C‘était le grand jour, May avait épluchée chacune des candidatures qu’elle avait reçu et certaines avait attirée son attention. Elle voulait absolument rencontrer ceux qui lui avait tapé dans l’œil et leur avait tous donné rendez vous aujourd’hui. Ils étaient 20 et elle n’en retiendrai que dix. Dix pour cinq couples, c’est ce qu’on lui avait demandé. Parmi ces vingt personnes, deux n’avaient pas pu se rendre à ces entretiens et leurs noms étaient déjà rayé de la liste, tant pis pour eux, s’ils voulaient trouver l’amour, ce serait autrement que par cette émission, mais en réalité, May avait gardé leurs coordonnées car elle pourrait sans doute les contacter pour une autre téléréalité.
Le premier qu’elle rencontrera aujourd’hui est Matt Mcgrath, inscrit à l’émission alors qu’il était sans doute un peu trop éméché et en compagnie d’une certaine Noa, à en croire le contenu du questionnaire. May avait sous ses yeux le questionnaire en question et en le relisant, elle se rendait bien compte que le contenu restait léger mais elle avait senti un truc, elle sentait qu’il allait être intéressant et parfait pour la caméra et en plus, il avait la gueule de l’emploi. Aucun diplôme et patron d’un bar, en voilà un qui en voulait et qui s’était donné les moyens pour s’en sortir. Ca renvoyait pas mal de choses à May et c’est peut être pour cette raison qu’elle l’avait retenu.
« John, tu m’envoie McGrath s’il te plait. » qu’elle lance à son assistant, celui qui s’occupe d’aller chercher les candidats dans la salle d’attente. Pas question que les hommes et les femmes se voient aujourd’hui. Ils attendaient tous dans des endroits bien différents avec des couloirs qui ne les feraient pas se croiser.
Le barmaid entre dans la salle et May sourit déjà, belle gueule, il ressemble à sa photo, tant mieux. « Installe toi Matt. » pas la peine de passer par quatre chemins et de faire des courbettes de politesse. « Tu t’es remis de ta gueule de bois ? » elle sait bien que le questionnaire a été rempli il y a un bon moment, mais obligée de lui faire ce petit clin d’œil.

@Matt McGrath

Je sais pas si John est maintenant mon pote ou si je l’énerve pour être honnête. À un moment, je suis sûr qu’il a rigolé à une de mes blagues - rigolé étant un mot bien fort. Quand j’ai juste vu le coin de ses lèvres se retrousser et que d’office j’ai tout de suite pris la réaction pour un truc mille fois plus gros que c’était rien que parce que c’est moi et parce que je suis con et surtout parce que mine de rien et à ma plus grande surprise, je suis stressé.

Robin est arrivée en même temps que moi même si on était pas conviés au même endroit ni à la même heure, on a pensé aller fumer un peu dans la ruelle à côté pour faire descendre la pression mais finalement je me suis rué sur la collection de chewing gums et autres bonbons variés qu’elle tient toujours dans son sac à main et ça s’est soldé comme ça.

Puis c’est mon tour. Puis il est tôt. Puis je me dis que s’ils commencent avec moi, c’est soit une très bonne chose soit une mauvaise. J’aurais pu extrapoler plus dans ma tête si j’étais pas concentré à pas foutre au sol la cargaison que je traîne avec moi lorsque je passe la porte de la salle de casting ; mais faire deux choses à la fois est très difficile quand tu t’appelles Matt McGrath.

Celle qui semble être responsable de tout ça s’amuse de suite de la cuite qui transparaît dans mon questionnaire, même questionnaire que je rêve de lire par-dessus son épaule parce que je me souviens fuckall de ce que j’ai pu y écrire ce soir là. Noa se garde bien de me répondre sur les réponses dont elle se souvient. « Ça s’est bien passé. On a un cocktail exprès pour la gueule de bois sur le menu, peaufiné avec les années passées à la fac. » c’était d’ailleurs le verre le plus populaire au brunch du dimanche matin. Une concoction dégueulasse d’une couleur qui l’est toute autant.

« Je suis parti en quête après avoir rempli le formulaire par contre. » je commence, montant à la hauteur de ses yeux le sac plastique que je tiens dans mes mains depuis que je suis arrivé, qu’elle a peut-être pas remarqué. « L’histoire de la saveur de crème glacée m’a presque empêché de dormir, c’est dingue. » bacon et fromage, mélange horrible ou mélange de génie? « Du coup, j’ai essayé d’en cuisiner et je vous en ai apportée. » crème glacée au bacon, livraison spéciale, et une brique de cheddar à côté parce que le mélange des deux est meilleur ainsi.  « Et après, je me suis dit que ça faisait lèche botte de vous cuisiner un truc, du coup j’ai mangé la moitié du plat pour faire genre je suis un gars désabusé qui essaie pas d’avoir l’air cool mais qui l’est naturellement. » la cuillère que je lui sors, le plat que je pose sous ses yeux. Le combo est weird j’en conviens, mais j’ai fait goûter à quelques personnes au DBD, et c’est pas juste Charlie la femme enceinte qui a aimé. On détient un truc là, 84% de gens ont pas gerbé après la première bouchée, et 51% des gens en ont pris une deuxième tout de suite après.

May sent un bon feeling, dès qu’il a passé la porte, elle a senti le mec qui renvoie pas mal de positif et qui sait voir le bon côté de la vie. Ce genre de mec près à s’inscrire à n’importe quelle émission dès qu’il a un peu trop bu, sous prétexte d’avoir bu d’ailleurs. May se doute que même si il était pas sous emprise de l’alcool, il aurait fini par sauter le pas. « Ça s’est bien passé. On a un cocktail exprès pour la gueule de bois sur le menu, peaufiné avec les années passées à la fac. » May notait le nom du bar, un certain DBD dont elle sait pas vraiment ce que ça pourrait signifier, mais il se situe à Logan City, un quartier qu’elle fréquentait souvent. « Si à l’occasion j’ai besoin d’un bon cocktail, je sais où me rendre alors. » bon cocktail sous-entendu après une belle cuite, bien que ca arrivait plus si souvent à May, ce genre de cuite. « Je suis parti en quête après avoir rempli le formulaire par contre. » elle voit pas bien là où il voulait en venir, mais il poursuite avant qu’elle ai le temps d’en placer une. « L’histoire de la saveur de crème glacée m’a presque empêché de dormir, c’est dingue. Du coup, j’ai essayé d’en cuisiner et je vous en ai apportée. » un regard rapide sur le questionnaire et elle lit noir sur blanc : glace Bacon & fromage. Il a pas fait ça ? Il sort une boite avec ce qui semblerait être sa trouvaille culinaire, laissant une grimace apparaitre sur le visage de May. « Et après, je me suis dit que ça faisait lèche botte de vous cuisiner un truc, du coup j’ai mangé la moitié du plat pour faire genre je suis un gars désabusé qui essaie pas d’avoir l’air cool mais qui l’est naturellement. » elle repousse doucement cette boite, trop tôt pour tester ça et franchement, elle en avait pas du tout envie. « Ok Matt, au bout d’un moment, va falloir juste la boucler et m’laisser en placer une. » qu’elle balance pour recadrer l’entretien. « J’suis sûre que John sera ravi de goûter à ta glace. » elle manquerait pas de lui donner la moitié restante. « J’ai pas eu l’temps de me présenter, mais j’ai pas l’impression que tu sois si intéressé de savoir qui j’suis. Pour information alors, moi c’est May et ton avenir dans cette émission dépend de moi et uniquement de moi.» Autrement dit, pas question de tomber malade à cause d’une glace dont elle ne connait pas le procédé de fabrication. « Donc, t’es du genre à te laisser facilement influencer ? » rapport au fait qu’il ai pas rempli ce questionnaire seul et que visiblement, il a eu besoin d’un peu de motivation. Mais elle voulait surtout le provoquer. « Célibataire depuis un an et huit ans, tu m’explique ? »

« Ok Matt, au bout d’un moment, va falloir juste la boucler et m’laisser en placer une. » et y'a probablement toute la ville au grand complet qui se lève pour l'encourager, pour lui dire merci, pour lui faire une ovation réelle et méritée ; non, je me la bouclais que rarement. Mais faut dire que là de suite, je pense à rien d'autre qu'à me la boucler comme demandé, grondé le gars, comme à l'école. Le sac que je pose au ralenti, tous les gestes au ralenti aussi. « J’suis sûre que John sera ravi de goûter à ta glace. » John, mon pote.

Ça laisse une drôle d'impression là, c'est plus aussi fun que ce que je croyais faut dire. Et la glace va fondre. Oh well. « J’ai pas eu l’temps de me présenter, mais j’ai pas l’impression que tu sois si intéressé de savoir qui j’suis. Pour information alors, moi c’est May et ton avenir dans cette émission dépend de moi et uniquement de moi. » « Noté. » la gamin grondé, il est là et il est nulle part ailleurs. « Donc, t’es du genre à te laisser facilement influencer ? » « C'est la meilleure façon de sortir de sa zone de confort. » que je réplique naturellement, les meilleures soirées et les meilleures histoires qui commençaient souvent d'un pari entre potes, d'un dare qui nous forçait à agir quand autrement on l'aurait jamais fait.

Bizarrement, si de base le questionnaire je l'avais rempli un peu pour la blague, le seul fait que May agisse en mode maman autoritaire suffit à ce que j'ai l'instinct du McGrath qui embarque, même instinct qui fait qu'on veut gagner envers et contre tout, toujours. Game's on Matt. « Célibataire depuis un an et huit ans, tu m’explique ? » elle semble pas vouloir la version longue, à entendre comment elle a coupé net ma plate introduction, ce sera donc que le synopsis que je donnerai en espérant qu'elle en ait assez pour se faire son idée - si elle est pas déjà faite. « J'ai été en couple y'a 8 ans avant de déménager avec ma famille à Londres. C'était en plein l'âge pour profiter, j'ai donc pas maximisé les relations là-bas. Puis les anglaises, pas trop mon genre, trop classy. » ça se voit tout de suite que je fais pas dans les talons hauts ni dans les cheveux parfaitement placés. « Quand je suis revenu y'a deux ans, j'avais laissé une histoire en plan, on a réessayé, ça a pas marché. » version simple j'ai dit. Et d'office je me la boucle comme demandé pour la laisser en placer une.

May est pas du genre à tourner autour du pot, elle va droit au but et surtout, elle sait combien d’entretien elle doit mener aujourd’hui et elle sait qu’elle va se détester au fur et à mesure que ça va passer, qu’elle aurait l’impression que l’temps passe pas. Que parfois, ca va être chiant à mourir et que des fois, elle va bien se marrer aussi. Elle est pas forcément là pour être pote avec qui que ce soit, mais c’est quand même mieux quand le feeling passe, puis quand faut recadrer, elle recadre, c’est aussi son taf, être le mauvais objet, la casse couille de service. Elle aime bien cette image qu’elle se donne et ca met une distance aussi. Parce que forcément, si on s’attache trop à elle, après y a plus d’objectivité. Alors elle a ses coups de cœur, mais quand même, faut rester droit dans ses bottes.
Être influençable c’est sortir de sa zone de confort, ca laisse penser que c’est calculé quand même. Alors, May parlerait plutôt d’ouverture d’esprit. « Est-ce que tu serais prêt à tout pour sortir de ta zone de confort ? C’est quoi, ta zone de confort ? » pour le coup ça l’intéresse, plus que de la crème glacée au bacon. Elle fait un signe à Max derrière elle, ca veut dire qu’il peut allumer la caméra, maintenant. C’est là qu’il va enchainer avec ses histoires de huit ans et un an. Elle l’écoute May, elle pense capté, mais c’est pas très clair quand même. « Développe. » elle veut en savoir plus. « T’as eu personne depuis ? T’aurais pu envisager un mariage avec l’une d’elle ? Si elles débarquent demain devant toi, tu réagis comment ? » les vieux démons, suffirait que la production retrouvent ces nanas pour les faire venir au mariage arrangé, faudrait voir c’que ça donne. A voir si May arrive à avoir leurs identités. Faut voir c’qu’elles représentent pour Matt, la deuxième, May la sent pas trop, ça à l’air d’être fini pour de bon, mais cette nana qu’il a quitté quand il est partie en Angleterre… à voir !

Y'a une distance, c'est bizarre un temps. Parce que je suis pas habitué même avec les inconnus, à pas les prendre pour des potes. À force de gérer le DBD, à force d'être aussi friendly que possible avec quiconque passe la porte, c'est devenu normal pour moi de tout faire pour que quiconque entre dans ma vie même de passage se sente comme s'il avait toujours été là. Mais clairement, elle veut pas. Je force personne, ce serait juste chiant que ma crème glacée de la loose tâche ses feuilles.

« Est-ce que tu serais prêt à tout pour sortir de ta zone de confort ? C’est quoi, ta zone de confort ? » hum, bonne question. Et je dois avoir l'air bien con à y penser au même moment où y'a un dude qui lance la caméra et que je le vois même pas faire. Si j'avais vu la lumière rouge devant, probablement que j'aurais forcé une blague de merde, un sourire de con qui va avec. Là, c'est juste Matt qui pense. Une première diront certains. « Ça dépend. » que je finis par statuer, encore dans ma tête. Y'avait que Noa qui me posait des questions profondes comme ça quand on était bourrés. Ça serait cool qu'elle soit là pour me coacher j'y pense. « Elle a changé avec les années. Genre j'aurais jamais pensé que gérer un café à un moment je serais confortable. De base j'étais censé être architecte, mais j'ai tout fait foirer parce que justement, ma zone de confort à l'époque, c'était les frat party. » damn Matt, t'es en train de devenir un adulte. « Mais j'imagine que je serais pas devant vous si je voulais pas sortir de ma zone de confort justement? » la question est ouverte, la réponse est claire pourtant.

« T’as eu personne depuis ? T’aurais pu envisager un mariage avec l’une d’elle ? Si elles débarquent demain devant toi, tu réagis comment ? » évidemment, les histoires d'avant remontent, c'est normal, je serais curieux moi aussi si j'étais assis à sa place. Potinons, donc. « Y'a eu un ou deux trucs pas sérieux depuis, mais ça le dit. Pas sérieux. » et malgré ce qu'on peut penser, c'est pas parce que je suis propriétaire de bar que je chope à chaque soir, loin de là. « J'aurais pu. » envisager un mariage avec Allie, soyons honnêtes. « Mais on était trop jeunes, ça aurait probablement juste tout gâché. » ça, et ma soeur cadette s'était faite marier à la place. Fun times. « Si elles débarquent demain devant moi, j'ouvre les bouteilles, je commande des pizzas, et j'espère qu'elles me laissent une ou deux pointes de 4 fromages. » Matt, ou l'éternel optimiste qui souhaite rester pote avec ses ex coûte que coûte.

« Mais j'imagine que je serais pas devant vous si je voulais pas sortir de ma zone de confort justement? » May pouvait que confirmer. Fallait le vouloir pour s’embarquer dans une aventure pareille. Parce que c’était peut être qu’une émission, mais les contrats de mariage qu’ils allaient signer, eux ils étaient bien vrai et d’ailleurs, May devait s’assurer que ça, ils l’avaient bien compris. Et ça figurerait dans le contrat qu’ils allaient signer, une fois qu’ils seront pris et accepteront définitivement de participer à l’émission, parce qu’ils peuvent encore tous changer d’avis, à n’importe quel moment d’ailleurs. C’est pour ça que May intervenait, pour choisir des personnes qui n’allaient pas se débiner au bout de deux semaines de tournage ou tout juste avant d’enfiler sa robe ou son costume. Elle voulait des personnes qui iraient jusqu’au bout des choses, jusqu’au mariage. Ensuite, à eux de signer ou pas ce fichu contrat, à eux ou pas de tenter l’amour à l’aveugle. May pourrait pas. Elle avait toujours refusé de se marier avec Norman, ce n’était pas pour se marier avec un inconnu devant le maire. « Sortir de sa zone de confort, c’est prendre des risques. Et s’engager dans cette émission, c’est prendre un gros risque. Si t’es capable d’assumer ça, ça m’va. »
May devait pouvoir créer un contenu, elle devait s’assurer que ses candidats aient des choses à dire, qu’ils aient une histoire à raconter. Et cette question d’ex qui peut débarquer et foutre le bordel, c’est toujours intéressant.  C’était à la production ensuite de décider de la direction que prendrait l’émission, mais on n’est jamais à l’abris que quelqu’un débarque à son mariage sans qu’on soit au courant et que ça ne fasse pas un peu de drama. Et si ça peut se faire devant des caméras, c’est encore mieux. « Si elles débarquent demain devant moi, j'ouvre les bouteilles, je commande des pizzas, et j'espère qu'elles me laissent une ou deux pointes de 4 fromages. » C’est moins intéressant quand y a pas de haine, quand y a pas d’animosité. Le fameux « on reste pote » mais en même temps, on sait pas comment les nanas pourraient réagir de leurs côtés. « Si t’es pris, dans un mois le tournage commence. Ca veut dire une équipe complète, cadreur, micro, coach, metteur en scène. Cinq à six personnes qui vont te suivre pendant plusieurs semaines jusqu’au mariage. Comment tu vas l’vivre ? Ils vont filmer tous tes faits et gestes, capter toutes tes paroles. Tu supportes bien la pression ? Il va falloir que ta famille, tes amis acceptent tout ça, c’est ok pour eux ? »

« Sortir de sa zone de confort, c’est prendre des risques. Et s’engager dans cette émission, c’est prendre un gros risque. Si t’es capable d’assumer ça, ça m’va. » ouais, j'en faisais des conneries dans une journée. Ouais, je prenais de mauvaises décisions, je jouais, je testais, je me plantais aussi, souvent. Mais jamais j'assumais pas. C'était la marque de commerce des McGrath de toute façon : peu importe les gestes qu'on faisait ou les mots qu'on articulais, on assumait toujours tout, tout le temps. « J'aurais pas fait de la crème glacée au bacon si j'assumais pas. » ça me semble logique ça aussi, pain in the ass durant toute la conception, j'avais mis trop de temps, d'amour et de litres de crème pour que ça serve à rien.

Toujours aucune chance que je remarque la caméra qui tourne, quand je vois plutôt la flaque d'eau condensée qui coule du bureau de May jusqu'au sol à cause de justement ma tentative de dessert qui aurait vraiment dû finir dans un congélateur de comment ils ont pas de congélateur ici c'est la base non? « Si t’es pris, dans un mois le tournage commence. Ca veut dire une équipe complète, cadreur, micro, coach, metteur en scène. Cinq à six personnes qui vont te suivre pendant plusieurs semaines jusqu’au mariage. Comment tu vas l’vivre ? Ils vont filmer tous tes faits et gestes, capter toutes tes paroles. Tu supportes bien la pression ? Il va falloir que ta famille, tes amis acceptent tout ça, c’est ok pour eux ? »

Oula, y'a beaucoup d'infos, me faut un temps d'arrêt pour analyser tout ce qu'elle vient de dire, et à mes yeux, la première priorité reste celle-là : « Ok dans ce cas va me falloir quelques infos. » j'inspire, sort mon portable, l'ouvre d'un geste en oubliant toutes les notifs de Robin qui se fait chier dans la salle d'attente à me décrire tout ce qu'elle voit comme si on était un vieux couple sans les bénéfices. Je suis prêt à noter, les questions montent au fur et à mesure. « Y'en a qui ont des allergies dans l'équipe? Des intolérances? Leur repas préféré, c'est quoi? Plutôt bière ou cocktail? Vin? Leur café, ils le prennent comment? Parce que s'ils me suivent, ils vont avoir faim et soif à un moment. »

C'est vrai, elle m'a dit qu'à un moment faudrait que je me la ferme pour qu'elle en place une. Mais j'ai pas répondu à toutes ses questions, du coup c'est bon, right? « Ce sont eux qui vont devoir assumer mes jeux de mots bien lourds et mes blagues qui le sont tout autant. J'sais pas s'ils sont au courant. » mettons les choses au clair round one. « Et famille, pression et supporter dans la même phrase : ça me semble faire du sens. » mettons les choses au clair, round two.

 « J'aurais pas fait de la crème glacée au bacon si j'assumais pas. »  c’est qu’il lui ferait presque pitié à insister comme ça avec sa crème glacée. May qui se penche à nouveau au-dessus de la boite qu’il lui avait apporté, elle la fait glisser vers elle et ouvre le couvercle, prête à gouter, mais l’odeur lui donne vraiment pas tant envie que ça. Y a un truc qui colle pas. Autant, elle adore le bacon, autant le voir sous cette forme de glace, pour elle, ca cloche. Le bacon, c’est pas censé être sucré. Ca l’est peut être pas d’ailleurs, c’est peut être une crème glacé salé… elle regarde la boite puis Matt et de nouveau la boîte et elle voit dans son regard qui a une étincelle qui s’illumine. « Okay… » elle souffle et prend son courage à deux mains. Elle glisse son auriculaire dans la boite et racle la glace qui se trouve sur les paroi de la boite. C’est encore froid, c’est déjà ça. Elle craignait l’intoxication alimentaire. Elle finit enfin par goûter et reste silencieuse un moment, plongeant son regard dans celui de Matt, scène digne d’un concours de cuisine, laissant place total au suspens de l’annonce du résultat du jury. Est-ce qu’elle aime ou pas ? « C’est étonnant… » oui mais alors, t’aimes ou pas May ? « Je servirai pas ça à mes invités du dimanches… » elle regarde à nouveau la crème et y replonge son doigt. « Mais j’pourrais facilement la manger secrètement, petit plaisir non assumé, tu vois. » ok, elle aime, Matt est sauvé. Il marque un point. Elle sourit alors referme le couvercle pour ne plus se laisser tenter, elle garde ce petit gout fumer en bouche et c’est seulement là qu’elle remarque que sa boite a fait une flaque qui coule goutte à goutte par terre. Bon c’est pas les quelques grammes qu’elle aura goûté qui la rendront malade, mais il ferait mieux de jeter tout ça en sortant. Elle préfère ne pas relever.
Elle entre alors dans le vif du sujet, présentant la marche à suivre s’il est sélectionné pour de bon. L’équipe qui débarque, les caméras qui le suivent tout l’temps. « Ok dans ce cas va me falloir quelques infos. » elle voit pas c’qu’elle peut ajouter de plus après les questions qu’elle avait posé à la chaine. « Y'en a qui ont des allergies dans l'équipe? Des intolérances? Leur repas préféré, c'est quoi? Plutôt bière ou cocktail? Vin? Leur café, ils le prennent comment? Parce que s'ils me suivent, ils vont avoir faim et soif à un moment. » et ça la fait sourire la Glitters. « On manquera pas de te donner une fiche de renseignements pour chacun. » en tout cas, il avait l’air de dire que ça allait pas lui poser de problème. « Ce sont eux qui vont devoir assumer mes jeux de mots bien lourds et mes blagues qui le sont tout autant. J'sais pas s'ils sont au courant. » Ils en ont surement vu d’autres. « Ils sont rodés, t’en fais pas pour ça. » entre émission de télé réalité, documentaires, reconstitution… ils avaient surement vu plus pénibles que Matt, même avec ses vannes lourdes.  « Et famille, pression et supporter dans la même phrase : ça me semble faire du sens. » May se redresse sur sa chaise, prête à en savoir plus sur ce qu’il voulait dire par là. « tu peux développer ? T’as presque rien dit à propos de ta famille dans le questionnaire. »

« C’est étonnant… » oh my, elle trempe son doigt. La scène au ralenti, mes yeux qui suivent le trajet de son auriculaire de la glace à ses lèvres, le décompte en micros secondes que je me fais mentalement, comme je suis lourd à la fixer, à pas réaliser que tout ça est filmé, et que j'ai l'air d'un fou furieux si attentif, clairement. « Je servirai pas ça à mes invités du dimanches… » oh my elle laisse le suspens, je serre les lèvres, les pince si fort, j'ai arrêté de respirer c'est sûr, assuré. « Mais j’pourrais facilement la manger secrètement, petit plaisir non assumé, tu vois. » oh my, et le soupir de soulagement trois fois trop fort qui s'extirpe de mes lèvres. C'est clair que si y'avaient des feuilles devant moi elles filaient s'envoler vers le mur. Ça y est, je tiens le nouveau truc dont je vais casser les oreilles de quiconque me demandera comment le casting s'est passé. ELLE A AIMÉ MA CRÈME GLACÉE. « Je dirai pas "j'vous l'avais dit", ça ferait trop condescendant, et je suis un gars quand même plutôt poli. » mais je l'ai quand même dit, oupsie.

J'ai déjà la tête qui tourne de toutes les nouvelles préférences que je devrai maîtriser, l'équipe au complet de laquelle j'ai comme nouvelle mission de m'occuper comme de ma famille à la seconde où elle passera la porte du DBD. « On manquera pas de te donner une fiche de renseignements pour chacun. » elle blague, mais ce qu'elle réalise pas, c'est que je vais vraiment insister, que je veux vraiment qu'ils se sentent tous à la maison quand ils viendront chez moi ; c'est ma marque de commerce après tout, j'en suis chiant et étouffant à force. « Ils sont rodés, t’en fais pas pour ça. » lol, elle est cute. Laissez-moi douter du fait qu'ils ont encore rien vu comme moulin à paroles et à blagues de beauf pire que moi. C'en est presque une fierté.

De son team qui deviendra ma famille par défaut, on passe à ma famille, la vraie. Hum. « tu peux développer ? T’as presque rien dit à propos de ta famille dans le questionnaire. » « Ah ouais, vraiment? » limite ça m'étonne, parce que bourré, j'en avais long à dire sur eux, sur notre dynamique. Noa pourrait confirmer. « J'ai deux soeurs, deux parents, des grands-parents, des tantes, des oncles, des cousins. Un neveu. » j'énumère d'abord, comme si c'était suffisant, comme si j'étais trop con pour comprendre la subtilité pas si subtile que ça de sa question. « J'en ai pas beaucoup dit parce que je sais jamais quoi mentionner et quoi garder pour moi question de pas mettre personne mal à l'aise. » voilà qui est un peu plus honnête, on dira. « C'est le bordel, pour la version résumée. » et après on dira que mes histoires de famille sont longues à raconter : il me semble que ça, sums it out pretty well. « Mes parents sont des tyrans qui croient que tout leur est dû. J'ai une soeur qui fera tout ce qu'on lui dit de pas faire parce que c'est dans son ADN de se rebeller, et une autre qui vit dans une carapace qui a 29 ans d'âge et qui fait juste s'épaissir un peu plus chaque année. Un cousin malade, un autre tellement narcissique que c'en est une maladie en soit. Je continue ou c'est bon, vous avez tout ce dont vous avez besoin pour savoir déjà que ce sera la merde de mon côté de l'église le jour du mariage? » autant clarifier.

 May se demandait si tous les autres candidats allaient eux aussi lui apporter un truc à manger – si possible pas toujours aussi original – ca fait toujours bon genre de penser au casteur. Les mauvaises langues diraient que c’est pour sortir du lot et faire les lèches bottes – secrètement, May pense la même chose – mais elle pourrait dire officiellement que c’est juste une preuve de générosité que de penser à elle aussi. Après tout, si leurs entretiens ne durent qu’entre trente minutes à une heure, pour elle, c’est toute la journée qu’elle va être dans cette pièce à les voir passer les uns après les autres et Matt était le premier de cette longue chaine. Ceci dit May aurait sans doute préféré les croissants à la place de cette glaces, étonnante mais peu adapté à l’heure de l’entrevue.  Ce Matt bien trop fier de sa trouvaille, de sa recette qu’il semble aimer plus que tout, capable d’en avaler des litres à toute heure visiblement. Il doit faire partie de ces gens pour qui il n’y a pas d’heure pour manger du saucisson et du fromage.
Là, ce qui intéresse May, c’est sa famille et les relations complexes qu’ils semblent y avoir entre eux. Est-ce qu’ils pourraient apporter quelques choses à l’émission ? Est-ce qu’on pourrait partir sur un clash ou un problème résolu face caméra ? « J'ai deux sœurs, deux parents, des grands-parents, des tantes, des oncles, des cousins. Un neveu. » la question c’était pas de connaitre son arbre généalogique non plus. Développe Matt, développes… « J'en ai pas beaucoup dit parce que je sais jamais quoi mentionner et quoi garder pour moi question de pas mettre personne mal à l'aise. » S’il sait pas quoi dire May saura comment l’orienter. «C'est le bordel, pour la version résumée. » et la version longue … « Mes parents sont des tyrans qui croient que tout leur est dû. J'ai une soeur qui fera tout ce qu'on lui dit de pas faire parce que c'est dans son ADN de se rebeller, et une autre qui vit dans une carapace qui a 29 ans d'âge et qui fait juste s'épaissir un peu plus chaque année. Un cousin malade, un autre tellement narcissique que c'en est une maladie en soit. Je continue ou c'est bon, vous avez tout ce dont vous avez besoin pour savoir déjà que ce sera la merde de mon côté de l'église le jour du mariage?» May pourrait se contenter de répondre qu’il y aura pas de cérémonie religieuse. « Ce sera à la mairie. » simple précision. « Et comment tu te place dans tout ça ? A qui tu vas annoncer en premier que tu participes à cette émission ? Enfin, si t’es pris. Ta mère? Ta sœur enfin, tes sœurs ? Ton cousin narcissique ? Qui et pourquoi ? »

La crème glacée qui coule sur sa table de travail et c'est ça, le drame. Pas que je sois ici à passer une entrevue, pas que je me souvienne que dalle de mes réponses. Pas que ce soit la merde si finalement je suis pris, et encore plus lorsque je serai devant l'autel à rencontrer l'inconnue qu'elle aura savamment choisie pour moi quand j'ai passé ma vie à me dire que se marier c'était probablement pas une priorité. Y'a une part de moi qui veut s'élancer vers le dessert plus si congelé que ça pour en manger les restes et pas le laisser crever entre nous deux, et y'a une autre part qui se demande si de faire la majorité des tournages au DBD est une option. Autant aller chercher un peu de visibilité à travers, qui sait ce que ça amènera pour le commerce en plus du reste.

« Ce sera à la mairie. » j'hoche de la tête distraitement, j'ai dit église, déformation oblige. Parce que le dernier mariage auquel j'avais assisté - le seul dont je me souviens, vraiment, c'était devant le Seigneur et blablabla. « Pardon, l'habitude. » j'ai un rire sec qui sort, le rappel qui pique de Ginny et Bailey, de leur mariage de parfaits petits croyants qui devait être immuable, et qui finalement n'était qu'un tissu de mensonges. La mairie ouais - la mairie m'irait bien. « Et comment tu te place dans tout ça ? A qui tu vas annoncer en premier que tu participes à cette émission ? Enfin, si t’es pris. Ta mère? Ta sœur enfin, tes sœurs ? Ton cousin narcissique ? Qui et pourquoi ? » la question qui mérite que je prenne le temps d'y penser, mon visage qui bug, mes prunelles qui captent enfin que je suis filmé. Merde. Je me suis pas fouillé dans le nez depuis qu'elle enregistre si? Non, je pense pas. À moins que oui? Fuck.

« J'hésite. » bien sûr, ça l'étonnera pas. « Je pense que je le dirai à mon neveu. Il va avoir 9 ans en janvier. » elle s'en fout sûrement royalement de son âge, quand moi, j'ai le 4 janvier en notification partout où je peux. « On a pas une super relation tous les deux parce que c'est un gamin et que moi je suis un adulte ou du moins j'essaie. » j'inspire - where am I going with this? « Mais je me dis que c'est le seul de ma famille qui va pas prendre ça pour une blague et avec qui je pourrai avoir une vraie conversation sur le sujet, genre à quelles saveurs sera le gâteau et quelles chansons faut absolument avoir sur le DJ set pour la cérémonie. » Ginny me croira pas, Jill va se moquer pendant des jours. Levi va faire sa tête de gars énigmatique qui garde ses jugements pour lui parce qu'il voudra pas altérer ce que je ferai, Deklan, Noa et Charlie vont y aller all in dans l'organisation du bachelor party en s'assurant de mettre un max d'activités pour me ridiculiser. Noah par contre, il est encore pur, il a pas vu toutes les merdes que je peux dire et faire dans une vie pour me remettre en doute - et limite, ça, ça fait du bien.

Ca fait partie intégrante de l’émission, l’annonce à ses proches de son mariage, de sa participation à cette émission. Dans d’autres pays, on a vu des familles se diviser car les proches étaient pas vraiment convaincues de la démarche. Toucher à cette institution qu’est le mariage, le rendre si peu crédible, c’est pour beaucoup une aberration et d’ailleurs, l’émission divise aussi. Mais qu’est ce qu’une bonne émission si elle en fait pas parler autant d’elle ? Il faut bien des avis divergeant pour attiser la curiosité des uns et des autres, pour mettre des personnes qui se foutent pas mal de la télé réalité devant leurs écrans le jour où l’émission sera diffusée pour la première fois. Soit disant pour se faire son propre opinion : « j’aime pas, mais bon, faut pas mourir bête » ou encore « qu’est ce que c’est débile, mais bon, j’regarde quand même, ca passe le temps… » si on écoutait 80 pourcent des téléspectateur d’une émission du genre, ils ne regardent pas parce qu’ils aiment et que ça les passionne, mais ils regardent pour la science, comme s’ils étaient des scientifiques qui réalisaient une nouvelle études très sérieuse sur ces fameux candidats qui participent à ces émissions là. Non, c’est bien trop difficile d’admettre qu’avoir un moment off devant sa télé, sans réfléchir à rien, c’est plaisant.
« J'hésite. Je pense que je le dirai à mon neveu. Il va avoir 9 ans en janvier. » Non Matt, la réaction d’un môme de 9 ans sur la question du mariage, ca n’intéresse personne. « On a pas une super relation tous les deux parce que c'est un gamin et que moi je suis un adulte ou du moins j'essaie. » relation classique entre un neveu et son oncle nop ? Elle lui laisse encore une chance pour être convaincue. « Mais je me dis que c'est le seul de ma famille qui va pas prendre ça pour une blague et avec qui je pourrai avoir une vraie conversation sur le sujet, genre à quelles saveurs sera le gâteau et quelles chansons faut absolument avoir sur le DJ set pour la cérémonie. » Non, toujours pas. « On fera ça avec tes parents. Ou tes sœurs. On va gérer la rencontre. » qu’elle impose presque, disant du coup au candidat qu’il y avait de fortes chances pour qu’il participe pour de bon à cette émission. « On te rappelle dans quelques jours pour confirmer tout ça. J’aurai besoin des numéros de tes sœurs. » May Glitters se lève prête à remercier Matt. « Une longue journée m’attend… » fit elle au premier candidat d’une longue liste… « Merci pour la glace. »