| I went to Hell last night - Ariet #4 |
| | (#)Mar 5 Nov 2019 - 1:14 | |
| I went to Hell last night
J'ai un père. Un père encore vivant, un connard de père qui m'a même laissé une demi-soeur. On est tous les deux perdus et énervé contre lui. Elle, parce qu'elle a vécu avec lui, et qu'il lui a pourrit la vie. Et moi, parce qu'il n'a jamais été là, parce qu'il m'a abandonné mais qu'il m'a surveillé toute ma vie, sans bouger le petit doigt. Pourquoi ça tombe sur moi tout ça ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi après tant d'années ? Je pensais que j'en entendrais jamais parler, qu'il ne serait qu'une tâche noire dans ma vie. Le mec qui a disparu, celui qui m'a jamais aimé et qui n'a jamais su que j'existais. Mais non... Ce gars existe bien, il ne m'a jamais aimé, c'est le connard qui m'a abandonné sans une once de regret, mais il a toujours su qui j'étais, où j'étais, et comment je vivais.
Je bois, je bois beaucoup trop. Ma vision est floue et je sors de ce bar en titubant, ne remerciant même pas l'artiste pour lequel j'ai créé cette soirée. Je m'en vais, le plus loin possible d'ici. Et j'écris à Elora, je sais même pas pourquoi je fais ça. Je sais juste que pour une raison inconnue j'ai envie de la revoir, et de lui parler. Pourquoi j'ai envie de parler à une fille que je connais à peine ? Je secoue la tête et me dirige sans réfléchir chez Ariane. Je ne sais même pas comment j'ai pu mémoriser son adresse, et encore moins comment j'ai pu arriver chez elle en un seul morceau. Je suis devant sa porte et je me demande comment je vais pouvoir entrer, parce que je sais très bien qu'elle ne me laisserait jamais entrer chez elle. Je cherche une fenêtre, pour faire comme quand j'étais encore jeune et avec elle, mais tout est bien trop haut. Alors je toque, je sonne sans m'arrêter "Ariiiiiiiiiii faut que je te parleeeee" . Au bout d'une bonne dizaine de minutes, je tangue, et je tombe assis sur les marche. Si elle ne m'ouvre pas, elle retrouvera au moins mon corps devant sa porte quand elle se décidera enfin à sortir. |
| | | | (#)Mar 5 Nov 2019 - 1:51 | |
| J'ai inscris partout où c'était possible que j'habitais chez Auden Williams, le meilleur peintre d’Australie. Sur Facebook pour bragger aux anciennes connaissances volontairement perdues de vue du lycée. Sur mes livraisons de crèmes gênantes, sur mes magazines pour le bel-âge. Je troll au point de l'avoir renommé Auden Parker parfois quand j'Uber eat des mélanges dégueulasses en son nom, rien que parce que comme ça, il comprend facilement et en un clin d'oeil qui tient les rennes dans notre relation. Et avouez que son nom sonne bien mieux dans les journaux à potins quand il est mon sous-fifre, faut dire.
Pas besoin d'avoir un double de la clé quand t'as appris avec la racaille à crocher une serrure (okay non la vérité, c'est que j'ai trouvé le fameux double sous la carpette devant sa porte, mais ça fait beaucoup plus cool de dire qu'avec une pince à cheveux je suis entrée chez lui ni vu ni connu). Il est pas là, il fait je sais pas quoi. Entre Levi qui gagne The Voice et Auden qui se moque de l'univers en entier en participant à un casting de télé-réalité de mariage, ça y est, je peux facilement dire que je fais partie des dommages collatéraux du star system en me coltinant leurs horaires de vedettes montantes - lol.
"Ariiiiiiiiiii faut que je te parleeeee" j'ai piqué le meilleur de ce que son frigo avait à m'offrir quand une voix que je reconnaîtrais entre toutes suivie d'une déferlante de coups de poings sur la porte me confirment que Jet est de l'autre côté, aussi improbable cela puisse être. Et non, j'ouvrirai pas. Je préfère me planter de l'autre côté de la dite porte, croiser mes bras sur ma poitrine, laisser mon sourire grandir sur mon visage et voir jusqu'à quel point il va s'enfoncer dans son désespoir avant que je sois assez mûre pour lui démonter le crâne d'un coup d'un seul. Pour l'instant, l'entendre être si désespéré qu'il affirme haut et fort vouloir me parler, ça sonne trop beau pour être vrai.
Puis, y'a un gros bruit sourd. Je regarde par le judas, il a l'air d'être tombé, c'est chiant s'il est mort sur le pallier là. « Si tu t'es cassé le cou aussi vite, ta mort aura été presque autant pathétique que ta vie mon gars. » il parle pas, il a aucune répartie cette fois, c'est louche. Et comme une conne j'ouvre la porte. Bien sûr que j'ouvre la porte. |
| | | | (#)Mar 5 Nov 2019 - 13:56 | |
| I went to Hell last night
Je m'écroule devant la porte de l'endroit où vit Ari. C'est même pas sûr qu'elle soir là, et encore moins sûr qu'elle m'ouvre même si elle est là. Mais je vais rester là, jusqu'à ce que je vois le visage si familier de cette petite rousse. Même si elle sort avec 3 personnes pour me casser la gueule – ce qui finira certainement par arriver un jour- au moins je la verrai. Je l'entends crier à travers la porte, et elle a l'air d'être seule. « Si tu t'es cassé le cou aussi vite, ta mort aura été presque autant pathétique que ta vie mon gars. » Elle arrive à m'arracher un rire. Pathétique, c'est exactement le mot qui décrit mon état actuel. Est ce qu'elle va ouvrir ? Je ferme les yeux, la tête appuyé contre le mur. Mon téléphone toujours à la main quand Elora me répond, et quand je lui promets d'aller la voir à son travail le plus rapidement possible. Mais pas ce soir, ce soir j'ai besoin de parler à Ariane, elle est la seule qui me connaisse vraiment.
Elle ouvre enfin la porte, et j'entrouvre un œil quand je la vois sortir. « T'as quand même ouvert ! J'aurais pas cru ! » Au fond je le savais, elle m'aurait jamais laissé comme ça, seul devant sa porte dans cet état. « J'ai besoin de te parler... » je me maudis d'être aussi bourré et de n'avoir aucun filtre, je lui aurais jamais dit un truc pareil si j'avais été dans mon état normal. Je vais très vite le regretter je le sens. Je reste assis dehors, j'attends de voir si elle reste pour m'écouter ou si elle était juste en train de vérifier que j'étais pas mort pour m'achever elle même. « J'ai un père... » tout le monde a forcément un père, c'est pas une nouveauté. « et une demi-soeur aussi... ». |
| | | | (#)Mer 6 Nov 2019 - 4:24 | |
| C'est là où ça me fait royalement chier, qu'Auden boive pas. Et que sa coloc soit assez brillante pour pas laisser ses propres bouteilles d'alcool à la vue. C'est nul que j'ai pas de quoi siroter en savourant la déchéance d'Etish complètement bourré sur le pallier de mon sugar daddy du moment. C'est nul que j'ai pas un mojito à la main quand je finis par ouvrir la porte suite à ses lamentations, rien que pour le gaspiller et hypothétiquement lui tirer à la gueule. Avant d'appeler les flics pour venir le chercher quand j'aurai, pour légitime défense, pousser son corps amorphe de toutes mes forces tout en bas des escaliers. Life is hard.
« T'as quand même ouvert ! J'aurais pas cru ! » « C'est plus facile d'admirer ta gueule de raté la porte ouverte que par le judas. » j'hausse l'épaule, désabusée, valide tout de même qu'il est bel et bien une loque humaine et que c'est pas un autre de ses plans de merde pour me casser un bras dans le processus. Une fille apprend, apparemment. « J'ai besoin de te parler... »
Ah ouais, besoin, à ce point. Mon sourcil se hausse, il dit jamais ça, il assume jamais ça. En même temps, il pue l'alcool et les mauvais choix jusqu'ici, les quelques mètres à peine nous séparant ne laissant pas la moindre chance à son mélange d'odeurs nauséabondes de me suggérer autre chose qu'il est complètement éclaté en plus du reste. Charmant. « J'ai un père... et une demi-soeur aussi... » fuck que je le hais. « Qui t'a dit? » parce que ce qu'il avance là, c'est ce que j'ai vécu y'a même pas quelques jours de ça. C'est rencontrer Tim, c'est élucider le connard qu'est Harvey, notre père, c'est mettre des mots et de la rage sur un visage un seul qui a bousillé ma vie à sa façon. Il fait exprès Jet, il s'est bourré, il est venu ici, et il me cherche, il m'a trouvée ouais. « T'as 30 secondes pour me convaincre de pas te foutre un poing à la gueule si fort que tu vas manger tes dents pour les prochains jours. » et accessoirement pour m'expliquer d'où et de comment il sait pour moi. Y'a pas d'autre option possible. Sauf si lui-même a retrouvé son père, et s'est fait une soeur à travers. J'y crois pas, ce serait trop gros. Pourtant, j'insiste. « T'es là pour quoi Jet? »
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| | | | (#)Mer 6 Nov 2019 - 20:21 | |
| I went to Hell last night
J'ai la tête qui tourne, je pense que je peux plus tenir debout. Alors je reste assis là, à regarder Ariane qui daigne enfin m'ouvrir la porte. Pas qu'elle s'inquiète pour moi, elle veut certainement juste vérifier que je suis au plus mal pour venir m'enfoncer un peu plus. Mais je l'ai cherché non ? C'est moi qui suis venu là, la chercher devant la porte de chez elle pour me plaindre de ce qui se passe dans ma vie. « C'est plus facile d'admirer ta gueule de raté la porte ouverte que pas le judas. » Je ferme les yeux et pose ma tête contre le mur avant de lui faire un doigt d'honneur. « Ma gueule de raté... » et je ris bêtement en entendant ces mots. Elle a certainement raison, mais ça, même saoul à ce point, je le dirais jamais. Jet, le connard raté, je trouve que ça me va plutôt bien comme description.
Mais elle reste là, elle me ferme pas la porte au nez ce qui est encore très étonnant. Elle doit profiter, jubiler quand je lui dis que j'ai besoin de lui parler, je sens que je vais finir par le regretter. Je parle de mon problème, sans introduction, sans rien pour la préparer à ça. Je crois que j'arrive toujours pas à réaliser. « Qui t'a dit ? » je lève les yeux vers elle « Si tu parles de ma nouvelle, c'est ma nouvelle demi-soeur, elle a débarqué à une de mes soirées, et elle m'a montré un tas de papiers, y'avait toute ma vie dessus, toute mon enfance tout, elle connait toute ma vie c'est fou non ? » Je secoue la tête, je jette le dossier que j'ai gardé à ses pieds. Elle découvrira rien, elle connait déjà tout de ma vie. « T'as 30 secondes pour me convaincre de pas te foutre un poing à la gueule si fort que tu vas manger tes dents pour les prochains jours. » Je la regarde de nouveau en souriant « Vas y Ari, j'ai tellement bu que je sentirais rien, et au point où j'en suis fais toi plaisir. » J'essaie de me lever mais mes jambes ne me tiennent plus Je vais peut-être finir par mourir ici, devant chez Ariane, un cadeau d'anniversaire en avance. « T'es là pour quoi Jet ? » Je grogne et je passe mes mains sur le visage. « J'en sais rien putain, je suis venu là sans réfléchir, j'aurais pu aller voir d'autre gens, d'autre fille mais non mes jambes elles m'ont emmené là, j'avais juste besoin d'en parler, mais vas y ferme la porte et rentre chez toi si tu continue à être aussi fatigante. » |
| | | | (#)Ven 8 Nov 2019 - 5:33 | |
| « Si tu parles de ma nouvelle, c'est ma nouvelle demi-soeur, elle a débarqué à une de mes soirées, et elle m'a montré un tas de papiers, y'avait toute ma vie dessus, toute mon enfance tout, elle connait toute ma vie c'est fou non ? » sa nouvelle, hum? Et pendant un instant - lol, pendant une vie ouais - je le crois pas du tout. Je suis sûre qu'il bullshit, c'est tellement ça, c'est tellement lui de faire une merde dans le genre. Et ouais, j'avoue, mes poings se referment les uns sur les autres, y'a un texto qui part à Auden aussi, cadeau d'anniversaire & de Noël à l'avance, un doublé. « De quoi, elle connaît toute ta vie? T'es sûr que c'est pas juste une ex qui a décidé de faire de ton existence un enfer? On est plusieurs sur le coup, je vois. » mon ton est las, mon corps entier l'est quand il s'agit de Jet faut dire.
Mais il rampe, il sue, il pue le gars, il sent l'alcool bon marché jusqu'ici. « Vas y Ari, j'ai tellement bu que je sentirais rien, et au point où j'en suis fais toi plaisir. » « Si t'es déjà à terre y'a absolument aucun fun. » je statue l'évidence, qu'il pense pas que je vais m'abaisser à ramper au sol pour l'étrangler non plus. J'ai des principes. Et je me salirai certainement pas les mains quand il risque de s'étouffer dans sa gerbe à un moment ou un autre vu son état quasi éthylique. La patience est une vertue.
Et je réitère, je questionne, je suis blasée, c'est sa faute depuis les 15 dernières années. « J'en sais rien putain, je suis venu là sans réfléchir, j'aurais pu aller voir d'autre gens, d'autre fille mais non mes jambes elles m'ont emmené là, j'avais juste besoin d'en parler, mais vas y ferme la porte et rentre chez toi si tu continue à être aussi fatigante. » ahahaha. Le rire glisse sur mes lèvres, je gratte avec agacement l'extérieur de ma paupière, secoue la tête de voir comment il veut faire pitié, comment ça prend pas. « Fais pas genre tu t'attends à ce que je sois émue que t'aies pensé à moi bourré. C'est juste ton cerveau pré-enregistré à débarquer à ma porte quand t'es une loque humaine. » la liste est longue de toutes les fois où il avait grimpé à ma fenêtre pour empester ma chambre de ses mauvaises décisions au parfum de rhum, de tequila, de bourbon.
« Tu la crois? » je finis par demander, quand clairement, si j'ai envie de le passer au détecteur de mensonges, c'est maintenant ou jamais. « Tu serais con de la croire. » moi, je l'ai cru tout de suite Tim, quand il m'a montré la photo de mon père, de notre père. Lui, il m'a crue tout de suite aussi, quand je nous ai relié. Mais c'est Jet, et j'y arrive pas tout de suite, à faire le parallèle, à voir sa détresse. Ou alors je la vois, je suis juste encore et toujours sur mes gardes avec lui. Qui ça étonne. |
| | | | (#)Ven 8 Nov 2019 - 16:47 | |
| I went to Hell last night
Je suis vraiment dans un état pitoyable, complètement bourré, à quémander de l'aide à Ariane. Je suis vraiment tombé bas, je regrette presque d'en être arrivé là. J'aurais peut-être dû demander à Elo son adresse, elle, elle aurait pas était chiante. Mais ça a été plus fort que moi, et je peux plus faire marche arrière. Je pourrais toujours dire que je me souviens plus de rien demain matin, qu'elle ment et que je me suis jamais retrouvé devant sa porte. « De quoi elle connaît toute ta vie ? T'es sûr que c'est pas juste une ex qui a décidé de faire de ton existence un enfer ? On est plusieurs sur le coup, je vois. » Je secoue la tête, mais qu'est ce que je fou là ? « J'ai qu'une seule connasse enragée comme ex et c'est toi ! » elle m'énerve, pourquoi elle m'énerve toujours à ce point ? « Elle a un putain de dossier, elle me l'a donné, mais un dossier putain... Y'a tout dessus, toute ma vie... » J'ai encore du mal à réaliser, j'ai l'impression que c'est qu'un mauvais rêve. Mais quand je me réveillerai demain, ça sera toujours vrai.
Elle me menace encore, c'est presque notre façon de nous dire bonjour depuis toutes ces années. « Si t'es déjà à terre y'a absolument aucun fun. » Je soupire, si j'étais pas aussi bourré on aurait certainement fini par se battre sur le pas de sa porte, jusqu'à ce qu'un des deux soit vraiment blessé, comme à chaque fois. « ça me donne encore moins envie de me lever pour me barrer quand tu dis des trucs comme ça Ari ! » Alors je vais rester là, parce que d'un côté je peux pas vraiment me lever, et de l'autre, je sais que ça la fait chier, alors ça ajoute un peu de bonheur à ma soirée. Elle me demande pourquoi je suis là, qu'est ce que j'en sais ? Je savais que j'allais la voir et qu'elle allait pas me croire, ou me hurler dessus. Pourtant je suis là, je finis toujours par la retrouver et ça en devient presque fatigant avec les années. « Fais pas genre tu t'attends à ce que je sois émue que t'aies pensé à moi bourré. » Je grogne, c'est moi qui suis bourré et elle qui comprend rien, le monde tourne à l'envers ou elle a juste décidé d'être conne ce soir. « Tu me demandes, je t'explique, arrête de chercher des non-dits ou une sorte de déclaration dans chaque phrase que je prononce ! ». Je m'assoie un peu plus confortablement et je lève les yeux vers elle, elle n'a pas changé de place, et je vois dans son regard qu'elle ne croit pas un seul mot de ce que je dis, je la connais trop bien pour pas le voir. « C'est juste ton cerveau pré-enregistré à débarquer à ma porte quand t'es une loque humaine. » Je souris en fermant à moitié les yeux. « Si je devais débarquer ici à chaque fois que j'étais une loque tu me verrais bien plus souvent ! »
« Tu la crois ? » je regarde dans le vide, je peux plus vraiment avoir de doute, j'ai hésité à la croire pendant longtemps, mais tout est bien trop convainquant, bien trop réel aussi. « Tu serais con de la croire. » Je la regarde de travers, je sentais que quelque chose allait pas. Ses questions étaient bien trop appuyées sur ce sujet, comme si je venais encore exprès pour la blesser. Alors que pour une fois non, je suis certainement juste venu pour me blesser moi un peu plus, être sûr que j'étais encore capable de ressentir une quelconque émotion. J'ouvre le dossier, qu'elle n'a même pas daigné regarder. Sans oublier son comportement étrange. Je garde cette question pour plus tard. « Jeremiah Etish, né le 12 avril 1982 à Brisbane. Vis avec sa mère jusqu'à l'âge de 11 ans. Je te fais les résumés des pages » Je tourne les pages que j'ai déjà lue à de nombreuses reprises, ne lui donnant que les détails que personne ne pouvait connaître, personne à part elle et ma mère. « Premier placement à 11 ans, placé le 12 avril 1993 dans une famille d'accueil, tous le noms de mes foyers et parents d'accueil entre 1994 et les années 2000, tout est juste... » je laisse glisser le dossier à côté de moi, les feuilles éparpillées sur le sol. « Je pensais que c'était toi, toi qui avait monté tout ça, t'es la seule personne à qui j'ai parlé de ça un jour dans ma vie. J'ai dit à cette journaliste de dégager à plusieurs reprises, de te renvoyer tes papiers et tes conneries. J'étais persuadé que c'était toi... » Je lève les yeux vers elle, ça pourrait toujours être vrai, elle va se mettre à rigoler en me disant que j'ai cru à toutes ces conneries, et ce sera fini, je pourrais reprendre ma vie, reprendre ma vie comme avant. |
| | | | (#)Ven 8 Nov 2019 - 20:19 | |
| « Si je devais débarquer ici à chaque fois que j'étais une loque tu me verrais bien plus souvent ! » ou Auden, c'est selon. Ça me dérangerait pas, remarque, de partager ma gueule pref à démonter avec Williams on s'entend. Tant qu'il me laisse le coup final, tout est okay.
Et ouais, il a des dossiers, il a une pile de papiers, j'en ai rien à chier. Il a l'air insulté que j'ai rien regardé de ce qu'il amasse autour de son corps ankylosé, assez pour ramasser chaque feuille rageusement, et laisser sa voix caverneuse de type imbibé à l'alcool me narrer la suite. « Jeremiah Etish, né le 12 avril 1982 à Brisbane. Vis avec sa mère jusqu'à l'âge de 11 ans. Je te fais les résumés des pages » je soupire, probablement parce que je sais qu'il lâchera pas le morceau, surtout parce que je me dégage de l'embrasure de la porte pour faire un pas vers lui, rien qu'un, m'installant au sol en laissant un bon gros mètre entre nous deux, collée au mur derrière. « Ça m'étonnera toujours que tu saches lire. »
Spelling bee here, qui reprend sa lecture, qui me fait tout un historique de son passé que j'aurais vraiment, mais alors là, vraiment voulu oublier. « Premier placement à 11 ans, placé le 12 avril 1993 dans une famille d'accueil, tous le noms de mes foyers et parents d'accueil entre 1994 et les années 2000, tout est juste... » j'étire la nuque, curieuse de valider un truc, la photo que je vois associée à l'année au-dessus, et ma mémoire de merde qui fait jamais défaut, chaque détail mémorisé et enregistré, qui encourage la prochaine mention « Ce sont eux les fous furieux du nettoyage? Ugh, les plaies. » bien sûr que je me souvenais du récit qu'il m'avait raconté sur eux - fuck.
Et elles sont là les accusations, c'était toujours comme ça. On finissait toujours par s'en vouloir, on s'en voulait toujours aussi, l'équilibre, tout ça. « Je pensais que c'était toi, toi qui avait monté tout ça, t'es la seule personne à qui j'ai parlé de ça un jour dans ma vie. J'ai dit à cette journaliste de dégager à plusieurs reprises, de te renvoyer tes papiers et tes conneries. J'étais persuadé que c'était toi... » il est désespéré, il est exaspéré, et il m'arrache un sourire en coin le con, l'idiot, le rat. « Arrête de me briser le coeur comme ça, tu sais très bien que j'aurais rêvé de te monter un coup pareil. » faudra que je pense à mieux le jour où je voudrai le mettre dans cet état.
Mais son état, justement, je le connais. Je le connais et j'ai encore le numéro de Tim dans mon sac, dans la poche secrète, je l'ai pas encore texté, je lui ai encore moins téléphoné, j'y pense à tous les jours qui passent, c'est idiot mais j'ai appris à m'y faire. « Toi par contre, t'es trop con pour avoir pensé à me faire un truc du genre, pourtant c'est arrivé. Ça m'est arrivé. La même chose - les dossiers en moins. » moi, j'étais pas restée cachée derrière des feuillets et des dates et de la chronologie de fond de ruelle. Moi, j'étais allée toquer chez lui, j'avais rencontré sa nouvelle famille, voulu la détruire, fini par renouer avec la mienne. « Si ton père et le mien rigolent en ce moment de voir dans quelle merde ils nous ont foutu, j'te laisse pas les tuer en premier, c'est moi qui prend les honneurs. » ses dossiers que je lui arrache des mains la seconde d'après, double vérifiant toujours tout ce qu'il me dit, à la recherche de la moindre info fausse, du moindre truc erroné. |
| | | | (#)Sam 9 Nov 2019 - 23:26 | |
| I went to Hell last night
Elle s'assoit à quelques mètres de moi, elle n'est toujours pas partie. Elle reste, elle m'écoute et ça m'étonne. Elle doit certainement avoir une bonne raison, ou elle doit chercher ce qu'elle pourrait bien dire pour l'enfoncer un peu plus, et c'est peut-être ce qu'il attendait aussi au fond. « ça m'étonnera toujours que tu saches lire. » Je regarde le ciel en posant de nouveau ma tête contre le mur. « J'ai toujours été étonné que tu saches écrire ! » et pourtant elle écrivait des livres apparemment. Je continue de lui lire mon dossier, comme si j'en avais besoin. Me rappeler une nouvelle fois tout ce qui c'était passé, toutes les tâches noires de ma vie, de mon enfance. L'alcool est encore bien trop présent dans mes veines, il annihile presque toutes mes pensées. Mais Ari me ramène à la réalité, « Ce sont eux les fous furieux du nettoyage ? Ugh, les plaies. » Elle se souvient, alors que je lui ai raconté ça il y a des années, un bon nombre d'années. Je la regarde, assez surpris et je tourne quelques pages. « Oui, et celle là c'est le couple qui voulait avoir des dizaines d'enfants dans la même maison. Je pouvais me barrer des jours sans qu'ils s'en rendent compte tellement on était nombreux ! » je souris, j'arrivais à en rire. Quand j'étais pas dans ces familles, je jouais de la musique, ou j'allais la voir.
J'étais sûr que c'était elle, c'est la seule personne qui serait capable de faire un truc pareil, comme je serais la seule personne capable de monter un truc pareil pour la faire souffrir. Je pense qu'on fera ça jusqu'à ce que l'un de nous finisse par mourir. Ça faisait une bonne quinzaine d'années que ça durait, pourquoi on ne s'en lassait pas ? Pourquoi on ne se laissait jamais partir ? Des questions qui resteront sans doute sans réponse à jamais. « Arrête de me briser le cœur comme ça, tu sais très bien que j'aurais rêvé de te monter un coup pareil. » Je la regarde, je l'analyse, je sais que si elle ment je le saurais, elle pourra pas me le cacher, pas à moi. « Qu'est ce que je fais moi avec ça ? Comment je fais si c'est pas toi qui a monté tout ça ? »
« Toi par contre, t'es trop con pour avoir pensé à me faire un truc du genre, pourtant c'est arrivé. Ça m'est arrivé. La même chose - les dossiers en moins. » Je lève les yeux vers elle, ça peut pas être vrai, elle se fou de moi c'est pas possible. On peut pas avoir vécu la même chose au même moment, c'est juste impossible. « Arrête de te foutre de ma gueule Ari... » Je la regarde dans les yeux, elle a l'air sérieuse, vraiment sérieuse. « Mais comment ? ». Comment c'était possible que ça leur arrive en même temps, comment elle l'avait su, comment elle avait réagit, beaucoup de questions en 2 mots. « Si ton père et le mien rigolent en ce moment de voir dans quelle merde ils nous ont foutu, j'te laisse pas les tuer en premier, c'est moi qui prend les honneurs. » Je ris, on est dans la même merde, encore. Toujours plus bas, des coups toujours plus violents. Mais cette fois on le vivait ensemble, pas l'un contre l'autre, c'était étrange. « Je tue le tien tu tue le mien si tu veux, mais u m'en laisse un des deux ! »
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| | | | (#)Ven 15 Nov 2019 - 17:39 | |
| Pendant une fraction de seconde, rien qu’une petite, c’est comme si Jet et moi on était de retour à l’avant. C’est comme si on se retrouvait à s’haïr autant qu’à s’aimer, quand il parle de l’époque où on était ensemble, or kinda. « Oui, et celle là c'est le couple qui voulait avoir des dizaines d'enfants dans la même maison. Je pouvais me barrer des jours sans qu'ils s'en rendent compte tellement on était nombreux ! » « M’en parle pas, c’était quand t’écrivais tes chansons de merde à la limite du suicidaire. Et que tu piquais tout ce que j’avais comme réserves au frigo. » il sourit, je fais pareil, avant de me rappeler que la seule raison pour laquelle je devrais sourire en sa présence, c’est si sa tête était au bout d’un pieu que je brandirais fièrement à chaque fois où on me demanderait qui a été mon premier copain. Mieux.
Ça me flatte, qu’il pense que je suis derrière tout ça, quand de mon côté j’ai jamais pensé une seule seconde qu’il puisse être à la base de mon propre drame familial. C’était trop réel, y’avaient trop d’acteurs, et je le vois que ça le déroute, je le sens qu’il est pas à l’aise qu’on vive tous les deux la même situation à si peu d’intervalle. Pour ma part, j’ai fermé complètement ma valve à raisonnement, je réfléchis pas plus loin que la base quand il est impliqué, il m’a déjà fait trop mal de tellement de façons que je m’autorise plus à le laisser entrer si creux dans ma tête depuis. « Qu'est ce que je fais moi avec ça ? Comment je fais si c'est pas toi qui a monté tout ça ? » il est un mess, littéralement. Il pue l’alcool, il a les yeux injectés, je serais pas étonné que demain matin il se souvienne pas de cette conversation ou s’il s’en rappelle, qu’il la raye de sa mémoire avec l’orgueil de merde dont il fait preuve. C’est probablement ce qui me convainc de lui donner un genre de conseil à la clé. « T’as deux options. Soit tu fais un homme de toi et t’assumes, soit tu restes un sale trouillard et tu nies lâchement le tout en bloc. »
« Arrête de te foutre de ma gueule Ari... Mais comment ? » et le voilà qui capte qu’on est dans le même bateau. Je laisse à l’information le temps nécessaire de monter jusqu’à sa tête de con, et lorsqu’il semble l’avoir bien assimilée, j’hausse lasse de l’épaule. « Apparemment, ils se prennent d’avance pour s’assurer d’avoir un cadeau à la fête des Pères cette année. » il va en vouloir plus le gars, il va demander des détails, et ça me fait chier de ne pas retenir l’explication plus longtemps, ça m’enrage de la lui donner sur un plateau comme ça. « Il voulait aller prendre un café, j’ai paniqué, je suis débarquée chez lui avec Levi, y’avaient sa femme et ses gamins officiels, elle a tout déballé sur moi et sur mon demi-frère, j’ai crevé ses pneus, volé des trucs dans son coffre à bijoux et j’suis partie. » encore une fois, on dira que je me suis fiée sur le fait qu’il plaiderait l’amnésie demain matin pour céder ainsi. « Je tue le tien tu tue le mien si tu veux, mais tu m'en laisse un des deux ! » « Ouais, ouais, on verra quand ils seront devant moi tous les deux. » il est tellement chétif en ce moment que je pourrais défoncer nos pères sans même lever le petit doigt alors qu’il serait occupé à chercher son souffle dans mon sillage. Petit joueur.
« Tu vas le contacter? » je finis par demander, pas trop certaine s’il dort ou s’il s’est noyé dans sa gerbe pendant les quelques secondes de silence qui se sont installées entre nous. « Tu lui dirais quoi? » mis à part les insultes règlementaires, et la facture de thérapeute qu’il devrait être allé voir pour régler ses dizaines de milliers de dommages collatéraux le rendant aussi connard qu’il l’est. Mes doigts ont continué de tourner les pages, mes yeux lisent toujours chacune des lignes, mémorisant son malheur comme j’ai mémorisé chaque détail du mien. « Merde, il est riche le gars. » les états que la fille lui a donnés, les infos qui se cumulent et les titres qu’il a l’air de s’être coltinés. « Genre, vraiment friqué. » dans un autre monde, dans une autre vie, je planifierais déjà avec Jet un moyen d’escroquer le gars, de lui faire les poches, de vider complètement tous ses comptes garnis. Mais on est ici, on est maintenant, et ce plan-là il a été abandonné depuis bien longtemps.
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| | | | (#)Dim 17 Nov 2019 - 1:05 | |
| I went to Hell last night
« M'en parles pas, c'était quand t'écrivais tes chansons de merde à la limite du suicidaire. Et que tu piquais tout ce que j'avais comme réserves au frigo. » Elle serait presque nostalgique, je le vois dans ses yeux, jusqu'à ce qu'elle regrette forcément d'avoir sourit, ou d'avoir parlé, ça je saurais pas le dire. J'évite son regard. « J'avais pas besoin d'attendre d'être dans cette famille pour piquer tout ce qu'il y avait dans ton frigo ! Et mes chansons sont toutes des chefs d’œuvres » Cette chanson était certainement horrible. J'écris pas vraiment bien. Je n'ai jamais chanté ce que j'avais écrit.
J'ai la tête qui tourne, la langue pâteuse. Les effets de l'alcool commencent à partir, j'ai l'impression de recommencer à sentir mon corps et ça ne me plaît pas du tout. Je veux continuer de plonger, de partir loin, de ne même plus pouvoir m'entendre penser et réfléchir. « T'as deux options. Soit tu fais un homme de toi et t'assumes, soit tu restes un sale trouillard et tu nies lâchement le tout en bloc. » Et elle me ramène brutalement à la réalité la rousse, ça m'aurait étonné qu'elle fasse preuve de compassion. « Je te déteste Ari ! ». Je la déteste parce qu'elle me connait bien trop, je déteste ça, je la déteste. « T'as pas à boire ? » Boire. Boire. Boire pour tout annihiler, oublier. Faites que tout ça ne soit qu'un cauchemar. Je veux plus de tout ça dans ma tête. Aide moi Ari. Même bourré, ces mots ne sortiront pas de ma bouche.
Je la laisse regarder mon dossier, dossier qu'elle aussi elle connait déjà trop bien. Je l'ai lâché après l'avoir lu des dizaines de fois. Et elle m'annonce qu'elle aussi elle a retrouvé son père, comment ça peut être possible ? Comment ça peut nous arriver en même temps ? Je vais finir par croire qu'on est lié ou un truc du genre. Sur toutes les personnes sans pères sur cette planète ça tombe sur nous. Pourquoi toujours nous ? « Apparemment, ils se prennent d'avance pour s'assurer d'avoir un cadeau à la fête des Pères cette année. » Je souris, encore. Faut bien relativiser non ? « Il peut toujours courir pour avoir un truc un jour ce connard ! » Elle me parle, elle m'explique, et j'ai l'impression d'être téléporté des années en arrière. Quand on était plus ou moins ensemble et que je passais mes journées avec elle. Le nom de Levi me fait serrer les dents, je le déteste lui aussi, je déteste tout le monde ce soir. « Oooh t'as seulement crevé les pneus ? T'aurais pu voler la voiture ! Et comment tu le vis toi ? Ça fait combien de temps que tu le sais ? » Les questions se bousculent dans ma tête, je sais pas si elle va me répondre, mais ça m'empêche pas de parler. « Ouais, ouais, on verra quand ils seront devant moi tous les deux. » Je grogne, j'espère que ça n'arrivera jamais. Je compte pas le voir un jour.
C'est à elle de me mitrailler de questions. « Tu vas le contacter ? Tu lui dirais quoi ? » Les deux questions auxquelles je peux pas répondre, même pas à moi. « Non je vais pas le contacter, je dois voir Alex avant, apparemment c'est un mec dangereux... Et j'ai pas l'impression qu'elle l'aime beaucoup elle aussi. » Je vais mettre le fait que je parle sans filtre sur le compte de l'alcool. « Que c'est le pire des connards de tous les temps, et après ? Qu'est ce que tu veux que je lui dise ? J'ai passé toute une vie sans père, c'est pas à mon âge que j'en ai besoin... » Je secoue la tête en plissant les yeux, elle est encore en train de lire certaines parties de mon dossier « Merde il est riche le gars. Genre, vraiment friqué. » Je hoche la tête, je le sais tout ça aussi. Je l'ai lu. « Oooh que oui, et il a aussi toujours su que j'existais... Ultra friqué, et pas un centime pour nous aider quand on mangeait pas pendant une semaine avec ma mère, un vrai enfoiré... » Comme quoi, la génétique fait pas mal de chose. |
| | | | (#)Dim 1 Déc 2019 - 23:18 | |
| « Je te déteste Ari ! » et je bâille, bruyamment. « Tu me blesses. » que Jet me déteste et que je le déteste en retour, ça n'avait rien de nouveau, c'était notre dynamique depuis la nuit des temps. Et si vous me demandez, se détester l'un l'autre était bien petit, bien réducteur face à la haine grandissante, suffocante, qu'on éprouvait constamment l'un pour l'autre. « T'as pas à boire ? » mon sourcil se hausse, j'ai envie de lui tartiner toutes les excuses qu'il m'a envoyées depuis qu'il est ici juste pour qu'il me répète les miennes et qu'on voit tous les deux qu'à ce jeu, je suis meilleure que lui. « Je fais une journée sans alcool, trop dommage. » c'est le sarcasme qui l'emporte, quand mon haleine sent encore le putain de jus de fruits de merde qu'Auden garde ici, lui et sa sobriété ennuyante.
Il parle de son père, je parle du mien. « Oooh t'as seulement crevé les pneus ? T'aurais pu voler la voiture ! Et comment tu le vis toi ? Ça fait combien de temps que tu le sais ? » là, c'est presque comme avant. Quand on s'haïssait, mais qu'on haïssait d'autres gens ensembles, qu'on leur transposait notre hargne pendant une poignée de minutes, à devenir les deux pires terreurs de l'univers, le duo. Ça durait jamais longtemps avant qu'une dispute remonte. « Quelques semaines. » j'ai les yeux vissés sur ses feuilles à lui, son historique à lui, même si je relate au compte-goutte le mien. « Elle puait sa nouvelle famille parfaite la voiture, le coup d'essai raté s'est contenté de l'éclater à la place. » ce qui me semblait sur le coup une bonne façon de la pourrir sans partir avec une preuve qu'il avait refait sa vie sans moi, sans Tim, sans ses échecs de jeunesse. « Non je vais pas le contacter, je dois voir Alex avant, apparemment c'est un mec dangereux... Et j'ai pas l'impression qu'elle l'aime beaucoup elle aussi. » là par contre, je manque pas de relever la tête vers Jet, et de le dévisager avec violence, un rire sec qui s'échappe d'entre mes lèvres. « Un mec dangereux? T'as oublié que t'es la pire rapace de l'univers et que t'es bien plus dangereux que lui ou? » j'agite mon bras cassé sous ses yeux, simple piqure de rappel.
Et voilà que je lui demande si son plan c'est de rester ici à faire le larmoyant, ou s'il a assez de cervelle - c'est-à-dire le minimum requis - pour penser à un plan de match, à une suite potentielle. « Que c'est le pire des connards de tous les temps, et après ? Qu'est ce que tu veux que je lui dise ? J'ai passé toute une vie sans père, c'est pas à mon âge que j'en ai besoin... » pour ça, il a raison. On a grandi sans eux, c'est pas aujourd'hui qu'on en a besoin. Pourtant, les détails sur la richesse de son paternel ne m'échappent pas, et je les souligne rapidement. « Oooh que oui, et il a aussi toujours su que j'existais... Ultra friqué, et pas un centime pour nous aider quand on mangeait pas pendant une semaine avec ma mère, un vrai enfoiré... » « Vous devriez lui faire un coup de merde. » si cette Alex est venu lui en parler, c'est qu'elle avait besoin d'un allié que je pense, que je crois. Comme moi avec Tim. « Vous en prendre à son argent. » du menton, je pointe les chiffres, l'évidence. « Ça te rachètera pas des années à l'haïr mais ça couvrira les frais du tueur à gages. » autant voir le pratique de la chose. |
| | | | (#)Lun 2 Déc 2019 - 15:44 | |
| I went to Hell last night
Je suis toujours assis, incapable de bouger. Mes yeux font des allers-retours entre les yeux d'Ariane et le ciel. Et j'aimerais tout annihiler, j'aimerais ne plus ressentir quoi que ce soit. « Je fais une journée sans alcool, trop dommage. » Je lève les yeux au ciel. « Si t'es pas déjà en train de boire c'est que t'as certainement pas trouvé ce que tu voulais dans cet appart. » Je grogne, et je réfléchi à où je pourrais trouver de quoi boire dans cette ville à cette heure-ci. Mon regard se perd dans le vide pendant que je cherche. Je pense aux bars, mais je suis sûre que personne ne me laissera rentrer dans cet état. Alors je capitule, et je soupire. Il faudra que j'attende d'être chez moi pour vider une nouvelle bouteille d'alcool. Ce sera mon programme pour quand j'aurais retrouvé l'usage de mes jambes.
Quelque chose d'improbable nous arrive de nouveau, elle aussi elle a retrouvé son père et je mets du temps à la croire. Mais je vois à ses yeux qu'elle ne me ment pas. Alors on en discute, on parle, et ça fait des années que ce n'était pas arrivé. « Quelques semaines. » ça fait bien plus longtemps que moi, et elle n'a même pas l'air vraiment touché par cette histoire. Alors que moi, je suis dans un état pitoyable, je fais certainement pitié, et je sais qu'elle ne se gênera pas pour reparler de ce soir si ils se revoient un jour. Mais je nierai, je nierai jusqu'à ma mort si elle vient me dire que j'ai eu besoin d'elle. « Et t'as découvert un demi-frère alors ? » Comme moi, pourquoi nos vies sont toujours aussi similaires. Pourquoi on est pareil sans jamais avoir réussi à s'entendre, en essayant toujours de se détruire mutuellement ? « Il savait que vous existiez ? ». Je la regarde parler, elle doit certainement se dire que le lendemain, j'aurais tout oublié. « Un mec dangereux ? T'as oublié que t'es la pire rapace de l'univers et que t'es bien plus dangereux que lui ou ? » Je lève les yeux au ciel, elle a toujours réussi à se faire plaindre. Elle donne toujours la version des faits qui l'arrange, en sachant très bien qu'elle est certainement aussi dangereuse voir même plus que moi. « Comme quoi être un connard c'est certainement génétique ! » et je lui fais un clin d’œil. « Le pire rapace de l'univers ? Et toi tu dois être la meuf la plus tordue de ce même univers. » Et on avait fait la paire pendant de nombreuses années.
Et elle me parle de l'argent de mon père. « Vous devriez lui faire un coup de merde. Vous en prendre à son argent. » Je secoue la tête. « Mais quelle idée de génie Ari ! C'est pas du tout la première chose à laquelle j'ai pensé quand j'ai vu ce dossier ! » Merci pour ta perspicacité Ariane, ça m'aura été très utile. Je regarde de nouveau vers la rue, les voitures qui passent et les gens bourrés qui tentent de rentrer chez eux. « ça te rachètera pas des années à l'haïr mais ça couvrira les frais des tueurs à gages. » Je souris légèrement et je croise à nouveau son regard. « Je pourrais même peut-être t'engager ? ». |
| | | | (#)Mer 11 Déc 2019 - 17:43 | |
| Son histoire l'ennuie on dirait, il parle maintenant de la mienne. La vérité c'est que depuis la soirée où j'ai rencontré Tim officiellement, j'ai presque plus abordé le sujet après. J'en ai parlé par ci par là avec Levi, une mention rien de plus, je m'adapte encore, j'apprivoise, toujours meilleure pour gérer mes trucs dans ma tête, seule avec moi-même. Ça me fait chier d'avoir voulu jouer à celle qui a la pire histoire de famille découverte avec Jet, parce qu'il lâche pas le morceau là. « Et t'as découvert un demi-frère alors ? » « Le pire hasard. Il était à côté de moi dans un bar, il m'a dit son nom, j'ai montré une photo de mon père, c'était le sien. Rest is history. » je diminue de beaucoup les détails, résume assez pour qu'il ait de quoi en savoir suffisamment et me lâche les basques, mais pas trop pour qu'il pense être mis dans la confidence complète. « Il savait que vous existiez ? » je soupire, l'annonce avait été bien plus déstabilisante pour Tim que pour moi, parce qu'en effet, il savait pas. « Non, et il a un autre frère lui aussi. Et il va être papa en janvier. » de Charlie. Le foutoir que ça va faire aux dîners en famille.
« Comme quoi être un connard c'est certainement génétique ! » « Fuck you. » bien sûr qu'on est comme ça à cause de nos pères - absents. Bien sûr que nos paternels sont les pires merdes de l'univers et que c'est facile de leur mettre la faute sur les épaules. Je roule des yeux à l'intérieur comme à l'extérieur, blasée de donner le contrôle sur mes agissements et sur mes fautes à un paternel qui s'en est toujours foutu de moi. J'assume être une terreur all by myself. « Le pire rapace de l'univers ? Et toi tu dois être la meuf la plus tordue de ce même univers. » ma main libre va quelques fois tapoter sa joue, et par tapoter je veux dire gifler un peu plus fort que ce à quoi il s'attendait sûrement. « Tu fais fort sur les compliments ce soir, du con. »
Et je vois le fric à la clé, et je vois le potentiel de mec à arnaquer. « Mais quelle idée de génie Ari ! C'est pas du tout la première chose à laquelle j'ai pensé quand j'ai vu ce dossier ! » « Je sais pas si tu te moques ou si t'es sérieux, je sais juste que l'envie de te foutre une claque est toujours bien présente. » même après les gifles précédentes je suis pas rassasiée. Je scrute son regard pendant une longue minute, mais il est tellement dans un état second que c'est pas à Jet à qui j'ai droit là, mais à une version édulcorée, embrouillée de lui. « Je pourrais même peut-être t'engager ? » mon rire est sec, pas impressionné du tout. « Mon tarif est trop cher pour que ton cul paumé puisse se le permettre. » pour être bien certaine qu'il comprenne mon non, je réitère. « Et on a jamais été une bonne équipe. » on a toujours été mille fois meilleurs l'un contre l'autre, d'aussi loin que je me souvienne. « Mais j'ai des noms. » et je me gâterai à lui demander un prix de fou en échange de mes références.
Son sourire qui finit par s'éteindre entre deux allers et deux autres retours dans sa tête à capter ce qui se passe. « Les émotions, ça te va pas bien. » que je déclare, catégorique, le prévenant sans aucune délicatesse. « Ose pas te mettre à pleurer en plus du reste. » le dossier que je lui lance, et ma silhouette qui se relève en regrettant déjà la suite. « Un verre. Juste un. L'alcool le plus fort qu'ils ont au premier bar qu'on croise. » j'initie le mouvement, Auden risque de revenir bientôt et j'ai pas envie que son cadeau d'anniversaire soit un Jet en mode loque humaine. Je veux Etish en pleine forme la journée où je le lancerai dans le sillage du propriétaire des lieux. « Et après t'arrêtes de te plaindre et tu gères cette situation comme un grand garçon et pas comme un trouillard. »
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| | | | (#)Ven 3 Jan 2020 - 21:04 | |
| I went to Hell last night
Ma tête tourne encore, je sens presque plus mes jambes. La seule chose que je vois c'est les yeux et les cheveux d'Ariane qui est toujours assise devant moi. Elle m'écoute, à ma plus grande surprise. Elle ne se moque même pas et ça m'étonne encore plus. On arrive à parler, à se confier un peu comme on le faisait dans le temps. Je suis nostalgique, mais ça non plus je le dis pas. Je sais au fond de moi qu'elle ne sortira jamais de ma vie, et que je ne sortirai jamais vraiment de la sienne. On est lié, je sais pas par quoi exactement. Mais on est lié pour toujours. Quoi qu'il arrive, on ne pourra rien y faire. « Wahou... Je me demande comment un tel hasard est possible... » Se retrouver à côté d'un frère qu'elle ne connait pas, dans un bar, dans cette ville. C'est quand même absolument dingue. Je me perds quelques secondes dans mes pensées, à deux doigts de fermer mes yeux. « On est donc pas les seuls à avoir une putain de vie de merde... » Et je souris, un rire nerveux ? Certainement après toute cette soirée. Comme si tout ça ne pouvait pas vraiment être réel.
« Fuck you » ça c'est la Ariane que je connais. Je secoue la tête, réponse prévisible quand je lui dis qu'on est certainement des connards à cause de nos pères respectifs. On les déteste, de tout notre cœur. Mais, au fond, ils nous ont toujours manqué, on a toujours manqué de stabilité dans nos vies. « Tu fais fort su les compliments ce soir, du con. » J'arque un sourcil, elle arrive à me faire rire la rousse même si mon monde est en train de s'écrouler. « Depuis quand tu t'attends à ce que je te fasse des compliments rouquine ? » Un clin d’œil, un nouveau avant que mon regard ne se perde sur la route une nouvelle fois. Je ne sais pas pourquoi mes jambes m'ont mené jusqu'ici. Pourquoi c'est Ariane que mon cerveau alcoolisé a choisi. Mais elle m'aide, même si c'est Ari et qu'elle a un caractère de merde. Elle est là, elle finit toujours par être là quand j'en ai réellement besoin.
On parle de mon père, et du fait qu'il soit riche. Vraiment très très riche. Et bien sûr que la première chose à laquelle j'ai pensé. Lui extorquer de l'argent. Mais Ariane pense être la première à y penser. Cute. « Evidemment que je me fous de ta gueule Ari, c'est la première chose que je veux faire ! Et cette envie ne te quitte jamais Ari, comme j'ai toujours envie de te casser les bras ! » J'ai besoin de thune, comme tout le monde à part mon connard de père. Et on est violent, comme toujours. Ce serait pas nous sinon. « Mon cul paumé ? Toi aussi j'adore tes compliments Ari ! » Je secoue la tête et je regarde mes mains. Je retrouve un peu mes esprits, elle m'aide à dessoûler malheureusement. J'aurais voulu rester dans cet état jusqu'à la fin des temps. « On a toujours fait une bonne équipe tu peux pas le nier ! » On a toujours fait les 400 coups. Que ce soit tous les deux ou avec Carter. Et on a toujours réussi nos coups. « Tu me fais une liste ? » Pourquoi ne pas essayer de demander du renfort ? Peut-être même qu'Alex serait d'accord.
J'arrive à l'amadouer, je sens qu'elle est bien moins sur la défensive « Je ne ressens jamais aucune émotion tu devrais le savoir Ari ! » Je lève les yeux au ciel. Si seulement elle savait pendant combien de temps j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps entre le bar et chez elle. « Jamais je pleurerai devant toi, ça te ferait bien trop plaisir. » Je hoche la tête en la regardant se lever, pensant qu'elle va rentrer chez elle et me laisser là. Je pourrais m'amuser pendant des heures à hurler assis devant cette grande porte. Elle finirait certainement par me tuer et ce serait peut-être pas si mal au final. Et elle me propose de boire, encore plus et j'en suis assez heureux. « C'est toi qui offres ? » Je lui fais un grand sourire, qui doit être assez terrifiant vu mon taux d'alcoolémie. « J'ai envie de me plaindre, je veux pas déjà accepter ça. J'ai le droit à ma soirée des lamentations avant de me rendre compte que tout ça c'est vraiment vrai ! » |
| | | | | | | | I went to Hell last night - Ariet #4 |
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