| (yasmine & edge) I only call you when it’s half past five |
| | (#)Mer 6 Nov 2019 - 23:41 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (tumblr) ✰ w/ @yasmine khadji Tu n'es pas forcément ravi d'avoir de nouveau posé tes valises à Brisbane. Il s'agit plus d'un retour aux sources après une pause bien méritée et pourtant, il manque quelque chose. Tu ne sais pas si c'est le décalage horaire, le climat qui te joue des tours ou juste l'arrivée fatidique de la fin de l'année et son lot de quotas et de déceptions, bien évidemment. Quoi qu'il en soit, il manque définitivement quelque chose et après une semaine à reprendre tes habitudes, à retourner au boulot pour prendre ton appareil photo et aller à la salle de gym juste histoire d'au moins courir sur le tapis roulant... Il faut bien que tu admettes que le problème ne vient pas de Brisbane mais bien de toi. C'est toi qui es un peu las de tout, toi qui es fatigué de répondre aux mêmes interrogations, de sortir les mêmes blagues pour récolter les mêmes sourires, de faire les mêmes actions en boucle et en boucle. De l'extérieur, tout va bien, ce n'est pas vraiment ton genre de te plaindre, Edge Price ne se plaint pas, non, il se contente d'avancer et ce sans regarder en arrière, ni même par dessus son épaule. Sauf que cela devient de plus en plus difficile à faire, prétendre que tout va bien, que les erreurs ne sont pas réparables et que tu es un connard fini. Non, ce n'est pas la description que tu voudrais qu'on dresse de toi, tu as travaillé trop dur pour pouvoir te tenir debout sur tes deux pieds, tout seul, fièrement, tout ça pour quoi ? Tu sais d'où vient le noeud du problème, tout ce qui a déclenché cela, et il faut bien l'avouer, depuis ta dispute avec Yasmine, tu ne vois plus l'intérêt de paraitre aussi poli et aussi soigné, ou de faire autant d’efforts et de ne pas juste être cette horrible version de toi-même. Celle qui ne demande pas pardon, celle qui n'essaye pas, celle qui boit à toute heure du jour et de la nuit. Oui, s'éloigner était une bonne idée pour prendre de la perspective, mais tu es revenu au même endroit, ce sont les mêmes pompes qu'il te faut enfiler et tout cela arrive avec son lot de problèmes. Tu en es là dans tes réflexions, quand la voix de Paul, à ta droite, te tire de ta torpeur, tu ne prêtais pas vraiment attention au film que vous regardiez, simplement concentré sur ta bière, désormais vide, dans tes mains et tout ce que tu ne dis pas. Il faut que tu clignes des yeux plusieurs fois pour te concentrer sur ta voix et comprendre qu'il vient de t'annoncer qu'il va se coucher car il commence à se faire tard. Oui, un rapide coup d'oeil sur ton téléphone portable et tu constates que oui, il est minuit passé et vous bossez tous les deux demain, trouver les bras de Morphée semble être la meilleure chose à faire. Tu lui souhaites bonne nuit, avec un sourire sincère, une partie de toi enviant le semblant de paix qu'il va pouvoir trouver et tu te diriges vers la cuisine, espérant que faire la vaisselle va te distraire. Ce n'est pas le cas. Boire une autre bière non plus. Ni décider d'abandonner la bière pour le whisky à vrai dire, le liquide ambré te brûle la bouche et ne fait pas taire tes pensées pour autant. Fuck this, penses-tu en abandonnant ton verre dans l'évier, tu pars à la recherche de ton téléphone portable, et à un autre moment, tu aurais composé le numéro d'Ariel sans vraiment y songer, elle t'a déjà vu dans cet état-là, c'est un peu sa spécialité et dans les tréfonds de ton esprit, tu sais toujours qu'elle ne te jugera. Cependant, tu as encore votre dernière conversation en mémoire, la jeune femme décidant de se lancer dans une quête que tu estimes perdue, alors non... Pas Ariel. Qui alors ? Tu es presque sur le point d'abandonner, de considérer suivre l'exemple de Paul, quand tes yeux dérivent vers un autre contact. C'est une très mauvaise idée tu le sais, tu le sais pertinnement, sauf que tu t'en moques complètement, c'est l'heure des mauvaises idées et des mauvaises décisions c'est certain. Tu échanges quelques messages rapides et la seule bonne décision que tu as de la soirée, avant d'aller chercher ta paire de gant et tes clés, est d'appeler un taxi. Tes gants oui, car s'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas t'enlever, ce que tu sais faire par défaut et par dépit, c'est taper dans quelque chose et là dans quelqu'un. Mettre tes adversaires à terre ça te connait, et peu importe que tu sois un connard ou pas, une victoire est une victoire. Et quelqu'un comme toi à toujours un endroit où se rendre, peu importe la nature plus que douteuse de l'endroit -il s'agit d'un dépôt de voitures laissé à l'abandon- ou l'heure, ou le fait qu'il n'y aura pas vraiment de règles ni d'arbitre ce soir. Tu t'en fiches, il n'y a pas d'arbritre dans la vraie vie, de toute façon... Chacun est libre de dire ou de penser ce qu'il veut. Et à aucun moment tu te dis que ceci va bien se finir, tu es rouillé, tu ne t'es pas vraiment entrainé depuis plus de trois semaines, et tu es censé être de repos. Ça sera moche, ça sera sanglant et tu vas sûrement repartir avec une ou deux côtes brisées. Tu sais pas comment tu vas expliquer ça à Paul, ou même boulot, et tu vois mal qui que ce soit te demander de rendre des comptes, ça passera comme le reste, tu lanceras une blague du genre : oh you should see the other guy, tout le monde va rire et personne ne se posera de questions. Tu en ris presque rien que d'y penser tandis que tu te changes dans ce que tu peux simplement qualifer de vestiaire de fortune. Tu t'en fiches au final, tout comme tu te fiches du semblant de règles qui est annoncé ou même le prix à la clé, tu te contentes de fixer ton futur advesaire, qui est du même gabarit que toi. Tu te demandes ce que lui cherche à oublier, ce qui l'a poussé par ici, si c'est juste parce qu'il a besoin de sous, qu'il est désespéré, ou que lui aussi possède le même truc qui l'empêche de passer à autre chose. Aucun moyen de le savoir, pas avant de le mettre à terre en tout cas. Pas de mains serrées, juste un sifflement aigüe pour signifier le début du combat et la première salve de coup arrive avant que l'autre homme n'est l'opportunité de répliquer. C'est toi qui mets les premiers coups, bien entendu, toujours, bien placé, assez pour oublier tout le bruit dans ta tête, assez pour te dire que c'est ici ta place et assez pour que tu retrouves un semblant de normalité. Tu es presque distrait par ta propre envie de rire, encore une fois, assez pour qu'un coup soit porté dans ta mâchoire, puis tes côtes, et pourtant tu trouves ça hilarant, parce que c'est dans une situation aussi violente que celle-ci que tu as l'impression de revenir chez toi. Et les coups tu peux les encaisser comme personne, tu peux les rendre aussi, et suivre les cris de votre public de fortune. Sauf que quelque chose ne colle pas, et c'est quand tu places un uppercut avec ton bras droit, que tu ressens une douleur plus vive que d'ordinaire. Le prochain coup ne vient pas, tu essayes de le mettre, mais c'est ce même bras qui ne répond pas, tu ne peux pas frapper, ni même te défendre. Rattrapé parce que tu essayais à tout prix de repousser, preuve que Yasmine Khadji a toujours raison. Quelqu'un devrait probablement lui dire, c'est ta dernière pensée cohérente avant le coup suivant, la dernière avant que tes genoux flanchent aussi et que ce soit le néant qui t'accueilles. Retour à la case départ ? Quelque chose comme ça... |
| | | | (#)Sam 9 Nov 2019 - 11:10 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (jaifkncourtneygifs) ✰ w/ @Edge Price C'était probablement les 30 secondes les plus longues de sa vie. Mais Yasmine avait tenu bon, malgré les dizaines de tentatives de son cerveau de la dissuader d'attendre que son appel soit redirigé vers la messagerie vocale d'Edge. Ça lui était venu comme une inspiration divine ce soir-là, alors que les urgences étaient pleines à craquer, et qu'elle aurait donc eu des tas de bonnes raisons de ne pas être d'humeur. Yasmine s'était pourtant isolée loin du vacarme strident des machines et des patients, son téléphone portable fiché à l'oreille en se demandant pourquoi il lui avait fallu si longtemps pour envisager ce moyen simple pour juste… "Hey." Elle avait beau s'y être attendue, la voix pré-enregistrée du jeune homme au bout du fil lui ayant indiquée la marche à suivre pour laisser un message dans les règles de l'art, et ce avec ce ton si réconfortant qu'elle lui connaissait, elle se laissa tout de même prendre par surprise par le bip sonore qui lui fit lâcher cette entame pathétique. Tandis qu'elle s'appuyait nonchalamment sur un pan de mur pour faire bonne mesure, elle se rendit compte qu'elle était un peu étourdie par le rythme de son cœur ; il s'était accéléré sitôt qu'elle avait décidé de se lancer pour de bon, puis que sa voix avait atteint son oreille à travers le combiné. Elle déglutit pour mieux ajouter "C'est moi." Pause inutile. C'est moi ? "Yasmine." Roulant immédiatement des yeux, agacée par elle-même, elle secoua la tête en se mordant la lèvre inférieure. Fermant brusquement les paupières, et si fort qu'elle vit quelques gerbes d'étincelles s'insérer dans son champ de vision périphérique, elle aurait pu se mettre à rire tant elle se trouvait ridicule. Elle s'était promis que sa dernière visite chez le jeune homme serait son ultime tentative au sujet de tout ça. Mais après avoir appris grâce à Ezra que les absences d'Edgerton n'étaient dues qu'à des vacances prolongées en famille, elle s'était laissé l'occasion d'envisager autre chose encore. Un appel, ça lui paraissait plus engageant qu'un texto… même si pour finir, le risque de se faire snober restait exactement même. La preuve. Peu importe "Je sais qu'il est tard. Même sans ça, je m'attendais pas vraiment à ce que tu me répondes de toute façon. Je…" Elle essaya un instant de se souvenir de tout ce qu'elle avait écrit dans le très long message qu'elle avait rédigé sur l'application Notes de son téléphone portable, et qu'elle n'avait jamais eu le courage d'envoyer à son ex-petit ami ; consciente que même si ses mots étaient sincères, elle se confronterait au mur du silence qu'il lui avait imposé depuis qu'ils s'étaient vus la dernière fois. Elle le comprenait dans une certaine mesure et d'ailleurs, elle ne lui en voulait pas d'avoir voulu creuser une certaine distance entre eux… mais elle tenait vraiment à dissiper le gros nuage de choses terribles qu'ils s'étaient dites, parce qu'elle savait tout aussi bien qu'ils l'avaient fait sous le coup de la colère "Je suis passée chez toi plusieurs fois ces derniers temps. Je suis tombée sur Ezra la dernière fois que je m'y suis risquée… je suis tombée tout court d'ailleurs. Mais je suppose qu'il te racontera ça mieux que moi. Je crois que j'ai fait bonne impression, je l'ai beaucoup fait rire." Comme si ça avait son importance. Va à l'essentiel, Yasmine. Seulement, c'était plus facile à dire qu'à faire ; c'était la formulation qu'avait choisi d'emprunter Sohan lorsqu'elle lui avait demandé son avis sur tout ça. Là encore, elle essaya de se rappeler ce que lui avait conseillé son frère, mais elle avait beaucoup trop conscience du délai imposé par la messagerie du jeune homme, aussi se donna-t-elle un coup de fouet en se décollant du mur et en marchant jusqu'au mur d'en face sur lequel elle posa la main. Yasmine fronça les sourcils en chassant de sa tête ses péripéties avec l'allée de garage d'Edge – sur l'hématome qu'elle avait gagné en prime, et qui s'était à peine estompé depuis. Elle reprit avec détermination "Bref. J'ai pas envie de m'étendre par téléphones interposés. Je voulais juste te proposer qu'on… hum, qu'on se voit bientôt. Pour discuter ? Si tu veux. Je…" Elle prit une trop courte inspiration, et ses sourcils se froncèrent plus fort quand elle entendit l'alarme qui indiquait l'arrivée imminente d'une escouade d'ambulanciers se déclencher dans le couloir dans lequel elle s'était isolée ; ça la fit perdre un peu le fil de ce qu'elle était en train de dire. De sa voix légèrement étouffée par la trop courte inspiration qu'elle avait pris une seconde à peine plus tôt, elle poursuivit cependant "Je suis libre ce weekend si… appelle-moi, ou…" Tapotant le bout de ses chaussures sur le sol avec une rage contenue, son hésitation lui donnant envie de hurler, elle serra les dents et referma les yeux en même temps. Elle laissa sa tête s'incliner très fort en arrière, buter contre le mur qu'elle cogna doucement une, deux, trois fois "Prends soin de toi, Price. Bye… bye." Et sans se contenir cette fois, elle raccrocha furieusement avant de rejoindre le corridor des urgences, prenant plusieurs goulées d'air en même temps, tout en couvant soudain la sensation désagréable d'avoir lamentablement échoué à accomplir une tache aussi simple que celle-ci.
Elle n'eut pas trop le temps de prendre quelques secondes de plus pour se fustiger à ce sujet que, déjà parée à intervenir sur l'admission indiquée par l'alarme qui s'était enfin tût, elle glissa son stéthoscope autour de son cou puis rassembla ses cheveux plus courts dans un chignon négligé. Resserrant son élastique si fort, elle sentit chaque racine lui picoter, grouillant sous et sur son crâne comme des petites pattes d'insectes pressés qui la tétanisèrent l'espace d'un court instant ; ou était-ce à cause de la silhouette qu'elle reconnut sur le brancard qui la fit marquer un stop, aussi bien mentalement que physiquement ? N'attendant pas les indications des ambulanciers pour agir, et prendre en considération que c'était bel et bien Edgerton Price qu'ils venaient d'emmener dans le service, elle s'avança énergiquement. Il lui sembla que Molly sortit de derrière son comptoir, mais Yasmine n'y prête guère d'attention. Elle ne prêtait plus attention à grand-chose à ce moment-là, si ce n'était au jeune homme qu'elle examina rapidement pour découvrir qu'il était conscient, mais bien amoché. Le collier cervical qu'il portait était de trop, elle en était persuadée, mais il donnait l'impression de saigner… et d'avoir mal. A peine avait-elle vérifié son visage qu'elle comprit qu'il avait boxé ; elle lança sans aucune hésitation "Son poignet droit, Saït. Vérifie son poignet droit." Son collègue s'exécuta, lui lançant un regard par-dessous pendant qu'elle enfilait sa paire de gants pendant que les ambulanciers listaient déjà ses blessures sans qu'elle ne parvienne à les entendre sur le moment, concentrée sur autre chose. Elle se recula de deux pas pour laisser le brancard se faire rouler vers la deuxième salle de traumatologie des urgences. Alors qu'elle s'apprêtait à suivre l'équipe, Saït se mit en travers de son chemin. Elle n'avait jamais prêté attention à sa grande taille, mais il la dominait de plusieurs têtes. Étonnamment, ça ne l'impressionna pas "Je ferai pas la même erreur qu'avec Norah. Tu restes à la mine, Khadji." La bouche légèrement entrouverte, prise d'un sentiment fulgurant d'injustice, Yasmine opina de la tête négativement en s'avançant. Les mâchoires resserrées, et très fort au point que sa voix en fût altérée lorsqu'elle parla, elle se confronta à un mur qu'elle tenta d'abattre grâce à un arabe parfait "T'as pas le droit. On est en sous-effectif, c'est n'importe quoi." Saït lui répondit en anglais, plantant résolument son regard sombre dans celui clair comme de l'eau de son infirmière "Mais tu le connais, et c'est jamais bon de soigner des gens qu'on connaît. Ou qu'on croit connaître… peu importe, Yasmine. C'est dangereux, aussi bien pour nous que pour le patient. Tu restes là. C'est un ordre." La mention d'ordre fit fulminer Yasmine – si bien qu'elle choisit sciemment de ne pas le prendre en compte, et de hausser les épaules avec dans les yeux, une lueur de défi exceptionnelle. Derechef, ses semelles crissant sur le sol des urgences, elle le contourna pour rejoindre la salle de traumatologie dans lequel Edge avait été placé ; elle bouscula son supérieur au passage, s'attirant les regards des employés des alentours qui suivirent la scène avec avidité.
L'interne présent l'informa qu'il avait probablement des côtes cassées et que, vu l'angle formé par son bras droit, lui aussi devait être cassé. Ils n'en seraient certains qu'après des examens poussés, mais c'était assez facile à déterminer avec la palpation. Yasmine s'activa davantage, vérifia ses constantes en ne se laissant pas déconcentrée, portée par l'adrénaline, et plus que d'habitude encore, par son envie de bien faire. Elle lui avait dit de se ménager, que la douleur de sa tendinite pourrait l'handicaper à un moment si elle était mal soignée ; que c'était plus important qu'il ne le prétendait. Elle n'avait pas de mal à se présenter la scène dans son esprit, c'était même plutôt clair. Edgerton ne s'était pas attendu à ce que ça l'élance aussi fort après une immobilisation de quelques semaines, et il avait frappé plusieurs coups avant de se rendre compte que plus rien ne répondait, et que toute sensation avait disparu, au moins momentanément… puis la douleur s'était sans doute réveillée d'un coup, assez pour donner l'occasion à son adversaire d'agir en fonction de son besoin de se défouler ce soir-là. En l'occurrence, il n'y était pas allé de mains mortes ; il avait sans doute chuté sous les coups de l'autre, il avait sans doute tenté de frapper encore pour se donner la sensation d'être capable d'en venir à bout, mais pas avec l'expertise dont il jouissait d'ordinaire, privé de ses sensations, mais pas de la douleur qui prenait de plus en plus d'ampleur. S'assurant que la perfusion d'analgésiques était bien posée, Yasmine eut l'impression que sa gorge se serrait lorsque, dans son esprit en ébullition, elle prit conscience qu'il passerait du temps à l'étage supérieur et qu'il aurait peut-être besoin de rééducation. Tandis qu'elle valdinguait à droite et à gauche, puis qu'elle vint s'inquiéter de sa vision en se plaçant derrière le lit qui avait été légèrement déplacé pour plus de mobilité, elle suivit elle aussi les mouvements de la lampe que l'interne lui braqua dans les yeux ; au moins, tout allait bien de ce côté-là. Elle approcha son visage du sien pour constater par elle-même que, malgré le sang, et cette sensation étrange qui la fit blêmir lorsque sa conscience se réveilla davantage pour lui souffler qu'elle avait son sang, à lui, sur ses gants, il s'en sortirait plutôt à bon compte au niveau des plaies superficielles – un grand nettoyage s'imposait cela dit "Hey." fit-elle alors quand ses yeux croisèrent les yeux, laissant son trouble de côté, exactement comme elle l'avait fait de longues minutes plus tôt au téléphone – sauf qu'elle dut faire un petit effort pour que ça ne ressemble pas à une complainte. Elle se reprit immédiatement pour ajouter avec une assurance qu'elle avait seulement lorsqu'elle était sur son lieu de travail, reléguant tout ce qui lui passait par la tête à la dernière place de ses priorités. Elle retira ses gants en même temps, les jetant au sol pour poser la paume de ses mains à même sa peau, sur ses tempes, malgré l'idée de plus en plus ancrée dans son esprit qu'elle avait son sang, à lui, directement sur ses mains désormais. Elle ne se laissa pas le temps d'y réfléchir plus "On va bien s'occuper de toi, Edge. Les analgésiques font déjà leur effet, t'auras beaucoup moins mal dans quelques secondes. On va devoir t'emmener passer des radios pour vérifier les premiers diagnostiques, ce sera pas très long." Elle entendit Saït revenir et persifler dans sa direction, alors qu'il reprenait les commandes de l'intervention et qu'il se pencha sur Edge pour palper de nouveau ses côtes avec expertise "Je vais être obligé de faire un rapport à la direction, t'es consciente de ça ? Yasmine ne répondit pas, toujours placée derrière le lit, les yeux tachant de restés verrouillés à ceux du jeune homme à qui elle assura une nouvelle fois, et avec un sourire qui n'en menait pas large, dépourvu de toutes fossettes, qu'elle essaya tout de même de rendre aussi lumineux et chaleureux que d'habitude "Ça va aller, je t'assure. Tu peux parler, tu sais qui je suis ?" |
| | | | (#)Sam 9 Nov 2019 - 13:58 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (tumblr) ✰ w/ @yasmine khadji Ce que tu rencontres, ça ne peut que être que le sol. C'est la seule explication logique, la seule remarque cohérente qui te traverse l'esprit avant que plus rien ne fasse de sens. Pas ce soir en tout cas, est-ce qu'on peut encore qualifier le moment présent de soir ? Tu n'en sais rien, tu es partout et nul part à la fois, et une partie de toi a désespérément envie de fermer les yeux et ne plus penser à rien. Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça, tu es sans doute un peu perdu, mais tu sais que la vie n'a absolument rien de clément et qu'elle ne va pas soudainement t'apporter un semblant de paix juste parce que tu l'as demandé. Non, pas pour toi, pas pour Edgerton Price, et la douleur qui survient la seconde suivante est vive, trop vive, trop brutale et elle ne te laisse pas un moment de répit. Tu sens d'autres coups venir, ton esprit embrumé essaye de faire le tri dans tout ce qui est en train de t'arriver, ton coeur bat un peu trop vite, il y a ce bras droit qui ne semble plus répondre, il y a les cris au loin, la lumière vive et autre chose. Tu essayes de te relever, bien entendu, il ne te reste pas grand chose mais la fierté, aussi mal placée que la tienne, ça ferait avancer n'importe qui. Ça causera également ta perte. Ce n'est pas juste de la fierté, c'est tout ce qui bouillone de l'intérieur, la raison pour laquelle tu dois donner des coups, pour laquelle tu n'es jamais tranquille et ce truc qui te réveille souvent en pleine nuit et te rappelle que non, tu n'es pas mieux que les autres. Yasmine a sûrement dû l'identifier mieux que toi, pourquoi ? Elle a pris le temps de te regarder tout simplement, de voir un peu plus que la carapace et ... Putain, pourquoi est-ce que tu penses à brune dans un moment pareil ? Aucun moyen de le savoir, deux ans que tu tournes en boucle, tu devrais aller la voir, lui dire que tu as compris, que tu ne lui en veux pas car dans le fond elle a raison, et simplement passer à autre chose. Ça vaut mieux pour tout le monde, qu'elle prétende que tu n'as jamais été là en fait, comme ça pas de regrets, pas de non-dits et surtout pas de blessures. "... Oh... Oh je crois que tu l'as suffisament amoché là, merde, ouais on a gagnant, maintenant détends-toi." Il y a encore du bruit, des mots et des voix non-identifiées, tu ne sais pas qui est là, et qui a déjà quitté tes côtés, il n'y a plus rien entre toi et le néant il semble, il y a des lumières vives qui dansent devant tes yeux, ton bras droit ne donne toujours pas de signe de vie, tout ton flanc gauche te fait mal et ton corps semble réagir plus à l'instinct qu'autre chose, car tu retrouves à cracher du sang, probablement de la façon la plus inélégante qui soit. Est-ce que c'est vraiment ça la conclusion ? Est-ce que tu vas finir par te vider lentement de ton sang et t’éteindre parce que tu es beaucoup trop idiot pour courir dans l'autre direction quand tu vois le danger arriver ? L'ironie de tout ça est que tu veux bouger, il y a encore quelque chose qui remue sous ton crâne, toujours une bonne raison de s'accrocher et de ne pas raccrocher. Par dépit. Par défaut. Parce que survivre est ta manière préférée de vivre, sur le fil du rasoir, sans jamais basculer d'un côté ou de l'autre, sans jamais se dire qu'une fin va arriver. Pourtant tu peux distinguer les bruits de pas qui s'éloignent, tu ne pourras pas prendre ta revanche dommage... Le silence qui suit est un effrayant retour à la réalité. Quelque chose de totalement étranger, d'étouffant dans un sens, le silence, tu ne sais pas ce que c'est, tu cours depuis tellement longtemps, le bruit de tes propres pas finit toujours par te rassurer. Ta mère avait souvent l'habitude de dire qu'elle avait bien du mal à garder un œil sur toi quand tu étais plus jeune, toujours en train de chercher quelque chose, comme si tu attendais l'inévitable, comme si tu te préparais déjà au pire. Te débattre, c'est ce que tu fais de mieux au final, sans vraiment savoir contre qui tu donnes des coups invisibles, mais bien incapable de faire autre chose car c'est ce que tu es plus que tout. Peut-être que le silence n'est pas une si mauvaise chose que ça au final, il faut bien arrêter de courir à un moment donné. Et juste reprendre son souffle.
"Hey !... Est-ce que vous m'entendez ?" Tu ne reprends pas conscience à proprement parlé quand on s'adresse à toi, non, c'est autre chose. Comme si tout finissait par enfin cliquer, tes terminaisons nerveuses sont à vif et la douleur qui était passée au plan secondaire, plus par survie qu'autre chose, ne peut pas être ignorée une seconde de plus. Ta vision est brouillée, tu tentes de cligner des paupières sauf que ce geste là est douloureux et tu fais de ton mieux pour hocher la tête. "On va vous emmener avec nous, si vous pouvez parler, n'hésitez pas." Le ton se veut autoritaire et rassurant, tu ne peux pas vraiment protester quoi qu'il en soit et quelques grognements t'échappent lorsque que l'on te fait bouger, ton corps semble avoir atteint ses limites et incapable de répondre à des simples commandes. Comme si quelqu'un avait appuyé sur un interrupteur et tout éteint en partant, un véritable paradoxe vraiment car tu as également l'impression de prendre feu, tu sais, quelque part, que ce n'est pas vrai et pourtant chaque inspiration et expiration te coûte beaucoup trop pour que ça soit normal. Beaucoup trop pour qu'il reste quoi que ce soit à sauver en fait. "On est bientôt arrivés." Tu ne sais pas si ces mots sont pour toi, tu as du mal à vraiment comprendre et encore moins percevoir ce qui se passe, le jargon médical te parvient de loin, tout est flou, dans tous les sens du terme, tu ne vois pas mieux ce qui se passe, tu distingues des silhouettes qui s'agitent et s'affairent autour de toi, probablement pour essayer de faire partir la douleur. Si ton bras droit répondait, tu les pousserais avec un brin d'irritation, car ça ne sert à rien. C'est juste visible maintenant, dans la vie de tous les jours tu avances également brisé et ce sans que personne ne fasse quoi que ce soit. Oui, si tu pouvais parler tu leur dirais de te laisser, de te ramener là où ils t'ont trouvé, c'est juste une belle perte de temps, il y a sûrement quelqu'un, quelque part, qui en a plus besoin de soins que toi et pourra faire bien mieux que toi. Tu n'en as pas l'ombre d'un doute. Les mots ne sortent pas, pas quand il y a de nouveau du mouvement autour de toi, on semble te guider vers un tout nouvel endroit, et tu es de nouveau accueilli par du bruit, ça tu connais, ça c'est plus que familier. Tu es cependant étourdi par la nouvelle salve d'informations et la douleur qui elle ne t'a pas quitté, tu devrais, tu le sais quelque part, être reconnaissant, ça veut dire que tu es toujours là, bien ancré à la réalité. Incapable de lâcher le morceau comme tu le fais si bien. Tu voudrais déjà fermer les yeux, pour ne faire plus qu'un avec toutes ces sensations là, sauf que tu captes quelque chose d'autre de loin, quelque chose qui te fait douter et remettre en question le fait que tu sois justement bien là, et que tu n'as pas basculé. "... Yasmine ?" Un murmure qui ne sera pas perçu non plus, tu en es certain, ce n'est pas possible, tu délires, ton esprit te joue des tours et dessine le visage de la brune devant toi. Elle n'est pas là, c'est juste un mirage, ton imagination mêlée à la douleur et à la culpabilité qui la fait apparaitre là car elle est la dernière personne que tu as déçue. "Je ..." Les mots, le temps, la raison tout te manque. Rien n'est cohérent, tu as oublié ce que tu voulais lui dire, ou alors tu l'as toujours su. Ça fait près de deux ans que tu le sais, que tu ne veux pas te l'avouer parce que ça ne fait pas de sens, et que si tu lui avais dit à l'époque, elle t'aurait traité d'idiot, de fou ou accusé de succomber à une crise de la trentaine tardive. Car personne ne tombe amoureux après seulement quelques semaines, parce que c'est juste ineptie, créée pour vendre des chocolat le 14 Février et vendre des tickets de cinéma, pas dans la réalité, pas ici. Est-ce que tu sais qui elle est ? Tu aurais voulu oublier, tu as bien essayé justement, mais impossible de le faire. Tu hoches la tête, car c'est la seule réponse que tu peux formuler maintenant, tu pourrais lui dire de ne pas te lâcher, que réelle ou pas, si elle te lâche tu n'es pas certain que tu pourras te relever cette fois-ci, et tu n'es pas certain d'en avoir envie. Il y a une autre voix qui participe à l'échange, celle que tu as déjà entendu un peu plus tôt, qui fait pâlir un peu l'éclat de Yasmine, c'est cette voix-là qui semble être aux commandes et qui t'éloigne. Ou alors c'est le trop plein de sensations qui finit par te rattraper, tu es presque certain, dans ta torpeur, que tu lèves la main vers Yasmine et que tu effleures même sa joue. Tu es incapable de savoir si elle est vraiment là ou pas, si tout ça ce n'est pas qu'un beau rêve, ou alors un cauchemar très bien élaboré par la partie la plus cruelle de ton cerveau.
Quoi qu'il se passe, tes paupières sont trop lourdes pour continuer à rester ici, conscient ou pas tu finis par sombrer, où ? Tu ne sais pas vraiment. Pour combien de temps ? Tu l'ignores encore. Tu es ailleurs, rattrapé par tes erreurs, par tout ce qui ne fait pas de sens et par la douleur qui ne t'a jamais quitté. Ce n'est pas les bras de Morphée que tu trouves cette fois-ci, pas de véritable repos pour toi, une autre sensation t'habite, tu as l'impression de flotter, sans bouger un seul muscle, sans quitter ton corps et pourtant, c'est bien le cas. Un simple aller loin de tout, sans aucune conséquence cette fois-ci, juste histoire de panser tes blessures. Tes paupières sont plus lourdes que jamais quand tu les ouvres de nouveau; et un mal de crâne sans pareil te saisit alors que tu analyses ton nouvel environnement. Tu ne peux cependant pas te concentrer, pas à cause d'un bip incessant, juste là, près de ton oreille et... Pourquoi est-ce que tu as un tube en plastique logé dans un de tes bras tandis que l'autre est immobilisé, dans un décor qui a tout des allures de chambre d'hôpital ? Toutes ces questions restent sans réponse alors que tu t'agites dans ton lit d'infortune, remarquant avec quelques secondes de retard que tu n'es pas seul. "... Khadji ?" Ta voix est plus rauque que d'ordinaire, sauf que cette fois-ci tu en es certain, Yasmine est bien là. |
| | | | (#)Sam 9 Nov 2019 - 22:51 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (jaifkncourtneygifs) ✰ w/ @Edge Price Si elle n'avait pas été humaine, Yasmine n'aurait jamais choisi ce corps de métier. Si elle se contentait de laisser derrière elle les souvenirs des cas sur lesquels elle était intervenue, elle n'aurait jamais été celle qu'elle était aujourd'hui. Mais son métier, c'était sa vie ; elle avait évolué en fonction de son expérience en tant qu'infirmière. Toutes ses qualités, tous ses défaut étaient directement induits par ce qu'elle avait vécu au cours de ses presque dix années d'exercice. Ca l'avait forgée, redéfinissant les contours de la jeune fille qu'elle avait été pour mieux figurer ceux de la femme qu'elle était devenue. Elle apprenait encore, pour autant elle pouvait se targuer d'avoir fait de son mieux pour devenir quelqu'un de fréquentable, même si elle n'était pas parfaite. C'était impossible de ne pas être touchée par les patients qui débarquaient aux urgences. Et puis, on ne s'y faisait jamais vraiment… à la caresse de la mort qui rôdait dans les couloirs, prête à accorder sa grâce pour soulager de la douleur en promettant une paix toute relative à celui qu'elle avait choisi aléatoirement. Elle vivait avec, ça ne voulait pas pour autant dire qu'elle trouvait ça juste. Mais là encore, elle faisait de son mieux pour rééquilibrer les chances de chacun, jouant avec l'ordre cosmique et forçant l'univers à revoir ses plans à la hâte pour faire pencher la balance en faveur de celui dont la vie ne tenait plus qu'à un fil. Elle avait conscience de ça aussi, que rien n'arrivait vraiment par hasard finalement, et que l'acharnement était parfois tout aussi cruel que de lancer les dés afin de voir sur qui ça tomberait – jamais sur la bonne personne, elle le savait d'expérience. A ce propos, elle n'avait souvent pas le temps d'être en colère, puisque tout n'était qu'un éternel recommencement. Pourtant, au milieu de la misère et des accidents, il arrivait quelques fois que les augures migrent dans la bonne direction, faisant gonfler son cœur d'un étrange sentiment d'orgueil. Ils étaient capables ceux qui, comme elle, avaient choisi d'exercer dans ce milieu, de tromper le cosmos pour ressortir vainqueur d'une quête courue d'avance. Seulement, ce n'était pas sans conséquences. Depuis son retour d'Afrique, Yasmine mesurait combien les retombées des nombreuses fois où elle avait tenté de déjouer les plans du Destin étaient difficiles à porter. L'anxiété qu'elle traînait avec elle comme un boulet depuis ne pouvait être que la punition qu'on lui infligeait à cause de son manque d'humilité. Ça aurait été plus facile si ça ne l'avait pas autant affectée, mais ce n'était pas le cas : sa toute nouvelle hypersensibilité, elle la payait tous les jours. Elle en prit davantage conscience quand, les mains pleines du sang d'Edgerton, elle sut qu'elle ne réussirait pas à le traiter comme tous ces gens qu'elle n'avait eu aucune difficulté à soigner par le passé. A son contraire, ils étaient des anonymes, des individus qu'elle ne reverrait plus jamais malgré le fait qu'ils leur devaient la vie, à elle et à l'équipe dans laquelle elle s'épanouissait. Elle n'avait pas partagé de bons moments avec eux – à se dire en son for intérieur qu'elle avait tort de rester sur ses gardes, se galvanisant néanmoins d'un sentiment indéfinissable de sécurité et d'affection, consciente du gâchis potentiel que ce serait si elle ne réussissait pas à se laisser porter par la bienveillance dont lui, cet homme allongé sur ce lit, l'avait enveloppé dès que leurs regards s'étaient croisés là, à quelques mètres à peine de l'endroit dans lequel ils se trouvaient maintenant ; redemandant des baisers, persuadée qu'elle finirait un jour où l'autre par se faire à l'idée qu'il y avait définitivement quelque chose à creuser. Elle n'avait pas non plus vraiment partagé de mauvais moments avec ces gens-là – accusant le coup d'une erreur qu'elle avait senti venir, qui lui avait tout de même fait beaucoup de mal, appuyant sans vergogne sur un nerf noueux, si sensible au toucher, que ça avait réveillé son manque de confiance en elle ; la faisant ruminer des actes et des pensées jusqu'à ne plus en être capable au point de partir pour remettre de l'ordre dans sa liste mentale de priorités. Oui, si elle avait su admettre à quel point elle s'était monté la tête toute seule à cette époque, campée sur des idées, sur une en particulier, elle aurait vécu différemment sa relation avec Edge.
Mais il lui avait fallu une vraie dispute et une frayeur comme celle qui la fit brusquement faire un pas en arrière, rompant le contact de ses mains tout contre le visage du jeune homme, pour le prendre en compte. Les yeux fixés sur les paumes de ses mains ensanglantées, les doigts si tendus qu'ils en devinrent atrocement douloureux, elle dit calmement à Saït "Je vais pas y arriver, il faut appeler quelqu'un d'autre." Elle délaissa son stéthoscope qu'elle posa sur la première tablette qu'elle atteignit en se penchant sur le côté "Tu vas pas pouvoir rester, tu vas nous gêner." lui répondit son supérieur d'un ton autoritaire. Yasmine leva la tête pour mieux s'imposer une nouvelle fois "Je reste jusqu'à ce que vous l'emmeniez faire ses radios." Saït laissa un rire sardonique poindre au milieu de sa barbe épaisse "T'es pas en position de négocier, Khadji. Tu sais ce que tu risques en te comportant comme t'es en train de le faire ?" La suspension, les mauvais retours auprès de ses futurs enseignants à la fac, entre autres. Sur le coup, ça ne la dissuada pas de battre en retraite, et sans doute que dans une autre conjoncture, elle aurait encore une fois haussé les épaules. Aussi lui répondit-elle du tac-au-tac, un aplomb certain dans la voix "Et toi, tu sais ce que tu risques si je fais remonter ton choix d'équipe pour le suivi médical de l'officier Dunn ? T'as croisé Norah récemment, docteur ?" Elle arqua un sourcil, et rentra le menton dans une position de défense instinctive qui laissait sous-entendre qu'elle n'attendait aucune réponse "Tu veux te lancer dans un petit chantage, c'est parfait. Mais vérifie d'abord que t'as rien à te reprocher. Je te jure que j'hésiterais pas une seconde à retourner tout ça contre toi si tu m'interdis de rester là." Et le regard qu'ils échangèrent fût lourd de sens. Le médecin connaissait bien Yasmine. Il savait à quel point elle pouvait être têtue dans l'exercice de ses fonctions, c'était ce qui faisait d'elle un si bon élément. Pourtant, sur le visage de Saït passa le regret sincère du rapport qu'il serait obligé de rédiger à l'encontre des agissements immédiats de son infirmière. Mais ce n'était pas la première fois au cours de ces derniers mois qu'elle démontrait des comportements limites en pleine intervention… le temps était peut-être venu de faire quelque chose à ce sujet. Elle avait dépassé une limite qu'il ne pouvait tolérer, même s'il lui fit un signe de tête pour mettre un terme silencieux au débat qui les animait et de fait, qu'il l'autorisa à rester.
Derechef, elle stimula le jeune homme par la parole, s'assurant qu'il savait plus ou moins à qui il s'adressait. Qu'il hoche doucement la tête la rassura, mais si elle devait être tout à fait honnête, pas suffisamment pour qu'elle respire de nouveau sans l'impression d'avoir les poumons broyés dans un étau. Prenant une très grande inspiration, les poignets repliés vers l'extérieur pour que ses mains tachées de sang ne frôlent pas son propre visage, Yasmine rassembla tout son calme et dans la foulée, s'interdit une seule chose à ce moment précis, alors que la main d'Edge caressa sa joue : de pleurer, ou de lui laisser l'impression que son état était plus grave qu'il en avait l'air. C'était très impressionnant, elle-même avait bien du mal à se faire à tout ce sang, même si elle savait que c'était simplement l'idée qu'il lui appartienne qui la rendit brusquement si pâle et hésitante à agir comme l'infirmière consciencieuse qu'elle était d'ordinaire. Yasmine n'avait jamais si mal réagi auparavant. Les anti-douleurs faisaient leur effet. Son état de somnolence pouvait paraître critique, il s'en sortirait cependant… ça prendrait juste du temps. Mais sa vie était loin d'être en danger, elle en était persuadée à ce moment. Encore plus quand il parla enfin, et qu'en l'espace d'une nanoseconde, elle sentit un déclic se faire à l'intérieur d'elle-même, et fit en sorte qu'elle se ranime sur le champ. "Tu parles, c'est génial. Hey-hey… non-non-non, continue. Tu dois pas t'endormir. Edge, regarde-moi." Elle finit par essuyer résolument ses mains sur le devant de sa blouse, puis elle fit le tour du lit pour se poster tout à côté du jeune homme Tout à l'heure, quand elle avait encore le téléphone à l'oreille, elle aurait été prête à s'étendre en large et en travers sur toutes les choses qu'ils s'étaient dites s'il le lui avait demandé. Maintenant, pendant qu'elle l'obligeait à la regarder, tournant tout doucement son visage dans sa direction en prenant soin de ne pas réveiller toutes ces douleurs qui parcouraient son corps, elle fût incapable de considérer tout ça comme une façon juste et digne de le garder éveillé. Les yeux d'Edgerton étaient injectés de sang, et malgré la promesse qu'elle s'était faite, elle sut qu'elle pleurerait sans doute. Mais pas maintenant. Elle prit une autre inspiration profonde. Elle avait beau avoir médité son petit discours depuis plusieurs jours, Yasmine aurait en plus le sentiment de le lui déclamer parce qu'il était mal en point. Elle ne voulait pas que ça lui frôle l'esprit – même si ce dernier devait être à des années lumières de tout ça ; elle ne voulait pas qu'il croit que c'était la culpabilité de leur dernier échange qui la forçait à se comporter avec lui avec autant de douceur.
"Je t'ai appelé tout à l'heure, mais je suis tombée sur ta messagerie. Je comprends mieux pourquoi maintenant." Elle réfléchit en troisième vitesse à une remarque spirituelle à ajouter pour faire durer la conversation. Elle réussit tout juste à se redresser sur ses pieds pour mieux verrouiller son regard au sien, et l'empêcher de se rendre compte qu'il y avait une équipe de cinq personnes qui tachaient de nettoyer le sang qu'il avait ici ou là. Mais derrière elle, elle entendit Saït relever des difficultés respiratoires, ce qui la fit s'extirper brusquement de la bulle qu'elle avait créée pour eux, puis accorder de nouveau toute son attention à Edge "T'as quelques côtes cassées. Deux ou trois, très probablement… on va vérifier. Tu m'as manqué." Elle sentit à peine les regards se tourner dans leur direction, trop occupée à vouloir le préserver d'un peu de tout ce qui se passait autour de lui. Yasmine passa un bras par-dessus sa tête, laissant ses doigts fourrager dans la nouvelle tignasse qu'il affichait. En temps normal, elle s'en serait amusée, mais la suite de ce qu'elle avait à lui dire était trop sérieuse pour qu'elle ne s'échine à basculer dans l'humour par facilité. Quelque part, en dépit de l'état cotonneux dans lequel il se trouvait maintenant, elle savait qu'il préférerait que ce soit elle qui le lui annonce. Car s'il y avait bien une chose qu'elle avait comprise à son contact, et ce malgré le manque de communication criant dont avait souffert leur courte relation, c'était à quel point il était important pour lui de rester maître de ses mouvements. Elle savait combien ça allait être difficile pour lui de rester immobilisé, et avec une délicatesse infinie, le visage penché sur le sien, et les doigts suivant la ligne de ses cheveux, elle poursuivit "Ton bras droit est cassé aussi. Tout ça réuni, tu vas sans doute devoir rester un moment ici. Je suis désolée." C'était un peu prématuré de le lui assurer sans résultats concrets, et elle sentit de nouveau Saït s'impatienter à quelques pas d'elle. Pourtant, elle préféra anticiper les différents diagnostiques, d'autant que les difficultés respiratoires relevées par le médecin ne présageaient pas une sortie d'hôpital imminente, alors pourquoi lui mentir ? C'était ce qui était le plus alarmant dans l'état du jeune homme : la possibilité que ses côtes cassées soient les mauvaises, et que ça couve en vérité une plaie interne grave. La gorge de l'infirmière se réduisit soudain à un infime passage, si petit que la nouvelle inspiration qu'elle prit en s'apercevant que sa collègue qui prenait sa relève la chassait en la poussant du passage pour lui mettre un masque à oxygène sur le visage, fût pénible et douloureuse, et que ses yeux se remplirent de larmes au détriment de sa volonté farouche de ne pas craquer tout de suite. |
| | | | (#)Ven 15 Nov 2019 - 21:23 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (tumblr) ✰ w/ @yasmine khadji "... Edge, regarde-moi." Comme si tu pouvais tourner le regard vers quelqu'un d'autre, comme s’il y avait de la logique ou de la raison dès que Yasmine et toi vous êtes concernés. Il n'y en a aucune, elle en a probablement conscience, et peut-être que tout ce qu'il faut entre vous deux maintenant c'est de la distance. Il y a quelques semaines tu aurais dit cela, maintenant, tu n'en es plus certain. Tu étais en colère, à propos de quelque chose, quelqu'un. Tout est flou maintenant et si c'était la douleur qui était ta compagne les minutes précédentes, elle a été remplacée par quelque chose d'autre, quelque chose de lancinant et d'ailleurs, comme si tout ton corps était engourdi, plongé dans un bain brûlant et incapable de répondre à chacune de tes commandes. Sinon oui, tu aurais posé ta main sur la joue de Yasmine, lui aurait assuré que tu vas bien, tu vas toujours bien, c'est ta spécialité après tout, et peut-être que tu aurais replacé une mèche brune derrière son oreille, histoire de garder sa coupe de cheveux impeccable et faire en sorte que rien ne vienne déranger l'image quasiment parfaite qu'elle a toujours renvoyé. Sauf que quelque chose ne colle pas vraiment dans ce tableau, qui n'est pas tout à fait paisible, il y a toujours ce bruit, le fait que tu ne puisses pas vraiment bouger et... Tu n'étais pas en train de donner des coups dans quelque chose ou dans quelqu'un ? Ça t'échappe, comme tout le reste et tu bats des cils frénétiquement, essayant de rester là, de ne pas tanguer comme le reste de cette pièce et le reste de ces gens. Yasmine est là, c'est le principal, même s'il s'agit de ta propre fin, si la brune est là, ça ne peut pas être si mauvais que ça, pas vrai ? Vous vous êtes rencontrés ici, il y a des années de cela, et le chemin parcouru est un peu tortueux, un peu bancal et puis il y a cette dispute stupide. La jalousie ne lui va guère au teint, mais tu as été un peu jaloux et possessif à son égard il y a des années de cela, alors on peut dire qu'elle n'a fait que te retourner la pareille, avec du retard. En t'accusant du pire, tu es l'homme qu'elle a décrit avec des mots durs et froids, c'est une partie de toi, sans elle à tes côtés, sans une véritable ancre, tu ne flottes plus à la surface de tout comme tu le fais toujours. Tu sombres, tu coules, et le pire c'est qu'une fois dans les profondeurs, une fois entouré par le silence, tu ne te débats pas vraiment, il est facile de se laisser tomber, facile de laisser l'eau rentrer dans tes poumons et les remplir d'autre chose, te tuant à petit feu. L'homme qu'elle a décrit, c'est toi, c'est ce même idiot qui a cru bon de sortir ce soir, ce même idiot qui ne peut pas bouger à présent et qui a besoin de soins. Tu as envie de t'excuser, expliquer que ce n'est pas tout ce que tu es, mais là tout de suite ? Tu n'en as pas la capacité, tu n'es certain de rien, à part de tes erreurs qui ne font que te revenir en pleine figure, encore et encore. Pourquoi est-ce que tu tournes en rond depuis presque trois ans ? La voix de Yasmine s'élève encore et elle te prononce un verdict des plus affolants, ça explique beaucoup de choses, tu te concentres, du mieux que tu peux, sur ces mots, par sur ta propre confusion, toutes ces sensations qui te parcourt ou ton cœur qui bat frénétiquement car il ne sait probablement pas s'il doit s'emballer ou au contraire se calmer. La fin de la phrase de la brune est une confession que tu accueilles avec un l'ombre d'un sourire, ou s'agit-il d'une grimace car tu n'es pas dans la meilleure position du monde ? "Tu m'as manqué aussi Khadji..." Que tu articules entre deux insprations profondes, décidant d'être honnête et affreusement simple. Peu importe que tu sois capable d'expliquer ce qui vous lie ou non, qu'elle soit ton amie, ton ex, ton pire cauchemar ou la seule personne qui compte vraiment, peu importe, elle t'a manqué. Dès le moment où la porte de sa Jeep s'est refermée et qu'elle s'est éloignée, ça n'a tout simplement pas été plus pareil. Cela a juste été tout un tas de notes fausses, son absence n'a pas fait de différence dans ton quotidien, juste de temps en temps. Quand tu t'es retrouvé devant le distributeur de ton boulot et que personne n'a pu partager ta friandise avec toi, ou quand tu as pris ton billet pour la Thaïlande et que tu as failli lui envoyer un message pour lui indiquer qu'elle pouvait toujours se glisser dans ta valise; ou quand tu as fait un brin de ménage chez toi et que tu as fini par dénicher quelques clichés de Yasmine. Graduellement, elle t'a manqué, assez pour que toute ton attitude change, assez pour que tu sois quand même content, d'en un sens, d'être là à cette seconde précise. Si tu pouvais juste te redresser pour le lui dire... À cette pensée, tu essayes encore de bouger le bras droit et enregistres avec plusieurs moment de retard ce qu'elle essaye de te dire. "... Mon bras...?" Cassé, c'est bien cela que la brune t'a dit, ainsi que quelques côtes. Tu l'écoutes pourtant, tu es concentré sur son visage, assez pour remarquer les quelques larmes qui viennent perler au coin de ses yeux... À cause de toi. C'est toi qui a causé cela, toi encore qui lui fait vivre un enfer, pas de façon volontaire tu veux lui dire, pas parce que tu veux lui faire du mal et lui faire regretter ces mots de la dernière fois. Non, plus maintenant, la colère t'a quitté depuis longtemps, tu es simplement fatigué de prétendre que son opinion à elle ne compte pas, las de faire croire à tout le monde que tu n'es pas content d'avoir retrouvé une place dans sa vie et... Il faut que tu lui dises. Pourquoi est-ce qu'elle s'éloigne, pourquoi est-elle de plus en plus floue ? "Je... Non... Yas.... Non." Tu uses et abuses même de tes dernières forces pour tenter un mouvement, pour essayer de lui dire, de la convaincre que ce n'est pas de sa faute si tu agis de cette manière-là et que tu n'es pas sa responsabilité. Mais quelque chose de fort t'arrête et c'est autre chose qui vient se poser sur ton visage, obstruant ta vue et ta parole. Non, pas comme ça, pas maintenant, penses-tu avec un nouvelle élan de rage, assez pour te faire réagir, il faut que tu lui dises, il faut que tu lui dises que c'est elle. "Yasmine..." C'est ta dernière pensée cohérente avant que tout ne s'efface, pour la troisième fois ce soir.
"Tu m'expliques comment tu fais pour bouder devant une vue aussi magnifique ?" C'est la voix de ta mère qui finit par te tirer de ta torpeur, tu ne sais plus vraiment pourquoi tu es dans sa chambre d'hôtel ou même de quelle façon tu t'es retrouvé assis en tailleurs sur la terasse. Trop perdu dans tes pensées pour réaliser que le temps passe, ni même apprécier la vue. Tamara a raison, la vue est... Parfaite. Du sable blanc à des kilomètres autour de vous, une eau bleue et claire, pas un seul nuage à l'horizon... Si tu avais été d'humeur, tu te serais sûrement amusé à prendre une ou deux photos histoire d'immortaliser le moment. Tu te serais même risqué à prendre une photo avec ton téléphone portable pour l'envoyer à Yasmine, histoire de. Pas maintenant, tu doutes que la brune réponde à tes messages ou qu'elle ait envie de te parler, et puis, il faut bien l'avouer, une partie de toi, celle toujours en colère, n'a pas vraiment envie de lui parler. "Je..." Tu pousses un soupir tandis que ta mère s'installe à côté de toi, elle te lance un regard qui en dit très long et tu résistes à l'envie de te lever et d'aller chercher Paul histoire de. Histoire que Tamara ne te regarde pas de cette façon-là justement, comme si elle te voyait vraiment, et qu'elle savait précisément tout ce que tu ne dis pas. Non pas que tu ne te confies pas auprès d'elle, tu le fais, sauf que cette fois-ci, les mots te manquent. Tu ne sais pas par où commencer, il faudrait déjà que tu lui parles de ton histoire avec Yasmine la première fois, et comment tu as réussi à foutre ça en l'air et comment vous vous en êtes retrouvés là. Tu n'as pas envie de le faire justement et tu te contentes d'hausser les épaules, c'est assez pour que Tamara pose une de ses mains sur la tienne et prenne la parole. "Edgerton, je sais ce que tu vas me dire, ce que tu me dis depuis qu'on est arrivés d'ailleurs que tu vas très bien, que je me fais trop de soucis, mais tu oublies que je suis ta mère, m'inquiéter pour toi, c'est ce que je fais de mieux. Non, je ne sais pas ce qui se passe et je ne peux pas non plus deviner, mais je sais qui j'ai élevé." Tamara a le mérite de te faire grimacer cette fois-ci et quand tu reprends la parole, c'est sur un ton qui se veut détaché. "Ouais, sauf que je n'ai plus six ans, quand je fais une erreur, s'excuser et tout ranger ne m'aide pas particulièrement pas. Et ça ne fait pas avancer les choses." "Et est-ce que je peux savoir qui t'a dit ça ? Bien sûr que si, ça fait toujours avancer les choses... Edge, tu as le droit de vouloir t'éloigner de tout et prendre des vacances, mais tu devrais aussi arrêter d'être aussi dur avec toi. Personne n'est parfait, le fait que tu essayes, c'est déjà bien, si tout le monde essayait tous les jours, comme toi tu le fais, on se porterait tout de suite mieux." Elle ponctue sa phrase par un sourire aux lèvres, te fixant, essayant probablement d'avoir une réaction similaire de ta part. Au lieu de cela, tu finis par pousser un soupir et tu décides d'arrêter de lui mentir à elle justement, et tu laisses ta tête reposer sur les genoux de ta mère, comme si tu avais des années de moins et que tout était plus facile. Tu es presque rassuré de sentir les mains de Tamara dans tes cheveux et après une minute de silence, tu finis par reprendre la parole. "Je... Je ne sais pas, il se passe quoi quand j'arrête d'essayer et que je ne peux pas supporter la personne que je suis devenue ?" Est-ce la première fois que tu poses la question à voix haute ? Oui, sauf que tu y penses constamment, de manière quasiment maladive. Et tu ne vois pas vraiment à qui tu pourrais faire ce genre de confessions, personne autour de toi a l'air de patauger autant, tout le monde a cette image parfaite de toi, de ce type qui sait exactement où il va et comment y aller. La réalité est beaucoup moins polie et définie. "Eh bien ... Tu continues d'avancer, et tu arrêtes de torturer parce que je serais toujours là, quoi qu'il arrive." Tu tournes légèrement la tête à ces mots-là, assez pour que ton regard croise celui de Tamara, assez pour esquisser un sourire la seconde d'après et fermer les yeux en poussant un autre type de soupir.
Tu ne sais pas vraiment ce qui a fini par te réveiller au final. Ton prénom prononcé par quelqu’un dans la pièce, les rayons du soleil qui se promènent avec un peu trop d'insistance sur ton visage, ou la position plus qu'étrange que tu dois prendre à cause de ton bras droit, un peu des trois à la fois, ou encore ton subconscient qui te joue des tours et te fait croire que tu es de retour sous le soleil Thaïlandais. Peu importe, tu es réveillé à présent, et ce sont des paupières lourdes que tu ouvres, un grognement t'échappant la seconde suivante. Le réveil est plus que brutal et après une inspiration ou deux, ton corps se réveille également et te rappelle à quel point tu l'as malmené. Tu t'excuseras plus tard, pour le moment, tu regardes ta nouvelle tenue, définitivement pas tes vêtements et ton bras droit, immobilisé par un plâtre. "Okay, définitivement pas un rêve." Simple conclusion après une nuit mouvementée. |
| | | | (#)Dim 17 Nov 2019 - 12:44 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (jaifkncourtneygifs) ✰ w/ @Edge Price "Yasmine, viens." Une main se posa sur son bras ; tout doucement d'abord, puis elle se raffermit sur son poignet. Yasmine se sentit agressée. Elle s'en dégagea subrepticement, ne ménageant pas la personne qui s'échinait à la tirer en arrière en refusant tout net qu'elle s'approche d'elle. Elle ne réalisa pas tout de suite que c'était Sloan qui finit par perdre patience et par la ceinturer pour la faire glisser jusqu'à l'extérieur de la salle. Elle, elle ne réussissait pas à quitter du regard la scène qui se jouait sous ses yeux embués de larmes. Elle poussa un ou deux jurons en arabe, faisant se retourner sur elle les intervenants qui passaient par là. Elle entendit Saït informer son équipe que leur patient était en vérité en pleine crise de panique, ce qui expliquait partiellement les difficultés qu'il avait à reprendre son souffle – c'était rassurant dans un sens, et pourtant. Plus que tout le reste encore, ça ébranla la jeune femme. Elle connaissait le processus, elle savait combien c'était douloureux et rageant de ne plus être capable de faire quelque chose d'aussi inné que reprendre sa respiration. Elle refusait qu'Edge puisse être confronté à ça, aussi elle amorça un nouveau pas en avant, allant contre le courant imposé par Sloan qui la fit décoller de terre avant qu'elle ne puisse s'agripper au cadre de la porte, déterminée à rester là où elle se trouvait. Mais elle était à bout de forces, Yasmine. Elle s'en aperçut trop tard et soudainement, elle en voulut atrocement à son acolyte de l'avoir cueilli dans ce moment de faiblesse pour l'extirper de force de la situation qui l'avait mise dans cet état. Molly était à quelques pas, flanquée tout contre le mur du couloir qui menait jusque-là, les mains posées autour de sa gorge ; c'était elle qui avait joint le jeune homme aussitôt qu'elle avait pris en compte l'admission d'Edgerton dans le service, ne se sentant pas capable de gérer l'état dans lequel Yasmine ressortirait de cette intervention. Elle avait déjà vu Sloan interagir avec elle lorsqu'elle était en pleine panique, il était le plus à même de savoir comment réagir pour calmer au mieux la tempête qui se profilait sous la marée de larmes qu'elle décida de ne plus retenir. Sloan la lâcha un instant pour mieux l'attraper par les deux poignets lorsqu'elle se retourna tout à coup pour lui asséner un premier coup de poing rageur dans l'épaule. Il réagit à peine, campé solidement sur ses deux pieds. Il serra de plus en plus fort ses poignets lorsque Yasmine tenta une seconde fois de l'atteindre – mais au visage, ce coup-là. Il la secoua sans faire dans la dentelle, faisant dégringoler les quelques mèches échappées du chignon qu'elle avait mal fixé et s'entrechoquer ses dents qu'elle fit crisser en serrant brusquement les mâchoires "Ça aide pas ce que t'es en train de faire, reprends-toi." tonna-t-il sans ciller. Si Molly ne s'était pas approchée pour forcer le jeune homme à contrôler sa poigne, Yasmine lui aurait craché dessus pour qu'il comprenne à quel point elle le détestait à cet instant précis "Je te le pardonnerai jamais." laissa-t-elle échapper sans y croire. Elle se dégagea de ses mains pour se faire retenir par Molly qui avait délaissé sa bonhommie habituelle pour l'envelopper avec ses bras et poser le menton sur son épaule en lui murmurant quelque chose qu'elle n'entendit pas tout à fait, mais qui dut trouver suffisamment trouver racine dans son subconscient pour qu'elle accepte de cesser de s'agiter tout doucement. Elle expira par à-coups. Sloan réagit aussi vite " On va te débarbouiller. Toi, tu restes-là." Molly opina du chef avant de le laisser s'emparer de la main de Yasmine dont les doigts s'enroulèrent autour des siens. Elle résista tout de même un instant, se grandissant autant que possible pour voir ce qu'il se passait du côté d'Edgerton. Elle sentit la colère l'envahir lorsqu'elle fût de nouveau contrainte de le laisser derrière elle, ses pensées s'amoncelant dans son esprit au point d'en arriver à imaginer le pire, alors qu'elle le savait plus que quiconque : le jeune homme était entre de très bonnes mains.
Elle se sentit basculer dans la prostration. Dressée devant le lavabo situé dans le vestiaire des infirmières, le regard fixé sur son reflet qu'elle voyait à peine, Yasmine laissa Sloan faire ce qu'il voulait. Il lui brossa les ongles avec délicatesse pour en retirer le sang qui s'était logé dessous, chassa les traces de mascara qui s'étaient dessinées sur ses joues sous l'afflux de larmes qui lui picotaient encore le visage, réunit ses cheveux dans une demi-queue qui dégageait ses traits pour laisser entrevoir toute la peine qu'elle ressentait face à tout ça, ôta le haut de sa tenue de travail pour passer un pull épais dans lequel elle se sentit trop chétive, trop fragile… et ses pensées vadrouillèrent, cherchant un sens à ce à quoi elle venait d'assister. En une inspiration, elle retrouva le sens des réalités, et le monde cotonneux dans lequel elle s'était enfoncée s'éclaircit pour mieux l'y aider. "Je comprends pas qu'ils aient laissé les choses aller aussi loin. C'est pas dans le règlement de l'Hibiscus, c'est supposé être bon-enfant." laissa-t-elle échapper, la voix rauque d'avoir cessé de s'exprimer durant de longues minute. Elle tourna les yeux vers Sloan qui arqua un sourcil en terminant de dérouler le bas de son pull sur ses hanches sur lesquelles il posa ses mains une fraction de secondes. Il soupira fort en se redressant légèrement "Il combattait pas là-bas. Le club est fermé au beau milieu de la nuit." Elle n'y avait pas pensé. Elle sentit ses sourcils se froncer, sa bouche s'entrouvrir quelques instants… puis il répondit à la question qui passa dans ses yeux "On trouve toujours un endroit quand on a besoin de frapper sur quelqu'un, Yasmine. Il aurait peut-être dû passer son tour cette fois-là. J'ai entendu Cassidy parler de ses analyses de sang, il était archi-cuit. Ça a pas dû l'aider à remonter quand il s'est aperçu qu'il avait aucune chance d'échapper au KO." Yasmine le fusilla du regard. Il leva ses mains devant son visage comme pour parer la balle qu'elle tira tout droit dans sa direction. Un peu de vie s'était brusquement réinstallé sur son visage et ses joues prirent des couleurs pour faire ressortir le vert si singulier de ses yeux "Attends, je suis pas en train de dire que c'est bien fait pour lui. Mais tu te lances pas dans un combat pareil quand t'es pas certain d'être au max de tes capacités… je sais pas ce qu'il a pris, je sais pas ce qu'il a bu, mais s'il avait vraiment voulu sortir vainqueur de ce combat, ouais, il se serait abstenu." Ca eu le don de faire replonger Yasmine dans la réflexion et peu à peu, les cils battant frénétiquement, elle retourna le visage vers le miroir qui renvoyait son reflet et celui de Sloan.
Elle n'était pas en mesure de se mettre dans la tête de son ex-petit ami, elle n'avait pas toutes les informations en mains. Mais elle voulait essayer, vraiment essayer. Juste parce qu'elle ne pouvait pas supporter l'idée qu'il se soit sciemment jeté dans la gueule du loup… et pour quoi ? Elle n'était pas assez autocentrée pour prétendre qu'elle avait quelque chose à voir là-dedans, néanmoins ils avaient échangé plus de quelques mots au cours de ces derniers mois, et elle l'avait trouvé bien dans ses baskets, fidèle à ce qu'elle connaissait du jeune homme qu'elle avait fréquenté plus de deux ans plus tôt. Alors qu'est-ce qui l'avait fait basculer en l'espace de quelques semaines si ce n'était pas qu'ils s'étaient dit cette soirée-là ? Il lui avait semblé qu'il était plus ouvert au dialogue qu'à l'époque de leur relation, mais elle n'avait pas eu le loisir de pousser cet avantage suffisamment loin pour s'assurer qu'un changement s'était opéré chez le jeune homme ; elle aurait aimé pourtant, fureter dans les terminaisons nerveuses de son esprit pour peaufiner les hypothèses qu'elle avait secrètement montées pour comprendre l'individu qu'il était au-delà de ce physique qui faisait l'unanimité. Quelque part, elle aurait tellement voulu être la première à mettre de vrais mots sur l'énigme qu'il représentait qu'elle s'en voulut d'avoir accepté de rester en dehors du jardin secret qu'il donnait l'impression de si soigneusement cultiver. Si seulement elle avait juste insisté pour démêler certains nœuds, si elle n'avait pas été aussi soucieuse de préserver ses propres secrets... Son visage se crispa, elle se força à ne pas pleurer de nouveau. Pour la seconde fois en l'espace de quelques temps, Yasmine réalisa à quel point elle avait loupé sa chance de le connaître vraiment. Ça lui aurait permis de comprendre pourquoi il avait fini sur un lit d'hôpital avec plus de quelques plaies bénignes sur son charmant visage ; peut-être qu'elle aurait eu la sensation d'être moins inutile. Elle pouvait essayer autant qu'elle le voulait, elle ne réussirait jamais à rien sans l'aide d'Edgerton. La frustration se fraya un chemin au milieu des quelques dizaines de sentiments alambiqués qui se battaient dans les tréfonds de son cœur, de son corps et de son esprit, et elle dut se rendre à l'évidence : même avec toute la bonne volonté du monde, elle ne devinerait jamais ce qui l'avait poussé à se mettre dans cet état. Mais si elle avait quelque chose à voir avec ça, elle n'en finirait plus de s'en vouloir et d'essayer de se faire pardonner pour ça, qu'il l'accepte ou pas "Je dois prévenir sa mère." finit-elle par lancer d'une voix plus frêle. Dans une très courte inspiration, elle ajouta "Et son cousin. Je dois voir avec Molly s'ils ont récupéré ses affaires quand ils l'ont emmené ici. Je veux pas qu'il reste tout seul." En ne sachant pas s'il accepterait qu'elle joue le rôle de dame de compagnie en attendant que quelqu'un qu'il avait vraiment envie de voir prenne le relais, elle jugeait légitime de faire en sorte de lui donner l'opportunité d'être entouré de ceux qui composait le cocoon qu'il avait su tisser. Ça lui ferait plus de bien d'être avec quelqu'un qui ne profiterait pas d'une brèche pour lui reprocher des choses qui dataient de plusieurs années, il avait besoin de bienveillance et d'amour. Elle n'était pas digne de rester à ses côtés, même si elle gardait dans un coin de son esprit qu'il lui avait dit qu'elle lui avait manqué aussi ; elle avait du mal à s'en réjouir, sincèrement, anesthésiée par les questions qui lui trottaient dans la tête, contrariée par la dernière image qu'elle avait eu du jeune homme avant de se faire écarter par Sloan et Molly. Elle passa ses deux mains sur son visage dans l'espoir de chasser tout ce qui y traînait encore, puis tirant sur les manches de son pull trop large, elle se ranima tout de go pour se diriger vers la sortie "T'as besoin de te reposer aussi, Yasmine." entendit-elle Sloan lui souffler avant qu'elle ne sorte du vestiaire des infirmières, ignorant ses conseils pour se lancer dans la mission qui l'occuperait de longues minutes. La porte claqua derrière elle.
**** Elle prit le temps d'étudier le compte rendu de l'état d'Edge avant toute chose. L'infirmière qu'elle était reprit momentanément ses quartiers le temps qu'elle assimile la totalité des faits énoncés dans son dossier pour faire bonne mesure. Elle n'était pas assignée au service dans lequel il avait été placé, mais elle savait déjà qu'elle passerait le vérifier plusieurs fois par jour à partir de maintenant juste parce qu'elle en avait les moyens et qu'elle tenait à ce qu'aucune erreur ne soit commise à propos du traitement qu'il suivrait. Ce cas-là, elle en faisait une affaire personnelle. Sous le masque de concentration qu'elle avait revêtu, la mine presque dure malgré ses traits fatigués, Yasmine se souvint à quel point elle avait été hypocrite lorsqu'elle avait reproché à Norah de s'investir beaucoup trop dans la convalescence de l'officier Dunn… mais c'était différent. C'était de cette façon qu'elle se défendrait si qui que ce soit lui tomberait dessus à ce sujet, et comme il y avait fort à parier que bientôt, elle pâtirait de l'attitude qu'elle avait eu à l'encontre de son supérieur direct… elle préféra ne pas y penser, et elle secoua la tête pour mieux se saisir du téléphone portable d'Edge que Molly lui avait cédé après qu'elle soit allée la trouver. Sur l'écran de veille, elle vit son propre prénom s'afficher, et elle bloqua sa respiration dans sa poitrine, mais elle ne se laissa pas déconcentrer. Elle trifouilla dans la fiche médicale type de son téléphone qu'il avait consciencieusement rempli pour y dénicher la liste de ses numéros d'urgence, puis composa celui de la mère du jeune homme sur son propre téléphone portable, tenant à lui éviter le choc de répondre à un appel estampillé du prénom de son fils alors que ce ne serait pas lui au bout du fil. Et une fois qu'elle eut raccroché, s'étant suffisamment contenue pour ne pas accabler Tamara Price avec sa propre détresse, et choisissant les bons mots pour lui assurer que rien ne pressait, qu'elle avait le temps de rejoindre Brisbane, qu'il était entre de bonnes mains en attendant qu'elle vienne elle-même l'apaiser, lui proposant tout naturellement des textos réguliers pour la rassurer, elle contacta son cousin qui ne lui répondit pas. Un soupir qui fit trembler ses lèvres plus tard, et Yasmine se dit avec détermination qu'elle réessaierait un peu plus tard : il était temps pour elle d'aller le voir. Elle repoussa sa fatigue plus loin encore, harponna le téléphone du jeune homme et les quelques affaires qu'il avait avec lui lorsqu'il s'était rendu sur les lieux de son combat et rejoignit l'ascenseur en quelques pas, non sans ressentir un pincement étrange au creux de l'estomac.
Elle s'arrêta quelques secondes devant la porte de sa chambre pour se rengorger d'un peu de courage. Elle savait plus ou moins dans quel état elle le trouverait ; le sang qui lui avait fait si peur tout à l'heure avait été nettoyé, elle se sentait capable de faire bonne figure le temps de s'assurer qu'il n'avait besoin de rien en attendant que quelqu'un de sa famille vienne s'occuper de lui. D'une main, elle resserra la demi-queue que Sloan lui avait faite, puis elle se tapota les joues pour paraître plus affirmée qu'elle ne l'était au fond. Elle inspira encore une fois, et ne se laissant plus le temps de réfléchir, elle asséna trois petits coups sur le panneau de la porte qu'elle poussa très délicatement. "Qu'est-ce que tu dis ?" fit-elle en entendant s'élever sa voix à l'instant où elle entra dans la chambre. Elle ne pouvait que faire comme si rien ne s'était passé entre eux, jouer la carte de l'évènement si perturbant qu'ils en oublieraient leurs griefs… mais elle savait pertinemment que ce serait temporaire ; c'était une certitude, il ne pouvait en être autrement. Timidement, elle s'approcha de son lit. Elle déposa son téléphone et celui du jeune homme sur la table de chevet, puis le reste sur la chaise installée à ses côtés. Elle marqua une pause durant laquelle elle déglutit en silence, cherchant à chasser ce qui lui bloquait la gorge et qui était perceptible dans le son de sa voix, malgré tous ses efforts "Je t'ai ramené ça, ça pourrait t'être utile." ajouta-t-elle très doucement, repoussant de quelques secondes l'instant où elle poserait vraiment son regard sur lui ; quand elle s'apercevrait un peu plus de son état, chassant le souvenir du jeune homme en sang pour installer durablement l'image du patient qu'il deviendrait ces prochaines semaines. A l'instant même où ses pupilles croisèrent les siennes, elle sentit grouiller des dizaines de picotements à l'intérieur de ses yeux qu'elle fit passer avec un sourire bouche fermée pendant qu'elle penchait la tête sur le côté. Ce fût instinctif, et pendant une seconde, elle hésita à faire marche-arrière… mais finalement, elle tendit bel et bien la main qu'elle avait levée vers celle du jeune homme – celle qui n'était pas blessée, et qu'elle serra entre ses doigts en lui demandant d'une voix fragilisée par l'émotion, la fatigue et la joie étouffée de le voir – un peu cassé certes, mais conscient "Comment tu te sens ?" |
| | | | (#)Dim 17 Nov 2019 - 15:05 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (tumblr) ✰ w/ @yasmine khadji Tu as fini à l'hôpital. C'est un constat simple, logique quand tu repenses au moment où tout a basculé; tu te souviens de quelques moments du combat, tu as des bribes qui te reviennent et si tu te concentrais vraiment, tu pourais rattraper. Juste là, de ta main valide et rappeler tous ces souvenirs-là à toi et tu pourrais mieux analyser la situation. La regarder d'un oeil extérieur et essayer de comprendre. De comprendre pourquoi et comment, pourquoi est-ce que tu ne fonctionnes pas comme les autres, pourquoi tu n'es pas capable de rester sur la touche d'accepter une défaite quand elle se présente et pourquoi tu dois toujours insister et pousser autant. Si tu pouvais avoir ce recul justement, tu te verrais flancher, fléchir les genoux, physiquement, et recevoir plus de coups que tu n'en as jamais reçu en près de trente ans d'existence. Tu pourrais te voir admettre en urgence à l'hôpital justement et te dire que oui... Il y a un problème, juste là, un problème qui s'appelle Edgerton Price et qu'il faut décidement que tu fasses quelque chose. Si seulement tu pouvais faire tout ça, et être en mesure de respirer correctement. Ce n'est pas le cas malheureusement, tu es coincé dans ce lit et tu as presque envie d'éclater de rire, car tu as eu exactement ce que tu étais allé chercher. C'est bien pour ça que tu es sorti, que tu as quitté ta demeure, pour qu'on te remette à ta place, te rappelle que tu n'es rien, que tu es petit, insignifiant et ce n'est pas parce que quelqu'un, quelque part t'a prêté un semblant d'attention que ça va changer ce semblant de vérité-là. Ce n'était pas un rêve, malheureusement pas, c'était juste une soirée banale dans ta vie et maintenant tu vas devoir assumer les conséquences. Elles arrivent très vite, jamais bien loin en fait, et tu as un léger tressaut au moment où la porte de ta chambre s'ouvre et que tu n'es plus tout seul. Ton coeur se serre un peu plus quand tes yeux se posent sur Yasmine et tu es certain qu'une de ses machines traduit ce que tu ressens vraiment, le bip-bip dans le fond un peu trop pressant pour être ignoré. Tu l'ignores justement et les mots semblent mourir dans ta gorge, juste là, écrasé par le poids de la culpabilité tandis qu'elle se rapproche et parle. Tu es impressionné, la brune est bien plus courageuse que toi, elle fait très bien semblant de et tu réalises avec une seconde de retard qu'elle a plus l'habitude de ce genre de situations que toi, c'est son métier, son quotidien, et tu as envie de la questionner, de lui demander combien d'idiots comme toi elle finit par accueillir ici, pour essayer de les soigner et les renvoyer au dehors. Sauf que, tu as beau avoir envie de l'ignorer, tu n'es pas juste un autre imbécile, il y a beaucoup de choses entre Yasmine et toi. Cette relation trop courte et prématurée qui a jeté l'ombre sur tous vos échanges, ce semblant d'amitié et cette dispute, tous ces mots échangés et dits sciemment dans le but de la blesser. Tu t'en souviens comme si c'était hier, te souviens de la colère et la frustration qui t'ont saisi à ce moment-là, un autre type de poison dans tes veines, et puis il y a eu l'absence et le fait que non, malgré tous tes efforts, Yasmine Khadji n'est pas une femme facile à remplacer. Pas à tes yeux justement, et peu importe les verres d'alcool enfilés, peu importe le nombre de femmes et d’inconnues qui t'ont souri et accueilli dans leur bras et leur lit depuis... Tu n'as pas été en mesure d'oublier votre dispute et le portrait qu'elle a dressé de toi. Alors oui, tu as envie de lui demander ce qu'elle fabrique ici, si tu as halluciné les confessions faites dans la panique, et lui dire que non, tu ne lui as pas vraiment manqué, pas toi, pas comme ça. Et tu voudrais également laisser tomber, arrêter d'analyser tous les mots de la brune et juste te laisser porter parce qu'il y a dans son regard. De la fatigue, de l'inquiétude et autre chose. Tu n'as toujours pas repris la parole, tu es dérouté, vraiment, quand elle finit par s'emparer de ta main valide, pour simplement la serrer. Comme si. Comme si tout était aussi facile. Ton regard, qui était focalisé sur son visage l'instant précédent, dérive vers vos doigts entrelacés, surpris de voir que tu n'as pas reculé et que tu retournes même le geste, serrant la main de Yasmine légèrement. Car, tu réalises quand sa question arrive, que tu ne peux pas vraiment faire taire cette partie de toi-même, celle-là, celle qui tient la main de la brune à cette seconde précise, qui a réussi à articuler qu'elle te manquait également... Tu ne peux pas vraiment, et ce même si tu essayes, ça te coûte beaucoup d'esssayer, quotidiennement. Ignorer Yasmine est loin d'être un exercice facile, tu as tenté l'expérience pendant deux ans et tu n'as pas pu résister à la tentation, facile, de lui envoyer des messages histoire de garder le contact. Et maintenant quoi ? Même au plus bas, tu pourrais être honnête et répondre à sa question, lui avouer que tu ne sais plus vraiment quoi faire pour aller bien tout le temps, qu'il y a certains matins quand tu ouvres les yeux, si tu ne bois pas quelque chose, si tu ne tapes pas dans quelqu'un, tu sais que tu ne vas pas aller bien, parce que c'est comme ça que tu as défini Edgerton Price pendant des années et que si tu t'en éloignais eh bien... Que resterait-il alors ? Tu ne sais pas, l'idée d'obtenir la réponse à cette question te terrifie intérieurement, tellement que tu préfères faire des conneries et créer des problèmes qui n'existent pas vraiment. Tu pourrais lui dire, tu pourrais. "... On va dire que j'ai eu des meilleurs jours." Que tu articules après une longue minute de silence, finissant par rompre le contact et récupérer ta main gauche. À quoi bon n'est-ce pas ? Tu ne te vois pas lui imposer tout ça, pas maintenant, pas comme ça, pas ici. Ça ne serait pas juste, la conclusion que tu as tiré la dernière fois est la bonne, Yasmine ne te doit absolument rien et tu ne lui dois rien, tu vas enterrer la vérité bien loin, comme tu le fais toujours et passer à autre chose. Comme tu le fais toujours. Tu fais de ton mieux pour te redresser dans le lit, lentement, avec seulement l'aide d'un bras et tu regrettes aussitôt le geste et le mouvement quand le reste de ton corps ne semble pas non plus être d'accord. "Je suppose que je ne vais pas pouvoir repartir dans une heure ou deux, hmmm ?" Tu fronces les sourcils en énonçant ce simple fait, ce n'est pas une plaisanterie, tu es tout ce qu'il y a de plus sérieux. Tu as envie de mettre le plus de distance entre toi et cette chambre d'hôpital, et avouons-le, le plus de distance entre Yasmine et toi, tu peux déjà sentir la salve de questions qui va arriver dans ta direction, où et comment tu t'es retrouvé là où tu étais, pourquoi et qui t'as mis dans un état pareil. Est-ce que tu as envie d'y répondre ? Non. Tu ne vas pas non plus rejeter tes erreurs sur quelqu'un d'autre, tu es plus ou moins certain que si ton bras droit ne t'avait pas subitement lâché les rôles auraient été inversés, et c'est ton adversaire qui ce serait retrouvé ici. "Pas dans cet état-là en tout cas." marmonnes-tu, plus pour toi que Yasmine. Tu ne connais pas encore l'étendu des dégâts, tu n'as pas encore fait face à ton reflet dans un miroir, mais en dehors de ton bras et de ta poitrine qui se soulève avec un peu trop d'insistance à chacune de tes inspirations, et de quelques bleus bien placés que tu dois avoir sur le visage, tes jambes elles au moins répondent. Ce qui signifie donc tu peux marcher, donc partir. Oui, ta logique est plus que foireuse, mais ça a toujours été la tienne, si tu peux marcher, tu peux avancer, donc tu vas très bien. Tu n'as envie d'admettre que cette défaite, aussi désastreuse soit-elle, t'a mise sur la touche. Ce n'est pas juste qu'une question d'ego... Okay, cela joue beaucoup, mais tu aimes toujours dire que tu en as vu d'autres, bien pires, rester dans ce lit, en convalescence, plus qu'une nuit serait prouver le contraire. À qui ? Excellente question. "C'est quoi le verdict alors ? Autre chose de cassé à part mon bras et... Probablement une ou deux côtes ?" Tu poses la question sur un ton probablement un peu trop léger pour quiconque dans ton état, ton regard croise de nouveau celui de Yasmine, que tu as fuit il y a quelques instants, trop occupé à détailler chacun des meubles de cette chambre d'hôpital, jusqu'au pot de fleurs et les plantes qui s'y trouvent, très certainement là pour égayer la pièce. Tu es certain d'une chose, tu veux rentrer chez toi, retrouver ton propre lit, tes propres plantes, et à en juger par ton expression, ce n'est pas la brune qui va t'arrêter. Si tu ne peux pas conduire, tu peux toujours appeler un taxi. C'est avec cette pensée en tête que tu t'empares de ton téléphone portable, le débloquant avec une aisance certaine, à la recherche d'une solution au problème pressant. "Merci je..." Je te revaudrais ça ? Oui, une phrase probablement stupide à dire et que tu ne termines pas, non, pas quand tu vois que l'une des dernières personnes contactées est ta mère. C'est plus fort que toi, un soupir t'échappe, probablement celui d'un gamin pris sur le fait -pas l'ombre d'un doute là-dessus- et tes yeux trouvent de nouveau ceux de Yasmine, les reproches plus qu'audibles dans ton ton. "... Tu as appelé ma mère ? ... Génial, ça va être super sympa d'expliquer mon état et de gérer les potentielles remontrances qui vont arriver avec. Fucking great." Tu grognes, véritablement les deux derniers mots, laissant retomber ton téléphone sur la petite table d'appoint, sentant déjà une migraine arriver et ta colère revenir. Elle n'est pas vraiment dirigée contre Yasmine, non, enfin si, tu ne sais pas faire la distinction dans l'immédiat et tu peux déjà imaginer ta mère en train de tout lâcher et réserver le premier billet d'avion pour Brisbane, histoire de s'assurer de ses propres yeux que tu vas bien. Et si tu n'es pas prêt pour une conversation avec ton ex, une conversation avec ta mère ne s'annonce pas sous un meilleur jour. Tu ne sais pas vraiment où tu vas, ou encore ce qui te motive: la fatigue, l'irritation, le fait que Yasmine a un milliers de raisons de ne pas se trouver ici et de laisser un autre de ses collègues prendre la relève, ou alors que ce soit elle qui te demande comment tu te portes alors qu'elle n'a pas quitté tes pensées ces dernières semaines... Tu ne sais pas vraiment, quoi qu'il en soit, c'est assez pour que tu rabattes la couverture qui recouvrait tes jambes sur le côté et assez pour que tes pieds trouvent le sol et que tu te lèves. Ou que tu tentes de le faire. Car tu ne peux définitvement pas ignorer la douleur au niveau de ton torse quand tu te précipites et tu fermes les yeux quelques secondes, pour accuser le coup, pour te rappeler que ce n'est rien, que c'est toujours toi qui es aux commandes et non l'inverse. Tu finis par être debout, après de longues inspirations, saccadées et plus que douloureuses, simplement pour constater que la brune a fait un pas dans ta direction. Pour t'aider ? T'arrêter ? Te remettre dans ton lit ? Tu n'en sais rien et ça ne trouve pas son importance là tout de suite. Tu lèves ta main valide dans sa direction, gardant Yasmine le plus loin possible. "En fait, tu sais quoi ... Non. Il y a des tas de choses que je voulais te dire Khadji, vraiment. Des excuses que je te dois probablement, des excuses sincères et un semblant d'explication mais... Non. Je devrais probablement te féliciter parce que tu avais raison sur toute la ligne, tellement que je me demande ce que tu fabriques ici ... Et ne réponds pas à cette question, let's not okay? Let's not." Ton discours est saccadé et ne fait pas l'ombre d'un sens, probablement pour un spectateur extérieur, Yasmine est assez intelligente pour comprendre ce que tu essayes de dire et surtout ce que tu essayes de faire. Ça fait depuis plus de deux ans que tu lui dois ça maintenant que tu y penses, sortir de sa vie, véritablement, sans attendre quoi que ce soit en retour. "Tu devrais partir Yasmine... Tu fais de ton mieux pour y mettre le ton, pour y croire, mentant du mieux tu peux, agrippant le rebord du lit avec le peu de force que tu as encore pour ne pas tomber et te disant que c'est maintenant ou jamais, que ce sera mieux. Pour elle, définitivement, pour elle. Toi tu es une cause perdue, et il est hors de question que tu l'entraînes dans ta chute, elle mérite mieux. |
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| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (jaifkncourtneygifs) ✰ w/ @Edge Price Elle avait la sensation que ça ne durerait vraiment pas longtemps, cette accalmie qu'elle perçut à l'instant où la paume de sa main fusionna avec celle d'Edgerton. Une question d'instinct, ou alors elle était trop à fleur de peau pour se laisser bercer par ses propres illusions, même si c'était agréable d'y croire ne serait-ce qu'un tout petit peu. Ses jambes tremblèrent par intermittence, réagissant à la pause qu'elle s'offrait pour la première fois depuis plusieurs heures maintenant, tandis qu'elle était sur le pied de guerre à ressentir tout et son contraire. Sous son pull épais, elle sentit sa peau bronzée se parcheminer de chair de poule. Un frisson discret la parcouru, partant du bas de son dos jusqu'à sa nuque qu'elle frotta brièvement, indisposée par l'électricité qui vint se faire dresser les petits cheveux échappés de sa demi-queue. Yasmine sentit les doigts du jeune homme se resserrer autour des siens. Par réflexe, elle s'autorisa enfin à s'asseoir au bord de son lit pour l'observer s'agiter, la tête légèrement penchée sur le côté "Doucement, Edge." fit-elle presque tout bas pendant qu'il essayait de se redresser. Ca commençait déjà, son impatience face à l'immobilisation prolongée qui l'attendait. Elle avait souvent les bons mots pour soulager la détresse subite des patients dont elle s'occupait, mais Edge n'était pas un patient comme les autres. Yasmine ne savait pas vraiment ce qu'il était pour elle d'ailleurs, si ce n'était quelqu'un vers qui ses pensées s'étaient souvent tournées ces dernières semaines, et pour qui elle avait maladroitement essayé de mettre un peu d'ordre dans sa tête afin de démêler tout ce qu'elle avait laissé échapper par excès de zèle lors de cette soirée qui l'avait obsédée plus qu'elle ne l'admettrait jamais. Elle n'était pas plus avancée cela dit, même si son frère avait toutefois réussi à la soulager un peu des indécisions qui s'étaient présentées à elle comme de vieilles amies aigries qu'elle avait fini par mettre à la porte pour agir de la façon la plus adéquate à ses yeux, bien que ça n'avait pas été très concluant non plus. Là, assise près de lui, le corps raidit par la tension nerveuse, par les émotions qu'elle tachait de contenir en particulier, elle espérait naïvement une espèce de statu quo induit par l'état dans lequel se trouvait le jeune homme.
Mais la naïveté ne lui allait pas bien au teint. Elle comprit très rapidement, une fois que sa main quitta la sienne, qu'elle pouvait toujours courir après si ça lui chantait. L'avoir vu si mal en point ne lui donnait pas le droit d'espérer quoi que ce soit d'autre qu'un simple assentiment poli de la part de son ex-petit ami. Elle eut bien du mal à lui en vouloir pour ça, malgré la pointe lancinante qui lui chatouilla les côtes lorsqu'elle s'aperçut qu'à ce moment-là, elle n'était rien d'autre pour lui qu'une infirmière comme les autres ; terminées les œillade fixes, terminées les confessions teintées de sincérité, terminées les caresses pour se réconforter mutuellement. Pourtant, elle avait eu son sang sur les mains, il ne pouvait pas comprendre, ou ne voulait pas comprendre, ce que ça faisait, ce que ça lui faisait – à quel point elle avait l'impression que ça les liait d'une façon bien différente désormais. C'était ce détail précis qui la marquerait plus que tout le reste en vérité. Mais pour l'heure, il n'attendait rien de plus de sa part qu'un compte-rendu rapide de son état. Le cœur de Yasmine plongea droit dans son estomac. Elle ravala sa salive, baissant brièvement, presque coupablement, le regard pour rassembler en troisième vitesse les éléments qu'elle avait mentalement en sa possession, laissant par la même de côté toutes ses tergiversions à propos des minutes qu'elle avait passé à le rassurer pendant qu'elle-même ne se sentait pas bien, plongée dans un cauchemar bien plus réel que tout ceux qu'elle avait l'habitude de faire durant ses courtes nuits. Elle chercha une mèche de cheveux à coincer derrière son oreille, mais elles étaient toutes prises dans son élastique. Jamais Yasmine n'avait autant regretté ses longs cheveux raides ; ils lui avaient toujours laissé l'illusion de pouvoir se cacher derrière ce long rideaux soyeux quand elle était sur le point de faiblir.
Elle délaissa son entreprise pour s'élancer dans celle qu'Edgerton voulait qu'elle envisage. C'était encore ce qu'elle savait faire de mieux ; énumérer des symptômes avec bienveillance pour n'affoler personne, repoussant ses propres sentiments en prétendant que ce n'était qu'un jour comme les autres aux urgences du St-Vincent "Non, je crains que tu vas devoir rester avec nous quelques temps encore." confirma-t-elle en opinant du chef, roulant ses lèvres l'une sur l'autre pour en chasser le goût métallique qui l'écœura un peu. Ça ne l'empêcha pas d'ajouter, levant le menton pour brièvement croiser le regard d'Edge "Mais tout le monde va faire en sorte que tu te remettes le plus vite possible." Elle aurait pu lui promettre, dégainer son petit doigt comme elle le faisait si souvent pour alléger un peu le poids qui lui plombait tout le corps. Elle s'entendit parler, elle réalisa avec un temps de retard que cette voix – trop éraillée, presque profonde – n'était pas vraiment la sienne ; elle prit même des accents désincarnés lorsqu'elle poursuivit pour officiellement lui faire cas de son état "Deux côtes, pas trois. Tes poumons vont bien, c'est ce qui nous inquiétait le plus quand on t'a pris en charge. Finalement, rien de grave de ce côté… c'est la panique qui t'a fait suffoquer. Etant donné que t'es condamné à rester un moment parmi nous, ils vont sans doute te proposer une consultation psy si tu ressens le besoin de parler un peu." L'ironie, pensa-t-elle en elle-même, même si elle se retint de lui conseiller de ne pas refuser – ça aussi c'était ironique, elle qui avait éconduit son propre psy sous le prétexte qu'il avait posé le bon diagnostic sur ce qui la torturait autant. Elle enchaîna sur le même ton "Quelques hématomes sur ton visage, des coupures ici ou là – les sutures sont bien faites, tu devrais très bien t'en tirer. Et pour info, t'as encore toutes tes dents… mais ton nez a pris cher. Si tu ressens de la gêne quand tu respires, tu dois tout de suite prévenir le médecin. D'ailleurs la télécommande d'alerte pour les infirmières est ici, près de ton lit." conclut-elle en grande professionnelle qu'elle était, montrant d'un signe de tête la télécommande qu'elle venait de mentionner.
Et enfin, elle eut effectivement la confirmation que non, cet échange somme toute cordial ne durerait pas. Elle ferma quasiment immédiatement les yeux, sentant brusquement la fatigue s'abattre lourdement sur ses frêles épaules alors qu'elle avait opéré un geste pour se lever du lit à l'instant où Edge démontra la ferme intention de lui fausser compagnie – pour aller où, seul lui le savait. Le pas qu'elle fit dans sa direction, elle le stoppa dans la seconde, les mains se levant devant elle d'elles-mêmes comme pour repousser courageusement ce qu'il laissa poindre dans sa direction. De plus en plus consciente qu'il n'accepterait aucune d'aide venant de sa part, et qu'il était dans l'optique farouche de la repousser quoi qu'elle ferait, quoi qu'elle dirait, Yasmine fit un point rapide dans son esprit. Ca l'épuisait, profondément. Pas seulement parce qu'elle avait tenté de prendre sur elle tout au long de l'intervention dans laquelle il était impliqué, qu'elle avait lamentablement échoué soit dit en passant, mais parce qu'elle ne voulait plus se sentir obligée de se lancer dans un renvoi de reproches qui les blesseraient autant l'un que l'autre – elle avait fait sa part, elle n'avait plus rien à lui proposer à ce sujet, et elle avait bien du mal à s'en navrer. Ils avaient besoin de parler, c'était devenu aussi vital pour elle que de respirer… mais est-ce que ça devait nécessairement être sous la condition de s'enfoncer dans la rancœur et dans la réprobation ? Est-ce qu'après l'avoir vu allongé sur un lit d'hôpital, paniqué et sanguinolent, est-ce qu'après avoir entendu Sloan prétendre qu'il s'était volontairement mis dans cet état-là, elle pouvait vraiment accepter de refaire la même erreur que la dernière fois ; quand elle s'était laissé happer par l'urgence de défendre son point de vue et sa vision de leur histoire, blessée par les attaques lancées vers elle, vexée de n'être qu'un grain de poussière dans sa mécanique bien huilée ? Les paupières étroitement serrées, Yasmine resta immobile le temps qu'il évacue ce qu'il gardait probablement en lui depuis quelques temps. Elle sentit ses poumons se rétracter, sa mâchoire se carrer sous la montée de larmes que ses paupières parvenaient à dissimuler. Et puis, elle posa une main sur son propre front – est-ce qu'il était vraiment en train d'insinuer qu'elle se satisfaisait d'avoir eu raison à propos de son poignet ? Elle lâcha une expiration saccadée, rouvrant les yeux en même temps que la bouche pendant que sa langue passait d'un coin à un autre de sa bouche dans une démonstration furtive de l'impatience qui la gagna soudain.
Elle prit une très grande et très bruyante inspiration, espérant que ce rafraîchissement imposé à tout son corps chasserait le voile humide qui était tombé devant son regard, et secoua négativement la tête plusieurs fois en verrouillant son regard au sien lorsqu'il lui conseilla de partir "Non. J'ai promis à ta mère de rester avec toi jusqu'à ce qu'elle vienne prendre le relais. Je… je reste." répondit-elle le ton chevrotant Elle parvint cependant assez bien à garder la tête haute pour ne pas lui laisser l'impression qu'il venait de tirer sur une corde sensible. Sauf que tout était sensible chez elle à ce moment-là, même le contact de ses vêtements sur sa peau était insupportable… alors le regard que le jeune homme posa sur elle ? Elle tenta de le gérer comme elle le put, au prix d'un effort qui lui coûta une autre respiration difficile, trop profonde. Malgré les larmes dans ses yeux, elle ne flancha pas. En fait, elle s'affirma même un peu, et même s'il était évident qu'elle allait à la rencontre d'un revers verbal violent, elle s'approcha de lui pour poser ses deux mains sur ses épaules avec délicatesse, soucieuse de ne pas raviver les douleurs qui malmenaient son corps. Yasmine lui dit "Tu dois te reposer, c'est pas le bon moment pour parler de tout ça." commença-t-elle, mais elle doutait franchement qu'il accepte de répondre à sa requête "Allez. Elle se devait d'essayer toutefois, au moins pour se donner le sentiment d'avoir tenté le tout pour le tout. Mais s'il la repoussait encore, elle saurait à quoi s'en tenir : elle ne tenterait plus rien. Soudain, elle sentit son menton trembler, dans une mauvaise parodie de ces scènes larmoyantes qu’on ne voyait qu'au cinéma. Elle sentit la pression redescendre tout à coup, alors qu'elle aurait au contraire eu toutes les raisons du monde d'être encore un peu tendue, persuadée qu'il la rembarrerait à la seconde où elle tenterait de le raisonner. Le moment n'était définitivement pas opportun, mais sa fatigue était réelle, elle avait assez lutté pour toute une vie. Elle leva la tête en inspirant longtemps, puis dans la foulée, elle se redressa pour lui faire face. Yasmine affronta son regard qu'elle distinguait à peine sous ses larmes qui remplirent ses yeux pour de bon "J'ai eu peur. Tu m'as fait peur." finit-elle par avouer dans un léger sanglot pendant que ses mains, hésitantes d'abord, remontaient graduellement sur le côté de la nuque du jeune homme. Elle baissa délicatement la tête pour que son front vienne doucement buter contre son menton, assez perspicace sur le fait que, bien qu'elle en avait très envie sur le moment, transie par tout un tas de choses qui se bousculait partout dans son être, le prendre dans ses bras serait trop douloureux pour lui. Elle murmura, avant de laisser le silence s'installer pour lui permettre de reprendre ses esprits "Je suis désolée. Je sais… je sais que c'est pas ce que t'as envie d'entendre… mais je suis tellement désolée, Edge." |
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| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (tumblr) ✰ w/ @yasmine khadji Tu ne sais pas quel est le truc qui te fait tenir debout et faire face à Yasmine. Si c'est la colère, ou l'irritation, ou la fatigue, ou la douleur qui tend chacun de tes nerfs et te fait te sentir affreusement... Vivant. Tu ne sais même pas comment tu es encore debout et par quel miracle tu ne t'es pas encore effondré dans ses bras à elle. Beaucoup de choses te retiennent. Les regrets principalement, le doute ensuite, et le fait que tu n'as jamais su ce que voulait vraiment Yasmine Khadji dès que tu étais concerné. Est-ce que c'est aujourd'hui que tu as la réponse à cette fameuse question ? Tu n'en sais rien. C'est quelque chose d'acide et de fort qui semble circuler dans tes veines alors qu'elle dresse le bilan de toutes tes blessures, et, bien que tu lui ai explicitement demandé de le faire, tu voudrais que la brune se taise et cesse d'être aussi pragmatique. Tu devais bien t'y attendre, vous êtes sur son territoire après tout, ici, c'est don domaine, c'est elle qui a l'habitude de faire des paris risqués avec la grande faucheuse, prête à gagner la plupart du temps. Pas toi, il y a beaucoup moins de vie sur ton lieu de travail, beaucoup moins de personnes qui se débattent, et beaucoup moins d'espoir. Tu n'as pas envie de penser à ton boulot maintenant, c'est bien la seule chose qui pourrait te faire flancher à cette seconde précise, ça ou l'insistance de Yasmine. Non vraiment, tu devrais lui demander d'où lui vient toute cette énergie ou cet élan que tu vois dans les yeux de la brune, au milieu de la confusion et des larmes qui vont venir perler sur ses joues dans quelques secondes, tu en es certain. Car elle ne bouge pas d'un centimètre, elle ne met pas de la distance entre vous deux, elle ne claque pas la porte de ta chambre et elle est toujours là. Oh because now is the time you decide to care ? Voilà ce que tu as envie de lui lancer mais même toi tu peux sentir que ce serait beaucoup trop bas, trop mesquin pour que cela trouve sa place maintenant. Tu aurais pu avoir un tel discours ce soir-là, à la station service, où tu étais uniquement motivé par la colère et l'envie de la blesser comme elle venait de le faire. Pas maintenant, aujourd'hui tu veux que Yasmine parte, le plus rapidement possible, avant que tu ne finisses par craquer et lui donner un aperçu de ce que tu ressens vraiment ou ce sui se passe réellement dans ta tête et dans ton coeur quand vos regards se croisent. C'est bien pour cela que ton regard est beaucoup plus dur et froid que d'ordinaire, ce n'est pas de la colère, c'est de l'instinct de survie, pas autre chose, et tant pis si cela implique de la repousser de la pire façon qui soit. Mais Yasmine ne bouge pas. Et tu peux presque te sentir vaciller lorsqu'elle mentionne ta mère, comme si c'était la chose la plus importante dans sa vie à elle ou comme si elle se connaissait. "... Pardon ? Par pitié, dis-moi que tu plaisantes." Tu as envie d'éclater de rire, véritablement, tu retiens le rire jaune et sans aucune saveur qui menace de franchir l'air car si il y a deux ans de cela, tu aurais adoré que la route de Yasmine croise celle de Tamara, maintenant ça a des allures de mauvaises blagues. Sauf que personne ne rigole, pas Yasmine, qui déterminée, se rapproche encore de toi. Et si tu pouvais reculer tu le ferais, si tu pouvais penser correctement tu le ferais, mais il faut bien croire que la seule faiblesse que tu as s'appelle Yasmine Khadji car tu ne fais rien pour arrêter ses prochains mouvements, retenant ta respiration tandis que ses mains se posent, avec une précaution certaine, sur tes épaules. "Je... Yasmine, arrête." Il te parait crucial d'interrompre le discours de la jeune femme, avant qu'elle ne se perde en confessions ou admette quelque chose qu'elle pourrait regretter juste parce que tu es dans état-là. Ses doigts trouvent ta nuque et tu voudrais te défaire de cette étreinte soudaine et bancale mais c'est bien tout le contraire, il est difficile de prétendre que tu n'es pas exactement là où tu voulais te trouver ou que tout semble s'aligner et faire du sens quand elle se rapproche davantage, plus perdue que jamais, prenant légèrement appui sur toi entre deux sanglots, son front contre ta barbe de quelques jours. Et tu es plus que content de faire quelques têtes de plus qu'elle, sinon Yasmine aurait été en mesure de lire la confusion sur ton visage et voir à quel point ses mots t'affectent. Plus que tu ne voudrais jamais l'admettre. À elle, à toi-même et tu voudrais quelque part, d'une quelconque façon, suspendre le temps et juste l'arrêter là, ici. Ou à la seconde suivante, quand ta main valide, sans que tu puisses vraiment t'en empêcher, trouve la joue de la brune, la serrant légèrement. Juste assez de pression pour te rappeler qu'elle est là, que c'est elle, que c'est Yasmine. Juste assez de pression pour la faire légèrement reculer et que vos regards se croisent, et que tu dises que même ainsi, après la panique, l'inquiétude, après l'avoir détestée pendant quelques jours, malgré les larmes, elle reste absolument magnifique. Et tu peux déjà te revoir, il y a deux ans de cela, à te dire qu'il faut que tu fasses absolument tout pour obtenir le numéro de cette fille-là. Vous êtes bien loin de cet instant, tellement loin que si tu penchais pour l'embrasser ça ne changerait absolument pas le nombre de regrets que tu as et cela n'effacerait pas vos blessures respectives... pas vrai ? Tu ne le fais pas, pas naïf à ce point-là, au lieu de cela, ton pouce dérive jusqu'au coin de ses lèvres, seulement pour être stoppé par les excuses de Yasmine. Encore des nouvelles. Tu pousses un soupir et, fatigué, excédé dans un sens, tu finis par te rasseoir sur le lit, n'ayant pas quitté la brune des yeux. Elle est plus grande que toi à présent, enfin presque et peu importe ce qui te traversait l'esprit il y a des secondes de cela, cela a tout simplement disparu. Pas l'ombre d'un doute là dessus. Pour ce que cela valait de toute façon, songes-tu amèrement. Tu tournes la tête quelques secondes, pour reprendre ta respiration, parce que tu n'es jamais prêt pour tes échanges avec Yasmine, et ton regard tombe quelques instants sur ton plâtre. Et est-ce qu'elle t'a parlé d'un rendez-vous chez un psy...? Tout se mélange dans ta tête et toutes les répliques bien préparées finissent par s'effacer de ton esprit. À quoi bon essayer de la protéger si elle se retrouve toujours au mauvais endroit et au mauvais moment. "Arrête de... Faire ça. Tu n'as pas la moindre idée de ce que j'ai envie d'entendre, arrête d'essayer de le deviner ou de faire ce qui pourrait m'irriter le moins, c'est pire que tout comme sensation." Tes propres mots te surprennent, ils sont dénués de tout sarcasme, pas déguisés derrière un sourire ou une plaisanterie, c'est la pure vérité et il n'y a pas d'autres façons de tourner cela. Tu as déjà l'impression de ne pas être à ta place les trois quarts du temps, tu n'as pas besoin d'un rappel constant quand tu sais et tu vois que son attitude change du tout au tout quand tu es dans les parages. Comme si... Comme si tu n'étais qu'une bombe à retardement. Okay, analogie foireuse, mais le sentiment reste le bon. Tu reprends la parole la seconde suivante, incapable de t'arrêter sur ta lancée visiblement. "Je veux dire... T'en as pas marre de t'excuser à tout bout de champ ? Ou de faire des promesses impossibles à tenir ou juste ... T'es pas fatiguée de te prendre la tête, à cause de moi ? Tu ne me dois pas d'excuses, tu ne me dois rien. C'est... Peu importe ce que j'ai fait, ce que j'essaye de faire, ça n'a rien avoir avec toi. C'est pas ton problème, je ne suis pas ton problème." Qu'on se le dise, personne ne t'a forcé à sortir ce soir-là, ni à te trouver là où tu étais au moment où tu l'étais. C'est toi, tu es la somme de toutes tes erreurs, de tous tes gestes faux, de toutes tes émotions négatives. C'est toi. La pensée est loin d'être réconfortante, sauf que tu ne cherches pas particulièrement à le faire, pas après une nuit aussi mouvementée; personne ne le dira à voix haute mais... Que se serait-il passé si les ambulanciers t'avait trouvé une heure plus tard ? Ou deux ? Ou juste au petit matin. Non, que personne ne pose cette question-là. "J'ai pas envie d'être ta cause du moment jusqu'à ce que tu passes à autre chose... J'ai déjà donné pendant quatre mois, ça m'a suffit, j'ai compris le message, crois-moi." Un reproche ? Pas du tout, c'est toujours de cette façon que tu as vu votre relation, même au moment où cette dernière se déroulait sous tes yeux et que Yasmine était la meilleure chose dans ta vie. Oui, même en faisant de ton mieux, tu savais que vous deux... Vous aviez une fin, une jolie fin prévue par la brune qui n'allait certainement pas continuer la mascarade pendant aussi longtemps. C'est bien pour ça que tu es allé voir Ariel et pas une autre ce soir-là, car contrairement à la jeune femme en face de toi, ton amie de longue date ne t'a jamais donné de raison de douter de quoi que ce soit et elle a toujours été là. Est-ce que Yasmine peut en dire autant ? Vous connaissez tous les deux la réponse à cette question. "Alors non, tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas débarquer dans ma vie au meilleur moment à chaque fois, me dire que tu es là, faire comme si tu en avais quelque chose à foutre, me donner l'illusion que je suis autre chose que ton second choix ou ta roue de secours, pour ensuite disparaitre quand ça devient trop moche ou trop dur, ou trop insupportable ou juste trop." Est-ce que c'est plus de mots que toutes les conversations que vous avez eu à l'époque où vous sortiez ensemble ? Probablement, ce n'est pas un constat brilliant et tu pousses un autre soupir, profond à la fin de cette phrase-là. Qu'est-ce que tu peux ajouter de plus ? Qu'est-ce qui a vraiment son importance ? Tu ne cherches plus à la faire partir, c'est certain, tu veux qu'elle comprenne tout l'effet qu'elle a sur toi, qu'elle a toujours eu sur toi. Parce que l'opinion de Yasmine comptera toujours à tes yeux, et que tu laisseras toujours tout tomber quand et si elle te le demande, sans attendre quoi que ce soit en retour à par un léger sourire ... Et ce n'est pas un échange équitable, tu l'as toujours su, toujours compris que tu serais toujours plus impliqué qu'elle. C'était facile à ignorer avant... Ce n'est plus le cas. "C'est très simple en fait... Si tu restes, alors tu restes." On pourrait te reprocher ton manque de finesse ou de subtilité, tu t'en fiches complètement, ce n'est pas le but de cette confession soudaine, tu es fatigué, chaque parcelle de ton corps te conjure, te hurle de te rallonger complètement et d'accepter le repos. Tu vas le faire, abandonner vraiment, une fois que tu auras vraiment mis les choses à plat avec elle. Tu oses enfin rencontrer le regard de l'infirmière, le tient sans absolument aucune équivoque, si elle part maintenant, alors qu'elle ne regarde plus en arrière.
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| | | | (#)Mar 19 Nov 2019 - 18:29 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (jaifkncourtneygifs) ✰ w/ @Edge Price Yasmine n'avait jamais été aussi sérieuse. Mais à ce moment-là, ça ne faisait pas d'Edge quelqu'un de spécial qu'elle prenne à cœur de faire son suivi médical auprès de sa mère. Elle était toujours proche de la famille de ses patients, leur donnant les moyens d'envisager la convalescence de leurs proches hospitalisés avec le plus de dignité possible et tachant d'être un soutien infaillible dans les moments les plus difficiles, notamment lors des drames inéluctables. Son grand-ami Ezra pourrait en témoigner d'ailleurs. Elle qui n'était pourtant qu'une simple bénévole, certes assidue, dans le service dans lequel son fils avait été admis pendant longtemps, elle s'était chargée de prendre très régulièrement des nouvelles du papa anxieux qu'il était alors, s'assurant qu'il se nourrisse à heures fixes et qu'il se dégourdisse les jambes, l'encourageant au dialogue autour d'un thé fumant pris à la cafétéria de l'hôpital, histoire de le soulager rien qu'un peu seulement du poids que représentait l'état alarmant dans lequel son petit garçon avait été plongé, perdu entre deux mondes. Il pouvait se rassurer à ce sujet si ça l'aidait à mieux supporter sa présence. Mais là, maintenant, Edgerton Price n'était pas mieux logé que quelqu'un d'autre. Qui essayait-elle de convaincre de ce mensonge exactement ? Bien sûr qu'il était spécial, sinon pourquoi s'était-elle approchée de lui avec autant de détermination malgré l'état dans lequel elle se trouvait, malgré la certitude profonde que ça se retournerait contre elle à un moment donné, ressentant le besoin soudain de le toucher pour s'assurer d'elle ne savait trop quoi. Qu'il était bien là peut-être, un peu cabossé par l'épreuve qu'il venait de traverser, mais debout malgré tout ; pas à grâce à elle. Mais ça c'était une pensée qu'elle se sommerait de repousser pour de bon très bientôt, n'en pouvant plus d'être aussi dure avec elle-même alors que quelque part, elle aussi venait de subir quelque chose qui la marquerait durablement. Elle n'avait sans aucun doute pas le droit d'attendre un peu de réconfort de sa part, aussi elle alla le chercher elle-même, ne pouvant s'empêcher de se dresser contre le mur qu'elle avait en face d'elle – sa tendance à aller au-devant des problèmes sans aucune protection était très inquiétante, seulement Yasmine ne s'en soucia pas sur le moment. Ses mains s'agrippèrent délicatement à sa nuque lorsqu'elle lui confessa la frayeur qu'il lui avait faite, son front frôla sa barbe, et elle ferma doucement les yeux. Dans une autre conjoncture, elle aurait admis que c'était agréable de revenir vers quelque chose d'aussi familier que le souffle du jeune homme sur son visage, et le son si singulier de sa voix résonnant si près de son oreille lorsqu'il lui demanda d'arrêter ; elle ne répondit pas, elle raffermit ses doigts sur sa nuque, s'approchant sans doute un peu trop. Elle était si accablée. Par la fatigue, par la culpabilité aussi, et par l'idée qui lui traversa l'esprit au moment où elle sentit sa main se poser sur sa joue : il comptait pour elle, c'était irrationnel. Elle aurait aimé le lui dire avec des mots simples et concis, mais elle n'était pas aussi stupide pour ne pas se dire qu'il y verrait quelque chose de faussé par les événements qui s'étaient déroulés au petit matin, et elle pouvait le comprendre… elle le comprenait même très bien à vrai dire ; elle aussi se poserait des questions si quelqu'un avec qui elle avait eu des griefs se mettait soudainement à déclamer son affection pour elle. Yasmine se sentit piéger par toute cette situation, par la conviction aussi que si elle avait eu le courage de ne serait-ce que lui envoyer ce message rédigé, corrigé, étoffé et recorrigé maintes et maintes fois au lieu de le laisser prendre la poussière dans l'application Notes de son téléphone, elle serait parue plus sincère encore lorsqu'elle aurait été prête à lui dire qu'il avait une place particulière dans son cœur. Même si ce n'était toujours pas très bien défini pour le moment, que ça lui paraissait si déraisonnable aussi, les faits étaient là cependant. Elle ferma les yeux un peu plus fort sous le doux étau formé par la main valide du jeune homme. Elle lâcha sa nuque pour venir poser la sienne sur le dessus de cette main, forçant un peu sur le bout de ses propres doigts qui étaient glacés pour qu'ils se glissent entre les siens, puis elle le laissa faire reculer son visage pendant qu'elle reprenait une respiration. Une fraction de seconde portée par les excuses qu'elle déballa sans pouvoir se retenir alors qu'elle s'était pourtant jurée de ne pas retomber là-dedans, et elle sut qu'elle venait de commettre l'erreur de trop.
Elle rouvrit les yeux, et le regard qu'elle échangea avec lui, malgré la caresse de son pouce au coin de bouche qu'il lui fait naïvement espérer quelque chose dont elle ignorait avoir autant envie, et elle fût officiellement persuadée que le vent s'apprêtait à tourner. Edge la lâcha. Yasmine ne le retint pas. Elle ne l'arrêta pas non plus lorsqu'il commença à parler, même si elle était profondément tentée de mettre son veto sur quelques-unes des choses qu'il prononça sur le ton condescendant des certitudes. Le surplombant de quelques centimètres à peine, Yasmine serra les dents en accueillant son discours comme une punition méritée, les yeux brillant de quelque chose, pas de larmes néanmoins. Parce qu'après tout, n'avait-il pas foncièrement raison sur la majorité des choses qu'il choisit de lui dire à ce moment-là ? Depuis qu'ils se connaissaient, n'avait-elle jamais cessé d'essayer de s'immiscer dans son esprit pour connaître le détail de ce qui constituait ses pensées, n'avait-elle pas échoué à chaque fois ? Et cette fâcheuse tendance qu'elle avait de sincèrement présenter ses excuses pour minimiser l'impact de ses paroles, quand elle tachait d'amortir l'effet de la culpabilité qui faisait partie intégrante de tout ce qui formait son petit être, ne la trouvait-elle pas franchement agaçante, elle aussi ? Elle doutait qu'il veuille qu'elle lui apporte des réponses aux questions qu'il débita davantage pour la rhétorique, et alors qu'elle avait la bouche légèrement entrouverte, elle verrouilla résolument son regard au sien.
Elle ne pouvait pas le targuer d'injustice, elle ne pouvait pas lui mettre le nez sur ses contradictions parce que c'était elle qui avait déclenché tout ça. Qu'il lui dise qu'elle n'avait pas d'excuses à lui présenter, qu'il n'était pas son problème, ce fût pourtant ce qui la força à se ranimer rien qu'un peu et à se redresser dans la foulée. Elle dépassa l'impression étrange qu'elle avait d'être bien trop chétive dans ce pull informe qu'elle avait sur le dos, puis elle prit verbalement sa suite lorsqu'il continua à se répandre sur ce qu'il ressentait "T'as pas le droit de dire ça. T'as pas le droit de m'accuser d'avoir fait de toi une œuvre de charité… de faire de toi une œuvre de charité." Yasmine fronça les sourcils, déglutissant si fort que les tendons de son cou saillirent légèrement tandis qu'elle reprenait déjà, avec un calme certain toutefois, trop éprouvée pour envisager d'élever ne serait-ce qu'un tout petit peu la voix "Je suis peut-être pas bonne pour déchiffrer ce que tu penses vraiment, mais t'es pas plus doué que moi, Edgerton." S'il y avait bien une chose à propos de laquelle elle pouvait se permettre de se montrer intransigeante et parfaitement sincère maintenant – à défaut de l'avoir été à l'époque, mais comme elle l'avait dit à Sohan très récemment, elle s'était aperçue de tout un tas de choses sur le tard –, c'étaient sur ses motivations à former un couple avec lui. Elle lui dit, en prenant soin de garder son regard désespérément accroché au sien, y cherchant sans le vouloir quelque chose qu'elle ne trouva pas – cette chaleur dont elle aurait bien eu besoin maintenant, transie par la vague glacée des reproches qu'il souffla dans sa direction "Je me suis pas mise avec toi par défaut, tu te trompes." Elle le savait maintenant. Mais si elle devait être davantage honnête encore, à l'époque, elle n'en avait pas été tout à fait sûre. Au moins, leur dispute avait eu cet avantage-là ; de lui faire comprendre qu'elle ne s'était pas servie de lui comme elle l'avait soupçonné quelques fois, jugeant mal la portée de ce qu'elle pensait contrôler – pas grand-chose en définitive "Crois-le ou pas, qu'est-ce que ça change de toute façon… j'ai l'impression que t'as déjà fait le tour de la question et que tout ce que t'attends, c'est que je dise amen à toutes tes conclusions." Elle haussa les épaules, une vilaine manie qui servait bien la cause de la lassitude certaine qu'elle ressentait à propos de tous ces conflits idiots, de toute cette rancœur qui n'avait pas lieu d'être dans un moment pareil.
Elle soupira fort, fermant brièvement les yeux lorsqu'il continua et qu'elle passa une main sur son propre visage pour dégager les cheveux qui ne la gênaient pas pourtant. Elle marqua une pause qu'elle étira en secouant la tête de droite à gauche pendant qu'elle ressentait la brusque envie de se soumettre au regard qu'il posa sur elle. Elle se décala d'un pas pour s'asseoir à côté de lui, et ce relâchement de tous son corps lui fit pousser un autre soupir, plus salvateur celui-ci, avant qu'elle ne lui réponde très doucement "'T'as jamais essayé non plus de comprendre pourquoi j'étais si réticente à l'idée de m'impliquer davantage dans notre relation. T'as juste supposé des choses, et comme ça collait plutôt bien à la situation, t'en as fait une vérité qui t'as arrangé. Je prétends pas non plus que t'as tort. Il y a une toute petite part de vérité dans tout ça, c'est vrai. Mais Edge… il y a tellement, tellement de choses que tu sais pas sur moi." Ce n'était cependant pas le bon moment pour lui expliquer ce qui lui permettrait probablement de relier tous les points de l'énigme qu'elle semblait être à ses yeux ; comme il en était une aux siens. Une pensée qui lui fit ajouter sur le même ton, après qu'elle eut poussé un soupir hachuré par tant de choses à la fois "Comme il y tellement, tellement de choses que je sais pas sur toi." Très furtivement, un sourire sans joie réhaussa ses pommettes quand elle tourna la tête vers lui pour lui dire dans un murmure encore plus adoucit par l'évidence "On se connait pas." C'était ça, le vrai fond du problème, et l'exprimer à voix haute avait quelque chose de gratifiant… mais c'était aussi si révoltant qu'ils aient été incapables de faire l'effort d'apprendre à se connaître avant de s'envisager l'un et l'autre comme autre chose que des amis. Yasmine rompit le contact visuel un instant, le temps de baisser la tête et de triturer le bord des manches de son pull épais comme geste-doudou de remplacement, ses cheveux n'étant plus assez longs pour la rassurer dans ce genre de moment. Elle se risqua à poursuivre après une longue seconde, reprenant sur elle après avoir cru qu'elle se remettrait à pleurer "Et la première chose que tu dois savoir sur moi, c'est que je fais pas semblant d'en avoir quelque chose à faire de toi. Tu peux me reprocher ce que tu veux, mais pas ça." Elle faillit prendre le coche pour lui rappeler que si elle avait disparu, c'était avant tout parce qu'il était allé voir ailleurs. Mais à quoi bon le lui reprocher encore une fois ? Qui plus est, elle aurait été bien hypocrite de prétendre que ça aurait duré entre eux s'il n'avait pas ressenti la pulsion somme toute humaine d'aller trouver ce qui lui manquait chez une autre. Alors elle se retint sans trop de mal finalement, puisque de toute façon, la dernière sommation qu'il laissa échapper la fit marquer un temps de silence que le regard qu'ils finirent par échanger rendit lourd de sens "Je veux apprendre à te connaître. Tu sais ce qui me fatigue en plus de tout le reste ? Jouer aux devinettes. C'est… c'est stupide." fit-elle en hochant la tête, songeant en même temps que ce serait un bon point de départ de juste… faire connaissance. Même s'ils s'apercevaient pour de bon que leur histoire précipitée avait été une simple erreur à enfermer sous-scellé dans une boîte totalement hermétique qu'ils n'ouvriraient plus jamais ; qu'il valait franchement mieux qu'ils ne se cantonnent à rien d'autre que les petits moments qu'ils avaient partagé avant de se disputer – ils ne seraient jamais fixés si elle décidait de s'en aller maintenant cependant. Et alors, que pendant le laps de temps où elle avait eu le temps de tourner et retourner dans tous les sens tout ce qu'elle lui avait dit, mûrissant une curiosité étrange à propos de lui, mais à propos d'eux aussi, elle saisit la perche qu'il lui tendit, et plutôt sûre d'elle malgré l'épuisement réel qui altérait ses traits à ce moment-là, elle lui répondit enfin "Je reste." |
| | | | (#)Mer 20 Nov 2019 - 22:25 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (tumblr) ✰ w/ @yasmine khadji Maintenant que tu es assis et que tu as pu respirer correctement pendant plus d'une demi-seconde, tu sais que tu ne vas pas quitter cette chambre. Du moins pas aujourd'hui et pas dans cet état. Il te faut mettre ta mauvaise foi de côté et te rendre à l'évidence, tu ne peux pas rentrer chez toi ainsi, et certainement pas faire face à Paul ou encore à Tamara dans cet état-là. La vérité... C'était que personne n'était censé te voir comme ça, tu étais prêt à cacher tes cicatrices, les membres brisés et tout autre désagrément de manière silencieuse, avec un sourire dans tes lèvres, toujours prêt à offrir l'image de celui qui a toujours la réponse à tout et qui trouve toujours des solutions. Ce n'est pas le cas, et si cela aurait pu t'irriter dans une autre situation, il faut admettre que même pour toi... C'est trop. Oui, même pour toi. Alors non, vraiment, que ce soit la fatigue, ton coeur qui ne bat décidément pas au bon rythme ou qui n'est pas à la bonne place, tu ne vois pas vraiment comment Yasmine peut aider. Et ce ne sont pas ses compétences médicales que tu remets en question, tu sais qu'elle est douée, que tu n'as aucun soucis à te faire et tu sais que si elle s'occupe personnellement de ton cas, tu serais rapidement remis sur pied. Sur le plan physique, oui, ton bras droit finira par guérir, et tu pourras de nouveau t'en servir, de même que tes côtes ou ton nez... Sauf que ce n'est pas cela qui t'inquiète vraiment, du moins pas totalement, c'est le reste, tu ne vois pas comment Yasmine pourrait t'aider avec le reste. La brune ne peut pas te porter, elle ne peut certainement pas t'aider à te tenir plus droit. Elle ne peut pas tout simplement te dire d'arrêter de courir et de prendre le temps de regarder autour de toi, et de respirer. Si tu pouvais faire toutes ces choses-là, tu l'aurais fait, et ce depuis longtemps. Et encore une fois, cela ne serait pas juste d'exiger cela d'elle, non sans lui en parler avant, non sans lui expliquer toute l'horreur et la rage qui t'habite parfois. Le genre d'émotions négative que tu essayes de faire taire par tous les moyens, et ce depuis des années, avec les combats, avec l'alcool, avec toutes ces choses futiles et inutiles qui auraient fait flancher n'importe qui et ce depuis longtemps. Et pourtant, cela semble être plus fort que toi, tu lui offres encore une solution, une solution à vous deux à dire vrai, quand elle est concernée, il est tout de suite plus difficile de tourner les talons et l'imaginer partir. La brune aurait toutes les raisons du monde de le faire, de ne pas chercher plus loin que la surface, de ce contenter de peu comme beaucoup le font. Tu es certain que si tu fermes les yeux, tu peux très bien l'imaginer partir. Tu ne fermes pas les yeux cependant, ton regard reste droit, braqué sur Yasmine, attendant sa réponse. Your move, Khadji. Car tu ne vois pas ce qu'il te reste de plus à dire, qu'elle ne s'attende pas à ce que tu cherches à l'impressionner ou lui présentes une version un peu plus soignée de toi-même. Si elle reste... C'est certainement pour voir le pire. Tu pourrais ajouter que c'est juste une journée ordinaire pour toi, que tu peux aller fouiller bien plus loin et vraiment lui faire peur. La brune n'est sûrement pas prête pour entendre ce genre de vérité, et toi non plus dans le fond. Tu grimaces déjà quand elle reprend la parole, Yasmine bien décidée à te montrer que toi aussi, tu es capable de te tromper dès qu'elle est concernée. Les reproches que te font l'infirmière sont bien fondés, tu les entends et accuses le coup, te retenant de répliquer, avec une certaine difficulté, il faut le dire. "Je..." Je suis moins naïf que j'en ai l'air, voilà ce que tu voulais dire, mais tu ravales la réplique difficilement, car si tu as pu vider ton sac, il semble juste que la brune en fasse de même. Tu pourrais la reprendre, lui dire que non, tu ne sais pas tout mais tu as été suffisamment attentif, et non, tu ne sais pas pourquoi elle est autant restée sur la touche pendant votre très brève relation. Par crainte d'être déçue ? Par simple précaution car la vie est bien plus compliquée qu'un simple roman ou un film ? Ou juste parce que ça n'a jamais été sérieux pour elle, parce que son coeur était déjà ailleurs ? Toutes ces reproches-là, tu les lui as déjà faites, tu en as déjà parlé, au moment fatidique de votre rupture. Car vous n'avez pas bougé. Tu es las toi aussi, fatigué de réaliser que vous avez tourné en rond tout ce temps et que vous êtes incapable de vraiment tourner la page et de passer à autre chose. Tu étais sincère, le soir où tu lui as dit, gants de boxe à la main, qu'il serait grand temps pour vous d'arrêter de ressasser ce malheureux incident. Votre relation est finie, impossible de revenir là dessus. Et pourtant vous le faites, vous l'avez fait ce soir-là à la station service, et vous êtes encore en train de le faire à présent. Pour quoi au juste ? "Ça ne m'enchante pas particulièrement de ramener notre rupture sur le tapis. À chaque conversation en plus... Du tout même." Que tu finis par marmonner dans un moment de silence relatif, te sentant obligé de le préciser. Tu n'as pas vraiment d'autres points de comparaison, non ce n'est pas ta première rupture, mais les choses ont été plus faciles qu'avec Yasmine à chaque fois. Tu n'as pas vraiment envie de tout analyser et te poser de nouveaux des questions existentielles, tu n'es pas assez réveillé pour ça et ce n'est pas le but de cette conversation. Quel est le but d'ailleurs ? Aucun moyen de le savoir, la brune est toujours là et... Tu ravales difficilement un rire quand elle t'affirme, que non, elle ne s'est pas mise avec toi par défaut. Vos regards se croisent encore à ce moment-là, tu as presque envie d'objecter, de lui répondre que tu n'y crois pas une seule seconde -du tout d'ailleurs- cependant tu décides de laisser passer et de ne pas en rajouter. Peu importe ce que Yasmine veut se dire, vous avez vécu tout ça de manière très différente au final et tu ne peux guère changer ton ressenti sur la situation. Ni le fait que tu as toujours l'impression de passer en dernier. Tu as, de manière très ironique, fini par t'y habituer à la longue, ne cherchant pas à prendre une place trop importante dans la vie de la brune et ce même quand vous avez repris le contact, il y a quelques semaines de cela. À quoi bon ? Cette dispute il y a quelques semaines n'a fait que te prouver que tu avais raison depuis le début et que cela ne sert à rien d'espérer. Tu la suis toujours du regard quand elle finit par s'installer sur le lit également, s'asseyant juste à côté de toi. Sa réponse est claire, ponctuée par une légère fatigue mais il te suffit de la fixer quelques secondes pour comprendre que oui, elle a vraiment envie de se trouver là. Ce n'est pas simplement parce qu'elle s'inquiète, pas seulement pour soigner tes blessures, mais bien parce qu'elle a envie d'être là, pour te parler à toi et pour apprendre à te connaitre toi. "Okay." Le mot est dit avec certainement un peu trop d'entrain mais tant pis. Tu ne sais pas quoi faire de toutes les informations, un peu décousues mais sincères qu'elle vient de lancer dans ta direction. Tu ne t'attendais certainement pas à ça de la part de la brune, en dépit de tout, de votre histoire, de votre dernier échange, qu'elle... Qu'elle essaye encore, qu'elle veuille tout de même en savoir un peu plus, plus que ce qu'elle ne sait déjà. Et oui elle marque des points, elle ne sait pas grand chose. Tu as envie de lui dire de ne pas le prendre personnellement, c'est ta spécialité, garder les gens proches mais à une certaine distance, leur donner l'illusion qu'ils sont vraiment dans ton entourage et leur donner assez pour que jamais ils ne questionnent le fait que oui, tu es vraiment là. Tu fais ça depuis tellement longtemps... Pourquoi ? Plus simple de cette manière, personne ne peut te juger ou s'éloigner ou encore être déçu après avoir vu le vrai Edge. Et puis tu n'estimes pas être la personne la plus intéressante du monde. Et, chose qu'il faut également avouer, personne ne se donne vraiment la peine. Personne ne creuse vraiment, personne ne reste. En dehors de ta famille, personne ne reste. Sauf si, peut-être Ariel, mais tu soupçonnes que c'est surtout l'habitude, et le fait qu'elle te connaisse de A à Z, tellement qu'elle ne sera guère surprise de savoir dans quel état tu as fini. Oui, l'habitude, le fait que vous ayez un peu grandi ensemble en somme et ... C'est tout. Une seule personne qui te vient à l'esprit, et tout de suite ton esprit dérive vers ta mère, vers Paul, Camille... Et encore, tu connais une personne de ta famille qui elle a préféré être absent et ce dès le départ. "... D'accord." Tu prends une profonde inspiration, ignorant au passage la douleur que tu ressens légèrement en effectuant ce simple geste, simplement pour te sentir plus calme que jamais la seconde d'après. Pour ce que ça vaut, si Yasmine en apprend plus sur toi, elle aura de bonnes raisons de ne pas rester justement, mais elle pourra prendre sa décision en connaissant toutes les variables, et tu lui dois au moins ça. Et toi....? Tu ne sais pas, tu pourras satisfaire ta curiosité ? Comprendre enfin comment elle fonctionne, ce qui se cache derrière chacune des inflexions de sa voix, ses mèches brunes qu'elle semble adorer mais qui stoppent également son train de pensées parfois et ce qui se trame derrière ce regard foncé qu'elle pose sur toi ? On va dire que oui. Tu ne vois pas ce que tu pourrais y perdre au final, tu l'as déjà regardée partir, tu peux le faire encore une fois, tu t'en remettras c'est certain. Donc oui, quelque part, on peut dire que Yasmine a gagné, il n'est plus question de la mettre à la porte, ce n'est pas une promesse mais il est certain que tu n'oublieras pas ces simples deux petits mots. Je reste. Fine, you asked for it, Khadji. "Okay... Qu'est-ce que tu veux savoir ?" Tu poses la question, pivotant légèrement sur le côté afin de lui faire face et de lui répondre. Honnêtement, sans une blague en vue, sans issue de secours et sans chercher à paraitre un peu plus grand que d'ordinaire, juste parce que tu peux le faire.
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| | | | (#)Ven 22 Nov 2019 - 22:28 | |
| ≈ ≈ ≈ {I only call you when it’s half past five} crédit/ (jaifkncourtneygifs) ✰ w/ @Edge Price "Arrête de le faire alors." ponctua très doucement Yasmine lorsque le jeune homme lui avoua ne pas apprécier ce rituel d'échange de reproches à propos de leur relation. Elle tourna le visage dans sa direction, soutenant son regard en inclinant légèrement la tête sur le côté dans une brève observation de ses traits malmenés par la très mauvaise nuit qu'il venait de passer. Elle aurait pu lui frôler la joue du bout des doigts. Mais autant ça lui avait paru tout naturel de l'étreindre vaguement tout à l'heure, sentant toujours un peu la morsure de sa barbe sur son front, autant il y avait maintenant quelque chose d'indécent dans l'idée de le toucher de nouveau. Peut-être parce qu'elle le sentait définitivement à ses côtés ; ses soupirs, même douloureux lorsqu'il bougeait un peu, étaient un bon indicateur de la vie qui s'insufflait en lui. Le poids qui plombait tout le corps de la jeune femme depuis l'admission d'Edge aux urgences s'allégea peu à peu. D'un côté, l'infirmière en elle établit la conclusion facile qu'il avait besoin de se reposer plusieurs heures encore ; mais de l'autre, la jeune femme un peu secouée assise au bord du lit d'hôpital de son ex-petit ami, triturant les bords de son pull comme une enfant prise sur le fait, ne pouvait s'empêcher de partager tout ce qu'elle avait couvé au cours des derniers jours passés à chercher le meilleur moyen de le contacter pour faire la paix. Tout ce qu'elle aurait aimé lui dire autour d'une bonne tasse de café… c'était là, au bord de ses lèvres, à se bousculer pour savoir qui partirait avec un léger temps d'avance pour remporter la course. D'ailleurs, elle crocheta très furtivement sa lèvre inférieure avec ses dents, retenant une morsure de nervosité qu'elle ne pouvait pas rendre moins évidente en se tripotant les cheveux. Elle ravala un sourire triste et fatigué, déporta son regard de quelques millimètres pour rompre le contact visuel avec le jeune homme, et puis elle baissa la tête dans un soupir las. Elle n'était pas aussi naïve qu'elle en avait l'air, elle non plus. Yasmine savait très bien qu'envisager de faire table rase serait se bercer de tout un tas d'illusions, et en plus faire preuve d'une crédulité qu'ils n'étaient plus en âge d'alimenter goulument pour préserver leur égo respectif. Mais pourquoi pas après tout, qu'avaient-ils de plus à perdre ? Elle, elle était déterminée à se donner les moyens d'essayer de rendre les choses plus simples entre eux. En fait, elle y avait beaucoup songé au cours des derniers jours ; à ne plus constamment s'arrêter sur des détails pour mieux aller de l'avant, et tourner la page sur ces mots lancés à la volée tandis qu'ils s'étaient échinés à vouloir donner l'impression à l'autre d'être dans le contrôle total de la situation qui les avaient menés à se chamailler en public, délaissant de fait leur discrétion habituelle pour marquer chacun leur point de leur côté. Elle ne savait pas ce qu'Edgerton était vraiment pour elle, toutefois le compromis était un effort qu'elle n'avait jamais rechigné à faire pour personne, c'était même ce de quoi elle était faite – mettre de côté ses convictions profondes pour préserver la bonne l'entente et faire constamment tampon sans rechigner, ça lui venait aussi instinctivement que toutes les petites manies qu'elle laissait filer de temps à autres et qui faisaient partie intégrante de sa personnalité… alors pourquoi exclure Edgerton de ce processus, pourquoi ne pas le considérer digne de cette méthode qui avait certes ses ratés, mais qui lui avait aussi permis de se sortir de situations compliquées à de très nombreuses reprises ? Ils n'iraient nulle part à sans cesse ruminer les erreurs qu'ils avaient commises en tant que couple, elle en était intimement convaincue.
Tout aussi doucement, Yasmine poursuivit avec l'intention ferme de le lui dire, malgré le calme singulier qui teintait sa voix altérée par la fatigue et l'émotion "C'est dur de passer à autre chose, je crois que je t'apprends rien. Mais… c'est contre-productif de ressasser toujours les mêmes reproches, ça attise quelque chose que j'ai pas envie de ressentir pour toi." avoua-t-elle un peu malgré elle. Comme pour retrouver rapidement la face, elle fronça les sourcils en relevant la tête, la secouant de droite à gauche dans la continuité, cherchant à appuyer son discours par des gestes, en bonne méditerranéenne qu'elle était "J'ai pas aimé ce que je t'ai dit ce soir-là, j'ai dépassé une limite." Ne t'excuses pas, Yasmine, se somma-t-elle en son for intérieur. Elle ne savait pas si elle réussirait son entreprise jusqu'au bout… mais là encore, elle voulait essayer. Pour lui. Parce qu'il lui avait explicitement demandé d'arrêter de se répandre en excuses à chaque fois. Elle marqua une courte pause qui lui permit de rassembler les brides de ce qu'elle avait écrit dans le message qu'elle réservait à Edge, le synthétisant pour ne pas monopoliser la conversation à ce sujet, et y apporter une conclusion sur laquelle elle ne reviendrait plus jamais. Elle se le promettait à elle-même, car malgré ce que le jeune homme pensait, elle était plutôt du genre à n'avoir qu'une parole. Pour ça, elle se faisait entièrement confiance "J'ai pas le droit de te dire que t'es quelqu'un de bien un jour et te dire le contraire le lendemain. D'autant que je le pensais pas, pas du tout." C'était facile à dire maintenant, et probablement qu'elle tendait l'autre joue en le disant avec autant de conviction dans le ton. Mais elle était dans une démarche de sincérité, et ça aurait été un mensonge éhonté que d'affirmer au jeune homme qu'elle l'avait ne serait-ce qu'un jour mal estimé. Même après leur rupture, elle lui en avait voulu quelques-temps… mais l'insulter, le dénigrer ? Elle ne l'avait jamais fait. Yasmine n'était pas ce genre d'amoureuse malheureuse, trompée qui plus est, faisant tout pour détruire la réputation de l'homme qu'elle avait côtoyé par simple esprit de vengeance – bien au contraire, elle laissait couler, point. Elle passa sa langue sur ses dents, relevant légèrement les yeux pour distraitement s'attarder sur l'expression d'Edgerton. Tout de suite après, son attention fuit à des kilomètres de là, le soir de leur dispute plus précisément, ce qui ne l'empêcha pas d'alléguer sans ciller "J'étais en colère… ça m'a agacée de te voir si distrait. Je sais que j'ai été dure et injuste, c'était pas moi." Elle reconcentra toute son attention sur lui. Sa gorge se serra au point qu'elle dut s'y reprendre à deux fois avant de continuer "J'ai peut-être trop… je sais pas, espéré ? Ca m'a fait du bien de te parler ces quelques fois, ça me semblait acquis, et puis…" Elle se risqua à laisser un sourire fendre là peine son expression en même temps qu'elle s'affirmait en elle-même, haussant les épaules dans la foulée, que ce serait la dernière fois qu'elle reviendrait sur quelque chose qu'ils s'étaient dits dans le passé ; parce qu'elle venait de faire un choix, et que rester ici à ce moment-là impliquait de garder la tête tournée droit devant elle, vers l'avenir – qu'importe de quoi il sera fait.
Elle ne savait pas trop ce que son choix de rester aurait comme effet sur le jeune homme. Tout à coup, il remua. Yasmine eut un léger élan de panique, mais elle fût vite rassurée, et sa respiration s'échappa de sa poitrine en une fine colonne d'air tiède. Elle le regarda se mouvoir pour changer de position d'assise, et déjà prête à amortir la douleur qu'il pourrait ressentir en se montrant si brusque dans sa façon de bouger, elle imita sa posture en troisième vitesse "Doucement, Edge." lui répéta-t-elle pour la seconde fois depuis qu'elle était arrivée, se penchant légèrement en tendant ses mains recouvertes par les manches de son pull vers lui jusqu'à ce que leurs regards se croisent de nouveau, et qu'il lui demande ce qu'elle voulait savoir. Ce n'était sans doute pas grand-chose de prime abord, mais Yasmine eut la sensation qu'il lui ouvrait une porte qu'elle avait taché d'enfoncer pendant cinq mois ; ses yeux se mirent à briller, fort. C'était comme débarquer dans un magasin de jouets laissé à l'abandon le jour de son anniversaire avec l'ordre express de tout vider ; le choix était si varié, c'était étourdissant. Elle le réalisait, ainsi mise sur le fait accompli, qu'elle avait en vérité beaucoup trop de choses à lui demander, et c'était si compliqué à matérialiser sur le moment qu'elle resta pantoise, cherchant ses mots en même temps que le regard d'Edgerton qu'elle ne quitta pas, même pas pour battre des cils "Tout. Je veux tout savoir." finit-elle par dire dans un murmure presque d'hébétude, exactement comme si, petite-fille, on lui avait offert l'opportunité de dévaliser sans compter un magasin de jouets. Ses pupilles humides se baladèrent sur le visage d'Edge, s'attardant sur ses blessures. Et la réalité la frappa de nouveau. Un soupir plus tard, et elle posa une main sur son genou "Mais tu sais, tu dois te reposer." La mine d'infirmière si sérieuse et consciencieuse qu'il avait déjà mis sur le tapis à l'époque de leur relation passa furtivement sur le visage de la jeune femme qui ajouta, en inclinant la tête sur son épaule, parée à objecter, et serrant son genou avec ses doigts délicats pour assurer un peu plus ses paroles "Je vais nulle part de toute façon. Même si on me chassera probablement à un moment où à un autre… c'est rien, je reviendrai demain." Et le jour d'après, et le jour d'après, et encore le jour d'après… jusqu'à ce qu'il soit décidé qu'il était apte à quitter l'enceinte de l'hôpital pour entamer une convalescence plus paisible chez lui – elle y veillerait. Yasmine marqua une respiration, redressant la tête en même temps, et affronta ses yeux encore une fois, un peu plus longtemps cependant. Ce n'était pas utile de se précipiter de nouveau et d'abattre toutes ces nouvelles cartes qu'ils s'étaient distribués, songea-t-elle en finissant par baisser la tête pour fixer la main qu'elle avait posée sur le genou d'Edgerton, puis de la retirer tout de suite après. Elle lui avait dit qu'elle restait… et ce n'était pas des paroles en l'air. Puisque le temps serait sans doute leur tout nouvel allié, elle entendait bien l'exploiter correctement ; pas comme la première fois, où elle était la seule à mettre des limites sur certaines choses en ayant à côté l'impression de sauter tellement d'étapes qu'elle avait pris peur.
rp terminé. |
| | | | | | | | (yasmine & edge) I only call you when it’s half past five |
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