“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Ces dernières semaines, je me sens bien. J’avais presque oublié cette sensation de bien-être. Comme quoi il ne faut pas grand-chose pour tout changer. Il m’a suffi d’avoir une conversation sérieuse avec Alex pendant laquelle on a tous les deux vidés nos sacs. Apparemment quand on communique vraiment les choses s’arrangent plus facilement. Bon ça en soit, je n’en ai jamais vraiment douté mais c’est juste que moi, je ne suis pas la personne la plus douée au monde pour parler. Je préfère écouter et conseiller les gens. Parler ce n’est vraiment pas mon truc, moi je suis plus du genre à garder toutes mes émotions et tous mes sentiments pour moi. Pourtant je sais très bien que ce n’est pas la meilleure des choses à faire. Quand j’ai vu Romy il y a quelques mois, j’ai dû prendre sur moi et lui parler à cœur ouvert de tout ce que je ressentais. Certes, je me suis rendu compte que ça m’avait fait un bien fou, mais j’avais aussi détesté me montrer si vulnérable face à elle. De toute façon c’est pas comme si c’était la première fois qu’elle me voyait dans cet état. Elle m’a même déjà vu dans une position bien plus catastrophique que ça. Mais au moins cette soirée m’a en plus permis de découvrir les talents de peinture d’une de ses amies. Ce tableau avait eu le mérite de me faire rire. Et c’est d’ailleurs toujours avec Romy que j’ai passé une partie de la journée dans le parc d’attractions de Brisbane. Ils font des festivités particulières pour Halloween alors elle n’a pas eu à beaucoup insister pour que j’accepte de passer la journée avec elle. De toute façon lui dire non c’est vraiment pas possible, comme je l’ai dit à ma sœur il n’y a pas si longtemps que ça ; Romy c’est le membre de notre famille la plus adorable. On ne peut rien lui refuser. « Bon, par contre les attractions à sensation c’est tout pour moi. J’ai pas envie d’être malade. » Je lui dis d’un ton amusé. Je suis souriant, mais ça c’est en grande partie parce que je me sens enfin heureux pour la première fois depuis le décès de LV. Je me sens bien. Parce que je sais qu’après cette journée je vais retrouver Alex chez elle, mais aussi parce que je passe une bonne journée et que pour une fois si Romy et moi nous nous voyons ce n’est pas parce que l’un de nous est déprimé. Même si je dois bien vous avouer que la voir devant Bridget Jones avec un masque vert collé au visage m’avait vraiment amusé la dernière fois. Elle avait réussi à me faire rire, elle et son masque au visage et cette peinture accrochée fièrement dans sa chambre. Romy a beau être plus jeune que moi elle a tout de même toujours su comment prendre soin de moi et m’aider quand j’en ai eu besoin et pour ça, je ne peux que la remercier.
Je sors le plan du parc à la recherche de notre prochaine attraction et mon attention se porte sur le train fantôme. Il commence à faire noir et on est encore dans l’ambiance d’Halloween alors je pense que c’est le moment idéal pour tester cette attraction. En espérant qu’il n’y ait pas trop de monde, parce que j’ai assez peu de patience pour ce genre de choses. « Le train fantôme ça te tente ou t’es trop une froussarde pour ça ? » C’est sérieusement moi qui lui dit ça ? Je suis sûr qu’en cas d’apocalypse de zombies ou d’invasion des extra-terrestres sur la terre elle serait bien plus douée et plus courageuse que moi. De toute façon en règle générale ces trucs-là ne font pas vraiment peur, non ? En fait il s’agit du genre d’attraction que je n’ai pas faite depuis tellement de temps que j’en ai pas le moindre souvenir. Je lui pose la question mais au final je n’attends même pas vraiment la réponse pace que je me dirige vers cette attraction qui n’indique que dix minutes d’attente. Je pense qu’on a de la chance, ou bien le compteur nous ment et on va devoir attendre bien plus que dix minutes. On se glisse alors dans la file d’attente et c’est derrière nous que les gens arrivent. Et bien je confirme : on a eu de la chance et j’ai été bien inspiré de proposer cette attraction tout de suite. « Ça fait tellement longtemps que j’avais pas passé une journée dans un parc d’attractions. » En même temps, pendant deux ans je ne me suis pris aucune vacances. Simplement quelques journées de congé de temps en temps, mais depuis que les choses vont mieux avec Alex j’ai commencé à lever le pied et je passe un peu moins de temps au travail. Mon quota d’heures par semaine est maintenant un peu plus raisonnable qu’il ne l’était il y a encore quelques mois. Donc je suis moins fatigué, ce qui doit aussi m’aider à être de meilleure humeur ces derniers temps. Et dix minutes plus tard nous sommes prêts à embarquer dans ce train qui, est censé être terrifiant si on en croit ce qu’ils essaient de nous teaser dans la file d’attente. Je laisse Romy monter dans le wagon en première et je la suis prenant place à ses côtés. J’espère que je ne vais pas me ridiculiser et avoir peur, non parce que sérieusement je sais que si Romy me voit paniquer elle risque de se foutre de ma gueule. Enfin quoique, moi aussi je peux prier pour la voir mal-à-l’aise, j’aurais aussi de quoi me défendre. Mais nous n’avons même pas le temps d’avoir peur, nous sommes montés depuis même pas une minute que notre wagon s’arrête. Je fronce les sourcils, et jette un bref coup d’œil à Romy. La voix d’un technicien nous fait parvenir une information ; l’attraction est en panne et nous allons devoir patienter pour que tout se remette à fonctionner. Génial, nous voilà bloqués dans cette salle qui est censée imiter un manoir hanté. Je sens que la soirée va être géniale.
Halloween avait commencé du moment même où Romy avait laissé Caleb dormir sous le tableau de Clara, le traumatisant suffisamment pour qu’une virée au parc d’attraction en cette journée spéciale ne soit pas source d’angoisse. Entre une poignée d’acteurs déguisés en monstres et la représentation masculine dans toute sa splendeur en guise de dream catcher, le degré de résistance à l’effroi était testé et approuvé, et c’est ainsi que la blondinette avait traîné (faux, en fait, Caleb avait l’air enthousiaste) son cousin retrouver son âme d’enfant le temps d’une journée. Cela faisait quelques jours qu’elle le sentait être revenu sur une meilleure pente, et bien qu’elle ne se considère pas comme étant une pro en la matière, son instinct ne la trompait pas. Le restaurateur allait mieux que lors de sa dernière visite, et si elle pouvait l’entendre au son de sa voix lorsqu’elle l’appelait ou le sentir dans la façon qu’il avait de rédiger ses messages, elle espérait qu’il en irait de même lorsqu’ils se retrouveraient, ce qui ne manqua pas d’arriver. Ils avaient passé la journée à se gaver de sucreries, à enchaîner les manèges, et bien que Caleb se soit montré frileux en lui balançant : « Bon, par contre les attractions à sensation c’est tout pour moi. J’ai pas envie d’être malade. » alors qu’elle rêvait loopings et autres chutes vertigineuses, ce n’était rien. Tant pis. Ils s’amusaient même sans avoir la tête retournée de toute façon, et tandis qu’elle avait passé la majeure partie de son après-midi à sautiller à ses côtés en occultant complètement le fait qu’elle avait vingt-sept ans, la blondinette avait mis de côté les grandes discussions et le drama pour aujourd’hui en laissant place à une légèreté qu’ils avaient tous les deux bien besoin de retrouver après les semaines compliquées qu’ils avaient vécus ; plus lui qu’elle, d’ailleurs. Le ciel venait tout juste de s’assombrir lorsque Caleb sortit le plan du parc, jetant son dévolu sur une attraction alors que les yeux de la blonde s’étaient laissés happer par une échoppe où l’on vendait des barbes à papa oranges et noires. « Le train fantôme ça te tente ou t’es trop une froussarde pour ça ? » Relevant le menton, interloquée, Romy arquait le sourcil, un air faussement offusqué sur les traits de son visage de poupée. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité, rassure moi ? » Caleb n’était pas l’archétype même du gars derrière lequel on se cachait en cas de coup dur, ni celui qu’on envoyait voir lorsqu’on entendait un bruit de verre cassé dans la maison au beau milieu de la nuit, mais soit. Romy hochait du menton en se disant que quelques acteurs munis de tronçonneuse ne lui feraient pas peur et c’est ainsi qu’ils se retrouvaient à faire quelques pas en direction de la file d’attente, se glissant dans cette dernière sans pester contre les minutes d’attentes. D’ici dix petites minutes ils seraient dans leurs petits wagons ; c’était supportable, surtout que la foule commençait tout doucement à pointer le bout de son nez. « Ça fait tellement longtemps que j’avais pas passé une journée dans un parc d’attractions. » Ça, elle s’en doutait. La petite blonde avait relevé ses mains à hauteur des joues du brun, le pinçant de façon enfantine « Je suis contente de te faire retrouver ton âme de mini Caleb. » Et elle, était aussi ravie de retrouver la sienne. Les journées à la prison étaient parfois dures, et la réalité qui allait de pair tout autant. Lâcher prise quelques heures lui faisait le plus grand bien, d’autant plus que se rendre dans un parc d’attraction à cette période de l’année était une idée absolument géniale. Des citrouilles peuplaient les allées et des Zombies surgissaient parfois de nulle part. C’était un spectacle permanent, si tant est que l’attente pour arriver dans les wagonnets du train fila en un battement de cils. C’était à leur tour de grimper, et alors que le brun lui laissa prendre place en premier, ce dernier occupa rapidement l’espace avec ses grandes jambes. « Hééé pense à y aller molo sur le vin et le fromage à l’avenir. » A nouveau l’hôpital qui se foutait de la charité, car ces petits charriots n’étaient pas adaptés aux adultes visiblement, mais Romy ne laissait jamais passer une occasion de le charrier, quand bien même elle n’avait pas l’occasion de développer davantage puisque l’attraction se mettait en marche dans une secousse à leur causer un lumbago. Elle appréciait le fait qu’ils soient deux par wagons et non à la chaîne ; la solitude rendrait leur expérience plus intense, mais alors qu’ils pénétraient dans la première salle (un manoir hanté plutôt bien réalisé) le manège s’arrêta subitement et la voix d’un technicien les informait qu’une panne était survenue et qu’ils resteraient bloqués quelques minutes …. Bien. Romy soufflait, se laissant retomber sur son dossier alors que les barrières censées les empêcher de se lever … se relevaient. De mieux en mieux. « Tu crois que c’est fait exprès ? Genre, un acteur va surgir de nulle part et nous faire flipper et sortir par les issues de secours ? » Ben quoi ? C’était Halloween, et toutes les éventualités étaient envisageables.
“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Je n’avais pas fêté Halloween depuis plusieurs années, je pense même que la dernière fois c’était quand j’étais enfant. Habituellement je ne prête pas forcément beaucoup attention à cette fête. Mais cette année il a suffi que Romy me propose une journée en parc d’attractions pour que j’accepte. Après tout ça peut-être fun non ? Et en plus je suis de bonne humeur en ce moment alors, pourquoi pas. On a tous les deux retrouvé notre âme d’enfant pour la journée, Romy a passé la plupart de son temps à sautiller comme une gamine de six ans se rendant à Disneyland pour la première fois. Surtout que, Dreamworld c’est cool mais c’est pas Disney non plus. Le seul parc Disneyland que je connais c’est celui de Paris, j’y suis allé deux fois avec LV, elle adorait ces parcs et j’avais fini par les aimer moi aussi. Et d’ailleurs je pense même que la dernière fois que j’ai mis les pieds dans un parc d’attractions c’était il y a quatre ans à Disneyland Paris. Il y a encore six mois, repenser à ces moments passés avec mon ex-fiancée m’aurait certainement infligé une certaine douleur mais plus maintenant. Ça me rend toujours nostalgique oui et ça je pense que ce sentiment sera toujours présent. Mais la douleur n’est plus vraiment présente. Est-ce que c’est normal ? Est-ce qu’on va me prendre pour un connard d’avoir tourné la page seulement deux ans et demi après sa mort ? Est-ce que c’est beaucoup ? Est-ce que c’est trop peu ? J’en sais rien. Je pense encore à elle et personne ne pourra vraiment la remplacer mais j’ai réussi à trouver une place dans ma vie et dans mon cœur pour une autre femme. Mais me dire ça me fait quand même un peu culpabiliser. Quand je lui propose le train fantôme je lui demande si elle pense pouvoir supporter cette attraction. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité, rassure moi ? » Oui bon elle a raison ; je ne suis clairement pas l’homme le plus courageux au monde et je ne suis pas sûr d’être le meilleur partenaire en cas d’apocalypse de zombies. Mais bon, on prend place dans la file du train fantôme qui n’annonce que dix minutes d’attente et c’est à ce moment-là que je lui confie n’avoir pas passé une journée dans un parc depuis un petit moment. Ce à quoi elle répond d’abord en relevant ses mains sur mes joues pour les pincer comme une mère peut faire à son enfant. « Je suis contente de te faire retrouver ton âme de mini Caleb. » Je grimace avant de venir frapper doucement ses mains, mais je ne peux m’empêcher de rire doucement secouant la tête d’un air amusé. « Plus jamais tu fais ça ! Tu viens de me faire perdre toute ma virilité là. » Je lui dis, tout en la pointant du doigt. Pas que je me vois comme le mec le plus virile de la terre, mais quand même un minimum. Entre ma sœur qui me dit que je suis adorable et ça… Mais je n’ai pas le temps de penser plus longtemps à tout ça parce que c’est à nous de monter dans les petits wagons qui vont nous emmener dans des endroits qui devront normalement nous faire peur. Je laisse ma cousine monter en première et je m’installe à ses côtés. « Hééé pense à y aller molo sur le vin et le fromage à l’avenir. » Je lui donne un coup de poing amical sur l’épaule. « T’as décidé de me faire chier ce soir ? » Je lui demande. On se chamaille comme deux gamins ; on a vraiment retrouvé notre âme d’enfant. Mais on ne s’éternise pas puisque l’attraction démarre nous emmenant directement dans une imitation assez réaliste de ce qui me semble être un manoir hanté. Mais les wagons s’arrêtent et une voix venant de haut-parleurs nous annonce un problème technique. Je fronce les sourcils observant avec attention les décors se trouvant autour de nous. « Tu crois que c’est fait exprès ? Genre, un acteur va surgir de nulle part et nous faire flipper et sortir par les issues de secours ? » Je secoue négativement la tête. En soit, ça pourrait être cool et puis c’est Halloween alors sait-on jamais. Mais j’en doute très fort. « Non je pense pas. » Je lui dis toujours en détaillant du regard la pièce dans laquelle nous nous retrouvons bloqués. Notre wagon est arrêté à côté d’un porte manteau ayant pris la poussière sur lequel se trouve une fausse toile araignées et des fausses araignées. Je le regarde un instant. « C’est dégueulasse, c’est hyper bien fait on dirait presque des vraies araignées. Et j’aime pas ça moi…les araignées. » Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis arachnophobe, mais disons que je me passerais bien de ces bestioles si je le pouvais. Je souffle et je secoue un peu la tête comme pour me ramener à la réalité. Mon regard glisse maintenant sur une silhouette se trouvant au fond de la salle. Silhouette qui doit nous faire penser à un fantôme, je suppose ? Ou bien quelqu’un est caché dans le noir à nous observer et ça, c’est moyennement rassurant. Je préfère la première option. Je sors mon portable pour regarder l’heure mais la seule chose que je retiens c’est l’absence de réseau. « Putain, y a même pas de réseau, ça craint. » C’est sérieusement moi qui vient de me plaindre de l’absence de réseau alors que je ne fais habituellement jamais attention à ce genre de chose ? Peut-être que le fait de rester enfermé dans un train fantôme m’angoisse un peu. Enfin juste un petit peu hein. « Bon, j’espère qu’ils vont vite pour faire sortir d’ici. » Je parle beaucoup trop, ce qui prouve ma nervosité et je sais que Romy s’en rendra certainement compte.
Ça amusait pas mal Romy de materner Caleb, de tirer sur ses joues comme on le ferait à un gamin de six ans. Elle n'avait pas souvent l'occasion de le faire, et bien qu'elle soit à peine sérieuse, il y avait tout de même une part de vérité dans ses paroles. Elle était ravie de l'aider à nouveau à se changer les idées, même si aujourd'hui, tous deux semblaient être en paix avec le cours de leurs vies respectives. « Plus jamais tu fais ça ! Tu viens de me faire perdre toute ma virilité là. » Caleb riait avec légèreté, la pointant de son index faussement accusateur. Pour toute réponse la petite blonde relevait les paumes de mains en l'air, l'innocence même se lisant dans son regard bleuté (ou pas) "Calebchou, c'est pas mal non ?" Le beaucoup trop cute. Le roi des Poufsouffles à paillettes. Il n'y avait pas de raisons qu'il n'y ait que Romy qui ne se retrouve affublée de ce suffixe idiot après tout. La petite blonde était bien décidée à profiter de la bonne humeur apparente de son cousin en le taquinant autant que possible, profitant de flotter sur un nuage pour étaler sa guimauve bien qu'elle se charge de revenir sur terre en lançant des piques (gentilles) au sujet d'un (tout petit) embonpoint qui occupait tout l'espace libre du wagon (ou presque) « T’as décidé de me faire chier ce soir ? » Très honnêtement ? Oui. Et elle l'aurait presque mérité après avoir épongé ses larmes et lui avoir servi du vin alors qu'il venait de lui briser le coeur en lui annonçant l'existence de Nathan. Plutôt que de répondre quelque chose de ce genre, Romy se contentait d'hausser les épaules et de dévoiler une rangée de dents blanches ; un sourire équivoque. Elle n'aurait de toute façon pas pu s'épancher sur les états d'âme du brun très longtemps puisque l'attraction commençait ... et s'arrêtait, presque aussi sec. Rendus dans une salle type "manoir hanté" la petite blonde avait d'ailleurs pensé à une blague, et le formulait d'ailleurs à haute voix même si son cousin ne semblait pas du même avis. « Non je pense pas. » Et pourquoi pas ? Elle arquait le sourcil, voyant toutefois que rien ne bougeait et que tristement, même les mécanismes automatiques semblaient bel et bien morts. Le seul divertissement de leur stop aurait pu être ce porte manteau recouvert de toiles araignées, mais c'était sans compter Caleb et sa part de féminité avérée et assumée. « C’est dégueulasse, c’est hyper bien fait on dirait presque des vraies araignées. Et j’aime pas ça moi…les araignées. » Ouais, du calme Ron Weasley. Romy plissait le regard, se relevant doucement pour observer avec plus d'attention. Se faisant, elle avait libéré leur entrave de fer qui les empêchait de bouger ; de mieux en mieux. "Bah, tu sais ça peut être des vraies. Je vois pas pourquoi ils s'embêteraient à faire le ménage ..." et elle haussait les épaules, se relevant de leur wagon pour explorer le décor à mesure que les secondes filaient et que personne ne les tenait informés. Au pire que risquaient ils ? Alors qu'elle se penchait vers la reconstitution d'un cercueil d'où devait sortir un ... cadavre ? lorsque l'attraction fonctionnait, Romy sursautait presque en entendant la voix de son cousin résonner à nouveau. « Putain, y a même pas de réseau, ça craint. » Ah ? Ah oui. Peut être auraient ils du commencer par là. « Bon, j’espère qu’ils vont vite pour faire sortir d’ici. » Caleb et sa nervosité débitaient des paroles par dizaine, et alors que la petite blonde s'obstinait à observer les décors, elle attrapa une boule de cristal qui se tenait sur une table pour se tourner vers son cousin. "Je vois je voiiiiis ... qu'on va nous oublier là et qu'il faudra passer la nuit ici." Et si au ton de sa voix l'on pouvait entendre qu'elle plaisantait, dans la réalité le destin n'allait pas tarder à se foutre d'eux copieusement. Reposant son accessoire, Romy invitait Caleb à la rejoindre d'un mouvement de l'index, et sans transition aucune, après avoir lancé : "On va s'amuser un peu, ramène toi" elle poursuivait par un : "au fait, j'ai rencontré quelqu'un." qui n'avait rien à faire au beau milieu de cette phrase, mais il lui était plus facile de l'annoncer ainsi. Depuis Josh (et cela remontait à quatre ans maintenant) elle n'avait pas eu l'occasion de s'entraîner pour les annonces, et cela s'entendait.
“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Romy me pince les joues comme si j’étais un gamin de six ans et j’ai officiellement l’impression d’être retombé en enfance. Malheureusement. Et mon ressenti ne risque pas de changer quand elle décide de reprendre la parole en utilisant le pire surnom qu’elle pouvait trouver. "Calebchou, c'est pas mal non ?" Calebchou. Calebchou. Elle vient de m’appeler Calebchou. Je fronce les sourcils. Depuis quand elle m’appelle comme ça ? Je n’ai clairement pas envie qu’il devienne mon surnom officiel dans la famille Anderson/Ashby. En plus c’est le surnom le plus ridicule que je n’ai jamais entendu de toute ma vie. Calebchou. Ça ne me va pas du tout. Romychou c’est ben, ça lui va bien. Mais Calebchou, non je refuse catégoriquement. « Hé ! Tu m’appelles plus jamais comme ça. Sinon je te trouve un surnom encore plus ridicule ! » Bah oui faut pas abuser quand même. Je l’aime bien Romy mais je ne peux pas la laisser m’appeler comme ça. Je suis de bonne humeur, je passe une bonne journée. En ce moment je ne passe quasiment que des bonnes journées de toute façon. Et ça faisait beaucoup trop longtemps que je n’avais pas pensé quelque chose d’aussi positif. Je passe une bonne journée, je me sens bien, et je passe du temps avec ma cousine qui elle a l’air bien décidé à m’emmerder aujourd’hui. Non mais sérieusement qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Bon, elle a de la chance que je l’aime bien Romy. On s'installe dans le petit wagon, et oui il me semble bien moins grand que quand j’étais petit mais en même temps depuis j’ai grandi. Et heureusement d’ailleurs. Je sais que je suis loin d’être le mec le plus grand de la ville mais quand même. Le wagon commence à bouger et nous emmène dans la première salle qui imite un manoir hanté mais il ne nous amènera pas plus loin parce qu’il s’arrête en plein milieu de la pièce. On a vraiment la poisse nous deux, c’est pas possible. Une voix nous annonce que suite à un problème technique, nous allons rester bloquer ici pour une durée indéterminée. Romy pense à une blague mais je ne partage pas son avis. Quoique, ça pourrait être fun. Mais malheureusement, j’en doute beaucoup. J’observe les décors autour de nous et je m’aperçois seulement maintenant qu’une tonne de toiles d’araignées nous entourent. Des fausses toiles, bien évidemment. Romy se redresse doucement tout en enlevant la barre de fer qui est censée nous empêcher de nous relever. "Bah, tu sais ça peut être des vraies. Je vois pas pourquoi ils s'embêteraient à faire le ménage ..." Hein ? Quoi ? D’un mouvement instinctif je recule doucement la tête tout en fixant les araignées à quelques mètres de moi. Non je suis sûr que ce ne sont pas des vraies. C’est sûr… Je secoue la tête. « Non c’est des fausses, arrête. Ça se voit. » Ou bien j’essaie juste de m’en convaincre je ne sais pas. À peine ma phrase terminée que je la vois quitter notre wagon. Non mais je rêve ? Elle fait quoi là ? Je parle, surtout pour ne rien dire parce que c’est ce que je fais quand je suis nerveux. Et je dois bien avouer que me retrouver enfermé ici pendant je ne sais combien de temps ne me fait que moyennement plaisir. "Je vois je voiiiiis ... qu'on va nous oublier là et qu'il faudra passer la nuit ici." Je tourne la tête vers ma cousine pour la voir avec une boule de cristal entre les mains. Elle est irrécupérable cette gamine. Ils ne pourraient pas nous oublier ici de toute façon, pas vrai ? Je suis sûr qu’ils doivent vérifier une dizaine de fois que le parc est vide avant de le fermer. "On va s'amuser un peu, ramène toi" Elle me fait signe de la rejoindre mais je ne bouge pas. Pas encore du moins. "au fait, j'ai rencontré quelqu'un." …pardon ?! Je me redresse et là, elle a réussi à capter mon attention. Romy a rencontré quelqu’un. Ça veut dire qu’elle est en couple ? Là j’ai envie d’en savoir plus. « Quoi ? » Je lui demande, histoire d’être sûr d’avoir bien entendu et on pouvait entendre de l’étonnement dans ma voix. C’est cette fois à mon tour de me lever pour la rejoindre de l’autre côté. « Et t’as attendu qu’on soit coincé ici pour me le dire ? » Ce n’est pas vraiment un reproche. Pas du tout même. De ce que je connais de sa vie sentimentale, ça fait un bon moment qu’elle n’a pas eu quelqu’un. Ou qu’elle tienne assez à un garçon pour en parler. Mais en tout cas j’espère qu’elle ne compte pas me laisser sur ma faim comme ça j’en envie d’en savoir plus. « Vas-y je veux tout savoir du coup. Il s’appelle comment ? Tu l’as rencontré où ? Il a quel âge ? Vous êtes ensemble ou vous en êtes encore au moment où vous vous tournez autour ? » Et cette fois, j’arrête de lui poser des questions. Mais c’est de sa faute aussi, elle me dit ça comme ça, moi j’en envie d’en savoir plus. Je veux tout savoir – enfin tout dans la limite du raisonnable quand même. – Je fais quelques pas dans la salle « manoir hanté » et je me retrouve face à un miroir dans lequel je vois non seulement mon reflet mais aussi celui d’un fantôme d’une jeune mariée encore dans sa robe blanche. Assez typique mais toujours amusant.
Taquiner Caleb faisait partie de ses activités favorites, et si Romy ne s’octroyait pas ce droit souvent, depuis qu’il était revenu dans la lumière et que son moral s’était stabilisé elle ne se privait pas. Oh que non. « Hé ! Tu m’appelles plus jamais comme ça. Sinon je te trouve un surnom encore plus ridicule ! » Elle arquait le sourcil, plus amusée qu’offusquée. Son prénom étant de toute façon bien plus risible que son surnom, alors la blondinette pouvait en encaisser de nombreux avant de voir son moral flancher. « Deal, même si je suis curieuse de voir ce que t’aurais pu trouver. » alors peut être qu’elle se risquerait à un Calebchou ou deux dans l’intimité de l’une de leurs soirées pizza et lombrusco. Après deux verres de vin elle ne doutait pas de la capacité de son cousin à élaborer des marques d’affection inventives. Romy le laisserait réfléchir à ce sujet, car si elle n’avait pas la moindre idée de leur prochaine rencontre, pour l’heure ils profitaient tous les deux d’un retour en enfance en bonne et due forme dans ce train fantôme qui …. malheureusement pour eux venait de tomber en panne. Mince. Ils étaient à peine arrivés dans la première salle du parcours, et bien que les circonstances étaient réunies pour se retrouver coincés dans un décor de maison hantée (il faisait nuit et c’était Halloween après tout) Romy espérait que ça ne dure pas des plombes et qu’ils pourraient rapidement retourner vaquer à leurs occupations de gamins de six ans. Douce illusion. Se relevant du wagonnet pour explorer les lieux après à peine douze secondes d’arrêt (une enfant, cette petite) la jeune femme tentait de rationnaliser la réflexion de Caleb au sujet du décor de toiles d’araignées. Des fausses peut-être, mais sûrement devait il y en avoir des vraies dans le tas. A quoi bon faire le ménage ? « Non c’est des fausses, arrête. Ça se voit. » Caleb était décidément l’archétype même du type beaucoup trop chou pour se confronter à la dure réalité, alors haussant doucement les épaules Romy ne le contredisait pas. « T’as sûrement raison. » et elle ne se moquait même pas, le ton de sa voix demeurant parfaitement neutre alors qu’elle arpentait les décors avec plus ou moins d’attention. S’arrêtant sur une boule de cristal, elle prédisait qu’ils passeraient le restant de leur nuit ici, lançant au passage que ce serait amusant et qu’il valait mieux qu’il se détende, mais Caleb ne bougeait pas. Tant pis. Elle haussait les épaules, se munissant d’un crâne pour l’examiner, et alors que son exploration des lieux deviendrait rapidement ennuyante, Romy avait choisi ce moment pour annoncer avoir quelqu’un dans sa vie. Autant profiter de ce moment de flottement plutôt que de le laisser filer. « Quoi ? » A son tour Caleb sortait du wagon, arrachant par la même un large sourire sur les lèvres de la blondinette. « Et t’as attendu qu’on soit coincé ici pour me le dire ? » Oui. Parce qu’elle ne savait pas encore bien comment annoncer la nouvelle. Elle était restée avec Josh si longtemps qu’il lui semblait qu’elle ne savait plus comment faire alors que finalement c’était simple comme bonjour. Son idylle avec Lonnie n’en était qu’à ses prémices mais elle la rendait déjà profondément heureuse, alors autant expliquer la raison de cette bonne humeur guimauve débordante tout de suite. « Vas-y je veux tout savoir du coup. Il s’appelle comment ? Tu l’as rencontré où ? Il a quel âge ? Vous êtes ensemble ou vous en êtes encore au moment où vous vous tournez autour ? » Nous y voilà. Romy reposait son crâne, laissant un rire lui échapper. Elle n’en attendait pas moins du brun, grand romantique dans l’âme, pour la bombarder de questions à ce sujet, et si ce dernier se tenait ironiquement devant un miroir avec le fantôme d’une fille en robe de mariée (drama quand tu nous tiens) elle, ouvrait le cercueil d’un automate qui ne tardait pas à surgir, lui causant une belle frayeur au passage. « Bordel. » soufflait elle glissant une main dans ses cheveux blonds. « Euh, ah, ouais. Alors dans l’ordre ça donne : Lonnie, sur le parking d’une prison, je lui ai pas demandé l’âge qu’il a mais ça n’a pas l’air d’être un vieux grisonnant, et j’ai la clé de chez lui. » Des infos balancées en vrac, mais qui soulignaient toutefois dans les grandes lignes la nature de sa relation avec le flic. Bien consciente que ce ne soit pas suffisant, Romy consentait toutefois à se poser sur un coin de tombe pour en dire un peu plus. « Ça fait quelques semaines et c’est vraiment génial. Il bosse aux affaires familiales. On se comprend, c’est différent de ceux avec qui j’étais déjà sortie » 1) parce qu’elle n’était pas sortie avec grand monde et 2) parce que le Hartwell évoluait dans le même milieu qu’elle ou presque. « … et je l’aime bien. » Au point de passer tout son temps libre en sa compagnie, et si c’était normal pour un début de relation, Romy sentait toutefois qu’il y avait quelque chose de plus. Elle en était complètement mordue.
“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Elle ne pouvait pas me trouver un surnom pire que Calebchou. Là elle a clairement touché le fond et maintenant qu’elle sait que je n’aime pas ce nouveau surnom je suis sûr qu’elle va prendre un malin plaisir à tout le temps l’utiliser. J’essaie de lui faire du chantage en lui disant que si elle compte m’appeler comme ça souvent je ne me gênerais pas pour lui trouver un surnom encore pire que celui qu’elle m’a trouvé. « Deal, même si je suis curieuse de voir ce que t’aurais pu trouver. » Ah mais ça. C’est vraiment pas compliqué enfin. Je commence à bien la connaître, Romy et je sais comment faire pour l’emmerder. « Bah je pense qu’en t’appelant Romilda c’est déjà pas mal, non ? » Je lui dis un petit sourire amusé sur les lèvres. Après tout on se connait depuis toujours et je sais qu’elle déteste son prénom. En même temps ça se comprend, Romilda c’est pas le plus beau prénom de tous les temps. Enfin vous allez me dire que Caleb c’est pas beaucoup mieux non plus. Qu’est-ce que nos parents ont foutu sérieusement ? Pourquoi on a tous des prénoms aussi pourris que ça ? Dans tous les cas c’est tout réfléchit si elle veut m’appeler Calebchou je ne m’y opposerai plus mais il va falloir qu’elle s’habitue à entendre son vrai prénom. Non je ne suis pas méchant, et puis c’est elle qui a commencé de toute façon… En attendant nous nous retrouvons maintenant coincés dans cette attraction spéciale Halloween. Bon il y a mieux comme manière de finir notre journée mais ce n’est pas non plus dramatique au moins on reste dans l’ambiance d’Halloween c’est surtout ça qu’il faut retenir. Romy essaie de me convaincre que ces toiles d’araignées sont vraies et que ces petites bêtes diaboliques le sont aussi…oui mais non. Je grimace encore légèrement en regardant ces toiles en face de moi. Et c’est après s’être levée pour explorer les lieux, un crâne dans les mains que Romy m’annonce avoir rencontré quelqu’un. Voilà, il suffisait de me dire quelque chose comme ça pour me pousser à sortir du wagon à mon tour. Maintenant je veux en savoir plus, je veux même qu’elle me dise tout. Enfin dans la limite du raisonnable bien sûr. Je la bombarde de questions pour en savoir plus sur ce mystérieux inconnu qui a donc réussi à faire craquer ma petite cousine. En attendant ses réponses à mes nombreuses questions je continue ma petite exploration de cette pièce hantée pour maintenant observer une très grande table sur laquelle sont posés tout un tas d'assiettes remplies de fausses nourritures dont quelques membres et organes humains. Sympa. Ça donnerait presque faim tout ça – je rigole, je vous rassure je ne suis pas cannibale. – Romy finit enfin par me sortir de mes pensées en reprenant enfin la parole. « Euh, ah, ouais. Alors dans l’ordre ça donne : Lonnie, sur le parking d’une prison, je lui ai pas demandé l’âge qu’il a mais ça n’a pas l’air d’être un vieux grisonnant, et j’ai la clé de chez lui. » Ils se sont rencontrés sur le parking d’une prison ? J’ai connu plus romantique comme rencontre quand même. Enfin je dis ça mais ce n’est pas comme si ma rencontre avec Alex avait été romantique. Pas du tout même. Et si elle a déjà la clé de chez lui leur histoire me semble être déjà vraiment très sérieuse. Personnellement, je ne donne pas les clés de chez moi à une fille que je ne fréquente que depuis quelques jours, ni même quelques semaines. « Ça fait quelques semaines et c’est vraiment génial. Il bosse aux affaires familiales. On se comprend, c’est différent de ceux avec qui j’étais déjà sortie » Je souris doucement. Quand c’est différent de tout ce qu’on a pu vivre avec nos exs bien souvent c’est qu’on s’apprête à vivre une très belle histoire. Bon, ce n’est pas non plus comme si j’étais moi-même sorti avec un grand nombre de femmes – pas du tout même. – Mais moi aussi quand j’ai commencé à sortir avec Alex et même avec LV, j’ai tout de suite senti que c’était différent des filles que j’avais fréquenté avant. Je m’assieds sur le cercueil qui avait foutu une petite frayeur à Romy tout à l’heure. « … et je l’aime bien. » Et si ce Lonnie arrive à la rendre heureuse – et ça a l’air d’être le cas – moi, je ne peux qu’être content pour elle. Mais je suis obligé de l’emmerder un peu, par pur esprit de vengeance. Je me penche vers elle pour à mon tour, lui pincer les joues tout en lui répondant. « Mais t’es trop mignonne ma petite Romilda ! » Qui aime bien châtie bien et malheureusement pour Romy, je l’aime beaucoup. Mais je reprends tout de même mon sérieux, je la laisse tranquille et me redresse pour reprendre. « Bon déjà la rencontre, sur le parking d’une prison super glamour, j’adore. » Je lui dis tout en levant un pouce en l’air. « Tu penses pas que connaître son âge ça pourrait t’être utile ? » Je lui demande amusé, mais je suis complètement sérieux. Je m’abstiens tout commentaire concernant le fait qu’elle ait la clé de chez lui alors qu’ils ne se fréquentent que depuis quelques semaines. Je trouve ça un peu précipité mais je suis assez mal placé pour critiquer ce genre de chose puisque j’ai tendance à m’emballer un peu trop vite quand je tombe amoureux. « C’est cool, je suis vraiment content pour toi. Il est sérieux ce Lonnie j’espère ? » Je l’espère du moins parce que Romy mérite vraiment d’être heureuse. Mais je dois aussi avouer que savoir qu’aux prochaines grandes réunions de famille j’aurai une nouvelle compagnie masculine, c’est plutôt plaisant. J’ai grandi entouré de filles, et c’est sûrement la raison pour laquelle même à l’heure d’aujourd’hui j’ai beaucoup plus d’amies que d’amis.
Romy avait tendance à oublier que ses parents l'avaient dotée d'un prénom qui défiait les lois du bon sens, et bien qu'elle ne se soit pas retrouvée affublée d'un Gwenevere ou d'un Vanilla, la petite blonde avait pourtant son prénom en horreur, ce que Calebchou ne manquait pas de souligner. « Bah je pense qu’en t’appelant Romilda c’est déjà pas mal, non ? » Qu'il ose seulement. Petit gabarit mais esprit finement aiguisé par les plus grandes criminelles, elle n'aurait pas de difficultés à taper là où ça faisait mal sans laisser de traces. Pour toute réponse la petite blonde lui glissait un regard qui voulait tout et rien dire, mais Caleb la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle pinçait beaucoup sans toutefois mordre, et qu'elle pourrait lui en vouloir environ ... trois minutes et vingt sept secondes ? Grand maximum. Quand bien même ils étaient tous les deux coincés dans cette reconstitution de maison hantée ... et si Romy avait choisi d'en explorer les lieux, son cousin était sagement resté dans le wagonnet. Du moins jusqu'à ce qu'elle ne lui annonce qu'elle avait quelqu'un. Comme elle s'y attendait, Caleb l'avait bombardée de questions, noyée sous les interrogations, et si elle avait tâché d'être méthodique, blondinette s'y prenait sans doute mal. LRDPAP n'avait toutefois pas l'air de lui en tenir rigueur puisqu'il se retrouvait à se pencher vers elle pour lui pincer les joues. Eh. Fronçant les sourcils, Romy s'était dégagée sans le ménager, et puis quoi encore ? « Mais t’es trop mignonne ma petite Romilda ! » "Commence pas, tu sais aussi bien que moi que c'est toi la plus mignonne d'entre nous." True. Et elle ne se moquait même pas. Pas vraiment en tout cas. Caleb avait toujours été sensible aux histoires d'amour, surtout lorsqu'elles étaient aussi idylliques et qu'elles faisaient s'étirer les lèvres de Romy comme une idiote. Il restait certaines choses qu'elle devait dire au brun, mais pour le moment la jeune femme tachait de partager sa bonne humeur du mieux qu'elle le pouvait et malgré l'usage de son prénom de façon trop régulière ce soir. « Bon déjà la rencontre, sur le parking d’une prison super glamour, j’adore. » Ben bien sûr. Le pouce relevé, Caleb avait surtout l'impression de se moquer, et clairement elle ne pouvait pas le blâmer. Prenant sa propre main pour lui faire fermer le poing la petite blonde secouait le menton, répondant "C'est toujours mieux qu'à une pauvre soirée meetic." Quand bien même elle était persuadée que sa relation avec Lonnie dépassait de loin le cadre des clichés, même si elle se sentait stupide de l'avouer alors que ça ne faisait que quelques semaines qu'ils étaient ensemble. Elle avait une sorte de ressenti, quelque chose qui lui inspirait confiance sur le long terme, et seul le temps pourrait lui dire si elle avait raison ou non mais pour l'instant la jeune femme se sentait comme sur un nuage et ça lui était suffisant. « Tu penses pas que connaître son âge ça pourrait t’être utile ? » Elle fronçait les sourcils, tachant vainement de se souvenir de si oui ou non elle avait vu cette information sur le dossier de Gail. Il lui semblait vaguement avoir vu 1989 alors ... "Trente ans ? Je crois. Je suis pas sûre. Et on s'en fiche c'est pas un vieux dandy grisonnant. Promis." Non, il était même carrément sympa visuellement parlant bien qu'elle se garde d'en parler. Pas à Caleb et certainement pas alors qu'elle était en train d'inspecter un bocal rempli de formol et qui contenait un rat mort. « C’est cool, je suis vraiment content pour toi. Il est sérieux ce Lonnie j’espère ? » Oui. Il l'était, alors dans un demi sourire elle soufflait : "Il est génial." avant de s'arrêter quelques secondes, ne sachant pas exactement si elle devait trop en dire ou pas suffisamment. Romy faisait une confiance aveugle en son cousin, mais elle n'avait pas vraiment envie de biaiser la première image qu'il se ferait de son petit ami en lui collant le background prison d'entrée de jeu, même si c'était la vérité. Elle préférait qu'il se fasse une image plus gaie de Lonnie, car il était solaire et ne méritait pas d'être catégorisé par son histoire même si l'idée de discuter de cette barrière professionnelle morte et enterrer démangeait Romy qui avait besoin d'en parler. Ça pourrait attendre. ".. Et avec Alex ?" se risquait elle à la place, non pas pour faire diversion, mais parce que le restaurateur avait l'air bien (bien) plus heureux que la dernière fois. Ce qui n'était pas franchement compliqué après tout.
“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Je pense qu’au fil des années, faire chier Romy est devenu comme une de mes plus grandes passions, la voir froncer les sourcils en râlant je vous assure que ça n’a pas de prix. Alors si elle veut m’appeler Calebchou, qu’elle le fasse – même si j’aimerais beaucoup qu’elle évite et qu’elle range ce surnom ridicule dans un tiroir. Tout au fond du tiroir – mais dans ce cas moi je vais l’appeler Romilda. Parce que je sais qu’elle déteste ça, alors moi bien évidemment ça m’amuse. Et puis de toute façon elle ne se gêne pas elle non plus m’emmerder dès qu’elle en a l’occasion, et en plus, elle est incapable de me faire la gueule trop longtemps. Moi non plus vous allez me dire. Surtout maintenant que je sais que Romy a un amoureux – oui je sais dit comme ça on dirait que j’ai six ans –. Enfin elle a rencontré quelqu’un et elle semble vraiment l’aimer. Beaucoup. Elle m’a pincé sans raison les joues tout à l’heure en me donnant cet horrible surnom alors j’imite son geste effectué plusieurs minutes auparavant. Chose qu’elle n’apprécie pas puisqu’elle fronce les sourcils tout en se débarrassant de mes mains sur ses joues. "Commence pas, tu sais aussi bien que moi que c'est toi la plus mignonne d'entre nous." Ouch. Ça, ça fait mal. Depuis quand je suis mignon moi ? Non encore pire, mignonne. Je grimace en entendant ces mots. « Alors déjà. Je suis pas. Mignon. » Je me défends presque immédiatement bien décidé de ne pas la laisser dire des choses pareilles. Et puis quoi encore ? Un homme se montre gentil, généreux à l’écoute et respectueux et tout le monde saute sur l’occasion de me faire perdre toute ma masculinité ? Bref, je ne m’attarde pas là-dessus encore dix ans et je recentre la discussion sur le sujet de base ; sa rencontre avec ce fameux Lonnie. Si Romy est amoureuse de lui je suppose que c’est un mec bien bourré de qualités. Du moins je l’espère. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que leur rencontre semble atypique. "C'est toujours mieux qu'à une pauvre soirée meetic." Je penche doucement la tête sur le côté comme pour lui donner raison. Elle a pas tort. Bien que les trucs comme meetic ou tinder moi j’y connais pas grand-chose. Peut-être qu’on peut vraiment rencontrer le grand amour avec ces choses-là. Même si je continue à croire que rien ne vaut le véritable contact humain et que se perdre derrière nos écrans c’est juste une immense perte de temps. « Et puis au moins votre rencontre sera assez atypique pour que ça devienne une histoire drôle à raconter à vos futurs enfants. » Oui, bon je sais que vous êtes en train de vous dire qu’en lui parlant d’enfant je m’emballe un peu mais j’ai toujours été comme ça. Elle le sait, elle me connait. Et puis c’est surtout une façon de parler, je ne suis pas non plus en train de lui suggérer de commencer à fonder une famille dans l’immédiat, il vaut mieux prendre son temps pour ce genre de chose. "Trente ans ? Je crois. Je suis pas sûre. Et on s'en fiche c'est pas un vieux dandy grisonnant. Promis." Et puis de toute façon même s’il avait trente-cinq, trente-huit ou quarante ans au fond je ne vois pas vraiment où est le problème. L’âge n’a pas d’importance, c’est qu’un chiffre. L’amour est bien plus fort que ces petites formalités. L’amour, c’est plus fort que tout. J’hausse les épaules avant de répondre. « Ouais, et puis de toute façon l’âge c’est pas si important que ça. Tant que vous vous aimez. » C’est vrai non ? Tant qu’il y a de l’amour tout est toujours possible. J’ai toujours été un optimiste et je crois dur comme fer en l’amour. Même si oui, j’ai eu des périodes de doutes et de remise en question même à ce sujet-là. Mais même avec tout ce que j’ai pu vivre je continue à croire que le grand amour existe et que malgré ce que certaines personnes peuvent penser, on a pas le droit à une seule belle histoire d’amour. "Il est génial." Je la regarder sourire un instant. Je suis vraiment content pour elle et il me tarde déjà de le rencontrer. Il fait sourire ma cousine, alors il a déjà marqué plusieurs points. « Il fait quoi déjà ? Il est dans la police ? » Il n’y a rien de plus rassurant qu’avoir un copain policier, non ? J’en sais rien, je suppose que c’est le cas. Et je sais que certaines filles fantasment même sur les uniformes des policiers alors… Mais pourquoi est-ce que je me mets à penser à ça ? Je crois que rester enfermé ici commence à me monter à la tête. Je souffle doucement, quittant le cercueil sur lequel je m’étais installé pour me diriger vers un lit qui semble tout sauf confortable. Pour rien au monde j’accepterais de m’allonger dessus, les draps sont gris poussière – et je pense qu’à la base ils devaient être blancs – et en plus ils sont troués. ".. Et avec Alex ?" Sa question me ramène à la réalité, je me retourne vers elle pour lui répondre. « Bah… » Je cherche les bons mots à utiliser, ne sachant pas trop ce qui est à dire, ou non. « …on a parlé. Beaucoup. J’ai décidé de lui laisser une dernière chance. » Vraiment une toute dernière chance, parce que j’estime lui avoir pardonné assez de choses comme ça. Et je me suis montré très patient avec elle. « On s’est remis ensemble il y a quelques jours. » Ça fait d’ailleurs tout pile une semaine que ça s’est passé. C’est le tout début des relations où tout se passe parfaitement bien, tout est rose, tout est mignon. J’espère que ça dura très longtemps, parce que je redécouvre le bonheur et le bien-être, j’avais presque oublié ce que ça faisait.
Romy et Caleb étaient incontestablement les petits chats de cette famille, et bien que les jumelles et Simon n’aient pas encore montré tout leur potentiel d’empathie et de sensibilité aux histoires de contes de fée, pour ces deux-là le sort était scellé et les prédestinait à être le capital eau de rose des Ashby/Anderson, même si Caleb essayait encore de sauver les meubles du mieux qu’il le pouvait. « Alors déjà. Je suis pas. Mignon. » Mouais. Romy haussait le sourcil avec amusement. Pour lui il serait toujours mignon parce qu’il était son cousin et non un homme dont la testostérone l’atteignait. Le sujet s’éteignait de toute façon de lui-même, et c’était de Lonnie dont il était désormais question, car cela faisait quelques semaines que leur histoire avait débuté et Romy ne se sentait pas de cacher l’information plus longtemps. Elle était bien trop heureuse, bien trop niaise et bien trop désireuse de faire partager sa joie à ce cousin dont elle se sentait si proche même si ce dernier tiquait sur leur lieu de rencontre. « Et puis au moins votre rencontre sera assez atypique pour que ça devienne une histoire drôle à raconter à vos futurs enfants. » Oula. La petite blonde s’arrêta net, un crâne entre les mains qu’elle reposait immédiatement sur une sorte de commode bourrée de toiles d’araignées. Déjà parce que l’idée d’avoir des enfants un jour était toujours source de stress immédiat, et ensuite parce que si enfants il y avait elle se sentait mal d’expliquer le fait que papa était sur le parking de la prison puisque maman essayait de faire sortir la grand-mère de cellule. « Ouais, t’as sûrement raison » soufflait elle alors en guise de réponse, haussant les épaules avant de poursuivre son exploration pour examiner un nouveau cercueil vide dans lequel elle n’avait que peu (ou pas) de scrupules à se glisser. « Ouais, et puis de toute façon l’âge c’est pas si important que ça. Tant que vous vous aimez. » Elle ne connaissait pas l’âge exact de Lonnie, savait vaguement qu’il était né en octobre, mais c’était sans doute suffisant pour un début. Quand bien même sa mère ignorait l’âge de son père après trente ans de mariage alors … « Wowowoh. Va pas trop vite en besogne on en est encore au stade dates et des mignonneries. » Elle adorait ce stade de leur relation et aurait voulu le conserver le plus longtemps possible, les sentiments attendront que les effusions du début s’essoufflent. Pour le moment Romy prenait tout ce qu’il y avait à prendre de ce début d’idylle parfait : les après-midi netflix, les soirées au cinéma, les clés du flic qui tintaient sur son trousseau à côté des siennes … elle était sur un nuage de guimauve et en était ravie. « Il fait quoi déjà ? Il est dans la police ? » Se relevant de dans son cercueil à l’instar d’une zombie plus vivante que jamais, blondinette en sortant en retirant une toile qui s’était logée dans ses boucles. « Yep. Mon père va l’adorer. Toi aussi. Vous avez un petit côté … chat, tous les deux. » Car si Ashby senior allait se prendre d’affection pour Hartwell et son CV, elle espérait sincèrement qu’il en allait de même avec son cousin, quand bien même elle, devait supporter l’autre connasse qui lui avait caché l’existence de son neveu pendant huit années Caleb pouvait faire un effort. Il était d’ailleurs question d’elle ensuite, et Romy ravalait son sourire crispé en l’entendant commencer : « Bah… » Bah quoi ? Accouche Anderson. Sans mauvais jeu de mots. « …on a parlé. Beaucoup. J’ai décidé de lui laisser une dernière chance. » Oula. Dear baby Jesus. Romy fronçait les sourcils, rejoignant son cousin sur ce lit en trébuchant à moitié dessus dans un nuage de poussière ; foutus câbles qui traînaient partout. « On s’est remis ensemble il y a quelques jours. » Et ben ça pour une nouvelle. Romy toussotait en faisant aller sa main devant elle pour se dégager les poumons ; c’était bien qu’elle s’étouffe. Au moins elle avait le temps de cogiter à savoir quoi répondre. « J’espère qu’elle s’est excusée. Et que tu sais ce que tu fais. » Sans quoi elle aurait été de retour dans la vie de la journaliste. Romy était adorable mais elle savait à quel point les sentiments pouvaient obstruer le bon sens, et si son cousin venait de nouveau à être brisé elle aurait montré les crocs. « Je me doute que t’as bien réfléchi, mais … ça se passe bien ? Faudrait pas que tu pètes un câble un jour. » Avait-il seulement digéré cette histoire avec Nathan ? Elle-même s’était à peine remise de la vue de son neveu sur cette photographie, alors qu’en était-il de lui ?
“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Savoir que Romy a trouvé un garçon qui lui plait vraiment me fait réellement plaisir pour elle. Comme quoi on dirait bien que l’année va peut-être se terminer sur une note positive pour tout le monde. Primrose et Romy ont toutes les deux craquées sur un garçon et moi j’ai décidé de laisser une deuxième chance à Alex et depuis je me sens beaucoup mieux. J’en profite pour la taquiner et me moquer un peu d’elle – bah oui, elle passe son temps à le faire, elle. – Et d’ailleurs elle ne tarde pas à recommencer en me disant que je suis la plus mignonne – je vous jure qu’elle a dit mignonne – d’entre nous. Je ne peux pas la laisser dire ça, parce que je ne vois absolument pas en quoi je suis mignon. Mais bien heureusement la conversation ne tourne pas autour de ça pendant encore très longtemps parce que je suis bien décidé à en savoir plus sur ce fameux Lonnie. J’appuie sur l’originalité de leur rencontre. On ne peut pas tous dire qu’on a connu notre copain ou notre copine sur le parking d’une prison, mais ça va c’est une anecdote drôle. C’est comme ma rencontre avec Alex qui au premier abord n’était pas franchement romantique. Ça nous fait une histoire amusante à raconter après tout. C’est ce que je lui dis sauf que j’ajoute que ça sera une histoire à raconter à leurs enfants. Oui, je sais. Ils ne sont ensemble que depuis quelques semaines et je lui parle déjà d’un futur avec cet homme et de la possibilité d’avoir des enfants. Pleins d’enfants même. Moi je veux avoir des neveux et des nièces et les couvrir de cadeaux et d’amour. Mais je sais que j’ai toujours – souvent tendance à m’emballer – ce qui m’a certainement déjà causé des torts dans le passé. « Ouais, t’as sûrement raison » Bien sûr que j’ai raison ! C’est ce que j’ai envie de lui répondre mais je me contente d’hausser les sourcils un sourire aux lèvres. Je la suis des yeux, la regardant mener sa petite expédition. Elle s’avance vers un cercueil vide dans lequel elle se glisse. Glauque. Mais passons. « Wowowoh. Va pas trop vite en besogne on en est encore au stade dates et des mignonneries. » Je souris. J’adore ça moi, les histoires d’amour et surtout leurs débuts. C’est beau, c’est mignon, ça fait du bien, ça nous apporte un peu d’espoir. Et mon côté romantique amoureux des histoires d’amour je l’ai découvert lors de ma première relation avec Alex il y a dix ans. « C’est le meilleur moment dans une relation ça. » Je lui réponds d’un air un peu rêveur, parce que moi aussi je suis en plein dans ce stade-là avec ma copine. C’est pas parce qu’on est déjà sortis ensemble dans le passé qu’on a pas le droit de passer par cette étape nous aussi et heureusement. Et c’est même presque encore mieux que la première fois, parce qu’on se connait et repasser à nouveau tout notre temps ensemble nous fait replonger dans tous ces bons souvenirs en commun qu’on partage. « Yep. Mon père va l’adorer. Toi aussi. Vous avez un petit côté … chat, tous les deux. » Je grimace, non seulement parce que les draps devant lesquels je me trouve sont tout simplement dégueulasses et je meurs d’envie de les embarquer avec moi pour les laver et leur redonner une plus belle couleur. Mais aussi parce qu’elle vient de me dire que Lonnie et moi avons un côté…chat ? C’est la première fois de ma vie qu’on me dit quelque chose comme ça. « Un côté chat ? Non mais t’as décidé de me faire perdre toute ma masculinité aujourd’hui ? » Je lui demande en me retournant vers elle, j’attrape une fausse pomme posée sur la table de chevet du lit pour la lui lancer. « J’ai hâte de pouvoir le rencontrer en tout cas. Tu le ramènes à la prochaine réunion de famille ? » Histoire qu’il y ait un mec de plus autour de la table, s’il te plaît ? Parce que sérieusement dans notre famille personne n’a l’air de savoir comment faire des garçons. À part Simon le frère de Romy, et moi, il n’y a eu que des filles. Elle profite de cette conversation et du fait qu’on soit encore enfermés pour me demander où Alex et moi en sommes. Je sais qu’elle ne va pas approuver ce que j’ai à lui dire parce que personne ne comprend mon choix mais ça m’est égal. Parce qu’elle me rend heureux et que pour une fois, ce que peuvent penser les autres n’a aucune importance pour moi. Cette fois j’ai envie de penser à moi et simplement à moi. Et Romy en perd d’ailleurs l’équilibre puisqu’elle se prend les pieds dans des câbles trébuchant à moitié sur le lit rempli de poussière. Je la maudis l’espace de quelques secondes, je tousse un peu balayant la poussière avec ma main. « J’espère qu’elle s’est excusée. Et que tu sais ce que tu fais. » Oui elle s’est excusée et oui je sais ce que je fais. J’y ai beaucoup réfléchi et même si la laisser entrer une deuxième fois dans ma vie en reprenant la place qu’elle a déjà occupé une première fois me terrifie, j’ai envie d’essayer. Au pire ça se termine mal, je ne suis plus à une déception prêt de toute façon…non ? « Je me doute que t’as bien réfléchi, mais … ça se passe bien ? Faudrait pas que tu pètes un câble un jour. » J’aimerais beaucoup que tout le monde arrête de constamment s’en faire pour moi et même si je sais que ça part d’une bonne attention de la part de Romy, j’aimerais qu’elle se mette en tête que je ne suis pas en sucre. « Ça se passe super bien. Je suis vraiment bien avec elle, elle me rend heureux et je pense que c’est la seule chose qui devrait compter maintenant.» Elle a fait une erreur. Une très, très grosse erreur qui m’a fait affreusement souffrir et qui reste encore douloureuse à l’heure d’aujourd’hui, mais elle le reconnait. C’est déjà bien, non ? « Et oui elle s’est excusée. » Je fais une pause et me tourne vers elle pour la regarder et reprendre ensuite la parole. « Je sais que tu comprends pas mon choix, personne me comprend sur ce coup-là de toute façon…mais je sais ce que je fais et si j’ai décidé de lui pardonner c’est parce que je sais que je peux lui faire confiance. Tout le monde a le droit à une seconde chance. Elle aussi. Le jour où tu la rencontreras fais un effort s’il te plaît et sois pas trop dure avec elle. Je t’assure qu’elle est vraiment incroyable. » Elle vaut le coup. Elle vaut le coup d’essayer une deuxième fois. Et puis merde, quand je suis avec elle je me sens juste bien, ça devrait être suffisant non ?
Dans son cercueil, en plein remake de Dracula low cost, Romy confiait à Caleb qu’ils n’en étaient clairement pas encore au point de s’avouer des sentiments avec Lonnie, bien qu’il lui ait tapé dans l’œil dès qu’elle l’ait vu et qu’elle n’avait pas lutté grandement contre sa conscience professionnelle lorsque celui-ci lui avait proposé un rendez-vous. Elle l’adorait, ne l’aurait laissé filer pour rien au monde, mais pour le moment ils se contentaient de netflix & chill sur son canapé comme deux adolescents une majeure partie du temps. « C’est le meilleur moment dans une relation ça. » Elle était d’accord comme en témoignait le sourire stupide qui logeait sur ses lèvres. La petite blonde était persuadée qu’ils iraient loin ensemble, qu’ils avaient quelque chose de plus bien qu’ils ne se soient pas mis ensemble depuis très longtemps. C’était stupide de se sentir ainsi si sereine pour l’avenir, mais à Caleb elle s’autorisait à le dire. « Un côté chat ? Non mais t’as décidé de me faire perdre toute ma masculinité aujourd’hui ? » Sortie de son cercueil, elle haussait les épaules en rejoignant la terre ferme. Oui. Clairement. « C’est un compliment. » Plus ou moins. « J’ai hâte de pouvoir le rencontrer en tout cas. Tu le ramènes à la prochaine réunion de famille ? » Le brun lui jetait une fausse pomme croquée qu’elle attrapait avec un réflexe approximatif. Romy n’était clairement pas des plus douées. « Y’a des chances. Je sais pas. J’aimerais. » Elle se mordait l’intérieur de la joue, hésitant à nouveau à confier à son cousin que Lonnie ne venait pas d’une famille lambda et qu’elle avait peur de ce que pouvait penser son père de cette idylle ; plus par son manque de professionnalisme que par l’ascendance du Hartwell. « Mais il est génial. » soufflait elle pour conclure, se rapprochant de Caleb avant de se vautrer honteusement sur le lit, soulevant ainsi de la poussière un peu partout. Eh merde. La blonde toussotait, gagnant ainsi un peu de temps pour répondre à l’annonce de son cousin ; il s’était remis avec la fameuse Alex. Ok. Non pas ok. Est-ce que ça irait ? Est-ce qu’il supporterait ? Ce qu’elle lui avait fait vivre n’était pas rien et elle s’inquiétait. « Ça se passe super bien. Je suis vraiment bien avec elle, elle me rend heureux et je pense que c’est la seule chose qui devrait compter maintenant. » Mouais. La petite blonde n’était pas tout à fait de cet avis mais pour Caleb elle se taisait, se contentant d’opiner du chef silencieusement. « Et oui elle s’est excusée. » Nouvel hochement de tête. C’était déjà ça. « Je sais que tu comprends pas mon choix, personne me comprend sur ce coup-là de toute façon…mais je sais ce que je fais et si j’ai décidé de lui pardonner c’est parce que je sais que je peux lui faire confiance. Tout le monde a le droit à une seconde chance. Elle aussi. Le jour où tu la rencontreras fais un effort s’il te plaît et sois pas trop dure avec elle. Je t’assure qu’elle est vraiment incroyable. » Oh ? Oh. Mal à l’aise une seconde, Romy se rappelait qu’elle avait déjà rencontré Alex et que cette dernière n’avait donc rien dit. Elle non plus d’ailleurs. « Eh je sais me tenir. » qu’elle commençait pour la forme, lui pinçant l’avant-bras. « Mais si tu sais ce que tu fais tu sais très bien que je te soutiendrais. De toute façon elle risque pas de faire une boulette pire que celle-là. » Mieux valait voir le verre à moitié plein, et bien que Romy n’avait pas le moindre tact, elle avait au moins le mérite de penser ce qu’elle disait, et ses paroles allaient dans le sens d’un Caleb qu’elle avait déjà vu toucher le fond. Son inquiétude lui semblait légitime. « … enfin promis je lui ferais pas son procès sur place publique. » qu’elle justifiait finalement dans un mouvement du bras destiné à dédramatiser ce dialogue qui tombait sur une pente abrupte.
“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Les histoires d’amour moi j’aime ça. Ça vend du rêve, non ? Voir qu’une seule personne est capable de nous apporter autant de bonheur et que sa seule présence à nos côtés a la capacité de nous apaiser. C’est l’amour, le vrai. Quand on aime cette personne avec toutes ses qualités mais aussi ses défauts, quand on la connait mieux que personne et qu’on l’accepte malgré les erreurs qu’elle a pu commettre dans le passé. Quand elle nous aide à aller de l’avant et à oublier un passé parfois encore un peu trop douloureux. Et cette fin d’année semble nous sourire à tous les deux, elle en vient même à me dire que Lonnie et moi avons tous les deux un côté chat… Oui vous avez bien lu, un côté chat. Je ne sais pas vraiment comment je suis censé prendre ça. Pas mal je le sais. Mais ça, plus le fait qu’elle me dise juste avant que je suis la plus mignonne de notre famille, ça commence à faire un peu beaucoup d’un coup. « C’est un compliment. » Elle me le confirme. C’est un compliment. Ouais bon, soit. J’hausse doucement les épaules et passe à autre chose en lui demandant si j’aurais la chance de pouvoir le rencontrer au prochain dîner de famille Ashby/Anderson. Au moins il ne s’ennuiera pas s’il vient, parce que l’ambiance à table quand on est tous réuni est toujours assez incroyable. Incroyable pas dans le sens où on s’amuse, mais l’atmosphère est toujours assez tendue. Je pense que les choix de vie de ma sœur y sont pour beaucoup mais ça, la famille de Romy n’en a toujours aucune idée. La pauvre, si elle savait… « Y’a des chances. Je sais pas. J’aimerais. » Elle aimerait, bah qu’elle le fasse c’est pas si compliqué que ça. quand je suis revenu de mon année en Europe je n’ai pas attendu très longtemps pour présenter LV à toute ma famille. Mais bon, ça c’est moi c’est différent j’ai tendance à toujours vouloir aller un peu trop vite. « Bah…après tu le feras quand tu te sentiras prête mais y’a pas de raisons que ça se passe mal. Tu l’as dit toi-même que tu père allait l’aimer. » Et puis dans notre famille on est pas des monstres je pense qu’on est tous assez accueillants. LV n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour se faire sa place parmi nous, alors je ne doute pas que ce soit la même chose pour Lonnie. « Mais il est génial. » Je souris doucement. C’est la deuxième fois qu’elle vante ses mérites en m’assurant qu’il est vraiment génial alors j’espère qu’elle a raison et que je ne vais pas être déçu. En tout cas j’ai hâte de pouvoir le rencontrer enfin et de mettre un visage sur ce nom mais pour le moment Romy a décidé de me poser des questions sur ma vie sentimentale. Je sais qu’en me demandant ça elle ne s’attendait certainement pas à ce que je lui annonce que je venais tout juste de me remettre avec Alex. Mais cette fois ça sera différent. Je le sais, je le sens. Parce qu’on a réussi à se parler. Un peu. Et je sais qu’on a clairement pas réglé tous nos problèmes mais on a réussi à parler de certains obstacles qui nous empêchaient d’avancer ou plutôt, qui m’empêchaient d’avancer. Elle m’a posé des questions sur LV et ça a été pénible pour moi. Devoir lui parler de celle qui il y a un peu plus de deux ans partageait ma vie, celle qui avait accepté de devenir ma femme, celle avec qui j’avais un tas de projets pour le futur. Ça a été dur. Très dur. Mais j’ai été honnête avec elle, même si les choses que je lui ai dites ne lui ont pas plu. LV aura toujours une certaine place dans ma vie et je ne suis pas encore prêt à la laisser complètement partir. Si elle est capable d’accepter ça je pense qu’on a déjà passé un cap elle et moi, non ? « Eh je sais me tenir. » Oh elle je le sais qu’elle peut se tenir, Romy est de loin celle qui me fait le moins peur. C’est le comportement de Prim envers Alex qui m’inquiète déjà. « Mais si tu sais ce que tu fais tu sais très bien que je te soutiendrais. De toute façon elle risque pas de faire une boulette pire que celle-là. » Une légère grimace prend place sur mon visage. Romy a raison, elle ne pourra pas faire une connerie encore plus grosse que celle qu’elle a déjà faite. « … enfin promis je lui ferais pas son procès sur place publique. » J’espère bien oui, je pense que je lui ai déjà assez reproché cette histoire et même si l’idée de me dire que j’ai un fils de huit ans que je ne pourrais certainement jamais le voir est toujours douloureuse et difficile à accepter j’apprends petit à petit à vivre avec. « J’aimerais beaucoup que tu fasses sa connaissance. Tu la connais que par sa plus grosse erreur mais je t’assure qu’elle est vraiment géniale. Elle m’apporte beaucoup. » Elle est tout ce dont j’ai besoin et tout ce dont j’ai envie. Et je sais que pour Romy ça pourrait peut-être paraître assez dingue parce qu’elle connaissait LV et elle rendra très vite compte qu’Alex n’a rien à voir avec elle. Mais c’était justement ça que j’ai tout de suite aimé chez LV quand je l’ai rencontrée. Elle n’était pas Alex et donc, elle ne risquait pas de me faire souffrir. « Enfin, le principal c’est que je me sente enfin mieux et pour une fois je t’avoue que je m’en fous un peu de ce que les autres peuvent penser. J’ai envie de penser un peu à moi. » Ce qui est rare parce que j’ai tendance à faire passer les autres avant moi, tout le temps. Mais pas cette fois. Je viens de passer les deux années les plus horribles de ma vie et je commence enfin à me sentir apaisé alors je ne suis pas prêt à renoncer à tout ça.
Parmi les choses que Romy aurait aimé confier à Caleb figurait en tête de liste : mon père risque de m’engueuler copieusement, voire de me virer, pour être sortie avec le fils d’une détenue alors même que je m’occupais de son dossier, mais elle ne voulait pas réduire Lonnie à son histoire, alors même si elle savait que son cousin ne l’aurait pas fait, elle préférait garder pour elle ce versant de leur idylle pour lui annoncer le plus important ; elle était profondément heureuse avec lui. « Bah…après tu le feras quand tu te sentiras prête mais y’a pas de raisons que ça se passe mal. Tu l’as dit toi-même que tu père allait l’aimer. » Oui, et pour s’en convaincre, la petite blonde hochait de nouveau la tête. Ça ira, son père ferait un effort, et tout ira bien dans le meilleur des mondes. En théorie. De toute façon il n’était bientôt plus question d’elle mais de Caleb dont la nouvelle histoire avec Alex semblait être repartie sur des bases solides. L’idée ne la faisait pas bondir de joie, et si elle ne la comprenait pas totalement Romy prendrait toujours le parti de son cousin alors … si il était heureux, elle ne se voyait pas venir mettre son nez dans des histoires qui ne la concernaient pas. Les choses étaient plus faciles à accepter ainsi. La petite blonde glissait toutefois qu’elle ne lapiderait pas la journaliste si cette dernière se greffait de façon définitive à la famille, soulignant qu’elle leur avait déjà fait le pire coup possible. « J’aimerais beaucoup que tu fasses sa connaissance. Tu la connais que par sa plus grosse erreur mais je t’assure qu’elle est vraiment géniale. Elle m’apporte beaucoup. » Romy gardait pour elle le fait qu’elle avait déjà fait la connaissance d’Alex après avoir voulu tirer cette affaire au clair. Pour sa défense, d’avoir vu son cousin débouler chez elle à deux doigts du craquage nerveux avait été une épreuve dont elle se serait volontiers passée, et retrouver cette fille pour s’assurer de ses intentions relevait presque du rationnel … presque. « Bah…. Je peux essayer, ça coûte rien. Elle peut pas juste être cette fille qu'on a en tête de toute façon. » Haussant les épaules, Romy avait nuancé ses propos d’un mouvement du bras, acceptant une seconde entrevue avec Miss Clarke pour la faire passer de la case malheurs à celle de copine de Caleb. Ce ne serait pas une mince affaire, mais une fois encore, pour le brun elle ferait l’effort. Il avait déjà assez souffert sans qu’elle ne vienne ramener son propre à priori sur le tapis. « Enfin, le principal c’est que je me sente enfin mieux et pour une fois je t’avoue que je m’en fous un peu de ce que les autres peuvent penser. J’ai envie de penser un peu à moi. » Et il avait bien raison. Romy lui adressait un demi-sourire, se penchant pour lui ébouriffer le sommet de la chevelure. C’est-à-dire qu’il en avait pas mal. « 2020 sera ton année. Nouveau toi. Nouvelle vie. Essaie de survivre au réveillon de Noël en famille et ensuite ce sera la route vers les pages tournées. » Sur cette note positive, la petite blonde continuait son exploration des lieux, tombant sur un boîtier électronique dont les boutons interpellaient la grande enfant qu’elle était. « Tu crois que si on appuie sur tous les boutons ils se rendront compte qu’ils nous ont oublié ici ? Ou est ce qu’on va vraiment finir par passer la nuit ici avec les araignées ? » Peut être que remettre les arachnides sur le tapis n’était pas une bonne idée vu les sentiments que nourrissaient Caleb à leur égard, mais Romy s’autorisait à en plaisanter (pour le Romilda ; elle avait la rancœur tenace) car ici tout était faux, et ils finiraient par matcher avec le décor fait de poussière et de lambeaux si personne ne venait les tirer de là. Vu l’heure qui avançait le parc finirait même par fermer avec eux encore dans ces foutus wagonnets. Du moins, en théorie.
“You've got to pick up every stitch. Oh no, must be the season of the witch, must be the season of the witch. When I look over my shoulder what do you think I see ? Some other cat looking over, over the shoulder at me. And he's strange, he's very strange to me”
Je ne sais même pas depuis combien de temps on est enfermés ici mais je commence à perdre petit à petit patience. Pas que la présence de ma cousine soit désagréable, mais on tourne en rond je commence presque à me demander s’ils ne nous ont pas oubliés ici. Pour faire passer le temps on parle, j’apprends qu’elle a un nouveau copain depuis peu et elle a l’air heureuse avec lui. Ils en sont encore au début de leur relation quand tout est beau, tout est rose et rien ne semble pouvoir les séparer. C’est toujours comme ça quand on commence à fréquenter quelqu’un, on ne se quitte pas, on passe tout notre temps libre ensemble, on apprendre à se connaître. C’est sûrement une des meilleures sensations au monde, quand on commence à tomber amoureux et à accepter que le bonheur de l’autre suffit au notre. Je suis vraiment content pour elle, Romy mérite de trouver un garçon qui se rende compte que ma cousine est une personne merveilleuse qui mérite tout le bonheur du monde. Elle n’a pas eu beaucoup de chance en amour elle non plus alors j’espère sincèrement que cette fois ça sera la bonne pour elle et qu’elle ne finira pas à nouveau le cœur brisé. Je suis certainement bien plus content pour elle qu’elle ne l’est pour moi. Je sais qu’elle n’approuve pas ma relation avec Alex et je sais aussi que personne ne l’approuve, personne ne comprend. Peut-être que je fais une connerie en lui accordant mon pardon, peut-être que je finirai par le regretter mais cette fois j’ai vraiment envie d’y croire. J’ai envie de me dire qu’elle ne refera pas les mêmes erreurs et que cette fois elle et moi ça marchera. Parce que j’ai envie que ça fonctionne. Ces derniers jours passés avec elle m’ont procuré bien plus de bonheur et de joie que ces deux dernières années. Je vis à nouveau, c’est ce que tout le monde me demandait de faire alors je ne comprends pas pourquoi personne n’arrive à se réjouir pour moi. « Bah…. Je peux essayer, ça coûte rien. Elle peut pas juste être cette fille qu'on a en tête de toute façon. » Bien sûr que non, et j’aimerais même qu’elle s’enlève toutes ces idées qu’elle se fait d’elle pour réellement lui donner une chance de vraiment s’intégrer à la famille parce que cette fois je refuse de la laisser partir comme elle l’a fait la dernière fois. « Elle est géniale. » Si je l’aime ça veut bien dire qu’elle n’est pas que cette fille qui a commis ce qui peut très certainement s’apparenter comme étant la plus grosse erreur de sa vie, non ? Elle est bien plus que ça. Moi la plus grosse erreur que j’ai pu faire a tué quelqu’un, la femme que j’aimais et que j’allais épouser. Involontairement j’ai tué quelqu’un mais pourtant personne ne semble m’en tenir compte, alors que ce que j’ai fait est bien plus grave que ce qu’a fait Alex. Alors oui, j’aimerais que Romy et Prim lui pardonnent aussi comme moi j’ai pu le faire. Enfin pour Prim je sais que ça risque d’être très compliqué, alors je compte sur Romy. J’espère ne pas être déçu. « 2020 sera ton année. Nouveau toi. Nouvelle vie. Essaie de survivre au réveillon de Noël en famille et ensuite ce sera la route vers les pages tournées. » J’avais presque oublié que les fêtes de fin d’année allaient bientôt arriver, et qui dit fêtes de fin d’année, dit long repas en famille interminable. Elle m’ébouriffe les cheveux, je fronce les sourcils et je râle. Il va vraiment falloir que tout le monde perde cette passion à vouloir foutre un bazar dans mes cheveux. Laissez-les tranquilles s’il vous plaît. Et alors que je m’apprête à ouvrir la bouche pour parler Romy est plus rapide que moi et se met à commenter sur un tableau électrique qu’elle vient de trouver. « Tu crois que si on appuie sur tous les boutons ils se rendront compte qu’ils nous ont oublié ici ? Ou est ce qu’on va vraiment finir par passer la nuit ici avec les araignées ? » Un légère grimace se dessine sur mon visage en l’entendant mentionner les araignées, horrible insecte ce truc. Je me lève pour le placer à côté d’elle observant le tableau électrique – comme si j’y connais quelque chose – et je hausse les épaules avant de lui répondre. « Arrête, dis pas qu’ils nous ont oublié tu vas nous porter la poisse. » Je refuse de passer la nuit ici, j’ai des plans moi pour ce soir alors je prie intérieurement pour que quelqu’un vienne nous chercher mais en attendant j’appuie sur un bouton un peu au hasard situé en bas à droite du tableau électrique. Pourquoi je fais ça ? J’en sais rien. Tout ce que je sais c’est que ce bouton a déclenché comme un bruit de tonnerre dans la pièce et les lumières changent de couleur, comme s’il y avait un orage. Super ambiance dans ce train fantôme façon maison hantée. Et mes vœux se réalisent bien plus vite que prévu, un gars de la sécurité arrive et nous annonce qu’il va devoir nous escorter vers la sortie de secours. Bah enfin, ils n’auraient pas pu le faire avant sérieux ? Mais voilà au moins personne ne nous a oublié et c’est sans broncher que Romy et moi le suivons jusqu’à la sortie et une fois dehors il nous demande de quitter le parc puisqu’il est en train de fermer. On est donc restés un bon moment, enfermés à l’intérieur de cette attraction mais honnêtement, je n’ai pas vraiment vu le temps passer et ça nous a permis de nous parler un peu plus sérieusement. Mais maintenant, on est libres et c’est tout ce qui compte.