« Docteur Whitemore, il y a une nouvelle entrée aux urgences et ils demandent un avis psy. » Hannah releva les yeux en direction de l’infirmière, lui adressant un sourire en hochant la tête, tendant son bras afin d’attraper le dossier qu’elle lui tendait. Certaines nuits étaient plus longues que d’autres, et la brune devait bien avouer que celle-ci était particulièrement intense. Elle courrait partout depuis qu’elle avait pris son shift en début de soirée et n’avait pas encore trouvé la moindre minute de répit. Elle appréciait particulièrement ces nuits à l’hôpital car elles lui procuraient un sentiment d’adrénaline qu’elle n’avait pas lorsqu’elle faisait ses stages dans des cliniques spécialisées. Ici, elle faisait face à un tas de situations différentes et rencontrait parfois certains cas bien particuliers auxquels elle n’aurait jamais eu affaire si elle s’était contentée de suivre une voie « ennuyeuse » comme elle aimait à le dire. Hannah avait soif d’expérience, et c’était la raison pour laquelle elle ne comptait pas ses heures et s’investissait dans divers projets lui permettant d’aller toujours plus loin dans la pratique, mettant à profit des années d’études théoriques sur des cas figurant dans des livres énormes et indigestes. La jeune femme avait trouvé son équilibre en partageant son temps entre l’hôpital et l’association Beauregard, deux milieux bien différents mais qui lui procuraient tous les deux autant de satisfaction que possible. Décidée à souffler quelques minutes, le médecin se laissa tomber sur une chaise tout en lisant avec attention le dossier que sa collègue lui avait donné quelques instants plus tôt, fronçant légèrement les sourcils – signe d’intense concentration chez elle. Il s’agissait là d’une crise psychotique liée à la prise de stupéfiants, c’est en tout cas ce qu’elle déduit à première vue en lisant les notes prises par un des internes aux urgences. Ils étaient en attente des résultats de la prise de sang, mais tout indiquait ce diagnostic. Apparemment, la police était sur place et attendait qu’elle donne son opinion sur le patient avant de pouvoir embarquer le prévenu. Hannah réalisa qu’il valait mieux ne pas traîner et après avoir vérifié que tout allait bien dans son service, elle se dirigea rapidement vers les urgences, le dossier sous le bras. Le calme de l’ascenseur dénotait avec l’agitation présente dans ce service, les patients attendant d’être pris en charge avec une patience toute relative. Allez savoir pourquoi une espèce de loi immuable voulait que l’attente soit toujours plus longue au beau milieu de la nuit qu’en pleine journée. Hannah adressa un sourire compatissant à ceux dont elle croisa le regard sur son chemin avant de laisser celui-ci se poser sur deux policiers qui semblaient monter la garde devant un des boxes dans lequel on pouvait entendre un certain brouhaha. La brune accéléra le pas et fit son entrée dans la pièce, voyant immédiatement que le patient était en pleine crise. Les yeux injectés de sang, il hurlait et pointait le coin de la pièce, comme s’il y voyait quelque chose d’invisible pour les autres. Sans se préoccuper des autres personnes dans la pièce, elle passa sans cérémonie devant l’interne qui semblait tétanisée devant la réaction violente de cet homme – un autre problème durant les shifts de nuit venait du fait que le service était souvent assuré par des internes qui étaient vite dépassés par les évènements. Hannah ne se formalisait pas, car elle était elle aussi passée par là. Se dirigeant tout droit vers l’endroit où se trouvait le matériel médical, elle prit la parole avec le plus grand des calmes, son attention dirigée vers l’interne. « Il faut lui donner un neuroleptique. Ca va le sédater très légèrement, mais il sera toujours en mesure de répondre aux questions. Notre but, c’est de le calmer pour qu’il ne se blesse pas. » Lança-t-elle tout en laissant son regard se poser sur les avant-bras griffés du jeune homme qui vivait son trip à plein régime. Elle avait l’embarras du choix sur le produit à utiliser, mais sans connaître les substances que cet homme avait ingérées, elle préféra jouer la sécurité en choisissant un neuroleptique qui ne devrait normalement pas interférer avec le reste. Il était toujours compliqué de gérer les drogués dans ce genre de situation, surtout quand on ignorait à quoi ils planaient. « Vous savez ce qu’il a pris ? » Demanda-t-elle par acquis de conscience au seul autre policier présent dans la pièce, se décidant enfin à lever le regard vers lui alors qu’il l’observait les bras croisés. Ses joues rosirent légèrement tandis qu’elle reconnaissait son interlocuteur comme étant l’inspecteur Barnes en personne. Non pas que Hannah ait souvent eu affaire à la police, mais elle s’était retrouvée à recoudre son frère aux urgences il y a quelques semaines de cela ; un pur hasard puisqu’elle avait rendu service à une collègue en la délestant de quelques patients. En effet, la brune n’avait désormais plus rien à faire aux urgences, si ce n’est lorsqu’on demandait à la psy de descendre, comme aujourd’hui. Un hasard qui lui avait permis de faire la connaissance de Nate même si la conversation avait principalement été axée sur son frère et les situations désespérantes dans lesquelles il semblait volontiers se mettre pour faire enrager son aîné. « Inspecteur Barnes. » Reprit-elle ensuite avec un sourire en coin avant de se diriger vers le patient qui était désormais immobilisé par deux infirmiers, le temps pour elle de lui injecter le produit qui le soulagerait. La brune ne cédait jamais à la panique, ayant une grande maîtrise d’elle-même. Son cerveau fonctionnait toujours à mille à l’heure et lui permettait d’analyser une situation rapidement afin d’y trouver la solution la plus adaptée, souvent en un temps de réaction record. Hannah n’aurait su expliquer elle-même comme son esprit fonctionnait, mais elle s’était rendue compte au fur et à mesure des années qu’elle ne réfléchissait pas vraiment comme tout le monde. Très vite, le corps secoué de tremblements de son patient s’immobilisa, retrouvant un calme approximatif permettant aux infirmiers de le laisser et de pouvoir vaquer à leurs autres occupations. La jeune femme fit un geste en direction de l’interne qui signifiait qu’elle pouvait y aller elle aussi, et une fois que celle-ci eut quitté la pièce, le médecin se tourna vers Nate avec un regard interrogateur. « Il est en état d’arrestation ? » Demanda-t-elle, histoire de savoir comment procéder pour la suite des opérations.
Parfois ces types avaient le don de l’énerver au possible. Il était cuit lui, sûrement déjà défoncé au moment où Nate et son jeune coéquipier du jour s’étaient approchés pour l’interpeller mais il avait quand même finit par avaler son stock de pilule devant les deux policiers. Il n'était censé être qu'un témoin, il devait surtout servis d'indic, mais il avait complètement craqué. Et malheureusement pour ce jeune adulte, il avait été retrouvé en bien mauvaise posture et cet abruti avait décidé de se débarrasser d’une partie de son stock en ingurgitant celui-ci. Par manque de lucidité, par peur de se faire choper, peu importe les motivations, il avait tout gâché. Ce qui avait conduit à cet état déplorable et à un séjour aux urgences avant de rejoindre le poste de police. Et, parce que ce type avait été jusqu'à risquer sa vie pour éviter des ennuis, à défaut d’être dans l’action voilà que Nate se retrouvait à faire le pied de grue au chevet de ce type. Nate avait proposé son aide pour maintenir le pauvre homme, qui payait clairement les conséquences de sa stupidité, mais on lui avait gentiment fait comprendre qu'il était flic et pas professionnels de la santé et qu'il devait laisser la place aux soignants. Alors quand le type s'était mis à s'agiter encore un peu plus, mobilisant plusieurs soignants pour le contenir, Nate les avait regardé galérer sans bouger. Il était gentil le policier, mais le respect était primordial et ces gens, l'avaient clairement prit de haut. Ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il n'était peut-être pas médecin, mais dans son boulot, depuis qu'il avait rejoins les stups, des overdoses, des crises liées à des prises de drogues, il en voyait beaucoup. Mais tant pis pour eux, la force du policier leur aurait sans doute été d'une grande aide. Alors il les regardait, les bras croisés, attendant qu'on fasse appelle à lui. Il regardait le pauvre jeune qui hurler, se débattre sans que personne ne semble en mesure de le soulager. Il regardait l'interne qui quelques minutes plus tôt avait demandé au policier de s'écarter, regarder désormais avec une certaine panique l'homme qui devenait de plus en plus agité. Personne dans cette pièce n'avait jugé bon de demander à Nate ce que cet homme avait pu prendre pour finir ainsi. Personne, et pourtant Nate avait encore avec lui la fin du stock qu'il avait pu dérober avant que ce type ne se tue réellement. Nate attendait dans son coin, relégué au second plan, les bras croisés, agacé par cette situation, chose qu'il marquait en tapant légèrement du pied sur le sol. Il n'était pas médecin, mais il connaissait les drogues, il connaissait les effets, il était assez régulièrement confronté à des suspects agités, incohérents, violents, il n'avait pas peur au contraire de cette interne qui puait la trouille et heureusement pour elle que le suspect n'était plus en mesure de s'en rendre compte, sinon il n'aurait fait qu'une bouchée de cette fille. L'inspecteur, observait sa montre, il n'avait que ça à faire. Mais il savait que dans très peu de temps, il finirait pas intervenir avant que quelqu'un ne finisse par ce blessé, parce que tout ici était trop désordonné, trop agité pour que les choses ne se calme d'elle même. Enfin ça c'était jusqu'à ce qu'elle rentre. La démarche assurée, déterminé et calme, et en quelques minutes, elle avait remit de l'ordre dans ce capharnaüm, prenant les choses en main, enfin. « Vous savez ce qu’il a pris ? » Et voilà que quelqu'un s'adressait à lui, qu'elle s'adressait à lui. Il avait répondu avec détachement, agacé qu'il ait fallu tout ce temps pour qu'enfin on pense à lui demander. « Plusieurs cachets d'un dérivé de LSD, mais il semblait déjà sous l'emprise de la drogue avant notre arrivée, il a des traces de piqûres récentes, donc il a pu prends autre chose juste avant qu'on l'interpelle. » Et ce fut quand il releva les yeux vers elle, qu'il reconnu cette femme. Il retrouvait le Docteur Whitemore qu’il avait croisé un soir alors qu’il était en civil venu rechercher son frère qui s’était battu dans un bar. Ce soir là, la fatigue ajoutée aux émotions qu’ils avaient eu à gérer à cause de son petit frère lui avait fait perdre un peu son sang froid et il s’était confié à cette femme, de manière totalement imprévu. Mais, c'était ça ou risquer d'en venir à passer ses nerfs sur le visage de son petit frère que ce médecin venait de recoudre. Alors Nate avait privilégié l'option ou les poings restaient bien enfoncé dans ses poches et après s'être étalé sur le comportement désespérant du little Barnes, Nate avait voulu se faire pardonner d'avoir accaparé le temps de ce médecin, en lui payant un café. Invitation qu'elle avait décliné après avoir été rappelé pour une consultation. C'était elle devant lui, la première à s'intéresser un tant soit peu à ce qu'il pouvait apporter comme précision, du haut de son statut de petit inspecteur de police. « Inspecteur Barnes. » Nate n'avait pu cacher sa légère surprise quand elle l'avait appelé par son nom, elle se souvenait de lui alors ? Et pendant un instant, il avait détaché son regard de l'homme qu'il devait surveiller obnubilé par la précision des gestes du docteur. Il était quelque peu perturbé, et il ne savait même pas réellement pourquoi. Finalement après quelques minutes tout était devenu presque calme dans la salle, et après les longues minutes de cris et d'agitations, ça semblait faire du bien à tout le monde, et à ce pauvre homme en premier lieu, qui venait de vivre des minutes intenses. Très rapidement, la pièce se vida, les infirmiers sortirent les premiers suivis par l'interne qui n'avait même pas daigné regarder le policier avant de quitter la salle. Heureusement Nate ne s'en formalisait pas et la dernière encore présente, interpellée le policier. « Il est en état d’arrestation ? » Ses droits lui avaient déjà été annoncé sur place, avant qu'il ne parte dans son bad-trip, mais s'il avait été interpellé c'était dans un tout autre but. « C’est avant tout un possible témoin dans une affaire capitale. » Son sort était en quelque sorte encore en suspens, mais grâce à cette prise en flag, Nate et ses collègues avaient désormais de quoi lui mettre un peu de pression avant de décider de son arrestation définitive ou de le relâcher. Son sort était donc lié intimement à la capacité ou non qu'avait cet homme de donner des informations déterminantes pour pêcher un peu plus gros poissons que lui. C’était comme ça aussi que ça fonctionnait, flairer les plus petits poissons pour atteindre les requins. Sauf que lui était finalement pas très important, c'était un petit jeune dans le domaine, et il avait été réellement con de risquer sa vie pour quelques cachets en sa possession, s'ajoutant en plus d'autres chefs d'accusations possibles. « Mais on a retrouvé une certaine quantité de produits illicites sur lui, alors honnêtement ça va dépendre de lui. Il a ingurgité un certain nombre de cachets avant de se faire arrêter, le risque d'overdose est réelle, votre collègue vous en a parlé ? » Nate s’immisçait peut être dans un domaine qui n'était pas le sien, mais l'interne ne lui avait clairement pas fait bonne impression, et si l’hôpital était en charge de s'occuper du jeune patient, Nate n'avait pas envie de risquer de voir mourir un jeune qui était sous sa surveillance. « Est-ce qu'il est en mesure de parler et surtout d'être cohérent ? » C'était la question logique après s'être assuré que son état médical était sous contrôle, il était policier, et il allait devoir écrire un rapport suite à cet incident, et pour le moment, il était encore loin d'avoir tout les éléments pour le remplir. Il connaissait ce genre de situation, et si le patient était en mesure de parler, la cohérence n'était pas toujours de mise. Et la nuit pouvait potentiellement s'avérait longue avant que l'homme ne recouvre tout ses esprits et qu'il soit en mesure d'être interrogé et que ses paroles soient considérées comme recevables. « La nuit va être longue. J'ai mon coéquipier devant la porte qui peut aller nous chercher des cafés si vous voulez. » Le fameux café qu'elle avait déjà refusé une fois, ils n'étaient plus que les deux avec un patient visiblement pas encore totalement revenu parmi eux, elle pouvait bien accepter cette fois non ?
Ce n’était pas la première fois qu’Hannah était confrontée à ce genre de crise – malheureusement – mais le fait que la police soit présente avait l’air de compliquer les choses et de stresser l’interne qui avait pris le dossier en charge avant son arrivée. Le dossier que l’infirmière lui avait remis était incomplet, et les questions d’usage avaient beau avoir été posées, le médecin manquait cruellement d’informations pour juger de la meilleure façon d’intervenir sur ce cas. Elle n’aurait d’ailleurs probablement rien donné à cet homme s’il ne s’était pas mis à piquer une crise en se griffant à sang, de peur d’aggraver la situation. Son premier réflexe fut toutefois d’interroger le seul policier présent dans la pièce sur ce que cet homme avait ingéré, tout en réfléchissant au neuroleptique le plus indiqué. « Plusieurs cachets d'un dérivé de LSD, mais il semblait déjà sous l'emprise de la drogue avant notre arrivée, il a des traces de piqûres récentes, donc il a pu prends autre chose juste avant qu'on l'interpelle. » Le ton du brun était empreint d’une légère irritation, et Hannah releva le regard dans sa direction pour voir de quoi il en retournait, surprise de croiser celui d’un homme qu’elle connaissait déjà. Bien entendu, connaître était un bien grand mot pour qualifier leur unique rencontre qui avait eu lieu dans ce même hôpital, mais dans des circonstances bien différentes. S’il était là aujourd’hui pour des raisons professionnelles, ça n’avait pas été le cas quelques semaines auparavant. Présent pour son frère qu’il semblait avoir sorti d’une mauvaise posture dans un bar, l’inspecteur avait passé une bonne partie de la soirée à lui confier la frustration qu’il ressentait à l’égard du plus jeune Barnes, et Hannah l’avait écouté. Pas seulement par déformation professionnelle, mais bien parce qu’elle avait ressenti son besoin de s’épancher et que le courant était plutôt bien passé entre eux, en dépit du contexte qui avait poussé à cette rencontre inattendue. Elle se souvenait parfaitement de lui, de la façon dont il l’avait invitée à boire un café pour s’excuser du temps qu’il jugeait lui avoir volé, ainsi que de la manière un peu maladroite dont elle avait dû l’envoyer paître sous couvert d’une consultation. Elle avait haï son biper à cet instant précis, mais rien ne se mettait jamais en travers de son travail, c’était une de ses règles d’or. Nate Barnes n’y avait pas fait exception, et c’est avec un pincement au cœur qu’elle était retournée travailler sans se retourner, regrettant de ne pas avoir pu prolonger cette conversation avec le jeune homme. Et le hasard les réunissait à nouveau, même s’il s’agissait encore une fois d’une intervention médicale de la part d’Hannah, à croire qu’ils ne se croiseraient jamais en dehors de cet hôpital. Laissant ses yeux bleus plonger quelques secondes dans ceux de son interlocuteur, elle détourna finalement le regard pour se concentrer sur son patient, saluant tout de même à voix haute le policier afin de lui montrer qu’elle se souvenait parfaitement de qui il était. La brune sentait son regard sur elle, mais ses gestes restaient assurés tandis qu’elle administrait le produit destiné à calmer le jeune homme qui commençait déjà à montrer des signes d’apaisement. Les infirmiers présents dans la pièce les laissèrent peu à peu, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que deux. Hannah releva le menton dans sa direction, lui demandant si cet homme était ou pas en état d’arrestation, histoire de savoir dans quel ordre procéder. Elle ne voyait pas de menottes à son poignet, mais la présente constante de la police indiquait tout de même qu’il était dans de beaux draps. « C’est avant tout un possible témoin dans une affaire capitale. » D’accord. La brunette hocha la tête, s’emparant du dossier incomplet du patient pour y inscrire quelques informations supplémentaires. « Mais on a retrouvé une certaine quantité de produits illicites sur lui, alors honnêtement ça va dépendre de lui. Il a ingurgité un certain nombre de cachets avant de se faire arrêter, le risque d'overdose est réelle, votre collègue vous en a parlé ? » La jeune femme sortit la tête de son dossier, jetant un coup d’œil au patient avant de reporter son attention sur Nate, secouant doucement son visage de gauche à droite. « Non, je suis descendue pour une évaluation psy, ils sont encore en attente des résultats de la prise de sang… Mais s’il a réellement ingéré une grosse quantité de drogue, on va devoir lui faire un lavage d’estomac. » C’était la procédure lorsqu’une personne arrivait aux urgences en pleine overdose, et si l’inspecteur Barnes disait vrai, alors cet homme y passerait aussi. « Est-ce qu'il est en mesure de parler et surtout d'être cohérent ? » La brunette posa le dossier sur la table, vérifiant rapidement les constantes du jeune homme avant de laisser une moue contrite apparaître sur son visage. « Je suis désolée, mais non. Je vais demander qu’on l’emmène pour lui vider l’estomac et éviter tout risque d’overdose, et ensuite on devra l’aider à se sevrer. J’ignore depuis combien de temps il est dans cet état, ni les réactions qu’il aura lorsqu’il commencera à être en manque. Selon la violence de ses réactions, on sera peut-être obligés de le sédater légèrement, comme ici… » Indiqua-t-elle en faisant un geste dans la direction du jeune homme, persuadée qu’il faudrait quelques jours avant qu’il ne soit réellement en état de répondre correctement à l’interrogatoire de la police. « Je suis désolée, j’aurais aimé vous donner de meilleures nouvelles. Ceci dit, rien ne vous empêche de passer pour voir comment il va… Ou si vous préférez, je vous donnerai les informations au téléphone. » Ajouta la brune, penchant la tête sur le côté afin de voir si ces informations ne frustraient pas trop son interlocuteur. Après tout, si ce type était un témoin important, le fait qu’il soit coincé à l’hôpital ne devait pas arranger les affaires de l’inspecteur. « La nuit va être longue. J'ai mon coéquipier devant la porte qui peut aller nous chercher des cafés si vous voulez. » Hannah haussa un sourcil, surprise qu’il réitère sa demande après la dernière fois. Sauf que ce coup-ci, elle n’avait plus aucune urgence à traiter – sauf si une nouvelle entrée faisait son apparition – et qu’elle était parfaitement disponible pour prendre une pause bien méritée. « Le café des machines est imbuvable, je propose qu’on aille se fournir chez les infirmières, dans une des salles de pause. » Lança-t-elle avec malice, se dirigeant vers la porte de la salle d’examen pour interpeller l’interne qui était toujours dans les parages. « Donnez moi les infos dès que vous avez ses résultats. En attendant, il lui faut un lavage d’estomac. Quand ça sera fait, vous pouvez lui donner une chambre pour qu’il se repose. J’ai noté le sédatif à lui administrer s’il recommence à s’agiter et… Sanglez le. La police attend son témoignage et il a des choses à se reprocher, je veux pas entendre parler d’une fugue pendant mon service, c’est clair ? Appelez-moi s’il y a le moindre soucis. » L’interne hocha rapidement la tête avant de disparaître en un rien de temps, laissant une Hannah légèrement perplexe. « Elle a oublié de prendre le dossier. » Lança-t-elle à voix haute, blasée par ces internes beaucoup trop éparpillés. Comme si elle l’avait entendue, la jeune fille fit sa réapparition, se confondant en excuses avant de lui prendre le dossier des mains et de disparaître une nouvelle fois. « Espérons qu’elle ne fasse pas plus de bêtises. » Elle jeta un œil amusé en direction de Nate, avant de se mettre en route vers l’endroit où se trouvait le meilleur café de l’hôpital. « J’ignorais que vous étiez chez les stups, ça doit être passionnant. » Lança-t-elle dans sa direction, un sourire au coin des lèvres. « Et je suis contente qu’on puisse se le boire ce café, finalement. » Ajouta-t-elle avec son honnêteté habituelle, une fois arrivée devant la salle de pause, lui indiquant d’un geste qu’il pouvait y entrer avec elle.
Il avait fallu qu'elle entre dans la pièce pour que Nate soit sollicité en tant que policier mais aussi en tant que témoin, parce qu'il avait vu ce type ingurgiter une partie de son stock. Parce qu'il savait ce qu'il avait prit aussi, il savait quelle genre de drogue il avait avalé, et il connaissait assez son métier pour savoir que chaque drogue avait ses propres caractéristiques. Mais avec elle, personne n'avait jugé bon de lui demander, personne n'a cru qu'il pourrait éventuellement être une personne ressource et non pas le type planté dans le coin de la pièce qui venait empiéter sur le travail du personnel soignant. Et de tout les médecins de cet hôpital, c'était elle qui avait été envoyé pour ce type. Et alors qu'elle s'attelait à gérer la crise de ce pauvre gars qui subissait avec intensité les effets de sa connerie, Nate s'était surprit à l'observer elle. La précision de ses gestes, son calme à tout épreuves, son assurance et son autorité. Nate découvrait un peu cette femme, après avoir passé un long moment à se plaindre de son petit frère, et à lâcher toutes les frustrations qu'il ressentait à son égard, Nate n'avait pas été en mesure de réellement l'observer à ce moment. Il avait eu besoin de parler, d'évacuer et elle avait été la pour l'écouter se plaindre du comportement de son petit frère. Mais désormais, il avait l'esprit plus clair, et surtout plus disponible pour observer cette femme charismatique. Après quelques minutes, les cris et l'agitation s'étaient calmé pour disparaître complètement. Le personnel soignant avait quitté la pièce et ils ne restaient plus que le docteur et le policier tout deux dans l'exercice de leur fonction. Et comme deux professionnels qu'ils étaient, ils parlaient du patient. Nate évoquant le risque d'overdose liée au possible surdosage, et comme il le craignait, le docteur avait parlé de lavage d'estomac, et d'autres examens qui allaient encore repoussé la suite de la procédure pour lui. Et clairement, si tout deux avaient pour objectif commun d'éviter l'overdose mortelle, Nate aurait aimé que les choses aillent plus vite. Il ne se moquait pas de la santé de son patient, c'était un jeune, et il s'inquiétait pour lui mais il avait besoin de son témoignage, et l'idée de devoir attendre des heures, voir pire des jours pour obtenir quelques choses de ce témoin, le frustrait. Il s'était tout de même risquait à savoir si son patient pouvait parler, peut-être qu'il pourrait obtenir quelques informations non officielles mais qui pourrait aider à faire progresser son dossier. Mais la réponse, bien qu'attendue, l'avait laissé songeur. « Je suis désolée, j’aurais aimé vous donner de meilleures nouvelles. Ceci dit, rien ne vous empêche de passer pour voir comment il va… Ou si vous préférez, je vous donnerai les informations au téléphone. » Le policier avait laissé échapper un léger soupir, et il voyait déjà les longues heures d'attentes suspendu au téléphone en attendant que son témoin puisse éventuellement lui apporter les pistes dont ils ont besoin pour faire avancer leur enquête. Il entendait déjà les remontrances de son supérieur sur le risque de passer à côté de cette enquête si cette histoire venait à s'ébruiter. Un jeune qui se retrouve à l’hôpital après une arrestation, s'il avait vraiment des liens avec des plus gros dealers, ça n'allait pas passer inaperçu et le risque que les pistes qu'ils avaient remonté au fil des semaines disparaissent peu à peu étaient réelles. Mais pourquoi avait-il fait ça ? « Je pense que je vais être assigné à la surveillance au moins pour demain, c'est mon arrestation qui a mal tourné alors je vais être dans les parages pendant quelques temps encore. » Alors au delà de la nuit, c’était aussi sa fin de semaine qui serait longue, mais comme il venait de le dire, c'était son arrestation qui s'était mal déroulée et si tout avait été fait dans les règles en respectant la procédure, il allait sûrement se retrouver à veiller ce type, une sorte de punition pour avoir foiré ce coup là. Il était prêt à l'accepter ça faisait parti du métier même si c'était loin d'être la chose qu'il préférait le plus, lui l'accro des sensations fortes. Rester à surveiller un mec à moitié conscient, c'était vraiment pas tout à l'opposé de ce qu'il recherchait. Et en constatant qu'il allait sans doute devoir rester dans cette position, d'attente dans les heures à venir, il s'était autorisé une petite pause. Une trêve dont il avait bien besoin aussi après avoir géré chaque moment de crise sur le terrain, de l'arrestation foiré, à l'arrivée des secours, et son transfert ici, il s'était occupé des détails ne lâchant pas une seconde le suspect. Il avait alors proposé un café au docteur, ce fameux café qu'il n'avait pas pu lui offrir la première fois. « Le café des machines est imbuvable, je propose qu’on aille se fournir chez les infirmières, dans une des salles de pause. » Elle acceptait et il espérait réellement que le biper de la jeune femme ne vienne pas les interrompre à nouveau, il avait mérité un bon café et elle aussi sûrement. « C'est vrai que le café est pas très bon, mais ça se voit que vous avez jamais goûté celui du poste. Il est infâme mais on s'y fait. » Et pendant qu'elle interpellait l'interne, Nate en avait fait de même avec l'un de ses jeunes collègues présents sur place. « Tu ne le quittes pas d'une seconde, tu dois toujours savoir ou il est, avec qui et ce qu'il fait et tout ça sans gêner le personnel soignant. Tu comprends ? » Nate n'avait pas de réel soucis à travailler avec des jeunes recrues, il avait lui même été un jeune bleu un jour, mais s'il arrivait à laisser de la place pour ses collègues, il assurait tout de même ses arrières, quitte à mettre un peu de pression supplémentaire sur les épaules de ces jeunes. Ils devaient comprendre la tâche qui leur était confiée et l'importance de leur rôle. Alors il en avait rajouté une couche, histoire d'être certain de laisser son témoin sans avoir à craindre de le voir disparaître pendant qu'il s'accordait une pause. Et puis il avait déjà assez merdé ce soir avec ce type, il ne voulait devoir à réparer les conneries d'un jeune pas assez consciencieux. « Il est sous ta responsabilité, et tu ne laisses jamais sa chambre sans surveillance, si les médecins te demandent de sortir, tu te postes devant la porte et tu surveilles les entrées et les sorties et quand il est seul, tu es dans la chambre avec lui. EN PERMANENCE. Personne ne doit le voir en dehors du personnel médical. » Nate observait le jeune policier pour s'assurer qu'il était réceptif aux informations, qu'il comprenait bien tout ce qu'il était en train de lui dire et surtout s'il pouvait le laisser seul sans risquer une catastrophe. « Dernière chose, tu ne le menottes pas, il pourrait se blesser en cas d'agitation, les médecins ont ce qu'il faut pour sécuriser de façon moins agressive. Ça va aller ? » Le policier aurait aimé recevoir plus qu'un hochement de la tête comme réponse, quelque chose qui l'aurait totalement rassuré mais il allait devoir se contenter de ce signe de tête. Il devait lui faire confiance, c'était quand même pas sorcier comme mission, et puis ils étaient dans un hôpital, le patient allait être sangler et il était sous sédatif. Tout allait bien se passer, garder un œil sur un type endormi ça devait être à la portée de tout les flics même débutants non ? Et Alors que Nathanaël n'était malgré tout pas ultra serein, de son côté le docteur Whitemore semblait blasée par l'interne. « Espérons qu’elle ne fasse pas plus de bêtises. » Et cette réflexion n'avait pas rassuré le policier, mais le regard amusé de la jeune femme, l'avait aidé à ne pas prendre sa remarque au premier degrés. Et après un dernier regard vers son collègue, le policier avait quitté la pièce pour suivre Hannah. « Vous croyez qu'on a raison de le confier à ces deux là ? » Qu'il demandait en regardant derrière lui en direction de la porte qui venait de se fermer. Mais tout allait bien se passer non ? Il avait droit aussi à un peu de répit sans avoir à se préoccuper de savoir si son collègue pouvait surveiller correctement un patient endormi ? Il suivait la jeune femme à travers les couloirs de l’hôpital et la discussion était lancée entre eux. Permettant d'oublier un peu les événements des dernières minutes. « J’ignorais que vous étiez chez les stups, ça doit être passionnant. » Son boulot, sa passion, sa vocation. Ça avait toujours été quelque chose d'important dans la vie de Nate, fils de policier, il était devenu lui même policier dès qu'il avait eu l'âge de passer les concours. Ca n'avait jamais été autre chose que la police pour lui, et depuis trois ans, il était aux stups et il se plaisait totalement, même s'il y avait des journées plus passionnantes que d'autres. « C'est assez passionnant oui et je me plais dans ce que je fais. Je sais que c'est plutôt rare de pouvoir s'épanouir dans son travail alors j'en profite. » Il regardait un peu mieux cette femme, celle qu'il avait vu comme le médecin de son frère, celle venu recoudre l'arcade de ce petit abruti. Celle qu'il avait vu agir en pleine crise avec un sang-froid assez impressionnant. Il ne l'avait jusqu'alors vu que comme un médecin, cette fois, il l'a voyait réellement comme une femme et il s'étonnait de ne pas avoir remarqué sa beauté plus tôt. « Et vous, au vu de la facilité avec laquelle vous vous déplacez dans l’hôpital, j'en déduis que vous passez vos journées à errer dans ces couloirs ? Vous en êtes à combien d'années dans votre parcours ?» C'était un moyen comme un autre d'en apprendre davantage sur la jeune femme. Un moyen comme un autre de découvrir ce qu'il se cachait derrière la blouse, derrière le médecin et même si pour ça, Nate avait d'abord choisi de la questionner sur son rôle de médecin justement. Très logique le garçon !
Ils se stoppaient devant une porte close qu'Hannah s'était empressée d'ouvrir pour entrer dans ce qui devait être la salle de pause des infirmières, une déduction faite des propos d'Hannah quelques minutes plus tôt. « Et je suis contente qu’on puisse se le boire ce café, finalement. » Il souriait à l’honnêteté du docteur. Il entrait dans la salle de pause en suivant Hannah. Et finalement, tout avait semblé mal commencer pour le policier, et ce qui semblait être une nouvelle bien contraignante pour lui, venait peut-être de se transformer en situation favorable dont il pouvait sortir du positif. Il allait l'avoir son café avec cette femme, 'finalement.' « Après, le temps que je vous ai fait perdre, un café c'était la moindre chose. D'ailleurs, je tiens à préciser, que je suis pas toujours comme ça. » L'image du mec qui craque sur l'épaule de la première femme qui s’intéresse à lui, très peu pour moi. « Vous avez pas eu de chance d'être là au mauvais moment. Et moi j'ai eu de la chance de vous croisez à ce moment. » Ce n'est pas de la flatterie, ou de la drague, ou peut-être, mais Nate le pensait réellement. Il avait eu de la chance ce soir là de croiser le chemin du docteur Whitemore, peut-être que sans cette rencontre, il aurait pu réellement passer ses nerfs sur son frère et risquer de détruire leur relation à tout deux. « Vu que vous savez pas mal de choses sur moi, on peut peut-être se tutoyer non ? » Première véritable approche du policier pour dépasser les uniformes et le côté un peu trop solennel et professionnel. Un tutoiement et un café en espérant ne pas être dérangé par un biper ou pire par leurs collègues respectifs.
Une fois la crise évitée et le patient pris en charge correctement, l’heure était venue de débriefer avec le brun pour lui expliquer la suite des opérations. De manière générale, Hannah n’avait pas autant de soucis à se faire concernant le suivi et les retombées, mais le fait que le jeune homme soit impliqué dans une affaire de drogues avait amené avec lui la surveillance de la police et de ce fait, une tonne de paperasse administrative que la brune n’était pas vraiment pressée de gérer. Ils avaient besoin de son témoignage, et la suite des évènements n’allait pas arranger leurs affaires comme elle le lui expliqua sur un ton qui se voulait compatissant, mais ferme. Elle n’allait pas mettre en danger le patient pour qu’il leur livre les informations dont ils avaient besoin ; il leur faudrait attendre qu’il reprenne conscience après le lavage d’estomac qu’elle allait programmer. Le fait de s’adresser à une personne connue facilitait un peu les choses, même si l’air déçu du brun la fit quelque peu vaciller sur place. Elle se souvenait parfaitement de la soirée où ils s’étaient rencontrés et où ils avaient longuement discuté avec un naturel qui l’avait surprise. Elle s’était montrée compatissante aux problèmes qu’il lui avait confiés sans jamais mettre en avant sa casquette de psy mais plutôt celle d’une oreille attentive car c’était ce dont il semblait avoir le plus besoin à ce moment-là. Elle n’avait pas été en mesure de poursuivre leur discussion mais ce soir, les circonstances jouaient en leur faveur même si Hannah ne lui annonçait pas exactement une bonne nouvelle pour ce patient. « Je pense que je vais être assigné à la surveillance au moins pour demain, c'est mon arrestation qui a mal tourné alors je vais être dans les parages pendant quelques temps encore. » Un soupir s’échappa des lèvres du brun qui n’avait pas l’air d’être ravi à la perspective de jouer aux baby-sitters – ce que la brunette comprenait parfaitement. La brigade dans laquelle il travaillait ne devait pas vraiment coller avec l’image du flic coincé derrière son bureau à jouer les bureaucrates et Nate avait sans doute besoin d’action, tout comme elle. C’était bien pour ça qu’elle continuerait à évoluer dans le milieu hospitalier quand elle aurait son diplôme plutôt que de se mettre à son propre compte comme beaucoup de ses confrères feraient une fois leur titre en poche. « Et puisque je suis arrivée sur ce cas en urgence, c’est devenu mon dossier. On sera donc amenés à se croiser dans les prochains jours. » Lança-t-elle en esquissant un sourire, persuadée en son for intérieur que ça n’était pas la pire des perspectives. « On fera ce qu’on peut pour qu’il soit apte à vous répondre aussi vite que possible. » Lui assura-t-elle en s’emparant du dossier du patient avant de sortir de la pièce, suivie de près par un Nate blasé à l’idée de devoir coller aux basques du témoin dans les heures à venir. Et puisque l’attente allait maintenant être assez longue, ils convinrent de s’offrir le café qu’ils n’avaient pas pu partager lors de leur première rencontre – Hannah suggérant l’idée d’aller recharger leurs batteries en salle de pause plutôt qu’aux machines infernales qui donnaient un liquide qu’on pouvait difficilement qualifier de café. « C'est vrai que le café est pas très bon, mais ça se voit que vous avez jamais goûté celui du poste. Il est infâme mais on s'y fait. » Et Un éclair amusé traversa les iris bleutés de la jeune femme qui constata qu’ils étaient tous logés à la même enseigne dans les établissements publics. Ravie à l’idée de faire un break en sa compagnie, la brune se tourna vers l’interne afin de lui donner toutes les directives concernant leur patient tandis que Nate en faisait de même avec son collègue. « Tu ne le quittes pas d'une seconde, tu dois toujours savoir ou il est, avec qui et ce qu'il fait et tout ça sans gêner le personnel soignant. Tu comprends ? » Leurs discours étaient différents mais avaient à peu près la même tonalité, c’était assez amusant à voir. « Il est sous ta responsabilité, et tu ne laisses jamais sa chambre sans surveillance, si les médecins te demandent de sortir, tu te postes devant la porte et tu surveilles les entrées et les sorties et quand il est seul, tu es dans la chambre avec lui. EN PERMANENCE. Personne ne doit le voir en dehors du personnel médical. Dernière chose, tu ne le menottes pas, il pourrait se blesser en cas d'agitation, les médecins ont ce qu'il faut pour sécuriser de façon moins agressive. Ça va aller ? » De son côté, Hannah demandait à la petite blonde d’organiser les examens et le lavage d’estomac tout en lui expliquant qu’il lui fallait un feedback dès que des résultats arrivaient ou si le moindre couac se passait. Ni elle ni Nate ne pouvaient se permettre de rencontrer le moindre souci avec ce patient, comme l’indiquait le ton employé par l’un et par l’autre. Ils étaient obligés de déléguer car cela faisait partie de l’apprentissage, mais ça n’était pas toujours facile lorsqu’on pensait être capable de faire mieux. Cependant, Hannah était passée par là et n’aurait pas aimé qu’on lui ôte la moindre responsabilité sous prétexte qu’un cas était plus sensible qu’un autre. Il fallait montrer de la confiance pour les faire évoluer et pour leur faire prendre de l’assurance, c’était comme ça. Nate comme Hannah n’étaient pas forcément à l’aise en quittant la pièce et en se délestant des tâches qui leur incombaient désormais, et c’est peu sereins qu’ils se dirigèrent vers la salle de pause où la brune l’emmenait tout en plaisantant sur le fait qu’elle espérait que son interne ne fasse plus la moindre bêtise – une blague qui cachait une réelle inquiétude, bien que cette fille soit supposément apte à faire ce qu’elle lui avait demandé. « Vous croyez qu'on a raison de le confier à ces deux là ? » Elle fronça légèrement le nez en suivant son regard vers le couloir qu’ils quittaient, laissant derrière eux deux jeunes en apprentissage qui devaient sans doute se sentir sous pression à cause d’eux – un mal pour un bien. « On sera vite fixé, mais je suis sure qu’ils vont nous surprendre. » Agréablement, espérons-le. Le duo s’éloigna de ce patient tout en commençant à discuter à bâtons rompus avec une facilité déconcertante. Hannah s’intéressa tout naturellement à son travail, toujours avide d’en apprendre davantage sur le parcours professionnel des personnes qu’elle côtoyait. « C'est assez passionnant oui et je me plais dans ce que je fais. Je sais que c'est plutôt rare de pouvoir s'épanouir dans son travail alors j'en profite. » La brune hocha la tête, bien d’accord avec lui là-dessus. Il était important pour elle de s’épanouir dans sa voie professionnelle puisqu’il s’agissait de l’endroit où on passait le plus de temps dans une vie. Beaucoup de gens souffraient de dépression car ils ne parvenaient pas à se sentir bien dans ce qu’ils faisaient, cherchant désespérément l’utilité à leurs actions et aux efforts qu’ils fournissaient. Elle n’avait donc eu aucun problème à se jeter corps et âme dans de longues études visant à pratiquer une voie qui semblait toute tracée pour elle depuis ses dix-sept ans. « Vous avez raison. Y a des policiers dans votre famille ? » Elle savait que cette voie était souvent suivie par mimétisme quand on voyait son père ou son frère faire régner l’ordre et se poser en héros par moments, même si ça n’était pas forcément toujours le cas. Elle releva le menton vers lui en posant cette question, esquissant un sourire tandis que leurs regards se croisaient. « Et vous, au vu de la facilité avec laquelle vous vous déplacez dans l’hôpital, j'en déduis que vous passez vos journées à errer dans ces couloirs ? Vous en êtes à combien d'années dans votre parcours ? » Elle retint un petit rire à sa question, amusée qu’il l’ait cerné avec tant de justesse ; errer dans les couloirs, c’était vraiment ça. « Là j’en suis à ma dixième année… Après celle-ci il m’en restera deux et je serai officiellement psychiatre. » Répondit-elle avec une fierté non-dissimulée, réalisant à peine qu’elle était enfin plus proche de la fin que du début de son long parcours. « Et quand je n’erre pas dans ces couloirs, je travaille dans une association. Pour aider les malades du cancer à… accepter leur situation. Et leur famille aussi. » Elle balaya sa phrase d’un geste, comme si elle en avait assez qu’on parle d’elle, et s’engouffra dans la salle où ils pourraient trouver du café convenable. Se faisant, elle lui avoua en toute honnêteté qu’elle était contente qu’ils aient l’occasion de partager ce café finalement, ce à quoi il lui répondit par un sourire qui la fit légèrement rougir. « Après, le temps que je vous ai fait perdre, un café c'était la moindre chose. D'ailleurs, je tiens à préciser, que je suis pas toujours comme ça. Vous avez pas eu de chance d'être là au mauvais moment. Et moi j'ai eu de la chance de vous croisez à ce moment. » Hannah l’écouta en haussant un sourcil, surprise qu’il se sente obligé de revenir sur la discussion qu’ils avaient eue ce soir-là. Elle s’avança vers la machine à café pour la mettre en route et en attendant, elle se laissa aller contre le plan de travail en croisant les bras, posant son regard sur les traits fatigués du policier. « Vous m’avez pas fait perdre mon temps, j’étais contente de pouvoir discuter avec vous, sincèrement. » Elle esquissa un sourire avant de reprendre avec un sérieux feint. « Si vraiment ça avait été si horrible, je vous aurais facturé mes heures. » Elle lui fit un clin d’œil, peinant à conserver son air neutre. « Comment va Liam ? » Demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté, se disant qu’il avait peut-être encore des choses à dire sur le sujet depuis la dernière fois qu’ils s’étaient croisés. « Vu que vous savez pas mal de choses sur moi, on peut peut-être se tutoyer non ? » Hannah se mordit la lèvre avant de hocher la tête, se tournant vers la machine afin de leur servir à chacun une tasse fumante, l’interrogeant du regard sur la quantité de sucre et de lait qu’il voulait dedans. « Bon, on l’aura enfin eu ce café, même si quelque chose me dit que c’est le premier d’une longue série. Au moins, tu sais où te fournir maintenant. » Elle éclata de rire tout en se dirigeant vers les fauteuils et les chaises qui se trouvaient dans un coin de la pièce, ravie de pouvoir se poser quelques instants.
Nate devait digérer la nouvelle. Son témoin/suspect n'était pas apte et ne le serait pas avant plusieurs heures. Son enquête en suspens, des questions sans réponses et les risques de voir toute l'opération tomber à l'eau. C'était clairement une mauvaise soirée, et l'attitude du personnel soignant à son égard n'aidait pas à garder son calme. Et si tout semblait totalement dépitant, l'arrivée du docteur Whitemore avait quelque peu changé la donne, venant sauver la soirée de Nate malgré qu'elle était aussi celle qui lui apportait les nouvelles les moins réjouissantes. Ce gars serait encore là pour quelques heures, voir même quelques jours, et Nate s'attendait à son tour à passer quelques temps ici. « Et puisque je suis arrivée sur ce cas en urgence, c’est devenu mon dossier. On sera donc amenés à se croiser dans les prochains jours. » Nate n'avait pas réellement la tête à rire, et pourtant il avait trouvé que cette réponse méritait un sourire, dans son malheur il allait pouvoir être amené à travailler avec une personne qu'il appréciait sans même réellement la connaître. Peut-être étais-ce justement une opportunité pour en découvrir plus sur la jeune femme ? Une proposition de café lancée comme ça, Hannah et Nate se retrouvaient à donner les recommandations pour le suivis de ce type dont ils partageaient la responsabilité. Pas très serein à l'idée de se décharger de cette responsabilité, il avait tout de même fini par quitter la pièce, laissant son collègue se charger d'une tâche qu'il était certainement capable d'assumer, et pourtant l'officier Barnes ne pouvait cacher le fait qu'il n'était pas des plus sereins au moment de quitter la chambre. Un fait qu'il partageait avec Hannah, en lui demandant s'ils avaient raison de laisser leurs deux collègues seuls. « On sera vite fixé, mais je suis sure qu’ils vont nous surprendre. » Dans ce genre de situation, Nate était plutôt du genre à ne pas trop apprécier les surprises, elles étaient rarement bonnes. Mais il avait décidé de laisser ce jeune collègue se charger de la surveillance et il devait faire confiance et lui laissait un peu de responsabilités. Et puis, surveiller un homme endormi, c'était en soit pas l'élément le plus compliqué auquel son collègue allait être confronté, c'était quand même pas sorcier. Et Nate s'inquiétait sans doute pour rien, tout irait bien, du moins ça ne pouvait pas réellement empirer non ? Il devait juste laisser l'opportunité à son collègue de faire ses preuves, et de lui montrer qu'il pouvait avoir confiance, il devait le laisser gérer et il devait surtout profiter de ce moment de répit sans se torturer l'esprit avec ce qui pourrait foirer. Et après quelques minutes, bien aidé par la compagnie du docteur, il arrivait un peu à se détacher de cette situation. Il commençait à se détendre un peu, et la discussion avec cette jeune femme était lancée, avec une certaine facilité. « Oui, mon père. Ce qui est assez dingue c'est que j'ai admiré ce métier puis je l'ai détesté, avant de comprendre que c'était ce que je voulais faire. » Le petit Nathanaël avait admiré son papa, son héros quand au jeune Nathanaël il avait détesté ce métier, quand il avait été en âge de comprendre les risques liés à celui ci, craignant pour la vie de son père. Et puis finalement, c'était à l'adolescence qu'il avait comprit que lui aussi voulait devenir policier, suivant les traces de son père. Et après la discussion sur le métier de Nate, la logique les avait conduit à échanger sur le métier de la jeune femme. Dix ans d'études et elle n'avait toujours pas terminée, Nate fronçait les sourcils autant parce qu'il était réellement admiratif de la volonté des gens à se lancer dans de telles études, si longues, mais aussi parce qu'il était surprit de voir cette jeune femme avoir déjà dix années d'études. Elle ne devait finalement pas être si jeune qu'il ne le pensait. « Et quand je n’erre pas dans ces couloirs, je travaille dans une association. Pour aider les malades du cancer à… accepter leur situation. Et leur famille aussi. » Cette fille était pleine de surprise, mais surtout elle semblait avoir un point commun avec Nate, elle semblait incapable de rester inactive. Études, travail à l’hôpital, aide dans une association, Nate était assez admiratif. « Mais pour tenir le rythme vous fonctionnez à quel produit ? » Un sourire pour accompagner cette remarque, lui le flic aux stups qui faisait référence à des produits illicites, et malgré toutes les circonstances de cette rencontre, Nate commençait à se détendre réellement et à apprécier l'échange avec cette femme, après la journée de merde qu'il avait passé, c'était une fin inattendue mais qui s'avérait positive. Et alors que le café coulait dans la cafetière, Nate avait profité de ce moment pour s'excuser de son attitude lors de leur première rencontre. Il n'était pas totalement à l'aise avec l'image qu'il avait renvoyé, mais la psychiatre ne semblait pas lui en tenir rigueur, et se permit même une petite touche d'humour, avant de demander des nouvelles du petit frère de Nate. « Je suppose qu'il va bien. Je n'ai pas vraiment de ses nouvelles à part quand il faut venir le tirer d'une situation merdique, c'est mon petit frère mais parfois j'ai l'impression que l'on a plus grand chose en commun. » C'était un constat que Nate faisait avec une certaine déception dans la voix, mais s'il ne faisait rien pour rendre la situation avec Liam plus simple, il ne se considérait pas comme responsable de cette tension qu'il y avait entre eux et il n'allait pas faire les efforts pour deux. Il avait déjà assez donné de sa personne pour son petit frère, la famille sacré sujet mais Nate n'avait pas envie de perdre plus de temps à parler de son petit frère, pas encore. Et finalement, c'était assez naturellement, que Nate avait proposé le tutoiement entre eux, elle en savait déjà pas mal sur le policier, alors le tutoiement n'aurait pas été si choquant finalement et puis ils n'étaient clairement plus en train de discuter de médecin à policier. Le café servit par la jeune femme, Nate se rapprocha pour attraper la tasse qu'elle lui tendait, tout en déclinant la proposition de sucre. « Bon, on l’aura enfin eu ce café, même si quelque chose me dit que c’est le premier d’une longue série. Au moins, tu sais où te fournir maintenant. » Le rire de la jeune femme réchauffa la pièce, et Nate avait à son tour rit avant de lui répondre. « Autant je suis ravi de prendre un café avec toi, autant je préférerai éviter de me retrouver ici trop souvent. » Que ce soit en tant que patient, en tant que proche d'un patient ou en tant que flic, l’hôpital c'était jamais réellement l'endroit ou Nate se sentait le mieux, alors même si la compagnie de la jeune femme était forte agréable, il n'avait guère l'intention de prendre ses quartiers ici. Après avoir soufflé légèrement sur le café fumant, il avait goûté ce café, ce vrai café et non cette eau chaude au goût infâme qui leur servait de café au poste. « Ce n'est pas contre toi hein, je suis pas vraiment fan des hôpitaux mais par contre pour les prochaines fois je saurais te trouver pour rendre le séjour plus agréable. » D'abord hésitant, il avait fini par tirer une chaise pour s'y installer. Il n'avait pas grand chose à faire ici, mais Hannah venait de s’asseoir alors il en avait fait de même, savourant ce moment de répit autour d'un café qui méritait le nom de café. « Et, maintenant que j'ai goûté ce café, je ne vais plus pouvoir me contenter de celui des machines, je te ferais biper à chaque fois que j'aurais envie de café à l'avenir. » Un sourire pour accompagner cette remarque, qui se voulait être une blague mais qui était peut-être aussi une invitation pour l'avenir. « Mais en dehors de l’hôpital, de l'association, des études, tu as du temps pour toi autre qu'une pause café entre deux patients ? » La jeune femme en savait déjà pas mal sur Nate, ce qui n'était pas le cas du policier. Il savait les études, le métier et le côté hyperactive de la jeune femme, mais c'était tout et posé dans cette salle, le calme retrouvait après des dernières heures agitées, il en profitait pour questionner un peu Hannah, espérant en apprendre davantage sur cette femme qui lui avait fait forte impression déjà à deux reprises.
A présent que la crise du patient était passée et que celui-ci semblait avoir retrouvé un semblant de calme, Hannah et Nate n’avaient plus d’autre choix que de patienter et de laisser le protocole suivre son cours. Les hôpitaux avaient énormément de règles à respecter et c’était précisément ce qui empêchait les choses de dégénérer et de devenir hors de contrôle. Si la brune avait l’habitude, elle pouvait voir que le policier avait un peu de mal à digérer l’information et à laisser les choses suivre leur cours alors qu’il brûlait d’impatience de pouvoir interroger ce témoin qui semblait être capital pour l’affaire qu’il avait en cours. Désolée de ne pas être dans la capacité de lui apporter une quelconque aide supplémentaire, la jeune femme tenta simplement de l’apaiser en lui promettant de le tenir au courant dès cet homme serait en état d’être interrogé par ses soins. En attendant, la seule chose à faire était d’attendre et pour ce faire, Nate lui proposa d’aller boire un café. Une invitation qu’elle avait dû refuser une fois en dépit de son envie d’accepter, et qu’elle était plutôt contente de pouvoir lui dire oui cette fois-ci. Ils donnèrent rapidement leurs directives à leurs collègues, ceux qui allaient être également sur ce cas en parallèle, et se dirigèrent ensemble vers la salle de pause des infirmières car Hannah se refusait à boire le café de la machine du distributeur depuis qu’elle avait appris l’existence d’un véritable café dans cette fameuse pièce interdite aux patients. Sur le trajet, la discussion s’orienta naturellement sur le métier du brun qui piquait la curiosité du médecin depuis la première fois où ils s’étaient vus aux urgences. Être policier était déjà intéressant en soi, mais le fait qu’il travaille aux stupéfiants intriguait la brunette qui n’osait imaginer les opérations à mettre en place pour faire tomber les gros bonnets. Nate ne lui avait pas donné les détails de l’affaire sur laquelle il travaillait actuellement, mais quelque chose lui disait que ça ne devait pas être banal. « Oui, mon père. Ce qui est assez dingue c'est que j'ai admiré ce métier puis je l'ai détesté, avant de comprendre que c'était ce que je voulais faire. » Elle releva le menton dans sa direction, l’écoutant avec attention tandis qu’il lui expliquait avoir suivi les traces de son père. Elle-même aurait pu faire de même en reprenant la pharmacie qui était l’entreprise familiale, mais Gabrielle avait bien plus le sens des affaires qu’elle. Son truc, c’était l’analyse des cerveaux humains. « Qu’est-ce que vous l’a fait détester ? En tout cas maintenant vous semblez comme un poisson dans l’eau. » Elle lui adressa un petit sourire, s’abstenant du moindre commentaire sur l’uniforme qui lui allait également à ravir. Le brun lui rendit la pareille en l’interrogeant sur son propre parcours, ce à quoi elle répondit avec humilité tout en sachant que ses années d’étude avaient tendance à impressionner, en dépit du fait qu’elle était encore loin d’avoir fini même si elle commençait enfin à voir la lumière au bout du tunnel. La réaction de Nate ne manqua pas puisqu’un air surpris apparu sur son visage tandis qu’il lui jetait un regard admiratif qui ne manqua pas de la faire rougir. « Mais pour tenir le rythme vous fonctionnez à quel produit ? » Il lui lança un sourire tandis qu’un rire s’échappa des lèvres de la brune à qui le comique de la question n’échappa pas. « Vous vous doutez bien que je ne peux pas répondre à cette question. » Lui lança-t-elle dans un clin d’œil amusé, n’ayant jamais fait usage de la moindre aide chimique pour parvenir à tenir le coup – à l’instar de quelques-uns de ses collègues à l’université. « J’ai la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup d’heures de sommeil, ça aide. » Ajouta-t-elle tout de même avant d’embrayer sur Liam, le frère du policier qui avait été la raison de leur première rencontre aux urgences. La brunette avait immédiatement senti que la relation entre les deux frères n’était pas forcément au beau fixe, mais Nate le lui avait expliqué pendant un long moment, ressentant le besoin de s’épancher à ce moment-là. Et si cet épisode n’avait pas dérangé la brunette, le policier s’excusa tout de même une énième fois à ce sujet, mal à l’aise par l’image qu’il avait pu renvoyer ce soir-là. « Je suppose qu'il va bien. Je n'ai pas vraiment de ses nouvelles à part quand il faut venir le tirer d'une situation merdique, c'est mon petit frère mais parfois j'ai l'impression que l'on a plus grand chose en commun. » La voix du brun trahissait un mal-être quant à cette situation, et ses paroles firent écho à la relation qu’Hannah entretenait avec sa propre petite sœur. Elle ignorait si elle et Lucia avaient encore le moindre point commun, encore faudrait-il qu’elles arrivent à communiquer pour le savoir. Depuis le retour de la jeune femme, le médecin avait fait le nécessaire pour ne pas avoir à lui faire face, évitant chaque réunion de famille organisée depuis lors. « Je comprends. Peut-être que votre relation s’améliorera avec le temps. J’ai moi aussi quelques soucis avec ma plus jeune sœur, je sais ce que c’est. » Elle haussa les épaules dans un petit sourire sans aller plus loin et profita de leur entrée dans la salle de pause pour laisser le sujet se clore de lui-même, s’attelant directement à la tâche en leur préparant du café. Se faisant, ils décidèrent d’un commun accord que les récents évènements avaient été suffisants pour que le tutoiement soit désormais de rigueur entre eux, et tout en lui tendant sa tasse, Hannah plaisanta en lui disant qu’il savait désormais où aller pour se fournir s’il voulait un café digne de ce nom à l’hôpital ; le privilège de connaître un médecin dans ces lieux. « Autant je suis ravi de prendre un café avec toi, autant je préférerai éviter de me retrouver ici trop souvent. » Comme la plupart des gens, Nate n’aimait pas le milieu hospitalier et la brunette ne pouvait pas vraiment lui en tenir rigueur ; pour beaucoup de monde, cet endroit était synonyme de souffrance et de mort. Pas vraiment le contexte le plus joyeux dans lequel on pouvait évoluer, et même si la jeune femme avait assisté à bon nombre d’heureux évènements entre ces murs, elle comprenait parfaitement sa position. « Ce n'est pas contre toi hein, je suis pas vraiment fan des hôpitaux mais par contre pour les prochaines fois je saurais te trouver pour rendre le séjour plus agréable. » La jeune femme esquissa un sourire en prenant place en même temps que Nate, bien décidée à déguster son café dans le calme avant de rejoindre l’effervescence des couloirs de l’hôpital. « C’est plutôt rare de tomber sur des gens qui aiment venir ici tu sais, mais on s’habitue. » Elle haussa les épaules avec une lueur amusée dans le regard, soufflant sur son café brûlant sans lâcher Nate des yeux. « Mais je suis contente de savoir que ma présence t’aide à trouver ce moment moins difficile à vivre. » Elle laissa un rire s’échapper de ses lèvres avant de boire une première gorgée – qu’elle jugea encore trop chaude à son goût comme pouvait le laisser deviner la grimace qu’elle venait de faire pour la peine. « Et, maintenant que j'ai goûté ce café, je ne vais plus pouvoir me contenter de celui des machines, je te ferais biper à chaque fois que j'aurais envie de café à l'avenir. » La brune haussa un sourcil, le sous-entendu ne lui échappant pas et elle reprit la parole, directe comme à son habitude. « Tu n’es pas obligé de trouver des excuses pour me biper tu sais. » Elle s’humecta les lèvres avant de les replonger dans sa tasse, grisée par cet échange qu’elle avait la chance de poursuivre avec lui et ce des semaines après leur première rencontre avortée par une urgence médicale qui l’avait forcée à le planter là et à refuser son invitation. « Tu sais j’ai regretté qu’on se soit quitté de cette façon la dernière fois, ça m’aurait embêté qu’on n’ait plus l’occasion de se revoir. Et il a fallu que ton témoin atterrisse ici… » Elle fronça le nez, sachant pertinemment que le contexte était une nouvelle fois compliqué, mais cette fois-ci ils avaient l’opportunité de discuter un peu plus tranquillement, ce qui était déjà plus que quelques semaines auparavant. « Mais en dehors de l’hôpital, de l'association, des études, tu as du temps pour toi autre qu'une pause café entre deux patients ? » Hannah releva le nez de son café, surprise qu’il s’intéresse ainsi à son emploi du temps. Elle pencha la tête sur le côté, réfléchissant à une réponse qui ne la ferait pas complètement passer pour une workaholic – ce qu’elle était de toute façon, qu’on se le dise. « Je pourrais me libérer un peu plus de temps qu’actuellement si je le voulais, mais je n’ai pas encore trouvé de bonne raison de le faire. » Lança-t-elle finalement sans se départir de la lueur amusée qui dansait dans ses yeux. La brune avait toujours dédié tout son temps libre à la médecine, car elle voulait être la meilleure dans tout et tout le temps. Elle n’avait pas choisi ce métier pour l’argent ou pour la renommée ; elle en avait fait une vocation. Elle aimait être ici, elle aimait apprendre et elle aimait par-dessus tout aider ses patients et être présente pour eux. Il aurait été difficile d’expliquer ce qu’on ressentait lorsqu’on voyait le déclic chez un patient, lorsqu’on réalisait qu’on avait vraiment fait quelque chose de significatif pour lui. C’était précisément ça qui lui donnait la force et le courage d’avancer, en dépit de la fatigue et des difficultés.
Si on lui avait dit qu'il finirait la soirée dans la salle des infirmières à boire un café avec le docteur Whitemore, peut-être qu'il ne se serait pas tant inquiété que ça de la tournure qu'avait prit son arrestation. C'était l'homme qui parlait, pas le policier, mais s'il avait foiré, il n'était pas responsable de la débilité du type. Il ne l'avait pas forcé à ingérer son stock devant les yeux des policiers, il n'avait commit aucune erreur répréhensible et si cet imprévu venait mettre un sacré coup d'arrêt dans son enquête, il n'avait pas d'autre choix que d'accepter. Accepter les protocoles, accepter qu'il ne pouvait rien faire en tant que policier dans la situation actuelle. Il n'avait plus que ça à faire, attendre et il n'aimait réellement pas ça. Sauf qu'aujourd'hui, il n'attendait pas seul et la compagnie était loin d'être désagréable. Physiquement bien sur mais pas uniquement, cette fille l'intriguait depuis le jour ou il lui avait proposé de boire un café avec lui et qu'elle avait refusé. Il ne pensait pas la revoir, encore moins avoir la chance de pouvoir échanger cette fameuse tasse de café avec elle. Alors quand elle avait accepté cette fois, il s'était dit que finalement il n'avait pas tout perdu. La discussion était lancée, simple, presque évidente mais cette fois, ce n'était pas une discussion à sens unique, ce n'était pas Nate qui se lâchait après une énième dispute avec son frère. C'était une rencontre en bonne et due forme, avec des échanges réciproques, même si le côté psy d'Hannah avait parfois tendance à revenir dans sa façon de s'exprimer. C'était du moins la pensée de Nate. « Qu’est-ce que vous l’a fait détester ? En tout cas maintenant vous semblez comme un poisson dans l’eau. » Il avait rit à cette remarque qu'il prenait comme un compliment. « Quand j'ai réalisé qu'il n'était pas un héro invincible, j'ai détesté les risques qu'il prenait pour les autres. Je comprenais pas qu'il puisse vouloir risquer de nous abandonner pour protéger des inconnus. C'était égoïste mais j'étais un petit con, faut pas me le reprocher. » Un levé d'épaule, accompagné d'un sourire de circonstance pour montrer qu'il avait conscience de ne pas avoir été toujours parfait, c'était le jeune Nate qui s'était exprimé à l'époque, faisant vivre quelques moments délicats à son père. Mais c'était du passé désormais, et après quelques erreurs de jeunesse dont il avait du assumé les conséquences, il savait désormais que son père était fier de lui même s'il n'était pas du genre à le lui dire. Il partageait le même uniforme, les mêmes valeurs et Nate était fier de pouvoir marcher dans les pas de son père. Et de la profession de Nate, la discussion avait dévié presque logiquement sur les études interminables du docteur Whitemore et la révélation du nombre d'année d'étude ajouté aux activités annexes de la brune, avait forcé l'admiration du policier. « Vous vous doutez bien que je ne peux pas répondre à cette question. J’ai la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup d’heures de sommeil, ça aide. » Mais même sans avoir besoin de beaucoup d'heures de sommeil, jusqu'à preuve du contraire, Hannah avait elle aussi, comme le commun des mortels, des journées de 24h, et Nate avait du mal à imaginer le quotidien d'Hannah. Entre les cours, l’hôpital et son engagement dans une association, c'était un rythme de vie que même lui, le casse cou, énergique avait du mal à concevoir. Et elle avait encore le temps de venir prendre un café avec lui, il se sentait presque honoré d'un coup, alors qu'il n'avait aucune raison de l'être finalement. Souriant à la pensée d'avoir un petit créneaux dans l'agenda overbooké d'Hannah. Il leur aura fallu deux tentatives, mais ils allaient pouvoir l'avoir ce café et un bon en plus, c'était en tout cas ce qu'Hannah lui avait annoncé comme projet. Un projet, que Nate n'allait pas gâcher à s'étendre sur ses soucis avec son frère, combien même c'était un peu grâce à lui qu'il avait rencontré le docteur, il ne voulait pas se retrouver une seconde fois à se plaindre sur l'épaule du médecin, de combien son frère était irresponsable. Non, ni Liam, ni les histoires de familles, ni un biper ne viendrait perturber ce café tant convoité par les deux adultes en services mais s'octroyant une pause plus ou moins mérités dans la salle des infirmières. Un lieu dans lequel Nate ne pensait jamais mettre les pieds, mais ou il se retrouvait finalement presque à son aise, initiant même l'idée du tutoiement entre eux. Ils se détendaient et alors qu'ils s'accordaient une pause dans leur fonction respective, les rire d'Hannah, suivis de ceux de Nate s'étaient fait entendre dans la pièce alors que la docteur leur faisait couler du café et que la discussion semblait maintenant bien engagée. « C’est plutôt rare de tomber sur des gens qui aiment venir ici tu sais, mais on s’habitue. Mais je suis contente de savoir que ma présence t’aide à trouver ce moment moins difficile à vivre » Nate n'avait pas manqué de voir le regard amusé d'Hannah, et il avait relevé un sourcil l'air amusé lui aussi par cette situation et l'attitude d'Hannah. Et visiblement, la discussion était si bien lancée, que Nate se retrouvait à faire des sous-entendus à Hannah et ce qui semblait le plus surprenant pour lui, c'était de voir qu'elle se prenait au jeu. « Tu n’es pas obligé de trouver des excuses pour me biper tu sais. » Presque gêné par la réponse directe d'Hannah, Nate avait sourit et reporté son attention sur son café. Il ne s'attendait pas à tant de répartie, mais il s'en amusait, un sourire aux coin des lèvres qui trahissait son plaisir de trouver une femme avec du répondant. « Et bien heureusement que tu me le dis parce que j'étais déjà en train de projeter de me jeter devant un pistolet pour espérer avoir une excuse pour te revoir. » En temps normal, Nate ne rigolait pas avec les blessures par armes à feu, mais c'était sorti ainsi sans calcul, il se sentait à l'aise avec elle, alors qu'il ne la connaissait que depuis très peu finalement et l'ambiance était propice à ce genre de blague non ? « Tu sais j’ai regretté qu’on se soit quitté de cette façon la dernière fois, ça m’aurait embêté qu’on n’ait plus l’occasion de se revoir. Et il a fallu que ton témoin atterrisse ici… » Peut-être qu'il ne devait pas sourire autant, il avait sans doute l'air d'un abruti à ce moment précis, mais il était heureux de voir que ce sentiment qu'il ressentait, était partagé par Hannah. Cette fille l'intriguait, et il était heureux de voir qu'elle semblait avoir un léger intérêt pour lui, elle aussi. Mais ils n'étaient encore qu'un médecin et un policier dans un hôpital à squatter la salle des infirmières et à leur piquer un café digne de ce nom. Ils n'étaient finalement encore que ces deux personnes dont le boulot pouvait les rappeler à tout moment. Parce que lui portait encore son uniforme et qu'elle était encore en service. Et ils avaient déjà été coupé une fois par le biper de la jeune femme, c'était avec cette pensée en tête qu'il lui avait demandé ce qu'elle faisait en dehors de son travail. Toujours dans l'optique d'en savoir plus sur cette femme, et peut-être aussi dans l'espoir de pouvoir l'inviter à un café dans un autre environnement. « Et tu te libères du temps pour dîner parfois ? Ce serait une assez bonne raison ? » Il venait de l'inviter, il s'en cachait pas, un sourire charmeur sur les lèvres. Charmeur et amusé, espérant réellement pouvoir continuer de côtoyer cette femme. Et puis si elle refusait, il aurait toujours le moyen de la faire biper à son prochain passage à l’hôpital. Elle le lui avait dit, et il n'avait pas oublié.
La soirée de la brune s’était déjà annoncée comme palpitante à l’instant même où sa présence avait été requise au sein des urgences, mais la perspective de retomber sur Nate ne lui avait pas un seul instant effleuré l’esprit. Hannah avait pour ainsi dire fait son deuil au moment où elle avait dû renoncer au café qu’il lui avait proposé, persuadée qu’ils ne se recroiseraient sans doute jamais. C’était évidemment sans compter sur le fait que leurs métiers respectifs les amèneraient à tomber l’un sur l’autre une nouvelle fois à l’hôpital, dans des circonstances différentes. La Whitemore était une femme très difficile et il était rare qu’un homme trouve aussi vite grâce à ses yeux, mais le charme et les yeux rieurs de l’inspecteur Barnes avaient suffit à la convaincre que poursuivre leur conversation de la dernière fois dans la salle des infirmières était une très bonne idée. Elle n’avait rien derrière la tête, rien de plus que l’envie d’apprendre à connaître l’homme derrière la tenue de policier qui avait arrêté son patient. Et apriori cette envie était partagée puisqu’il avait réitéré son invitation le premier, avant même qu’elle n’ait eu le temps de se lancer. Sur le chemin les menant vers la pièce où se trouvait le graal sous sa forme la plus élémentaire – la caféine, donc – la conversation allait bon train entre eux, curieux d’en apprendre plus l’un sur l’autre. Le naturel d’Hannah revint très vite au galop lorsqu’elle l’interrogea davantage sur son métier et les raisons qui l’avaient poussé à le détester avant d’en faire une vocation. Le médecin avait bien du mal à s’en empêcher ; comprendre les motivations de l’esprit humain la passionnait et les questions fusaient sans même qu’elle n’ait à y réfléchir deux fois. « Quand j'ai réalisé qu'il n'était pas un héro invincible, j'ai détesté les risques qu'il prenait pour les autres. Je comprenais pas qu'il puisse vouloir risquer de nous abandonner pour protéger des inconnus. C'était égoïste mais j'étais un petit con, faut pas me le reprocher. » Un sourire étira les lèvres de la brunette lorsqu’il se dédouana de son comportement de l’époque en un petit haussement d’épaules. A son tour, elle releva les mains en l’air comme pour faire de même. « Aucun jugement par ici. » Elle reprit son sérieux tout en gardant un regard amusé dirigé vers lui. « Et puis vous avez suivi ses traces, c’est vous qui prenez les risques. Ça demande beaucoup de courage et d’altruisme de mettre sa vie en jeu chaque jour en mettant les pieds au boulot. » Lança-t-elle, réfléchissant pratiquement à haute voix. Ce fût à son tour d’expliquer en quelques mots en quoi consistait sa vie professionnelle, déclenchant un regard admiratif chez le Barnes qui lui demanda avec humour ce à quoi elle fonctionnait pour tenir le coup. Si la réponse était toute simple – le café et la passion – elle fit semblant d’avoir quelque chose à se reprocher en retenant l’information face à ce flic des stups, prétextant que son peu de besoin de sommeil était son secret pour tenir le coup face à la charge de travail qu’elle s’infligeait. Un sourire illumina les traits fatigués du brun et Hannah ne put se retenir de faire de même, étonnée de ses propres réactions en sa compagnie. Elle essaya de se rappeler brièvement la dernière fois où elle avait jugé qu’un café en la compagnie d’un homme était plus opportun que de faire le tour de ses patients, mais la réponse tarda à faire son apparition ; ça faisait longtemps. Cette impression se renforça un peu plus tandis que le temps s’écoulait, à toute vitesse, au sein de cette pièce où personne ne vint les déranger : ni biper, ni interne en panique. Un moment salvateur qu’Hannah appréciait tout particulièrement, s’amusant des sous-entendus à peine voilés qui commençaient à naître entre eux. Directe, comme à son habitude, la jeune femme lui précisa qu’il n’avait pas besoin d’utiliser de stratagèmes s’il voulait la revoir à l’hôpital, ou ailleurs d’ailleurs. La brunette n’avait jamais été du genre à tourner autour du pot, elle n’allait pas commencer aujourd’hui. Cela effrayait parfois les hommes qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer tout au long de sa vie, mais Nate ne sembla pas se formaliser de son attitude, au contraire, son air indiquait qu’il appréciait sa répartie. « Et bien heureusement que tu me le dis parce que j'étais déjà en train de projeter de me jeter devant un pistolet pour espérer avoir une excuse pour te revoir. » A ce point-là ? Hannah hésita une seconde, prête à lui signifier que prendre une balle était probablement un rien exagéré – elle pouvait être très premier degré par moment – mais décida d’éclater de rire en secouant la tête. « Heureuse de t’avoir évité le pire, même si j’aurais pu trouver ça romantiquement stupide. » Elle fronça le nez dans sa direction avant de reprendre une gorgée de son café, appréciant les arômes qui se dégageaient de la boisson et auxquels elle n’aurait pas eu droit s’ils s’étaient contenté de s’arrêter à la première machine venue. Continuant sur sa lancée, le médecin lui avoua en toute honnêteté qu’elle était réellement contente que le hasard les ait réuni à nouveau pour leur permettre de donner suite à ce premier rendez-vous manqué – si on pouvait appeler ainsi un café pris rapidement entre une arrestation et une mise en examen. Les mots franchirent ses lèvres avec facilité, sans s’embarrasser de faux semblants. Hannah savait très bien que la plupart de ses amies écarquilleraient grand leurs yeux si elles l’entendaient parler ainsi en toute franchise à Nate, ce policier qui lui plaisait bien plus qu’elle ne voulait bien l’avouer. Mais la brune savait ce qu’elle voulait et n’était pas vraiment du genre à attendre que la situation ne tourne dans la direction qu’elle désirait, préférant prendre les devants pour que ça arrive. Le sourire du Barnes ne trompait personne et la confortait dans l’idée que l’intérêt qu’elle lui portait était mutuel, ce qui ne fit qu’augmenter son plaisir de se retrouver en sa présence aujourd’hui. « Et tu te libères du temps pour dîner parfois ? Ce serait une assez bonne raison ? » La jeune femme lui lança une œillade amusée, ravie de constater qu’il était plutôt direct lui aussi. Sans doute une conséquence directe de la situation précaire dans laquelle ils se trouvaient tous les deux ; ils n’allaient pas tarder à se faire rappeler à l’ordre d’un moment à l’autre. « Oui, ça m’arrive de manger aussi. Parfois. » Répondit-elle, jouant sur le fait qu’elle avait tout d’un alien avec son emploi du temps improbable. « Et je préfère ça que de te retrouver sur une table d’opération à te faire extraire une balle de je ne sais où. » Ajouta-t-elle avec un sourire en coin, se relevant pour sortir un carnet de note de sa poche. Elle attrapa un stylo et griffonna rapidement son numéro sur le papier qu’elle tendit ensuite à Nate sans se départir de son sourire. « Ce sera toujours plus pratique que mon biper, si l’envie t’en prends. » Et comme s’il avait fallu qu’elle prononce ce mot pour qu’il se fasse entendre, le bip caractéristique retentit dans la pièce. Elle y jeta un coup d’œil avant de faire la moue, reportant son attention sur le brun. « Je dois retourner à l’étage psy, il y a un patient qui donne du fil à retordre à l’équipe. » Et pas qu’un peu, connaissant le personnage. « Je te tiens au courant pour ton suspect, dès que j’ai quelque chose. Je te raccompagne jusqu’à ton collègue ? » L’hôpital était vaste et ils avaient empruntés de nombreux couloirs avant d’arriver ici, et si la brunette connaissait cet endroit comme sa poche, il y avait un risque pour que Nate ne se perde rapidement dans les méandres de l’hôpital. Et puis ça leur laisserait quelques minutes supplémentaires avant qu’ils ne poursuivent leur route chacun de leur côté pour ce soir. Elle lui adressa un énième sourire, espérant en son for intérieur qu’il ne se passerait pas trop de temps avant leur prochaine rencontre.
La soirée mouvementée, Nate commençait à retrouver un semblant de calme alors qu'il passait du temps avec ce docteur que la vie avait remit sur sa route. Il n'aurait jamais du finir aux urgences ce soir, et finalement, les agissements inconscients et totalement débiles d'un junkie, lui avait permit de prendre ce café qu'il n'avait pas eu l'occasion d'échanger quelques temps plus tôt. Peut-être qu'il fallait y voir un signe ? Nate n'avait pas envie de réfléchir à tout ça, se contentant de profiter de ce que la vie lui donnait et là, il avait un peu de temps en compagnie d'une femme aussi débordée que le docteur Whitemore et il comptait bien ne pas perdre de temps à penser à cet homme qui allait sûrement lui causer des soucis dans les heures à venir. Pour le moment, il apprenait à connaître cette femme qui avait attiré son attention à deux reprises déjà, il se laissait même aller à quelques confidences sur son métier, lui révélant qu'il n'avait pas toujours apprécié le métier de policier et les risques qu'il impliquait. Il avait une facilité à parler avec cette femme qui aurait pu le dérouter mais vu les circonstances de leur première rencontre et les confidences qu'il avait faite, au bord de la crise de nerf à cause de son frangin, à coté la discussion qu'il avait, semblait banale. Mais, cette fois, Nate faisait sourire son interlocutrice et il devait bien avouer qu'il appréciait le sourire de ce docteur pourtant d'apparence si sérieuse. « Et puis vous avez suivi ses traces, c’est vous qui prenez les risques. Ça demande beaucoup de courage et d’altruisme de mettre sa vie en jeu chaque jour en mettant les pieds au boulot. » Il l'écoutait lui répondre même s'il ne le voyait pas comme ça. Il savait que son métier était potentiellement dangereux, plus que d'autres métiers, mais jamais il ne partait le matin avec l'idée qu'il allait mettre sa vie en jeu, et si un jour il venait à avoir cette pensée, au réveil, il devait se promettre de raccrocher parce que si c'était important pour lui d'être prudent, il ne pouvait pas se laisser bouffer par un stress. Il haussait les épaules sur les mots du docteur, un air mi-gêné, mi-modeste des mots employés par Hannah. « Je sais que j'ai un boulot dangereux, mais j'évite d'avoir ce genre de pensées. » Il était policier depuis assez longtemps maintenant pour savoir que les risques étaient réels, il avait assisté à des funérailles, il avait rendu visite à des collègues blessés, mais il était hors de questions de vivre avec la boule au ventre, il aimait ce qu'il faisait. Il avait la chance de faire un métier dans lequel il pouvait s'épanouir et il avait accepté les risques en s'engageant dans cette voix, et il ne regrettait pas, jamais. Et si lui avait la chance d'aimer son métier, Hannah, semblait elle aussi être animée par la voix qu'elle avait choisi d’emprunter, au point d'accumuler les activités ce qui rendait le flic à la fois admirateur mais aussi un peu circonspects devant tant de dépenses d'énergie pour les autres. Ils en étaient là, à se parler de leurs carrières et à se découvrir au delà des blouses et uniformes, dans une salle de pause d'infirmière, ce qui lui ni, lui elle n'étaient d'ailleurs. Installés avec un vrai café entre les mains, ils n'avaient pas mit longtemps à se chercher et à se trouver aux travers de sous-entendus, de petites remarques ironiques et de sourires non dissimulés. Nate appréciait ce moment et il espérait que les sourires d'Hannah étaient eux aussi sincères. Il ne voulait pas chercher à interpréter les choses, préférant vivre les moments comme ils étaient sans en tirer de conclusion, mais quand il avait été question de se revoir, la brune avait assuré à Nate qu'il pouvait la faire biper même sans excuses valables, ce à quoi le flic s'était empressé de répondre avec une remarque, maladroite au vu de son métier, mais qui avait le mérite de faire rire Hannah. « Heureuse de t’avoir évité le pire, même si j’aurais pu trouver ça romantiquement stupide. » Elle fronçait le nez et il se surprit à trouver cela séduisant. « Stupide sans aucun doute, c'est tout moi. » Pour le côté romantique, le Barnes était loin d'être un as en revanche, il était pas mauvais pour organiser des surprises mais le côté romantique n'avait jamais été réellement son point fort. Mais ça Hannah n'avait sûrement pas besoin de le savoir, alors il se contentait de mettre en avant sa stupidité tout en souriant avant de prendre quelques gorgées du café qui fumait encore dans la tasse. Et sans qu'il ne s'y attende réellement, la doc avait lâché une mini bombe en avouant avoir regretté leur première rencontre écourtée par son biper. Il n'en avait pas fallu plus pour que Nate se lance et l'invite, proposant à demi-mot l'idée d'un diner. Ils semblaient bien s'entendre les deux, la discussion était facile, et Nate se sentait à l'aise avec elle, alors à quoi bon s'embêter à tourner autour du pot ? « Oui, ça m’arrive de manger aussi. Parfois. Et je préfère ça que de te retrouver sur une table d’opération à te faire extraire une balle de je ne sais où. » Un léger rire de Nate à la remarque de la brune qui se transforma en vrai sourire quand elle lui tendit un papier avec un numéro de téléphone. « J'espère pour toi que c'est le bon, parce que si tu me réponds pas attends toi à voir le nom Barnes sur les registres. » Elle était prévenue et si elle ne voulait pas avoir la blessure d'un policier sur la conscience, elle allait devoir donner de son temps pour partager un restaurant avec lui. Et alors qu'il pliait précieusement le papier, le biper de la brune les avait ramené à la réalité. Ils avaient eu leur moment de calme, mais c'en était fini. Et le biper venait de nouveau mettre fin à leur échange, venant les ramener face à leurs responsabilités. Bientôt ils redeviendront le docteur Whitemore et l'officier Barnes, mais il leur restait encore quelques minutes avant de devoir se séparer, avant une prochaine rencontre dans un cadre sans biper. « Merci pour le café. Et pour ton numéro. » Quittant la salle de pause dans laquelle ils s'étaient posés quelques minutes, Nate suivait Hannah dans les couloirs de l’hôpital refaisant le chemin inverse. Il marchait derrière elle, suivant le rythme tout en l'observant un peu, quelques minutes encore. Leurs chemins s'apprêtaient à se séparer, mais Nate savait qu'il n'allait pas attendre un nouveau coup du destin pour recroiser cette femme. Il allait prendre les choses, glissant sa main dans sa poche de jean, s'assurant que le papier était toujours là, il avait tout dont il avait besoin pour recontacter cette femme, loin de l’hôpital et de son biper maudit. « A bientôt Docteur Whitemore. » Un sourire au coin des lèvres, presque idiot, sa journée avait été réellement mauvaise mais elle avait fini sur une note positive, et c'était avec le numéro en poche qu'il s'apprêtait à retrouver son collègue et la paperasse qu'il lui restait encore à remplir.
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