| heaven belongs to you ▲ lizzie & ginny |
| | (#)Ven 8 Nov 2019 - 19:13 | |
| Et c’était étrange de revenir ici, avec elle. C’était étrange, mais c’était doux, marrant presque. Fût un temps, c’était notre cachette à Lizzie et moi. On y venait pour fuir des tas de trucs, toutes les raisons étaient bonnes – ou moins bonnes, selon les gens à qui on cachait notre disparition momentanée.
C’était pas compliqué, pourtant, qu’on ait besoin de s’isoler toutes les deux. Parfois, on ne disait aucun mot ni l’une ni l’autre. On ne parlait pas, on était juste là, ensemble. Elle dans sa tête, moi dans la mienne. Mon carnet jamais bien loin que je gribouillais de traits incertains, de couleurs qui l’étaient toutes autant. C’est ici où j’ai montré pour la première fois mes croquis à quelqu’un sans lui voler mon cahier à la seconde où je l’avais posé entre ses mains. C’est ici où je lui ai dit que j’étais terrifiée à l’idée d’appliquer pour entrer à l’Académie, même Académie où j’étais terrifiée d’être refusée une semaine après avoir enfin envoyé mon formulaire d'inscription. C’est ici où je lui ai dit que j’étais tombée amoureuse pour vrai de vrai, où elle s’était doucement moquée, ma timidité légendaire ayant suggéré que je serais restée dans mes rêves et dans mes idéaux bien plus longtemps que cela. C’est ici où je lui ait dit qu’Ezra et moi on s’était dit qu’on s’aimait pour la première fois – c’est ici aussi où je lui ai fait mes adieux, Brisbane devenant Londres quelques jours après.
Et pourtant, malgré le bagage chargé en souvenirs de l’endroit, j’ai le cœur léger lorsque j’arrive, lorsque je laisse mon vélo à l’espace prévu à cet effet, lorsque mes pas me guident le plus naturellement du monde vers la silhouette de Lizzie que je repère déjà un peu plus loin. Dans la main gauche, j’ai un sac de carton comportant tous nos essentiels préférés à boire et à manger, et de la main droite, je me reprends à de nombreuses reprises pour ne pas me retrouver tête la première dans le fleuve. Notre petit espace sous les arbres est libre, la ville est illuminée tout devant à l'horizon et le bruit des vagues a toujours eu ce côté rassurant pour moi, nous.
« J’ai même pas fait exprès, mais je pense que le t-shirt que je porte date d’aussi longtemps que notre amitié. » et j’éclate de rire quand elle me voit enfin arriver, la vieillerie qui est encore en assez correct état pour que je l’exhibe sur ma silhouette quasi inchangée, gamine de toujours.
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| | | | (#)Sam 9 Nov 2019 - 1:23 | |
| C’est un petit cocon qui finissait toujours par manquer à Lizzie, même à des milliers de kilomètres de Brisbane. A savoir si c’est plus l’endroit qui la rendait mélancolique ou l’amie qu’elle y rejoint sans cesse ou (surtout) les souvenirs qu’elles ont partagés ici (et qu’elle chérit comme des petits trésors), il n’y a pas vraiment à se poser la question. Parait-il que l’on se sent à la maison là où les gens qu’on aime se trouvent. Et Ginny, c’est la maison, c’est l’enfance, c’est les goûters avec Castor et Nounours, des rigolades nocturnes en s’empiffrant de bonbons derrière le dos de leurs parents. C’est deux paires de chaussettes achetées, l’une avec des petits motifs de licornes et d’arc en ciel, et l’autre de nuages et de donuts (ne cherchez pas à comprendre le rapport) séparés en deux et que Lizzie porte dépareillé fièrement. Si certains exhibent leur amitié avec des colliers, elles ont jeté leur dévolu sur des chaussettes. Parce qu’elles sont comme ça et que la normalité peut être ennuyante parfois. Ginny a été un point d’ancrage toute son enfance et cela, même malgré la rupture de sa scolarité à l’âge de huit ans. Maman Potter n’a jamais voulu que sa fille n’oublie aussi facilement une McGrath et pour une fois, Lizzie lui en a été reconnaissante. Seul point d’accord avec sa mère, Ginny a toujours été la bienvenue à la maison. Et pourtant, là où elles se réfugiaient n’a jamais été vraiment dans leurs demeures respectives. Bien trop commun et les murs bloquent leur imagination. Elles ont besoin d’espace, de liberté, de laisser courir leurs idées pour bâtir un monde meilleur sans que du ciment ne les emprisonnent.
Alors quand elles se sont données rendez-vous ce soir-là ‘tu sais où’, Elizabeth n’a pas mis très longtemps pour sourire et sauter dans sa voiture en lâchant à sa colocataire un simple ‘je sors’ sans plus d’explication. La jeune femme apprécie Ginny parce qu’elle a l’air de toujours la comprendre sans avoir besoin d’expliquer. Et puis, Ginny a cet instinct artistique aussi, quelque chose qui fascine et qu’elle admire, Lizzie. Parce que son amie peut mettre sur papier ce qu’elle voit, ce qu’elle imagine et c’est quelque chose d’unique de pouvoir faire ça. ‘Un talent inné qui serait bête de ne pas faire profiter le monde’ qu’elle lui avait dit quand elle lui avait parlé de l’Academy. Lizzie n’a jamais fait d’études après le lycée. Elle aurait pu – elle aurait peut-être dû. Mais non, elle a préféré voyager, surtout que Ginny s’est envolée la même année où elle était en pleine interrogation pour son avenir. Est-ce qu’il y a eu un effet de cause ? Peut-être que oui, peut-être que non.
« J’ai même pas fait exprès, mais je pense que le t-shirt que je porte date d’aussi longtemps que notre amitié. » Le joint entre les dents, le regard contemplant la ville devant elle, Lizzie se retourne en souriant vers Ginny, son rire clinquant dans ses oreilles d’une façon mélodieuse. « J’ai mis nos belles chaussettes pour te faire honneur. Totalement fait exprès. » répond-t-elle en montrant les chaussettes dépassant de ses chaussures, visibles puisqu’elle porte une robe, avant de rire légèrement à son tour et de prendre la jolie brunette dans ses bras. Parce qu’on ne peut pas être amie avec Lizzie et ne pas supporter ses câlins. C’est écrit dans le contrat de l’amitié, quelque part entre des gâteaux à moitié cramés et des gifs stupides (mais mignons) par message. « Au moins, ça prouve que t’as toujours ta taille de gamine. Je pourrai te faire des couettes, si tu veux. Ou des tresses avec plein de fleurs. » Comme quand elles étaient gamines et que leurs mères finissaient par les disputer de mettre des fleurs sauvages publiques dans leurs cheveux – et pas pour une protection certaine de l’environnement mais juste parce que c’est dégoûtant. Mais maintenant, elles sont grandes et elles peuvent même se rouler par terre entièrement, il n’y aura personne pour les disputer. Lizzie fourre de nouveau son rouleau dans sa bouche pour en tirer une nouvelle taffe tout en s’asseyant dans l’herbe, à côté de son appareil qui trône fièrement. « J’ai essayé de faire des cookies pastèque mais j’ai encore visé trop haut dans mes talents culinaires. » Et elle fait une moue triste parce qu’elle reste un cas désespéré, qu’importe le cœur et l’énergie qu’elle y met.
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| | | | (#)Mar 12 Nov 2019 - 18:49 | |
| Et elle est adorable Lizzie, elle sourit tellement que c’est impossible d’en faire autrement. Sa silhouette qui se distingue à travers l’horizon, et c’est un aller simple vers memory lane quand j’arrive finalement à sa hauteur. Malgré les années, malgré les milliers de kilomètres entre nous, malgré tout, on avait toujours su se retrouver, on avait toujours su être là l’une pour l’autre. Elle était un peu comme un ancrage, comme une valeur sûre pour moi ; elle faisait partie intégrante de ma famille à sa façon, imbriquée, infusée dans chacun des souvenirs que j’avais, même les plus lointains, mon enfance toute ancrée sur la sienne. « J’ai mis nos belles chaussettes pour te faire honneur. Totalement fait exprès. » et les dizaines d’histoires, tout autant d’anecdotes, de rêves partagés, de folies accumulées. Les chaussettes qu’on avait gardées envers et contre tout, qui m’arrachent un éclat de rire automatique de voir à quel point, après tellement de temps, il y a encore des choses qui ne changent pas, qui restent pareilles. Dans une vie à laquelle je m’adapte encore, Lizzie était on ne peut plus rassurante. « M’en parle pas, il nous en faut des nouvelles ; Noah m'a volées les miennes, le truand! » que je boude, moue faussement piteuse, mon gamin qui bien sûr était venu se servir dans mes affaires au point où il avait craqué officieusement pour la paire dépareillée sans jamais me la remettre officiellement. « Au moins, ça prouve que t’as toujours ta taille de gamine. Je pourrai te faire des couettes, si tu veux. Ou des tresses avec plein de fleurs. » « Ou que mes goûts n’ont pas du tout évolué avec le temps, c’en est presque alarmant. » elle savait aussi bien que moi que j’étais bien loin de celle qui choisissait les préférences populaires ; toujours un peu weird, toujours un peu décalée. Probablement pourquoi nous avions aussi vite cliqué elle et moi – toutes les deux, on ne ressemblait à personne, si ce n’est à nous-même. Et on l’assumait, aussi excentriques on pouvait être.
« Les fleurs me vont en passant. Les tresses, c’est juste si tu as la patience, autrement je te laisserai pas t’aventurer là sans un avertissement en bonne et dûe forme. » de l’index, je m’avoue vaincue en pointant ma tignasse qui n’en finira jamais d’être sans dessus dessous. Il s'était envolée y'a des millénaires l'espoir d’en faire quoi que ce soit, entre la peinture qui s’y accumule et les mèches hirsutes qui choisissent toujours de se rebeller envers et contre tout, l’abandon était logique – et nécessaire. « J’ai essayé de faire des cookies pastèque mais j’ai encore visé trop haut dans mes talents culinaires. » pauvre chaton déçue qu’elle fait, quand mon cerveau s’est de suite arrêté à la mention de dessert sans s’inquiéter pour le moins du monde du résultat, parce que « Tant qu’il y a cookie dans la description, ça vaaa. ». Ma main assurée se tend vers elle, mon regard qui brille à la seule idée de croquer dans sa nouvelle création. L’attente est insoutenable, je nous occupe comme je peux. « Et j’ai pris les sodas tu sais, mais je me rappelais plus exactement des saveurs qu’on aimait contre celles qu’on détestait, du coup, ce sera la roulette russe je pense. » d’office, c’est dans le sac à provisions que j’ai toujours entre les bras que je file chercher deux bouteilles, ne prenant même pas la peine de regarder les étiquettes tant le jeu m’amuse, lui en tendant une au hasard.
Lizzie a toujours un joint roulé entre ses lèvres, je m’étonne à le fixer un peu plus longtemps que prévu, secouant la tête sans même le réaliser pour revenir au programme principal de ce soir, à savoir être ensembles, tout simplement. « Ça fait étrange de venir ici sans raison fixe. » d’habitude, on avait quelque chose à oublier. Ou on venait ici pour discuter d’un sujet particulier. Ou on s’improvisait un passage impromptu pour se confier une infinité de secrets. « Mais je sais pas, j’en avais besoin. » l’idée était remontée le jour même, le rendez-vous qu’elle avait accepté de suite sans même que j’ai besoin d’insister. « C’est étrange pour toi aussi ou c’est que moi la bizarre aujourd’hui? » le rôle ne me ferait pas du tout de mal à porter, au contraire.
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| | | | (#)Mer 13 Nov 2019 - 19:52 | |
| « M’en parle pas, il nous en faut des nouvelles ; Noah m'a volées les miennes, le truand! » Elizabeth eut un léger rire. « Il va falloir le torturer à coup de chamallows et de bulles en mousse pour les récupérer alors. » C’est totalement improbable et Noah risque d’un peu trop aimé sa punition pour rendre les chaussettes à maman. Mais Lizzie ne pourrait jamais torturer un enfant en bonne et due forme, elle a le cœur bien trop tendre pour cela. Et puis, Noah est le symbole même de l’enfance, de l’insouciance la plus totale, une période bénite aux yeux de Potter qui reste encore très nostalgique de la période de sa vie où ses seules préoccupations étaient de choisir entre des chaussures vernies ou non, ou bien même que Ken a bisouté sa peluche grenouille devant le nez de Barbie (un véritable drame s’est joué sous ses yeux ce jour-là). « Ou que mes goûts n’ont pas du tout évolué avec le temps, c’en est presque alarmant. » Lizzie hausse les épaules en tirant sur son joint doucement, faisant attention à tourner la tête pour ne pas inonder le précieux bout de nez de son amie. « Tes goûts ont toujours été bons, on ne change pas une équipe qui gagne. Franchement, ça m’attristerait beaucoup. » Parce qu’il n’y a rien de mal à porter les mêmes fringues qu’avant. Tout comme il n’y a rien de mal à pleurer encore pour énième fois devant Le Roi Lion ou d’être nostalgique en écoutant les premières chansons de Britney. Il y a quelque chose dans le passé qui a forgé le présent et qui guide vers le futur, c’est un fait indéniable.
« Les fleurs me vont en passant. Les tresses, c’est juste si tu as la patience, autrement je te laisserai pas t’aventurer là sans un avertissement en bonne et due forme. » Mais la jeune Potter n’en a que faire des avertissements. « Je suis prête à relever le défi. Je les aime bien, tes cheveux. Sinon, fais comme moi une fois, coupe garçonne et le problème est réglé ! » Doux souvenir d’un jour où elle avait décrété vouloir titiller sa mère au plus haut point. Se rendre chez le coiffeur et couper sa chevelure au profit d’une coupe courte, sans rien sur les épaules, libre de tout mouvement. Sa mère avait hurlé, Lizzie avait été satisfaite et ça lui fait rappeler qu’il faudrait qu’elle retente l’expérience un jour. « Tant qu’il y a cookie dans la description, ça vaaa. » Elizabeth regarde sa main puis sourit à son visage. « T’es sûre de toi, hein ? Non parce que je promets pas le goût et encore moins la non-toxicité de la chose. A moi de te mettre un avertissement. » Parce que Lizzie en cuisine, même avec un ami chef, ça reste une catastrophe ambulante. Elle s’est cramée un doigt et a dû refaire presque tout du début suite à l’échec cuisant de sa première fournée. Sous les râlements de Remi qui avait jugé que ça puait le cramer. (Juste un petit peu.) Mais elle lui tend quand même la boite à cookies. « A tes risques et périls, ma grande. » Elle est tellement jolie, Ginny, elle regrette deux fois plus de ne pas avoir son appareil. « Et j’ai pris les sodas tu sais, mais je me rappelais plus exactement des saveurs qu’on aimait contre celles qu’on détestait, du coup, ce sera la roulette russe je pense. » Lizzie balaie l’air de sa main. « Une roulette russe pas trop dangereuse, j’aime bien l’idée. »
« Ça fait étrange de venir ici sans raison fixe. » Elizabeth tire encore une fois tout en tournant la tête vers la brune à ses côtés. « Mais je sais pas, j’en avais besoin. » La jeune Potter sourit en reportant son regard sur l’horizon devant elles, beau et majestueux, malgré le fait qu’elle aimerait bien être ailleurs. Une ville qu’elle a vu grandir mais dont elle aimerait s’éloigner comme elle l’a si bien fait durant toutes ces années. « C’est étrange pour toi aussi ou c’est que moi la bizarre aujourd’hui? » Elizabeth lâche un léger rire tout en commençant à déballer d’une main les victuailles du sac. « Je trouve que ça change un peu. Et puis, se voir est toujours une raison fixe. » Elle sourit doucement tout en posant son regard sur Ginny. « Tu te sens tendue, en ce moment ? » La jeune femme tourne son mégot entre ses doigts. « T’as déjà essayé ? » Depuis toutes ces années où elle fume ce genre de petits engins, Lizzie ne rappelle pas d’avoir vu Ginny essayer. Il y a une première fois à tout et ça ne risque rien, après tout.
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| | | | (#)Ven 15 Nov 2019 - 3:14 | |
| « Je suis prête à relever le défi. Je les aime bien, tes cheveux. Sinon, fais comme moi une fois, coupe garçonne et le problème est réglé ! » ma main que je passe exagérément dans mes mèches, la tête que je dodeline de gauche à droite, et l’éclat de rire qui vient à travers. La pauvre, elle ne sait pas du tout dans quoi elle s’embarque. C’est bien parce qu’elle parle de sa propre coupe dont je me souviens parfaitement et qui faisait partie de mon top 5 des meilleures décisions qu’elle ait pu prendre, que je sens l’idée germer, le sourire aux lèvres. « T’es sûre de toi, hein ? Non parce que je promets pas le goût et encore moins la non-toxicité de la chose. A moi de te mettre un avertissement. » sourire qu’elle tente de chasser en touchant elle-même aux menaces. Elle sait pourtant Lizzie, que je suis incapable de résister à une telle gâterie, que je m’imagine déjà jouer à la cobaye le ventre heureux, le désastre culinaire ambulant qu’elle pouvait être et auquel je donnais la réplique aisément. Parce que oui, y’en avait pas une de nous deux qui rattrapait l’autre. Le nombre de kilos de pâtes qu’on avait pu rater jadis en noyant la cuisinière de nos parents, la quantité phénoménale d’aliments cramés au fond des fourneaux familiaux. « A tes risques et périls, ma grande. » « Arrête de me les vendre avec tes pires arguments. Help a sister out! » ma main est tendue, mes yeux sont brillants, ce n’est qu’une question de secondes avec que je croque – difficilement – dans le premier cookie en faisant un vacarme énorme pour une seule et unique bouchée. Oups.
Lizzie s’empare de sa bouteille, je décapsule la mienne, le soda à la confiture et au beurre d’arachides que j’ai dégainé et duquel je prends une longue gorgée avant de lui tendre pour faire l’échange avec le sien. « Une roulette russe pas trop dangereuse, j’aime bien l’idée. » j’ai pas vu l’étiquette sur laquelle elle a jeté son dévolu, j’étais trop occupée à m’installer au sol, à l’inviter à se joindre en lui tapotant avec attention une place à travers l’herbe fraîchement taillée. « Je savais que ça te plairait. » elle avait toujours été plus impulsive que moi, Potter. Plus courageuse, plus prête à prendre des risques. Elle le savait sûrement, à quel point elle me fascinait, par sa facilité à s’adapter, par ce naturel qu’elle avait en toutes circonstances. « Je trouve que ça change un peu. Et puis, se voir est toujours une raison fixe. » Lizzie qui a elle seule avait réussi à m’insuffler de la confiance aux pires moments de mon adolescence, qui m’avait redonné ce qui m’appartenait, ce que j’avais oublié en moi aussi. « Tu m’as manquée. » et je suis pourtant revenue au pays depuis presque 3 ans maintenant, on a eu des tas d'instants ensemble depuis. Pourtant, il y a des tonnes de moments où j’aurais eu besoin d’elle à Londres, des moments où elle m’aurait cruellement été nécessaire, vitale – je me fiais à nos journaux intimes en commun amenés en secret dans mes valises, à nos souvenirs d’immensités qu’on s’était jurés pour tenir le cap avec elle à mes côtés.
Son regard quitte l’horizon pour se perdre sur mon profil, le mien fait le trajet inverse et flirte avec les nombreux bâtiments illuminés devant nous. « Tu te sens tendue, en ce moment ? » « Un peu oui. » je n’avais jamais eu l’audace ou l’hypocrisie ni même l’envie de lui mentir, à Lizzie. Elle savait tout sur moi par cœur de toute façon, à quoi bon lui cacher quoi que ce soit. « C’est vraiment terminé avec mes parents. C’est plus possible pour moi de leur faire confiance. » parents menteurs, parents égoïstes, parents qui m’avaient forcée à les suivre en Angleterre, parents qui m’avaient obligée à y rester pendant des années, parents que j’avais chassés de ma vie, parents qui étaient revenus ici il y a une poignée de jours, et qui avaient officiellement retiré mon nom et celui de mon fils de leur chronologie. J’avais été naïve de leur laisser encore une petite place dans ma tête et dans mon cœur après tout ce qu’ils m’avaient fait vivre. De leur fermer à jamais la porte de ma vie m’avait fait autant de bien sur l’instant que m’avait totalement terrorisée. « T’as déjà essayé ? » mon amie qui surprend mon regard à nouveau perdu sur sa clope verte, et la tête que je secoue doucement de la négative. « Jamais. » pas eu l’occasion, pas eu d’offre non plus. « Mais je pense pas que ce soit le bon moment pour, n’est-ce pas? » on dit qu’en période de crise, annihiler le tout avec de l’alcool comme de la drogue ne rend les choses que pires. Pourtant, la curiosité reste.
« Est-ce que tu te souviens… » ma silhouette s’allonge, mes yeux se rivent sur le ciel étoilé au-dessus de nos têtes. Je prends le temps de retirer mes Converse du bout des talons, laissant mes chaussures lasses prendre l’air à leur tour. « … on s’était dit que quand on aurait 30 ans, on partirait en voyage, à l’aventure. » c’est cette année. Les destinations y étaient toutes passées, on n'avait jamais arrêté notre choix sur un pays, sur une ville en particulier. Je nous verrais bien filer à l’aéroport et prendre le premier ticket disponible, tourner un globe-terrestre et y arrêter notre doigt là où l’inspiration nous souffle de le faire. « Ou alors j’ai rêvé trop fort. » un fin rire s'échappe de mes lèvres, ce qui ne serait pas si étonnant.
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| | | | (#)Ven 6 Déc 2019 - 14:08 | |
| « Arrête de me les vendre avec tes pires arguments. Help a sister out! » Et pourtant, Lizzie ne fait que hausser les épaules en souriant, l’air de dire ‘je sais que tu sais ce que je veux dire’. Ginny se plonge toujours à corps perdu dans ses expériences culinaires, elle doit sûrement avoir l’estomac aguerri depuis tout ce temps. La jeune Potter le regarde d’un air sous-entendu alors que son amie finit par croquer dans ce qui ressemble à un cookie mais qui n’a pas l’air d’avoir la tendresse d’un cookie. « Au moins, c’est croustillant, non ? » demande-t-elle dans un sourire adorable tout en penchant la tête. « Je savais que ça te plairait. » Il n’est pas très compliqué à satisfaire Lizzie, de toute façon. Et ce genre d’instants, cette petite parenthèse près de l’eau avec une amie qui a toujours été là, quelque part dans la constellation de sa vie, c’est exactement ces instants-là qu’elle apprécie. Le calme, la sérénité, s’éloigner de l’agitation de la vie pour respirer, prendre un second souffle et surtout profiter. « Tu m’as manquée. » Lizzie décroche son regard brun pour le poser sur l’apparence de Ginny qui l’a rejointe à ses côtés et elle a un léger sourire de coin. « Tu sais que je suis jamais loin de toi, n’est-ce pas ? Il n’y a pas de distance ni de fuseau horaire entre nous, Niny. » A part celui de leur amitié. A Londres, à l’autre bout du monde, perdue dans une jungle, sur un terrain de guerre, dans un pays du tiers monde, dans le même quartier, Elizabeth est fidèle et très (trop) dévouée à ses amis. Un message sos et elle rapplique de suite, ne laissant rien ni personne l’arrêter. Surtout pas la peur qui peut l’envahir à tout instant ou même le stress, maudit et paralysant au possible si elle s’y attarde de trop.
Lizzie tire sur son joint alors que Ginny lui avoue qu’effectivement, elle se sent tendue. Elle attend quelques battements, quelques clapotis de l’eau avant qu’elle n’enchaine sur le pourquoi du comment. Elles finissent toujours par se parler sans avoir besoin de poser de questions. Le silence est d’or et la patience, inestimable. « C’est vraiment terminé avec mes parents. C’est plus possible pour moi de leur faire confiance. » Elizabeth hausse un sourcil de surprise. « Tu les as revu récemment ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Même si elle n’ignore pas les soucis transformés en véritable fardeau pour son amie que lui ont transmis ses parents. A force de vouloir le meilleur pour ses progénitures, certains parents arrivent à se brûler les ailes et ceux de leurs marmots par la même occasion, brisant ce lien entre eux à tout jamais. Ginny est clairement à ce point de non-retour et ce n’est pas Lizzie qui pourra la blâmer pour ça. Elle pose sa main sur celle de McGrath. « C’est la plus sage des décisions que tu pouvais prendre, de toute façon. » Elle-même a claqué la porte au nez de sa mère il y a des années et même si l’envie de revenir dans ses jupons lui coure sur le haricot de plus en plus pressamment, Lizzie ne souhaite pas lui donner cette victoire.
« Jamais. Mais je pense pas que ce soit le bon moment pour, n’est-ce pas? » La jeune Potter hausse les épaules, sa tête se balançant sur ses épaules. « Je ne pense pas qu’il y a de bon ou de mauvais moment. Enfin sauf sous la douche. Clairement un mauvais moment. » dit-elle en riant doucement de sa propre bêtise. « Est-ce que tu te souviens… » Lizzie suit du regard Ginny qui finit par s’allonger et libérer ses pieds. « … on s’était dit que quand on aurait 30 ans, on partirait en voyage, à l’aventure. » L’aventure… Lizzie a connu tout un tas d’aventures, ces dernières années. Mais jamais avec Ginny. Alors elle sourit en se mettant un tailleur sur le long de sa silhouette, tenant son mégot de sorte que la fumée n’envahisse pas sa tendre amie. « Ou alors j’ai rêvé trop fort. » Elizabeth porte une des deux canettes à ses lèvres - en grimaçant deux secondes après parce qu’elle n’aime toujours pas le réglisse. « Il est pas trop tard pour se planifier ça. » Elle peut utiliser ses fonds de tiroirs pour s’octroyer une volée ailleurs, loin d’ici maintenant que sa mère a fini sa chimio. « On peut aller où tu veux. T’en que je rends une maman entière à Noah, tout devrait bien se passer. » Elle eut un moment d’interrogation. « A part si tu veux l’amener ? » Parce que s’il y a un enfant impliqué, il faut faire un peu plus attention à la destination et au déroulement du voyage.
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| | | | (#)Jeu 19 Déc 2019 - 2:20 | |
| Mes parents, oh mes parents. J'ai l'impression qu'ils sont le seul et unique sujet que j'ai sur les lèvres ces derniers temps, depuis que je suis allée les voir à Londres, depuis que je leur ai dit que Noah souhaitait qu'ils reviennent dans sa vie, mais que je ne les laisserais pas le faire s'ils ne se pliaient pas un minimum à mes règles. Ne pas juger mes choix, ne pas juger ceux de mon fils. Nous laisser l'espace de faire des erreurs, mais être là pour nous accepter lorsqu'on arriverait à se relever de nous-même. C'était pas compliqué à mes yeux, et pourtant ça aussi, ils l'avaient refusé. « Tu les as revu récemment ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Lizzie est très bien au courant de la tension qu'il y avait dans ma famille, depuis trop longtemps déjà. Même lorsqu'on était gamines et que tout était compliqué du moment où on passait la porte de la demeure familiale. Les années s'étaient accumulé, j'avais espéré ; pour finir déçue, comme toujours. « Un peu tout ce qui aurait pu se trouver sous la case : pire scénario au monde. En gros, ils ont décidé que Noah et moi, on était plus dignes d'être des leurs, qu'on portait pas leur nom à sa juste valeur. » je résume, j'ai tourné la situation des tas de fois dans ma tête dans les derniers mois. Pourtant, leur visite à l'atelier datait de quelques jours à peine et depuis, la situation et leur place dans ma vie étaient réglées, rayées. « C’est la plus sage des décisions que tu pouvais prendre, de toute façon. » « C'est la seule qui me semblait valide. » j'hausse de l'épaule, sais très bien qu'elle n'insistera pas mais qu'elle sera toujours là pour écouter si un jour j'en ai besoin. Je le sais parce que l'inverse est toute aussi vraie.
« Je ne pense pas qu’il y a de bon ou de mauvais moment. Enfin sauf sous la douche. Clairement un mauvais moment. » son rire est communicatif, j'y réponds d'emblée. La drogue n'avait jamais été quelque chose qui m'avait intéressée, pourtant, ce serait mentir de dire que je n'étais pas curieuse, que je ne me demandais pas ce que ça pouvait faire, comment elle pouvait se sentir, mon amie, là tout de suite. « Merci ; de jamais m'avoir fait sentir comme si j'étais obligée. » que je souffle, n'esquissant plus aucun geste vers son joint si savamment glissé entre ses lèvres, me complaisant dans la liberté de choisir, tout simplement. C'est peu et en même temps c'est beaucoup pour moi, qu'on me laisse la liberté de faire comme je l'entends, qu'on ne prenne pas la décision pour moi.
Et je rêve là, je rêve éveillée. Je rêve à nos promesses, je rêve les yeux grands ouverts et le ciel étoilé qui nous encourage à briller. « Il est pas trop tard pour se planifier ça. » je sens Lizzie qui se replace à mes côtés, mes paupières se ferment un temps en allant à la recherche des souvenirs d'enfance où on s'était expressément promis ce genre d'aventure à deux. « On peut aller où tu veux. T’en que je rends une maman entière à Noah, tout devrait bien se passer. » la pauvre, c'est toute une mission qu'elle se donne là, sachant à quel point je suis maladroite, à quel point une simple brindille sur mon chemin serait passible de me fouler les chevilles comme de me casser le cou. « A part si tu veux l’amener ? » « Je pense qu'il dira pas non à un peu de temps avec son père, je l'ai couvé pas mal ces derniers temps. » un fin sourire orne mes lèvres, et je roule sur le ventre, portant mes paumes sous mon menton pour planter mon regard dans celui de mon amie. Je faisais de mon mieux avec Noah, c'était inévitable - mais parfois, je savais reconnaître que je prenais de la place, beaucoup, dans sa vie.
« Wilsons park, ça serait cool. » que j'annonce alors, comme si l'idée venait d'arriver comme par magie. « On pourrait y faire de la photo, camper sur la plage. Y'a des randonnées aussi, je crois. » plus j'aligne mes mots et plus je la sens, la moue amusée, qui prend toute la place sur mon visage. « Promis c'est pas du tout planifié depuis un moment déjà. » et je bats des cils, joueuse, le trajet déjà tout prêt dans ma tête, l'espoir qu'elle cède à ma proposition avec autant d'entrain que j'en ai eu à l'imaginer de mon côté. |
| | | | (#)Sam 21 Déc 2019 - 9:41 | |
| La porte des McGrath n’est pas aussi brillante que celle des Potter. Seulement, de son côté, il n’y a qu’elle et sa mère, peut-être que cela facilite les choses. Pour Ginny, il y a toute une petite tribu, des ex, des sœurs, des frères, des enfants. Quand la mère Potter a vu une opportunité pour sa fille de côtoyer un peu du beau monde, elle n’a pas hésité à deux fois. Heureusement qu’il y a la douce Virginia parce que ça n’aurait pas été avec Jillian que les atomes auraient pu s’accrocher. Et encore moins sous la surveillance de maman Potter qui veillait au grain comme on surveille l’évolution d’une plante jusqu’à sa perfection avant de lui asséner un coup de sécateur précis pour lui couper les vivres. C’est cruel mais c’est l’image la plus parlante qu’elle peut avoir de sa propre situation familiale. Même si les yeux et l’esprit de Lizzie est complètement tournée vers Ginny pour l’écouter. « Un peu tout ce qui aurait pu se trouver sous la case : pire scénario au monde. En gros, ils ont décidé que Noah et moi, on était plus dignes d'être des leurs, qu'on portait pas leur nom à sa juste valeur. » Elizabeth hausse les sourcils, les deux, sans limite sur son front alors que ses doigts mènent son joint pour tirer une nouvelle taffe. Elle est complètement engourdie pour Ginny et aussi pour Noah. Ni l’un ni l’autre ne mérite de se faire traiter de la sorte. Parents ou non. « C'est la seule qui me semblait valide. » « J’imagine que tu as fait le mieux pour Noah. » Lizzie ne peut pas savoir ce que c’est que d’avoir un enfant. Apparemment, ça chamboule toute une vie, ça change votre vision du monde et aussi la liste des priorités. Mais dans l’histoire, l’australienne n’oublie pas que ça touche aussi son amie et par conséquence, ça la touche aussi. « Je suppose qu’on n’arrivera jamais à comprendre ce que nos parents attendent de nous. Ou au moins, pourquoi ils ne peuvent pas accepter les choses telles qu’elles sont. » Normalement un parent est censé aimer sa progéniture quoiqu’il arrive, n’est-ce pas ? C’est quelque chose qui échappe totalement à sa compréhension.
« Merci ; de jamais m'avoir fait sentir comme si j'étais obligée. » Lizzie tourne un regard lumineux vers Ginny tout en laissant sa tête se bercer sur le côté. « Dis-moi juste si l’odeur t’insupporte. » Parce que sinon, Lizzie ne force jamais à rien. Le choix est libre, la décision est valide et ça ne serait pas elle que de forcer qui que ce soit de faire quelque chose contre son gré. Mais c’est étrange ce genre de remarques ; mais venant de Ginny, c’est aussi un joli compliment en soi, elle qui a été forcée et obligée à faire des actions qu’elle n’avait pas souhaité. Il y a une saveur particulière derrière cette phrase et Potter lui en suis prête reconnaissante pour ça. « Je pense qu'il dira pas non à un peu de temps avec son père, je l'ai couvé pas mal ces derniers temps. » La brune se tourne vers elle et Elizabeth sourit tout en ébouriffant les cheveux courts de son amie. « T’es une maman poule. J’espère qu’il sait à quel point il est chanceux de t’avoir. » Parce que Ginny est douce, elle est bienveillante, elle a un joli sourire et toujours le mot pour apaiser.
« Wilsons park, ça serait cool. On pourrait y faire de la photo, camper sur la plage. Y'a des randonnées aussi, je crois. » Lizzie attrape une tomate cerise qui traine devant sa main. Elle lâche une moue appréciative face à la proposition déjà bien aiguisée de Ginny. Signe qu’elle a déjà dû y réfléchir. « Promis c'est pas du tout planifié depuis un moment déjà. » Bien sûr. La jeune Potter sourit avant de lâcher un rire en voyant la moue de McGrath, bien trop innocente pour la croire. « Oui, tellement pas planifié que si je dis oui maintenant, je suis sûre qu’on embarque demain et qu’on a déjà le planning chargé pour au moins une semaine. » Heureusement car malgré ses nombreux voyages, Lizzie n’est pas franchement du genre à faire de la grande planification. Une date d’arrivée et une date de départ tout au moins. Elle fourre une nouvelle tomate cerise à croquer entre ses dents avant de finir par s’allonger à côté de Ginny qui la regarde du haut de ses mains. « J’irai là où tu voudras bien de moi, Niny. Faut qu’on en profite avant d’être toute ridées et trop vieilles pour des randonnées. » dit-elle avec un sourire avant de s’amuser à faire des ronds parfaits avec la fumée de son joint. Voilà une perspective qui la réjouit tout de même au plus au point.
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| | | | (#)Dim 22 Déc 2019 - 2:47 | |
| « Dis-moi juste si l’odeur t’insupporte. » elle fait attention, Lizzie. Quand on était enfants, je me souviens d'un nombre incalculable de fois où elle me faisait sursauter parce qu'elle arrivait doucement, parce qu'on l'entendait à peine. Moi, j'étais celle qui brisait de la vaisselle sur mon chemin, qui marchait même pas par exprès sur toutes les lattes de bois qui faisaient craquer la plancher. Elle a toujours été gracile Potter, elle a toujours eu la silhouette et la délicatesse d'une poupée à mes yeux. Et encore aujourd'hui, elle est la douceur incarnée, même quand elle prouve au monde entier à quel point elle est forte, à quel point elle est grande au fond. « Ça va, t'inquiètes pas. J'aime bien l'odeur en fait, ça me rappelle nos moments comme ceux-là. » c'est vrai, que l'herbe est associée à nos souvenirs, et pas de la mauvaise façon. Étrangement, lorsqu'un briquet craque, lorsqu'une douce fumée flotte, je pense à elle qui relaxe, je pense à elle qui est bien, heureuse. Et ça me suffit.
De mes parents, on passe à mon gamin. Je coupe court à la conversation sur la visite impromptue des géniteurs - et le drame qui s'en est suivi, pas parce que je veux garder Lizzie dans l'ignorance, mais plutôt parce que je veux sincèrement tourner la page sur toute cette histoire. C'est terminé, pour vrai, plus aucune chance de retourner vers eux, plus aucune envie non plus. « T’es une maman poule. J’espère qu’il sait à quel point il est chanceux de t’avoir. » une maman poule, une maman ours. Une maman bohème, une maman qui essaie aussi, fort, du mieux qu'elle peut. « Je suis chanceuse de l'avoir aussi, ça marche dans les deux sens ces choses-là. » j'aurais pu avoir un gamin avec qui je n'aurais pas été capable de bâtir une relation aussi fusionnelle. J'aurais pu avoir un gamin qui m'aurait réservé le même traitement que celui dont j'ai gratifié mes parents en me fermant complètement à eux. Mais Noah était spécial, il était différent, il était unique, il était parfait - et tous les parents vous diraient la même chose de leurs gamins, probablement.
On se replace, elle attrape une tomate cerise, je l'imite le sourire aux lèvres et les yeux bourrés d'étoiles à aborder le sujet que je veux amener depuis la seconde où j'ai aperçu la silhouette de Lizzie près de la rivière. « Oui, tellement pas planifié que si je dis oui maintenant, je suis sûre qu’on embarque demain et qu’on a déjà le planning chargé pour au moins une semaine. » j'éclate de rire, c'est vrai que j'ai absolument rien fait pour masquer la dite planification, c'est vrai également que j'ai la tête qui déborde d'idées, un planning improvisé que j'ai essayé d'adapter autant à ce qu'elle aime qu'à ce que j'ai besoin en ce moment. Je sais qu'elle est plutôt go with the flow, et ce trait d'elle ne la rend que plus parfaite à mes yeux. « Je peux pas te mentir en disant que j'ai pas fait une liste. Okay, okay si t'insistes. Des listes. » mais pas des listes comme celles qu'on peut trouver sur Yelp ou Trip Advisor. Des listes de chansons victorieuses et cheesy à souhait à scander tout en haut de la montagne. Des listes de nouveaux rêves à se confier quand on dormira à la belle étoile. Des listes de tous les éléments positifs et inspirants qu'on veut garder pour la nouvelle année.
« J’irai là où tu voudras bien de moi, Niny. Faut qu’on en profite avant d’être toute ridées et trop vieilles pour des randonnées. » « Même quand on sera vieilles on sera encore amies. » mon index se soulève maintenant qu'elle est allongée à mes côtés ; j'essaie d'attraper les cercles de fumée qu'elle forme pour y glisser mon doigt, pour y faire des zig zag et tenter de tout attraper avant que la fumée ne s'envole complètement. C'est une évidence : Lizzie et moi, à mes yeux, c'est pour la vie. « On aura des rides de sourire, ce sont les plus belles je trouve, celles juste là. » mon doigt abandonne sa quête du moment pour venir tracer les lignes dont je parle, celles de biais de chaque côté de mes lèvres fendues en un grand sourire que j'ai toujours quand elle est dans les parages. « Et qui sait peut-être qu'après toutes ces années tes biscuits seront plus mangeables que ceux d'aujourd'hui. » un nouveau rire, un nouveau coup d'oeil enfantin. « Désolée ; au moins, j'ai essayé. » j'ai probablement encore des miettes au coin des lèvres pour prouver ma bonne foi, c'est pas rien.
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| | | | (#)Mer 25 Déc 2019 - 18:15 | |
| Il y a pleins de petites choses qui rappellent des moments ici et là. Avec Ginny, il y a toujours un détail pour faire revenir à une scène antérieure de leur passé commun. Leur amitié remonte à tellement loin que parfois, on zappe et on oublie certaines choses. Et pourtant, il suffit d’une odeur, d’un bruit, de quelque chose pour que tout de suite, un souvenir cisaille et déboule sans que l’on sache vraiment comment on s’en souvient. Il y a les barbes à papa acheter en catimini des parents à la fête foraine, il y a le dégoût mais l’amusement de marcher dans les flaques boueuses parce qu’on est jeune et que c’est drôle, le bruit de la pluie alors qu’elles trainassaient bien trop tard pendues au téléphone sous le courroux de leurs parents, dans une époque lointaine où le téléphone n’était pas encore illimité.
« Je suis chanceuse de l'avoir aussi, ça marche dans les deux sens ces choses-là. » Lizzie hoche la tête en comprenant les propos de la jolie McGrath. « Vous formez une bonne petite équipe. » Qu’elle pourrait presque lui envier si la perspective d’avoir des enfants ne la terrifiait pas - comme à peu près un peu tout sur cette planète, il faut croire. Lizzie a cette capacité incroyable à pouvoir camoufler à peu près tout en elle pour ne pas inquiéter l’entourage, toujours sembler plus forte qu’elle ne l’est vraiment. « Je peux pas te mentir en disant que j'ai pas fait une liste. » Regard appuyé de Potter qui fait reprendre McGrath sans qu’elle n’ait besoin de dire quoique ce soit. « Okay, okay si t'insistes. Des listes. » Lizzie a le sourire qui s’agrandit tout en passant une main dans les cheveux de Ginny - après tout, elle n’est plus à ça près, n’est-ce pas ? « J’aime tes listes. Je crois que j’ai gardé celle qu’on a faite quand on prévoyait déjà d’échapper à la vigilance de nos parents. Et celle aussi si le monde s’écroulait demain. Oh et celle des cadeaux les plus stupides à offrir. Je m’en suis servie, de celle-là, d’ailleurs. » Qu’elle dit en rigolant doucement tout en tirant une nouvelle fois sur son joint, observant la petite brune s’amuser avec les ronds qu’elle forme dans les airs.
« Même quand on sera vieilles on sera encore amies. » « J’espère bien. » « On aura des rides de sourire, ce sont les plus belles je trouve, celles juste là. » C’est tout Ginny, ça. Toujours trouvé la façon la plus délicate, rassurante de voir le monde. C’est peut-être son côté artistique qui la rend comme ça, Ginny qui possède une sensibilité que Lizzie n’a pas accès. Et pourtant, Potter est émue, plus qu’elle ne devrait, peut-être que c’est l’herbe qu’elle fume qui frappe plus fort qu’elle ne l’aurait pensé. Ou est-ce que c’est la beauté du moment qui rend les choses plus fortes. Un mélange des deux, sûrement. Alors Lizzie trace les lignes que Ginny se trace sur son visage avant de venir lui coller un baiser sur le front. « Déjà que ton sourire est magnifique, j’ai hâte de voir ces fameuses rides. J’ai jamais été aussi pressé de vieillir. » affirme-t-elle dans un sourire flamboyant qui creuse ses pommettes face à la force.
« Et qui sait peut-être qu'après toutes ces années tes biscuits seront plus mangeables que ceux d'aujourd'hui. » « Hey ! » « Désolée ; au moins, j'ai essayé. » « Mmf. Tu viens de perdre des miles, là, Gin. C’est pas cool. » Et elle boude une fraction de seconde et demi avant de soupirer. « Faut vraiment que j’arrête de provoquer plus de gâchis qu’il y en a déjà. » Lizzie finit son mégot qu’elle plonge dans son cendrier portable qu’elle range gentiment dans sa poche avant de s’allonger pleinement sur l’herbe, les bras croisés derrière sa tête et les yeux naviguant entre le ciel étoilé au-dessus d’elles et le visage de son amie. « Je veux le programme. A part si tu veux me faire une version de “Destination Inconnue ” même si je connais la destination mais pas le reste. Est-ce qu’on va rencontrer des créatures sauvages ? Incongrues ? Se perdre dans les bois volontairement parce qu’on a le goût du risque comme ça ? Vends-moi du rêve, Ginnyyy. » Lizzie en a bien besoin depuis un an qu’elle est cloitrée à Brisbane.
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| | | | (#)Jeu 26 Déc 2019 - 22:10 | |
| Elle voit clair dans mon jeu, c'était pas si difficile que ça au final, à remarquer la lueur de malice dans mes yeux, à m'entendre tout faire pour diminuer ce projet que je couve, que je chéris depuis que la vie va un peu trop vite, depuis que j'ai besoin de retourner aux bases, depuis que j'ai besoin de ce qu'on avait, elle et moi, quand l'univers en entier se résumait à préparer de la limonade dans sa cuisine de sa mère impeccablement aménagée ou à dessiner les papillons qui flottaient au-dessus de nos têtes dans l'immense jardin de mes parents. « J’aime tes listes. Je crois que j’ai gardé celle qu’on a faite quand on prévoyait déjà d’échapper à la vigilance de nos parents. Et celle aussi si le monde s’écroulait demain. Oh et celle des cadeaux les plus stupides à offrir. Je m’en suis servie, de celle-là, d’ailleurs. » les souvenirs remontent, le sourire aussi, et je murmure, comme si c'était un secret d'état. Ça l'était, in a way. « Celle pour les parents est encore enterrée dans mon jardin tu sais, à l'ancienne maison familiale. Même s'ils sont plus ici j'ai toujours peur qu'ils la trouvent. » c'était un secret pour personne que j'étais terrifiée par mes parents à l'époque - que leur autorité n'avait d'égal que la sensation d'être parfois prise à travers leurs règles, du simple couvre-feu aux étouffants filtres qu'ils faisaient sur mes relations. Par chance, jamais Lizzie n'avait été écartée de ma vie à cause d'eux. « Ma préférée c'était la liste de toutes les choses auxquelles les oiseaux devaient penser, s'ils pensaient. » le positif, toujours. Les envies de fillette que j'avais aussi, de voir le monde à travers les yeux des hirondelles, des cacatoes, des loris qui semblaient vivre multitudes d'aventures au-dessus de nos têtes.
« Déjà que ton sourire est magnifique, j’ai hâte de voir ces fameuses rides. J’ai jamais été aussi pressé de vieillir. » et j'éclate de rire, le fameux sourire provoqué le plus naturellement du monde. « Il est magnifique parce que je suis heureuse quand t'es là. T'as intérêt à rester dans les parages, alors. » la vérité, c'est qu'elle pouvait partir à l'autre bout du monde que je la savais proche de moi. La vérité, c'est que Lizzie était le genre d'amie qu'on pouvait avoir toute une vie et avec qui les kilomètres ne comptaient pas. Chaque fois qu'on se retrouvait, la vie ne reprenait son cours que de la meilleure des façons. Mais ce serait mentir de dire que je ne me voyais pas vieillir avec son grain de folie, avec sa légèreté, avec ses idées incroyables et son coeur d'or à proximité.
Mais des années, on en a encore à vivre. Des souvenirs, on en a des tonnes à cumuler, j'en doute pas une seule seconde. « Hey ! Mmf. Tu viens de perdre des miles, là, Gin. C’est pas cool. » « Même pas désolée. » je lui tire la langue, bonne joueuse, éternelle gamine, avant de jeter mon dévolu sur les nouveaux cercles de fumée qu'elle improvise. « Faut vraiment que j’arrête de provoquer plus de gâchis qu’il y en a déjà. » je roule des yeux, exagère un long soupir, prend le temps de grignoter un peu aussi à travers. Le rythme est doux, naturel, on a pas besoin de forcer la conversation, elle vient toute seule. « Encore heureux que je sois là pour effacer les preuves. » et j'espère, sincèrement, qu'elle n'usait pas de ces mots-là pour camoufler une sensation qu'elle a elle-même de son quotidien apparemment. Dans le doute, ma main attrape la sienne pour la serrer doucement. Peu importe le problème, peu importe le soucis, je suis là. J'ose espérer de tout mon coeur qu'elle le sait.
« Je veux le programme. A part si tu veux me faire une version de “Destination Inconnue ” même si je connais la destination mais pas le reste. Est-ce qu’on va rencontrer des créatures sauvages ? Incongrues ? Se perdre dans les bois volontairement parce qu’on a le goût du risque comme ça ? Vends-moi du rêve, Ginnyyy. » elle s'allonge plus confortablement et là, ça y est, on est bien. On est exactement là où on doit être, au moment où on doit l'être. « Déjà, on va couper tout contact avec le monde extérieur. Et puis, en haut de la montagne, y'a pas de réseau ils le disent sur le site web. » j'inspire, aligne de mes prunelles noisettes le plus gros des nuages au-dessus de nos têtes, le suis alors qu'il bouge au rythme de ma respiration que j'y adapte. « Je serai la nerd qui va tout le temps nous ralentir pendant la randonnée parce que je veux en profiter pour attraper différentes feuilles et des fleurs pour l'atelier. » et pour la fresque que je suis en train de dessiner sur le mur, derrière la galerie aussi. J'en parlerai à Lizzie, quand on sera à Wilsons, de comment je fais mes premiers pas comme grapheuse ces jours-ci, de comment je sors des sentiers battus le sourire aux lèvres, dep lus en plus moi-même. « Et depuis le temps j'ai appris à vraiment mieux monter mes tentes sur le sable, promis. » j'éclate de rire, le souvenir de notre dernière nuit de camping approximatif d'adolescentes sur la plage qui remonte à ma mémoire. « Le crédit va à Isy mais je te jure, on sera pas encore presque-noyées au matin. » j'ai juré, je suis donc un peu plus en confiance avec mes aptitudes aujourd'hui que je l'étais jadis.
« On part quand? » ma tête tourne lentement vers mon amie, mon regard cherche le sien, la date qui pourrait être aujourd'hui comme dans un mois que je partirais le coeur léger. |
| | | | (#)Ven 3 Jan 2020 - 19:36 | |
| Lizzie sourit, nostalgique d’un temps où tout paraissait tellement plus simple et en même temps, plus compliqué. Des enfants qui jouent, qui s’inventent un monde, qui rêvassent ensemble. D’un monde déjà meilleur parce qu’elles jugeaient que le leur, visualisé à travers les yeux de leurs parents trop sectaires, ne l’était pas assez. « Ma préférée c'était la liste de toutes les choses auxquelles les oiseaux devaient penser, s'ils pensaient. » Elizabeth a les yeux qui se perdent un moment avant de sourire d’un petit air presque contrarié. « Je ne m’en rappelle pas, de celle-là. » Elle passe la main sur son front tout en baissant les yeux. « T’as toujours été débordante d’imagination pour ce genre de choses, de toute façon. Ce n’est pas pour rien que t’es l’artiste entre nous deux. » Et que moi, et bien je ne suis pas grand-chose. Une espèce d’âme en peine qui traine des pieds tout en essayant vainement de trouver sa place dans un univers bien trop grand mais qu’elle s’entête à vouloir explorer quand même. Ginny a une sensibilité que Lizzie n’a pas, une innocence presque qu’elle lui envie terriblement. La capacité de voir plus haut, à travers ce que la rétine peut vous transmettre. Lizzie l’adore pour ça, elle l’adore pour sa douceur, pour les fous rires de sa maladresse, pour le bien-être qu’elle procure par sa seule présence. Et aussi parce que Ginny réussit toujours à montrer quelque chose d’invisible, à faire réfléchir et finalement, à transporter dans son monde sans le moindre effort. La jeune Potter s’est toujours sentie privilégiée de faire partie d’un bout de monde de la jolie McGrath. « Il est magnifique parce que je suis heureuse quand t'es là. T'as intérêt à rester dans les parages, alors. » Voilà. Un rire, un sourire, un visage rayonnant et cela suffit pour qu’Elizabeth sourit à son tour et sente son cœur se réchauffer. C’est le pouvoir extraordinaire de Virginia McGrath et elle n’est pas même sûre qu’elle le sache. Il ne vaut mieux pas car c’est son naturel et sa spontanéité qui font son charme. « Je sais que j’ai beaucoup voyagé ces dernières années mais je ne compte pas m’éloigner. Pas de toi, en tout cas. » Car si elle pouvait s’éloigner de la ville, elle le ferait. Sans réfléchir. « Encore heureux que je sois là pour effacer les preuves. » Lizzie serre ses doigts entre les siens pour lui faire comprendre qu’elle n’a pas à s’inquiéter. « Je serai définitivement perdue sans toi, Ginny. » « Déjà, on va couper tout contact avec le monde extérieur. Et puis, en haut de la montagne, y'a pas de réseau ils le disent sur le site web. » « Pas d’instagram ? » Lizzie fait une petite moue déçue avant de s’installer confortablement tout en tournant un visage curieux vers Ginny. « Je serai la nerd qui va tout le temps nous ralentir pendant la randonnée parce que je veux en profiter pour attraper différentes feuilles et des fleurs pour l'atelier. » « Et moi la chieuse qui va s’arrêter pour prendre des photos du soleil, d’un nuage, d’un papillon ou mieux, de toi. » Amatrice qu’elle est, Lizzie est toujours excitée de capturer des moments comme ça derrière son objectif, un vrai et non son téléphone portable. Même si ce n’est qu’un passe-temps, c’est un hobbit qui l’a occupé durant ces dernières années. Et dont son fameux instagram en est rempli. « Et depuis le temps j'ai appris à vraiment mieux monter mes tentes sur le sable, promis. Le crédit va à Isy mais je te jure, on sera pas encore presque-noyées au matin. » Elizabeth éclate de rire à son tour. « T’es sûre que tu ne vas pas avoir besoin de l’appeler pour des conseils ? Je ne sais pas si je te fais pleinement confiance pour ce coup-ci. » Elle lui confierait sa vie mais sa tente, rien n’est moins sûre. « Ne t’inquiètes pas, je m’en sors pas trop mal non plus, on devrait y arriver toutes les deux quand même. » L’union doit faire la force, n’est-ce pas ?
« On part quand? » Une voix tranquille, toute innocente et Lizzie hausse les épaules en regardant une Ginny qui aurait presque l’air d’un enfant - elles le sont toujours un peu quand elles se retrouvent. De grandes enfants qui ont le monde à porter de main, un peu plus libérées de leur emprise parentale. « Quand tu veux. Peut-être en début d’année prochaine, pile poil l’année de nos trente ans ? La Nortlight est en pleine représentation de son spectacle, je ne peux pas les planter pendant au moins 2 mois. » Ugh, le monde réel.
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| | | | (#)Dim 19 Jan 2020 - 4:40 | |
| Elle est belle, quand elle sourit. Elle rayonne, quand elle sourit. Ce sont des détails que j'ai appris à voir avec le temps, quand la vie s'était mise en tête de nous placer ses épreuves sur un chemin qu'on croyait pavé pour nous, facile parce que c'était ce qu'on avait toujours connu. Je me souviens de nos drames de gamines, je me souviens de ce qui nous brisait le coeur quand on n'était que des enfants à qui le monde entier s'offrait. C'était facile, par moments, avant. Mais ce n'est que maintenant que je le réalise, quand ma main s'ancre un peu plus dans celle de la personne que je considère comme l'une de mes meilleures amies - depuis toute ma vie. « Je serai définitivement perdue sans toi, Ginny. » « C'est de la triche, ton sens de l'orientation est déjà pas super, tu pars avec des points en moins là. » je serais perdue sans toi aussi Lizzie. Bien plus que tu ne le crois.
Je fabule sur le potentiel d'île déserte de notre destination voyage à toutes les deux, et elle se moque, bien sûr qu'elle rigole. « Pas d’instagram ? » « Pas d’instagram. » et pas de textos, et pas de courriels. Et pas de notifications, et aucune chance qu'on arrive à avoir un contact avec le monde extérieur quand on veut juste se centrer l'une et l'autre sur nous, sur ce qui compte. Je les sentais, ces choses-là. Je les sentais bizarrement comme si on était faites du même bois ; et je serais prête à parier qu'autant Lizzie que moi avait envie d'une pause, envie de refaire ses marques, envie de prendre racine. S'isoler me semblait donc être à la base de notre liberté, d'une façon de redémarrer. Non? « T’es sûre que tu ne vas pas avoir besoin de l’appeler pour des conseils ? Je ne sais pas si je te fais pleinement confiance pour ce coup-ci. » je pouffe dans mes rêveries, me détourne pour capter son regard aussi brillant d'espoir que le mien. On le tient, notre plan parfait. « Netflix m'a bien vendu la catégorie Strong female lead ; je suis prête à tenter si tu tentes avec moi toi aussi. » j'arbore, comme argument ultime. S'il le faut, je me pratiquerai dans le jardin les nuits d'avant pour être fin prête le jour J. Et sinon on troquera la tente pour une nuit à regarder les étoiles - y'a pire. « Ne t’inquiètes pas, je m’en sors pas trop mal non plus, on devrait y arriver toutes les deux quand même. » « Ça, c'est mon genre d'accord. » et c'est plié, et c'est décidé. Notre escape plan, on le planifiera et on l'exécutera à deux.
« Quand tu veux. Peut-être en début d’année prochaine, pile poil l’année de nos trente ans ? La Nortlight est en pleine représentation de son spectacle, je ne peux pas les planter pendant au moins 2 mois. » je réfléchis doucement, profite de la brise sur mes joue pour revenir à ici et à maintenant, lorsque j'avais fini par m'égarer dans un calendrier qui se remplit plus que de raison entre le voyage prévu en Europe avec Auden pour fêter la fin de l'année, et le séjour chez les parents d'Isy qui viendrait ensuite. « Entre mars et juillet? » la base, l'évidence, quand nos anniversaires se situent d'un côté et de l'autre de l'horaire, et qu'ainsi la suggestion de partir pour souligner le cap ne prend que plus de sens. « Je te ferai la surprise. J'arriverai à l'improviste et je te kidnapperai. » que je rigole de plus belle, gardant tout de même le capital de cachotteries qui devrait rendre le tout encore plus extraordoinaire. |
| | | | (#)Jeu 23 Jan 2020 - 7:29 | |
| « C'est de la triche, ton sens de l'orientation est déjà pas super, tu pars avec des points en moins là. » Elizabeth éclate de rire avant de la pincer sans ménagement sur le bras. « Hey ! Ce n’est pas comme si j’avais une destination précise en tête anyway. Je suis bien meilleures à se laisser porter par le vent. » affirme-t-elle dans un sourire joyeux tout en ébouriffant les cheveux déjà indomptables de Ginny. Elle est tellement belle, Ginny, se contentant de si peu et affrontant la vie d’une douceur inégalable. Lizzie sent son affection pour son amie gonflée alors qu’elles profitent toujours de ce moment près de l’eau, paisible et tranquille. On pourrait presque oublier qu’elles sont en pleine ville, à humer plus de pollution que de verdure malgré le paysage. Mais tant pis, pour aujourd’hui, elles s’en contenteront aussi. « Pas d’instagram. » Maman Ginny a parlé et Lizzie boude légèrement - pour la mesure. En vrai, elle s’en fiche bien d’instagram - elle pourra toujours poster ses images une fois revenue à la civilisation. Ce n’est pas comme si elle ne s’est jamais retrouvée coupée du monde ces dix dernières années de voyage après tout. Rien de mieux qu’un tête-à-tête avec une amie - non, avec Ginny - pour se ressourcer et recharger les batteries. « Netflix m'a bien vendu la catégorie Strong female lead ; je suis prête à tenter si tu tentes avec moi toi aussi. » « Pas besoin de Netflix pour ça ; on est les strong female leaders de nos vies, darling. Toujours prête à tenter de nouvelles expériences. » Même si l’excite autant que ça la stresse un peu. « Au pire, on s’endormira comme ça, dit-elle en levant les yeux vers le ciel, en nommant les étoiles et respirant l’air qui doit être plus sain là-bas qu’ici. » Parce que, la pollution.
L’affaire est conclue et Ginny garde son petit voile mystérieux, bien décidée à ne pas lui faire part de tout ce dont elle aurait (déjà) planifiée. « Entre mars et juillet? » Lizzie secoue la tête ; à ce jour, elle n’a encore rien prévu pour ces mois-là. Bien trop éloigné pour construire quoique ce soit dans l’immédiat. Peut-être qu’elle travaillera toujours à la Nortlight. Peut-être qu’elle reprendra les routes du monde. Peut-être qu’elle sera ailleurs. « Je te ferai la surprise. J'arriverai à l'improviste et je te kidnapperai. » Ou alors peut-être qu’elle attendra sagement. « Je n’ai jamais été aussi impatiente de me faire kidnapper. » Elizabeth se pince la lèvre en souriant avant de reporter son regard vers le ciel au-dessus d’eux. « Il faudra pas oublier les précautions de base, genre pansements, antirabique, antimoustique et tout le bazar. » La brunette zieute son amie du coin de l’œil en élargissant son sourire. « On ne sait jamais, une bonne trousse à pharmacie peut être vitale dans ces conditions. » Avec la maladresse de Ginny, on n’est jamais sûr de rien, après tout. Mieux vaut prévenir que guérir.
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| | | | (#)Lun 3 Fév 2020 - 2:37 | |
| « Pas besoin de Netflix pour ça ; on est les strong female leaders de nos vies, darling. Toujours prête à tenter de nouvelles expériences. » « Un camping foireux à la fois, alors. » et j'éclate de rire, chose commune quand Lizzie est dans les parages. Elle a cette faculté d'alléger un peu toutes les situations, d'annihiler le stress qu'elles provoquent en une phrase, en un sourire. Y'a des milliers de raisons qui justifient le fait qu'elle a sa place dans ma vie depuis la seconde où elle y est entrée, et ça, c'en est qu'une de plus. « Au pire, on s’endormira comme ça, en nommant les étoiles et respirant l’air qui doit être plus sain là-bas qu’ici. » mes yeux se perdent indéfiniment sur le ciel au-dessus de nos têtes. Ils y restent de longues secondes, cherchant je sais pas quoi, le trouvant pas non plus. Mais c'était ça que j'aimais au final, pas la destination, mais bien le chemin pour m'y rendre. On avait toujours été pareilles sur ce point, je ne le réalise que de mieux en mieux au fil des années qui passent. « C'est censé être un scénario catastrophe et pourtant c'est la plus belle chose que tu pourrais me proposer. » un rire de plus et ma tête se pose docilement sur son épaule, mes iris qui ne lâchent pas l'éternel tableau aux mille couleurs qui se dessine là-haut, rien que pour nous.
Entre mars et juillet, Lizzie? Entre mars et juillet, Ginny.
« Je n’ai jamais été aussi impatiente de me faire kidnapper. » je pouffe de plus belle, la manche de mon pull que j'ai remontée, le bras avec. Ma main libre qui joue avec les mailles défaites, mes doigts qui se faufilent entre elles, qui tentent de réparer les noeuds, qui ne font que les abîmer un peu plus. « Il faudra pas oublier les précautions de base, genre pansements, antirabique, antimoustique et tout le bazar. On ne sait jamais, une bonne trousse à pharmacie peut être vitale dans ces conditions. »
« Ah come on, je suis pas si pire que ça. » que je m'insurge, que je râle, que je fausse aussi. Bien trop outrée pour l'être vraiment, en me redressant d'un geste sec pour appuyer mes paroles. Je tente de rester sérieuse, je tente si fort, mais il faut que je me pince les lèvres et il faut que je me fronce les sourcils avec toute la concentration qu'il me reste pour ne pas éclater de rire. « Regarde! Intacte ici, intacte par là. » tour à tour, je lui montre un mollet, je dégage un bout de tissu sur mes poignets. Mes mains qui n'ont aucunes cicatrices trop apparentes pour l'instant, mes orteils qui sont exempts de bleus. Ma fierté du moment d'être sans aucune ecchymoses, ma tête en l'air que j'ai étonnamment réussi à maitriser dans les derniers jours. « Oups. » mais ça, c'était avant de faire un geste brusque, de casser l'un des bouteilles de sodas à mes côtés, de me couper légèrement la peau de la cheville au passage. Oh, Ginny.
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| | | | | | | | heaven belongs to you ▲ lizzie & ginny |
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