| | | (#)Jeu 7 Nov 2019 - 10:00 | |
| May trouvait ça touchant : les grands frères. Elle n’avait qu’un petit frère et elle savait que s’il pouvait, il voudrait sans doute jouer ce rôle là aussi. Le protecteur, le mec qui veut tout savoir sur tout, histoire que sa sœur ne tombe pas entre les mains de vilaines personnes. May n’était pas une vilaine personne, au contraire, elle prenait toujours soin des personnes qu’elle repérait, voulait leur meilleur et surtout, voulait qu’ils soient dans un bon mood pour les émissions qu’elle représentait. May ne perdait pas de vue que la finalité, c’était une place dans un show de téléréalité et que pour ça, il fallait tenir le coup moralement et physiquement, elle n’avait alors aucun intérêt à maltraité ses poulains. Mais puisque ce Dimitri l’avait contacté, pas de problème, elle se déplacerait, même si dans un premier temps, elle ne voulait pas s’encombrer et perdre son temps à devoir expliquer son travail, elle avait fini par accepter, puisqu’Elena était une perle qu’elle ne voulait pas laisser filer. May avait accepté mais c’est elle qui avait choisi le lieu, c’est elle qui avait imposé la date et l’heure et si Monsieur ne pouvait pas se libérer, ce serait tant pis pour lui. Elle n’avait pas non plus été trop exigeante et avait proposé qu’ils se rencontrent ce vendredi soir à 18h. Café, heure de l’happy hour, elle espérait bien qu’il lui payerait le verre pour le déplacement. Elle avait choisi le Sixteen Antlers pour deux raisons : le roof top – qui finalement se suffisait à lui-même – et parce que le cadre était suffisamment propre et accueillant pour ce genre de rendez-vous qu’elle pourrait qualifier de professionnel. Elle se devait de proposer un cadre rassurant et classe, elle ne pouvait pas lui donner rendez-vous dans un bar miteux ou un pub irlandais rempli de grosses brutes qui ne venaient que pour se bourrer la gueule. Non, May voulait lui prouver qu’il pouvait avoir confiance en elle. Elle ne savait pas à qui elle allait avoir réellement affaire. Elena lui avait juste confirmer que son frère n’était pas un mec violent et agressif et qu’il ne lui voudrait pas de mal. Qu’elle pouvait être confiante et qu’elle se portait garante s’il lui arrivait quoi que ce soit. Que pourrait-il lui arriver alors s’il n’était pas violent et pourquoi avoir besoin de se porter garante de quoi que ce soit ? Bien qu’elle n’avait pas vraiment peur, May avait aussi choisi un lieu où ils seraient bien entourés pour éviter tout dérapage. Installée à une table depuis une demi-heure, elle avait fait trainer le serveur en lui disant qu’elle commanderait lorsque son invité serait présent. Elle travaillait sur son ordinateur en attendant, lisant ses mails et confirmant la participation définitive des candidats qu’elle avait retenu pour l’émission Mariés au Premier regard. Elle était face à la porte et jetait un œil constamment vers celle-ci, à scruter le premier mec qui serait paumé en débarquant dans le roof top. Elle en voyait deux ou trois à chaque fois, ils finissaient par retrouver quelqu’un dans la salle. Elle désespérait mais il n’était pas encore tout à fait l’heure de son rendez-vous. Tant qu’il n’était pas en retard, ça allait. Et finalement, ce mec d’une trentaine d’année qui débarque, qui balaie d’un regard toute la salle et qui d’après son attitude, ne semble pas savoir où chercher ni qui trouver. May se redresse et l’observe encore un instant, personne dans la salle ne semble l’avoir remarqué, elle se décide alors de se lever, laissant son ordinateur sans surveillance, mais elle ne craignait pas grand-chose, et elle alla à sa rencontre. « Dimitri, je suppose ? » elle lui tend la main pour se présenter. « May Glitters. Je suis votre femme. »
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| | | | (#)Mar 12 Nov 2019 - 19:38 | |
| Pour une raison que Dimitri ne s'expliquait pas, le Sixteen Antlers était depuis quelques temps le théâtre de bouleversements majeurs de sa vie, et l'ironie était d'autant plus parfaite que ce n'était d'ordinaire pas le genre d'endroits qu'il fréquentait le plus souvent les soirs où il lui prenait l'envie de sortir boire un verre. Mais il devait lui reconnaître une chose, il se prêtait plutôt bien aux conversations formelles, importantes ou qu'on ne se verrait pas forcément avoir au milieu d'un pub rempli de supporters s’égosillant devant un match de foot. Calme, intimiste, fréquenté par une clientèle qui ne cherchait pas à tout prix à savoir ce qui se passait trois tables plus loin. Et comme le soir où il y avait retrouvé Tamsin pour ce qui avait été la discussion la plus cruciale et bouleversante de sa vie, c'est à son interlocutrice qu'il avait laissé le soin de choisir cet endroit. Une interlocutrice qu'il rencontrerait ce soir pour la première fois et avec qui il était donc loin de partager un passif comme avec son ex-compagne, ce qui était autant un aspect rassurant qu'angoissant de ce rendez-vous. Pas de ras-de-marée émotionnel à prévoir, à moins que l'échange ne prenne une tournure qu'il ne visait pas en premier lieu quand il lui avait proposé cette rencontre, mais autant d'inconnus et de questions en suspend. May Glitters, la femme qu'il avait contacté quelques jours plus tôt avec la ferme intention de se faire une idée précise de la personne qu'elle était, était encore un mystère intact aux yeux de Dimitri qui dans cette histoire n'agissait que dans un seul intérêt : celui de sa sœur. C'était pour Elena qu'il faisait tout ça, et parce que s'il était rongé d'angoisses depuis quelques jours c'était en partie parce que cette histoire d'émission de télé-réalité s'était ajoutée aux nombreuses sources de préoccupations qui le tenaient déjà éveillé certaines nuits. Après être passé d'une vie sans attache à celle du père d'une fillette de trois ans et demi en l'espace de quelques jours, après avoir vu son monde changer radicalement de figure après ça, il n'avait pas besoin de s'en faire en plus pour sa sœur. Et pourtant, rien au monde n'aurait pu l'empêcher de s'en mêler quand celle-ci lui avait parlé de cette chasseuse de têtes dans l’œil de qui son profil avait visiblement tapé, et sans qu'il comprenne vraiment sur le coup à quel moment sa sœur était devenue assez grande pour mettre un pied dans l'engrenage des réseaux sociaux. Parfois, il oublierait presque qu'elle avait trente ans et n'avait a priori plus besoin qu'il veille à ce qu'il ne lui arrive rien, parce que pour lui elle resterait toujours la gamine chétive qu'il protégeait des brutes et consolait chaque fois qu'un garçon lui brisait le cœur. Il aimerait pouvoir mettre sur pause cet instinct protecteur qui se rappelait toujours à lui quand il était question d'Elena, mais rien n'y faisait. Entrant dans la salle après avoir senti son téléphone vibrer dans la poche de son jean et filtré un appel d'Elena, justement – il préférait l'avoir au bout du fil une fois le rendez-vous terminé – Dimitri balaya une seconde l'endroit du regard avant que ce dernier ne soit attiré par la silhouette d'une femme marchant droit vers lui. Blonde, élégante, l'air d'avoir l'habitude d'investir ce genre d'endroits avec son ordinateur portable pour y travailler en toute accalmie. Elle avait le profil de la dénicheuse de talents qu'il s'attendait à rencontrer, et pourtant Dimitri lui trouvait un coté avenant, instantanément rassurant pour le frère qu'il était. Un bon point, pour commencer. « C'est bien ça. » Il souffla en tendant sa main vers la sienne pour la serrer, moment où les présentations furent faites en bonne et due forme et permirent à la glace d'être brisée assez rapidement. « Merci d'avoir accepté de me rencontrer. » Qui plus est aussi vite après qu'il ait pris contact avec elle, et alors qu'elle aurait eu de bonnes raisons de penser qu'elle avait mieux à faire que d'accorder une entrevue à un type qui contrairement à ceux qu'elle devait fréquemment rencontrer n'espérait pas rejoindre l'une de ses émissions, mais avait au contraire besoin d'être rassuré sur un certain nombre de choses. Elle le conduisit alors jusqu'à la table où elle s'était installée en l'attendant, et Dimitri prit une inspiration. « J'ai conscience que ma démarche peut sembler surprenante, si vous vous intéressez à ma sœur vous savez probablement qu'elle est largement en âge de se débrouiller toute seule. » Il étira un léger sourire, conscient de ce qu'elle devait penser en le voyant, inquiet pour sa sœur qui n'avait plus l'âge qu'on se mêle de sa vie ou d'avoir besoin de la protection de son frère. « Seulement Elena est parfois assez... naïve, et en tant que frère je veux juste m'assurer qu'elle ne tombe pas dans quelque chose qui finira par la broyer, ou entre les mains de personnes qui finiront par profiter d'elle. » C'était une crainte qu'il avait souvent eu et qui s'était plusieurs fois vérifiée par le passé, Elena ayant un caractère dont il n'était pas difficile de profiter. Alors l'imaginer entourée d'inconnus, dans un cadre coupé de l'extérieur et qu'il s'imaginait scénarisé en tous points, ça matérialisait à nouveau cette angoisse. « Je vais être honnête avec vous, j'ai rien contre votre boulot mais ces émissions pour jeunes gens en quête de célébrité... moi je m'en méfie. » Et peut être qu'il n'avait pas voulu voir, ou qu'il s'était bercé d'illusions, mais il ne pensait pas que sa sœur pourrait être potentiellement attirée un jour par cet univers, si loin de tout ce qu'ils avaient toujours connu, eux qui avaient longtemps vécu de l'essentiel.
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| | | | (#)Lun 18 Nov 2019 - 23:56 | |
| May n’avait pas fait erreur et s’était pointé vers la bonne personne, heureusement pour elle d’ailleurs, elle qui semblait être si sûre d’elle en se présentant à lui. « Merci d'avoir accepté de me rencontrer. » elle hocha la tête, accompagnant ce geste d’un simple sourire, sentant la tension palpable à travers sa poignée de main. Qu’il se détende le grand frère, May Glitters n’allait pas le manger tout cru et en réalité, ce n’était pas lui qui l’intéressait, elle était là dans le seul but, le mettre dans sa poche pour qu’il ne vienne plus interférer entre elle et sa sœur Elena. « Y a pas de quoi, ça fait aussi parti de mon job… » même si c’était la première fois, elle devait l’avouer, que ça lui arrivait. « C’est une première, mais ma fiche de poste est flexible ! » qu’elle plaisante avant d’aller rejoindre la table où elle était installée auparavant. « J'ai conscience que ma démarche peut sembler surprenante, si vous vous intéressez à ma sœur vous savez probablement qu'elle est largement en âge de se débrouiller toute seule. » May avait noté oui, Elena semblait avoir passé la majorité il y a pas mal d’année déjà en effet. « J’vais pas vous dire le contraire, c’est étonnant et surprenant qu’on me propose ce genre d’entrevue. Je sais pas si je dois trouver ça flippant ou mignon ou agaçant. » elle était sans doute passé par les trois sentiments les uns après les autres. Maintenant qu’elle pouvait voir Dimitri face à elle, elle aurait plutôt tendance à trouver ça mignon en réalité et peut être que plus de proche devraient s’inquiéter du sort qui était réservé à ces futurs candidats. « Seulement Elena est parfois assez... naïve, et en tant que frère je veux juste m'assurer qu'elle ne tombe pas dans quelque chose qui finira par la broyer, ou entre les mains de personnes qui finiront par profiter d'elle. » May hoche la tête, le dur mon de la télé-réalité. « Je vais être honnête avec vous, j'ai rien contre votre boulot mais ces émissions pour jeunes gens en quête de célébrité... moi je m'en méfie. » May ferma l’écran de son ordinateur qui la déconcentrait et le poussa doucement sur la droit pour qu’il ne soit pas directement entre eux deux. « Ecoutez… » elle allait tenter d’être à son tour le moins flippante possible. « Ca fait vingt ans qu’on a tous les ans des dizaines d’émission de télé réalité qui passent sur nos chaines. Vingt ans, c’est long et forcément, des candidats, y en a eu des milliers pendant tout ce temps. De Koh Lanta à Secret Story, passant par les princes de l’amour à l’amour est dans le pré… Au début, on savait pas où on allait. On a eut des soucis avec les candidats, parce qu’ils étaient pas triés comme c’est le cas aujourd’hui. Y avait pas d’entretien avec des psychologues pour s’assurer qu’ils tiennent la route et y a eu des loupés. » était-ce la peine de mentionné le mot – suicide – pour illustrer ses propos ? Non, l’idée était toujours de rassurer le grand frère protecteur. « J’ai beau décider qu’Elena avait pas besoin de passer les castings d’une émission, le passage par la case psychologue est obligé aujourd’hui. Si elle est pas prête, elle participera pas, si elle est trop fragile, elle sera mise de côté. Et c’est valable pour tous les candidats qu’elle croisera. Donc les tarés, les barges et les débiles – j’entends par là vrai débiles profonds » sous entendu qu’elle ne pouvait pas gérer la connerie des gens et dieux sait qu’ils sont nombreux ceux là. « ceux là, c’est next direct. » elle s’arrêta pour le moment, marquant une pose, espérant avoir répondu aux questionnements de Dimitri. « Partez du principe qu’elle part en colonie. Grosse villa, vacances payées tout frais compris. Il y a des caméras, c’est le petit plus. Elle va s’amuser et pouvoir se défouler pendant plusieurs semaines et tout ça en espérant trouver l’amour. C’est un peu le but de tous les célibataires qui partent en vacances. L’amour de vacances ! » |
| | | | (#)Dim 8 Déc 2019 - 21:18 | |
| S'il ne savait pas exactement à quoi il s'attendait ni qui il s'attendait à trouver lorsqu'il avait rejoint May Glitters pour une rencontre déterminante, Dimitri ressentit comme un soulagement au moment où la silhouette de la chasseuse de têtes avança dans sa direction et qu'elle lui parut non seulement tout à fait respectable mais aussi pleine d'une assurance qu'il trouva rassurante. Il ne s'attendait pas à ce que la première impression que lui ferait cette femme ait tant d'importance à ses yeux, et dieu sait qu'il avait toujours détesté arrêter son jugement sur quelqu'un aussi vite, mais il dut reconnaître que le simple fait qu'elle semble à première vue loin des clichés qu'on associait souvent au monde de la télé-réalité le mit dans d'assez bonnes dispositions dès le début de ce rendez-vous. Reconnaissant envers la jeune femme d'avoir accepté de le rencontrer malgré le caractère sordide de sa démarche, Dimitri fut également rassuré qu'elle ne semble pas lui tenir rigueur d'avoir eu besoin de cette entrevue pour poser un regard un peu moins angoissé sur toute cette histoire d'émission, et sur la manière dont sa jeune sœur semblait envisager de mettre un pied dans un univers qui leur était complètement étranger. Il avait craint, c'est vrai, que cette femme se contente de lui rire au nez en lui conseillant d'avoir une petite discussion avec sa sœur, et le fait qu'elle fasse preuve d'un certain esprit au moment de lui assurer qu'elle ne voyait pas d'inconvénient à élargir le champ de ses prérogative parvint à le dérider pour de bon. « Vous voulez dire que je suis le premier type à s'inquiéter pour la potentielle participation de sa sœur trentenaire ? Je peux pas vous croire. » Il plaisanta à son tour dans un léger sourire, peut être pour se moquer un peu de lui-même. Bien sûr que la femme en fasse de lui ne devait pas faire ça tous les jours, ou seulement pour des filles tout juste majeures dont les parents étaient protecteurs, et Dimitri lui devait d'autant plus de reconnaissance qu'elle ait accepté. « Certainement un peu des trois, même si risible aurait sûrement fait l'affaire aussi. » Nouvelle tentative d'humour peut être, ou preuve qu'il avait encore besoin de se détendre et qu'il tentait pour ça d'alléger l'atmosphère, Dimitri lui devait en tout cas de dédramatiser et c'est ce qu'il tentait de faire. « Plus sérieusement, j'ai conscience qu'à première vue ça peut facilement laisser penser que je suis le genre de frère collant et surprotecteur dont ma sœur aurait tout intérêt à s'éloigner si elle veut vivre en toute indépendance, mais c'est simplement... » Il chercha ses mots l'espace d'une seconde, avant de relever son regard vers le sien. « Disons qu'on vit depuis des années avec l'idée que notre père disparaîtra sans doute dans un futur plus proche que ce qu'on espérait, et tout ça c'est ma manière de m'assurer qu'il y aura toujours quelqu'un pour veiller sur elle. » Peut être bien qu'il donnait l'impression d'en faire trop, qu'avoir besoin de prendre ce genre de précautions prouvait surtout qu'il n'avait jamais vraiment cessé de voir Lena comme la gamine dont il prenait soin étant jeune, mais Dimitri était comme ça, du genre à aimer sans concession même quand on aimerait bien qu'il se détache un peu plus. Parce que ce qu'il ne pouvait pas mettre complètement de coté, c'était le tempérament naïf d'Elena, et le nombre de fois où elle s'était embarquée dans des situations impossibles juste parce qu'elle avait bon cœur ou parce qu'elle ne voyait pas le danger. C'était pourtant une question de bon sens au fond et Dimitri en avait conscience, la télé-réalité était sûrement un univers très contrôlé où on veillait à ce personne ne soit ni broyé ni abandonné à son sort. Alors, lorsque May ouvrit sous ses yeux l'encyclopédie de ce monde qui lui était encore méconnu et qui quelque part était aussi fascinant qu'effrayant, c'est une oreille attentive qu'il prêta à son récit. Rien que de l'écouter, rien que d'entendre le nombre de précisions qu'elle était capable d'apporter pour lui prouver qu'il n'y avait rien à craindre, ça tendait déjà quelque part à apaiser son inquiétude. Peut être parce qu'en plus de savoir manifestement très bien de quoi elle parlait, elle lui semblait parfaitement honnête. « Vous voulez dire que vous sauriez déceler en un entretien psychologique si ma sœur n'est pas trop fragile pour ce genre d'univers ? » Si elle le lui assurait, alors il n'aurait aucune raison de ne pas la croire et certainement encore moins maintenant qu'elle avait fait preuve d'une transparence totale, qu'il appréciait. « J'ai simplement besoin d'être sûr qu'on ne la traiterait pas seulement comme une potentielle poule aux œufs d'or, mais comme quelqu'un qui n'a aucune idée d'où elle mettrait les pieds. » Ça lui tenait à cœur, de s'assurer qu'on prendrait le temps d'étudier la personnalité d'Elena sous tous les aspects qui pourraient mériter d'être étudiés et qu'on ne la laisserait jamais partir où que ce soit s'il devait y avoir le moindre doute sur sa capacité à le supporter. Dimitri ne connaissait peut être pas très bien le milieu de la télé, mais il avait déjà entendu parler de ces candidats qui avaient mal supporté la pression ou le retour à la réalité, et c'était l'une de ses angoisses, que sa sœur soit trop tendre pour ça. « Vous dites que les profils les plus dérangeants sont écartés, et je vous crois sur parole. Mais ces émissions en elles-mêmes, est-ce qu'elles ne sont pas oppressantes ? Est-ce que vivre en étant filmé au quotidien est vraiment si anodin que ça ? » Parce que forcément, à l'entendre parler de grosse villa et de vacances tous frais payés, ça avait plutôt des airs de carte postale, et l'espace d'une minute Dimitri aurait pu fermer les yeux et imaginer Elena dans ce cadre-là, s'amuser comme elle en avait bien le droit après tout. Seulement, est-ce que l'envers du décor était aussi paradisiaque ? « Vous comprenez, à vous entendre ça paraît presque trop beau. » Il souffla dans un nouveau sourire, et parce qu'il appréciait qu'ils puissent se parler tout à fait honnêtement, comme deux personnes qui finalement dans cette histoire avaient les mêmes intérêts. Sa remarque au sujet des amours de vacances lui inspira une nouvelle question. « Vous pensez vraiment que c'est possible ? Je veux dire, de trouver l'amour à la télé quand il est déjà parfois rare de rencontrer des gens vraiment sincères dans la vie de tous les jours. » Pourtant dieu savait qu'il accordait parfois facilement sa confiance, que lui non plus quelque part ne se méfiait pas toujours autant qu'il le devrait malgré les quelques douches froides qu'il avait pu prendre. « Les gens qui font ces émissions, ils ont vraiment envie de rencontrer quelqu'un ou est-ce qu'ils viennent surtout s'amuser ? » Il lui posait la question comme si elle était dans leur tête et c'était idiot, mais de par son expérience elle en avait peut être au moins une idée. Et ce qu'il ne voulait pas, c'était que sa sœur puisse retomber dans les bras du premier Don Juan venu.
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| | | | (#)Mar 31 Déc 2019 - 14:39 | |
| L’interêt de May était de ne pas perdre trop de temps ici pour pouvoir continuer à travailler et préparer ses émissions sur lesquelles elle travaillait. Mine de rien, éplucher des candidatures ou des profils Instagram à longueur de journée, ce n’était pas de tout repos. Elle était dernièrement sur un gros coup, mariés au premier regard et elle recevait chaque jours des dizaines et des dizaines de profils à étudier, des réponses propositions d’entretiens à envoyer pour ceux qui étaient retenus et quant aux autres, ils étaient si nombreux qu’elle ne pouvait se permettre de leur répondre même avec un mail automatique disant que c’était foutu pour eux. Certains aussi avaient des profils intéressant mais ne correspondaient pas à l’émission pour laquelle ils candidataient, elle gardait leurs coordonnées dans son book au cas où elle soit en manque de candidat pour d’autres émission, mais il y a toujours des personnes en manque de reconnaissance qui sont prêt à tout pour participer à n’importe quelle télé réalité, juste pour être à l’écran et avoir un petit moment de gloire. En général, ces personnes prête à tout fond mauvaise impression, elles en font tellement des tonnes qu’elles ne sont pas forcément appréciées du grand public et ça fini en dépression. Pas question d’aborder ces sujets là avec le frère de Lena. Dimitri se montraient suffisamment inquiet pour sa sœur pour éviter les sujets fâcheux de ce style. En d’autres mots : lui dire que le monde de la télévision est très bien fait, que tout est calculé et qu’après presque 20 ans d’expérience dans les téléréalités, tout ce qui a échoué avant n’est pas près de se passer à nouveau car tout le monde a su rattrapé les erreurs du passé. « Vous voulez dire que je suis le premier type à s'inquiéter pour la potentielle participation de sa sœur trentenaire ? Je peux pas vous croire. » elle hoche la tête May Glitters. « Je dis pas que vous êtes le premier. Je suppose que tout le monde flippe pour un proche qui participer à ces émissions, mais vous êtes le premier que j’rencontre, qui demande un entretien, vous voyez. Enfin, sauf quand y a des mineurs en jeu… rappelez moi l’âge de Lena ?» et c’est bien parce que May Glitters la voulait à tout prix qu’elle avait accepter le jeu de l’entretien. Si non, elle aurait lâché l’affaire et pris quelqu’un d’autre. Mais il avoua lui-même que cette situation était risible, d’après ses mots, au moins, il en était conscient. « Plus sérieusement, j'ai conscience qu'à première vue ça peut facilement laisser penser que je suis le genre de frère collant et surprotecteur dont ma sœur aurait tout intérêt à s'éloigner si elle veut vivre en toute indépendance, mais c'est simplement... Disons qu'on vit depuis des années avec l'idée que notre père disparaîtra sans doute dans un futur plus proche que ce qu'on espérait, et tout ça c'est ma manière de m'assurer qu'il y aura toujours quelqu'un pour veiller sur elle. » Oula ! May Glitters, dans quoi tu t’es lancée ? La voilà face à un frère trop protecteur, avec la boule au ventre que sa petite sœur n’ai plus de figure paternelle ou masculine dans un monde aussi cruel que notre société moderne. Doit elle vraiment régler les problèmes non réglé de cette famille ? la crise, la peur de la disparition, qu’est ce que ça venait faire dans cette histoire de télé réalité ? Ah si, il se devait de veiller sur elle quoi qu’il arrive et en toutes circonstance et là, c’était l’occasion de lui prouver ? Ok. May Glitters, débrouille toi avec ça ! Poker face, surtout, ne pas lui montrer qu’elle n’en a rien à faire, qu’elle se moque bien de savoir si Lena a encore son père ou non – d’ailleurs, il semblerait que ce soit le cas, celui-ci toujours vivant alors pourquoi vouloir déjà prendre sa place ? hm. « C’est… touchant. Je comprends. » et si t’y mettait un peut plus du tien May ? « Vraiment Dimitri, vous tenez le rôle à la perfection. » Bon, ne demandez pas trop à May Glitters, elle est aussi mauvaise comédienne que les « talents » qu’elle recrute. Côté pratique, la Glitters expliqua de A à Z le processus de recrutement et la phase du psychologue qui en général est suffisante à calmer les esprits. Un médecin, ca crédibilise tout de suite et on remet pas en cause le positionnement d’un psychologue. « Vous voulez dire que vous sauriez déceler en un entretien psychologique si ma sœur n'est pas trop fragile pour ce genre d'univers ? » « Moi non, le psychologue oui. Ce sont des pros dans le genre. » un seul entretien ,c’était sans doute léger mais avec l’expérience, on pouvait dire qu’ils affinaient leurs entretiens pour déceler rapidement les petits indices qui montraient que quelqu’un était du mauvais côté de la ligne rouge. « J'ai simplement besoin d'être sûr qu'on ne la traiterait pas seulement comme une potentielle poule aux œufs d'or, mais comme quelqu'un qui n'a aucune idée d'où elle mettrait les pieds. » Les poules aux œufs d’or, comme il dit, ce sont en général les anciens candidats d’émission qu’on fait revenir pour attirer l’audimat et pour être sure qu’une émission prenne parce que c’est trop bien de revoir le mec qu’on a kiffé dans les princes de l’amour et qui cette fois revient pour la villa des cœurs brisés. Lena c’est pas la poule aux œufs d’or, c’est une nouvelle candidate qu’on va jeter dans la fausse aux lions et qui peut être un jour deviendra une poule, mais pas pour le moment. Chut. « Elle aura un débrief complet de ce dans quoi elle met les pieds. » complet avec quelques surprises quand même. « Vous dites que les profils les plus dérangeants sont écartés, et je vous crois sur parole. Mais ces émissions en elles-mêmes, est-ce qu'elles ne sont pas oppressantes ? Est-ce que vivre en étant filmé au quotidien est vraiment si anodin que ça ? » « Les dimanches sont off. Ils sont filmés douze heure par jours, ca leur reste douze autres heures pour être tranquille et se couper des caméras. C’est un travail et le travail, c’est pas du 7 jours sur 7 et 24h sur 24. » même si peu de gens travaillent 6 jours sur 7 et 12h par jours, mais après tout, ils sont payer à faire les cons, à aller dans des piscines et bronzer sur une plage. Ca va non ? « Vous comprenez, à vous entendre ça paraît presque trop beau. » c’est le monde de la télé, du business et des paillettes, oui, c’est trop beau mais c’est normal. « Vous pensez vraiment que c'est possible ? Je veux dire, de trouver l'amour à la télé quand il est déjà parfois rare de rencontrer des gens vraiment sincères dans la vie de tous les jours. Les gens qui font ces émissions, ils ont vraiment envie de rencontrer quelqu'un ou est-ce qu'ils viennent surtout s'amuser ? » Ok inspecteur Derrick. May va jouer carte sur table. « Ils viennent pour s’amuser et je suis sure que votre sœur sait parfaitement qu’elle a une chance sur cent de trouver l’amour véritable dans cette émission. » comme tous ceux qui y participent. « Ca doit être compliqué d’être dans votre tête, vous vous posez autant de question pour chacun des choix que vous devez faire dans votre vie ? Ou plutôt, pour chaque choix que votre sœur doit faire ? »
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| | | | (#)Mar 28 Jan 2020 - 19:10 | |
| Dimitri n'avait jamais aimé déranger, s'imposer, faire perdre son temps aux autres quand lui-même était bien placé pour savoir que les journées de vingt-quatre heures gagneraient à être rallongées. Alors face au regard légèrement perplexe de son interlocutrice, il ne pouvait s'empêcher de se reprocher d'avoir laissé parler son inquiétude de frère au point de tenir la jambe à une femme qui certainement avait mieux à faire que de répondre aux interrogations d'un type qui réagissait comme si sa sœur était encore en âge d'être privée de sortie. Il s'en rendait compte, Dimitri, que ce n'était plus à lui de s'inquiéter pour les décisions que Lena était susceptible de prendre et qu'elle était aujourd'hui assez grande pour en gérer seule les conséquences, mais avec elle il n'avait jamais totalement accepté l'idée qu'elle ait grandi, peut être parce que certains jours il croirait pouvoir tendre la main et toucher du doigt les années où elle et lui étaient plongés en pleine insouciance, loin de ce qui faisait leur vie aujourd'hui. Ou peut être parce que les récents événements et plus particulièrement l'arrivée de sa fille dans sa vie faisait ressortir cet instinct protecteur qu'il avait toujours eu pour les femmes de son entourage. Pour ses sœurs, pour sa mère, pour Tamsin et celles qui avaient compté. Un jour, peut être aurait-il à prendre une décision qui éviterait à Soraya de souffrir, ou bien d'être déçue, car peut être occuperait-il la place qu'il espérait prendre aujourd'hui dans sa vie. Et ça, il y pensait forcément quand il parlait de sa petite sœur comme de quelqu'un à protéger d'un monde qui en soi lui était complètement inconnu. Peut être était-ce sa fille, tout compte fait, qu'il craignait un jour de voir emprunter des sentiers qui lui faisaient peur. « Son âge véritable ou celui qu'elle aura toujours un peu à mes yeux ? » Il ironisa, dans un demi-sourire, en comprenant où May voulait en venir et qu'il n'était clairement pas habituel qu'un type demande un entretien pour une femme de trente ans, même si elle était sa sœur et même s'il le faisait dans son intérêt à elle. Dans le sien aussi, peut être bien. « Ça vous fera au moins une anecdote cocasse à raconter à vos collègues la prochaine fois que vous les verrez. Je suis sûr que l'histoire du type venu protéger sa sœur trentenaire les fera bien rire. » Il ne pourrait pas les en blâmer, d'un point de vue extérieur c'était sûrement tentant de le prendre pour un illuminé, un peureux invétéré ou un frère qui prenait un peu trop à cœur son rôle d’aîné. On disait bien qu'il fallait se trouver au cœur d'une famille pour en comprendre la dynamique, et il est vrai qu'au sein de la sienne il avait très tôt endossé des responsabilités et peu à peu remplacé son père dans ce qui avait fait toute sa vie. Quand il avait repris le stand, marché sur ses pas en traînant derrière lui des décennies de traditions familiales, Dimitri s'était senti investi d'une mission beaucoup plus grande encore. Seul garçon de sa fratrie, il s'était assuré que ses sœurs puissent choisir la voie qui leur correspondait sans s'inquiéter du reste, et pour elles chaque sacrifice en avait valu la peine. L'état de santé de leur père, lui, était aussi naturellement dans un coin de sa tête quand il posait les yeux sur Lena pour constater que ses futurs enfants ne profiteraient peut être que quelques années de leur grand-père. Ajouté aux décisions parfois risquées qu'elle avait pu prendre par le passé, c'était une autre source d'inquiétude pour son frère. Tout ça, cependant, devait faire une belle jambe à May dont il devinait sans mal qu'elle se retrouvait quelques peu démunie face à toutes ces confidences. Après tout, son but à elle, c'était avant tout de recruter pour son émission. « Eh bien, si jamais vous cherchez quelqu'un pour camper celui du frère surprotecteur qui débarque un matin dans l'émission pour casser l'ambiance... » Il laissa entendre dans un haussement d'épaules évocateur, gardant le silence une minute pour réaliser que sur un malentendu, on pourrait le prendre au sérieux. « Je plaisante, évidemment. » Précisa-t-il, dans un sourire nerveux, et histoire qu'elle n'aille pas penser qu'en fin de compte c'était un truc de famille, de loucher sur le monde de la télé. Des années en arrière il aurait peut être jugé l'expérience amusante, mais aujourd'hui il avait rejoint le camp de la raison et ne pouvait plus mener la même vie qu'à l'époque. Entendre de la bouche d'une professionnelle le fonctionnement du processus de recrutement de ce genre d'émissions avait en tout cas quelque chose de rassurant, et sans complètement dissiper les craintes de Dimitri ça avait au moins le mérite de lui faire voir les choses d'un point de vue plus éclairé. « Je dois avouer que ça me rassure. Et pas juste la partie où vous m'assurez qu'ils sont pros. » L'existence de ces entretiens psychologiques était loin d'être un détail quand comme lui on découvrait ce milieu à travers le regard d'une femme qui après tout avait tout intérêt à lui dire ce qu'il avait envie d'entendre. Dimitri en avait conscience, c'était aussi son métier et May savait quelles cartes jouer pour lui faire voir les bons cotés de l'expérience plutôt que les mauvais, mais jusqu'ici elle lui semblait honnête, en plus de maîtriser son sujet au point qu'aucune de ses questions ne semble pouvoir la désarçonner. Alors il hocha la tête, enregistrant un maximum d'informations pour y repenser à tête reposée et cherchant à balayer chaque point d'interrogation ou source d'inquiétude qui pouvait subsister dans son esprit. Ce qui l'inquiétait, en l’occurrence, c'était de savoir si la vie sous l’œil des caméras était si anodine qu'elle semblait le dire, ou s'il n'y avait pas quelque chose d'oppressant à se se savoir épié en permanence quand on n'y était pas habitué. « Douze heures qui ne correspondent j'imagine qu'aux moments où ils sont réveillés, ou bien il peut arriver qu'ils soient filmés la nuit ? Est-ce que ces créneaux peuvent changer d'un jour à l'autre ? » Parce que dans le cas où les candidats de l'émission seraient filmés douze heures par jour en dehors de leur temps de sommeil, ça ne laissait plus tant de temps que ça pour décompresser sur le reste de la journée. D'un autre coté, ça semblait aussi peu de contraintes pour être payés à vivre dans un cadre paradisiaque, il en avait conscience et ne remettait pas ça en doute. Comme il se doutait au fond que ceux qui partaient faire ce genre d'émissions n'avaient que peu souvent l'intention d'y rencontrer l'amour, et ça ne semblait pas si illogique quand on imaginait que tout ça était surtout du spectacle, comme un contrat tacite entre le candidat et la production pour que l'issue profite à chaque partie. De l'argent, des paillettes, probablement du drame et juste assez de sentiments pour faire fondre le cœur de quelques gamines devant leur écran, c'était au fond de ça dont il était sûrement question. « J'en suis pas si certain en ce qui concerne Lena, en réalité. Ma sœur est souvent partie en quête du grand amour, c'est un peu une idéaliste née. Votre intérêt pour son profil vient peut être d'ailleurs en partie de là, si vous l'avez cernée. » Pour une émission comme celle-ci, il fallait sûrement tous les profils et autant d'âmes romantiques que de cœurs de pierre, et concernant Lena c'était vite vu. Touchant du doigt le sujet qui l'intéressait au fond le plus, Dimitri eut un demi-sourire, puis hocha la tête. « Je me fais toujours beaucoup plus de soucis pour les autres que je m'inquiète de mes propres décisions, si c'est votre question. Mais je cogite beaucoup, c'est vrai. » Il concéda, à peu près sûr qu'elle verrait qu'il n'était pas susceptible, peut être parce qu'il comprenait qu'ici chacun ait des intérêts à défendre. « Je sais que vous auriez préféré que Lena n'ait pas de grand-frère pour veiller au grain et vous harceler de questions, et vous vous doutez que j'aurais préféré qu'elle veuille faire n'importe quoi plutôt que de la télé, alors... puisqu'on doit s'en accommoder, peut être qu'on pourrait le faire en commandant ? » Il montrait par là sa bonne foi, prêt à lui reconnaître qu'elle avait déjà apaisé plusieurs de ses craintes et que pour ça il lui devait de faire des efforts de son coté.
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| | | | (#)Ven 21 Fév 2020 - 12:47 | |
| « Son âge véritable ou celui qu'elle aura toujours un peu à mes yeux ? » Oui, May avait bien saisi qu’il y avait une différence de perception entre la réalité et ce qu’il avait toujours en tête, le grand frère protecteur. Même s’il semble avoir compris où elle voulait en venir, il avait encore du chemin à faire pour comprendre qu’effectivement, Lena n’avait peut être plus besoin de l’approbation de son frère pour ses moindres faits et gestes et que, pour ce cas là, si elle voulait participer à une émission de télé réalité, elle se moquait peut être bien de savoir si Dimitri Horowitz était consentant. Bien que la démarche était mignonne, c’était aussi peut être étouffant pour la demoiselle d’avoir un frère sur son dos ainsi. Mais puisque May avait accepté ce rendez-vous, elle allait faire en sorte de ne plus avoir de frangin collant sur le dos jusqu’à la fin de l’aventure et pour se faire, il fallait le rassurer. Même si là encore, c’était pas gagné. « Ça vous fera au moins une anecdote cocasse à raconter à vos collègues la prochaine fois que vous les verrez. Je suis sûr que l'histoire du type venu protéger sa sœur trentenaire les fera bien rire. » Rire ou pleurer, à choisir. « J’y manquerai pas, mais je pense que la plupart risque aussi d’avoir un peu de peine pour vous. » Pas de place pour la compassion dans ce milieu, du moins, pas pour ce cas de figure. « Ecoutez, Dimitri. C’est rassurant de se dire qu’il y a encore de la solidarité familiale en 2019 et qu’il est encore possible de compter sur les grands frères, mais est ce que votre sœur est au courant de cette petite entrevue ? » et comment le prendrait-elle si c’était le cas ? Et le voilà ensuite qui, en plaisantant se propose de débarquer en pleine émission pour jouer au frère trop protecteur. Les lèvres de May s’étirent avec cette vision en tête, il se pourrait bien que sa proposition non sérieuse devienne une vraie proposition pour May. « Je note, j’ai vos coordonnées maintenant, moyennant rémunération, bien sûr. » et souvent, l’argent était un très bon argument pour convaincre les plus réfractaires, d’autant plus lorsqu’ils sont dans la galère. Personne ne serait contre arrondir ses fins de mois pour un passage de moins d’une journée dans une émission de ce genre. « Les publicités rapportent beaucoup aux chaines… » sous entendu, du fric, il y en a ! et tout à coup, le défaut de Dimitri se transforme en un avantage pour la production et pour lui, peut être. En tout cas, ca resterait dans un coin de la tête de Miss Glitters. May se montrait ensuite rassurante en tentant d’expliquer le processus du suivi psychologique, bien qu’il n’était pas toujours respecté à la lettre mais il avait au moins l’honneur d’exister. Il y avait eu bien trop d’incident avec les tout premiers candidats des premières télé réalité pour que ce ne soit pas pris au sérieux et bien encadré à présent. Car malheureusement, ces personnes là étaient un genre de candidat O, prototypes et lâchés comme des lions en cage vers une jungle inconnue et rempli de pièges invisibles dont ont avait aucun recule pour savoir comment ils allaient pouvoir évoluer ensuite. Maintenant, plus d’excuses ! « Je dois avouer que ça me rassure. Et pas juste la partie où vous m'assurez qu'ils sont pros. » May devrait sans doute commencer par là à chaque fois qu’elle avait besoin de rassurer quelqu’un, elle prend note. Elle poursuit en expliquant que les candidats n’étaient pas filmé 24/24 et qu’ils avaient droit à leurs moment d’intimité. C’était encadré par le droit du travail également, les candidats considéré comme des salariés ne pouvaient pas ‘travailler’ sans relâche. « Douze heures qui ne correspondent j'imagine qu'aux moments où ils sont réveillés, ou bien il peut arriver qu'ils soient filmés la nuit ? Est-ce que ces créneaux peuvent changer d'un jour à l'autre ? » May n’en revient pas de la précision des questions du grand frère. « Tout est dans le contrat. » qu’elle se contente de répondre, ayant bien conscience que ce ne serait sans doute pas suffisant pour faire baisser la tension du jeune homme. « Rarement filmés la nuit. » qu’elle ajoute pour donner une précision complémentaire. « Si vous vous demandez si les scènes de sexes seront filmées, nous n’avons pas l’autorisation de les diffuser à l’antenne, de toutes façons. Si non, on pourrait être accusé d’exhibitionnisme et personne ne veut ça. Donc, non, vous n’aurez pas le loisir de voir votre sœur en plein ébat à la télévision. » les choses étaient dites et sans détour avec May. « J'en suis pas si certain en ce qui concerne Lena, en réalité. Ma sœur est souvent partie en quête du grand amour, c'est un peu une idéaliste née. Votre intérêt pour son profil vient peut être d'ailleurs en partie de là, si vous l'avez cernée. » un peu de larme à l’écran n’a jamais tué personne non plus, les candidats s’en remettent toujours et si les émotions sont dupliquée lors de ces aventures, du fait de tout un tas de facteur, avec le recul ensuite, chacun reprend conscience de la réalité, que tout ça n’était finalement que superficiel. « Je me fais toujours beaucoup plus de soucis pour les autres que je m'inquiète de mes propres décisions, si c'est votre question. Mais je cogite beaucoup, c'est vrai. » May ne l’aurait pas deviné tien. Elle s’en amusa d’ailleurs, laissant échapper un petit rictus de ses lèvres. « J’avais bien saisi ça depuis le début. » espérant qu’elle ne le froisse pas avec sa réaction. « Je sais que vous auriez préféré que Lena n'ait pas de grand-frère pour veiller au grain et vous harceler de questions, et vous vous doutez que j'aurais préféré qu'elle veuille faire n'importe quoi plutôt que de la télé, alors... puisqu'on doit s'en accommoder, peut être qu'on pourrait le faire en commandant ? » elle hoche la tête. « Bonne décision. » agrippant la carte, elle savait sans doute déjà ce qu’elle allait commander en réalité. « Vous n’avez jamais été attiré par ce monde là ? » qu’elle s’interroge bien qu’elle se doute déjà de la réponse.
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| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 20:28 | |
| Dimitri hocha lentement la tête à la remarque de May, qui sans nul doute savait mieux que lui ce que les gens de la télé se racontaient lorsqu'ils déjeunaient ensemble et que l'une d'eux partageait sa mésaventure avec le frère collant et surprotecteur d'une future candidate. Et il ne pouvait pas non plus prétendre que ça avait beaucoup d'importance à ses yeux que des inconnus qui ignoraient tout de ses relations avec sa sœur puissent potentiellement le trouver pathétique. Aujourd'hui on n'avait plus besoin de connaître pour juger, la télévision était finalement le miroir d'une société que pour le coup il trouvait vraiment à pleurer, et Dimitri ne ressentait pas le besoin de convertir à sa cause la première personne qui passait par là. Que May ait tous les éléments pour comprendre qu'il puisse se faire du souci pour sa sœur, c'était son seul objectif. « Je devrais pouvoir le supporter. » Et que ça amuse ou scandalise, ce n'était pas vraiment la première de ses préoccupations contrairement au bien être d'Elena. Et il comprenait que May puisse se demander si celle-ci avait été mise au courant de son intention de s'entretenir avec elle, comme il comprenait que dans le cas contraire elle soupçonne sa sœur de ne pas raffoler de l'idée que son frère aîné parte enquêter dans son dos. « Non, enfin, Elena sait que je me fais du souci et que je vois pas d'un très bon œil qu'elle ait été approchée par une chasseuse de tête pour la télé. Mais je crois pas que ce soit ce qu'elle s'est imaginée quand je lui ai dit que j'essaierai de me renseigner. » Il confessa, dans un demi-sourire, pas nécessairement honteux de faire ce qu'il fallait pour s'assurer que sa sœur ne mettait pas les pieds dans un monde trop gourmand ou trop cruel pour elle, mais pas nécessairement fier non plus. C'était simplement nécessaire à ses yeux, de continuer à veiller sur elle, même si elle avait largement l'âge de prendre ses propres décisions et d'en assumer les conséquences. Il savait tout ça, Dimitri, simplement on n'était pas l’aîné juste à court terme, jusqu'à l'âge où nos sœurs devenaient des adultes. On l'était pour toute la vie et c'est précisément parce qu'il le percevait ainsi qu'il voudrait toujours la protéger. Quant à l'idée de faire une apparition remarquée dans son propre rôle, elle avait le mérite de les dérider tous les deux. « Remarquez, c'est vrai qu'on a vu des boulots plus pénibles. » Il nota dans un rire, prenant une seconde pour s'imaginer dans ce petit monde un brin sulfureux. Définitivement, ça n'était plus pour lui, encore moins alors qu'aujourd'hui il était père et potentiellement sur une pente plus raisonnable de sa vie. May, elle, ne passa par quatre chemins pour lui coller sous le nez une éventualité qu'il n'était pas sûr d'avoir très envie de considérer maintenant. Elle était franche, sans aucun doute, et il aurait sûrement apprécié ce trait de sa personnalité s'il n'avait pas été question de sa sœur. « C'est... pas vraiment à ce genre de scènes que je pensais, mais merci, je dois dire que l'image de ma sœur au lit avec un type qu'elle connaît depuis à peine quelques jours, c'est exactement ce dont j'avais besoin pour me rassurer. » Difficile de ravaler la grimace qui déforma aussitôt ses traits, Dimitri avait sorti Elena d'assez de galères avec assez de garçons pas toujours fréquentables pour souhaiter moins encore que tout le reste que sa sœur s'entiche du cliché du candidat de télé-réalité qui saute sur tout ce qui bouge. « En réalité, je connais bien ma sœur et je doute qu'Elena vous offre ce genre de séquences. Mais c'est toujours bien de savoir qu'ils ont droit à leur intimité même là-dedans. » Oui, disons que ça l'aidait à peu près à relativiser de savoir que dans le pire des cas-là, ni lui, ni leurs parents ni personne ne verrait ce genre d'images. Le monde de la télé restait obscur pour un type comme lui, alors les réponses franches et détaillées de la jeune femme l'aidaient à s'en faire une idée plus précise. Un peu plus rassurante aussi, dans l'ensemble, et bien qu'il ait saisi qu'elle portait un regard assez critique sur sa démarche vis à vis de sa sœur, il appréciait que ça ne l'empêche pas de rester objective et professionnelle. « Non, pas vraiment. C'est plutôt aux antipodes de ce qui m'intéresse, même si à une époque ça m'aurait peut être amusé d'être payé à prendre du bon temps. Mais j'imagine que la plupart de vos candidats voient ça comme une expérience eux aussi, pour profiter de leur jeunesse. » Il n'en savait trop rien mais ça n'aurait rien de surprenant que des jeunes gens dans la vingtaine aient envie de s'amuser avant d'entrer dans la vie active avec toutes les responsabilités que ça impliquait. Il avait été jeune aussi, et à l'époque il ne pensait qu'à faire la fête, sortir, rencontrer des filles et ça ne s'était pas toujours très bien terminé pour lui. Mais il avait mûri, avait nourri d'autres envies, fait d'autres projets, même si la vie qu'il avait aujourd'hui il la devait aussi à une série d’événements inopinés. « Mais j'apprécie que vous ayez pris le temps de répondre à mes questions, je devine que vous êtes bien assez occupée comme ça, alors je vous en suis reconnaissant. » Rien n'obligeait May au départ à accepter ce rendez-vous ni à subir cet interrogatoire de la part d'un frère un peu surprotecteur et c'était rassurant qu'elle n'ait fait aucun mystère ni autour du jeu, ni autour du reste. « Pour ce qui est d'Elena, j'imagine que la décision lui appartient autant qu'à vous maintenant. Mais j'irai pas lui dire de fuir dans la direction opposée, si ça peut vous rassurer. » Parce qu'il y voyait plus clair, qu'il appréciait la transparence de May et parce que même si ça ne sautait peut être pas aux yeux, il avait envie qu'Elena soit libre de choisir quelle voie elle voulait emprunter, parce que rien n'était plus important pour lui que son bonheur. Elena s'était toujours beaucoup cherchée, il n'irait pas dire que l'idée de la savoir dans une émission le faisait sauter au plafond, mais il n'irait pas la dissuader si c'était ce qu'elle voulait.
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| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 16:58 | |
| Dimitri était donc entré en contact avec May, par le biais de réseaux sociaux sans s’en être référé à la sœur, première personne concernée. May s’en satisfaisait un peu, il n’était pas le frère si parfait dont elle aurait pu penser, car un frère transparent en aurait surement informé sa sœur. Même si ca partait d’une bonne intention, il ne se rendait peut être pas compte qu’il infantilisait sa sœur en faisant ça et qu’il la rendait peut être plus vulnérable qu’elle ne l’était. May imaginait déjà Héléna comme une jeune femme fragile et qui avait besoin de protection, sans doute un peu naïve, en soit, le type de profil qu’elle voulait absolument dans son émission, et sans le savoir, Dimitri rendait aussi la tâche un peu plus facile. Niveau transparence, May faisait aussi du tri dans ses informations, mais puisque Dimitri posait la question de l’intimité, des heures où les caméras tournent, elle lui offrait une réponse qu’il n’attendait peut être pas, mais ca l’amusait d’aborder le sujet du sexe en particulier. Histoire de faire rougir le frangin un peu plus. « C'est... pas vraiment à ce genre de scènes que je pensais, mais merci, je dois dire que l'image de ma sœur au lit avec un type qu'elle connaît depuis à peine quelques jours, c'est exactement ce dont j'avais besoin pour me rassurer. » et la réaction attendu arriva. Ca faisait sourire May. « Tout est décuplé dans ce genre d’aventure, le fait de n’avoir aucun contact avec l’exterieur… les notions spatio-temporelles s’envolent, on connait quelqu’un depuis trois jours, on a l’impression que ça fait trois semaines, et ainsi de suite. Et en réalité, émission ou pas, je suis sûre que votre sœur a déjà flirté avec des inconnus. Caméra ou non. » qu’il arrête de la penser frêle et pure sa petite Helena. Si elle avait du vice – si on peut appeler ça du vice – elle n’attendrait pas l’émission pour le mettre à l’œuvre. On peut dire que le huit clos n’était qu’un amplificateur de personnalité. Les pleureuses pleurent encore plus, les râleurs râlent encore plus et ainsi de suite. « En réalité, je connais bien ma sœur et je doute qu'Elena vous offre ce genre de séquences. Mais c'est toujours bien de savoir qu'ils ont droit à leur intimité même là-dedans. » bon et bien il avait la réponse à sa question, tout est bien qui fini bien. May, en plein dans son rôle de recruteur, tâtonnait à savoir si Dimitri serait quant à lui intéressé, même si elle avait déjà la réponse : c’était un non et ça semblait être un non ferme et non négociable. Elle ne chercherait pas à l’en faire changer d’avis, elle savait que ce serait peine perdu. « Mais j'apprécie que vous ayez pris le temps de répondre à mes questions, je devine que vous êtes bien assez occupée comme ça, alors je vous en suis reconnaissant. » May savait se rendre disponible quand elle avait espoir en une personnalité, c’était le cas pour Helena. Alors venir boire un verre pour papoter avec le grand frère n’était pas un problème, ca faisait partie du métier. « Pour ce qui est d'Elena, j'imagine que la décision lui appartient autant qu'à vous maintenant. Mais j'irai pas lui dire de fuir dans la direction opposée, si ça peut vous rassurer. » et May se contenterait de ça pour cloturer cette rencontre. « Je vous en remercie. » répondit-elle pour être polie alors qu’elle trouvait ça juste normal que la décision revienne entièrement à Helena sans interférence. « Je vais aller payer, ne vous en faite pas, c’est une note de frai. J’ai pas l’impression que vous en sortez totalement rassuré, mais vous avez fait un pas en avant, je vous en remercie. » et là c’est sincère, même s’il s’était montré contre ce principe d’émission, il n’en ressortait pas avec un avis tranché et avait pris la peine d’écouter les réponses de May sans s’offusquer. « Bonne fin de journée Dimitri. » elle récupéra ses affaires, alla vers la caisse et quitta les lieux.
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