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 (kellssan) she's got a secret garden

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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyLun 11 Nov 2019 - 16:51


kelly & hassan
she's got a secret garden

She'll let you in her house if you come knockin' late at night, she'll let you in her mouth if the words you say are right, if you pay the price she'll let you deep inside, but there's a secret garden she hides. ☆☆☆



C’était quelque chose qui l’avait toujours fasciné : le fait qu’en heure de pointe, il lui faille parfois aussi longtemps si ce n’était plus pour relier en voiture l’aéroport de Brisbane et sa maison de Logan City qu’il ne lui avait fallu de temps pour parcourir en avion la distance entre Brisbane et Sydney. Parti tôt le matin, il avait fait l’aller-retour en Nouvelle-Galles du Sud dans la journée pour contre-visiter un appartement déjà repéré par son frère, et c’est avec une satisfaction non dissimulée qu’il avait sauté dans l’avion du retour après avoir apposé sa signature sur le compromis de vente. Il n’avait pas eu le temps de voir ses neveux, ce qui pour lui était toujours un crève-cœur, mais il n’était pas impossible qu’il refasse un passage par Sydney d’ici à la fin de l’année scolaire et quand bien même, il se réjouissait déjà d’avoir rien que pour lui les deux plus grands durant trois semaines au cours de l’été. Il avait besoin de ça en ce moment, de leur candeur d’enfant et de leur enthousiasme si propre à la période bénite entre deux années scolaires … Il avait besoin de la plus pure des bonnes humeurs pour égayer un peu sa morosité actuelle, et là-dessus rien ne faisait jamais le poids face à une partie de frisbee au parc ou une balade à vélo dans Wynnum. Il y songeait, coincé dans le trafic de fin de journée qui bouchait une partie de la voie rapide, les lunettes de soleil posées sur le nez et la tête se balançant lentement au rythme de la soupe musicale servie par ABC entre deux émissions. À ça et au fait qu’il n’avait pas pris de vacances depuis une éternité ; De vraies vacances, du genre qui dépaysaient et coupaient la monotonie quotidienne. Il n’avait pas quitté l’Australie depuis son dernier séjour en Iran, sans doute un peu refroidi par la manière désastreuse dont s’était terminée l’histoire … mais il ne pouvait pas indéfiniment accuser cette superstition de l’empêcher d’aller voir ailleurs. Leilani leur avait proposé à Rhett et à lui de profiter des prochains congés d’automne pour venir lui rendre visite ; Ils ne s’étaient pas revus depuis qu’elle était installée à Singapour, et Hassan avait répondu qu’il y réfléchirait, dépendamment de ses engagements professionnels le moment venu … Il doutait d’avoir d’autres obligations que celles liées à son travail dans les mois à venir, de toute façon. Mais il avait aussi envie de voyager autrement, de partir « à l’aventure » et de se retrouver un peu tout seul … La monotonie de son quotidien était en train de l’étouffer, et la pente sur laquelle il se sentait à nouveau lentement glisser lui faisait peur.

Sa voiture à peine garée dans l’allée devant sa maison, c’est avec un enthousiasme non dissimulé qu’il avait retrouvé Spike et Bandit, débordant quant à eux à chaque retour de sa part d’une telle énergie qu’il aurait bien pu s’absenter trois heures comme trois jours. Il avait eu un peu mauvaise conscience en partant le matin, n’aimant pas l’idée de les laisser seuls toute la journée alors qu’il serait à huit cent kilomètres de là, encore échaudé par le cambriolage dont il avait été victime le mois précédent. L’espace d’un instant il avait songé à les déposer chez le père de Clara, jamais contre l’idée de s’en occuper particulièrement depuis qu’il avait lui-même recueilli ce chien errant … Mais Hassan savait qu’il agissait là par pure paranoïa, et au bout du compte il s’était contenté de vérifier scrupuleusement que toutes les portes et toutes les fenêtres étaient correctement fermées avant de quitter la maison. Néanmoins soulagé de retrouver ses deux boules de poils et son chez-lui intacts, il avait passé de longues minutes à flatter l’encolure de l’un et de l’autre avant de prendre le chemin de la cuisine pour préparer leurs gamelles respectives. Les deux voraces occupés à se remplir la panse, lui s’était simplement préparé un thé, qu’il avait laissé infuser sur la commode de sa chambre pendant qu’il prenait une douche ô combien agréable. Propre, changé, il s’était installé sur le petit bout de terrasse attenant à sa chambre, et avait poussé l’immense soupir qui ponctuait généralement les toutes aussi longues journées. À Logan City on entendait les oiseaux chanter bien plus que le moteur des voitures, et fermant doucement les yeux le brun avait laissé son esprit vagabonder et son corps de reposer, réagissant à peine lorsque Spike – la démarche de Bandit sonnait d’une manière particulière du fait de sa patte manquante – était venu se coucher à ses pieds. Peut-être qu’Owen avait raison, peut-être qu’ils étaient trop vieux pour tout ça, peu importe ce que tout ça était. Bien que l’odeur du jasmin ne vienne lui chatouiller les narines à mesure que son thé refroidissait, ce fut finalement la combinaison d’un aboiement et d’une voix féminine qui le tirèrent de sa rêverie et le convainquirent d’ouvrir les yeux. Dans le jardin d’à côté, dont une partie lui était visible depuis son perchoir, Hassan avait vu Kelly s’installer sur la balancelle de son jardin, un verre de vin dans une main et l’autre repoussement mollement l’excès d’énergie et d’enthousiasme de son Beagle. Elle aussi avait l’air morose, cela durait depuis quelques temps, mais il lui semblait que ce soir-là un peu plus que les autres jours ; À moins qu’il ne soit influencé par sa propre mélancolie. L’observant à la dérobée pendant de longues secondes, partagé entre l’envie qu’elle lève la tête et la crainte qu’elle le surprenne ainsi en train de l’épier, il avait déposé sa tasse de thé sur le rebord de la fenêtre et récupéré son téléphone portable dans la poche arrière de son jean.

    « Besoin de compagnie ? »

Hésitant un quart de seconde à peine avant d’appuyer sur envoyer, il avait jeté un nouveau regard vers Kelly, la voyant sortir à son tour son téléphone et ouvrir le message qui venait de lui être envoyé, et se demandant si elle aurait l’intuition de lever le nez dans sa direction elle aussi.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyJeu 26 Déc 2019 - 15:56

Il était bien plus complexe de faire un choix entre deux cuvées lorsque tout avait le goût de l’amertume. Et cela ne se résumait pas au vin. Cela ne se résumait pas à la nourriture, d’ailleurs, si tant est que les paroles, les actions, les événements du quotidien et les sensations puissent avoir un goût. Mais il était là, partout, tout le temps. C’était comme un vin encore vert, comme un sachet de thé abandonné dans l’eau trop longtemps, comme mâcher un morceau de zeste d’orange ou encore croquer dans un grain de café. C’était lourd et sec, et écoeurant. Le goût ne s’était pas déposé que sur les papilles de la jeune femme. Il avait glissé dans sa gorge, souvent nouée par l’écho des paroles de Chad durant leur dernière discussion. Il avait fait son chemin jusqu’à son estomac, vide et trop retourné par la réalisation d’une décennie de mensonge pour être nourri de quoi que ce soit d’autre que du vin et le sel des larmes qui lui échappaient avant d’aller dormir. Elle le devinait dans ses poumons, dans la chaleur sèche de ses souffles, dans l’odeur de pollution fraîche des rues de Brisbane. C’était dans ses veines, dans ses muscles, dans ses membres, dans ses pas ; l’amertume, un monde en nuances de gris. Au final, c’était tout son monde, ses pensées et ses sens qui s’étaient transformés en une pile de cendres. Et toutes les particules s’insinuaient dans son nez, ses oreilles, sa peau. Elles se substituaient à elle, à Kelly qui ne savait plus vraiment qui elle était, ce qui était vrai. Elle savait que si elle laissait faire, son étincelle vive et enthousiaste finirait étouffée par les résidus de ses certitudes transformées en feu de joie, annihilées par la brûlante vérité. Le baiser coup de poing de la réalité qui frappe dans la mâchoire et vous laisse sonné sur le sol. “T’as pas l’air dans ton assiette” que Lee s’entendait dire à tire-larigot. Elle ne l’était pas et n’arrivait plus à prétendre le contraire. Il lui semblait devoir reprendre sa vie de zéro et elle n’avait pas la moindre idée de par où commencer, avec qui, ou pour quelle raison. Lorsqu’elle avait les Témoins, elle savait pourquoi, quel était le sens de tout ceci. Quand elle avait découvert la grande ville, l’Université, les possibilités, les belles choses -et Chad- elle s’était donné pour but de poursuivre le rêve de la vie parfaite. Et maintenant ? Etait-elle supposée se débrouiller seule ? Penser par elle-même ? Vivre pour elle seule et se forger une quelconque destinée ? Submergée, la brune stagnait, pétrifiée. Elle se levait le matin, à la même heure que d’habitude, sortait Tobey selon le chemin habituel, partait pour le travail selon son planning, évoluait entre les caves, les bouteilles et les verres comme elle avait si bien le faire, revenait à la maison en fin d’après-midi pour se faire accueillir par son chien avec un enthousiasme inchangé ; mais en son fort intérieur, le vent ne soufflait plus, l’herbe ne courbait plus, l’eau ne ruissellait plus, ses jambes ne la supportaient plus. La majorité de son temps libre, normalement si occupé, si mondain, consistait à s’installer dans son jardin et ne rien faire, un livre ouvert sur les jambes qu’elle avait à chaque fois l’espoir de continuer à lire. A l’infaillible compagnie de Tobey s’ajoutait le soutien d’un verre à pied. Si on lui demandait pourquoi tout ce vin tous les jours, Lee répondrait qu’elle faisait un inventaire actif de sa cave personnelle. Bizarrement, les accords vin-déceptions se faisaient avec une facilité déconcertante. Il y a toujours un cru pour aller avec la crise existentielle du jour.

Une vibration. A quel point la jeune femme était-elle profondément perdue dans ses pensées pour sursauter au mouvement de son téléphone ? Sûrement que plus que dans ce fameux livre, abandonné aux première pages. Le nom de Hassan lui décrochait généralement un sourire. En ce moment, il représentait aussi l’insécurité qu’elle ressentait, non seulement en elle, mais dans le quartier qu’elle adorait pourtant. Son cambriolage avait été un choc supplémentaire. Il vivait littéralement la porte à côté ; et si cela avait été elle ? N’y avait-il donc plus de rien de sacré que l’espace privé, l’antre personnelle, la propriété et le terrain d’une personne travaillant dur chaque jour que Dieu fait pour maintenir ce toit sur sa tête et ses biens proche de lui ? Ne pouvait-on pas seulement avoir quatre murs à soi, rien qu’à soi, intouchables, inviolables ? Ou est-ce que tout dans le monde était condamnée à être gris et triste et effrayant ? Lee jeta un coup d’oeil au texto et, immédiatement, releva les yeux en direction de la maison voisine. Il la voyait. Dans tout son désarroi, toute sa solitude, toute sa mélancolie. Et elle le vit aussi, sans l’avoir cherché longtemps du regard. Alors seulement esquissa-t-elle un sourire.

« Besoin de compagnie ? »

« Bring the boys. »

Spike et Bandit pouvaient tenir compagnie à un Tobey qui peinait bien à attirer et garder l’attention de sa maîtresse, quand bien même il portait désormais sur ses épaules le rôle de bouée de sauvetage pour elle. Bientôt, les deux autres canidés déboulèrent dans le jardin de devant, pour le plus grand plaisir du Beagle. Hassan n’était pas loin derrière, accompagné de sa tasse de thé. “Chacun sa technique de réconfort.” releva Kelly en brandissant son verre de Pouilly fumé. Puis elle tapota la place à côté d’elle, invitant son voisin à s’asseoir. Un premier pas vers leur destinée commune de futurs vieillards acariâtres jugeant le monde depuis leur porche. “Comment tu vas ? Depuis… l’incident, chez toi.” Tout le monde savait, néanmoins Kelly doutait que ce même vaste “tout le monde” s’inquiétait qu’elle pour lui. Les chiens avaient-ils été malmenés ? Avait-il perdu un objet cher à son coeur ? Se sentait-il encore chez lui, dans cette maison, après cette violation de son espace ? “J’ai entendu dire que ça tendait à rendre un peu parano. Ca se comprend.” Malgré sa curiosité, la pudeur de la brune permettait à Hassan de s’en sortir avec un simple signe de tête ou un hochement d’épaules s’il ne souhaitait pas s'épancher sur le sujet en se rangeant derrière son hypothèse. Après une gorgée de blanc, elle soupira doucement, les yeux parcourant la rue aux beaux pavillons, aux jardins entretenus, aux voitures propres. Le voisinage parfait, en apparence. “Est-ce que c’est moi ou… ce quartier n’est plus vraiment ce qu’il a été ?” Ou n’avait-il jamais été autre chose que l’image idéale qu’elle s’en était faite. Perdue entre le vrai, le faux, les façades, les faux-semblants des uns, des autres, et les siens, elle ne savait plus, vraiment plus.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyVen 24 Jan 2020 - 7:25

Etait-ce la morosité que Kelly semblait porter en bandoulière, ou le poids de sa propre solitude qui venait de motiver Hassan à envoyer ce message comme on jetait sa ligne depuis le bord de la rivière ? Toujours est-il qu’il avait scruté avec une pointe d’appréhension l’instant où elle s’était saisie de son téléphone pour lire ses mots, et s’était laissé gagner par un bref sentiment de légèreté lorsqu’elle avait levé le nez dans sa direction et lui avait offert un sourire, qu’il lui avait rendu aussitôt. « Bring the boys. » Ne se le faisant pas dire deux fois, trop heureux de troquer sa solitude contre la présence somme toute rassurante de sa voisine, Hassan avait levé un pouce dans la direction de Kelly en guise de réponse, et fait claquer sa langue pour sortir Spike de sa torpeur. Un autre jour il n’aurait sans doute pas fermé à clefs, il n’allait pas loin après tout, mais ce jour-là il avait verrouillé à double-tour et même donné un coup de poignée pour s’en assurer une dernière fois. Sa tasse de thé à la main, il s’était tranquillement laissé distancer par ses deux colocataires à poils et avait atteint le jardin pour découvrir sans grande surprise les trois chiens en plein chahut de retrouvailles, trop heureux de pouvoir se renifler la truffe et bondir les uns vers les autres sans la palissade pour les séparer. Dépassant le chahut, il avait levé sa tasse en guise de réponse au « Chacun sa technique de réconfort. » de la maitresse des lieux, et sans se faire prier il avait pris possession de la place libre sur l’autre côté de la balancelle. « Comment tu vas ? Depuis … l’incident, chez toi. » Le fameux. Sans qu’il n’en soit véritablement surpris l’information n’avait pas mis plus de trois ou quatre jours à remonter aux oreilles de Fatima, et fait les beaux jours des adeptes de potins qui constituaient son cercle d’amies dans le quartier. « J’ai entendu dire que ça tendait à rendre un peu parano. Ça se comprend. » Portant sa tasse de thé à ses lèvres, Hassan avait dodeliné la tête pour tenter de nuancer la chose mais néanmoins admis d’un ton calme « Un peu, c’est vrai. » L’idée que Dieu sait qui avait déambulé chez lui pour y chercher Dieu sait quoi n’était pas plaisante, personne n’aimait se voir rappeler aussi frontalement que son cocon n’était pas inviolable. « Mais ce sont des choses qui arrivent. Et puis je m’en sors plutôt bien malgré tout, les chiens n’ont rien, c’est un peu le seul truc qui m’importe en définitive. » Ça et le fait qu’on ne lui avait à priori rien dérobé, mais s’il avait fallu choisir Hassan se serait laissé déposséder de tous ses biens pourvu qu’il n’arrive rien à Spike et Bandit, et ce sans la moindre hésitation. « Je pense pas qu’ils reviendront, si ça peut te rassurer. » Peu importe qui était ce ils, d’ailleurs. Gardant le silence quelques instants, la jeune femme s’était fendue d’un soupir auquel avait succédé une gorgée de vin. « Est-ce que c’est moi ou … ce quartier n’est plus vraiment ce qu’il a été ? » Qu’elle soit légitime ou non, la question avait arraché au brun un sourire songeur, et haussant les épaules il avait volontairement répondu à la question de Kelly par une autre « Je ne sais pas … Est-ce que tu es toujours ce que tu as été, toi ? » Bien que purement rhétorique, il avait répondu pour lui-même « Parce que moi non. » quitte à donner l’air d’enfoncer une porte ouverte. Mais les choses changeaient, les gens changeaient, penser que l’on pouvait se dresser contre cet état de fait était au mieux présomptueux, et au pire complètement illusoire. « J’ai vécu dans ce quartier toute ma vie, évidemment qu’il a changé … Tout change. Mais les changements ont l’allure qu’on décide de leur donner. » Autrement dit c’était exactement la même chose que cette histoire de verre à moitié vide ou à moitié plein. On pouvait choisir de rester bloquer sur ce que l’on perdait avec le temps, ou l’on pouvait préférer se concentrer sur ce que l’on gagnait. « Elle te vient uniquement de mon visiteur indélicat, cette réflexion ? » Ayant un court instant laissé son regard vagabonder d’un chien à l’autre, il avait tourné la tête vers Kelly et reporté son attention sur elle. « Ou bien le vin est là pour réconforter autre chose. » Pas qu’il ne juge si tel était effectivement le cas. Au fond il ne faisait que tendre une perche.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyMar 11 Fév 2020 - 0:03

Le dernier écho d'un cambriolage dans la rue remontait à bien loin. Lee ne s'en était pas inquiétée ; après tout, cela n'arrivait qu'aux autres, ceux qui méritaient un revers de la part du karma. Pas à son propre voisin, pas tout juste de l'autre côté de la palissade, à littéralement deux pas de chez elle. La jeune femme ne pouvait pas fermer les yeux cette fois et prétendre que ce qu'elle n'avait pas vu n'existait pas. Car Hassan était bien vrai, sa porte défoncée aussi, et la pointe de panique dans le coeur de Kelly à chaque fois qu'elle y songeait. Elle avait de la peine pour le brun. Elle n'était que la voisine, celle qui y avait échappé de justesse et qui ne pouvait pas comprendre ce que cela fait de rentrer un soir pour découvrir son chez-soi violé par un inconnu. Sa compassion était tout ce qu'elle avait à offrir, faute de restaurer un sentiment de sécurité qu'elle avait elle-même perdu. Elle pourrait être la prochaine après tout. Au final, une fois le malheur passé, peut-être sont-ce les rescapés qui psychotent le plus. « Je pense pas qu’ils reviendront, si ça peut te rassurer. » tint-il à la rassurer avec un sourire, qu'elle lui rendit maladroitement. S'il fallait faire l'inventaire des possessions de Kelly, rien ne sortirait véritablement du lot. Beaucoup de livres, du matériel de cuisine, des habits ; chacun y verrait le prix que cela lui avait coûté à l'achat, et quand bien même leur perte peinerait en effet son compte en banque -et sa fierté- aucun objet ne comptait à ses yeux. Pas plus que la sécurité de Tobey, ce pourquoi elle comprenait si bien son voisin. Lee aimait avoir ces choses, bien entendu, mais ils étaient remplaçables. Son vieux compagnon, son fidèle ami, son complice à quatre pattes, lui, non. "Je n'ai vraiment rien de valeur à voler de toute manière. Je pourrais même leur pardonner selon le vin avec lequel ils repartent." Car les bouteilles lovées avec soin dans sa cave électrique étaient les seules susceptibles d'être revendues pour un prix intéressant, à condition de savoir laquelle subtiliser, et quelque part, être volée par un connaisseur ou une personne avec un peu d'intérêt pour l'une de ses passions plutôt qu'un simple vandale seraient le maigre réconfort lui permettant de dédramatiser. Comme elle aurait aimé que ce souci ne s'ajoute pas à la liste de tous ceux déjà enchevêtrés dans son esprit, pourtant il en constituait la ligne de trop, celui qui ébranlait définitivement sa vision incertaine de l'avenir. Même si la brune aurait souhaité tout imputer aux mutations contemporaines de son quartier chéri, elle avait conscience qu'elle tentait simplement de dissimuler le plus gros de ses malheurs sous le tapis en goudron de sa rue. Ce n'était pas juste le quartier, c'était elle aussi. Elle aurait simplement voulu savoir quand et pourquoi ces changements s'opéreraient avant d'être mise devant le fait accompli, dix ans de sa vie volés sans avoir besoin de forcer le moindre verrou. « Je ne sais pas … Est-ce que tu es toujours ce que tu as été, toi ? Parce que moi non. » La jeune femme n'était définitivement plus qui elle fut avant, quel que soit la période. Elle n'était plus la fillette Ward qui effectuait du porte à porte avec ses parents le sourire aux lèvres. Elle n'était plus l'adolescente à la curiosité frustrée par les préceptes auxquels sa communauté la pliait. Elle n'était plus l'étudiante qui dissimulait la vérité à ses parents sur son domaine d'études, les fêtes et les garçons. Et puis, le flou. Qui fut-elle, après cela ? Quelle était cette Kelly qui avait hanté travail, maison et mariage tout ce temps ? Qui était-elle, désormais ? « J’ai vécu dans ce quartier toute ma vie, évidemment qu’il a changé … Tout change. Mais les changements ont l’allure qu’on décide de leur donner. » Sauf ceux qui vous tombent dessus et vous volent dix ans de votre vie. Ceux-là ont des airs de temps perdu et un goût de gâchis. Ceux-là ôtent un peu plus les couleurs du monde et la musique de la nature. « Elle te vient uniquement de mon visiteur indélicat, cette réflexion ? demanda finalement Hassan. Ou bien le vin est là pour réconforter autre chose. » Regard peiné, Kelly le regarde et sait qu'il sait. Qu'il y a plus que ça à noyer au fond de son verre. Elle soupira, encore une fois, jamais à court de souffles perdus et résignés. Ses lèvres se pincèrent à la recherche de ses mots -mais devait-elle seulement parler ? Elle savait à quelle vitesse les mots se passaient dans le quartier, et la facilité avec laquelle ils sont déformés. Elle serait bien vite perçue comme la voisine dépressive, abandonnée par un ex-mari gay et oubliant le chagrin dans les grands crus. Le brun lui inspirait confiance plus que quiconque en ces temps-ci. Et son coeur était si lourd. Mais que penserait-il, lui, devant la vérité ? Lee ne voulait pas qu'on la plaigne, non, ni qu'on la juge. Ce n'était pas d'avis dont elle avait besoin. C'était qu'on l'écoute. C'était qu'on la comprenne, un peu, voire mieux qu'elle-même. "Ça a été une période difficile, dernièrement." admit-elle, à la grande surprise de strictement personne, si l'on sait où regarder ; dans son trait d'eye liner effacé par les larmes volées dans les toilettes du boulot, les mèches échappées de sa queue de cheval habituellement impeccable, et ce faux pli sur quelques vêtements repassés d'un œil distrait. "Les gens sont… tellement décevants, tu sais. Entre ceux que l'on pensait connaître, et ceux qui n'ont jamais été tel qu'on l'imaginait." Chad avait menti des années durant. Elle ne l'aurait jamais cru capable de garder le moindre secret, pas pour elle. Il lui semblait étranger désormais. Ses parents gardaient leur porte close à son nez -elle était allée leur rendre visite pour plaider sa cause et n'avait jamais franchi la porte après plusieurs heures à supplier. Même Joanne était parvenue à la décevoir. Elle n'était pas la deuxième moitié parfaite du couple parfait que Kelly fantasmait depuis l'université. Le constat était terrible pour Lee ; il n'y avait plus d'amour, nulle part. "Et je… je ne me sens plus certaine de rien." La première fois que sa gorge se serra, elle prit une gorgée de vin pour détendre sa trachée et se donner du courage. Rares étaient les moments où Kelly s'ouvrait sincèrement. Mais les apparences n'avaient plus de sens désormais. "Je pensais savoir très exactement qui je voulais être dans la vie, et comment l'atteindre. Je voulais une maison, un chien, une famille, l'amour, comme celui que tu avais avec Joanne… je voulais que tout soit parfait." Parfait. Plus qu'une simple quête : une philosophie, un état d'esprit. Il ne suffisait pas de chercher la perfection, il fallait l'être et se l'imposer au quotidien comme une véritable hygiène de vie. La perfection n'atterrissait pas tout cuit dans la bouche de celui qui faisait quelques efforts dans ce sens. C'était un travail de tous les instants, une exigence, une ligne directrice. C'était surtout un mensonge aussi bien entretenu que la pelouse de Mrs. Clark -deux centimètres et demi, été comme hiver. "Maintenant mes parents ne m'adressent plus la parole, je n'ai plus de mari ni de meilleur ami, et je…" La seconde fois qu'elle retint ses larmes de crocodile, Kelly prit une grande inspiration, bloqua l'air dans ses poumons, puis expira longuement. Puis elle esquissa un sourire, celui qui ne rassure personne d'autre que soi-même. "Et même ce quartier n'a plus l'air si sûr." Alors quelle certitude restait-il, en dehors de son nom ?
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyDim 29 Mar 2020 - 22:52

La mélancolie de la jeune femme faisait peine à voir, sans doute parce qu’Hassan s’était habitué à la voir toujours souriante, sans faux-pli, donnant l’impression que les désagréments du quotidien glissaient sur elle sans jamais entacher sa bonne humeur apparente. Apparente, le problème était peut-être là, et juché depuis le perchoir que constituait le balcon de sa chambre le brun l’avait sans doute happée dans un instant de déprime qu’elle ne se permettait d’avoir qu’à la faveur de son chez-elle, à l’abri des regards. Il aurait pu se contenter d’en être désolé, mais Hassan n’était pas homme à s’excuser d’être le témoin de quoi que ce soit, et sans exclure la possibilité de se voir opposer une fin de non-recevoir il avait tout de même pris le risque de questionner, dans l’espoir de gratter un peu du vernis que Kelly tentait péniblement de conserver. Se fendant d’un long soupir, la jeune femme avait semblé considérer ses options un moment avant d’admettre du bout des lèvres « Ça a été une période difficile, dernièrement. » comme on entrouvrait une porte. Mais ça Hassan le savait, et sans doute qu’elle savait qu’il savait – il n’aurait simplement pas posé la question, sans ça. « Les gens sont … tellement décevants, tu sais. Entre ceux que l'on pensait connaître, et ceux qui n'ont jamais été tel qu'on l'imaginait. Et je … je ne me sens plus certaine de rien. » Marquant une pause, elle avait trempé les lèvres dans son verre de vin et sa mâchoire semblait s’être crispée un court instant – la frustration peut-être, ou la tristesse … à moins qu’elle ne se soit empêchée de dire quelque chose qu’elle craignait de regretter. « Je pensais savoir très exactement qui je voulais être dans la vie, et comment l'atteindre. Je voulais une maison, un chien, une famille, l'amour, comme celui que tu avais avec Joanne … je voulais que tout soit parfait. » Elle lui avait arraché un sourire songeur, et ne souhaitant pas l’interrompre pour la corriger Hassan s’était contenté de prendre une gorgée de son thé. Si l’évocation du bonheur qu’il avait partagé avec Joanne aurait fut un temps provoqué en lui une douce amertume, ne subsistait désormais plus qu’un brin de nostalgie où les regrets n’avaient plus leur place. « Maintenant mes parents ne m'adressent plus la parole, je n'ai plus de mari ni de meilleur ami, et je … » Plutôt que sa mâchoire qui se crispait c’était en réalité son menton qui tremblait, et prenant le temps d’une grande inspiration elle avait offert un sourire ironiquement teinté de tristesse, se lamentant « Et même ce quartier n'a plus l'air si sûr. » et semblant y voir là la goutte d’eau qui avait fait déborder son vase personnel. Bandit s’étant lassé le premier des retrouvailles énergiques avec son voisin de clôture, Hassan avait passé une main machinale entre ses oreilles lorsque l’animal était venu réclamer une caresse avant de s’allonger à leurs pieds, et le regard remontant vers Kelly il avait affirmé sans l’ombre d’un doute « Le quartier n’est pas moins sûr qu’il ne l’était avant. Le négatif saute juste plus facilement aux yeux quand le moral ne suit pas. » Les cambriolages n’étaient certes pas légion à Logan City, mais pour autant celui d’Hassan n’était pas le premier, et ne serait pas le dernier. Soupirant à son tour, comme on faisait face à une situation dont on savait que la solution n’était pas entre nos mains, il avait finalement repris « C’est jamais simple, un divorce. » Mais ça elle n’avait pas eu besoin de lui pour s’en rendre compte, pas vrai ? « Je parle pas juste de la séparation en elle-même, mais … tout le reste, aussi. On perd ses repères, ses habitudes … ça redistribue toutes les cartes. » De quoi créer une peur du vide, et donner à l’inconnu une dimension vertigineuse, étourdissante. « Et puis ça force à se faire face à soi-même, et on ne va pas se mentir ce n’est pas forcément une partie de plaisir. » Le rire lui ayant échappé empreint d’une légère nervosité, il avait usé du même sourire incertain qu’elle lui avait offert quelques instants plus tôt et repris une gorgée de thé « Mais je t’assure que ça finit par aller mieux. C’est pas simple, c’est long … Mais c’est pas insurmontable. Et peut-être que … Enfin, j’ai pas la prétention de savoir comment sont les choses entre Chad et toi, et chaque histoire est différente, mais peut-être qu’en prenant un peu de distance pendant quelques temps, ça vous permettra de panser vos plaies chacun à votre rythme. Et de vous revoir quand vous serez plus apaisés. » Il lui souhaitait en tout cas, sans doute attendri par cette façon qu’elle avait eu de mettre l’époux et le meilleur ami dans la même case. Terrain trop glissant pour qu’il n’ait osé s’y aventurer, il avait passé sous silence le sujet des parents, qu’il ne maitrisait de toute façon plus vraiment.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyLun 13 Avr 2020 - 16:30

Elle faisait rouler le vin dans son verre afin d’occuper son regard pendant qu’elle s’ouvrait à Hassan. Au fil de ses paroles, on pouvait réaliser que Kelly était avant tout déçue que le monde et ceux qui le peuplent, notamment son entourage, ne sachent pas se hisser à la hauteur de ses attentes et ses espoirs de vie sans accrocs. Cela n’était pourtant pas si difficile, d’après elle. Pourquoi fallait-il dissimuler, mentir et être égoïste ? Pourquoi fallait-il que tous soient emplis de défauts ? Etait-elle la seule personne saine dans un univers de fous, ou est-ce que la normalité consistait à être aussi fêlé que le reste de la population ? Etait-elle une alien, à ne pas comprendre les autres, à s’accrocher à sa vision d’une vie idéale ? Faire les bons choix était à la portée de tous, et tous s’obstinaient pourtant à courir partout comme des poulets sans tête, à être illogiques et incohérents. L’autosabotage était quelque part dans la nature humaine, songeait-elle. Comme un besoin maladif de se rendre misérable et d’entraîner autant de personnes que possible dans sa chute. Sinon, pourquoi choisir être homosexuel, d’être infidèle, de cambrioler quelqu’un ? Comment un monde formé à l’image de Dieu pouvait être aussi corrompu et décevant ? « Le quartier n’est pas moins sûr qu’il ne l’était avant. Le négatif saute juste plus facilement aux yeux quand le moral ne suit pas. » souligna Hassan, et il n’avait pas tort. Durant ses années de mariage, la brune voyait la vie en rose et jamais ne se serait-elle arrêtée sur une énième une de journal rapportant une guerre ou une famine dans quelque région abandonnée du monde. Son univers s’arrêtait à la clôture de son jardin où les fleurs s’épanouissaient et les oiseaux chantaient comme la cour d’un château Disney. Son malheur mettait en exergue celui des autres, et plus encore, tout ce qui ne tournait pas rond dans cette société. Cela la submergeait. « C’est jamais simple, un divorce, reprit-il. Je parle pas juste de la séparation en elle-même, mais … tout le reste, aussi. On perd ses repères, ses habitudes … ça redistribue toutes les cartes. Et puis ça force à se faire face à soi-même, et on ne va pas se mentir ce n’est pas forcément une partie de plaisir. » Etaient-ce les défauts de l’humanité qu’elle se prenait dans la figure depuis qu’elle était seule, ou étaient-ce les siens auxquels elle faisait face ? Accepter que la normalité était imparfaite consistait, pour l’australienne, à accepter qu’elle-même était pleine de fêlures. Outre ses défauts physiologiques, c’était ses comportements obsessionnels, son absence de passions, sa dépendance au regard d’autrui. Et Chad n’était plus là pour l’accepter telle qu’elle était. « Mais je t’assure que ça finit par aller mieux. C’est pas simple, c’est long … Mais c’est pas insurmontable. Et peut-être que … Enfin, j’ai pas la prétention de savoir comment sont les choses entre Chad et toi, et chaque histoire est différente, mais peut-être qu’en prenant un peu de distance pendant quelques temps, ça vous permettra de panser vos plaies chacun à votre rythme. Et de vous revoir quand vous serez plus apaisés. » Elle secoua la tête, défaitiste. Etait-il possible de se remettre de dix ans de mensonge ? De pardonner pareille mascarade ? “Je ne pense pas que ça arrivera un jour.” souffla Kelly. Chad lui avait volé les meilleures années de sa vie. Il l’avait tant confortée dans ce mirage de mirage parfait, il avait joué le jeu du mari idéal et avait travesti la réalité, non pas par affection pour elle, mais pour lui seul. Pour se cacher. C’était un piège dont Lee était l’unique victime. Et rien ne lui rendrait ce temps perdu. “Il m’a menti. Pendant dix ans, il m’a menti. On s’est mariés, on a vécu sous le même toit, on a voulu fonder une famille, et rien de tout ça n’était réel.” Elle ne voulait pas se remémorer les nuits passées ensemble dans l’espoir de concevoir l’enfant tant attendu. Elle ne pouvait supporter l’idée de s’être donnée à un homosexuel, de l’avoir laissé la toucher. Cette idée lui retournait l’estomac. “Il n’est pas ce qu’il paraît.” confessa-t-elle en levant ses yeux vers Hassan. Elle ne pouvait en dire plus et elle ne le voulait pas, mais la peine qui faisait trembler le coin de ses lèvres était la preuve suffisante du désordre qui régnait en elle depuis quelques semaines. Hassan et Chad étaient amis. Les problèmes des ex-époux ne regardaient qu’eux. Le visage de la brune se referma, ses yeux reprirent leur fuite au fond du verre de vin. “Personne ne l’est.” elle murmura. Pas même elle. Kelly avait bien de la peine à se l’avouer, mais elle n’était en rien la voisine irréprochable qu’elle prétendait être. Non, elle soudoyait des enfants pour harceler Casey, elle jugeait en silence les agrégats d’épouses qui faisaient leur jogging en meute dans leurs survêtements en velours fushia, elle renversait régulièrement les poubelles de son voisin de gauche durant ses tentatives de créneau pour garer sa voiture et elle haïssait secrètement la petite amie d’Hassan dont les shorts étaient toujours beaucoup trop courts. N’avait-il donc pas le moindre bon goût en terme de femmes ? “Pas même Joanne, pensa Kelly à haute voix. Elle aussi, elle est fourbe et égoïste.” L’australienne n’était pas remise de l’ampleur de la déception causée par la petite blonde lors de leur dernière rencontre. “Tu sais quoi, je suis contente que vous ayez divorcé. Elle ne te mérite pas.” Elle avait renoncé à Hassan avec une aisance folle, et désormais, elle méritait bien que son second mariage soit une punition. “Et Chad mérite de brûler en enfer.” conclut-elle avant de prendre une (très) grande gorgée de vin qui finirait tôt ou tard par remplacer l’amertume dont le goût la hantait par le bouquet fleuri et la texture beurrée de ce bon cru.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyMer 22 Avr 2020 - 20:31

Plus à tort qu’à raison sans doute, Hassan s’était façonné une image du divorce de Kelly et Chad qui, il le réalisait maintenant, était probablement erronée. Il avait cru à l’illusion du divorce sans heurts, d’un commun accord qui ne laissait pas la place à l’amertume ou au ressentiment, de ceux qui prouvaient que la fin d’un couple ne signifiait pas automatiquement la fin de l’affection et de la bienveillance que les deux parties éprouvaient l’une pour l’autre … Il y avait peut-être même cru d’autant plus fort qu’avoir en périphérie de son propre monde un exemple de ce qu’il essayait non sans mal de bâtir avec Joanne depuis quelques mois désormais le rassurait sans doute un peu, lui prouvant que la chose était possible et qu’il suffisait de s’en donner les moyens et de faire le travail sur soi nécessaire pour y parvenir. Mais la vérité c’est qu’il n’avait plus vu Chad dans les parages depuis un moment, que cela n’était probablement pas dû qu’au fait qu’il ne se donnait pas pour missions de surveiller les allers et venues de ses voisins avec attention, et que la dernière discussion qu’il avait partagé avec son ancien coéquipier lui avait laissé une impression en demi-teinte. Pas qu’elle n’ait pas été cordiale, mais le brun avait malgré tout cru déceler une pointe d’amertume dans la voix de Chad lorsqu’avait été mentionné le prénom de Kelly et le rôle qu’elle avait tenu à distance dans la vente de gâteaux du club de rugby en confectionnant certaines des pâtisseries proposées. Il s’était peut-être fourvoyé en fin de compte, le divorce des Taylor n’était pas aussi idyllique qu’il l’avait un temps pensé – si tant est que l’on puisse qualifier d’idyllique un divorce quel qu’il soit. « Je ne pense pas que ça arrivera un jour. » lui avait en tout cas confié la jeune femme dans un souffle lorsqu’il avait avancé le fait que le temps puisse à lui seul guérir certaines blessures et certaines rancœurs. « Il m’a menti. Pendant dix ans, il m’a menti. On s’est mariés, on a vécu sous le même toit, on a voulu fonder une famille, et rien de tout ça n’était réel. Il n’est pas ce qu’il paraît. » Alors qu’elle relevait les yeux vers lui le brun avait vu passer dans le regard de Kelly un voile de déception, et baissant à nouveau la tête vers son verre elle avait murmuré « Personne ne l’est. » avec un défaitisme presque contagieux. Bien qu’intrigué par la confession de sa voisine, Hassan ne s’était pas senti le droit de demander la moindre précision supplémentaire. Et bien qu’il se soit fait l’avocat du diable en répondant « Je ne connais pas bien Chad, et encore moins aussi bien que toi, mais … tu sais je doute que l’on puisse rester dix ans avec quelqu’un sans que les sentiments ou l’affection n’aient jamais été sincères. » il se demandait bien, malgré tout, quel genre de secret pouvait être gardé au chaud durant une décennie entière, tellement bien enfoui pour que même la femme qui partageait sa vie et son toit n’en ait jamais rien su. Prise dans les tourments de sa propre désillusion, Kelly semblait en tout cas déborder d’une amertume dont elle éclaboussait tout ce – et ceux – qui paraissait vouloir donner raison à la déception qui la consumait, et outre son ex-époux l’ancienne flamme d’Hassan en avait elle aussi fait les frais. « Pas même Joanne. Elle aussi, elle est fourbe et égoïste. » Arquant un sourcil, car s’il avait lui-même eu ses propres reproches à faire à Joanne il n’appréciait pas d’entendre autrui la dénigrer, il avait secoué la tête lorsque la brune avait ajouté « Tu sais quoi, je suis contente que vous ayez divorcé. Elle ne te mérite pas. Et Chad mérite de brûler en enfer. » et tâché de mettre de l’eau dans le vin dont elle venait de descendre une gorgée plus longue et appuyée que les autres. « Je ne pense pas que qui que ce soit mérite un sort aussi … radical. » On pourrait bien blâmer son sens exacerbé du pardon, mais à moins que Chad n’ait commis un crime aussi immoral qu’impardonnable il était partisan de ne lui souhaiter rien d’autre que de trouver son équilibre ailleurs, éventuellement loin de Kelly s’il s’avérait que son équilibre à lui menaçait celui de la jeune femme. « Et Joanne n’est pas une mauvaise personne. Elle a fait des erreurs, mais moi aussi … On s’est tous les deux fait beaucoup de mal. Il n’y a rarement qu’un seul responsable dans une séparation. » Et leur divorce à eux ne faisait résolument pas partie des exceptions. Mais peut-être était-ce ce qui donnait plus de valeur à l’amnistie qu’ils tentaient aujourd’hui de s’accorder. Reste que ce qu’il essayait de faire entendre à Kelly sans toutefois oser la brusquer plus frontalement, c’était que si elle tenait Chad pour responsable de certaines erreurs il y avait fort à parier que lui aussi avait son lot de reproches à lui faire. « La colère et le ressentiment ce n’est pas ce qui t’aidera à aller mieux. Crois-moi, je sais de quoi je parle. » Et cela venait de quelqu’un qui ne l’avait lui-même pas encore totalement atteint, le seuil du fameux aller mieux, bien que son divorce n’en soit aujourd’hui plus qu’une cause secondaire. « L’énergie que tu dépenses à regretter l’époque où tu étais Kelly Taylor, c’est de l’énergie que tu ne consacres pas au fait d’être Kelly Ward, et la seule personne que tu punies en raisonnant ainsi, c’est toi … Tu mérites mieux, tu ne penses pas ? » La question était purement rhétorique, raison pour laquelle il n’avait pas spécialement attendu après une réponse de la concernée avant de poursuivre « Ce que Chad a perdu n’est pas forcé d’être perdu pour tout le monde. Et c’est quelqu’un qui a eu droit à deux dates avec toi qui le dit. » et ponctuant sa phrase d’un sourire entendu, il avait plongé le nez dans sa tasse de thé sans pour autant lâcher la jeune femme du regard.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyDim 3 Mai 2020 - 23:22

Elle ne voulait pas l’entendre, quand bien même Chad le lui avait assuré et Hassan le soulignait à son tour comme une évidence ; pendant ces dix ans de vie commune, il y avait forcément eu de l’affection bien réelle, une forme d’amour quelconque, ou un sentiment pouvant en faire office. Kelly ne trouvait aucun réconfort dans cette hypothèse, encore moins une raison de ne pas en vouloir à son ex-mari. Cela lui permettait surtout de se complaire dans ce rôle de victime qu’elle endossait à merveille, bouffie d’une hypocrisie inavouable. Car la brune elle-même n’avait jamais eu de sentiments amoureux pour Chad, rien de ce dont les films, les livres et les chansons faisaient l’ode. Elle n’avait jamais eu de papillons dans le ventre à cause de lui, pas de frissons, pas de sourires niais. Mais c’était ainsi le mariage, à ses yeux ; il s’agissait de trouver quelqu’un qui cochait toutes les cases, et l’amour était en option. Elle avait bel et bien joué son rôle dans cette longue mascarade. Ils s’étaient utilisés l’un l’autre, cependant, Kelly n’avait jamais su pour quelle vérité elle faisait office de couverture. Jamais n’aurait-elle accepté d’être l’épouse de façade d’un homosexuel si elle avait eu vent des réelles intentions de Chad à l’époque. Désormais, tout le voisinage allait bientôt savoir à quel point elle fut prise pour une sotte et elle n’oserait sûrement plus croiser le regard de quiconque dans la rue. « La colère et le ressentiment, ce n’est pas ce qui t’aidera à aller mieux. Crois-moi, je sais de quoi je parle. » conseilla Hassan, sûrement plein de bonnes attentions et doté de conseils qui méritaient d’être pris en compte. Seulement, Kelly avait besoin d’être un colère. Elle en avait le droit. Elle pouvait et devait se l’accorder. Elle devait ressentir la peine pour la dépasser, et la colère pour mieux s’en affranchir. Elle devait embrasser tout ce que le ressentiment provoquait en elle afin d’en sortir grandie. Elle n’en avait pas conscience encore, mais jamais n’avait-elle eu d’émotion aussi vraie, aussi authentique. « L’énergie que tu dépenses à regretter l’époque où tu étais Kelly Taylor, c’est de l’énergie que tu ne consacres pas au fait d’être Kelly Ward, et la seule personne que tu punies en raisonnant ainsi, c’est toi … Tu mérites mieux, tu ne penses pas ? » L’australienne acquiesça en baissant mollement la tête. « Ce que Chad a perdu n’est pas forcé d’être perdu pour tout le monde. Et c’est quelqu’un qui a eu droit à deux dates avec toi qui le dit. » Il vainquit sa moue chagrinée l’espace de quelques secondes, lui arrachant un rictus aussi amusé que flatté. Cependant, Hassan n’était pas beaucoup mieux placé que Lee pour prétendre la connaître et savoir qu’elle était sa valeur ; pas plus qu’elle, en tout cas, qui explorait tout juste les méandres de sa personnalité. Le long de ses lèvres se glissa un soupir. “Le problème, Hassan, c’est que j’ai divorcé de Chad pour découvrir qui est Kelly Ward, et je n’en ai toujours aucune idée.” Non, elle ne regrettait pas l’époque où on l’appelait Mrs Taylor et qu’elle se sentait aussi glamour que Liz. Cela sonnait si bien, Chad et Kelly Taylor. Leurs photos de couple étaient superbes et respiraient cette perfection à laquelle elle aspirait tant. Ils s’étaient bien payé la tête du monde, ensemble. Peut-être s’était-elle un peu trop prise au jeu. Malgré tout, le divorce demeurait son initiative et elle ne le regrettait pas. Elle avait besoin d’autre chose, même si elle ne savait toujours pas de quoi. “J’ai tant sacrifié pour enfin avoir la vie qui me correspondrait, reprit-elle, bien que Hassan ne saurait sans doute pas à quoi elle faisait référence -et il n’en avait pas besoin. Mais la réalité, c’est que tout ce que j’ai gagné, c’est d’être seule. Et je suis incapable de mettre le doigt sur ce qui va vraiment me propulser dans la bonne direction. ” A l’inverse, elle rampait à tâtons dans le brouillard, alourdie par les pourquoi, les comment et ces maudits “et si” supposés refaire le monde. Pendant ce temps, Chad avançait. Il tournait la page, il refaisait sa vie sans elle. Pourquoi lui et pas elle ? Qu’avait-il compris qu’elle ignorait encore ? Elle pouvait relire la Bible en quête de réponses, en vain. Peut-être devait-elle commencer par fermer le satané bouquin. Elle n’en saurait pas plus en fixant le fond de son verre à pied. Le vin, au moins, apportait un semblant de réconfort. Et Hassan ne pouvait pas aider non plus. Au moins pouvait-il s’estimer victorieux d’une chose : lui avoir arraché son premier sourire depuis longtemps.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptyDim 17 Mai 2020 - 23:22

Il aurait aimé pouvoir l’aider un peu mieux. Avoir des solutions à offrir à ses problèmes, des réponses à ses questions, des certitudes à ses incertitudes … Mais avec quelques trains de retard Kelly nageait finalement dans la même mélasse que lui, aux prises avec le revers de la médaille qui venait avec tout divorce, même le plus apaisé. Et même celui de la brune ne l’était pas autant qu’elle l’avait un temps laissé croire, creusant un peu plus les certitudes d’Hassan quant au fait que la recette miracle n’existait pas, que le divorce sans heurts n’était qu’une illusion qui un jour ou l’autre finissait forcément par vous revenir en pleine figure tel le boomerang de l’échec. Son thé refroidissait, mais semblant l’avoir oublié le brun vrillait toute son attention sur la jeune femme, le coude posé contre le dossier de la balancelle et le menton appuyé contre sa paume. « Le problème, Hassan, c’est que j’ai divorcé de Chad pour découvrir qui est Kelly Ward, et je n’en ai toujours aucune idée. » Avait confessé Kelly dans un soupir, le timide sourire qu’il était parvenu à lui tirer reparti presque aussi vite qu’il était arrivé alors qu’elle tentait de mettre des mots sur les doutes qui l’animaient. Des désillusions dont l’enseignant se surprenait d’apparaître comme suffisamment digne de confiance pour qu’elle les lui partage, mais qu’il tâchait d’accueillir avec un intérêt mesuré, ne souhaitant pas basculer dans une curiosité déplacée. « J’ai tant sacrifié pour enfin avoir la vie qui me correspondrait. Mais la réalité, c’est que tout ce que j’ai gagné, c’est d’être seule. Et je suis incapable de mettre le doigt sur ce qui va vraiment me propulser dans la bonne direction. » Au bout du compte, les paroles de Kelly l’avaient laissé songeur. Elles résonnaient en lui d’une manière qui le déroutait un peu, lui provoquant plus de questions qu’elles n’apportaient de solutions, et à son tour il avait abandonné un soupir à peine perceptible. « Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour donner des conseils en matière de gestion de la solitude … » Parce qu’il ne la gérait déjà pas convenablement lui-même. Il faisait absolument tout pour l’éviter tant elle le terrifiait, et il n’enviait même pas ceux qui  parvenaient à s’en accommoder. Au fond Kelly avait bien plus de mérite que lui en essayant de la dompter, même avec difficulté. « Mais pour ce qui est de savoir qui est Kelly Ward, malheureusement je pense que c’est une question à laquelle il n’y a que toi qui puisse répondre. Même si tu n’en as pas encore conscience. » Penchant la tête sur le côté comme si cela devait influer sur la perspective que lui offrait la brune, il l’avait à nouveau détaillée du regard quelques instants avant de lui offrir un sourire. « Le jour où tu voudras me la présenter je serai ravi de lui offrir un verre, en tout cas. En bonne et due forme, cette fois-ci. » Et non pas comme la doublure qu’il avait été la dernière fois que leurs routes s’étaient croisées au détour d’un bar, l’attention de la jeune femme finalement ravie par l’homme pour lequel elle était venue en premier lieu. Hassan ne l’avait jamais vu rôder dans les environs, d’ailleurs … et Kelly était seule, elle l’avait dit elle-même, alors sans doute que sa volonté honorable d’honorer son engagement n’avait pas payé autant qu’elle aurait pu l’espérer. Ou peut-être était-ce le manque de ponctualité du bonhomme qui l’avait desservi, mais au fond peu importe. Faisant tourner un instant les quelques gouttes de thé qui subsistaient au fond de sa tasse, Hassan avait fini par la vider, et y voyant une certaine forme de conclusion il avait repris « Je vais te laisser, tu devais avoir des choses à faire avant que je t’interrompe. » avant de se remettre debout, attirant du même coup l’attention de ses deux compagnons à quatre pattes. Il n’en était pas entièrement certain en réalité, mais le silence dont Kelly faisait preuve, elle d’ordinaire si bavarde, suffisait à le persuader qu’elle avait sans doute envie qu’on la laisse tranquille. « Tu sais où me trouver si tu as besoin de compagnie. J'habite pas très loin, il paraît. » Et sa solitude à lui n’était jamais contre quelqu'un avec qui la tromper.
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Message(#)(kellssan) she's got a secret garden EmptySam 23 Mai 2020 - 0:37

La solitude était un fardeau pour une femme telle que Kelly. Cependant, si elle souhaitait sa voie, le chemin qui lui était propre, la vie qu’elle désirait sincèrement mener, elle se devait de faire table rase du passé, de cette existence montée de toutes pièces à partir des idéaux des magazines, des dogmes de ses parents, de ses rêves de petite fille. Elle devait grandir, vivre des expériences, se faire ses propres opinions, et cesser de se laisser dicter sa conduite par cette notion de normalité aussi oppressante que vague, ce sacro-saint regard des autres dont elle s’était rendue dépendante. Elle devait aller à la découverte de ses goûts et de ses dégoûts, se faire de nouveaux rêves, former ses propres idéaux. Et tout cela, Kelly ne pouvait le faire que seule, songeait-elle. Oui, il n’y avait qu’elle pour répondre à la foule de questions qui se bousculaient dans sa tête, elle seule pour savoir ce qu’elle voulait dans la vie. Pour faire des choix. Elle les avait toujours redoutés, éludés, évités. Elle avait regardé ailleurs, fait mine de ne pas comprendre, acquiescé en silence. Elle avait pris sur elle toutes ces attentes, tous ces espoirs, et toute la pression qui allait avec. Mais aujourd’hui, où étaient ces gens qui avaient forgé son désarroi ? Où étaient ses parents, où étaient ses amis, et Chad ? Surtout Chad. Le plus grand de tous les mensonges, l’illusion parfaite. Elle pansait cette blessure, reprenait son souffle. Il lui avait fait mal, comme un grand coup dans le ventre dont elle peinait à se relever. Le résultat, c’était Kelly-là, abattue, maussade, désenchantée. Cette ombre morne à laquelle Hassan faisait face et qu’il tentait si fort de remettre sur pieds. Rien n’était très probant, cela n’était pas encore le temps. Kelly eut un maigre sourire cependant à son invitation à boire un verre, un jour où elle le verrait à moitié plein. “Je suis sûre qu’elle apprécierait.” qu’elle approuva. Quand le moment sera le bon, dans les choses iront dans son sens et qu’elle se sentira plus aguerrie. Peut-être alors la verrait-il enfin autrement. Autrement que la voisine, la camarade d’université, celle qui entretient trop son jardin et écoute un peu aux portes. Elle voulait l’espérer, mais à cet instant, Lee se sentait éloignée du monde par un large fossé. Un gouffre creusé entre elle et ceux qui avaient l’air de savoir ce qu’ils voulaient. Pudique et pleutre, la brune n’osa pas contredire Hassan et le retenir un peu plus longtemps tandis qu’il amorçait son départ. Elle n’était pas bien bavarde après tout, et ses élucubrations métaphysiques ne devaient guère l’intéresser. La dernière chose qu’elle souhaitait, c’était de l’ennuyer avec ses problèmes alors que lui-même avait ses propres soucis. Alors elle se plia à sa volonté de mettre fin à cette courte discussion en hochant de la tête ; elle avait bien des choses à faire, comme vider son verre de vin, pour commencer. “Merci Hassan.” souffla-t-elle avant qu’il ne quitte la terrasse, son fidèle compagnon lui emboîtant le pas. Tobey, lui, repus de ces jeux canins, revint vers elle pour s’allonger à ses pieds. Elle continua d’observer son voisin jusqu’à ce qu’il ferme la porte de sa maison derrière lui, et même un peu après, tant que sa silhouette se devinait à travers les vitres de son salon. Il avait été là, il avait essayé, elle ne l'oublierai pas.
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