Un bon mois c’est écoulé depuis le jour ou ma vie a été bouleversé. J’étais devenu le père d’un petit garçon de quelques années du jour au lendemain, ce dont j’avais toujours rêvé, bien que j’imaginais vivre cet instant différemment. J’imaginais fonder une famille avec la femme que j’aime, être présent dès sa naissance et tout au long de sa vie, mais tout ne c’était pas passé comme voulu. Mon ex petite amie Amélia m’avais tenu à l’écart de sa grossesse, m’avais quitté du jour au lendemain sans aucune explication et revenais dans ma vie des années plus tard pour m’annoncer que j’étais le père de ce petit garçon qu’elle avait appelé Ethan. J’étais tombé de très haut en apprenant cela, j’avais même douté sur sa sincérité plus d’une fois, jusqu’à ce jour ou le test de paternité confirma ses dires. Je me rappel avoir regardé Clara avec insistance à ce moment-là, ne réalisant pas vraiment ce qui était entrain de m’arriver. Je ne m’étais pas rendu compte de ce que ces résultats allaient changer dans ma vie, dans notre vie. Je passais de moins en moins de temps à Brisbane depuis, je louais un appartement non bien loin de central park afin d’être au plus près de mon fils, afin d’être présent pour lui durant mon temps libre et pour rattraper le temps perdu. J’en voulais énormément à Amélia de m’avoir caché son existence, mais je taisais ma colère pour avoir une place auprès d’Ethan pour qui j’étais à ce jour encore un étranger. J’avais l’obligation d’être présent pour lui et je le faisais passer au premier plan dans ma vie en oubliant presque ma vie à Brisbane sans vraiment m’en rendre compte. Les fois ou je rentrais enfin chez moi mon unique sujet de conversation était Ethan. Mes instants passés en tête à tête avec la femme que j’aime n’était plus semblable aux fois d’avant. Je m’éloignais sans faire attention, pensant que quelques appels via Skype et quelques sms suffisaient à maintenir sain et sauf ma relation amoureuse. Je découvrais encore ce qu’était la paternité, je tentais chaque jour de me faire une place dans le cœur de mon fils tout en aimant toujours à la folie Clara qui se trouvait à des milliers de kilomètres. Je pensais des fois à demander à Amélia de venir vivre à Brisbane, mais c’était beaucoup trop tôt pour cela.
Je saluai Ethan en le serrant dans mes bras, lui promettant de revenir très vite le voir avant d’attraper mes affaires et de me rendre à l’aéroport ou j’allais prendre un vol pour Brisbane. Ça faisait deux bonnes semaines que je n’y avais pas mis les pieds et comptait faire la surprise à Clara qui me manquait énormément. Durant le vol je repensais à tout ce changement. C’était allé tellement vite que j’en avais perdu le contrôle de ma vie. Je repensais à la réaction de ma mère lorsque je lui avais appris la nouvelle. Sans surprise elle avait réagit avec beaucoup de démesure, hurlant de joie, elle qui espérait tant que je devienne papa et qui aimait tant Amélia. Elle ne manquait pas de chouchouter le petit tout en partageant sa joie avec quiconque croisant son chemin. Regardant à travers le hublot je me prenais à sourire tout seul en repensant à tout ça avant de m’endormir pour quelques heures. J’arrivais enfin à Brisbane après des heures de vol, attrapant le premier taxi pour rejoindre son lieu de travail ou j’allais arriver pile à l’heure pour la surprendre à sa sortie. J’avais pris le soin d’acheter un bouquet de fleur et m’étais rafraichi et parfumé pour camoufler le temps passé en vol. J’appelais quelques minutes Amélia pour prendre des nouvelles d’Ethan et raccrochait en arrivant devant le lycée ou Clara travail. J’attendais avec le sourire aux lèvres, espérant la voir sortir à chaque fois que la porte s’ouvrait, m’apprêtant à courir en sa direction pour la serrer dans mes bras et lui dire à quel point elle m’avait manqué.
C’est face à une Clara en plein pilote automatique que l’on peut avoir affaire depuis plusieurs jours. Tout le monde autour d’elle observe une version éteinte de la petite blonde, qui fait les choses mécaniquement mais sans l’entrain et la joie de vivre qu’elle arbore en temps normal. Elle ne sait juste plus trop où elle va, ni ce qu’elle fait. Tout dans sa tête n’est que réflexion et il n’y a aucune place pour autre chose. Tout ça, c’est le temps qu’elle se décide, le temps qu’elle prenne le taureau par les cornes. Voilà plusieurs jours qu’elle avait commencé à faire le point sur la situation actuelle de sa relation et qu’elle avait commencé à ressasser tout ce qui faisait son couple et tout ce que Nicolas, ou elle, apportaient chacun à l’autre. C’était une réflexion longue à laquelle elle avait été aidée et elle avait malheureusement conclu que Nicolas et elle ne se souhaitaient pas les mêmes choses, qu’ils n’avaient pas les mêmes attentes de chacun et qu’ils se feraient plus souffrir encore s’ils s’entêtaient à être un couple. De sa vie, elle n’avait jamais un à accepter une idée aussi douloureuse que celle d’être séparée de celui qui est – et restera - l’homme de sa vie, elle l’aime tellement que ça la brise déjà mais c’est une vérité vraie que le fait que cette relation ne tient plus que de son propre égoïsme : elle ne sera jamais ce qu’il veut. Maintenant, il ne restait qu’à déterminer du moment où elle pourrait avoir cette conversation qu’elle se voit difficilement repousser. Les appels Skype sont devenus de plus en plus pesant et difficile à cause de cette vérité qui demande à sortir mais qui doit être dite à voix haute. Elle se rend compte qu’elle l’évite, prétextant être trop occupée ou au milieu de quelque chose pour ne pas faire ce qui est impensable à ses yeux : rompre par téléphone. Elle retournait le problème sans solution autre qu’attendre le retour de son bien aimé même si celui-ci était régulièrement repoussé à cause de sa dernière priorité : son fils. Si Clara n’était pas amère à l’idée que Nicolas eut un fils, son apparition dans sa vie avait chamboulé la leur et mit en relief ce qui n’allait pas. Nicolas vivait à fond la chose quant à Clara, maintenant qu’un enfant était réellement là, bien que n’étant pas le siens, ça lui donnait envie de fuir à toute jambe le peu d’engagement que cela représentait. Ce n’est sain pour aucun d’entre eux. Clara avait rangé ses affaires rapidement dès que la sonnerie du lycée avait retentit. Le travail ne l’aidait pas à se sortir de ses pensées et c’est en ne faisant que trop peu attention à ses collègues qu’elle prend la direction du parking où se trouve sa voiture. Il n’y a presque plus d’élève le temps qu’elle rejoigne les granges marche, la masse qu’ils forment ne parvient pas à dissimuler la silhouette de Nicolas qui prend forme au loin. Son cœur se serre. Ce sera donc aujourd’hui. Elle menace de se dégonfler, ne sachant pas si le fait qu’elle ne savait pas qu’il revenait aujourd’hui allait être un frein à ce discours qu’elle se répète depuis des semaines. Elle marche naturellement vers lui, ne sachant que dire ou que faire. Il y’a des dizaines de discours qui se forment dans sa tête mais aucun ne semble valoir le coup d’être récité. Puis, quel terrible endroit pour rompre. Juste devant son lycée. Elle remarque le bouquet de fleur à sa main. Pourquoi faut-il toujours qu’il ait des cadeaux ? Elle sait qu’elle aura du mal à refuser alors qu’elle tient à mettre fin à leurs quatre années de couples. « Hey ! » dit-elle, finalement à sa hauteur, tout en tentant d’être la plus naturelle possible, de faire comme d’habitude quand il revient sauf que c’est impossible vu qu’elle ne parvient pas à se jeter dans ses bras. « Je ne t’attendais pas aujourd’hui » dit-elle d’une voix neutre, qui sonne comme une constatation mais sans rien du reproche. Il ne l’avait pas prévenu de son retour. « Tu n’es pas fatigué ? Je t’aurais retrouvé chez toi. » Là où elle aurait eu le courage de le faire.
Ça y est, elle était là, face à moi. Mon sourire n’avait pas tardé à s’agrandir lorsque mon regard se dépose sur elle. J’étais ravi de la voir après tout ce temps et oubliais le temps de quelques secondes le fait que ma vie avait complètement changé ces derniers temps. Une fois à mon abord, Clara ne se jeta pas dans mes bras, ce qu’elle fait la plupart du temps lorsque je viens la retrouver à la sortie de son travail, mais peu importe, je relevais ce détail brièvement et me penchais vers elle pour lui offrir un léger baiser pour la saluer avant de lui tendre les fleurs. M’apprêtant à la prendre dans mes bras, puisqu’elle n’avait pas l’air de vouloir s’y blottir d’elle même, j’écoutais ce qu’elle disait avec beaucoup de surprise. Ce n’était pas les mots prononcés qui me surprenais, mais bien son comportement. Elle n’avait pas l’air d’être heureuse de me voir ou alors elle me le cachait très bien. J’avais l’impression de l’importuné par ma présence, moi qui pensais faire une heureuse en débarquant à l’improviste à sa sortie du boulot. Je n’avais pas été le petit ami parfait ces dernières semaines et mon attention à son égard était en quelque sorte une façon de rattraper ça. Je voulais passer du temps avec elle, rattraper les moments que nous n’avions pas eu ces derniers temps, du temps que j’avais donné à mon fils qui était apparu très soudainement dans mon quotidien. J’arquais un sourcil suite à ses mots, mais ne perdis pas la face, c’était peut-être moi qui était un peu trop fatigué et interprété mal la réaction de la femme que j’aime. Je forçais un peu le moment câlin, la serrant contre moi en fermant les yeux quelques secondes. Qu’elle m’avait manqué ! Elle n’avait pas tardé à reprendre la parole, me laissant à nouveau sur le cul par son comportement, me donnant vraiment l’impression que ma surprise ne lui faisait pas plaisir. « Je suis fatigué, mais je tenais à te faire la surprise, puis j’étais beaucoup trop pressé de te voir pour rentrer et t’attendre sagement. » Que je lui disais en la regardant droit dans les yeux avec un regard digne d’une homme fou amoureux. « Mais si ça t’embête on peut recommencer, je peux rentrer et t’attendre tout en préparant un bon diner pour ce soir. » Je plaisantais en disant cela. « À moins que tu ai déjà quelque chose de prévu ? » Au fond je cherchais à comprendre pourquoi elle n’avait pas manifesté de joie en m’apercevant, surtout en sachant que nous nous étions pas quitté ce matin pour aller travailler comme un couple normal et que j’avais été absent durant un moment. « Tu m’as tellement manqué ! » Ajoutais-je, ne voulant pas la questionner, ne voulant pas pourrir l’ambiance qui n’était pas comme je l’avais imaginé. « Tu as le bonjour d’Ethan. » Ethan avait beaucoup aimé Clara et je n’avais pas pu me retenir de lui faire savoir. J’attrapais mon sac de voyage que j’avais posé à mes pieds. « T’es en voiture ou on prend un taxi pour rentrer ? » La questionnais-je, n’étant pas véhiculé.
Cette situation ne rend pas sa dernière décision facile. Alors qu’il se présente devant elle à l’improviste, Clara a comme une hésitation sur le comportement à adopter. L’habitude lui aurait dicté de faire comme si de rien avant d’être chez lui et de sauter dans ses bras en jouant la petite amie idéale qu’elle prétend être depuis trois ans maintenant, mais ses récentes conversations et sa remise en question lui souffle d’arrêter de jouer ce jeu et d’être elle-même. Elle sait ce qu’elle va lui dire aussitôt qu’ils seront seuls et hors de question de bercer Nicolas d’illusion pendant en un moment. Son double jeu s’est arrêté et même si elle ne peut pas tout dire là, elle ne peut plus prétendre. Malgré tout, Nicolas force l’accolade et elle n’y résiste pas. Ces étreintes n’ont plus grand-chose de naturel et elle sent comme si elle n’appartenait plus à ses bras. Elle aimerait agir sans forcément lui mettre la puce à l’oreille mais ne parvient pas à adopter un comportement adéquat, tout ce qu’elle se répète, c’est l’éternelle question sur le pourquoi a-t-il fallu qu’il vienne à l’improviste. « Je suis fatigué, mais je tenais à te faire la surprise, puis j’étais beaucoup trop pressé de te voir pour rentrer et t’attendre sagement. » Et elle ne met pas très longtemps à pointer son nez la culpabilité. Elle fait son apparition sans trop de mal, dans l’estomac de Clara autour duquel elle noud comme un nœud. Elle avait eu beau tenté de préparer un discours adéquat à la situation pour rompre sans trop de heurt – bien qu’elle sache que ce n’est pas possible – mais elle n’est pas prête à le prononcer, pas encore. Elle imagine que ce sentiment là qu’ils ont ressenti ces gens sur le Titanic au moment du naufrage. « Mais si ça t’embête on peut recommencer, je peux rentrer et t’attendre tout en préparant un bon diner pour ce soir. » Evidemment, parce que le top du top, ce serait qu’en plus du bouquet, il l’accueille avec un repas tout fait. C’est tout con parce que ces attentions là, elle sait qu’elles servent surtout à compenser son absence mais elle n’arrive pas à les prendre comme telles et à se dire qu’elle doit arrêter d’être coupable, que ce n’est pas plus sain comme c’est leur relation quand elle prétend que tout va bien. C’est juste pas l’endroit et là, elle aimerait s’entendre penser au lieu de sentir l’urgence amenée par cette visite impromptue. « À moins que tu aies déjà quelque chose de prévu ? » Elle hoche la tête. Rien de spécial sur sa liste hormis de passer chez Romy mais cette dernière comprendra que quelque chose doit être fait. « Non, rien, on peut aller chez toi. » Elle ne le presse pas. Elle ne veut juste plus se tenir ici alors elle force un sourire tout en tentant de cacher son désarroi. « Tu m’as tellement manqué ! » Le sourire s’élargit. Elle pourrait lui dire la même chose parce qu’en soi, ce n’est pas un mensonge. Il lui a manqué, c’est un fait. Elle l’aime de tout son cœur, c’est un autre fait. Mais leur relation ne peut plus se poursuivre dans l’état actuel et elle a besoin de réfléchir. « Tu as le bonjour d’Ethan. » « Comment va-t-il ? » retourne t’elle automatiquement, trop heureuse de lui offrir un sujet de conversation sur lequel il devrait pouvoir tenir. Elle se sent coupable d’une telle manipulation mais il reste un fond de sincérité sur sa question, si Clara ne se voyait pas être la belle-mère de ce garçon, elle reste malgré tout assez heureuse pour Nicolas de pouvoir tisser ce lien qui lui manquait. « T’es en voiture ou on prend un taxi pour rentrer ? » « On va prendre ma voiture pour rentrer. » dit-elle en pointant le parking des professeurs. « Suis moi. » Et sans attendre, elle initie le mouvement, se demandant quel va être la suite des évènements, quel sera sa réaction quand il découvrira qu’elle a déjà repris toutes ses affaires de chez lui en prévision de. Est-ce peut-être une si mauvaise chose qu’il soit d’abord passé ici et non là bas ? Le nœud se resserre et alors qu’elle monte en voiture, elle pose de plus en plus de question sur ce séjour à New York afin de détourner au mieux son attention du réel problème.
Elle continue cette technique de diversion pendant toute la marche qui suit jusqu’au salon de Nicolas, c’est-à-dire donc dans les couloirs et l’ascenseur, elle le laisse parler d’Ethan et même un peu de sa mère à lui tant que ça ne l’amène pas à converser. Elle se sent idiote d’avoir à agir ainsi, c’est comme si elle lui tendait un piège mais elle ne sait pas comment agir autrement. Comme si dès l’instant où ils entreraient, tout allait s’arrêter. Si elle avait su que ce serait ça, son dernier moment avec lui, elle aurait fait autre chose mais ça, elle ne le regrettera que bien plus tard. Evidemment, l’envie de se dégonfler, de continuer à mentir et de se jeter dans ses bras se fait de plus en plus pressante avec le temps qui avance mais au final, ne l’a-t-elle déjà pas fait que trop de fois de repousser l’échéance ? Si, et c’est pour ça que tout cela doit prendre fin. Elle se le répète mais elle ne s’y fait pas. Elle avait pensé au fait qu’elle lui briserait le cœur en lui avouant la vérité mais là, elle vient tout juste de penser au siens : elle va avoir mal aussi. Elle ferme la porte derrière elle, pose son sac à terre et défait ses chaussures comme elle en a l’habitude. L’appartement est propre et calme. C’est ainsi depuis que Marco a retrouvé son indépendance. Elle finit par ouvrir la bouche, avant qu’il ne comprenne, parce que de toute, il doit bien se douter depuis tout à l’heure que ces mots vont traverser ses lèvres « Il faut qu’on parle. »
Étais-je à ce point sur mon petit nuage pour ne pas me rendre compte que quelque chose n’allait pas ? Que Clara n’était pas comme d’habitude lors de mes retours de voyages. Elle n’avait pas sauté de joie en m’apercevant, j’avais relevé l’information, mais avais été aveugle encore une fois aux signaux qui m’aurait évité de vivre cette scène devant le lycée. Bien des fois elle avait été brève et bien trop de fois, je m’étais dit qu’elle avait sûrement passé une mauvaise journée. Je ne me remettais pas en question, je ne voyais pas à quel point, j’avais été distant depuis la découverte de l'existence de mon fils, privilégiant la relation père et fils plutôt que celle avec ma petite amie que j'espérais un jour devenir ma femme. Oui, j’imaginais Clara comme étant la femme de ma vie et je voulais passer mes jours à ses côtés, une ambition qui était sur le point de s'effondrer. Je faisais bonne figure en me retenant de lui demander si quelque chose n’allait pas et lui fit savoir sans attendre à quel point elle m’avait manqué, ne manquant pas d’observer les traits sur son visage, m’attendant à la voir plus heureuse que jamais. Finalement, je lui demandais tout de même si elle avait quelque chose de prévu ce soir, pensant peut-être m'interférer dans ses plans, ce que je pouvais comprendre. Je n’avais jamais été chiant là dessus et ne l’empêchais pas de prendre du temps pour elle, de passer du temps avec ses amies, j’étais moi-même ravi de pouvoir passer du temps avec mes amis lors de ma présence à Brisbane et je serai très mal placé de lui interdire ou de lui faire des scènes de jalousie, alors qu’elle ne faisait rien de mal. -du moins, c’est ce que je pensais-
Après nos retrouvailles, nous nous étions rendu à mon appartement, j'avais profité du trajet pour parler d'Ethan, un sujet qui me pendait aux lèvres depuis des semaines et qui sans m'en rendre compte m'empêchait de m'intéresser d'avantage à ma petite amie. Je déposais mes affaires à l’entrée, pressé de rejoindre le confort de mon canapé et d'apprécier de voir mon appartement rangé et propre, ce qui s'était fait assez rare il y a encore quelques semaines, lorsque Carter vivait encore sous ce toit.Après nos retrouvailles, nous nous étions rendu à mon appartement. Je me tournais finalement vers Clara avec la moitié d’un sourire lorsqu’elle prononça la fameuse phrase qui annonce rarement de bonnes nouvelles. « Il faut qu’on parle. » Je perdais mon sourire en une fraction de seconde, sentis mon cœur battre à mille à l’heure et j’eus surtout l’impression que tout mon petit monde merveilleux s’effondrait autour de moi. Je n’avais pas idée de ce qu’elle allait m’annoncer, mais à en voir son regard, je m’attendais au pire. Je restais silencieux face à elle, ne la quittant pas du regard. Je m’interrogeais intérieurement, avais-je fait quelque chose de mal ? Était-ce à cause de mon absence qui s’est faite bien trop régulières ces derniers temps ? Je cherchais à comprendre ce qu’elle avait à dire à travers son regard sans y trouver la réponse. Je pouvais jouer au jeu des devinettes en tentant de trouver ce qu’elle avait à me dire, mais je préfère me taire et la laisser parler en serrant les dents.
Les phrases tournent longuement dans sa tête alors qu’elle aperçoit son sourire qui s’efface petit à petit après son annonce. Elle se tient à plusieurs mètres de lui, timide, comme si elle risquait quelque chose à s’en approcher alors qu’elle sait qu’elle ne craint, sauf peut-être de lui imposer une présence qui sera lourde à porter d’ici quelques minutes. Elle ignore par où elle doit commencer : ses infidélités, la pression d’être une bonne copine, la culpabilité de ne pas l’être, le sentiment de jouer un rôle pour lui plaire, le fait qu’elle soit incapable de canaliser ses sentiments, sa peur de l’avenir et surtout de celui qu’il leur souhaite en dépit de ses vœux à elle, de la distance celle vécue parce qu’il priorise son travail et que le peu de temps qu’il a à offrir est dispatchée pour une famille qu’elle déteste, des amis qui la déteste et un enfant qu’elle n’est pas prête à accepter dans sa vie. Tellement de chose à dire et elle n’arrive pas à tirer la moindre épingle du jeu et alors qu’elle cherche le début de cette conversation, elle voit son visage qui se tort et la tension n’en devenir que plus palpable. C’est elle qui veut parler et c’est à elle de le faire, seulement c’est toujours quand on approche de la fin qu’on se rend compte qu’on profiterait bien d’une prolongation. « Je pense qu’on devrait s’arrêter là. » formule t-elle d’une voix cassé qui tente d’être ferme. Elle avait rompu avec beaucoup de personne malgré la longévité de cette relation mais avec lui, parce qu’elle ne voulait surtout pas lui faire du mal, c’était difficile seulement, Yasmine l’avait dit et elle avait eu raison : Nicolas a déjà le cœur brisé, il ne le sait juste pas encore. Clara doit faire face à un flot d’émotion qui tente de remonter à travers sa gorge afin de terminer leur chemin jusqu’à ses yeux mais elle n’a pas le droit de pleurer. Pas alors que tout ça est sa faute, pas alors que c’est elle qui veut cette situation et surtout pas devant lui pour prendre la chance qu’il veuille la consoler, ce qui serait pire que tout. Elle n’ajoute rien le temps que les mots fassent leur chemin, c’est l’expression de son visage qu’elle accentue pour qu’il comprenne bien ce qu’elle veut dire, que ce qui doit se terminer, c’est leur relation. « J’ai beaucoup réflechi, dit-elle en s’avançant pour reprendre la parole, justifier ses propos, je pense que ça fait très longtemps que nous ne sommes plus sur la même longueur d’onde toi et moi, j’ai l’impression qu’on ne fait que retarder l’inévitable, nous ne sommes pas fait l’un pour l’autre. » Sa voix se brise légèrement. Elle mord sa joue du plus puissant qu’elle peut afin de ne pas craquer devant lui mais fatalement, l’émotion se voit sur son visage. « Ce n’est pas question de sentiment mais si on continue comme ça, c’est le mur qui nous attend et si ça fait mal maintenant, ça sera toujours moins que le jour où ça éclatera. Je suis pas faite pour la vie que tu veux m’offrir Nicolas… » soupire t-elle doucement, ne sachant si elle doit continuer de parler pour éviter au silence de continuer à l’écraser ou si elle doit juste tirer sa révérence, tout est si clair dans sa tête et pourtant si compliqué à formuler.
Mon regard n’avait pas quitté Clara durant les quelques dernières secondes avant qu’elle se décide à cracher le morceau, mettant ainsi fin au silence qui s’était installé lorsqu’elle m’annonçait vouloir me parler. Je savais que ce genre de phrase ne prévoyait rien de bon, mais j’avais été beaucoup trop optimiste et ne m’attendais pas à ça. Oh non. J’aurai pu imaginer mille et une chose, mais pas une rupture à venir. Avais-je bien entendu les quelques mots prononcés par Clara ? Mes oreilles n’étaient pas convaincues, mais mon visage lui se décomposait en une fraction de seconde. « Quoi ? » Je la regardais avec un regard rempli d’interrogation. Qu’avais-je fait au bon dieu pour vivre cet instant ? Je rejoignais mes mains entre elles et la laissait terminer. « J’ai beaucoup réfléchi » Je sentais mon cœur battre plus fort et mes mains devenir moites, stressé, curieux de connaître les raisons qui la poussaient à mettre fin à notre relation qui de mon point de vu avait l’air de fonctionner. Une illusion visiblement. Je pense que ça fait très longtemps que nous ne sommes plus sur la même longueur d’onde toi et moi, j’ai l’impression qu’on ne fait que retarder l’inévitable, nous ne sommes pas fait l’un pour l’autre. » Certes nous avions eu quelques divergences, mais j’étais persuadé qu’elle se trompait et pourtant aucun mot sortait de ma bouche pour la contre dire, j’étais comme tétanisé face à ces mots. « Ce n’est pas question de sentiment mais si on continue comme ça, c’est le mur qui nous attend et si ça fait mal maintenant, ça sera toujours moins que le jour où ça éclatera. Je suis pas faite pour la vie que tu veux m’offrir Nicolas… » Je m’étais fait beaucoup trop d’idée visiblement, j’étais partagé entre la tristesse et la colère. « Pourquoi avoir attendu aujourd’hui pour me dire tout ça ? » La questionnais-je sans attendre. Il me fallait des réponses, bien que ça n’allait sûrement pas m’aider à amortir ma chute. « Je pensai que ça roulait entre nous, vraiment. Je pensais que tu voulais la même chose que moi … » J’aurai dû avoir un déclic lorsqu’elle m’avait annoncé ne pas vouloir fonder de famille, moi qui pensais bêtement qu’elle n’était pas prête, elle n'était simplement pas intéressée par l’avenir commun que je proposai. Je me levais pour mieux respirer alors que la chaleur montait. « Je pensais que tu n’étais tout simplement pas prête, mais qu’en aucun cas ça te pousserai à vouloir me quitter. » Je présumais que c’était en partie à cause de mon désir de famille (parfaite) digne d’un tv show. Je tournais en rond, je ne savais pas comment me positionner ou quel geste faire, je tombais de haut. « Je, je ne comprends pas. » Rajoutais-je avant de retourner sur le canapé sans la quitter du regard. Je n’imaginai pas une seule seconde faire ma vie sans elle et pourtant elle se trouvait là, face à moi pour rompre. J’étais à côté de la plaque et n’avais rien vu venir, j’étais resté bien trop longtemps sur mon petit nuage pour m’apercevoir de quoi que ce soi et c’était sûrement ça le pire. « C’est à cause d’Ethan ? » Est-ce que la présence d'Ethan avait fait en sorte qu'elle mette en question notre relation amoureuse ? Je me posais bien trop de question d’un seul coup et espérais l’entendre me dire que c’était une blague. Si seulement.
C’est compliqué que de tourner ses phrases pour qu’elles soient le moins violente possible. Elle sait que quoi qu’il arrive, aborder les raisons menant à sa décision sera violent mais même au pied du mur, elle continue de vouloir arrondir les angles. Pour quoi ? Pour arranger l’opinion que l’on pourrait avoir d’elle dans cette histoire. Elle aurait dû se préparer à ce que celle-ci soit négative du moment où elle a raccompagné chez elle la première personne étrangère à leur couple. Ce ne sera qu’une leçon de plus pour elle à retenir pour plus tard. « Pourquoi avoir attendu aujourd’hui pour me dire tout ça ? » Elle se sent hébétée et ne répond pas tout d’suite. Pourquoi aujourd’hui ? Son sens pratique lui rétorquerait que c’est aujourd’hui parce que c’est le premier jour où elle le voit en deux semaines, que si elle ne le faisait pas, dieu sait combien de temps ça trainerait mais elle se retient parce que sa réponse tendrait à lui rejeter la faute et elle ne veut pas le faire de cette façon-là. « Parce qu’une part de moi n’a pas envie de rompre. » Ce qui est aussi vrai, parce qu’elle avait dû réfléchir et pesé le poids de ce qu’elle abandonnait et regagnait, que ce n’était pas facile comme choix sinon toutes les femmes n’auraient pas pour problème de mettre de côté leur liberté pour plaire à l’homme qu’elles aiment. « Je pensai que ça roulait entre nous, vraiment. Je pensais que tu voulais la même chose que moi … » C’était là son erreur, sans doute, celle de se convaincre que tout roulait et de n’avoir jamais fait attention à ce que Clara pouvait bien penser même si elle ne gênait jamais pour le sous-entendre. Son erreur à elle avait été de penser qu’il comprendrait un jour. « Je pensais que tu n’étais tout simplement pas prête, mais qu’en aucun cas ça te pousserai à vouloir me quitter. » Elle ne répond rien. Elle l’avait déjà fait quand il lui avait dit qu’elle changerait d’avis avec le temps parce que c’était ce qu’elle faisait, décider sans prévenir, et il avait raison mais ce sujet était bien trop intime et ne concernait qu’elle pour qu’il commette l’impudence de compter dessus. « Je, je ne comprends pas. » Evidemment, elle avait toujours agi dans son sens et l’avait bercé d’illusion en jouant la femme qu’il aurait voulu avoir. « C’est à cause d’Ethan ? » finit-il par demander, ce qui met Clara en alerte directement parce qu’elle ne veut pas qu’il pense ça, et surtout elle ne veut pas que d’une façon ou d’une autre, Ethan porte le poids de cette rupture, la réponse intervient dans la seconde, ferme et définitive. « Non, surtout pas. » Son arrivée dans leur vie avait précipité cette décision, certes, mais elle n’a surtout fait que mettre en lumière le problème. Le silence pèse après sa réponse et elle le prend comme une invitation à s’expliquer plus, il ne comprenait pas, alors elle doit expliquer encore plus. « Le sentiment que tu m’as toujours donné, c’est que la vie que tu voulais avec moi devait être sous tes propres termes : un enfant dont je m’occuperais, ta mère que je devrais sûrement accueillir pour ses vieux jours, ta sœur avec qui je devrais me lier d’amitié parce que tu l’adores et ton absence parce qu’il faut que tu travailles pour nourrir notre famille. Ce que tu veux, c’est tout sans avoir à le gérer. Juste rentrer les week-ends et mettre les pieds sous la table pendant que je fais des sacrifices en ton absence. Cet avenir, c’est une épée de Damoclès au-dessus de ma tête et tu n’en fais même pas parti. Regarde rien que le présent, je récupère les miettes de ta présence, je passe après ton boulot, ta famille, je partageais à peu près ton temps restant de façon équivalente avec tes amis et maintenant tu as un fils, ce qui va ajouter à ta charge de temps libre et, encore une fois, ce n’est pas sa faute, mais moi, je ne sens pas que je rentre dans tout ça. En fait, j’ai le sentiment de n’avoir jamais appartenu à ton monde, de ne pas avoir la bonne forme pour entrer dans ce moule mais que tu essaie malgré tout de m’y former et ça doit s’arrêter. » explique t-elle, ne sachant pas si c’est le bon moment pour placer l’aveux de son infidélité ou non. Elle aimerait juste qu’il comprenne.
C’était comme un cauchemar éveillé, je ne savais plus où regarder, mais je savais que je voulais éviter au maximum son regard sous peine d’être encore plus ridicule que je l’étais déjà. Elle mettait fin à notre histoire et tous les projets que j’avais imaginé pour nous s’envolaient en fumé. « Parce qu’une part de moi n’a pas envie de rompre. » Elle disait qu’une part d’elle ne souhaitait pas rompre et la seule réponse logique qui pouvait suivre ses mots aurait été “pourquoi le faire dans ce cas”, mais je décidai de rester silencieux sur le moment, elle avait sûrement bien réfléchi et mon retour à Brisbane devait être attendu avec impatience. “ Au moins tu as la gentillesse de me le dire en face.” Elle aurait pu choisir la facilité en m’écrivant un sms ou en disparaissant de ma vie comme l’avait fait mon ex petite amie Amélia. Malheureusement pour elle, je ne pouvais pas en rester là et après la surprise de cette annonce plus qu'inattendu, je lui demandais pourquoi, m’imaginant tous les scénarios possible. « Le sentiment que tu m’as toujours donné, c’est que la vie que tu voulais avec moi devait être sous tes propres termes : un enfant dont je m’occuperais, ta mère que je devrais sûrement accueillir pour ses vieux jours, ta sœur avec qui je devrais me lier d’amitié parce que tu l’adores et ton absence parce qu’il faut que tu travailles pour nourrir notre famille. Ce que tu veux, c’est tout sans avoir à le gérer. Juste rentrer les week-ends et mettre les pieds sous la table pendant que je fais des sacrifices en ton absence. Cet avenir, c’est une épée de Damoclès au-dessus de ma tête et tu n’en fais même pas parti. Regarde rien que le présent, je récupère les miettes de ta présence, je passe après ton boulot, ta famille, je partageais à peu près ton temps restant de façon équivalente avec tes amis et maintenant tu as un fils, ce qui va ajouter à ta charge de temps libre et, encore une fois, ce n’est pas sa faute, mais moi, je ne sens pas que je rentre dans tout ça. En fait, j’ai le sentiment de n’avoir jamais appartenu à ton monde, de ne pas avoir la bonne forme pour entrer dans ce moule mais que tu essaie malgré tout de m’y former et ça doit s’arrêter. » Je tombais des nus. Étais-je comme elle le disait ? Regardais-je à un point mon propre nombril que je ne m’étais rendu compte de rien ? Elle ne voulait pas de la vie que j’imaginais pour nous deux, mais jusque-là je ne m’en était pas rendu compte. J’étais le méchant de l’histoire, j’avais causé moi-même la fin de notre relation et je restai sans voix, pourtant je devais me ressaisir, le silence n’était pas la meilleure façon de réagir. “Mais si tu ne voulais pas de tout ça, pourquoi ne pas me l’avoir dit simplement Clara ? Tu sais, pour moi le plus important c’est d'être avec toi, peu importe si c’est avec des enfants ou pas, peu importe si c’est dans une grande maison ou dans un caniveau. Je ferai n’importe quoi pour toi et je ne suis pas d’accord quand tu dis que tu passes après mon boulot, j’arrêterai si tu me le demandais. J'ai peut-être été un peu trop absorbé dans rôle de père, mais c'est nouveau pour moi, j'ai appris du jour au lendemain que j'avais un fils, je ne pouvais pas faire l'ignorant, je me devais de rattraper le temps perdu.” Je marquais une pause. Je n'avais pas fait réferance à ma famille, peut-être qu'elle avait raison à ce sujet. “Je pensai que ça te convenait comme train de vie.” ajoutais-je finalement. Moi qui voulais avoir l’air d’être un homme un vrai, ma réaction était digne d’un drame, les larmes manquaient et on y était ! “Ne pars pas, je vais changer, je vais faire en sorte d’être plus présent.” je ramais, je ne voulais pas me faire à l’idée qu’elle parte, non, elle ne devait pas partir. “Je t’aime tellement.” Soufflais-je avec désespoir, tentant de regagner son regard.