Charlie détache ses lèvres de celles de sa jolie collègue en même temps qu'un rire enfantin s'échappe de sa bouche. Alors comme ça, certaines personnes adultes continuent de s'amuser à ce jeu des centaines d'années après qu'il soit passé de mode ? Son regard dévie vers la source de la voix et elle s'attend à voir un humain dont on a négligemment bandé les yeux ou même un droïde dont le système visuel a temporairement été mis hors d'état. Il n'en est rien, cependant et l'humain à peine revenu de l'espace porte encore sa combinaison. Les secondes passent et alors qu'aucune raison logique ne lui vient à l'esprit pour que l'intérieur de la combinaison reste tant opaque, la jeune femme sait déjà que leurs vacances viennent d'être largement écourtées.
"Who turned out the lights ?"
Fuck. La voix est la même, monotone, entêtante. Sans vie. Sans émotion. Sans chaleur. Morte. Morte, parce qu'elle est prononcée par un mort. C'est un cas dont elle n'avait entendu parler que par les on-dit, une espèce que tout le monde ne connaît que dans la tradition orale. Le calme est de mise mais cela n'empêche pas ses muscles de se tendre un à un. Ses yeux bleus se reposent sur Ariel, le regard est entendu. Le système nerveux de cet humain continue de fonctionner alors que son cœur a cessé de battre. Il a déjà été le festin d'une colonie entière d'une espèce dont le nom est craint de tous ; nom que la blonde n'ose même pas prononcer. Elle a des années d'expérience dans le domaine et elle et Ariel ont su faire face à de terribles créatures - mais jamais rien de tel. Jamais aucune créature pour laquelle aucune solution ne s'offre à elles si ce n'est de fuir. Il n'y a toujours aucun son dans la bibliothèque même si tous les yeux sont rivés vers cet homme. Celui qui était humain il y a peu encore, en tout cas. "Everybody out ! Now ! Il est peut être encore temps pour eux. Ils doivent au maximum protéger les civils ou au moins leur éviter de mourir dans les minutes à venir - les pires minutes de leur vie. La plupart obéissent rapidement, profitent des portes grandes ouvertes pour s'enfuir en courant mais il en faut toujours pour se croire plus intelligent que les autres, pour se penser capable de combattre un mal qui ne connaît pas de faiblesse. Un homme, notamment, les toise, les juge, fait claquer sa langue, doute de la capacité de deux femmes à régler un tel problème. Il ne dit rien mais sont corps entier sue de misogynie et d'une attitude macho. Alors elle rage, Charlie, elle en oublie le problème principal pour se concentrer sur un qui n'en vaut pas la peine, elle menace de son index sur son torse alors que ses yeux bleus lancent des éclairs. Il rigole de ceux qui fuient, elle rigole de lui qui n'a pas eu cette finesse d'esprit de le faire alors qu'il était encore temps. "Almost every species in the universe has an irrational fear of the dark. But they're wrong, because it's not irrational. A friend told me that a long time ago. Now you'll get why he was deadly right."Asshole.
Silence in the Library ≈ dimension spatiale au!doctor who ≈
La voix leur parvient en même temps, mais Ariel rechigne à voir Charlie se détacher d'elle. Ses mains sur ses hanches, elle lui intime de revenir à elle - le reste a peu d'importance. Qu'il reste dans le noir, après tout.
"Who turned out the lights?" La deuxième occurence est soudain moins drôle et sous ses doigts, elle sent Charlie se raidir, son dos se redresser - et par mimétisme, elle l'imite. Leurs regards se croisent, celui d'Ariel dévie une seconde vers la combinaison d'où s'échappe la voix ; la voix désormais sans vie. Le silence qui tombe sur elles est assourdissant, les respirations se font discrètes tandis que l'image d'un mythe que l'on croyait disparu se forme dans les esprits des deux enquêtrices. Ariel fronce les sourcils: sceptique, elle ne veut pas y croire. Mais les yeux bleus limpides de Charlie ne lui laissent pas le temps de protester ou d'argumenter: il n'y a pas une minute à perdre, et Ariel sait d'expérience qu'il vaut mieux créer une fausse alerte et faire évacuer tout le monde que de faire courir à tous les invités de la Library un risque hautement mortel... et hautement contagieux.
"Everybody out! Now!" C'est Charlie qui donne la première alarme, l'urgence dans sa voix trahissant le danger alors qu'elle se détache d'Ariel avec rapidité. "Stay away from the shadows!" Le temps est précieux, et la panique commence à se répandre dans la foule. Et c'est une bibliothèque: la lumière tamisée est de rigueur et les zones obscures sont légèrement plus nombreuses que les zones de lumière... D'un geste, elle pousse quelques récalcitrants vers la sortie. Il n'y a pas de restez calmes qui tienne: le plus vite tout le monde sera sorti, le mieux ce sera. Elle compte les personnes encore présentes dans la pièce lorsqu'un bruit la force à se retourner: dans la combinaison blanche, les lumières soudain se rallument et laissent entrevoir à travers la visière un crâne ; partie visible d'un squelette vient de faire un pas en leur direction. Oh no. La gorgé serrée, elle esquisse un pas en arrière. Quel est le protocole, dans ces cas-là? Comment arrêter la menace? Les souvenirs sont loins et si ce n'est pas la première entité mystérieuse qu'elle affronte, Ariel ne se rappelle de rien concernant les piranhas de l'ombre. Alors elle se tourne vers Charlie, s'apprête à lui demander what do we do now? mais la trouve en pleine confrontation. C'est pas le moment!
En deux enjambées elle se trouve à ses côtés, s'interpose entre les deux adversaires. "Listen to her asshole, you need to leave, now, or he's gonna get you! Elle désigne le mort debout dont les pas maladroits deviennent de plus en plus assurés. Pas le temps de s'embarrasser de politesses: le but est de faire sortir tout le monde en vie... tant que c'est encore possibile. It's learning to walk and soon enough it willl learn to kill so move! your! ass! Don't walk in the shadows and get the fuck outta here!" Mais ses mots n'ont pas l'effet escompté et à son désarroi, Ariel voit l'homme éclater de rire. "So what? A shadow's gonna kill me? It's just a skeleton, kick him and he'll die!" Sous leurs yeux effarés, il prend la menace à la rigolade, fait mine de s'approcher du noir qui les entoure, inconscient du danger que représente le mort marchant qui répète, inlassablement, la même phrase en boucle. "No, not every shadow..." murmure Ariel devant l'homme bravache, qui s'avance dans l'ombre projetée par une bibliothèque. "... but any shadow."
"That's bullshit, there, you're just panicking for nothing, you bloody women you have no idea what is actually going on it's just a -- aaaaaah!" Le cri glace d'effroi Ariel qui recule immédiatement, son bras devant Charlie comme pour la protéger. En une seconde l'homme a disparu dans l'ombre et sa carrure auparavant imposante se transforme en un tas d'os, un nouveau squelette qui vient s'écrouler au sol à leurs pieds... où l'ombre grandit à nouveau.
"Charlie? What do we do now?" Et elle espère que son amie, collègue et coéquipière aura une réponse rassurante, car pour elle, la seule idée qui lui vient est... run.
Silence in The Library | chariel #3
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