Léo était l’un des plus jeunes candidats, pas le plus jeune ceci dit, mais ça avait toujours tendance à questionner la jeune femme. Pourquoi vouloir se marier à même pas 25 ans ? Pourquoi vouloir se lancer dans une telle aventure ? Toute fois, malgré son jeune âge, Léo semblait faire preuve d’une grande maturité et les diplômes qu’il avait impressionnaient aussi May. Elle se demandait sincèrement ce que quelqu’un d’aussi intelligent que lui pouvait bien chercher dans ce genre d’expérience. Un sujet d’étude ? Ca ne collait pourtant pas avec la psychopathologie. Quoi que. Il était aussi un artiste pour la célèbre compagnie du Northlight Theater. Intéressant mais surprenant. C’était ce profil atypique qui avait attirée May et elle voulait en savoir plus à propos de lui, car elle ne pouvait pas se satisfaire du questionnaire qu’il avait rempli, il était resté superficielle et elle avait besoin d’en savoir plus à propos de lui. Ce qui l’intéressait ; qui était Léo et correspondait-il vraiment à cette émission ? N’allait-il pas être trop ennuyant ou trop prétentieux pour les téléspectateurs ? Il fallait toujours un connard dans une émission de toutes façons, celui que le public détestera. Peut être que Léo pourrait porter cette casquette. May ne faisait que des suppositions mais elle était aussi impatiente de pouvoir le vérifier. « John, je veux voir Léo. Et tu peux dire aux autres d’aller prendre un déjeuner, je les recevrais après la pause. Une heure trente, maxi. » Elle laissa John passer le message et il revint quelques minutes plus tard. « Pas de Léo chez les mecs… » May était contrariée. « Bon… Robin-Hope alors ! » C’était la suivante sur sa liste. John reparti chez les nanas et à la grande surprise de May, il arriva finalement avec Léo. « Pourquoi il était de ce côté ? » fit-elle paniquée. Les hommes et les femmes n’étaient pas censés se croiser. Les hommes d’un côté et les femmes de l’autres… « Il était dans le couloir, pas dans la salle. » May regarda le jeune homme. « est ce que tu as croisé des nanas dans le couloir ? » si c’était le cas, elle serait obligé de l’éliminer directement, hors de question que les candidats ne se voient avant le début de l’émission, ils sont censés ne jamais avoir vu leurs partenaires avant le mariage.

@Léo Ivywreath

Je ne suis toujours pas arrivé à savoir pas si remplir ce questionnaire pour me changer les idées était la pire, ou la meilleure idée de ces derniers jours. Probablement un peu des deux. Je n'en espérais aucun retour. Vraiment aucun retour. De toute manière, je vivais ma petite vie ordinaire avec mes chats, pas de quoi faire trembler les télés australiennes. J'avais d'ailleurs cru à une blague, à la base, en recevant ces questions auxquelles j'avais répondu en soupirant et en levant les yeux au ciel. Ce n'était qu'après avoir - un peu - harcelé Charlie que j'avais appris qu'elle était mon bourreau - non, pas d'exagération - ou autrement dit qu'elle était la responsable de cette inscription un peu farfelue. Et moi, je n'avais pas cru une seule seconde pouvoir être réellement retenu pour ce genre de truc.
Un peu malgré moi - mais animé par l'envie de me changer les idées - je m'étais donc décidé à accepter cette entrevue avec... une personne dont je n'avais pas retenu le nom. Rien de tout ça n'était, sérieux, dans ma tête. Assurément que ces gens devaient avoir environ un millier de candidats cachés dans leurs placards. Je n'arrivais au rendez-vous ni en avance ni en retard, fidèle à moi-même. Moi qui avait du mal à me repérer dans les endroits inconnus, j'étais servi dès l'accueil par un homme qui avait l'air lui-même paumé dans ses propres locaux. Un 'prenez l'ascenseur, deuxième étage, porte de gauche, couloir de droite, puis c'est la quatrième à votre gauche' plus tard, et me voilà au beau milieu d'un couloir assez mal éclairé. Personne n'avait l'air de s'être donné la peine d'indiquer un peu mieux l'endroit. Ou alors, j'étais aveugle. Et personne n'avait l'air d'être là, dans ce maudit couloir de gauche, allée de droite, peu importe la succession d'indications données par ce type de l'accueil. Peut-être bien que c'était une farce. Je haussai les épaules et m'apprêtai à retourner sur mes pas - en priant pour retrouver mon chemin - que l'on m'interpella.
C'était toujours un peu surpris que je me présentai à cette femme - qui ressemblais selon moi aux méchantes dans les films ou à la présidente d'une organisation secrète - à laquelle je me ne souvins pas avoir été présenté. « est ce que tu as croisé des nanas dans le couloir ? » Je haussai un sourcil, secouai la tête et me retins de rire face à la mine plutôt paniquée de mon interlocutrice. « Non. C'est hyper mal indiqué, votre bâtiment. Je me suis perdu. Trois fois. » L'orientation et moi, c'était une addition qui donnait un chiffre négatif. Ma technique de suivre les nuages ne fonctionnait pas dans les lieux qui possédaient des toits. « Je suis déjà filmé, ou pas du tout ? » Probablement pas, mais c'était surtout histoire de tenter de faire oublier mon incident 'Léo perdu dans les couloirs' qui s'était déjà produit un nombre incalculable de fois dans ma vie.

@May Glitters

S’il y avait une chose dont il fallait s’assurer, c’était bien que les hommes ne croisent pas les femmes, c’était impossible et c’était pas compliqué. Les hommes devant, les femmes derrières, des couloirs qui ne se croisent pas et le tour était joué. May allait voir avec John pour qu’il s’assure que les autres candidats soient bien là où ils devraient se trouver. Mais Léo confirma à May qu’il n’avait croisé personne d’autre et c’était un premier soulagement pour elle. « Non. C'est hyper mal indiqué, votre bâtiment. Je me suis perdu. Trois fois. » perdu trois fois, fallait pas abuser pour autant. Le sens de l’orientation ne semblait pas être une vertu dont le jeune homme pouvait se vanter. May tente de faire chuter sa tension pour reprendre le casting dans les bonnes conditions. Elle s’installe et observe le gamin qui se demande déjà s’il est filmé. « Pas encore. La caméra, c’est pour tout à l’heure. Ca va pas durer longtemps, c’est pour voir si ta belle gueule d’ange passe aussi bien à l’écran qu’en réalité. Si t’as des imperfections qu’on va devoir corriger. » elle en a pas l’impression, mais c’était pas elle la pro du maquillage. « Installe toi Léo, maintenant que t’as trouvé ton chemin, tu vas pouvoir poser tes fesses sur la chaise, juste à ta droite. » au cas où il se perde encore d’ici là. « Moi c’est May Glitters, j’suis la responsable du casting. On va passer une demie heure ensemble, c’est court, mais vous êtes vingt et c’est quasiment le début de la journée et plus vite ce sera fini, mieux ce sera pour tout le monde. » elle reprend ses notes sous son nez, jette deux, trois coups d’œil vers le garçons et se remet dans l’entretien. « Dis moi, pourquoi tu veux participer à cette émission alors que t’es si jeune ? » bon, okay, 26 ans c’est pas si jeune mais pour May, a 26 ans on a quand même d’autres ambitions. « La plupart des jeunes de ton âge préfère participer à des émissions où dix nanas leurs tournent autour. » les princes de l’amour, la villa des cœurs brisés, ce genre d’émission où des écervelés passent leurs temps à avoir des conversations incompréhensives. « J’viens de me rappeler que t’étais pas si idiot ! Je reformule : pourquoi un artiste et étudiant si brillant, voudrait passer dans cet émission ? »

« Pas encore. La caméra, c’est pour tout à l’heure. Ça va pas durer longtemps, c’est pour voir si ta belle gueule d’ange passe aussi bien à l’écran qu’en réalité. Si t’as des imperfections qu’on va devoir corriger. » Je pris bien le semi-compliment. 'Belle gueule d'ange'. « J'ai déjà posé pour les beaux-arts. J'prends bien la lumière. » Tant qu'à y être, autant jouer le jeu à fond. Elle était merdique, de toute façon, la lumière, dans leur pièce moche. L'endroit ne me mettait pas à l'aise. Ça sentait les bureaux et les gens pas contents de vivre enfermés, mais trop attachés au statut social procuré par l'endroit pour s'en tirer. « Installe toi Léo, maintenant que t’as trouvé ton chemin, tu vas pouvoir poser tes fesses sur la chaise, juste à ta droite. » Je pris place à l'endroit indiqué en hochant la tête, plutôt docile. « Moi c’est May Glitters, j’suis la responsable du casting. On va passer une demie heure ensemble, c’est court, mais vous êtes vingt et c’est quasiment le début de la journée et plus vite ce sera fini, mieux ce sera pour tout le monde. » Je retins seulement son nom, parce qu'il sonnait parfaitement bien avec son taf'. Glitters. Elle mettait probablement des paillettes dans les yeux des gens; une sorte de marchand de sable version 'et maintenant, qu'on me couvre de la thune balancée par les annonceurs'. « Vingt. » marmonnai-je sans la lâcher des yeux. J'étais curieux de savoir combien avaient envoyé une candidature. La mienne avait été retenue à cause d'une Charlie aux intentions douteuses. « Dis moi, pourquoi tu veux participer à cette émission alors que t’es si jeune ? » 'Charlie m'a forcé' fut la toute première phrase qui me vint en tête. Peut-être la blague allait-elle trop loin. Peut-être était-il déjà temps de dire 'ok, stop, c'était une blague, ma meilleure amie a surestimé ma capacité à appréhender la possibilité d'un mariage. « J'ai 26 ans, c'est pas si jeune. » Encore un peu quand même, Dieu soit loué. « La plupart des jeunes de ton âge préfère participer à des émissions où dix nanas leurs tournent autour. » Je ne regardais jamais la télé, de toute façon. La mienne ne me servait qu'à regarder des séries, et encore. « J’viens de me rappeler que t’étais pas si idiot ! Je reformule : pourquoi un artiste et étudiant si brillant, voudrait passer dans cet émission ? » « C'est pas à cet âge là qu'on commence à faire des plans de folie à propos d'un mariage, d'une villa au bord de la mer et la possibilité d'inclure un golden retriever à l'équation du bonheur ? » Parce que moi, ça ne m'était jamais venu à l'esprit. « Vous êtes mariée, vous ? Ou alors vous avez déjà eu un copain, une copine, peu importe. Vous savez ce que ça fait, le pincement que ça procure, le truc qu'ils décrivent dans les films, là. » Je balayai ma remarque d'un mouvement de la main, me redressai sur ma chaise. « C'est chimique. Ça n'existe pas vraiment. Les gens pensent qu'ils tombent amoureux, cinq ans après ils se séparent... Pouf, plus rien n'existe. Vous bossez avec des psychologues, non ? Ils savent que y'a un truc qui se créé à la première impression, 'au premier regard'; c'est l'intitulé de votre émission, pas vrai ? » J'avais l'impression de présenter une dissertation. Un truc béton en mode théorie du complot. Mais au moins, c'était sympa à construire, à paver de jolis arguments, de bonnes intentions. L'enfer en est pavé. « C'est ce que je suis venu expérimenter, ce que je suis venu vivre. » Parce que je n'y croyais pas une seule seconde. « Ça, la villa face à la mer, le grand amour, et le golden retriever. Vous savez ce qui est marrant ? C'est que ce chien s'appelle golden retriever et qu'il ne retrieve précisément rien du tout. » Retrieve, golden retriever... Haha, allez quoi. « Comment ça va se passer, en fait ? Je vais remplir plus de questionnaires et puis vous allez juste me caser avec quelqu'un qui aura rempli... Voyons voir, c'était quoi déjà... Le même parfum de glace préféré que moi ? Ou la même 'musique favorite' ? »

Golden retriever, il retrieve rien du tout, allez quoi elle est drôle svp:

  « J'ai 26 ans, c'est pas si jeune. » elle prend le temps de l’observer un instant, non, 26 ans finalement c’est pas si jeune, c’est surement qu’il a une gueule de bébé encore et du coup, May lui donne moins. « Tu fais pas ton âge. » on va dire ça comme ça. Ceci dit, le discours de la blonde tien toujours. Les jeune qui ont son âge, sont en général pas intéressé pour des émissions qui nécessite un si grand engagement. Ils préfèrent plutôt s’amuser, aller dans des villas où ils pourront glander autour d’une piscine une grande partie de la journée, faisant croire à l’audimat qu’ils travaillent de temps en temps pour la bonne cause : aider des refuges animaliers, collecter de l’argent pour des associations d’aide aux déminues. Ou juste aller faire des tâches ingrates pour montrer qu’ils sont des personnes comme tout le monde, qui savent se salir les mains pour s’en sortir. On sait que c’est du bullshit, tout le monde le sait mais ça fait toujours bon genre à la télévision. « C'est pas à cet âge là qu'on commence à faire des plans de folie à propos d'un mariage, d'une villa au bord de la mer et la possibilité d'inclure un golden retriever à l'équation du bonheur ? » May avait beau revenir en arrière, à cet âge là, elle voulait juste se planquer quelques part et qu’on vienne pas l’emmerder. Elle avait une gosse sur le dos et ça l’emmerdait d’aller la chercher tous les jours à l’école, autant qu’elle l’oubliait une fois sur trois. Si May avait pu, elle aurait fait ces émissions à glander autour d’une piscine, pas pour rêver de mariage. Elle avait jamais voulu se marier et Norman non plus, c’était pas plus mal, ça à facilité leur séparation. « Vous êtes mariée, vous ? Ou alors vous avez déjà eu un copain, une copine, peu importe. Vous savez ce que ça fait, le pincement que ça procure, le truc qu'ils décrivent dans les films, là. » Elle sait c’que c’est ouais mais la problème c’est que Léo inverse les rôles et que May déteste qu’on lui pose des questions sur sa vie privée. « C’est pas moi le sujet. » qu’elle recadre vite fait bien fait l’entretien pour se concentrer sur les motivations de Léo, pas les siennes. « C'est chimique. Ça n'existe pas vraiment. Les gens pensent qu'ils tombent amoureux, cinq ans après ils se séparent... Pouf, plus rien n'existe. Vous bossez avec des psychologues, non ? Ils savent que y'a un truc qui se créé à la première impression, 'au premier regard'; c'est l'intitulé de votre émission, pas vrai ? » elle se racle la gorge, il continue à être très chiant le jeune Ivywreath. « Tu veux le poste de psychologue peut être ? T’as l’air calé, ca évitera peut être que les spectateurs s’emmerdent trop à écouter tes discours à la télévision. » on visait pas les intellectuels, faut pas s’mentir. La ménagère de cinquante ans veut pas entendre un merdeux étaler sa science comme ça à la télévision. Elle veut du divertissement. « Ça, la villa face à la mer, le grand amour, et le golden retriever. Vous savez ce qui est marrant ? C'est que ce chien s'appelle golden retriever et qu'il ne retrieve précisément rien du tout. » May se demande à quel moment elle est censée rire de sa blague. « Comment ça va se passer, en fait ? Je vais remplir plus de questionnaires et puis vous allez juste me caser avec quelqu'un qui aura rempli... Voyons voir, c'était quoi déjà... Le même parfum de glace préféré que moi ? Ou la même 'musique favorite' ? » May jete un œil au caméraman derrière elle. « va falloir le briefer celui-là… » elle se tourne à nouveau vers Léo. « T’auras tout le loisir d’apprendre à connaitre ta future femme si t’accepte de signer l’contrat. J’te recontacte dans moins d’une semaine, si t’es pris. Une équipe va débarquer chez toi, caméraman, ingé du son, producteur… toute la clique. Va falloir que t’annonce à ta famille ou à tes proches, qui tu veux, que tu participes à l’émission. Comment tu vas vivre le fait d’avoir du monde sans cesse sur ton dos ? Et ta famille ? C’est ça qui m’intéresse. Dis moi qu’ils sont moins chiants que toi au moins ! »

Je ne fais pas mon âge. Je crois que c'est un compliment, alors je le prends bien. Très bien même. Si je pouvais ne pas faire mon âge toute ma vie, cela m'irait à merveille. « C’est pas moi le sujet. » Je hausse les épaules. Je m'en fiche. Elle pose des questions, je réponds aux questions. Si les réponses ne lui conviennent pas, ce n'est pas mon problème. J'ai été convoqué, si elle s'attendait à quelqu'un d'autre elle n'a qu'à me congédier. « Tu veux le poste de psychologue peut être ? T’as l’air calé, ca évitera peut être que les spectateurs s’emmerdent trop à écouter tes discours à la télévision. » « J'ai pas fait toutes ces études pour finir juste psychologue. » que je lance, amer. Et certainement pas psychologue pour de la télé-réalité. Même si ça doit être méga bien payé. De toute façon, je ne les terminerai probablement pas, mes études. « T’auras tout le loisir d’apprendre à connaitre ta future femme si t’accepte de signer l’contrat. J’te recontacte dans moins d’une semaine, si t’es pris. Une équipe va débarquer chez toi, caméraman, ingé du son, producteur… toute la clique. Va falloir que t’annonce à ta famille ou à tes proches, qui tu veux, que tu participes à l’émission. Comment tu vas vivre le fait d’avoir du monde sans cesse sur ton dos ? Et ta famille ? C’est ça qui m’intéresse. Dis moi qu’ils sont moins chiants que toi au moins ! » Je fais craquer mon index, un peu énervé, pas certain de pouvoir rester en place sur la chaise beaucoup plus longtemps. Elle me gonfle. Je crois que c'est son métier. « J'ai plus de contact avec ma famille. Je l'ai écrit dans le formulaire. » Qu'elle a dû avoir le temps de lire, normalement. Sauf s'ils m'ont pris parce qu'ils n'avaient vraiment personne, mais ça semble un peu étonnant. « Ils ont un meilleur sens de l'humour que moi, déjà, visiblement, les gens que je fréquente : c'est ma meilleure amie qui m'a inscrit. » Merci encore, Charlie, je te revaudrai ça. « J'aurai pas de problème avec le fait d'avoir des gens sur mon dos. » Je me complais dans la lumière.

Spoiler:

Est-ce que May a bien compris le sens de ce « juste » psychologue ? Est-ce que ce Léo qui se tien devant elle est à ce point condescendant ? Si jamais il était pris dans cette émission, elle manquerait pas à de dire à la production de mettre une belle connasse face à lui, qu’elle lui montre un peu qu’il peut bien faire le malin deux minutes, il tiendrait pas la route avec un fort caractère. Elle se demandait bien quel était son parcours à ce jeune homme pour avoir une estime de lui aussi haute placée. Toutefois, elle reste calme, elle se contente de gribouiller deux trois notes sur la feuille devant elle, même si elle risquait de ne pas oublier cet entretien-là. Elle se demandait encore ce qu’il pouvait bien faire dans ce genre de casting. Elle ne tarderait pas à avoir le fin mot de l’histoire.
Plus aucun contact avec sa famille, comme il le précisait, il l’avait écrit dans le questionnaire et il semblait évident pour lui que May ai retenu toutes les réponses par cœur. « C’est vraiment pas sympa d’ma part de te faire répéter les choses. » elle cligne des yeux, presque désolée pour lui de lui faire perdre son temps tien. « Ils ont un meilleur sens de l'humour que moi, déjà, visiblement, les gens que je fréquente : c'est ma meilleure amie qui m'a inscrit. » et bien voilà, pas inscrit de son plein gré, ce sera pas le premier ni le dernier. « J'aurai pas de problème avec le fait d'avoir des gens sur mon dos. » et puisque sa meilleure amie avait décidé de refourguer le merdeux à May, elle allait maintenant se faire un malin plaisir à inscrire en gros sur ses notes : OK. Ok pour l’émission, ok pour le casting, ok pour aller foutre la merde dans sa vie, ok pour faire plaisir à la bff de monsieur. « Le coup de la meilleure amie qui inscrit son pote à une émission, dis moi que tu participes pas à ça pour lui montrer qu’en réalité t’es fou d’elle et que tu veux la faire réagir pour qu’elle finisse par s’interposer entre toi et la mariée, folle de rage ? » et elle cligne encore des yeux la blonde, ce serait si beau ce scénario tien. «  La on part sur quelques chose d’intéressant, enfin un peu de potentiel. » qu’elle ironise May Glitters. « J’ai presque terminé avec toi, mais avant, tu vas te planter droit devant la caméra et tu vas mettre tout ton corps à me dire quels sont tes plus grands défauts et ce qu’une femme pourrait détester chez toi. »  Ça, c’est cadeau, c’est juste pour voir s’il se rend compte de l’image qu’il renvoie et s’il est capable de se trouver un tout petit défaut, juste un, un peu d'humilité.

« C’est vraiment pas sympa d’ma part de te faire répéter les choses. » Haha. Je la déteste tellement. Est-ce qu'elle est juste recruteuse ? Dites moi que je ne vais plus jamais la croiser de mon existence. Je veux un papier sur lequel il est écrit noir sur blanc qu'elle est la seule à être vraiment comme ça, ou qu'on me dise que tout ça fait déjà partie d'un scénario. J'ai rarement eu plus envie de jeter un table sur quelqu'un que sur la tête blonde qui se trouve en face de moi. « Le coup de la meilleure amie qui inscrit son pote à une émission, dis moi que tu participes pas à ça pour lui montrer qu’en réalité t’es fou d’elle et que tu veux la faire réagir pour qu’elle finisse par s’interposer entre toi et la mariée, folle de rage ? » Je lève les yeux au ciel. « La on part sur quelques chose d’intéressant, enfin un peu de potentiel. » « Oui, voilà, exactement. Créez l'idée qui vous fera plaisir, je suivrai. », je lance en soupirant. Good boy. Charlie sera la première à applaudir à ce mariage. Elle ne jettera pas des fleurs à la sortie de la mairie, non : elle jettera du popcorn. C'est un jeu, de toute façon, non ? Tout est dans le titre : 'télé-réalité'. Autrement dit, la réalité mise dans une jolie boî-boîte et des gens qui se font détester mais qui font de l'audience. Elle peut m'inventer la vie qu'elle veut. Ça me changera probablement un peu de d'habitude. J'aime bien le théâtre. « J’ai presque terminé avec toi, mais avant, tu vas te planter droit devant la caméra et tu vas mettre tout ton corps à me dire quels sont tes plus grands défauts et ce qu’une femme pourrait détester chez toi. » J'ai l'impression de me retrouver en entretien d'embauche. J'exécute les ordres, en garçon docile et obéissant. Avant de commencer, je marque un temps d'arrêt. « Femme ? Ça servait à quoi, du coup, de préciser son orientation sexuelle ? C'est juste de la curiosité ? » Ou alors, parce que j'ai juste précisé que j'aimais les gens en général, ils ont juste décidé que pour moi ça serait une femme. Mais je croyais qu'on était simplement dans une phase test. Je hausse les épaules, fixe la caméra. « J'ai besoin d'espace. Y'a pas moyen de me forcer à faire des trucs qui me contraignent à sortir de ce que j'étais en train de faire. Je suis vite gonflé des gens. » Et tu me gonfles, May Glitters. « Et j'ai aucune patience. C'est assez ? » J'arrive à court.

May n’appréciait pas du tout Léo et il lui rendait bien. Il ne mettait pas les formes, il n’était pas hypocrite, il était juste présent et remplissait sa tâche : répondre aux réponses de May sans donner plus d’intérêt à ce casting. Ce que la journée allait être longue si les prochains étaient comme lui. Alors pour donner un peu de piquant, May avait saisi le perche de la meilleure amie qui inscrit un mec paumé à une émission pour lui faire réaliser qu’en réalité, l’amour de sa vie était sous ses yeux depuis toujours. Digne d’une belle romance à l’eau de rose, nouveau téléfilm qui sortirait bientôt sur Netflix, prendre les bonnes recettes encore et toujours et en faire du neuf. Le jeune Ivywreath ne semblait pas accrocher à l’idée, sans doute blasée par cette proposition de May. Bien sûr qu’il l’était, il ne se rendait pas encore compte de l’évidence, son cœur était encore fermé et maintenant, la mission de May : l’ouvrir au grand public, retournement de situation aux yeux de tous. Le jeune Léo, paumé dans sa vie sentimentale, qui se lance dans une aventure de l’amour à l’aveugle et qui finalement, change d’avis pour retrouver celle qu’il aura toujours aimé. Si May avait eu envie de rayer le jeune homme de sa liste, maintenant qu’elle avait le scénario en tête, elle ne le virerait pour rien au monde. Elle en rêvait presque mais elle n’en avait pas totalement terminé avec lui. Une dernière question lui titillait le bout de la langue. « Femme ? Ça servait à quoi, du coup, de préciser son orientation sexuelle ? C'est juste de la curiosité ? » Elle lève les yeux, toujours aussi chiant, même avec la perspective d’un rebondissement dans l’émission. Elle se contente de le fixer, comprenant bien que homme ou femme, elle s’en foutait, le sens de la question ne changeait pas. « J'ai besoin d'espace. Y'a pas moyen de me forcer à faire des trucs qui me contraignent à sortir de ce que j'étais en train de faire. Je suis vite gonflé des gens. » étonnant dis donc. « Et j'ai aucune patience. C'est assez ? » largement assez. Elle rassemble ses feuilles devant elle et d’un geste rapide les fait claquer à la verticale sur la table. « On en a assez. » petit sourire forcé, jetant un œil vers la porte derrière, laissant Léo trouver de lui-même la sortie, bien qu’il s’était perdu dans les couloirs du bâtiment pour arriver jusque-là. Qu’il se perde en sortant n’était plus son problème à présent.


finito bello