? Je crois que je veux juste me venger, je crois que je veux réellement qu'il souffre, comme si le voir s'écrouler allait m'aider à me relever. Foutaise. J'en sais rien au fond mais c'était avant qu'il fallait que j'y pense non ? Je l'aperçois au fond de la salle, je resserre ma prise sur cette pochette qui contient certains documents choisis par mes soins. Certifiés et authentiques. Son acte de naissance, l'ordre de placement, et surtout les papiers légaux signés de la main de sa mère et de la mienne pour acheter leur silence sur l'identité de ce père inconnu, sur qui j'apprête à lever l'anonymat. Je me sens déstabilisée, et j'ai l'impression de faire une belle connerie, et les conneries ça me connaît. Peut-être que je n'aurais pas du venir sobre, peut-être surtout que j'aurai du en parler à Caleb, avant de venir ici pour balancer une telle information sans m'y être préparée. Enfin je suis préparée, j'ai photocopié chaque document, j'ai sélectionné avec soin les documents à lui montrer et l'ordre dans lequel je veux lui montrer. J'ai aussi pris soin de cacher le nom de famille de son père sur chaque document. Pour éviter qu'il ne puisse faire le lien avec moi trop rapidement et pour qu'il soit obligé de m'écouter peut-être aussi. Oui j'ai tout préparé, sauf ce que je vais lui dire. C'est pourtant la base non ? Je ne sais pas ce que je viens faire ici, je ne sais pas ce que je vais lui dire, et je ne sais pas pourquoi je me lance dans cette histoire qui risque de m'exploser au visage à un moment donné. C'est comme ça que ça fonctionne non ? Du moins dans mon monde c'est comme ça, mais j'arrive devant lui et je sais que c'est le moment de parler et je regrette d'être sobre, d'avoir refuser les deux shoots de vodka qui m'auraient pourtant détendue un peu. « Bonsoir Jeremiah, je suis Alexandra, la journaliste. » Recevoir un mail d'une inconnue qui annonçait connaître le nom de votre père inconnu ne doit pas être quelque chose de courant, alors j'espère qu'il se souvient, j'espère aussi qu'utiliser mon statut de journaliste (en omettant volontairement le côté sportif de mon activité) je pourrai me rendre un peu plus crédible à ses yeux. « Je ne voulais pas encombrer ta boite mail alors je suis venue directement. » J'essaye d'être calme, j'essaye de me souvenir de tout ces moments durant mon adolescences ou j'ai du paraître heureuse d'accompagner mes parents dans des dîners ou tout n'est que paraître. J'essaye de me souvenir de ces leçons que l'on nous enseigne pour se comporter de manière convenable en société, j'essaye en gros de ne rien montrer, mais je ne suis pas très douée pour ce petit manège et ça doit se voir. J’enchaîne les phrases et pour quelqu'un qui ne savait pas quoi dire je m'en sors pas trop mal. Du moins je crois, et je parle vite pour lui éviter d'avoir à me jeter. Je veux qu'il découvre la vérité, je veux qu'il fasse exploser la carrière de mon père. Oui voilà, je sais pourquoi je suis là devant lui. Je veux qu'il relève le scandale aux yeux du monde, qu'il rende la vie impossible à mon père, qu'il l'empêche de dormir la nuit. J'en suis incapable moi, alors j'espère que lui le pourra. « Je sais vraiment qui est ton géniteur et j'ai de quoi le prouver. » Je lui montre la pochette que je maintiens fortement. « On peut parler quelque part au calme ? » Je tente d'être sûr de moi, je tente d'être convaincante, mais franchement je ne suis toujours pas certaine de savoir ce que je fais. Et si cette histoire finissait par me retomber dessus ? Et à aucun moment je ne pense à lui, à ses émotions, à son ressenti. Peut-être que je devrais me méfier de lui aussi finalement ? Peut-être qu'à trop vouloir saborder mon père je m'approche du danger ? Je n'y pense pas, parce que comme souvent, je ne pense pas ou je pense mal mais qu'importe, maintenant je suis là devant lui, devant mon demi-frère et je ne lâcherai pas tant qu'il ne saura pas quel homme horrible est son père. Mon père. |
| | | | (#)Mer 30 Oct 2019 - 23:45 | |
| I wanna show you something, just put your trust in me
Je suis épuisé. J'ai beaucoup réfléchis cette semaine. J'ai reçu un mail bizarre, un mail qui me parlait de mon père, une journaliste qui connaitrait son identité. Mais je l'ai envoyé chier, il y a tellement de personnes qui me détestent dans cette ville que ça m'étonnerait pas que ce soit qu'une blague à la con. Ariane pourrait très bien encore être derrière tout ça. Alors j'ai ignoré, je l'ai pas recontacté. Mais j'ai réfléchi. Je ne pensais pas que qui que ce soit puisse me parler de mon père un jour, est ce que c'était possible que quelqu'un l'ai vraiment retrouvé ? Mais ce soir je dois me concentrer. J'ai une soirée très importante à organiser, alors j'essaie d'oublier. Je vérifie tout, les invitations, le déroulement de la soirée, je vérifie les lumières et le son. Tout doit être absolument parfait. Je suis déjà perfectionniste en temps normal, mais en période de stresse c'est encore pire. J'arrive en avance, personne n'est là. Les serveurs et barmans sont en train de tout préparer et je surveille tout le monde. Je serais capable de faire virer n'importe qui quoi que ce soit ne va pas.
La soirée commence, tout va bien, la salle est bondé et le chanteur semble être à l'aise. Alors je profite de l'ambiance, une bière à la main. Vérifiant toujours du coin de l'oeil que tout le monde est satisfait, qu'il n'y a aucun problème. « Bonsoir Jeremiah, je suis Alexandra, la journaliste. » Alexandra ? Le mail. Je lui lance un regard mauvais, je n'ai jamais fait confiance aux journalistes. Dans ce métier, j'ai l'habitude d'être harcelé par des journalistes qui inventent des choses pour avoir des informations sur les artistes, ou même sur moi quelque fois. Alors je l'ignore, je me dis que ça finira par la faire fuir. « Je ne voulais pas encombrer ta boite mail alors je suis venue directement. » Je ris, elle reprend les mots que j'avais utilisé dans mon mail, au moins je sais que c'est bien elle qui m'a écrit. « Tu veux quoi ? » J'ai pas l'habitude d'être polie, et autant qu'elle aille droit au but. Elle doit avoir quelque chose à me dire si elle s'est donné du mal pour me retrouver. « Je sais qui est ton géniteur et j'ai de quoi le prouver. » Je bois une gorgée de ma bière. Tout ça ne peut pas être réel. Comment elle pourrait savoir ça ? Ma mère n'a pas eu de nouvelles de mon père depuis bien avant ma naissance. Elle ment. Elle ment. Ça peut pas être vrai. Elle peut pas venir m'annoncer ça pendant une soirée aussi importante. Comment je peux gérer ça ? « J'attends tes preuves, je te crois pas... » je secoue la tête à la négative. « On peut parler quelque part au calme ? » Je croise enfin son regard et elle a l'air sérieuse. Bien trop sérieuse pour être une simple journaliste qui vient donner une information à quelqu'un qu'elle ne connait pas. « Je peux pas partir d'ici, je dois surveiller ce qui se passe donc on peut aller voir au fond si il y a une table au calme mais je ne sors pas de cette salle ! » je hoche la tête et attend de voir si elle bouge. C'est pas parce qu'elle essaie de me déstabiliser que je vais me laisser faire. Tout ça ne peut pas être vrai, c'est forcément une connerie, elle va finir par se dégonfler. |
| | | | (#)Ven 1 Nov 2019 - 2:48 | |
| Oh brother, I wanna show you something, just put your trust in me • Brother ▬ Archive You can't hurt me now I got away from you, I never thought I would You can't make me cry, you had the power I never felt so good 'bout myself Oh Father you never wanted to live that way You never wanted to hurt me Why am I running away " Oh Father • SIA" @Jeremiah Etish Je crois que je dénote au milieu de la foule, au milieu de ce monde qui profite du show. Je crois que je n'ai rien à faire ici, quelques années auparavant j'aurais pu être au milieu de la foule, peut-être déjà déchirée à enchaîner les verres et à tester de nouvelles expériences, mais plus maintenant. Enfin tout ce monde qui s'ambiance, cet alcool qui coule à flot et qui est partout autour de moi, me met mal à l'aise, enfin encore un peu plus que je ne le suis déjà. Je ne suis pas dans mon élément, pour une alcoolique être ici, c'est clairement tenter le diable, mais je tente de me concentrer sur un problème à la fois et je serre ces documents pour m'y accrocher et me rappeler ce que je suis venue faire ici -comme si je pouvais oublier. Je suis face à lui, je l'ai trouvé assez facilement, je l'ai abordé sans réfléchir et si je ne m'attendais pas à une réaction ultra positive de sa part, le regard méchant et froid qu'il me lance ne me rassure pas vraiment. Mais je ne me démonte pas, il ne me calcule pas, je ne me tais pas. Il ne me croit pas, il peut me faire tout les regards méchants qu'il veut, je suis là et je ne reculerais pas. Pas maintenant. Qu'est-ce que je veux ? Il est sans tact, alors je le suis aussi et je lui balance l'info, une nouvelle fois. Je sais qui est son géniteur et je choisis d'employer ce mot avec soin. Et si son attitude n'est pas particulièrement propice à mettre à l'aise son interlocuteur, en l’occurrence moi, ça me permet de rester à distance de lui et de ses émotions. Je ne ressens aucune empathie pour lui, et je n'ai donc pas peur de venir lui annoncer une nouvelle qui pourrait possiblement bouleverser sa vie. Il est froid, il a le regard dur, l'attitude du type qui ne craint personne, et au fond, si son attitude n'aide pas à envisager la suite avec sérénité, c'est pourtant exactement ce que j'attends de lui, du moins l'image que je m'étais faite de ce type. Je connais un peu son parcours, je connais un peu sa vie, ma mère a fait un bon travail et je veux ce type, je le veux pour détruire mon père. Alors même si j’avoue qu’il a quelque chose d'inquiétant dans l'attitude, je ne vais pas reculer, je ne vais pas me démonter. Je peux être lâche parfois (très souvent), mais quand j'ai décidé quelque chose, j'ai assez d'abnégation pour aller au bout et m'y tenir. Et je viens de dire à ce type que je sais qui est son géniteur, je ne peux pas m'enfuir en courant à travers la foule. Je ne peux pas et je ne veux pas. Peut-être dans quelques minutes quand il découvrira la vérité, quand il découvrira tout ce que j'ai découvert il y a de ça quelques jours. Peut-être qu'il faudra que je m'enfuis, mais pas avant qu'il ne sache tout et qu'il haïsse cet homme autant que moi.
Je crois qu'il commence enfin à me prendre au sérieux, qu'il commence à réaliser que je ne suis ni une farce ambulante, ni là pour transmettre une information banale. Non, il semble commencer à réaliser que peut-être que je dis la vérité et que je sais des choses qu'il ne sait pas sur sa propre vie. Et s'il n'avait pas été aussi froid avec moi, peut-être que j'aurais pu me sentir un peu mal de débarquer dans sa vie ainsi et lui annoncer cela sans ménagement mais finalement son comportement me facilite la vie, c'est en tout cas ce que je crois. « Je peux pas partir d'ici, je dois surveiller ce qui se passe donc on peut aller voir au fond si il y a une table au calme mais je ne sors pas de cette salle ! » Il m'accorde un peu de son temps, un peu de calme aussi, nécessaire pour que je puisse lui expliquer la vérité sur son histoire, à moins qu'il veuille m'enfermer dans une salle pour être tranquille ? Oh et puis merde, je fais un signe de la tête pour lui montrer que je suis prête à le suivre. Après tout, je suis venue ici pour lui dire la vérité sans même penser à en parler à quelqu'un alors je ne suis plus à ça prêt, je peux bien le suivre au fond de la salle, à l'abri des regards. Tout en tenant avec précaution les documents, je rejoins l'arrière salle, quittant l'ambiance de fête et le trop plein d'alcool pour un endroit plus sombre et légèrement plus calme même si la musique continuait à se faire entendre. Et sans attendre, je me suis mise en mode journaliste, essayant de me détacher de la vérité que je m'apprête à lui annoncer. Privilégiant les faits aux ressentis. Mettant une distance entre cette histoire et moi. « Il y a quelques jours je suis tombée sur un dossier qui contenait les informations sur la vie d'un garçon né le 12 Avril 1982 à Brisbane du nom de Jeremiah Etish. » J'ouvre le dossier que je tiens fermement depuis tout à l'heure, le serrant tellement fort que j'en ai plié quelques feuilles. Et je sors, le premier document que j'ai scanné, le premier que je sais être son acte de naissance. Un document pas difficile à obtenir en soit mais qui permet de lui prouver que je suis réellement là pour lui, pour le Jeremiah Etish né le 12 Avril 1982 et qu'il n'y a pas d'erreurs sur la personne. Je le dépose sur la table, lui laissant la possibilité de regarder ou non. « Ça c'est l'ordonnance de soins et de protection datant de l'année 1993 avec les signalements effectués au préalable, les conclusions des tribunaux et la mesure de placement pour Jeremiah Etish âgé de onze ans. » Je dépose trois feuilles agrafées les unes aux autres, trois feuilles qui résument le début de son parcours d'enfant placé. C'est son histoire que je suis en train de lui présenter sous les yeux, une histoire qu'il connaît déjà puisqu'il l'a vécu. Mais une partie de moi a besoin de lui montrer tout ça, une partie de moi veut lui remettre tout ça en mémoire avant de lui annoncer la vérité. Pas que je veuille lui faire du mal, mais je veux qu'il comprenne que c'est à cause de cet homme s'il a vécu tout ça. Je risque de le mettre en colère, mais au fond c'est ce que je veux non ? Et je le laisse réagir à tout ça avant de dégainer les documents qui pourront lever le mystère. [/quote] |
| | | | (#)Ven 1 Nov 2019 - 23:35 | |
| I wanna show you something, just put your trust in me
Je suis toujours assis sur cette putain de chaise, à me demander ce qu'elle peut bien me vouloir. Pourquoi elle pourrait avoir envie de m'annoncer un truc pareil ? Est ce que c'est une ex meuf avec qui j'ai couché et qui veut me faire payer parce que je l'ai pas demandé en mariage juste après ? Je ne pense pas, sa tête ne me dit rien. Et pourtant elle est là à me parler de mon père, pour qui elle se prend à venir parler de mon père qui m'a lâchement abandonné quand j'étais même pas encore né ? Elle fait remonter de mauvais souvenir en seulement quelques phrases, et je sens que c'est pas fini, qu'elle n'est pas prête de me laisser tranquille. Et je me demande pourquoi, pourquoi une simple journaliste vient chercher autant d'informations, et pourquoi elle veut absolument que je connaisse cette histoire. Elle me paraît louche, mais je décide de l'emmener derrière, à l'écart du bruit pour pouvoir discuter. Foutu pour foutu.
Elle s'assoit en face de moi et elle ouvre ce porte document qu'elle avait entre ses mains depuis qu'elle était arrivée. "Il y a quelques jours je suis tombée sur un dossier qui contenait les informations sur la vie d'un garçon né le 12 avril 1982 à Brisbane du nom de Jeremiah Etish. »Je fronce les sourcils en entendant mon prénom, très peu de gens peuvent savoir comme je m'appelle vraiment, je déteste ce foutu prénom. Elle sait bien trop de choses sur moi, et elle n'a sorti qu'un papier. Je commence à me sentir à l'étroit dans cette toute petite pièce isolée du monde. Elle continue à sortir des documents, des documents qu'elle n'aurait pas pu trouver comme ça, par hasard. Et elle me paraît de plus en plus suspecte. Je me dis que je ne peux pas lui faire confiance. Qu'elle a sûrement monter tout un stratagème avec quelqu'un pour me nuire, me faire du mal. C'est Ariane. Tout ça c'est la faute d'Ariane j'en suis sûr. Y'a qu'elle qui soit aussi cruelle pour inventer des trucs pareils. Et je la hais, j'ai une nouvelle fois envie de la tuer alors que je ne suis sûr de rien, que je cherche des explications plus improbables les unes que les autres pour justifier toute cette merde. « Bon merci c'est très drôle, tu diras à Ariane qu'elle pourrait trouver mieux pour essayer de me blesser, parce que le j'ai retrouvé ton père qui t'a abandonné, c'est du déjà vu ! ». Je la regarde en souriant, je dois montrer que je suis confiant et sûr de moi même si c'est pas du tout le cas. Elle ne se démonte pas, elle continue de sortir des documents un à un. Et il y en a des tas.
Elle me montre, elle m'explique, et je suis un peu perdu, tout de suite bien moins bavard. Pourquoi tous ces papiers ont l'air si vrai, si officiels ? La liste de mes foyers, des familles d'accueil et leurs noms, le nom des autres enfants qui vivaient avec moi, les signalements, les témoignages et les verdicts. Tout est vrai, toutes ces informations sont les bonnes. Même si je ne cherche pas à cacher mon passé, et que j'en ai déjà parlé à quelques personnes, il n'y a personne qui peut être au courant d'autant de détails. Tout est chronologique, tout est parfait et je relève les yeux vers elle après avoir analysé méticuleusement chaque papier qu'elle m'a donné pour l'instant, et je vois qu'il y en a d'autre. « Comment t'as pu avoir ça ? Où est ce que t'as trouvé ça ? Même ma propre mère n'avait pas accès à ce genre de papiers... » Je doute, je vacille. Tous les mauvais souvenirs remontent à la surface, et je ne fais qu'attendre qu'elle m'en dise plus, qu'elle continue de m'achever avec tous ces papiers, avant de connaître, peut-être, l'identité de mon père. Ce mec que j'ai appris à détester bien avant de prononcer mon premier mot... |
| | | | (#)Sam 2 Nov 2019 - 4:26 | |
| Oh brother, I wanna show you something, just put your trust in me • Brother ▬ Archive You can't hurt me now I got away from you, I never thought I would You can't make me cry, you had the power I never felt so good 'bout myself Oh Father you never wanted to live that way You never wanted to hurt me Why am I running away " Oh Father • SIA" @Jeremiah Etish Assisse sur cette chaise, la table qui nous sépare, je commence à disposer devant lui les premiers documents, le récit de sa vie. Je vois qu'il fronce les sourcils, qu'il ne sait pas s'il peut croire en ce que je raconte même si la véracité de ce que j'avance sur lui, n'est pas anodine. « Bon merci c'est très drôle, tu diras à Ariane qu'elle pourrait trouver mieux pour essayer de me blesser, parce que le j'ai retrouvé ton père qui t'a abandonné, c'est du déjà vu ! » Il me regarde en souriant, il sourit mais rien de tout ça n'est censé être drôle. Et pourquoi il parle d'Ariane, d'une Ariane, qu'est-ce qu'elle vient faire là cette fille ? Je suis en train de lui montrer les morceaux de sa vie et lui pense à une blague. Une mauvaise blague orchestrée par une certaine Ariane. Je ne connais qu'une Ariane dans ma vie mais comme toute une partie de ma vie, j'ai perdu contact avec elle et je me demande bien ce qu'elle viendrait faire dans cette histoire. Mais bizarrement entendre le prénom d'Ariane me donnerait presque envie de boire ou de me droguer ou n'importe quoi qui pourrait m'aider à gérer ce que je suis en train de faire. Je fais semblant, je lui fais croire que je gère et j'essaye de me persuader moi aussi. Mais je ne gère rien du tout. Mais il ne doit rien percevoir. « Aucune Ariane n'y ait pour quelque chose là dedans, et je sais vraiment qui est ton père. » Je ne comprends pas son sourire, mais je ne compte pas m'arrêter là. Il doit me laisser finir, et s'il ne prends rien au sérieux, je n'y arriverai pas. Je suis là pour qu'il déteste l'homme qui a ''abandonné'' sa mère enceinte de lui, je suis là pour lui montrer à quel point son père biologique est un homme mauvais. Je me sens de plus en plus horrible avec lui, mais son attitude m'aide à me détacher de mes ressentis et à me concentrer sur l'essentiel, les documents que j'ai encore en ma possession. La vérité que je détiens sur lui et la position que ça me donne.
Et quand je dépose sur la table les éléments en liens avec son placement, avec ses familles d’accelerando, et même les signalements qui ont mené à ce qu'il se retrouve loin de sa mère, je vois qu'il semble enfin me prendre au sérieux. C'est ça que je veux non ? Qu'il m'écoute et qu'il comprenne que tout ce que je viens lui dire est vrai, du début jusqu'à la fin. Qu'il ne puisse pas douter quand je lui dirais que cet homme a besoin d'une leçon. Est-ce que je ne serais pas en train de le manipuler dans mon intérêt personnel ? Il observe chacune des feuilles que je dépose, il les analyse et enfin je semble avoir réussi à avoir son intérêt. Et je réfléchis à ce que je dois lui dire ensuite, je sais qu'elle est la prochaine feuille dans mon dossier, je le sais mais je ne sais pas comment lui annoncer. « Comment t'as pu avoir ça ? Où est ce que t'as trouvé ça ? Même ma propre mère n'avait pas accès à ce genre de papiers... » Et pendant que je réfléchis, il m'interpelle, et sans sourire cette fois il semble bien plus sérieux, peut-être un peu plus dur aussi. « Tu me crois maintenant ? » Je garde un air qui se veut détaché, mais je ne le suis pas du tout, je suis moi aussi bien trop impliquée dans cette histoire. Je l'observe quelques secondes et je réalise pour la première fois que c'est mon demi-frère que j'ai devant moi. Que ce que je suis venu lui dire va me lier à lui réellement, changer sa vie et peut-être aussi la mienne. Je veux tellement détruire mon père que je n'ai pas réfléchis à ce que je pourrai détruire dans la procédure. Lui, Jeremiah ? Moi ? Parce que je sais que si Jeremiah s'en prends à mon père, il répliquera et je serais dans son champ de vision. Pourquoi je n'ai pas pensé à ça plus tôt ? Pourquoi je ne pense jamais à une situation dans sa globalité ? Mon père doit déjà savoir que j'ai contacté Jeremiah, il doit déjà savoir que je compte lui dire, il doit déjà avoir préparé sa vengeance. Contre moi. Et si Jeremiah refuse de me croire j'aurais fais tout ça pour rien ? « J'ai rien trouvé, on m'a donné ce dossier, quelqu'un t'a surveillé toute ton enfance. » Cette personne c'est ma mère, accessoirement ce qui aurait pu être sa belle-mère et encore accessoirement la femme qui l'a laissé pourrir dans une famille d'accueil et pire qui l'a laissé vivre avec sa mère alors qu'elle était incapable de s'occuper de lui. Et je remarque que cette information peut-être assez flippante, mais je ne peux vraisemblablement pas être cette personne, je suis bien trop jeune pour ça. Je sors d'autres documents, une photo de classe du petit Jeremiah, des relevés de notes, aux premiers ennuis, conseils disciplinaires, lettres d'exclusions pour harcèlement ou violences. Oui je sais quel personnage il est, et je pourrais avoir peur, mais sûrement que s'il avait été différent, je n'aurais jamais eu le courage de venir l'envoyer à ma place dans un combat avec papa Clarke. Je le provoque en faisant remonter à la surface des souvenirs et forcément pas les meilleurs. « Et tu sais tout ça là, toutes les infos que j'ai, ta mère aurait pu avoir accès à tout si elle l'avait voulu. » Peut-être que je vais trop loin. Je ne suis pas sûre de ma remarque, mais si je connais sa vie à lui, je connais aussi cette femme, sa mère, celle qui lui a menti toute sa vie et qui n'a jamais cherché à s'occuper de lui une fois le petit Jeremiah au main des services sociaux. |
| | | | (#)Sam 2 Nov 2019 - 12:25 | |
| I wanna show you something, just put your trust in me
J'arrive pas à y croire, je peux pas croire à tout ça. Pourquoi ça tombe sur moi ? Pourquoi cette femme a pas préféré garder tout ça pour elle. J'ai réussi à faire ma vie en pensant que je n'entendrais jamais parler de mon père, et elle vient, elle détruit tout. Alors que je ne l'ai jamais vu de toute ma vie. Donc je fais mine de prendre ça à la rigolade, je cherche toutes les raisons possibles et imaginables qui pourraient expliquer la présence de cette femme dans mon espace vital. Donc je propose Ariane, la seule personne qui puisse être assez horrible pour monter un truc pareil, une sorte de vengeance après la fameuse soirée où son amie a abusé de la drogue ? Mais non... Je vois dans les yeux de cette fille qu'elle est très sérieuse, et tous les papiers qu'elle me tend ont l'air tous plus vrai les uns que les autres. « Aucune Ariane n'y est pour quelque chose là-dedans, et je sais vraiment qui est ton père. » Elle essaie de paraître froide et distante par rapport à cette histoire. Mais j'ai toujours bien su analyser les gens, et cette fille cache quelque chose, elle a l'air de prendre bien trop à cœur toute cette histoire et je trouve ça étrange. « J'attends de voir... » Je lui laissais une ouverture, au point où on en était, je n'allais pas la laisser s'arrêter là, j'avais bien trop de questions, mais je sentais aussi l'angoisse monter. Ce n'était pas n'importe quelle information.
Elle continue de placer des feuilles de papier devant moi, je reconnais chaque nom, chaque adresse, chaque date. C'est bien moi, c'est bien toute mon histoire qu'elle est en train de déballer devant mes yeux. « Tu me crois maintenant ? » J'essaie de ne laisser transparaitre aucune émotion, mais ma voix doit me trahir, je suis complètement perdu. « Je... Oui... Je crois... » Je continue de me concentrer, d'écumer chaque nouveau papier pour lui rendre ceux que j'avais déjà vu. « Qui a fait tout ça ? Qui m'a suivi à ce point là ? » Elle était là pour une raison, mais je ne comptais pas laisser partir cette inconnue sans avoir la moindre idée de qui elle est, et de comment elle a bien pu être au courant de toute ma vie en une fraction de seconde. « J'ai rien trouvé, on m'a donné ce dossier, quelqu'un t'a surveillé toute ton enfance. » Je lève les yeux vers elle, lui tendant le dernier papier qu'elle avait glissé dans mes mains. Donner ? Comment on peut donner un dossier pareil à une journaliste qui n'a, normalement, aucun rapport avec toute cette histoire ? Je me posais de plus en plus de questions et elle restait évasive sur le sujet. « Il va falloir être bien plus explicite ! Donner ? On t'a donné un petit dossier qui contient toute ma vie comme ça ? Juste pour le plaisir, et toi tu t'es dit tiens, si j'allais le retrouver pour lui donner le nom de son père qui l'a abandonné avant de repartir faire ma petite vie tranquille ! Et quelqu'un m'a surveillé toute ma vie ? Comment tu le sais ? Qui c'est ? Tu peux pas me dire des trucs comme ça sans aucunes explications cohérentes ! » Je secoue la tête, je n'avais même pas haussé le ton, bien trop paumé pour avoir assez de force pour m'énerver. « Et tu sais tout ça là, toutes les infos que j'ai, ta mère aurait pu avoir accès à tout si elle l'avait voulu. » Je fronce les sourcils, voilà qu'en plus elle vient parler de ma mère maintenant. « Elle au moins elle était là, même si c'est sûr c'était loin d'être la meilleure mère du monde, elle n'a pas fuit... » Je me souviens de ma vie avec ma mère, et je la déteste, de toute mon âme, mais elle n'a pas le droit de venir ici, de me dire qu'elle connait ma vie, mon père, et tout ce qu'avait pu faire ma mère sans même sourciller, c'était un peu trop pour moi là, et l'air commençait à manquer. « Mais bon, au moins t'as la preuve que personne n'a jamais voulu de moi, ni ma mère, ni mon père, ni tous les connards avec qui ma mère pouvait coucher en essayant de trouver l'homme de sa vie, ni aucun de mes foyers ou de mes familles d'accueil... » Trop de souvenirs, trop en trop peu de temps. Beaucoup de choses que je cherche à oublier très souvent. La tête qui tourne je me lève brusquement. « J'ai besoin d'air, je reviens... » Ou pas... Et si je partais en courant, en essayant de faire comme si rien ne c'était passé ? Je trouve la porte de sortie la plus proche et je profite de l'air frais en m'allumant une clope, essayant de ne plus penser à rien pendant quelques minutes. |
| | | | (#)Dim 3 Nov 2019 - 4:11 | |
| Oh brother, I wanna show you something, just put your trust in me • Brother ▬ Archive You can't hurt me now I got away from you, I never thought I would You can't make me cry, you had the power I never felt so good 'bout myself Oh Father you never wanted to live that way You never wanted to hurt me Why am I running away " Oh Father • SIA" @Jeremiah Etish Il commence à me croire, je le vois à son attitude. Au moins j'ai réussi à gagner son attention. Il ne me prends plus pour la petite rigolote qui veut lui faire une farce. Il m'écoute et regarde chaque document avec une émotion qu'il ne dissimule même plus. . « Qui a fait tout ça ? Qui m'a suivi à ce point là ? » Je ne relève même pas sa remarque, j'ai un plan en tête, enfin non j'en ai pas, mais je ne suis pas encore prête à lui donner la vérité sur la femme derrière tout ça, parce que lui avouer l'identité de cette femme mystère, nécessite que j’avoue notre lien et je ne suis pas encore prête à me dévoiler. Et c'est injuste parce que je suis en train de mettre son histoire sur le table, je suis en train de le mettre face à sa vie et moi je ne donne rien. « Il va falloir être bien plus explicite ! Donner ? On t'a donné un petit dossier qui contient toute ma vie comme ça ? Juste pour le plaisir, et toi tu t'es dit tiens, si j'allais le retrouver pour lui donner le nom de son père qui l'a abandonné avant de repartir faire ma petite vie tranquille ! Et quelqu'un m'a surveillé toute ma vie ? Comment tu le sais ? Qui c'est ? Tu peux pas me dire des trucs comme ça sans aucunes explications cohérentes ! » Il réagit, il me questionne, beaucoup trop et je ne sais pas comment lui répondre. Je le sens déstabilisé, perdu mais ce qu'il ne sait pas c'est que je le suis tout autant. Après avoir découvert ce dossier, ma première réaction fut de me saouler seule dans ma chambre d'hôtel Londonienne. « Je n'avais rien demandé moi Jeremiah. Je n'avais pas demandé à avoir ce dossier, je n'avais pas demandé à découvrir tout ça, et je m'en serais bien passé. » Je ne réponds à aucune de ses questions, mais pour la première fois je baisse un peu ma garde, montrant peut-être un peu trop que mon implication dans cette histoire ne me laisse pas indifférente. Mais je ne me laisse pas avoir par l'émotion et je lui parle de sa mère, au lieu d'avoir à lui parler de la mienne. « Elle au moins elle était là, même si c'est sûr c'était loin d'être la meilleure mère du monde, elle n'a pas fuit... » Elle n'avait pas fuit mais elle n'avait pas hésité pour de l'argent, à signer des tonnes de papiers pour que le secret de mon père soit protégé. Pour de l'argent, et clairement pas beaucoup au vu de l'argent dont disposait mon père, elle n'a pas hésité à signer des documents l'obligeant à mentir toute sa vie à son propre fils. Alors elle n'avait pas fuit mais elle lui avait permit à lui de le faire alors qu'elle aurait pu l'obliger à être présent dans la vie de son fils. Mais je ne suis clairement pas la mieux placée pour blâmer cette femme non ? Ce serait hypocrite de ma part, alors je préfère me taire et je l'écoute reprendre la parole. « Mais bon, au moins t'as la preuve que personne n'a jamais voulu de moi, ni ma mère, ni mon père, ni tous les connards avec qui ma mère pouvait coucher en essayant de trouver l'homme de sa vie, ni aucun de mes foyers ou de mes familles d'accueil... » J'ai peut-être été trop loin finalement ? Beaucoup trop loin. Je pensais l'avoir cerné d'après des papiers, je pensais qu'il pourrait tenir et être assez fort. Mais visiblement, j'ai réussi à le déstabiliser mais pas de la manière dont je le voulais. Je lui ai rappelé toutes les abandons subit dans l'enfance, bravo Alex ! Je peux être fière de moi, j'ai blessé Jeremiah, je l'ai poussé à se souvenir des moments ou il avait du se sentir le plus vulnérable, et j'ai visiblement réussi. « J'ai besoin d'air, je reviens... » Il quitte la pièce, rapidement, beaucoup trop rapidement. Je me retrouve seule et je culpabilise en regardant la chaise qu'il a laissé vide. Je voulais qu'il s'énerve, pas qu'il fuit. Je lui ai visiblement fait du mal, et en même temps à quoi je m'attendais ? Venir lui rappeler tout les moments les plus durs de la vie du petit garçon qu'il était, c'était prévisible qu'il réagisse non ? Pourquoi je n'ai pas réfléchis un peu plus avant de débarquer ici ? Je ne peux pas être ce genre de personne qui fait souffrir les autres sans rien ressentir en retour. Je ne peux pas parce que je ne suis pas comme mon père. Enfin un peu quand même, mais lui prends du plaisir à détruire la vie des autres, moi je ne peux pas faire ça. Au pire me détruire moi, oui mais je ne veux pas être responsable de la souffrance des autres, du moins pas consciemment. Et là j'ai choisis de venir ici, j'ai choisis de le pousser à bout, j'ai choisis de faire les choses sans le ménager, pourquoi ? Je ne me sers pas des gens dans mon propre intérêt normalement, non je ne suis pas capable de manipuler les gens. Et à trop vouloir me venger de mon père, à vouloir lui faire payer sa cruauté, j'en viens à employer les même méthodes que lui. Mais je ne suis pas lui, je n'ai pas assez de caractère et de force pour être aussi froide que lui, aussi insensible. Je n'y arrive pas, et même si j'essaye de rester à distance et de ne pas le laisser m'atteindre par ses émotions, c'est trop dur. Je suis responsable de la situation, du mal-être qu'il ressent. C'est de ma faute et quand je le vois quasiment s'enfouir, je comprends que j'ai réellement été trop loin et que j'ai manqué de tact. Je n'ai pensé qu'à moi, à cette putain d'idée de vengeance, et je n'ai pas pensé à lui. A ce qu'il pourrait ressentir face à tout ça. Lui aussi, il a souffert à cause de cet homme, lui aussi il a sûrement envie de se venger et je regrette la façon dont je suis venue dans sa vie sans respect pour lui. Je finis par suivre ses pas, je pars à sa recherche, je crois que j'ai des excuses à faire et une vérité à révéler. Je finis par le trouver une clope à la bouche et je l'imite m'allumant à mon tour une cigarette. La ruelle est sombre mais elle est calme, ça devrait faire l'affaire pour poursuivre la discussion. Et je ne sais pas comment il va prendre le fait que je l'ai suivis mais avant même qu'il ne s'énerve, je lui dis avec une émotion sincère. « Je suis désolé pour mon comportement. » Je suis bien moins froide que je ne l'étais dans cette salle même si je laisse une distance physique entre nous, par précaution. Il n'y a plus de table pour nous séparer. « Je n'aurais pas du te rappeler tout ça, pas comme ça en tout cas. » Je lui tends deux nouvelles feuilles, agrafées, celles par quoi j'aurais du commencer. Les premiers documents sur lesquels figure le prénom de mon -son/notre- père, Charles dont j'ai volontairement caché le nom de famille, puisqu'il porte le même que moi. « J'aurais du commencer par ça. » Ça, ce n'est que l'explication des années de mensonges, la raison du silence de sa mère, de la mienne. Deux femmes prises aux pièges par des contrats juridiques, des accords de confidentialités, qu'elles ont signé et qui les ont mené à devoir protéger le secret de ce connard sous peine de tout perdre. Mais ce qu'elles ne savaient pas, c'est qu'en signant ce papier, elles avaient déjà perdu, elles avaient pactisé avec le diable et plus je repensais aux clauses ajoutées à chaque contrat, je prenais conscience de la violence psychologique que cet homme pouvait avoir. « Ta mère savait qui était ton père, elle ne pouvait juste pas te le dire au risque de te perdre, de se retrouver en prison et de devoir le payer pour le préjudice que ça lui aurait causé, sans parler du remboursement de la somme versée lors de la signature de ce contrat. » Sa mère avait signé ce papier, elle avait accepté mais elle l'avait fait pour de l'argent en contrepartie, ce qui n'était pas très glorieux mais elle avait eu une raison de le faire. Ma mère avait accepté de protéger le secret de mon père, elle avait accepté de signer un accord sans aucune contrepartie, juste pour le plaisir de s’enchaîner à ce type toute sa vie. Elle savait quel genre d'homme il était et elle l'avait suivis, elle avait quitté l'Australie pour le suivre et pire que tout, elle avait fait un enfant à cet homme. Moi. « Et l'autre femme, celle qui a signé le deuxième accord et qui a suivit ta vie de loin sans jamais rien faire pour t'aider, c'était la femme de ton père. C'était ma mère. » Les mots se bloquent un peu dans ma gorge, je suis pas sûr de moi, pas sûr de ce que je dois lui dire et de comment lui dire. « Cet homme … ton père, c'est mon père. » Voilà qui devrait répondre à ses questions. Comment j'ai eu le dossier, comment je connais son père. Toutes ses questions, sauf pourquoi mais après tout ça, je ne suis même pas certaine qu'il ait encore envie de m'entendre parler alors que je me suis un peu moquée de lui depuis mon arrivée. Je n'ai pas été totalement honnête et peut-être qu'il ne me croira pas sur ça non plus. [/quote] |
| | | | (#)Dim 3 Nov 2019 - 18:31 | |
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.Je suis là, presque en panique à l'idée que ce ne soit pas une blague. Et elle est là, assise en face de moi sans aucune expression, comme si elle était en train de me parler de ce qu'elle avait manger pour le goûter. Et j'ai de plus en plus de mal à respirer. Moi qui déteste parler de moi et de mon passé, voilà qu'une inconnue connaît tout de moi, absolument chaque détail de mon passé. « Je n'avais rien demandé moi Jeremiah. Je n'avais pas demandé à avoir ce dossier, je n'avais pas demandé à découvrir tout ça, et je m'en serais bien passé. » Je secoue le tête en continuant d'observer méticuleusement chaque papier. « Et moi ? Tu crois que j'avais demandé à ce qu'une inconnue débarque pendant une de mes soirées pour me rappeler tout mon passé et me donner l'identité de la personne que je déteste certainement le plus dans ce monde ? » Je n'avais pas prévu ça, pas ce soir, pas comme ça. Je suis seul, j'ai toujours été seul et je n'ai jamais voulu connaître le nom de ce mec qui m'a abandonné. Qui a abandonné ma mère et qui a fait qu'elle a été perdu toute sa vie, que j'ai été trimbalé de famille d'accueil en famille d'accueil. Elle ne semble pas y accorder d'importance. J'ai l'impression qu'elle ne se rend pas compte de la bombe qu'elle tient entre ses mains, de cette information qui peut faire basculer ma vie. Et c'est trop, c'est trop dur de revivre tout ça et je sors, pour fumer, pour m'enfuir peut-être, j'en sais trop rien. Je sais plus où j'en suis, je sais plus quoi faire. Est ce que je peux vraiment lui faire confiance ? J'ai pas le temps de réfléchir d'avantage que j'entends la porte s'ouvrir. Elle m'a suivi jusque là ? Vraiment ? Je ne vais pas avoir le droit à plus de 2 minutes de répit et je soupire. Un soupire très sonore, pour lui montrer qu'elle m'agace, que toute cette situation me fatigue. « Je suis désolée pour mon comportement. » J'ai l'impression de faire face à une nouvelle personne, bien plus sincère que quelques minutes auparavant. Alors je me détends, j'attends qu'elle continue de parler, elle semble avoir de nouvelles choses à dire. « Je n'aurais pas dû te rappeler tout ça, pas comme ça en tout cas. » Je continue de fumer et je la regarde. « C'est sûr que c'est pas le meilleur moyen pour me montrer que t'as de bonnes intentions... » Mais est ce qu'elle avait vraiment de bonnes intentions ? Je la connais toujours pas, je connais seulement son nom. Mais elle a l'air de s'ouvrir, comme si tout ça lui tenait à cœur, comme si elle était aussi impliquée que moi. « J'aurais du commencer par ça. » Elle me tend un nouveau papier que je prends de nouveau. Un contrat, signé par ma mère, et une autre femme que je ne connais pas. Elles devaient rester silencieuse, sur toute l'histoire et sur l'identité de mon père. Et une colère sans nom commence à monter en moi, contre me mère, mon père et cette femme qui a signé que je connais pas. « Ta mère savait qui était ton père, elle ne pouvait juste pas te le dire au risque de te perdre, de se retrouver en prison et de devoir le payer pour le préjudice que ça lui aurait causé, sans parler du remboursement de la somme versée lors de la signature de ce contrat. » Je m'assoie par terre, trop d'informations d'un coup. « Cette autre femme qui a signé ? C'est celle qui a créé tout ce contrat, qui a suivi ma vie comme ça ? » c'était apparemment la seule autre personne au courant de tout ça, et logiquement, elle n'avait pu en parler à personne d'autre. « Donc ce connard a toujours su que j'existais... » Un enfant abandonné doit certainement toujours avoir cet espoir qu'on ne connaisse pas son existence, que la personne qui est partie n'est pas réellement partie par la faute de sa simple existence. Mais pour moi c'était le cas, le mec s'est barré parce que j'existais, parce que j'ai fait l'erreur de vivre. « Et l'autre femme, celle qui a signé le deuxième accord et qui a suivit ta vie de loin sans jamais rien faire pour t'aider, c'était la femme de ton père. C'était ma mère. » Je fronce les sourcils, pas vraiment sûr de comprendre ce qu'elle essaie de me dire. « Cet homme... ton père, c'est mon père. » Donc en plus d'apprendre que j'ai un père, apparemment vivant, j'apprends que j'ai une sœur. « Toi aussi tu l'as toujours su ? T'as aussi signé un putain de truc de confidentialité pour qu'il puisse vivre une vie tranquille ? Sans que je puisse venir le faire chier ? » à mon grand étonnement ma voix restait calme, je restais calme. J'étais assis, les genoux ramenés sur ma poitrine, à attendre qu'elle continue de parler. « T'as vécu avec lui, ou il t'a abandonné toi aussi ? » |
| | | | (#)Lun 4 Nov 2019 - 2:26 | |
| Oh brother, I wanna show you something, just put your trust in me • Brother ▬ Archive You can't hurt me now I got away from you, I never thought I would You can't make me cry, you had the power I never felt so good 'bout myself Oh Father you never wanted to live that way You never wanted to hurt me Why am I running away " Oh Father • SIA" @Jeremiah Etish Je ne sais pas si je dois être soulagée de l'entendre me dire que cet homme est la personne qu'il déteste certainement le plus au monde, ou si je dois me sentir réellement mal de me rendre compte que mon attitude est clairement déplacée et inadaptée. Il n'a rien demandé lui, mais je n'ai rien demandé non plus non ? Je n'ai pas demandé à ce que mon père abandonne cette femme, qu'il les oblige à ce silence qui a visiblement détruit sa mère, ma mère et une partie de sa vie. Il n'a rien demandé, et moi non plus. Mais la différence c'est que j'aurai pu choisir de ne pas l'impliquer, de le laisser vivre sa vie sans lui imposer la réalité, qui est clairement pas bonne en plus. Mais non, je suis venue le voir, à son travail. Je suis venue en tant que journaliste, froide, détachée, méthodique pour lui balancer cette vérité. Et je réalise que j'ai tout faux. Depuis le début j'ai faux. Et mon père avait raison, je ne suis pas assez forte pour gérer cette réalité. Et visiblement, lui non plus, du moins pas pour le moment. Je le vois s'enfuir alors qu'il ne sait pas encore toute la vérité, et je le suis. Après tout, le mal est déjà fait non ? Je suis la responsable de ce qu'il ressent à ce moment précis, et même si je suis incapable de réellement discerné les émotions chez lui, colère, haine, tristesse, choc ? Je ne peux pas rester indifférente, je ne peux plus parce qu'il est humain et que je n'ai pas respecté ses émotions, son vécu, sa douleur. Je le retrouve dehors et l'air frais me fait un peu de bien. La cigarette aussi, sûrement même plus que l'air. Il n'y a plus d'alcool tout autour de moi, la petite pièce s'est transformée en ruelle, toute aussi sombre mais moins étouffante. Et je m'excuse de l'avoir bousculé. « C'est sûr que c'est pas le meilleur moyen pour me montrer que t'as de bonnes intentions... » Est-ce que je peux lui dire que mes intentions ne sont pas réellement bonnes ? Je n'ai pas de bonnes intentions, qu'il sache ou pas qui est son père au final, ça ne changera pas directement ma vie. Mais ça va changer la sienne, et surtout j'espère que ça changera celle de notre très cher père. Mes intentions ne sont pas bonnes, clairement, alors je préfère me taire pour ne pas avoir à mentir. Je prends une profonde inspiration dans ma cigarette, m’intoxiquant un peu plus avec cette connerie, avant de lui tendre les feuilles contenants la vérité. Le prénom du père, les explications au silence de tout notre entourage, enfin de nos mères respectives, la vérité sur l'absence de son père dans sa vie. Et je me sens obligée de préciser ce que représente ces feuilles, pas que je le pense incapable de comprendre ou de lire, mais parce que j'ai moi même eu du mal à comprendre comment ces documents pouvaient réellement exister. Comment des femmes pouvaient signer un tel accord. Et si jusqu'à maintenant je n'arrivais pas à réellement comprendre l'émotion de Jeremiah, cette fois, je vois distinctement sa colère dans ses yeux. Il s'assoit par terre, et je reste debout faisant tout de même un pas vers lui. « Cette autre femme qui a signé ? C'est celle qui a créé tout ce contrat, qui a suivi ma vie comme ça ? » Je lui fais un geste affirmatif de la tête, incapable encore de lui avouer toute la vérité. « Donc ce connard a toujours su que j'existais... » Je n'ai pas la force de commenter cette affirmation, je sens qu'il n'a pas besoin que j'en rajoute une couche, qu'il a comprit ce que cela signifie. Oui, il savait et surtout il a tout fait pour le tenir à l'écart de sa vie bien rangée. Il le savait et il a payé pour être libre, est-ce que ce sont des mots que je dois dire oralement ? Il semble assez remonté pour que je n'ai pas à revenir sur cet élément, et pourtant, j'ouvre la bouche, comme incapable de retenir la possibilité de le faire passer pour le monstre qu'il est. « Il savait et il a payé ta mère pour que tu ne sois jamais lié à lui et il a quitté Brisbane juste après. » Il est rentré à Londres, vivre sa vie, emmenant avec lui ma mère et l’enchaînant à lui avec un contrat qui a fini par la tuer. Je finis par penser à ma mère, cette femme qui a accepté de quitter son Pays, sa famille pour suivre cet homme. Cette femme qui a protégé le secret de cet homme tout en suivant la vie de ce garçon. Elle l'avait vu partir en vrille. Elle avait apprit son placement, les foyers, les familles d’accueil, elle avait su pour les problèmes de la mère de Jeremiah, elle avait su pour les nombreux signalements, les arrestations, les exclusions, elle l'avait su grandir sans jamais pouvoir intervenir. Et au fond, j'en veux tellement à ma mère mais j'en veux aussi un peu à Jeremiah, parce que bien malgré lui, il a sans doute été l'un des éléments qui a conduit ma mère a sombrer dans la dépression. Le poids du mensonge, la culpabilité, l'inquiétude pour ce garçon pour lequel elle ne pouvait rien, ce sentiment d'impuissance et elle avait pourtant continué à suivre sa vie, s'infligeant encore et encore de constater la vie chaotique de Jeremiah, sans pouvoir lui venir en aide. Enfin elle aurait pu faire quelque chose, mais elle avait choisit de ne rien dire, pour protéger le mauvais homme. Et alors que je pense à ma mère, mes yeux se troublent un peu, je m'acharne sur ma cigarette avant de finalement lui dire la vérité. Enfin toute la vérité. Sur notre père, sur ma mère, sur notre lien. « Toi aussi tu l'as toujours su ? T'as aussi signé un putain de truc de confidentialité pour qu'il puisse vivre une vie tranquille ? Sans que je puisse venir le faire chier ? » J'ai crains pendant une seconde qu'il puisse mal réagir, qu'il puisse penser que c'était trop d'information d'un coup, mais il est calme, il ne bouge pas. « Non je ne savais rien. » Je lui réponds avec un peu trop d'entrain. Je refuse qu'il puisse m'associer à cette mascarade. A cette parodie de famille. « Je n'ai rien signé, je suis libre de dire ce que je veux sur ce connard. Mais, je ne savais rien, je t'assure que je ne savais rien. Ma mère m'a légué ce document, elle est morte y'a un an, mais il bloquait l'héritage pour pas que j'ai accès à tout ça justement. Mais tiens, je crois qu'il te revient plus qu'à moi. » Je dépose les documents par terre à coté de lui, je me garde bien de lui dire que j'ai gardé les originaux dans un coffre, au cas ou. Au cas ou, il préfère tourner la page et laisser cet homme en paix.« T'as vécu avec lui, ou il t'a abandonné toi aussi ? » La question à laquelle je n'ai pas pensé mais qui est pourtant légitime. J'ai envie de lui avouer que j'aurais préféré qu'il m'abandonne moi aussi mais je sais que ce n'est pas la chose à dire. Je sais que ce serait un grand manque de tact de ma part. J'ai grandi dans une grande maison, dans le luxe. Je n'ai jamais été un jour sans avoir à manger sur la table, j'ai été dans les écoles les plus prestigieuses. J'ai vécu dans une famille riche, riche d'argent mais si mon père pensait que tout pouvait s'acheter, lui il n'avait pas réussi à acheter mon amour et visiblement l'affection ne faisait pas partie de ses valeurs. Mais si je lui dis tout ça, je sais que Jeremiah va me voir comme le petite bourge fragile et qui ne connaît rien de la réalité de la vie. « J'ai vécu avec lui à Londres. » Mon ton ne permet pas de dissimuler mon écœurement à son égard. « Parfois j'aimerai oublier qu'il est mon père. » Mais c'est impossible, même sans être là, je le crains, parce qu'il m'a prouvé qu'il sait tout de ma vie, même les choses que j'ai pris grand soin à cacher. Il sait tout et il n'hésite pas à utiliser les éléments pour faire pression, et je repense à ses menaces, j'espère juste que je n'ai pas fais une erreur en venant ici. « Je dois d'ailleurs te prévenir que c'est fort possible qu'il découvre que tu es au courant, et ça risque de l'énerver vraiment. » Est-ce que je sais de quoi il est capable ? Jusqu’où il pourrait aller pour préserver son secret, sa notoriété, sa carrière ? Franchement, je ne veux même pas y penser, parce que même si je savais mon père horrible, découvrir qu'il avait payé une femme pour l'obliger à mentir à son fils. Découvrir qu'il avait enchaîné ma mère à lui avec ce contrat, en allant jusqu'à faire ajouter une clause à ma naissance sur ce contrat pour obliger ma mère à choisir entre le petit Jeremiah et sa propre fille. Découvrir qu'il m'avait fait suivre, qu'il avait payé des gens pour tout savoir de moi depuis mes dix-huit ans. Découvrir tout ça, me laissait perplexe et inquiète. Je le savais intransigeant en affaire, contrôlant d'une main de fer ses relations, mais il avait été trop loin cette fois. « Ça va ? » Plus calme, je le regarde, il sait tout. Ou presque. Il sait ce qu'il doit savoir sur lui, sur ce dossier, sur sa mère, la mienne et surtout sur ce père. Et pour la première fois, je m'inquiète de savoir comment il va. Mieux vaut tard que jamais non ? |
| | | | (#)Lun 4 Nov 2019 - 18:21 | |
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Je suis assis par terre, dans cette ruelle sombre avec cette fille que je ne connaissais pas il y a quelques heures en train de fumer. Je n'arrive pas à savoir qu'est ce qu'elle pense de tout ça... Jusque là, elle paraissait détachée, sans aucune émotion. Et maintenant, elle est dehors avec moi, et j'ai l'impression d'être avec une autre personne, elle change de visage, et a l'air bien plus ouverte. Peut-être parce qu'elle voit que tout ça m'a touché, et que je n'arrive plus à le cacher plus longtemps. Je continue d'observer les papiers qu'elle me tend, tout en continuant de fumer. Elle fait pareil, et on continue à discuter. « Il savait et il a payé ta mère pour que tu ne sois jamais lié à lui et il a quitté Brisbane juste après. » Je croise son regard, elle n'a pas vraiment l'air de le porter dans son cœur. Alors je décide de commencer à lui accorder une petite partie de ma confiance. « Comment on peut faire ça à son propre enfant... » Je ne suis peut-être pas une personne gentille, ou tout ce que vous voulez, mais je n'oserais jamais faire un truc pareil. Je vois les sommes d'argent qu'il a pu débourser, et je me demande bien comment ma mère a pu perdre tout ça aussi vite. Mais mon père est riche ? Il est riche et il a toujours connu notre situation... Il n'a jamais rien fait pour me venir en aide alors que toute ma vie n'était qu'une gigantesque catastrophe. Je n'ai apparemment été qu'une erreur de parcours pour lui, et certainement pour ma mère aussi. « Non je ne savais rien.Je n'ai rien signé, je suis libre de dire ce que je veux sur ce connard. Mais, je ne savais rien, je t'assure que je ne savais rien. Ma mère m'a légué ce document, elle est morte y'a un an, mais il bloquait l'héritage pour pas que j'ai accès à tout ça justement. Mais tiens, je crois qu'il te revient plus qu'à moi. » Elle n'a pas non plus une vie facile, ces derniers temps en tout cas. Je secoue la tête, cet homme a vraiment l'air affreux. « Je suis désolée, pour ta mère, pour l'héritage... T'as bien fait de venir me voir, tu pouvais pas faire comme nos mères et garder ça pour toi toute ta vie. » ça a détruit ma mère, et apparemment la sienne aussi. La sienne est morte et je n'ai plus de nouvelles de la mienne depuis quelques années. Je fuyais la seule famille que j'avais, et aujourd'hui je trouvais une nouvelle famille ? Un nouveau lien familiale officiel, rien ne dit qu'elle voudra encore me parler après ce soir, après m'avoir avoué tout ça pour plus avoir ce poids sur les épaules. Je ne m'énerve pas, et elle ne s'en va pas en me refilant les dernier papier. On parle, parce qu'on en a sans doute besoin. Ce mec nous a empêché de nous connaître, il m'a empêché de savoir que j'avais une petite sœur, parce que oui elle avait l'air bien plus jeune que moi. Par quoi on pouvait commencer ? Alors je lui demande si elle aussi il l'a abandonné, ou si elle a eu l'occasion de le connaître, de savoir qui il est vraiment. « J'ai vécu avec lui à Londres. Parfois j'aimerai oublier qu'il est mon père. » Elle ne me regarde plus, elle fixe un point invisible et moi je la fixe elle. « Il est si horrible que ce que je peux imaginer après avoir lu tous ces papiers ? » Je sentais que oui, que c'était un mec horrible, mais je devais lui demander. J'avais besoin de parler, je pouvais pas rester silencieux après tout ça. « Je dois d'ailleurs te prévenir que c'est fort possible qu'il découvre que tu es au courant, et ça risque de l'énerver vraiment. » Je fronce les sourcils. « ça nous laisse une longueur d'avance si il le sait pas encore... » De l'avance pour quoi ? J'en ai aucune putain d'idée, mais là je suis énervé, et j'ai envie de me venger. « C'est le genre de mec qui se croit invincible parce qu'il est capable d'acheter n'importe quoi ? » Je suis toujours assis, elle me donne tout le dossier. « ça va ? » Elle se tourne vers moi, elle a l'air de vraiment s'y intéresser, alors j'esquisse un sourire. « J'en sais rien. Toi ça va ? ». |
| | | | (#)Mer 6 Nov 2019 - 3:26 | |
| Oh brother, I wanna show you something, just put your trust in me • Brother ▬ Archive You can't hurt me now I got away from you, I never thought I would You can't make me cry, you had the power I never felt so good 'bout myself Oh Father you never wanted to live that way You never wanted to hurt me Why am I running away " Oh Father • SIA" @Jeremiah Etish « Comment on peut faire ça à son propre enfant... » C'est le genre de question à laquelle je ne peux pas répondre. Je ne peux pas répondre à cette question à la place de mon père, je ne peux pas répondre à ça sans me sentir coupable, affreusement coupable d'être comme ce connard que nous avons pour père. Alors, je préfère me taire, soupirant peut-être trop fortement pour évacuer mes émotions, pour évacuer ma haine et ma culpabilité. Parce que cette rencontre ne se passe pas du tout comme je l'avais songé aussi. Parce que je me met à ressentir des émotions, de l'empathie pour lui, pour la colère contre mon père, contre tout ce système mit en place pour nous broyer. Lui et moi. Je ne suis pas une bonne personne, et c'est facile de tout remettre sur le dos de mon père, mais il m'a façonné, il m'a construite dans son monde, sans ses codes et j'essaye de lutter mais parfois, je rechute et je me dégoûte. Je ne voulais pas me lier à Jeremiah, je ne voulais pas d'une relation avec cet homme qui m'a semblé instable, comme moi, voir plus. Je ne voulais pas ressentir de la peine pour lui et pourtant c'est ce que je ressens. Le voir assit par terre, réellement touché par cette vérité, bouleversé par ma faute, je ne peux pas rester indifférente à tout ça. J'aurais parfois besoin de garder du recul dans certaine situation, mais là, je ne peux pas rester froide et neutre, parce que je ne suis pas neutre dans cette histoire. « Je suis désolée, pour ta mère, pour l'héritage... T'as bien fait de venir me voir, tu pouvais pas faire comme nos mères et garder ça pour toi toute ta vie. » Je viens de lui annoncer une nouvelle qui change toute sa vie, qui lève le voile sur un mystère, et c'est lui qui me rassure ? J'ai été froide avec lui, mais lui ne semble pas m'en vouloir. Au contraire. Il ne semble même pas me repousser, alors que je représente tout ce qui a fait que son enfance a été merdique. Je représente son connard de père, je représente cette femme qui l'a laissé moisir en foyer alors qu'elle connaissait la situation catastrophique qui était la sienne. Je représente ce couple qui a refait sa vie sans s'inquiéter de ce que Jeremiah et sa mère allait devenir. Je me sens coupable, mais lui ne semble même pas m'en vouloir, il ne fait même pas un reproche à mon égard. A l'inverse, il me questionne sur ce père que l'on a en commun désormais. « Il est si horrible que ce que je peux imaginer après avoir lu tous ces papiers ? » Les papiers étaient assez explicites, et dépeignaient bien le portrait d'un homme horrible. « Je crois qu'il n'a jamais aimé personne enfaîte. On était juste là pour qu'il ait l'image d'un homme marié, un père présent, mais il n'a jamais été un père. Ma mère s'est suicidée et si j'étais persuadée que tout était de sa faute, maintenant j'en ai la preuve. Il fonctionne comme ça. Il menace, il intimide, il fait du chantage et il paye les gens. » Je repense à ses menaces à mon égard. Ses menaces de dévoiler mon passé avec des photos compromettantes. Ses menaces de me pourrir la vie au point que je craque comme à craquer ma mère. Ce sont ses mots qui me reviennent en tête et je le déteste tellement. « ça nous laisse une longueur d'avance si il le sait pas encore... » Au fond de moi, je pense qu'il l'a su au moment ou j'ai mis les pieds dans ce bar, qu'il a su que je le ferais au moment même ou j'ai envoyé ce mail bourrée depuis Londres. Je pense qu'il le sait, parce qu'il me surveille et sans doute qu'il surveille Jeremiah. Alors il doit le savoir, mais cette fois, il ne pourra rien faire. Il ne va quand même pas nous tuer tout les deux pour qu'on se taise non ? Voilà que je deviens parano. « C'est le genre de mec qui se croit invincible parce qu'il est capable d'acheter n'importe quoi ? » C'est exactement ce genre d'homme. Celui qui veut le pouvoir par tout les moyens et qui grâce à l'argent obtient tout ce qu'il veut. Sauf que s'il a payé une fois une femme pour se taire sur cette histoire, il ne pourra pas nous payer. Du moins, pas moi. J'ai de l'argent et le plus ironique, c'est que c'est une partie du sien que j'ai. Tant pis pour lui mais grâce à sa fortune, je ne suis pas achetable. J'espère que Jeremiah ne se laissera pas tenter par quelques billets. « Oui c'est ça. Il pense que tout se règle avec l'argent, et le pire c'est que dans son monde, la plupart du temps c'est vrai. » Je souffle un coup, me rallume une nouvelle cigarette, pas une idée géniale mais j'ai besoin de canaliser mon énergie sur quelque chose de concret et pouvoir détruire cette cigarette en quelques bouffées, ça me calme. Je suis une addic et la cigarette est la seule addiction que l'on ne me reproche pas, alors j'en abuse parfois un peu. « J'en sais rien. Toi ça va ? ». Pour la première fois, j'aperçois l'esquisse d'un sourire sur son visage et je souris à mon tour. Un sourire léger, mais compatissant. « Je le déteste, je veux que ce soit à son tour de payer pour tout cette fois. » Je ne réponds pas réellement à sa question, mais pour être honnête je ne sais pas que je vais bien. Je suis en colère, je suis énervée, je suis désolé pour lui, je suis inquiète aussi. Et surtout j'ai envie que sa vie soit bousillée, qu'il souffre une bonne fois pour toute. Je serre les poings pour tenter de canaliser mon énergie. « Je crois que je vais te laisser digérer tout ça. » J'ai envie de boire un verre, de boire deux verres, de boire trois verres. J'ai juste envie de boire pour oublier. Pas l'oublier lui, mais notre père, parce que désormais, je peux dire 'notre' père. C'est autant le sien que le mien. Et là ou ce type a fait fort, c'est qu'il a réussi à générer une haine semblable pour lui, chez deux enfants diamétralement opposé dans l'éducation. Bravo cher père, c'est un bel exploit ! « Tu as mon adresse mail si tu veux. » Si tu veux quoi ? J'en sais rien. « Pour tout, n'hésite pas. » J'écrase ma cigarette sur le sol et je jette le mégot dans la poubelle. « Bonne soirée Jeremiah. » Quelle ironique, après lui avoir dit qui était son père et surtout à quel point c'était un connard, je lui souhaite une bonne soirée. Décidément des-fois, je devrais apprendre à fermer ma bouche … Je le laisse sur le sol de cette ruelle, et je rentre dans le bar, les mains vides. Je commande deux shots de vodka, je n'écoute même pas la musique, je bois juste pour anesthésier mes sentiments avant de rentrer retrouver Caleb et oublier tout ça. |
| | | | | | | | I wanna show you something, just put your trust in me ▬ JET |
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