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 Vitto #5

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Message(#)Vitto #5 EmptyMer 30 Oct 2019 - 12:09

Nino avait officiellement brisé ses chaines, il n’avait plus aucun compte à rendre au club et il avait fait son dernier et ultime coup hier. Un cambriolage qui aurait pu très mal finir. Alors que lui faisait le guet devant cette villa pendant qu’un autre s’occupait de ramasser les objets de valeurs suffisamment petit pour entrer dans un sac à dos et n’attirer l’attention de personne, Adèle qui était en charge de la vente de cette maison débarqua en plein milieu du coup. Nino avait tenté de faire diversion, sa présence sur le parvis de la maison étant suffisamment suspecte pour la jeune femme, elle n’était pas dupe et encore moins lorsqu’elle vit cet autre homme surgir de la maison et la bousculer avant de s’enfuir en courant. L’italien, gêné était même prêt à lui expliquer ce qu’il s’était passé, pensant qu’elle comprendrait, mais elle s’était emballée en abordant Lucia, ce qui n’avait absolument pas plu au jeune homme. Il refusait qu’on utilise sa fille pour le mettre face à ses conneries et son irresponsabilité. Il refusait qu’on utilise Lucia, qu’on touche à ses sentiments, c’était beaucoup trop facile et ça l’énervait plus que ça ne l’apaisait. Mais avec du recul, il savait qu’elle avait raison, il savait qu’elle avait bien fait mais il était encore tôt pour l’admettre et reprendre contact avec la jeune femme. Il n’était pas fier de lui et son orgueil l’empêchait de faire un premier pas.
En parlant de Lucia, elle était chez Nino ce jour là. Avec l’aide d’Allie, sa voisine, Nino avait réussi à créer un vrai espace d’accueil pour sa fille, pour montrer à Katherine qu’il était capable de faire de la place dans son studio pour que sa fille puisse avoir son propre espace. Il s’en était bien sortie et Kath avait même été impressionnée par l’appartement de l’italien. Elle avait avoué qu’elle pensait qu’il vivait dans un vrai taudis et que jamais elle n’aurait accepté que Lucia y passe ne serait-ce qu’une minute. Mais elle avait bien été obligée de changer d’avis puisqu’en effet, l’appartement de Nino n’avait pas vraiment l’allure d’un taudis. Il avait surtout la chance qu’il soit meublé et dont qu’il comporte le minimum vitale pour quelqu’un qui vit seul. Allie s’était portée garante de la propreté des lieux et foutait des coups de pieds au cul de l’italien quand il se laissait trop aller, lui rappelant toujours le but : pouvoir faire venir Lucia plus souvent.
Marchetti avait fini par envoyer un sms à son frère, lui donnant enfin l’adresse d’où il vivait, lui proposant de passer et ainsi de venir faire la rencontrer de sa nièce. Nino n’avait jamais fais venir personne chez lui si ce n’est ses deux voisines : Deb et Allie. Si non, personne ne savait vraiment où il habitait en dehors de Kath. C’était donc une première pour lui et un vrai gage de confiance qu’il témoignait envers son frère. Il ignorait s’il allait accepter l’invitation, mais lui ne bougerait de toutes façons pas et pour le moment, Lucia dormait à point fermé dans son cosy.
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Message(#)Vitto #5 EmptyLun 11 Nov 2019 - 16:16

Comme s’il craignait une mauvaise blague du temps qui passait, Vittorio avait à nouveau vérifié l’heure sur sa montre à peine passées les portes du grand amphithéâtre dans lequel lui et des dizaines d’autres élèves avaient été enfermés durant les quatre dernières heures. La démarche empreinte de la nonchalance que lui inspirait le fait de se sentir au-dessus de la plupart des étudiants, l’italien s’était faufilé jusqu’à la sortie en pressant le pas sans la moindre envie de traîner dans les environs pour entendre ici et là un quelconque commentaire sur le contenu de l’examen qu’ils venaient de passer – les copies étaient rendues, leur sort était scellé, inutile de retourner le problème dans tous les sens dans l’attente des résultats. D’après Google Maps – son allié le plus précieux depuis son arrivée à Brisbane, faute d’avoir amélioré ne serait-ce qu’un peu son sens de l’orientation – il pouvait être au pied de l’immeuble de Nino dans trente-cinq minutes très exactement, et jamais à court de challenges personnels Vitto s’était fixé pour objectif d’y être en une demi-heure maximum, enfourchant son vélo et pédalant déjà à toute vitesse pour quitter le campus de l’université. Bien que l’apaisement de leur relation au cours des derniers mois aient permis aux deux frères de communiquer pour garder un semblant de lien, l’un et l’autre avaient continué de garder jalousement pour eux le gros de leur vie privée, et si Vitto ne s’était jamais autorisé la moindre question à l’égard de Nino c’était en grande partie pour s’éviter un retour à l’envoyeur qui l’aurait forcé à lâcher des informations qu’il ne souhaitait pas forcément partager. Que son cadet prenne l’initiative de lui communiquer son adresse, et même plus que ça de lui proposer de passer, avait donc pris Vitto un peu au dépourvu et avait nourri chez lui un brin d’appréhension que jamais il n’admettrait. Un brin d’appréhension qui n’avait fait que s’accentuer à chaque coup de pédale, chaque croisement de rue et chaque majeur levé à l’intention d’un automobiliste face à qui il avait forcé le passage – parce qu’il était un cycliste, et s’en estimait par conséquent le droit. Le temps d’arriver à destination, son partiel de droit avait définitivement quitté son esprit pour que n’y subsiste plus que la curiosité de découvrir où créchait son frère ces derniers mois, et seulement dans les dernières centaines de mètres il avait réalisé que l’immeuble de son frère se trouvait à quelques rues seulement du motel miteux dans lequel il avait trouvé refuge entre deux colocations. Le quartier pouvait laisser dubitatif, mais il suffisait de comparer à Scampia pour comprendre que ni Nino ni Vittorio n’avaient de quoi s’y sentir en insécurité – ils en avaient vu d’autres, et Brisbane faisait office d’un havre de paix en comparaison, quel qu’en soit les recoins.

Vérifiant à deux reprises que le numéro sur la façade de l’immeuble correspondait bien à celui indiqué par son frère dans son message, l’italien s’était engouffré dans le hall puis la cage d’escalier après avoir laissé son vélo dans ce qui ressemblait à un sas d’accès aux caves du bâtiment, sentant malgré lui une pointe de stresser lui piquer l’estomac tandis que lui venait maintenant la question du pourquoi. Pourquoi Nino l’invitait-il subitement chez lui, pourquoi maintenant, pourquoi sans lui avoir directement donné le motif dans son message ? Lorsqu’il s’agissait de s’inquiéter et d’imaginer le pire, le cerveau de Vitto avait appris à se montrer particulièrement fertile et le temps qu’il monte jusqu’à l’étage adéquat sa tête avait eu le temps d’élaborer tout un tas de scénarios catastrophe dont il n’avait plus qu’à établir un ordre de gravité. Trois portes sur le palier, et une seule dont la sonnette n’indiquait pas le nom – assurément celle de son frère. Prenant une grande inspiration, l’italien avait approché son doigt du bouton avec encore un brin d’hésitation, et enfonçant finalement la sonnette comme on retirait un pansement il s’était d’abord vu offrir le silence en guise de réponse … avant que les pleurs d’un bébé ne prennent le relai et le plongent dans un total état de panique. De tous les scénarios qu’il avait imaginé, que Nino ne soit pas seul n’en était pas un, et sans doute par pur déni n’importe quelle compagnie lui serait probablement venue à l’esprit avant celle du mouflet dont son frère s’était rendu responsable. Vitto n’était pas fait pour les enfants, il en était certain : ce n’était même pas qu’il ne les aimait pas, au fond il en avait peur. Ils étaient aussi fragiles qu’incontrôlables, n’étaient pas soumis à l’ordre et la demi-mesure des adultes, et étaient souvent imprévisibles tant dans leurs actes que dans leurs mots … Ils étaient tout ce qui pouvait sortir un individu de sa zone de confort, en somme. Et sans doute y’avait-il un peu de cela dans le fait que l’italien ait tout fait pour dissuader sa demi-sœur de tenter d’entretenir un quelconque lien avec lui : il ne voulait pas être confronté à son fils, à ses questions d’enfant et à ses grands yeux plein de curiosité. La vision qui avait été celle de Nino lorsqu’il avait ouvert la porte était celle d’un Vittorio aussi tétanisé qu’un lapin face aux phares d’une voiture, et dont seul un « Désolé. » maladroit était sorti de la bouche. Parce qu’il l’était réellement, désolé : il n’avait aucune idée de combien de temps Nino avait mis à endormir cette chose, et du temps qu’il lui faudrait pour rétablir le silence une nouvelle fois. L’aîné, lui, osait à peine poser les yeux sur la silhouette miniature qui gigotait dans les bras de son père en faisant démonstration de son timbre de voix.
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Message(#)Vitto #5 EmptyLun 18 Nov 2019 - 21:53

L’invitation de Nino s’était faite sans prévenir, d’une minute à l’autre, il avait décidé de sortir son vieux téléphone pour convier son frère chez lui. Et c’était une invitation sur le pouce, pour l’instant présent. Si Vittorio n’avait rien de prévu et s’il l’acceptait, il était le bienvenu chez son frère, pour la première fois. Pour l’occasion, Nino avait fait la vaisselle et ranger les fringues qui trainaient sur le canapé qui lui servait aussi de lit la nuit. En réalité, il ne l’avait pas fait pour la venue incertaine de son frère mais plutôt parce que Kath était venue deux heures plus tôt pour déposer Lucia chez elle et qu’elle avait toujours cette fâcheuse tendance de devoir vérifier si l’hygiène était au rendez-vous dans le studio de l’italien. Allie lui avait communiqué deux, trois conseils et impératifs pour tenir son appartement en ordre : ne jamais rien laisser trainer par terre, éviter d’accumuler sa vaisselle pendant deux semaines dans son évier et passer l’aspirateur au moins une fois par semaine et surtout, ne pas faire des tours avec les rouleaux de PQ vides. Des bases que Nino n’avait jamais assimilées et qui avait semblé être d’une évidence accablante pour sa voisine, dépitée lorsqu’elle avait à donner un coup de main à l’italien pour la première fois.
L’italien était prêt à s’endormir lui aussi avec Lucia à côté de lui quand la sonnette le sorti de ses somnolences et que simultanément, Lucia se mis à pleurer, sans doute réveillée elle aussi par ce bruit désagréable que faisait l’alarme. Pas le bruit d’une sonnette classique, mais c’était plus perçant, il devait y avoir une défaillance ou un faux contact qui en modifiait le son. Lucia n’avait pas non plus l’habitude que celle-ci se mette à chanter dans l’appartement de Nino, l’italien ne recevant jamais de visite extérieure et si Allie ou Deb voulaient entrer, elles frappaient la plupart du temps.
Nino se précipita vers le cosy de Lucia pour la prendre dans ses bras, se sentant toujours démuni lorsqu’elle se mettait à geindre de la pareille. Il se doutait que cette fois, elle n’avait pas aimé être sortie de son réveil si brutalement mais en général, quand elle criait ou pleurait, il n’avait aucune foutu idée du pourquoi du comment. Katherine avait ce don de savoir exactement ce dont avait besoin Lucia dès qu’elle pleurait, mais Nino était loin du compte. Il se demandait comment elle faisait pour réussir à la calmer si vite. L’italien se dirigea vers l’entrée avec le bébé en pleure dans ses bras, tentant de la calmer avec quelques petits sauts, sans surprise c’est Vittorio qui était derrière la porte et le cadet se demandait ce qu’il avait bien pu voir pour faire une tête pareil. Son « Désolé. » le mis sur la voie lorsqu’il compris que les yeux de Vitto s’étaient posés sur Lucia. Nino haussa les épaules alors que sa fille semblait ne pas vouloir se calmer, lui-même désolé de l’accueil qu’il offre à son ainé. « Vas-y entre. » il fit demi tour, allant chercher ce qui faisait office de doudou à Lucia, un petit lapin avec une traine en tissu et Nino se ventait toujours de lui avoir offert. C’était le cadeau qu’il avait choisi lui-même que sa fille avait désigné comme doudou – ou que Katherine avait volontairement laissé jour et nuit entre les mains de leur bébé. « Elle va s’calmer. » qu’il essai de se persuader en glissant Lucia contre son torse et posant sa grande main dans son dos qu’il caressait doucement, se demandant quel effet ça pouvait bien faire à Vitto de le voir ainsi. « J’te présente ta nièce, aussi râleuse que son père, faut croire. » et c’est là qu’elle commençait à baisser le volume et finir par ne plus crier du tout. « Y a pas grand-chose à voir ici, c’est un studio basique, plutôt bien foutu quand même, j’avoue. » bien agencé et surtout, il était meublé, ce qui montait le standing pour Nino qui n’aurait pas eu les moyens de se payer des meubles comme ceux dont il pouvait disposer. « Tu veux ? » qu’il demande en tendant Lucia vers son frère, pour savoir s’il veut bien la prendre dans ses bras, maintenant qu’elle semble être calmée.
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Message(#)Vitto #5 EmptyMer 27 Nov 2019 - 15:59

Il n’avait rien oublié de leur dernière discussion de vive voix, Vitto. Il se rappelait de la « grande nouvelle » que son frère avait dit vouloir lui annoncer, il se rappelait de l’existence de cet enfant, de son prénom, et même du prénom de sa greluche de génitrice – parce qu’elle ne pouvait être qu’une greluche, à ses yeux. Et pourtant lorsque son frère lui avait ouvert avec ce bébé pleurant et gigotant dans ses bras, l’italien s’était comment senti frappé par la foudre. Jusqu’à présent sa nièce n’avait été qu’un vague concept un brin abstrait, quelque chose dont il ne niait pas l’existence mais sans la réaliser non plus … Et la réalité, à cet instant, lui était revenue en pleine figure. Désolé, comme il venait de le marmonner d’un air gêné, l’italien affichait un certain malaise et dansait d’un pied sur l’autre sur le pas de la porte avec la sensation de ne pas savoir quoi faire de lui-même. Haussant les épaules, à l’évidence bien moins chamboulé par la situation que son aîné, Nino avait indiqué « Vas-y entre. » et pris les devants en lui tournant le dos pour aller chercher Dieu savait quoi, Dieu savait où. Hésitant, Vittorio avait néanmoins fini par s’exécuter et pénétrer dans l’appartement, refermant la porte derrière lui pour mieux reposer les yeux sur son frère occupé à agiter un jouet devant le nez du bébé en assurant « Elle va s’calmer. » avant de se mettre à bercer le monstre avec l’air de savoir ce qu’il faisait. Et il savait assurément bien mieux ce qu’il faisait que Vitto, à cet instant. « J’te présente ta nièce, aussi râleuse que son père, faut croire. » Pinçant les lèvres d’un air un peu dépité, l’aîné avait dodeliné la tête et marmonné à nouveau « Non mais, c’est moi, j’ai pas réfléchi avant de sonner. C’est juste que pensais pas que … que tu avais de la visite. » Disons cela, oui. Visiblement calmé par les bercements de son père, le bébé était passé des cris aux couinements, des couinements aux hoquets, pour finalement s’en tenir à un vague gazouillement au volume sonore suffisamment retenu pour permettre aux deux hommes de reprendre une discussion normale – ou aussi normale que possible, du moins. Ce qui troublait réellement Vitto en définitive, c’était cette impression de n’avoir jamais vu son frère se soucier avec autant de prévenance d’un autre être vivant avant aujourd’hui. Pas même de Toto, le chien ramassé dans une rue quand ils étaient tous mômes et qu’ils avaient gardé avec eux quelques semaines avant que le nouveau mec de leur mère – un sale con, comme elle en avait tant enchaîné – ne vire le « sac à puces » à coup de pompes et qu’ils ne le revoient jamais. Comme Nino avait pleuré ce jour-là ; C’était sans doute ce qui avait le plus marqué Vitto avec le recul. Ça et le cendrier que leur mère avait balancé à la tête de Connard Premier quand elle l’avait mis dehors, ce que Vitto avait toujours pris comme un retour de karma bien mérité. « Y a pas grand-chose à voir ici, » Reprenant la parole, Nino avait sorti son frère de ses pensées « c’est un studio basique, plutôt bien foutu quand même, j’avoue. » et seulement là ce dernier avait réalisé n’avoir même pas pris le temps de regarder autour de lui. L’appartement était loin du taudis auquel il s’était attendu – propre, rangé … tout le contraire de ce à quoi l’avait toujours habitué Nino, en somme. « Tu vis tout seul ? » La question lui avait échappé un peu trop rapidement, comme s’il peinait tellement à imaginer son frère en fée du logis qu’il fallait forcément y voir une participation extérieure. « Tu veux ? » Comprenant que son frère lui proposait de tenir le bébé, Vitto avait poussé un « Hein ? » de surprise monté un peu trop haut dans les aiguës avant de bafouiller. « Non … Enfin oui, enfin je … c’est pas une bonne idée … Je veux pas l’abîmer. Enfin tu vois. » Ou peut-être pas, tant ce qui sortait de sa bouche semblait n’avoir soudainement aucun sens. « C’est mieux si tu la gardes … T’as l’air de savoir y faire avec ces trucs-là. » Quant à savoir si les « trucs » en questions étaient plutôt les bébés ou la paternité, Vitto seul le savait. Une chose était en tout cas certaine, jamais l’italien n’avait aussi mal contenu sa nervosité, et surtout pas face à son cadet.
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Message(#)Vitto #5 EmptyLun 30 Déc 2019 - 20:40

La réaction de Vittorio n’avait rien d’étonnant et son frère ne pouvait pas lui jeter la pierre. Nino lui-même n’aurait pas su comment réagir si quelqu’un – de sa famille ou non – avait voulu lui mettre un bébé entre les mains alors qu’il n’en avait pas approché depuis … toujours. Nino n’avait jamais approché d’être si petit avant que Lucia n’entre dans sa vie et chaque première fois avait été vécu comme un défi pour le jeune père. Première fois qu’il l’avait vu, qu’il l’avait pris dans ses bras, qu’il avait pu lui donner un biberon une fois que Katherine avait fini d’allaiter, première fois chez lui, seul en tête à tête avec sa fille. Un grand moment, comme tous et à chaque fois, il flippait, toujours un peu plus d’ailleurs. Mais la peur laissait place à une sensation apaisante et ça devenait habituel. Quand l’italien regardait sa fille dans les yeux et qu’il arrivait à capter son attention, il avait l’impression qu’elle lui disait : va quand même falloir que t’arrête toutes tes conneries un jour si tu veux que ça se passe bien entre toi et moi. Rien que ça, en quelques secondes d’échanges de regards.
« Tu vis tout seul ? » l’italien balai son appartement d’un regard rapide. « Ca m’semble pas suffisament grand pour être partagé avec quelqu’un. » et il voyait pas bien avec qui il pouvait habiter non plus, et Nino était sûre qu’il faisait même pas allusion à Katherine. Son ainé connaissait bien la situation compliquée dans laquelle s’était mis le cadet et si jamais par miracle ils finissaient un jour ensemble, c’est surement pas Kath qui viendrait s’installer ici. Sa maison était bien plus adaptée et Lucia y avait déjà sa propre chambre. « J’suis tout seul, pourquoi ? » qu’il fait en s’approchant de son frère avec Lucia dans les mains, prêt à lui poser entre les bras. Mais la réaction de son frère lui fit faire un pas en arrière, pas vexé pour autant. « Non … Enfin oui, enfin je … c’est pas une bonne idée … Je veux pas l’abîmer. Enfin tu vois. » Nino lâcha un rire furtif et s’installa sur le canapé qui faisait office de lit quand il le dépliait le soir – en général, il était toujours déplié, sauf quand Katherine trainait dans les parages. « C’est mieux si tu la gardes … T’as l’air de savoir y faire avec ces trucs-là. » il hausse les épaules doucemen, avec Lucia contre lui. « C’est pas ça, c’est juste qu’y a pas l’choix ! » encombré, Nino désigna d’un geste de la tête le frigo derrière eux. « Prends toi un truc à boire, y a des bières ou si tu préfères, y a du café, mais c’est du soluble. J’ai pas de machine… juste une bouilloire. » c’était pas forcément digne du Marchetti mais il était dans un appartement meublé et il avait pas envie de s’encombré plus qu’il ne l’était déjà. « J’ai rendez-vous à l’état civil pour reconnaitre Lucia. J’en ai parlé avec Katherine... elle est pas contre. Elle est de moins en moins chiante. J’pourrais même la trouver agréable des fois. » peut être qu’elle se rendait compte que l’italien était pas si pourri qu’elle ne l’avait toujours pensé. « Si non, comment tu vas ? »
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Message(#)Vitto #5 EmptyVen 31 Jan 2020 - 12:24

Il avait tenté de ne rien en laisser paraître mais ce fut peine perdue : Vittorio avait balayé du regard l’unique pièce de l’appartement avec curiosité, surpris de la trouver plus ordonnée et moins poisseuse que ce à quoi il s’était attendu. Bien que l’idée ne l’ait jamais enchanté, il n’était jusque-là pas parvenu à imaginer Nino vivre dans autre chose qu’un taudis, sans doute parce qu’il ne lui avait connu que ce type de « logement » tout au long de sa vie … Mais son frère semblait enfin sur une pente ascendante, et quand bien même sa nature méfiante l’empêchait de s’en réjouir entièrement, Vitto voyait cela comme de bon augure. Malgré tout il n’avait pas pu s’empêcher d’évacuer dès le départ sa principale interrogation, la possibilité que la tenue de cet appartement soit en réalité du fait d’une tierce personne ne pouvant pas être entièrement écartée, mais Nino ne s’en était pas formalisé. « Ça m’semble pas suffisamment grand pour être partagé avec quelqu’un. » Haussant les épaules, l’air de dire qu’on n’avait pas toujours le choix, il avait fait remarquer sur le ton de la conversation « Le nôtre était pas beaucoup plus grand quand on était mômes. » bien qu’en ayant parfaitement conscience que leur exemple était néanmoins tout sauf un modèle. Et il n’y avait bien que pour pouvoir se faire sauter plus tranquillement par la moitié de la Campanie que leur mère avait pris le luxe de choisir un deux-pièces, dont elle payait probablement aussi une partie du loyer en nature. « J’suis tout seul, avait en tout cas repris Nino d’un ton assuré pourquoi ? » et en réponse son frère s’était contenté de secouer la tête. « Pour rien, simple curiosité. » Sauvé de la peste simplement pour tenter d’esquiver le choléra, l’italien s’était néanmoins raidi à la seconde où Nino avait proposé de lui refiler son mouflet, même pour trente secondes. Hormis lorsque la promiscuité des transports en commun ou d’une file d’attente quelconque l’y obligeaient momentanément, Vitto n’avait jamais approché un bébé d’aussi près ; Et bien que celui de Nino ait momentanément décidé d’arrêter de couiner en laissant la morve lui couler au nez, il en faudrait bien plus pour convaincre l’aîné de voir sa nièce comme autre-chose qu’une grenade dégoupillée. « C’est pas ça, c’est juste qu’y a pas l’choix ! » avait par ailleurs commenté le jeune père concernant l’aisance dont il semblait faire preuve, la petite triturant l’encolure de son tee-shirt tandis qu’il désignait le frigo d’un vague geste de la main « Prends toi un truc à boire, y a des bières ou si tu préfères, y a du café, mais c’est du soluble. J’ai pas de machine … juste une bouilloire. » Plutôt crever que de boire du café soluble, voilà en substance ce que Vitto s’était empêché de répondre optant donc silencieusement pour la bière, attendant d’avoir le nez dans le frigo pour demander à la cantonade « Je t’en sors une aussi ? » mais jugeant bon de préciser en relevant la tête au-dessus de la porte « C’est à toi que je parle hein, pas à la demi-portion. » Il était un peu à la ramasse, mais pas au point de filer une bière à un marmot … Encore qu’il ne serait pas étonné d’apprendre que leur mère collait un doigt de whisky dans leurs biberons pour les assommer, et jusqu’à preuve du contraire cela ne les avait pas tués. Optant du premier coup pour le bon tiroir, il avait sorti le décapsuleur et s’était exécuté d’un coup sec tandis que Nino reprenait d’un ton sérieux. « J’ai rendez-vous à l’état civil pour reconnaître Lucia. » Levant les sourcils d’un air surpris, l’italien avait laissé son frère continuer « J’en ai parlé avec Katherine ... elle est pas contre. Elle est de moins en moins chiante. J’pourrais même la trouver agréable des fois. » Et probablement que c’était exactement ce que cette mégère de française avait envie qu’il pense, pour mieux l’endormir. « Attends quand même d’avoir signé les papiers pour crier victoire … » Il n’était jamais confiant, Vitto, particulièrement lorsqu’il était question de la gente féminine, si prompte à retourner sa veste. « Mais c’est cool. Tu dois avoir hâte. » Hâte que la chose soit officielle ou simplement hâte que la corvée soit derrière lui, ça l’italien n’aurait pas su le dire … Mais ce n’était pas l’important. « Elle te la laisse souvent ? » Elle la lui laissait, déjà … C’était peut-être ça, sa stratégie pour avoir l’air moins chiante aux yeux du père de sa gosse. « Sinon, comment tu vas ? » Laissant passer quelques secondes pour décider par quel bout prendre la question, le barbu avait avalé une longue gorgée de bière et haussé les épaules. « Ça va. Je me suis toujours pas fait renversé à force de regarder du mauvais côté de la route en traversant, faut croire que de faire acte de présence à l’église continue de me sauver les fesses. » Il était toujours coincé dans ce pays de malheur, alors autant essayer d’en rire plutôt que d’en pleurer. « Si on m’avait dit y’a cinq quand je vivrais chez ces putains de kangourous et que tu me demanderais de mes nouvelles pendant qu’un bébé rend son biberon de quatre heures sur ton tee-shirt. » Parce que c’était justement ce que venait de faire la petite fille à son papa, ponctuant le tout d’un rot sonore après quoi elle avait souri comme une bienheureuse, visiblement libérée d’un poids. Continuant de se tenir à bonne distance, il avait laissé Nino gérer la situation sans faire de commentaire supplémentaire, sirotant sa bière d’un air pensif et jetant parfois un coup d’œil vers la rue en contrebas par la fenêtre. « Je vais rentrer en Italie. » avait-il finalement repris après un long silence, retournant toute son attention sur Nino. « Pas définitivement, juste quelques jours. Peut-être. Je suis pas encore sûr … J’ai des choses à régler. » La proposition de Gaïa avait fait son chemin depuis qu’elle la lui avait soumise, et alors que cela lui paraissait tout bonnement hors de question le premier soir, depuis il n’avait eu cesse d’y repenser. Et il avait effectivement des choses à régler, des choses qu’il était peut-être temps de gérer de vive-voix, plutôt que depuis l’autre bout du monde. « La clinique de Vince n’arrête pas de me relancer. » Le sujet était épineux, et pour cela aussi Vittorio aurait préféré que cette conversation n’ait pas de public, peu importe qu’il ne soit composé que d’une baveuse haute comme trois pommes et demi.
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Message(#)Vitto #5 EmptyMar 25 Fév 2020 - 2:00


« Le nôtre était pas beaucoup plus grand quand on était mômes. » à croire que le jeune Marchetti avait acquis des gouts de luxe en arrivant en Australie. Mais c’est bien parce que Vitto n’avait jamais mis les pieds dans son ancien appartement, enfin, ancien studio que Nino pouvait faire le malin devant son frère là. Oui, il habitait ici seul, et personne pour l’emmerder dans son quotidien, si ce n’est ce bout de bébé qu’il tien dans les bras, une fois de temps en temps, si ce n’est ses voisines, Deb et Allie, qui sonnent à la porte quand ça leur chante, quand elles se disent qu’il serait temps de vider l’frigo – rarement rempli – de l’italien. Il peut s’en plaindre, mais au fond, il est déjà attaché à ces deux -là et notamment à Allie qui était un soutien imparable pour Nino.

Nino qui profite que Vitto aille se servir à boire pour donner le gouter à sa fille également, le biberon était déjà chaud avant que l’ainé ne débarque et il fallait attendre qu’il refroidisse pour ne pas brûler le bébé. « Je t’en sors une aussi ? » l’italien qui relève la tête et répond de la négative, s’il prendrai une bière ce serait plus tard, quand il serait débarasser de sa fille et que celle-ci dormirait bien tranquillement dans son cosy. « C’est à toi que je parle hein, pas à la demi-portion. » comme si Nino avait imaginé une seconde que son frère aurait pu s’adresser à sa fille. Il ne releva ceci dit pas la vanne, tentant de se concentrer sur le liquide qu’ingurgitait Lucia. Katherine lui avait toujours appris qu’il ne fallait pas avoir de bulle d’air dans la tétine alors l’italien se focalisait toujours sur ça, ne lâchant presque jamais du regard le biberon de sa fille lorsqu’il lui donnait à boire. C’est là qu’il annonça alors qu’il allait être officiellement père dans l’état civil et aux yeux de la loi, démarche qui était approuvé par Katherine et dont il n’aura pas besoin de se battre pour défendre ses droits. Lui voyait également ses propres intérêts. « Attends quand même d’avoir signé les papiers pour crier victoire … » Vittorio était toujours aussi sceptiques quant aux intention de la Beauregard avec Nino, et toujours lui ne comprenait pas bien comment il pouvait se faire avoir, s’il y en avait un qui pouvait tirer profit de la situation, c’était surtout lui. « c’est plus qu’une question de temps. Quelques jours. » et ensuite, il pourrait se venter auprès de son frère qu’il avait raison et qu’il y avait pas de quoi se méfier autant. Même si Nino était toujours paranoïaque, il avait suffisamment fait ses preuves auprès de Katherine pour qu’elle lui accorde un minimum de confiance à présent. « Mais c’est cool. Tu dois avoir hâte. » il hocha la tête en guise de réponse, hâte était un grand mot, mais au moins, il serait libéré. Ca faisait un moment que l’italien y songeait et n’osait pas vraiment sauter le pas, se demandant s’il était réellement légitime à tout ça tout en sachant qu’il voudrait être un père présent pour sa fille. Etre tout l’inverse de ce qu’il avait lui-même vécu étant petit, bien que son père l’avait reconnu, il n’était pour autant pas un modèle en terme d’investissement. Nino n’était pas un exemple non plus mais il avait le mérite d’essayer et de faire de son mieux. « Elle te la laisse souvent ? » l’italien retira le biberon de la bouche de sa fille, levant les yeux alors vers son frère. « Au moins une fois par semaine, des fois deux… ca dépend aussi du taf que j’ai. Des fois, j’fais des heures sup pour pouvoir avoir mes après-midi ou mes journées. » l’italien posa le biberon presque vide sur la table devant lui et remis le bavoir de Lucia correctement avant de la quitter des yeux.
S’inquiétant enfin de savoir comment son frère allait. « Ça va. Je me suis toujours pas fait renversé à force de regarder du mauvais côté de la route en traversant, faut croire que de faire acte de présence à l’église continue de me sauver les fesses. » il fronça les sourcils, ne comprenant toujours pas pourquoi son frère s’obstinait à se rendre à l’église quand il sait à quel point le seigneur a jamais vraiment été de leur côté. « Si on m’avait dit y’a cinq quand je vivrais chez ces putains de kangourous et que tu me demanderais de mes nouvelles pendant qu’un bébé rend son biberon de quatre heures sur ton tee-shirt. » les yeux de Nino glissèrent vers son t shirt et la grimace qu’il tira en voyant le liquide blanc sur ses yeux traduisaient bien du dégout qu’elle pouvait parfois lui procurer. « C’est dégueulasse. » bien que ce n’était sans doute rien d’autre que du lait, mais pour le coup, Nino se leva et déposa sans lui demander, Lucia dans les bras de Vitto avant de retirer son t shirt et aller en chopper un qui trainait encore sur son canapé. « Je vais rentrer en Italie. » un choc dont Nino ne s’attendait pas, son regard en disait long : c’est quoi ce bordel ? « Pas définitivement, juste quelques jours. Peut-être. Je suis pas encore sûr … J’ai des choses à régler. » soulagé par ce pas définitivement, car même si Nino n’était pas le plus proche de son frère et que leur complicité n’était pas au rendez-vous, c’était quand même pour être dans les parages de Vitto qu’il avait traversé la terre (et pour fuir Scampia certes). C’était bien pour savoir qu’il avait un pilier qui était pas très loin, savoir qu’à tout moment, il était encore dans l’coin, qu’il était encore là pour lui. « Ca veut dire quoi, des choses à régler ? » parce qu’il se demandait surtout si Vitto était lui-même en sécurité s’il repartait là-bas. Il sait bien de quoi les mecs de Scampia sont capables.  « La clinique de Vince n’arrête pas de me relancer. » il dégluti, loin de s’attendre à ce qu’il s’agissait en réalité de Vince. « Qu’est ce qu’ils veulent ? » il savait bien que Vitto portait directement Nino responsable pour l’état dans lequel se trouvait leur ami à présent. Sentant le mal-être de son frère avec Lucia dans les bras, Nino alla récupérer sa fille et essuyer sa bouche encore salie par le lait qu’elle avait régurgité. « T’es sûr que c’est une bonne idée d’y retourner ? » il se montrait inquiet. « y a personne d’autre là bas ? »
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Message(#)Vitto #5 EmptyJeu 2 Avr 2020 - 23:25

Si l’enthousiasme dont semblait faire preuve Nino à l’idée que le volet administratif de sa paternité soit bientôt derrière lui, au point de déjà considérer la chose comme pliée, faisait plaisir à voir, Vitto ne pouvait s’empêcher de se glisser comme souvent dans la peau de l’avocat du diable en lui considérant la prudence. Nino avait raison, « C’est plus qu’une question de temps. Quelques jours. » et il n’y avait sans doute pas lieu de s’inquiéter, mais leur karma était suffisamment mauvais pour que vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuer ne soit jamais une chose à faire. Craignant cependant après coup d’avoir simplement l’air de vouloir le décourager, l’italien s’était senti obligé d’ajouter autre chose et de questionner, comme pour prouver que la question ne lui passait pas totalement au-dessus de la tête. « Au moins une fois par semaine, des fois deux … ça dépend aussi du taff que j’ai. Des fois, j’fais des heures supp’ pour pouvoir avoir mes après-midi ou mes journées. » D’accord, il devait bien admettre que la frenchie avait l’air de faire un effort pour se montrer arrangeante. Mais ne nous emballons pas. « Tu bosses toujours au même endroit ? » La question pouvait sembler pleine de sous-entendus, mais il ne s’agissait pour une fois que de faire la conversation. La chose ne leur était juste tellement pas naturelle à tous les deux … Ils étaient ados, la dernière fois qu’ils avaient pris le temps de se poser pour parler de tout et de rien. Presque dans une autre vie, en somme. L’effort étant partagé le petit frère avait renvoyé la balle en prenant des nouvelles du grand, et plaisantant maladroitement sur le fait de ne pas encore s’être fait tuer par les coutumes locales Vitto était passé outre le regard dubitatif de Nino à ce sujet – la mention de l’église, peut-être … ils avaient un point de vue radicalement différent sur la question – et avait préféré s’amuser du cadeau sympathique que le bébé venait de faire sur son tee-shirt. « C’est dégueulasse. » Grimaçant d’un air dégouté, Nino avait arraché à son frère un sourire un brin moqueur et un « Pas pire que de changer une couche. » qui n’avait pas besoin de preuve pour se vérifier, mais avait beaucoup moins fait le malin quand en guise de réponse son cadet lui avait collé le bébé dans les bras trop vite pour qu’il n’ait d’autre choix que de s’en saisir. Tenant la petite à bout de bras comme s’il craignait qu’elle ne lui explose à la figure – ou qu’elle se mette à pleurer, ce qui était presque la même chose – il avait tenté sans grand succès de garder la face pendant que Nino se débarrassait de son tee-shirt pour en enfiler un propre (ou du moins qui n’était pas tâché, il traînait tout de même en boule sur le canapé), et avait finalement choisi le pire moment pour mettre les pieds dans le plat et balancer ce qu’il hésitait à partager depuis l’instant où son frère lui avait proposé de passer. Interdit, Nino l’avait interrogé du regard avec méfiance et n’avait semblé qu’à demi-satisfait d’apprendre que Vittorio n’envisageait pas un retour au bercail définitif, pâlissant à nouveau lorsque mention avait été faite de Vince. « Qu’est-ce qu’ils veulent ? » Trop heureux de voir son frère récupérer Lucia, l’ancien juriste avait attendu de retrouver sa liberté de mouvements pour répondre, non sans une pointe de cynisme « Tu t’imagines que c’est par bonté d’âme qu’ils continuent à le garder dans cet état ? » Bien sûr que non. C’était celui qui payait le chèque qui prenait la décision, et tant que Vittorio payait les médecins se conformaient à ses directives. Mais l’argent commençait à manquer, et maintenir Vince à l’état de légume pour le simple fait de ne pas rajouter une mort sur la conscience de Nino devenait de plus en plus déraisonnable. « T’es sûr que c’est une bonne idée d’y retourner ? Y’a personne d’autre là-bas ? » Il n’était sûr de rien, et s’était contenté de hausser les épaules plutôt que de servir un mensonge auquel son frère ne croirait pas. « Ça a assez duré, tu penses pas ? » Croisant les bras, il avait laissé échapper un soupir et tourné le dos au père et sa fille, observant par la fenêtre d’un air distrait. « C’est mal, de le garder comme ça. Je nous le pardonnerais pas si j’étais à sa place … » Et la culpabilité de Nino, elle, ne serait probablement pas différente que Vince croupisse dans un lit d’hôpital ou dans un cimetière – le mal était fait, et mettre fin à son calvaire était peut-être la seule manière qu’ils auraient de se racheter auprès de Vince. « Mais je ferai rien sans ton accord. » N’était-ce pas un peu cruel, de faire peser cette décision sur les épaules de Nino tout à coup ? Peut-être. Mais la vie l’était aussi, cruelle. Et s’il avait dans un premier temps décidé de ne rien dire de plus pour ne pas influencer la décision de son frère d’une quelconque manière, il n’était finalement pas parvenu à s’empêcher de reprendre après un long silence « Si je te disais que c’est peut-être ta porte de sortie pour être définitivement tranquille, pour que plus personne ne vienne jamais te chercher pour te demander des comptes … tu me ferais confiance ? » Se tournant à nouveau vers son frère, il l’avait regardé dans les yeux d’un air grave. Rien n’était jamais gratuit dans la vie, surtout pas la liberté pour les gens comme eux, et le prix que Vitto s’apprêtait à lui proposer était probablement plus élevé que tout ce à quoi son frère pensait.
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Message(#)Vitto #5 EmptyVen 8 Mai 2020 - 12:32

« Tu bosses toujours au même endroit ? » Nino se rendait bien compte que les mots choisis par son frère n’étaient pas du au hasard. Marchetti se demandait de quel taf il lui parlait en réalité, mais Vittorio se doutait bien que son frère avait claqué la porte de l’épicerie de Livia il y a bien longtemps. Et quand Nino réfléchissait, ca faisait maintenant un an et demi qu’il travaillait à l’association Beauregard et il ne s’en était pas rendu compte lui-même. « Si tu parles de l’association, ouais. Ca commence à faire un bail. J’crois que j’suis jamais resté aussi longtemps quelques part… » ca voulait en dire long sur l’état du CV de l’italien. Si on pouvait appeler ça un CV d’ailleurs. Car bien sure qu’il n’y ferait pas apparaitre son expérience au club, son expertise pour les cambriolages et ses compétences pour reconnaitre l’origine du cannabis qu’il fume. Ce CV là d’ailleurs pourrait être bien plus complet que celui qui donnerait à son conseiller emploi s’il devait en avoir un. « J’ai hésité à m’barre, par rapport à la famille de Kath… mais bon, personne me fait chier en vrai. »
Nino avait récupéré Lucia après s’être changé rapidement, sa fille ressemblait à un objet encombrant dans les bras de son frère, un peu comme un objet puant ou dangereux qu’on voulait as garder bien longtemps dans ses mains. Ca aurait pu faire rire l’italien si son frère n’avait pas abordé si rapidement le sujet de Vince. Sujet qu’ils n’avaient jamais vraiment abordé depuis l’accident et depuis que Vitto avait décidé que Nino ne serait plus son frère. Le cadet n’oubliait jamais vraiment ce qu’il s’était passé ce jour là mais pour autant, il ne se sentait pas coupable de ce qui était arrivé à Vince. C’était malheureux, triste, rageant, mais il n’était pas celui qui l’avait mis dans cet état. Il n’avait jamais forcé Vince à participer à ce casse avec lui, malgré tout ce que pouvait penser Vitto. « Tu t’imagines que c’est par bonté d’âme qu’ils continuent à le garder dans cet état ? » Non, c’est vrai que Nino ne s’était jamais posé la question. « Ça a assez duré, tu penses pas ? » il haussa les épaules, il avait jamais réfléchi à tout ça, il s’était jamais demandé si Vince était conscient de ce qu’il se passait, s’il en voulait à Nino même, s’il était en capacité de le faire, de penser. Il avait aucune idée de l’état réel dans lequel se trouvait leur frère de cœur. « C’est mal, de le garder comme ça. Je nous le pardonnerais pas si j’étais à sa place … » si c’était en même temps un message à Nino pour lui dire que si ca devait lui arriver, il ne serait pas utile de s’acharner à le garder en vie, l’italien n’avait pas vraiment saisi le message. . « Mais je ferai rien sans ton accord. » s’il était resté silencieux, car peu d’avis sur la question jusqu’à présent, là, il se sentie un peu trop concerné d’un coup. « Si tu cherches à me faire porter la responsabilité d’sa mort… » même pas en rêve qu’il lui dirait de le débrancher. « J’ai pas d’avis sur la question. » point barre. « Fais comme tu veux. J’te suis. » renvoyer la balle là où elle vient. Nino allait pas aller à l’encontre de la décision de son frère parce qu’il savait qu’elle était plus réfléchit que n’importe quelle réponse qu’il pourrait lui donner. Que Vitto était bien plus intelligent que lui et que forcément, il aurait retourné la question dans tous les sens. « Si je te disais que c’est peut-être ta porte de sortie pour être définitivement tranquille, pour que plus personne ne vienne jamais te chercher pour te demander des comptes … tu me ferais confiance ? » Nino ne voyait pas où il voulait en venir et ne voyait pas le rapport entre Vince et ça. Comme si le fait de maintenir Vince branché à des respirateurs et tout un tas d’appareil pour le maintenir en vie avait un rapport avec la tranquillité de l’italien. « Ou tu veux en venir ? » Nino allait installer Lucia dans son transat, comme si se libérer d’elle allait donner un ton plus serieux à cette discussion. « J’vois pas comment tu pourrais sauver mon cul maintenant. »
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Message(#)Vitto #5 EmptyMer 3 Juin 2020 - 15:29

Parce qu’il ne savait pas vraiment quelle réponse il espérait entendre en posant sa question, Vittorio n’avait pas véritablement eu d’avis à donner sur la réponse lorsque Nino avait fait savoir « Si tu parles de l’association, ouais. Ça commence à faire un bail. J’crois que j’suis jamais resté aussi longtemps quelque part … » avec dans la voix quelque chose de vaguement sarcastique – ou bien était-ce l’aîné qui se faisait des idées ? Au bout du compte la seule à avoir véritablement interpelé Vitto résidait dans la formulation choisie par Nino, et il lui avait fallu user d’une certaine auto-persuasion pour s’empêcher de demander de quoi d’autre aurait-il bien pu parler, au juste ? À sa connaissance son frère n’avait pas eu d’autres boulots que celui qu’il occupait actuellement et l’épicerie de Livia … Mais à vrai dire, si tel n’était pas le cas il n’était pas certain de vouloir en apprendre plus à ce sujet. « J’ai hésité à m’barrer, par rapport à la famille de Kath … mais bon, personne me fait chier en vrai. » Pourquoi faire, puisqu’ils pouvaient déjà utiliser Nino comme larbin en ayant en plus le droit du travail de leur côté. À demi convaincu, l’aîné s’en était donc tenu à un « Hm, hm. » de circonstance, pas désireux pour deux sous de contrarier son frère à ce sujet et l’estimant suffisamment grand pour décider seul le degré d’humiliation qu’il était prêt à encaisser pour garder un emploi. Lui-même avait bien joué les assistants café-pressing pour une starlette has-been. Des sujets qui fâchaient il y en avait de toute façon à la pelle, et pas mécontent de se débarrasser du paquet que représentait Lucia, non pas par mauvaise volonté mais par réel malaise vis-à-vis des bambins et de leur imprévisibilité, l’ancien juriste avait finalement mis sur le tapis celui qui avait créé entre son frère et lui la plus grosse des discordes. Il y avait trois ans déjà que la vie de Vincenzo ne tenait plus qu’à un fil, et seule l’incapacité de Vittorio à se résoudre à le couper continuer de prolonger son calvaire inutilement. Il pouvait bien se persuader tant qu’il voulait qu’il agissait pour Nino, la vérité c’est qu’il le faisait probablement un peu pour lui également, et au cours des dernières semaines particulièrement l’italien s’était senti assailli par un regain de culpabilité dont il ne savait aujourd’hui plus comment se défaire. « Si tu cherches à me faire porter la responsabilité d’sa mort … » Parce qu’il n’en avait aucune ? Il n’y avait même pas un fond de culpabilité derrière le fait d’y avoir assisté, d’y avoir participé ? « Je ne cherche rien du tout, Nino. » Las, Vittorio avait laissé échapper un soupir et s’était de nouveau adossé au mur, les mains glissant dans les poches de son short avec une nonchalance forcée. « J’ai pas d’avis sur la question. Fais comme tu veux. J’te suis. » Il n’était pas encore arrivé, le jour où son frère prendrait la mesure de ses actes et la responsabilité de ses erreurs. Mais sans doute était-ce aussi plus facile pour Vitto de blâmer quelqu’un qui était en position de se défendre – et ce n’était pas le cas de Vince. « Si c’est tout l’effet que ça te fait. » Ce ne serait pas la première fois que l’aîné balayerait derrière eux … Mais cette fois-ci il comptait bien sur le fait que ce soit la dernière. « Où tu veux en venir ? » Laissant silencieusement son frère remettre le bébé dans son transat, indifférent aux méthodes qu’utilisait Nino pour tenter de la renvoyer au pays des rêves pourvu qu’elle s’endorme et cesse de le fixer avec curiosité, il l’avait laissé ajouter « J’vois pas comment tu pourrais sauver mon cul maintenant. » et lui avait offert un regard plein de cette lourdeur qui semblait subitement s’être abattue dans la pièce. « Disons qu’un mort, c’est un mort. Peu importe le nom qu’on met sur sa tombe. » Marquant une pause, laissant à son frère le temps de prendre la mesure de ce qu’il était en train de lui proposer, il arborait une impassibilité feinte. « C’est le vingt-et-unième siècle, tout se monnaye, même le repos éternel. » Surtout à Scampia, si tant était que n’importe qui sorti de cette fange puisse trouver le repos quel qu’il soit. Dodelinant la tête, il avait néanmoins cru bon de faire remarquer « Mais après ça, y’aura pas de retour en arrière possible … pas de retour tout court, d’ailleurs. » Il pourrait avoir la paix Nino, l’assurance qu’on ne viendrait plus lui chercher de noises où que ce soit parce qu’on le penserait six pieds sous terre. Mais aucune solution n’arrivait jamais sans sacrifice, et celui-ci ne pourrait se faire qu’au prix de l’acceptation de ne plus jamais remettre les pieds chez lui. Chez eux.
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Message(#)Vitto #5 EmptyMer 17 Juin 2020 - 11:34

Pour Nino, il n’était même pas envisageable d’aborder le Club avec son frère, tout ça était à présent derrière lui et même si Carter tentait toujours de l’attirer dans ses filets, pour le moment l’italien tenait bon. Il ignorait combien de temps il allait rester loin de tout ça, mais chaque jour était un peu comme une victoire. Un sevrage dont l’italien était fier et il espérait réellement ne pas retomber car l’attrait pour le gain facile était bien ancré en lui. Lui qui avait toujours eu l’habitude d’avoir des billets entre ses doigts, il devait se contenter de son seul salaire pour s’en sortir et si l’association Beauregard avait refait ses locaux dernièrement, c’était surement pour justifier de ne pas pouvoir augmenter les salaires de ses employés. Mais Nino n’avait pas à se plaindre, il n’avait jamais fait un travail qui lui rapportait autant – travail légal, qu’on se le dise. Il s’en sortait plutôt bien, arrivait à payer ses factures et sortir de temps en temps pour aller boire des bières. Il n’avait pas de quoi partir en vacances mais il n’avait jamais été attiré à jouer les aventuriers. Tant que son frigo était rempli – en ce moment de pots de bébé en tout genre, c’est vrai – c’était ce qui comptait. Mais il devait bien avouer que l’arrivée de Lucia dans sa vie avait foutu un sacré coup de pied dans la fourmilière.
Le sujet qui fâche venait d’être abordé, mettant Nino tout de suite sur la défensive, voulant rejeter toute responsabilité dans le futur de leur ami. Il avait l’impression que Vitto le mettait devant le fait accompli et qu’il n’avait plus qu’à signer en bas de la page. « Je ne cherche rien du tout, Nino. » Le jeune frère laissant son frère décider, il suivrait sa décision. « Si c’est tout l’effet que ça te fait. » Nino n’était pas à l’aise avec ça, s’il avait toujours refusé de se croire coupable de l’état de santé de Vince, il savait pour autant que s’il ne l’avait pas embarqué dans cette histoire, il ne serait pas là. Il brandissait toujours la seule responsabilité de Vince, que s’il n’avait pas voulu faire ce braquage, il ne l’aurait pas fait, qu’il était suffisamment grand pour prendre ses propres décision et que Nino ne lui avait jamais mis un couteau sous la gorge pour l’en forcer, mais il savait pourtant très bien que c’était lui qui avait trouvé tous les arguments pour le pousser à accepter. C’était lui qui lui avait promis une vie de rêve après tout ça, que ce serait le casse du siècle, que ce serait sans doute leur dernier casse, qu’ils en auraient fini avec leur vie de merde à Scampia. Pourtant Nino savait qu’il n’aurait jamais quitté Scampia si tout s’était passé comme prévu, qu’il aurait recommencé encore et encore parce qu’il veut toujours plus, que cette adrénaline qu’il ressent quand il est sur un coup, il y a que ça qui le fait vibrer. Alors il se braquait, trop difficile d’avouer tout ça. « Arrête de croire que j’en ai rien à foutre. » parce que même si c’était l’effet qu’il voulait donner, il savait que son frère était capable de lire entre les lignes et qu’il le connaissait suffisamment pour savoir que Nino avait en lui bien plus de remords qu’il ne voulait bien le dire. Mais si Vitto voulait pour une fois l’entendre dire, il devrait se montrer encore très patient.
Nino devait se montrer concentré à présent pour ce que Vitto tentait de lui dire, il laissa alors Lucia dans son transat, pariant sur le fait qu’elle allait vite se rendormir. « Disons qu’un mort, c’est un mort. Peu importe le nom qu’on met sur sa tombe. » oh. Nino compris aussitôt et là, il sentie son sang se glacer, sensation qu’il n’avait pas ressentie depuis bien longtemps. « C’est le vingt-et-unième siècle, tout se monnaye, même le repos éternel. » besoin de s’assoir, l’italien était en train de réaliser que son frère lui proposait de mourir – pas réellement – mais du moins, de faire en sorte qu’il soit officiellement rayé de la carte, rayé des administrations, mort pour de bon, en Italie. Et ici ? « Mais après ça, y’aura pas de retour en arrière possible … pas de retour tout court, d’ailleurs. » faire une croxi sur Scampia, sur Naples et même l’Italie, Nino s’y était fait, même si c’était dur, il n’envisageait plus aucun retour la bas, sachant pertinemment que dès qu’il poserait un pied au sol, il risquait de se retrouver avec une balle dans la tête. « Y a aucun conséquence à faire ça, si j’veux demander la nationalité Australienne ? J’en sais rien Vitto… » il passa une main sur son visage, regardant sa fille, se demandant quel genre de vie il allait bien pouvoir lui offrir. « j’ai pas les tunes pour orchestrer ma propre mort… » et il se demandait comment Vitto allait pouvoir sortir ça aussi. « j’suppose que c’est pas la maison qui offre ! » mais si c’était vraiment qu’une question de tune, l’italien savait qu’il pourrait en trouver, seulement cette fois, c’est plus compliqué. « Mon nom sur une tombe, va falloir que tu m’explique comment tu comptes faire… » est ce que c’est qu’un coup de bluff et ca suffirait pour le laisser tranquille…
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Message(#)Vitto #5 EmptyMar 25 Aoû 2020 - 19:26

C’était une discussion qu’ils avaient repoussée pendant trop longtemps, et malgré tout ils se contentaient de l’effleurer. Vittorio n’avait rien prémédité, il n’avait pas répondu à l’invitation de son frère dans le but d’avoir cette conversation, pas plus qu’il ne souhaitait braquer Nino ou provoquer une nouvelle dispute, mais leur immobilisme au sujet de Vince avait suffisamment duré et l’aîné voyait dans la proposition que lui avait fait Gaïa de l’accompagner pour un aller-retour en Europe le signe que, peut-être, il était temps de prendre une décision. Quand bien même il le savait n’être de façade, l’apparent désintérêt de son frère pour la question lassait néanmoins un peu Vitto, qui se fendant d’une remarque laconique à ce sujet s’était vu renvoyer un « Arrête de croire que j’en ai rien à foutre. » incisif auquel il avait répondu « Alors arrête de réagir comme si c’était le cas. » sur le même ton. Preuve que malgré les mois d’accalmie et leurs volontés respectives de mettre de l’eau dans leur vin l’affrontement n’était jamais très loin s’ils n’y prenaient pas garde. Préférant ne pas laisser la situation s’enliser, l’aîné avait rapidement dérivé sur ce vers quoi il voulait en venir à la base, et exposé à Nino ce qui n’avait d’abord été qu’un embryon d’idée auquel il n’avait pas prêté attention, mais qui au fil des jours lui avait semblé de moins en moins incongru. Vince allait mourir, c’était inéluctable et depuis longtemps déjà sa vie ne tenait plus qu’à l’incapacité de Vittorio à l’accepter … Alors autant tenter d’y donner un sens, une utilité. Que tout ce gâchis n’ait pas été vain de bout en bout.

Passant par tous les états, le visage de Nino trahissait le trouble que lui inspirait la proposition, un mélange d’émotions dont il était le seul à connaître la teneur mais dont Vittorio pensait pouvoir deviner au moins une partie. Il avait conscience du poids de ses propres mots et n’attendait pas forcément de réponse immédiate, aussi s’était-il contenté de porter à nouveau sa bière à ses lèvres pour se donner une contenance et tenter de ne pas paraître suspendu à celles de Nino. « Y a aucun conséquence à faire ça, si j’veux demander la nationalité Australienne ? J’en sais rien Vitto … » Passant fébrilement une main sur son visage, son frère l’avait quitté un instant des yeux pour reporter son attention sur sa fille, un réflexe bien plus lourd de sens qu’on ne pouvait le penser et qui n’avait pas échappé à l’aîné : Nino prenait conscience que ses décisions n’impliquaient plus sa seule personne, et ce peut-être pour la première fois de sa vie. « Pas si c’est fait intelligemment. » lui avait-il en tout cas opposé d’un ton assuré, un peu plus peut-être qu’il ne l’était en réalité. Le risque zéro n’existait pas, bien sûr, mais Vittorio entendait bien assurer ses arrières et celles de Nino avant de tenter quoi que ce soit d’irrémédiable. « J’ai pas les thunes pour orchestrer ma propre mort … j’suppose que c’est pas la maison qui offre ! » Bien sûr que non, disait le regard de l’italien tandis qu’il s’autorisait une gorgée de bière supplémentaire, laissant son frère ajouter « Mon nom sur une tombe, va falloir que tu m’explique comment tu comptes faire … » pour terminer avant de songer à reprendre la parole, forçant une certaine nonchalance pour contrebalancer le sérieux de la discussion. « L’avantage d’avoir rendu service à tout un tas de monde pendant des années, c’est qu’un paquet de personnes te doivent un renvoi d’ascenseur. Et quand je dis service, je ne parle pas d’avoir retenu la porte de l’ascenseur ou prêté son stylo. » Non, il parlait du genre de services qu’il n’avait été en mesure de rendre que parce qu’il travaillait pour le bureau du procureur. Le genre qui valait bien que l’on ferme les yeux sur un formulaire ou que l’on ne pose pas de question dérangeante. « Et la clinique où il est ne connaît même pas son nom. À Vince. Je l’ai fait admettre comme témoin protégé, alors ça pourrait tout aussi bien être toi ou moi là-bas qu’ils ne verraient pas la différence. » Un anonymat pas bien difficile à conserver, tristement, puisque les deux seules personnes susceptibles de lui rendre visite se trouvaient actuellement dans ce salon, à l’autre bout du monde.

Se décollant du mur contre lequel il était adossé, Vittorio avait fait quelques pas dans la pièce sa bière à la main, son regard se posant quelques instants sur la petite qui n’avait d’yeux que pour son père. Elle n’avait aucune idée des galères dans lesquelles les deux adultes de la pièce – l’un plus que l’autre – étaient embarqués, elle vivait de biberons et de peluches en éponge, et elle avait bien de la chance … Mais stop, il n’était pas question de l’italien commence à se laisser attendrir, et secouant la tête il avait reporté son attention sur Nino. « Je t’en parlerais pas si la question de la thune était pas déjà réglée. » avait-il alors repris en réalisant qu’il n’avait pas comblé la première interrogation de son cadet. « Je comptais pas vraiment utiliser le pognon que m’a si généreusement offert le père de Livia la dernière fois qu’on a eu une petite discussion, mais hey … autant que cet abruti me soit utile une fois dans ma vie. » Et si son ego avait jusque-là empêché Vitto d’envisager dépenser ne serait-ce qu’un centime de l’argent versé par son géniteur en échange d’un silence qu’il avait menacé de ne pas garder pour le simple plaisir de le voir se décomposer sous l’effet de la panique, l’utiliser pour aider Nino lui semblait être un compromis acceptable. « Écoute, je suis pas là pour te dire si c’est une bonne ou une mauvaise idée … C’est toi que ça va impacter, pas moi, alors c’est pas à moi de prendre la décision. C’est juste une option que je mets sur la table. » Mais une option qui ne se représenterait pas une seconde fois. Bien qu’il ait repris un air grave, le ton de Vittorio s’était adouci comme pour prouver à son frère qu’il ne cherchait pas à le pousser dans une direction ou une autre – il essayait simplement de l’aider, chose qu’il regrettait de ne pas avoir fait plus tôt. Au fond Nino pouvait bien lui reprocher de vouloir se racheter une conscience, il n’aurait pas entièrement tort. « J’attends pas de réponse aujourd’hui, de toute façon. Mais essaye d’y réfléchir. »
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Message(#)Vitto #5 EmptyVen 28 Aoû 2020 - 11:54

Le message était clair, Vitto attendait de son frère qu’il se manifeste un peu plus quant à la situation de Vince. Le Marchetti prenait note et avait pourtant l’impression de tout donner – en ayant conscience que tout pour lui était souvent synonyme de rien pour les autres. Il ne voyait pas la nécessité de rebondir et suivrait donc cette histoire de plus près dans les semaines à venir. Il n’y avait pas une semaine sans que l’italien pense à son vieil ami et pas une semaine ne se passait sans qu’il sache que Vittorio le tiendrait responsable de son état – et donc de sa mort à venir. Après presque quatre ans dans cet hôpital, Vitto avait raison, il était temps de prendre une décision pour lui, il était temps de lui donner son billet pour l’autre monde et de le laisser enfin tranquille. Quatre ans, bordel…
L’italien se demandait si simuler sa mort n’allait avoir aucune incidence sur son avenir dans ce pays. Comment justifier d’une demande de naturalisation si dans son pays d’origine, l’italien était mort. « Pas si c’est fait intelligemment. » il se voulait être rassurant le grand frère mais Nino ne l’était pas autant. Il ne se sentait pas capable de lui donner son accord maintenant, il comprenait bien que pour une fois, ça nécessitait une vraie réflexion et il allait avoir besoin de temps. Il espérait que Vitto n’ai pas besoin d’une réponse rapide dans les prochains jours, qu’il n’allait pas se rendre à Naples si rapidement. Marchetti allait sans doute vouloir faire ses démarches avant que tout ça ne soit officiel. Ensuite, il aviserait, pour lui, il n’y avait aucun problème à avoir la nationalité Australienne, le simple fait d’avoir une fille née sur le territoire lui suffisait à pouvoir jouir de ce droit, sans se poser plus de question.
La façon dont allait s’y prendre Vitto restait un mystère pour lui mais en réalité, il ne doutait pas de ses capacités à pouvoir jouer de son réseau en Italie. « L’avantage d’avoir rendu service à tout un tas de monde pendant des années, c’est qu’un paquet de personnes te doivent un renvoi d’ascenseur. Et quand je dis service, je ne parle pas d’avoir retenu la porte de l’ascenseur ou prêté son stylo. » Il lui donnait un peu plus de détail sur sa façon de procéder, il avait l’air d’y avoir bien réfléchi. Vitto avait l’intention d’utiliser l’argent donné par son père pour rendre ce service à Nino et quand il s’agit de n’avoir aucun centime à verser, l’italien se sentait toujours un peu mieux. Il n’aurait bien entendu aucun scrupule à utiliser cet argent non plus et si Vitto n’en voyait aucune autre utilité, autant que ça lui serve. « J’attends pas de réponse aujourd’hui, de toute façon. Mais essaye d’y réfléchir. » le cadet hocha la tête. « J’vais y réfléchir ouais. » dans la mesure du possible et s’il y avait une personne avec qui il pouvait se poser pour échanger sur la question, ce serait Allie. Confiance aveugle envers sa voisine, s’il n’avait jamais parlé de son passé avant, ce serait peut être l’occasion de le faire. En espérant toutefois, que ça ne se retourne pas contre lui… « tu reprends une bière ? » fit-il en voyant que la canette de son ainé était presque vide. Il avait cependant l’air d’être ailleurs, un peu sonné par ces nouvelles apportées, la réflexion était déjà lancée…
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