Plus que trois et May avait fini sa journée. Il faisait pas encore nuit dehors mais ca ne saurait tarder. Elle espérait que les derniers candidats n’avaient pas perdu patience et qu’ils pointeraient le bout de leurs nez. Il restait Joey, Sixtine et Clara. Elle demanda à John d’aller chercher ce fameux Joey. Il était acteur et May avait fait quelques recherches sur lui, histoire de voir s’il avait percé ou s’il était en début de carrière car ça pouvait sans doute tout changer pour lui de participer à cette émission. Une mise en lumière importante et May devait savoir quelles étaient les réelles motivations de Joey en participant à cette émission : trouver l’amour ou trouver sa place dans le monde du showbiz et avoir un rôle. D’autant plus que ses réponses au questionnaire ont tendance à questionner à son tour May. Il semble ne pas avoir envie de s’investir dans une relation amoureuse puisqu’il est si bien célibataire et libre. « Tu peux aller chercher Joey s’il te plait ? Et ensuite, tu vas voir les deux dernières nanas pour leur dire de patienter encore un peu, j’fais au plus vite. » John s’exécute et semblerait lui aussi en avoir assez de courir dans tous les sens dès que May lui demandait. La porte s’ouvre et Joey entre dans la salle. « Installe toi. » elle lui désigne la chaise d’un regard. « Je suis May Glitters, responsable des castings. J’ai cherché ton nom sur le net, t’es acteur, y a pas grand-chose à ton sujet. » elle passera le genre de film sur lesquels elle a pu tombé. « J’vais pas passer par quatre chemins. Est-ce que le but pour toi, de participer à cette émission, c’est de te faire connaitre du grand public et trouver un rôle ? » May avait pas envie de perdre son temps à tourner autour du pot. « Tu peux être sincère, j’veux juste connaitre tes motivations. » elle lui jetterait pas la pierre si c’était vraiment le cas.

@Joey Lawson

Chemise à rayures oranges et blanches sur le dos, un jean noir troué aux genoux et sa fidèle paire de basket enfilées en dernier pour parfaire un style qu’il voulait négligé mais réfléchi Joey avait fait un dernier tour par la salle de bain histoire de vérifier une dernière fois qu’il n’avait pas de tâches de dentifrice – ou autre résidu blanc – mettant à mal son apparence. Emma n’avait même pas voulu l’entendre lorsqu’il avait crié haut et fort qu’il passait un casting pour une nouvelle télé-réalité, à vrai dire sa sœur ne l’écoutait vraiment jamais, préférant de loin dresser la liste de tout ce qui allait mal dans son attitude plutôt que de l’encourager quand quelque chose de positif se déroulait dans sa vie. Elle avait levé les yeux au ciel entre deux gorgées de café avant de désigner le salon du menton et l’était minable dans lequel Joey l’avait mis la veille soir, bien trop excité pour dormir il avait préféré commander une pizza et se mater un film plutôt que d’essayer de trouver le sommeil, foutant alors un bordel monstre à base de cartons trainant sur la table basse et de bouteilles de bières à moitié entamées entre les coussins du canapé. Elle n’était jamais contente et toujours mal baisée, ça rendait les choses plus compliqués pour Lawson junior qui, lui, était heureux et bien baisé. L’alarme de son téléphone se déclencha dans une sonnerie tonitruante faisant échapper un hoquet de surprise au blond qui avait passé bien trop de temps à se reluquer dans le miroir. Une veste sur les épaules et quelques dollars dans les poches qu’il avait tiré de la planque secrète « au cas où j’ai envie de me payer un gigolo » de sa chère et tendre sœur Joey avait dévalé les marches quatre à quatre pour se rendre à l’arrêt de bus le plus proche, son carnet à dessin dans la poche intérieur de sa veste. Sans même accorder un mot au chauffeur de bus dont le visage fatigué allait de pair avec l’état pathétique des sièges Joey avait pris place dans le fond, bien installé à l’arrière il avait une vue sur tout le compartiment et pouvait donc dessiner en paix sans que personne ne vienne le faire chier. Une vieille dame coquette accompagnée d’un petit chien tout maigre qui grelotait entre ses bras ferait parfaitement l’affaire pour une partie du carnet qu’il avait intitulé « les vieux me dégoute », et le trajet lui parut plus court alors qu’il s’amusait à rajouter des mitaines à se pauvre petit chien frileux. Le bâtiment où se déroulait le casting était ordinaire, un brin délavé, et alors qu’il entrait à l’intérieur pour se présenter le blond senti le doute s’installer dans son esprit. Il s’était toujours refusé à croire que la télé-réalité avait des bons côtés, et les préjugés sur les participants n’aidaient aucunement le Lawson qui – malgré son manque total de self-estime – ne voulait pas non plus devenir la risée d’une génération Y accro à ce genre de programmes. Inspirant une grande bouffée d’air le blond avait empoigné le montant de la porte pour l’ouvrir afin de se glisser à l’intérieur du bâtiment et de se présenter à l’accueil où une jeune femme mâchant un chewing-gum l’avait regardé de la tête aux pieds. « C’est pourquoi ? » Ouais, elle avait l’air aussi à l’aise dans son métier que Joey dans une école catho. « Joey Lawson, je suis ici pour un casting. » Et dieu qu’il avait l’habitude de dire cette phrase si bien que le ton de sa voix n’avait pas bougé d’un millimètre, faisant alors croire qu’il était déjà blasé avant même de voir cette fameuse May Glitters. Avec un nom comme le sien on faisait des merveilles dans l’industrie du porno. D’un geste de la main la réceptionniste avait indiqué un couloir et, au bout de ce couloir, une porte derrière laquelle se trouvait la salle d’attente où plusieurs personnes attendaient déjà. Heureusement pour lui qu’il avait une passion pour la moquerie silencieuse, il pouvait alors juger les gens mentalement et ne pas s’ennuyer une seule seconde alors que les noms étaient appelés les uns à la suite des autres. Pas franchement de concurrence cette saison, mais l’esprit du blond était plus focalisé sur la personne qu’on pouvait lui choisir que sur les habitudes vestimentaires abstraites de certains concurrents. Si il réussissait à franchir les premières étapes et à se faire sa place dans l’émission Joey finirai marier. Le mot lui resta en travers de la gorge alors qu’il scrutait d’un œil la pendule en face de lui. Joey Lawson, marié à autre chose qu’à sa liberté. Ses parents penseraient sûrement à une blague, délaissant l’information pour aller fumer le calumet de la paix tout en parlant aux oiseaux, Ariane s’esclafferait avant de lui taper sur l’épaule en lui disant d’arrêter ses conneries, quant à Emma … bon il n’en avait pas grand-chose à foutre des commentaires de sa sœur mais il faudrait au moins la mettre au courant, histoire qu’elle fasse le ménage avant que Joey ne ramène l’élu(e) chez elle. « Joey ? C’est à toi. » Une voix masculine le tira de ses pensées alors qu’il haussait un sourire sur ses lèvres histoire de paraître poli et bien élevé. En entrant dans la pièce simplement équipée d’un bureau derrière lequel se trouvait la directrice de casting Joey avait hésité une dernière fois à tourner les talons et à disparaître sans ne laisser rien de plus qu’une fumée blanche comme dans les dessins animés. « Installe-toi. » Elle était directive et il adorait qu’on lui donne des ordres, ça ferait donc l’affaire. Le blond avait tiré la chaise de sous le bureau, toujours en souriant comme un idiot, et y avait déposé son précieux postérieur. « Je suis May Glitters, responsable des castings. J’ai cherché ton nom sur le net, t’es acteur, y’a pas grand-chose à ton sujet. » Arquant un sourcil avant de joindre ses mains entre elles et de les placer sur son genou croisé Joey avait pincé les lèvres, toujours aussi piqué au vif quand on lui disait qu’il était insignifiant. « C’est que vous n’avez pas cherché sur les bons sites alors. Je peux vous en donner plein, des pages web qui parlent de moi. » C’était surtout des commentaires sur PornHub mais au moins on parlait de lui. « J’vais pas passer par quatre chemins. Est-ce que le but pour toi, de participer à cette émission, c’est de te faire connaître du grand public et trouver un rôle ? » Touché. En même temps il avait été plutôt clair en remplissant le formulaire de pré-sélection, précisant à chaque question qu’il était très à l’aise avec sa liberté et que l’idée du couple moderne avec deux enfants, un chien et une maison de campagne le faisait vomir. « Tu peux être sincère, j’veux juste connaître tes motivations. » Elle semblait ne pas lui vouloir de mal cette May Glitters, et le blond avait même de la sympathie pour elle tant elle avait ce côté « donneuse d’ordre » qui l’excitait un peu, beaucoup même. Joey s’était penché sur la table pour lui faire face, humectant ses lèvres parce que ça marchait toujours dans les films. « Pour être honnête je pense être votre atout ‘fouteur de merde’. » En plus d’être l’atout sexy, ça allait de soi. « C’est pas que je crois pas aux retombées de votre émission, et j’adorai vraiment découvrir une autre facette de ma personnalité un peu plus sensible … Mais soyons francs, avec ma belle gueule et mon côté un peu à l’ouest je vais vous attirer de l’audimat. » C’est qu’il avait déjà regardé ce genre de programme et, à chaque fois, il y avait un candidat que l’on adorait détester, il comptait bien être ce gars-là. « Mais c’est sûr que j’aimerai bien trouver une personne avec qui je m’entends bien ici, ça me changera de tous ces cons dans les bars. » Il s’était replié sur la chaise, impatient de connaître les pensées de cette directrice de casting qui, malgré tout, semblait être différente des autres.

L’attitude non calante du candidat traduisait peut être une confiance en lui surestimée mais pour autant, elle ne le mettrait pas dans la même catégorie que cet Auden qu’elle avait croisé plus tôt dans la journée. A cause de lui d’ailleurs, elle avait déjà fumé plus de cigarettes qu’elle ne s’autorisait en temps normal mais, cas de force majeur, il fallait bien évacuer toute cette haine qu’il avait réussi à lui faire ressentir. Elle sentait Joey sur de lui et pour autant, il avait un capital sympathie ou alors c’était peut-être aussi de la pitié que la blonde pouvait ressentir. Elle avait du mal à se décider, d’autant plus qu’elle semblait l’avoir piqué à vif en lui indiquant que les sources étaient peu nombreuses à son sujet sur le net ou peu glorieuses. Oui, May Glitters jugeait les acteurs de films pornos, d’autant plus lorsque ceux-ci semblaient jouer dans des films presque amateurs. « C’est que vous n’avez pas cherché sur les bons sites alors. Je peux vous en donner plein, des pages web qui parlent de moi. » Le sourire de Glitters s’étira sur son visage et elle secoua la tête de la négative, merci mais non merci. « Ca ira, je tends à garder un minimum de distance avec les candidats que j’vois, à partir du moment où je peux les voir à poil, ca m’pose un cas de conscience professionnelle. » spotted Joey, maintenant qu’il savait qu’elle savait quel genre d’acteur il était, il y avait plus de secret pour personne. Ce qu’elle veut à présent May, c’est savoir s’il est là pour se marier ou pour se faire de la pub. « Pour être honnête je pense être votre atout ‘fouteur de merde’. » ironie du sort, encore un, un de plus. Elle allait l’interrompre mais il poursuivit. « C’est pas que je crois pas aux retombées de votre émission, et j’adorai vraiment découvrir une autre facette de ma personnalité un peu plus sensible … Mais soyons francs, avec ma belle gueule et mon côté un peu à l’ouest je vais vous attirer de l’audimat. » okay, c’était un autre genre de fouteur de merde dont il parlait et s’il était vraiment à l’ouest, dans ce cas, il serait plutôt dans une autre catégorie. « Je vois l’genre. Les mecs à l’ouest avec leurs belles gueules, on les catégorise par en fouteur de merde. Les gens vont trouver ça mignon, drôle malgré toi et attachant. » pas forcément l’image qu’il attendait qu’on ai de lui. « Mais c’est sûr que j’aimerai bien trouver une personne avec qui je m’entends bien ici, ça me changera de tous ces cons dans les bars. » au tour de May de se pencher sur ce bureau alors qu’il se recule au fond de sa chaise. A sa manière, elle humecta ses lèvres pour lui renvoyer l’image qu’il lui avait offert. Elle posa ses coudes sur la table et croisa ses mains. « Ce serait quoi, le genre de nana avec qui tu pourrais bien t’entendre ? Et j’te demande pas de me décrire… » elle lui lança un clin d’œil en retombant au font de sa chaise. « Les caméras s’il vous plait. » qu’elle lance en se retournant vers le caméraman derrière eux. « L’entretien est filmé, ca m’permet de revenir dessus en image ensuite et de voir si tu passes bien à l’écran. Autrement qu’en étant à poil. » puisqu’elle s’attendait à ce qu’il lui renvoie qu’il était déjà acteur. « Comment tu vois ta carrière après l’émission ? »

Ok, il ne fallait apparemment pas faire le malin avec la directrice de casting parce que Joey ressentait une légère envie de meurtre dans les yeux de la femme à mesure qu’il enchaînait conneries sur conneries simplement dans l’espoir de faire sourire May Glitters (encore une fois, carrière dans le porno toute tracée). Il fallait montrer une facette plus sensible que celle qu’il avait décrite dans son questionnaire afin de se voir offrir une chance de participé à cette émission qui pourrait faire décoller sa carrière comme l’anéantir complètement (lui, pas sa carrière). Les souvenirs étaient bien trop flous pour que Lawson arrive à les récupérer, ce dont il était sûr était le fait que ce questionnaire avait été rempli d’une main tremblante sous les effets de l’alcool, ou bien peut-être la marijeanne qu’il s’était acheté avec l’argent de sa sœur. Mais la réalité était pourtant bien différente. Joey avait envie de se laisser tenter parce quelque chose d’autre que les coups vite faits dans les bars et les soirées. Dieu qu’il détestait l’idée d’être attaché à quelqu’un d’autre que ça petite personne, pourtant il fallait voir la vérité en face, le blond prenait de l’âge et sa renommée était descendue en flèche après son seul et unique film. Il était hors de question pour le Lawson de glisser à nouveau dans les messages privés de son ancien réalisateur, un vieux pervers au regard lubrique qui lui avait demandé plus d’une fois d’écarter les fesses sensuellement, et même si Joey n’était pas du genre à refuser une proposition de la sorte il n’en avait pas moins été dégoûté de constater que le cinéaste s’était léché les lèvres plus d’une fois. Au moins la directrice de casting avait entendu parler  de lui et ça, déjà, ça lui rendait la tâche plus simple pour essayer de la convaincre de lui laisser sa chance, même si elle semblait ne pas avoir cherché au bon endroit pour se faire une véritable idée sur l’étendue des talents du jeune Lawson. « Ça ira, je tends à garder un minimum de distance avec les candidats que j’vois, à partir du moment où je peux les voir à poil, ça m’pose un cas de conscience professionnelle. » Cette idée de la conscience professionnelle Joey en avait déjà entendu parler sans pour autant la comprendre, préférant de loin faire ce dont il avait envie plutôt que de se fixer des limites pour épargner sa carrière qui pouvait décoller à tout moment (tousse tousse). On le connaîtrait pour ses méfaits plutôt que pour ses bonnes actions, comme on se souvient mieux d’Hilter que des héros de la guerre (point Godwin). « Vous ratez quelque chose, je suis très bien membré. » Ok, pas forcément ce qu’elle avait d’entendre mais il aurait au moins le mérite d’essayer de détendre une atmosphère devenue bien pesante. Se pinçant les lèvres pour éviter de se faire virer à coups de pieds dans le cul par l’assistant maigrichon quoiqu’attachant de la directrice de casting, Joey avait poursuit sur sa lancée en expliquant qu’il comptait sur son émission pour se faire voir mais aussi pour découvrir une autre facette de sa personnalité sans doute plus sensible (et on pouvait entendre le rire gras d’Emma s’élevait la pièce). « Je vois l’genre. Les mecs à l’ouest avec leurs belles gueules, on les catégorise par en fouteur de merde. Les gens vont trouver ça mignon, drôle malgré toi et attachant. » BINGO ! Qu’on amène tout de suite une encyclopédie en quatre volumes sur la faune marine pour la gentille dame qui vient de soumettre la bonne réponse ! Se reculant sur sa chaise, les mains jointes entre elle comme un prédicateur de bas étage, Joey avait répondu par un sourire charmeur. May s’approcha de lui en imitant la position qu’il venait de prendre, les coudes sur la table, s’humectant les lèvres dans un geste qui rendait fou le blond. « Ce serait quoi, le genre de nana avec qui tu pourrais bien t’entendre ? Et j’te demande pas de me décrire… » Son physique ? Le pays merveilleux entre ses jambes que Joey préférait rasé et délicat ? Le blond profita d’un moment de battement pour lancer un regard à la caméra que le caméraman venait de lancer. « L’entretien est filmé, ça me permet de revenir dessus en image ensuite et de voir si tu passes bien à l’écran. Autrement qu’en étant à poil. » Wink wink. Joey avait haussé un sourire sur ses lèvres en même temps que ses épaules, signe qu’il n’en avait absolument rien à faire et que – au contraire – cette situation lui plaisait. « Comment tu vois ta carrière après l’émission ? » La jambe battant dans le vide le blond s’était redressé sur la chaise pour attaquer le vif du sujet. « A vrai dire je crois pas que ma carrière va décoller d’ici là … autant être honnête vous avez vu mon film. »  Joey avait beau être un enfant doté d’un âge mental ne dépassant pas la longueur de son attribut, il était pourtant assez perspicace pour comprendre que jamais personne ne l’avait rappelé après des castings et qu’il devait constamment vivre aux crochets des autres. « Alors oui, peut-être que je cherche à me faire voir un peu … peut-être aussi que j’aime qu’on me remarque. » Il avait un constant besoin d’être entouré, ne supportant pas le silence assassin et préférant même une soirée où il en prenait plein la gueule plutôt que de se retrouver seul avec ses pensées. « Mais si votre émission peut m’aider à rencontrer quelqu’un qui saura me montrer qu’il y a plus dans la vie que les soirées et les likes sur instagram, alors je suis prêt à faire des efforts et à laisser une porte ouverte … au bonheur. » Clin d’œil appuyé vers la caméra, rideau, applaudissements.      

« Vous ratez quelque chose, je suis très bien membré. » May se demandait si elle était là pour le casting d’un nouveau porno qui finira dans un sex shop miteux, gravé sur un CD avec une couverture imprimée sur place en mauvaise qualité ou si elle était là pour l’émission Mariés au Premier Regard, émission pour laquelle on l’avait missionnée à trouver les candidats parfaits. En tout cas, avec une humour aussi graveleux, May comprenait pourquoi Joey Lawson était encore inconnu de tous, ou du moins, ceux qui n’étaient pas accro aux pornos pixélisés ou brouillés faute de moyens. « A vrai dire je crois pas que ma carrière va décoller d’ici là … autant être honnête vous avez vu mon film. » Voilà un avis que May Glitters pouvait partager avec le jeune Lawson. C’était sans doute la chose la moins insensée qu’il avait dit depuis qu’il avait mis les pieds dans cette salle. « C’est bien d’être lucide. » sans vouloir briser le moindre rêve de carrière. Mais cette révélation voulait dire que l’acteur prenait peut être cette émission plus au serieux qu’elle ne l’aurait pensé. Son but était-il réellement de trouver l’amour alors qu’il était écrit noir sur blanc sur la feuille qu’elle avait sous les yeux que les « relation on baise que les samedis soir devant la télévision, ca me donne envie de vomir. » et qu’il se porte très bien en étant célibataire. Un mode de vie qui semble lui convenir ainsi et du coup, ce revirement de situation semble être surprenant. « Alors oui, peut-être que je cherche à me faire voir un peu … peut-être aussi que j’aime qu’on me remarque. » « T’auras ton heure de gloire, quelques interviews qui seront publiées dans les magasines et programme télé, quelques sites de pseudo people, une story sur snapchat pour PureBreak ou Melty. L’émission est une première en Australie, on sait pas bien l’impact qu’elle aura, mais dans d’autres pays, c’est plutôt bien suivi. On mise sur les mêmes stats.» et tout se jouait au premier épisode diffusé : celui qui déterminera la programmation des suivants. Si ca marche, la chaine le laisse en prime time, si ca fait un flop, ce sera surement diffusé en deuxième partie de soirée et les audiences seront en chute libre. Et alors, peu de chance pour que les interview et les articles se retrouvent sur tous les médias cités. « Mais si votre émission peut m’aider à rencontrer quelqu’un qui saura me montrer qu’il y a plus dans la vie que les soirées et les likes sur instagram, alors je suis prêt à faire des efforts et à laisser une porte ouverte … au bonheur. » Le sourire de May s’étire en voyant le clin d’œil visé vers la caméra et ce cinéma qu’elle aurait presque pu croire. « Excellent jeu d’acteur, t’as pris des cours ? » qu’elle pique, amusée toute fois. « T’as une gueule Joey. J’sais pas bien dire si t’as mignon, si t’es juste charismatique, ou si y a un truc qui m’dérange. » Il sera pas LE beau gosse de l’émission mais effectivement, il sera sans doute celui qu’on affectionne, celui pour lequel on peut s’identifier, le mec ordinaire, comme tout l’monde et qui file pas des complexes. « J’te demande pas comment tu t’sens face à une caméra. Ca m’semble suffisamment clair pour quelqu’un qui sait s’fouttre à poil sans complexe. » elle balaie les feuilles qu’elle a devant elle pour les mettre sur le côté du bureau. « Comment tu réagis si celle qu’on aura choisi pour toi, refuse de se marier avec toi, seulement après avoir croisé ton regard à la mairie ? »

C'était la dernière étape avant de savoir si ou non il avait ce qu'il fallait pour rentrer dans cette émission et enfin se faire un nom quelque part. Joey se foutait bien de savoir si il ferait sensation auprès des adolescentes ou bien des couguars, du moment qu'on parle de lui. Mais avant de devenir le nouveau fantasme de Christine qui n'a pas touché d'homme depuis cinq ans il fallait impressionner la directrice de casting qui ne manquait pas une occasion de lui foutre sa pauvre carrière dans la gueule. Au moins il était conscient de ne pas être le prochain Timothée Chalamet, mais il y avait quand même un brin de lumière pour lui tant il réussirait à faire rire les téléspectateurs par sa conneries et son manque d'intelligence certain. « C’est bien d’être lucide. » Avait-il vraiment un autre choix que celui d'être lucide ? Le Lawson avait beau avoir une belle gueule et une certaine verve il n'en restait pas moins un thon dans un océan de beaux espadons qu'était la ville de Brisbane. Des mecs plus beaux que lui on en croise à tous les coins de rues, le blond le savait très bien mais continuait d'apporter une extrême attention à son apparence pour ne pas devenir ceux qu'on oublie. « Ecoutez, je sais que je ne suis pas un très grand acteur et que le porno c'est par une porte d'entrée très reconnu ... mais comme vous le dites, au moins je suis honnête avec vous. » Il l'avait même peut-être trop été sur le questionnaire, mais au moins il n'avait pas été jeté dans la poubelle et May Glitters lui donnait une chance de faire son trou dans cette émission. A vrai dire Joey avait plus besoin d'être aimé que d'être reconnu. On l'invitait aux soirées mais à chaque fois qu'il passait le pas de la porte en pouvait entendre "oh non pas lui" qu'il faisait semblant d'ignorer avant de jeter son dévolu sur la première bière ou le premier joint. « T’auras ton heure de gloire, quelques interviews qui seront publiées dans les magasines et programme télé, quelques sites de pseudo people, une story sur snapchat pour PureBreak ou Melty. L’émission est une première en Australie, on sait pas bien l’impact qu’elle aura, mais dans d’autres pays, c’est plutôt bien suivi. On mise sur les mêmes stats. » Joignant ses mains entre elles avant de faire basculer sa chaise Joey avait répondu la phrase de la directrice par un sourire conquis. Oh qu'il allait aimé être la coqueluche des réseaux, la vedette de bas étages qui fait de la pub pour des compléments alimentaires afin de ne pas perdre ses followers. Il serait très doué dans l’exercice, n'hésitant pas à dévoiler des abdominaux huilés pour attirer le regard des jeunes. « Tout ce que vous voulez oui... Si jamais, n'hésitez pas à mettre sur la liste pour des soirées privées avec des producteurs ... J'adore les bureaux. » Le blond avait adressé un large sourire à la femme avant de se rendre compte qu'il était maintenant filmé. Il adorait la caméra, elle lui rendait bien. « Excellent jeu d’acteur, t’as pris des cours ? » C'était de la moquerie mais Joey se fichait bien de savoir si May le portait dans son coeur ou non, tout ce qu'il voulait c'était se montrer sous son meilleur jour pour espérer décrocher une place dans son émission sans avoir à sucer l'assistant, quoique...  « Moi ? Je sais à peine écrire mon prénom. » Autant jouer la carte de l'idiot jusqu'au bout, ça lui apporterait peut-être de la pitié de la part de May. « T’as une gueule Joey. J’sais pas bien dire si t'es mignon, si t’es juste charismatique, ou si y a un truc qui m’dérange. J’te demande pas comment tu t’sens face à une caméra. Ca m’semble suffisamment clair pour quelqu’un qui sait s’fouttre à poil sans complexe. » Ouvrant les bras devant lui pour appuyer sur les paroles de la directrice de casting Joey avait haussé un sourire sur ses lèvres. « Vous m'avez résumé à la perfection. Mignon, charismatique, mais creepy. C'est la moustache, ça fais tout. » Joey avait passé deux doigts sur la montagne de poils surmontant sa lèvre, son atout charme. « Comment tu réagis si celle qu’on aura choisi pour toi, refuse de se marier avec toi, seulement après avoir croisé ton regard à la mairie ? » Oula. Il n'avait jamais étudier l'opportunité que la personne en face refuse de se marier avec lui. Le sourire de Joey avait disparu pour laisser place à un froncement de sourcil appuyé. « A vrai dire je sais pas trop...  Je pense que ça me fera bizarre mais j'ai envie de dire que ça sera sa décision ... J'ai jamais forcé personne à être avec moi. » C'était même l'un de point phare dans son comportement de petit con, Joey n'avait jamais rien fait sans le consentement de la personne en face.

Forcément, en participant à une émission, quelle qu’elle soit, les candidats avaient droit à leurs moments de gloire et ce serait hypocrite de dire que ce n’est pas ce qu’ils recherchent dans un sens : attirer l’œil. Que ce soit du grand public, des femmes, des hommes ou de sa propre mère, à un moment donne, on ne se donne pas en public juste pour l’expérience. Joey était clair en effet, lui voulait se faire remarquer et pourquoi pas attirer un producteur, un réalisateur, ce serait du pain béni pour lui et à moins de faire un vrai faux pas, d’être le pire connard du monde (mais May Glitters réservait ce rôle-là à Auden voire ce merdeux de Léo) il n’avait aucune raison d’avoir une place au placard aussitôt l’émission terminée. May le sentait, Joey n’était pas de ceux qui risquaient de se faire lyncher sur la place publique. « Tout ce que vous voulez oui... Si jamais, n'hésitez pas à mettre sur la liste pour des soirées privées avec des producteurs ... J'adore les bureaux. » May Glitters pouvait bien se moquer de Joey, finalement, elle le trouvait assez attachant et drôle malgré lui sans doute. « Une suite au Ritz ? » fallait pas trop en demander à la jeune femme qui elle-même ne pouvait pas mettre son nom sur ces fichues listes de soirée privées. Si elle peut rentrer en boite gratuitement, c’est déjà bien, si elle peut avoir quelques verres gratuitement aussi, c’est encore mieux, mais ça va s’arrêter là. C’est rare, les fois où d’anciens candidats qui percent l’invitent aussi même si elle a gardé contact avec eux. Au mieux, elle fait des vernissages d’expositions qui ne l’intéressent pas. Au pire, elle est invitée dans un bar où les trois quarts des clients sont des hommes qui viennent pour jouer au tiercé et ont oublié que la loi d’interdiction de fumer dans les lieux publics avait été votée il y a quelques années.
« Vous m'avez résumé à la perfection. Mignon, charismatique, mais creepy. C'est la moustache, ça fais tout. » et elle reste quelques instants bloquée sur cette moustache, qui en effet, mériterait d’être rasée à tout jamais. « A vrai dire je sais pas trop... Je pense que ça me fera bizarre mais j'ai envie de dire que ça sera sa décision ... J'ai jamais forcé personne à être avec moi. » Elle hoche la tête, encore heureux qu’il allait pas imposer ce mariage à cette nana qui serait en face de lui. « J’veux dire, si l’émission marche, ca va être vu par des millions de personnes. Un vent ca fait jamais du bien, mais un vent public aussi dur… » elle grimace, elle voudrait pas être à cette place. « Il y a deux réactions possibles de l’audimat : soit le lynchage, et tu risque de devenir la risée de l’émission, soit les gens te prendront en pitié, et là ca peut être jackpot. En réalité, tout ça, ça dépendra de toi. » mais il le savait sans doute déjà et May savait qu’il allait se mettre les spectateurs dans la poche, y a peu de chance que la première option se passe. « Une dernière question pour toi et j’te libère : La chose que tu refuserais de faire pour le succès ? »

Le blond s’imaginait déjà une vie en dehors de l’appartement de sa sœur qui prenait un temps fou dans la salle de bain tous les matins alors qu’il n’y avait pas grand-chose à faire pour rattraper le désastre de son visage constamment fermé au bonheur. Un quotidien où lui et l’élue de son cœur pourrait passer des journées à ne rien faire d’autre que de fumer des joints dans un canapé, ou lit, ou un tapis. Peu importe. Mais au-delà de ce rêve de ne plus être tout le temps seul Joey ne pouvait pas cacher à la directrice de casting l’intention qu’il avait de faire quelque chose de son nom. Passer par une émission de télé-réalité ou par le porno revenait au même, on enlevait les vêtements pour se faire bien voir, le tout avec un sourire idiot sur les lèvres.  Même si le blond n’avait jamais envisagé une carrière comme star des réseaux sociaux il était prêt à tout pour que quelqu’un lui donne enfin sa chance. Chance d’être connu, d’être aimé, de ne plus avoir à supporter le poids d’une vie de pauvreté, quitte à employer sa langue autrement que pour écrire des poèmes. May semblait l’avoir cerné de A à Z et ça faisait plaisir au Lawson qui voyait la porte de l’émission s’ouvrir de plus en plus devant lui. Que ce soit la pitié qu’elle avait envers lui ou cette envie malsaine de savoir jusqu’où il était prêt à aller pour un tout petit peu de gloire, le résultat restait le même. Joey avait réussi à attiser la curiosité de la blonde, assez du moins pour qu’elle décide de faire tourner la caméra. En un seul clin d’œil bien placé, le genre qui donne des montées de l’air aux mères de famille, Lawson avait étalé toute la panoplie de ses maigres talents, en espérant que ça soit assez pour lui faire intégrer l’émission. Et si la question douloureuse d’un potentiel refus à l’autel lui avait tiré un soupire lourd Joey avait pourtant confirmé qu’il ne serait pas du genre à prendre la mouche pour autant, préférant la vérité au mensonge quitte à être la risée du web pendant un moment. « J’veux dire, si l’émission marche, ça va être vu par des millions de personnes. Un vent ça fait jamais du bien, mais un vent public aussi dur… » Oh, elle était soucieuse de sa petite fierté. Il en aurai presque pleuré le blond, bien qu’il comprenais les inquiétudes de la directrice de casting. « Oh vous savez, j’ai une sœur qui prend beaucoup de plaisir me foutre la honte en public… » Mettre Emma sur le tapis n’était pas forcément une très bonne idée, elle qui évitait le plus possible les contacts avec son frère pour ne pas céder à la tentation de lui arracher les dents avec une pince. « Il y a deux réactions possibles de l’audimat : soit le lynchage, et tu risques de devenir la risée de l’émission, soit les gens te prendront en pitié, et là ça peut être le jackpot. En réalité, tout ça, ça dépendra de toi. » Le blond avait simplement haussé les épaules, et même si il aurait beaucoup de mal à devenir celui qu’on pointait du doigt autrement que pour le couvrir de compliments, il était prêt à tous les sacrifices pour se sentir au moins un peu vivant. « J’arrive toujours à tirer du bon des mauvaises expériences, ça fait partie de mes nombreuses qualités. » Un sourire en coin et sa langue qui traîne contre les poils de sa moustache et Joey n’avait plus aucuns atouts dans sa botte pour prouver à May qu’elle avait raison de lui faire intégrer l’émission. « Une dernière question pour toi et j’te libère : la chose que tu refuserais de faire pour le succès ? » Voyons voir : mettre en avant sa famille déviante, se retrouver dans une ferme avec pour seule indication celle de tester la zoophilie pour le plaisir des téléspectateurs, se faire arracher les ongles à la pince …  « Tuer ? Je ne suis pas très à l’aise avec le sang et ça tâche beaucoup trop rapidement. » Bonjour la pince, adieu le peu de fierté qu’il possédait encore.       

May le mettait en garde, il venait clairement pour redorer son image, se faire connaitre d’un public plus large que celui ciblé par les films médiocre dans lesquels il avait joué. Il allait devoir se préparer autant à être bien accueilli que le contraire. Autant dire que Joey allait devoir jouer de ses talents d’acteur – s’il en avait réellement – devant la caméra au même titre que dans ses films, parce que cette émission n’avait de réalité que le genre dans lequel elle pouvait se ranger. Non, ce n’était pas la réalité de se rendre à la mairie et être prêt à se marier sans savoir comment pourrait être notre futur partenaire : physiquement ou psychologiquement, culturellement, mentalement, dans son quotidien, ses habitudes de vies, ses qualités et ses défauts, sans avoir pris la peine de le scanner sous tous les angles pour être certain ou presque d’une compatibilité. May se disait qu’absolument tous les candidats à cette émission était perdu dans un sens, à la recherche de quelques choses, avec tous des buts différents mais finalement, tous avaient un manque quelques part. « Oh vous savez, j’ai une sœur qui prend beaucoup de plaisir me foutre la honte en public… » Bonne nouvelle pour l’audimat. « Je compte sur toi pour emmener l’équipe tourner avec elle quand tu lui annonceras pour le mariage. » une petite doléance personnelle de May Glitters, une faveur contre sa participation à l’émission qu’elle venait de lui confirmer à demi-mot. « J’arrive toujours à tirer du bon des mauvaises expériences, ça fait partie de mes nombreuses qualités. » avec un parcours assez chaotique comme le sien, elle se doutait bien que pour être en face d’elle et avoir un minimum de dignité, le Lawson savait retomber sur ses pattes. Elle serait alors curieuse de le voir en action sur son écran. Et lorsqu’elle lui pose une dernière et ultime question, sa réponse en disant long finalement, sur le jeune homme. Sa limite serait de donner la mort à quelqu’un, autrement dit, il pourrait être prêt à tout pour arriver à ses fins. « Alors rassures-toi, tu n’auras pas besoin d’aller jusque là. » elle se leva, signal que l’entrevue était terminée et elle pris la peine de le raccompagner jusqu’à la porte. « On te recontacte rapidement Joey. Merci pour le temps accordé, en attendant, j’te conseillerai de raser la moustache, c’est pas agréable pour embrasser la mariée. »



terminé