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 The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph

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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptySam 23 Nov 2019 - 15:19



The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution.

@Joseph Keegan & Juliana Rhodes



Les yeux rivés sur mon téléphone, les sourcils froncés, j’essaie désespérément de comprendre le fonctionnement de cette stupide application mobile qui semble presque me narguer. Ça fait presque vingt minutes que je me bats avec ce stupide portable réfractaire à toute innovation de ma part et j’hésite entre reconnaitre que la technologie n’est vraiment pas faite pour moi ou balancer l’objet de ma frustration de l’autre côté de la rue de sorte qu’il aille s’écraser sur le réverbère situé sur le trottoir d’en face. Je pense que je vais privilégier la première option, déjà parce que le prix d’un nouveau téléphone est assez conséquent pour que je réfléchisse à deux fois avant de me lancer mais aussi parce que la faible luminosité offerte à cette heure où le soleil disparait doucement risque de me faire louper ma cible ce qui ne ferait qu’accroitre mon niveau de frustration. A défaut de m’avoir permis de faire ce que je voulais, ce petit problème technique m’aura au moins permis de me faire patienter alors que le temps d’attente du prochain bus était anormalement élevé. Pour cause, j’ai décidé de rester travailler tard ce soir parce que j’avais un inventaire à terminer et que ma supérieure m’a gentiment autorisée à prolonger ma pause déjeuner ce midi pour que je puisse honorer un rendez-vous. Rien de complètement fou, dans mon quotidien plutôt banal, si on excepte le fait que j’ai enfin commencé à me pencher sérieusement sur ce projet de livre dont j’ai déjà parlé à beaucoup trop de personnes sans pour autant réussir à écrire le moindre mot. Je n’ai pas encore commencé l’histoire à proprement parlé, mais j’ai au moins établi un planning, rédigé le fil conducteur de mon livre et me suis fixée différentes deadlines pour m’obliger à ne plus reculer devant l’angoisse que me procure cet inconnu dans lequel je m’apprête à me lancer. Mon projet devient concret et j’admets que ça me terrifie bien plus que ça ne le devrait, parce que j’ai peur de ne pas en voir le bout, mais aussi parce que j’angoisse du jugement des autres et que j’appréhende de me lancer dans cette voie que j’avais fini par mettre facilement de côté en considérant qu’elle n’était pas faite pour moi. Malgré tout, je me suis promis de me lancer de nouveaux challenges et de sortir une fois de plus de cette zone de confort si agréable dans laquelle j’ai beaucoup trop tendance à m’enfermer, encore plus depuis que mon couple rencontre des zones de turbulences qui m’incitent encore davantage à me raccrocher à tout ce qui est routinier et rassurant dans ma vie. Je ne veux plus être la Juliana qui trouve son bonheur dans un contrôle total de son quotidien, elle ne me manque pas et retourner en arrière sous prétexte que c’est plus facile que de continuer à aller de l’avant et à franchir des étapes importantes ne me plait absolument pas. J’ai bien l’intention de continuer à lutter contre ces problèmes qui ont trop longtemps guidé ma manière de vivre et je suis assez fière de me rendre compte que j’y arrive plutôt bien pour le moment.

Le bus se gare enfin à côté de l’arrêt de bus et je retiens de justesse un soupir en y entrant, constatant que cette heure tardive ne me soustrait pas à la population bien trop nombreuse à laquelle je pensais échapper puisque je me trouve, pour une fois, en dehors des périodes privilégiées des travailleurs de Brisbane. Je fais tout de même bonne figure, salue le chauffeur avec un sourire et avance dans le couloir alors que d’autres personnes tentent de se frayer un chemin parmi la foule en arrivant juste après moi. Je me retrouve rapidement coincée entre un adolescent, casque sur les oreilles diffusant une musique juste assez forte pour que je l’entende mais pas assez pour que je la reconnaisse, qui mange un sandwich si salement que la mayonnaise dégouline sur le sol et un homme d’un certain âge qui me dévisage avec un regard lubrique particulièrement inquiétant. Notre proximité me met suffisamment mal à l’aise pour que je joue des coudes et tente une manœuvre stratégique pour rejoindre un emplacement. J’enjambe un sac rempli de légumes, me félicite de n’avoir mangé qu’une salade ce midi en me glissant entre deux poussettes mal rangées et tombe nez-à-nez avec un visage familier sans trop l’être qui provoque évidemment ma surprise. « Joseph ! » Je m’exclame, sans réfléchir. Peut-être que si j’avais laissé à mon cerveau le temps de se remémorer les derniers événements, j’aurais choisi de faire comme si je ne l’avais pas vu, récupérant mon téléphone désormais glissé dans ma poche pour faire semblant d’être incroyablement occupée. Dommage, je n’ai pas eu une telle présence d’esprit et maintenant que j’ai attiré son attention, je n’ai d’autre choix que de faire en sorte que la conversation qui va nécessairement suivre ne soit pas la plus gênante que j’ai jamais eu de toute ma vie. L’objectif est simple, ne pas aborder des sujets qui fâchent, ne pas laisser de blancs s’installer trop longtemps entre nous et faire en sorte que nous nous quittions en bons termes sans avoir fait preuve d’une trop grande hypocrisie. Sur le papier, ça parait très simple, mais quelque chose me dit ça ne va pas l’être du tout. « Ça me fait plaisir de te voir. » Presque autant que de croiser un voisin chiant dans l’ascenseur en sachant pertinemment qu’il se fait une joie de montrer à tout le monde les photos de ses trente-cinq chats en expliquant pour chacune d’entre elles les conditions exactes de la capture de cet événement spécial. Pour ce qui est de limiter l’hypocrisie, il va falloir que je fasse quelques efforts. « On ne s’est pas revu depuis… Euh… Tu sais… » Eviter les sujets qui fâchent, n’est-ce-pas ? Encore un échec survenu après deux phrases alors que la conversation n’a même pas encore vraiment commencé. Magnifique, vraiment, je me surpasse. « Je n’arrête pas de me dire que je devrais te recontacter. » Ben voyons, plutôt crever, au secours, sortez moi de ce bus, je crois que je ne vais pas survivre à ce trajet.


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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyDim 24 Nov 2019 - 5:43

La tête penchée vers le sac à dos ouvert qu’il maintient entre ses deux jambes, Joseph grommelle quelques jurons en tentant sans succès de récupérer le plus de poudre possible dispersée à travers ses effets personnels. Assis sur un banc près de l’arrêt d’autobus, il jette souvent des coups d’œil autour de lui pour s’assurer que personne n’est témoin de son attitude bizarre car, il faut se l’avouer, un mec qui insulte son propre sac en dos en le fouillant de fond en comble a le pouvoir d’attirer tous les regards curieux. La plupart des gens penseraient qu’il est à la recherche de sa collation qu’il a perdue mais, comme Joseph sait qu’il manipule une poudre illégale, il a l’impression que n’importe qui se transformerait en policier s’il remarquait son attitude louche. « Mais putain de sachet de merde. » qu’il marmonne pour se défouler en pinçant entre son pouce et son index une petite quantité de cocaïne mélangée à des miettes de pain, de poussières, et de tous les trucs bien dégoûtants qu’on trouve dans le fond d’un sac qui n’a jamais été lavé. En soupirant, il relâche mollement son bien et se masse les tempes, conscient qu’il devra se débarrasser de cette quantité perdue – c’est une centaine de dollars qui s’envolent. Mais une petite fissure s’est installée dans le sachet de plastique et il n’a pas eu le temps de réagir avant que le contenu ne se déverse parmi ses vêtements et ses bouquins. Il devra d’ailleurs tout laver pour s’assurer que l’odeur ne se colle pas trop à la peau – bien que très peu de gens sachent différencier l’odeur de cette drogue à celle du sel (les deux sentent les cailloux broyés, en fait). VROOM. Le garçon redresse rapidement la tête et ses cheveux trop longs se rabattent brusquement vers l’arrière, fouettant son front dans leur lancée. « FUCK ! » Il se redresse sur ses jambes et tend la main vers l’autobus qui vient de complètement l’ignorer en l’enfumant d’une forte odeur d’essence. Il s’agite, tente de faire des signes au chauffeur mais rien n’y fait : le véhicule disparaît au coin de la rue. « Génial. » Son premier réflexe est d’enfoncer sa main dans sa poche pour jeter un coup d’œil à l’heure. Il est dix-neuf heures et le prochain autobus passe dans trente minutes, comme d’habitude. Conscient qu’il n’a pas de second option pour atteindre l’autre côté de Brisbane, Joseph retourne mollement s’installer sur ce siège qu’il semble s’approprier et il se remet à la tâche la plus inutile du monde : insulter un sac en plastique qui n’a pas su faire son boulot correctement.

Comme prévu, c’est une demi-heure plus tard que le prochain transport en commun pointe le bout de son nez métallique devant le garçon. Cette fois-ci, il s’était préparé : clairement dressé sur le trottoir, il avait même salué le chauffeur avec sa main pour signifier sa présence. Si, cette fois, ça ne fonctionne pas, c’est qu’il est véritablement transparent, ou qu’il est récemment décédé et qu’il se trimbale sous la forme d’un fantôme sans en être conscient. Qui sait, il découvrira peut-être son propre corps plus tard dans le fond d’un ravin. « Bonsoir. » Il glisse sa carte au-dessus de la machine et un bip sonore retentit. Il aurait pu tout de suite être rassuré de ne pas avoir loupé le deuxième autobus mais son regard se perd rapidement à travers les trop nombreuses silhouettes dans l’habitacle et il soupire clairement avant de se frayer un chemin à travers la foule qui fait semblant de ne pas le voir (parce que tout le monde est invisible pour tout le monde dans un bus aussi bondé) et il trouve enfin un petit trou dans lequel il s’installe avec son sac à ses pieds, sac qu’il coince entre lui et un banc pour le protéger des mains mal intentionnées. Il aurait pu faire passer le temps en s’emprisonnant entre une paire d’écouteurs mais il ne possède pas tel luxe et son téléphone ne contient aucune musique – faute de savoir comment en télécharger. Ce dernier ne lui sert qu’à envoyer des messages et à téléphoner, et cette seconde option ne s’applique que lorsque qu’une étrange vendeuse chinoise à la voix robotisée tente de lui vendre un produit quelconque. Au prochain arrêt, quelques têtes rejoignent la sortie et d’autres pénètrent l’endroit mais la routine s’installe rapidement chez Joseph et il se contente de faire comme tout le monde : fixer le sol c’est fort plaisant. « Joseph ! » Il redresse la tête aussi rapidement qu’un petit garçon fautif qui se fait appeler par ses parents. Ses yeux se mêlent à ceux d’un visage qu’il reconnaissait sans réfléchir. Juliana. Aussitôt, ses traits se crispent et il tente de contenir sa surprise. Elle sait, c’est certain. Elle veut lui faire avaler ses dents, probablement. « Ça me fait plaisir de te voir. » Ah ? Un mince sourire qui témoigne de sa surprise étire légèrement ses lèvres et il hoche la tête. « Ouais, ça fait longtemps, hein. » Par réflexe, il tente d’instaurer un peu de distance entre eux mais un corps costaud derrière lui l’en empêche. Il l’aime bien, cette Jules, mais il pensait ne plus jamais la revoir depuis… l’accident. Cependant, elle vient de répondre à une de ses questions : si elle-même n’est pas au courant de l’identité de l’agresseur d’Alfie, ça veut dire que même son ami ne peut pas mettre de visage sur les poings. Au fond, d’une manière égoïste, cette information le rassure. « Depuis que j’ai dit des conneries, comme d’hab. » Il répond en usant du peu d’humour qui crépite encore dans son cœur endurcit. Il faut dire que les temps ne sont pas faciles pour lui : à travers ses nouvelles activités illégales, son abstinence de plus en plus brûlante et à travers sa culpabilité tenace, il ne sait plus où ni comment se reposer. Son visage témoigne justement de son manque de sommeil et d’appétit, creusé là où il ne devrait pas et blême  là où les joues sont habituellement rougies par la chaleur australienne. « C’est vrai ? J’avoue que je suis surpris, je ne pensais pas avoir fait la meilleure impression. » Il se frotte la barbe avec sa main disponible et continue en arborant un air amusé : « J’ai essayé de me convaincre que c’était ton mojito qui m’avait fait perdre la tête mais j’ai continué à dire des bêtises même en étant sobre. » Son regard se perd un peu trop longtemps dans l’iris de la jeune femme et il se pince les lèvres, incapable d’empêcher plus longtemps les mots de s’enfuir de sa bouche. « Comment ça va ? Comment va Alfie ? Et vous deux ? » Il sait qu’il n’attend pas des bonnes nouvelles et qu’il devra poser sur son visage le masque du meilleur comédien.
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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyMer 27 Nov 2019 - 21:40



The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution.

@Joseph Keegan & Juliana Rhodes



Ce trajet en bus va probablement être le plus long de toute ma vie et je m’apprête à faire preuve d’un sang-froid exemplaire en me montrant adorable et cordiale, ou du moins, pas trop antipathique, pendant les bien trop longues minutes de trajets durant lesquels nous serons obligés de nous supporter. Pas d’échappatoire possible, le bus est bondé et même s’il ne l’était pas, difficile de s’ignorer maintenant que nous nous sommes salués. Joseph pourrait prétendre devoir descendre à l’arrêt suivant et prendre le prochain bus pour ne pas avoir à me supporter mais pour moi, je me doute que c’est plus difficile puisqu’il sait très bien où je vis et donc où je suis censée descendre. Bien entendu, je pourrais prétexter avoir une course à faire ou rendre visite à une amie, mais j’ai peur de manquer cruellement de crédibilité en prenant le chemin de la sortie moins de deux minutes après avoir atterri ici. Ma décision est donc prise, je vais faire la conversation de la manière la plus naturelle possible et il a même droit à un joli sourire de circonstance alors qu’à l’intérieur, mon cœur pleure de se retrouver dans une pareille situation. « Beaucoup trop longtemps, oui. » Pas assez, plutôt. Je déclare ouvert le bal des hypocrites. La surprise dont il a fait preuve en croisant mon regard ne laisse pas place au doute, je suis certainement la dernière personne qu’il a envie de croiser ici et donc la dernière personne avec qui il a envie de discuter. Après tout, j’ai mis un sacré coup à son amitié avec Alfie en plus de le pousser à un déménagement anticipé qui l’a emmené je ne sais où. J’admets que malgré l’antipathie que m’inspire Joseph, je me sens coupable d’avoir précipité son départ en m’aventurant sur un terrain qui ne me concernait pas et je me promets de ne pas refaire la même erreur aujourd’hui. Si questionnements il y a, ils ne concerneront pas un passé qui est visiblement trop obscur pour que la vérité puisse être prononcée facilement. J’ai cru comprendre que Joseph avait de gros problèmes – en même temps j’imagine que s’il sort de prison, ce n’est pas parce qu’il a volé un crayon de couleur à son voisin de classe en primaire – et il n’est pas nécessaire de revenir dessus. J’élude volontairement son aveu, ne souhaitant pas revenir sur les conneries – monstrueuses, certes – qu’il a pu dire durant notre soirée mojitos, ou en tout cas pas pour le moment. « Peut-être pas ce soir-là, en effet, mais j’ai beaucoup entendu parler de toi, en bien, alors je ne veux pas rester sur un a priori négatif. » Je ne nie pas que l’impression qu’il m’a laissée n’était pas bonne, en même temps il serait difficile de faire autrement. Il s’est comporté comme un odieux connard alors qu’il aurait pu tout simplement dire la vérité ou m’avouer qu’il ne souhaitait pas parler de tout ça, ça aurait été beaucoup plus facile. Mettre ses bêtises sur le compte des mojitos ne risque pas de suffire à le rattraper mais j’ai décidé de ne pas lui tenir rigueur des erreurs passées. Quitte à ce qu’on se retrouve ici, autant en profiter pour se donner un nouveau départ – même si je ne compte pas non plus lui accorder mon amitié et ma confiance, il ne faut pas pousser – et essayer de ne pas s’étriper. « J’ai mes torts, moi aussi, alors oui, ça me fait plaisir de te voir. » Bon, cette fois, je ne suis pas si honnête que ça parce que j’aurais évidemment très bien vécu le fait de ne plus jamais me retrouver en sa compagnie, mais en revanche, je pense vraiment que je n’ai pas fait que des choses bien moi aussi et ça me fait du bien de pouvoir le lui dire en face. Je n’irais pas jusqu’à lui présente des excuses parce qu’après tout, il n’a jamais jugé bon de m’en faire à moi, mais au moins je lui prouve que je suis capable de me comporter en adulte et de me remettre en question. J’aimerais qu’il en soit de même pour lui, mais sincèrement, j’en doute, Joseph est un adolescent dans un corps d’adulte et j’imagine que le fait de rester coincé éternellement au stade de la puberté ne joue pas en sa faveur quant à la qualité de ses prises de décision. Je me dois donc de me montrer indulgente, ou en tout cas un peu moins virulente que j’ai pu l’être par le passé. « De toute façon, il est impossible de rendre coupable mes mojitos de quoi que ce soit, ils sont toujours parfaits. » Je souris, plaisantant avec une aisance qui m’étonne moi-même alors que discuter avec Joseph me paraissait impossible il y a encore quelques semaines. J’ignore si Alfie est resté en contact avec lui mais la question que me pose Joseph m’incite à croire le contraire. « J’imagine qu’il ne t’a pas mis au courant ? » Ma question n’en est pas vraiment une, je crois déjà connaitre la réponse. Il n’est pas du tout dans les habitudes d’Alfie d’aller pleurnicher sur son sort et dans le cas présent, j’imagine que son souhait est plus de se trouver un placard confortable où entreposer assez de nourriture pour tenir un siège, quelques comptes rendus de recherche insipides et un oreiller et d’y rester pendant des semaines voire des mois, que d’organiser une petite soirée avec son ami d’enfance. « Quelqu’un s’est introduit chez nous, il y a quelques semaines et Alfie était tout seul à la maison. » Je marque une pause, ne sachant pas trop comment aborder le sujet sans avoir l’air trop dramatique. Je ne veux pas inquiéter Joseph qui va certainement se faire du souci pour son ami. « Il s’est fait agresser et s’est retrouvé à l’hôpital. » Est-ce que je dois parler des dommages physiques et psychiques qu’il subit encore aujourd’hui ? Je ne sais pas ce que j’ai le droit de dire à Joseph, c’est son ami, pas le mien. « C’est très dur pour lui. » Je me contente donc de cette vérité un peu creuse que je ne prends pas la peine de justifier plus que nécessaire, espérant que Joseph comprenne tout seul que son ami d’enfance a besoin de soutien et que s’il tient encore à lui, il serait judicieux de le lui apporter. « Mais bon, il a survécu à un viol, alors j’imagine qu’une agression, ce n’est rien. » Remettre sur le tapis les âneries de Joseph pour changer de sujet est certainement la pire stratégie que j’aurais pu adopter et le visage couleur aspirine de la mamie offusquée à côté de nous m’indique que j’ai sans doute parlé un peu trop fort. « Je plaisante. » Je précise, plus à l’attention de la mémé que de Joseph qui a certainement très bien compris l’allusion. Celle-ci ne semble pas très convaincue puisqu’au prix de ce qui semble être un effort surhumain, elle parvient à pivoter dans l’espace restreint qui lui est attribué pour me tourner le dos. Trop sensible. « Mais nous deux ça va, et moi aussi je vais bien… J’ai eu vraiment très peur. » Je précise, à tout hasard, parce que même si, en effet, je n’ai pas de mauvaise nouvelle à annoncer me concernant, ce qui est arrivé à Alfie m’a touchée et je ne peux décemment pas prétendre nager dans le bonheur alors que celui qui partage ma vie combat des pensées que je n’arrive même pas à imaginer. « Et toi, alors ? Qu’est-ce que tu deviens ? Tu vis où ? » J’espère qu’il ne va pas me répondre qu’il s’est trouvé un carton sous un pont, je ne suis pas sûre que ma culpabilité puisse y survivre. Malgré tout, j’imagine que je ne peux pas espérer une super nouvelle compte tenu de son teint blafard et de son air fatigué. Je jette un coup d’œil au plan sur lequel le trajet du bus a été tracé et compte mentalement les arrêts restants avant le mien. Je sens que ça va être long.


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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyVen 29 Nov 2019 - 23:01

C’est peut-être une seconde chance qui lui est offerte. Une occasion de se reprendre, de gommer les erreurs du passé encore trop rapproché et d’enduire une énième couche de peinture sur les murs devenus noirs et rouges. Il est heureux de la voir, Juliana, et ce n’est pas un mensonge auquel il essaye de croire. Il sait qu’il n’a pas besoin de se convaincre du contraire : le visage de la jeune femme lui rappelle les quelques semaines durant lesquelles il allait presque bien parce qu’il avait réussi à ramener Alfie dans sa vie sans savoir que ce dernier avait depuis longtemps déjà brûlé les vestiges de leur passé commun. Parce qu’ils étaient trop différents et que, si cette différence les avait unis quand ils avaient besoin du soutien de l’autre, aujourd’hui elle ne faisait que creuser un fleuve entre leurs terres. Un fleuve au courant trop effréné pour qu’un voilier ne puisse le traverser sans que l’eau ne le submerge. Coincé de son côté de la carte, condamné à jeter des galets sur l’étendue d’eau en espérant que l’un des cailloux bondisse jusqu’aux pieds de celui qui a choisi le bon sol dans lequel planter ses racines. Elles sont verdoyantes, les feuilles d’Alfie. Celles de Joseph, ratatinées et brunies par l’automne éternel, en sont jalouses.

Un sourire, du moins, l’esquisse d’un sourire étire les lèvres du jeune homme coincé à travers les carcasses entassées dans l’autobus. Juliana semble heureuse de le revoir mais elle adopte le ton de voix que sa sœur a toujours utilisé. Un mensonge déguisé en politesse, parce qu’elle n’aurait jamais le courage d’admettre qu’elle aurait préféré que son passage improvisé sur le canapé ne soit qu’un mauvais rêve. Il a gaffé, Joseph, et il ne sait même pas si cette sottise qu’il a racontée lui a rapporté quelque chose, au moins. Malgré l’appel à l’aide dans les yeux de la copine de son ancien ami, elle le complimente et lui fait part de son désir de repartir sur une note plus positive afin d’effacer le souvenir de leur dernière discussion mouillée d’alcool. « J’suis d’accord. On peut recommencer à zéro, s’tu veux. » Qu’il propose en haussant les épaules, conscient que cette proposition risque d’entrer par l’une de ses oreilles avant d’en sortir par l’autre. Cependant, il espère, Joseph : il sait que cette jeune femme n’aurait que du positif à lui apporter contrairement à toutes ses autres fréquentations qui ne font qu’alimenter sa voiture de la connerie. « Tellement parfaits que je préfère te les laisser, il te correspondent davantage. » La commissure de ses lèvres se soulève en un sourire malin et il se surprend à espérer que Juliana a compris qu’il vient de lui offrir un compliment. Un compliment bien camouflé, certes, mais un compliment honnête. Il n’en formule que très rarement, il vaut mieux sauter sur l’occasion d’attraper celles qui s’échappent de ses lèvres. L’autobus s’arrête brusquement, le chauffeur ayant visiblement été surpris par le passage d’une lumière verte au rouge, mais le garçon se retient de justesse sans trop bousculer ses colocataires de transport. Il souffle une excuse à la jeune femme et il profite de ce nouveau silence pour finalement l’interroger quant au sujet de son petit ami. Il sait qu’il est l’heure pour lui de devenir le meilleur acteur hollywoodien. Il secoue la tête de droite à gauche, le regard voilé sous la fausse inquiétude, jusqu’à ce que Juliana lui explique la situation qu’il connait déjà. Il garde le silence jusqu’à ce qu’elle termine de raconter cette histoire qui semble sortir d’un film d’horreur et il déglutit difficilement en cachant sa réelle émotion. Son cœur se desserre légèrement, enfin débarrassé de toute la crainte qui l’enflammait depuis trop longtemps. Alfie va bien. Du moins, il n’est pas mort. C’est déjà ça. Non ? Malgré le réconfort que lui procure la nouvelle, il garde ses deux sourcils froncés, plongé dans le rôle de l’innocent qui apprend qu’un attentat a eu lieu près de chez lui et que le coupable est encore en liberté. « P’tain, j’y crois pas. » Il passe sa main dans ses cheveux, faussement contrarié. « Y’a des fous. Des vrais fous. » Qu’il précise, déviant la faute vers ceux qui seraient réellement capables de violer une personne. Parce que, lui, il est un véritable ange, n’est-ce pas ? « Tu m’rassures, le plus important c’est que vous ayez bien. » Il marmonne un autre juron en secouant la tête de droite à gauche, visiblement imprégné de son personnage innocent. « J’imagine qu’il est coincé dans votre appartement, maintenant ? Enfin, j’sais pas, je ne connais pas l’étendue d’ses blessures. Ils ont mis la main sur l’agresseur ? » Cette question lui sert de bouée : si Alfie ne se souvient pas du visage du propriétaire des poings qui l’ont tabassé, peut-être possède-t-il une chance de se racheter et de le retrouver pour de bon. Il est têtu, Joseph. Il n’arrive toujours pas à comprendre que le fleuve est trop agité et qu’il devra trouver une autre personne sur laquelle compter dans ses moments les plus difficiles. Il n’arrive pas à couper les liens, hypnotisé par les bons souvenirs que les doigts de son ancien meilleur ami on écrit. « Oh, moi… C’jamais intéressant, tu sais. » Il détourne le regard, conscient que Juliana désire probablement savoir qu’elle ne l’a pas mis dans la misère en le faisant fuir de chez elle. « J’vis un peu partout. Mais t’inquiète, j’finis toujours par trouver un lit. » Sa vie est une véritable partie de ping-pong entre Deborah, Gabriel et ses nouveaux partenaires de méfaits. Il est habitué à l’instabilité et il comprend que c’est quelque chose qu’une personne bien vissée dans les fondations de la société ne peut pas envisager. « Mais tes plats de lasagne congelée me manquent énormément. » Il repose ses iris clairs sur elle, le visage décoré d’amusement, se rappelant parfaitement qu’ils ont ensemble dégusté une lasagne le jour de leur rencontre – même si tous les deux manquaient d’appétit. « Tu crois que j’pourrais revenir chez vous un d’ces jours, pour dîner ? J’touche pas au canapé, promis. » Innocence. Innocence. Innocence. Garde ton attitude innocente, et tout ira bien.              
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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyMer 4 Déc 2019 - 22:51



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Est-ce qu’on peut réellement recommencer à zéro ? Faire comme si rien de tout ce bazar n’avait eu lieu ? Comme si je n’avais pas chassé un des meilleurs amis d’Alfie de notre domicile ? Comme s’il n’y avait pas tous ces secrets autour de leur amitié si spéciale et si inadaptée vue de l’extérieur ? Honnêtement, j’ai de gros doutes à ce sujet, mais ce n’est pas au milieu de ce bus bondé que je vais les exprimer, je ne suis même pas sûre qu’il serait judicieux de les extérioriser. Je ne veux pas être à l’origine du gâchis de l’amitié existant entre Alfie et Joseph même si j’ai beaucoup de mal à la cerner et que j’ai vraiment envie de comprendre ce qui les lie. Je m’y suis extrêmement mal prise la première fois et c’est une erreur que je ne referais pas. « Juliana, enchantée, mais tu peux m’appeler Jules. » Je commence en me présentant comme si c’était la première fois qu’on se voyait, espérant que cette nouvelle introduction nous fasse repartir sur de bonne bases. C’est puéril, je le sais, mais c’est aussi symbolique, je veux vraiment qu’on reprenne depuis le début, même si ce n’est pas réellement possible compte tenu du passé qui a sacrément amoché un possible lien entre nous. J’ignore si le compliment de Joseph est sincère ou s’il est destiné à ajouter un trait d’humour supplémentaire mais heureusement le freinage brusque du bus qui manque de faire chuter la moitié des passagers ne m’oblige pas à en tenir compte et je me rattrape tant bien que mal, non sans avoir à moitié écrasé le sac d’un pauvre gamin qui doit probablement être le seul à ne pas me dépasser d’une tête, et encore, les chaussures à talon me permettent de ne pas avoir l’air d’une enfant au milieu de tous ces adultes et je me félicite d’avoir fait ce choix qui me permet de ne pas discuter avec Joseph en me tordant le cou pour croiser son regard.

Il faut avouer que le lieu de conversation n’est tout de même pas le plus adapté et même si je dois certainement féliciter le hasard de nous avoir mis sur le chemin l’un de l’autre, j’aurais préféré qu’il trouve des circonstances plus appropriées pour le faire, surtout compte tenu de la conversation qui va suivre. Il me parait évident qu’Alfie va finir par être un de nos sujets de conversation et compte tenu des récents événements – que je vais, bien sûr, devoir aborder – il m’aurait paru plus judicieux qu’une foule d’inconnus ne soit pas aux premières loges du récit de l’événement bouleversant qui s’est déroulé peu de temps auparavant. Malheureusement, je n’ai pas le luxe de choisir et je m’estime déjà heureuse que la vie me donne une deuxième chance de ne pas faire de cet ami – cher au cœur de mon petit-ami – un ennemi. Joseph ne mérite pas mon animosité, ou peut-être juste un tout petit peu, et ce serait malhonnête de ma part de ne pas reconnaitre que les torts sont partagés. Evidemment, ça ne loupe pas et moins de deux minutes après notre rencontre, me voilà en train de raconter l’histoire d’Alfie à un Joseph complètement horrifié et scandalisé par la situation. « Il faut être complètement dérangé pour faire une chose pareille. » Je confirme, alors qu’il prétend que seul un fou peut être à l’origine d’une telle agression. « Je ne dirais pas qu’on va parfaitement bien, enfin surtout lui, moi je n’ai rien eu, mais il va de l’avant, ou au moins il essaie. » Ce qui n’est pas une mince à faire compte tenu du traumatisme évident dont il ne parvient pas à se défaire. C’est parfaitement normal, je le sais, beaucoup seraient bouleversés pour moins que ça et le fait de retrouver petit à petit sa forme physique ne suffit pas à lui faire oublier ces horribles instants vécus. Enfin, en l’occurrence, il n’a pas grand-chose à oublier compte-tenu du fait qu’il ne se souvient de rien, mais c’est peut-être justement le vide qu’il essaie de combler qui rend la cicatrisation si difficile à mener à bien. « Il ne sort pas trop, en effet, pour le moment. » Joseph est perspicace ce qui ne manque pas de me surprendre, comme à chaque fois depuis que je le connais. Lorsque j’essayais de le mener en bateau, il a toujours su viser juste, ce qui avait le don de m’irriter. « Non, pas pour le moment, mais je crois qu’ils ont quelques pistes. » J’ignore si le coupable sera retrouvé à dire vrai, le meilleur espoir que nous ayons est qu’Alfie recouvre la mémoire et identifie lui-même la tête connue qui lui a infligé tout ça et j’espère que ce jour arrivera rapidement.

Je suis heureuse de pouvoir donner des nouvelles d’Alfie à Joseph même si celles-ci ne sont probablement pas ce qu’il espérait, mais je suis aussi ravie de pouvoir m’informer de sa situation et de la manière dont il mène sa vie. Mon petit-ami a fait tout ce qu’il pouvait pour me rassurer quant à la fuite que j’ai provoquée mais la culpabilité que je ressens en repensant à la manière dont les choses se sont déroulées refait surface alors que je me retrouve face à Joseph et je ne peux pas m’empêcher de le questionner. « Vraiment ? Tu n’as pas d’hébergement fixe ? » Je pourrais difficilement me sentir plus coupable qu’à cet instant précis. J’ai condamné Joseph à errer d’appartement en appartement avec un sac-à-dos alors qu’il avait un toit sur la tête et un ami prêt à l’accueillir autant de temps qu’il faudrait pour qu’il se remette en selle et reprenne son quotidien en main. Je suis horriblement nulle et j’aimerais tellement revenir en arrière pour effacer l’erreur que j’ai commise. Certes, je sais que je ne suis pas complètement responsable de tout ça mais j’ai nettement précipité son départ et peut-être que sans mon intervention, les choses n’auraient pas tourné aussi mal. « C’est vrai que la congélation fait toute la différence. » Certes, c’est Alfie qui cuisine, mais je sais super bien mettre les restes dans des tupperware pour ensuite les organiser dans le congélateur pour pouvoir les ressortir au moment opportun. Je suis ravie de voir que Joseph est capable de se souvenir des informations essentielles. « Bien sûr que tu peux ! Ce serait génial, et le canapé n’arrête pas de me dire à quel point tu lui manques. » Je sais bien qu’on ne peut pas revenir en arrière et, de toute façon, ce n’est pas à moi de lui offrir l’hospitalité, j’ai cru comprendre qu’Alfie avait ses propres rancœurs envers son ami à présent, mais si nous pouvons au moins profiter d’un diner pour repartir sur de bonnes bases, j’imagine que ça en vaut la peine. « Il faudra que tu me donnes ton numéro avant de descendre pour que je puisse te joindre pour te donner une date. » Après en avoir discuté avec le principal intéressé, bien sûr, car si je fais preuve d’enthousiasme quant à cette possible invitation, je sais aussi que je ne serais pas la décisionnaire finale mais ça, je me garde bien de lui dire, préférant profiter de ces instants sans prise de tête qui me rappellent que tout aurait été plus facile si je n’avais pas voulu en savoir trop. S’il savait comme je regrette.


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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyMar 10 Déc 2019 - 5:36

Un autobus bondé, une balade mouvementée et des poings serrés autour de poteaux en métal : seul lien qui empêche tout le monde de se ramasser en un gros tas dans le fond du véhicule. C’est un véritable scénario de huit clos et, évidemment, les personnages principaux sont ceux qui n’auraient jamais dû se croiser dans une telle situation. D’ailleurs, Joseph n’aurait jamais cru possible de rencontrer Juliana dans un transport en commun : ce sont les gens comme lui, les jeunes et les vieux qui utilisent ces quatre roues, non ? C’est une surprise de la voir côtoyer cet univers – parce que, oui, les autobus c’est un univers à part entière – et c’est tout autant une surprise de constater qu’elle entre facilement dans le jeu. « Joseph, appelle-moi Jo. » Il esquisse un sourire, conscient qu’il vient de se présenter sous son véritable prénom, celui qu’il préfère habituellement cacher au fond d’un trou parce qu’il déteste son origine. Mais il a envie de bien faire les choses parce que la situation fragile entre lui et le couple ne se corrigera pas d’un seul coup de gomme. Leur relation n’est pas une dictée de première année.

Il lui paraît normal de s’informer au sujet de son ancien meilleur ami et c’est le cœur complètement serré qu’il arrive à cacher ses réelles émotions derrière un visage meurtris par la stupeur. Il ne pense pas en faire trop – du moins, il espère – et il se voit rassuré de constater que Jules ne semble pas du tout capter que quelque chose cloche chez Joseph. Pour amplifier sa réaction, il lance une insulte à l’agresseur qui a défiguré Alfie, le traite de fou, mais la jeune femme ajoute une couche de glaçage au gâteau en le traitant de dérangé. Le mot entre dans l’oreille de Joseph et se percute contre son tympan pour finalement fracasser sa cervelle. Il l’entend rouler en boucle dans ses pensées, comme un écho éternel qui a pour tâche de punir le garçon. Même s’il désirait protester, il n’aurait pas les mots pour la contredire : il ne gagnerait jamais la bataille parce qu’il est effectivement malade et c’est seulement quelques semaines plus tôt qu’il a réussi à l’admettre. Si certains voient leurs organes se faire lentement gruger par le cancer, c’est une toute autre maladie qui empêche Joseph de se fondre à la masse. Il est sa propre maladie : il se pourri lui-même la vie sans jamais comprendre que, tout en bas de l’échelle, c’est la prison qui l’attend ou, pire, l’hôpital psychiatrique. Perdu un peu trop longtemps dans ses pensées et bouleversé par l’effroi qu’a constitué ce seul mot, il réussit enfin à hocher la tête pour acquiescer, parce que c’est ce qu’il doit faire : suivre le fil des paroles de Juliana comme s’il était le sien. Ce n’est qu’une question d’adaptation. Il s’en sortira indemne s’il respecte cette seule règle : Juliana a raison. Malheureusement pour le coupable, le blessé ne s’en tire pas sans un diagnostic sévère et, si Joseph n’était pas aussi solide sur ses jambes, il s’effondrerait au sol pour s’arracher les cheveux et étouffer ses jurons avec le sol. Malgré son estomac fragile, il laisse sa curiosité le guider davantage et il pose un peu plus de questions, histoire de comprendre un peu mieux la situation. « Pour le moment ? Ça veut dire qu’il sera remis sur pied, tant mieux. » Quelle perspicacité. Après avoir difficilement avalé sa salive pâteuse – mettant la faute de cette nausée sur le véhicule en mouvement – il arrive à récupérer assez d’air pour demander d’une voix coupée : « Quel genre de pistes ? Des empreintes digitales comme dans les films ? » Putain, j’ai touché son téléphone, c’est certain qu’ils ont pu trouver mes empreintes. « Des cheveux sur le lieux du crime ? » Avec la tignasse que j’ai, ils ont probablement récolté assez de cheveux pour faire une perruque à une poupée. « Ou des caméras ? » J’suis fichu si y’a des caméras, rien de plus à ajouter. « Dis-moi que c’est ça ? » Pitié, ne me dis pas que c’est ça.

Pensant que jamais le sujet ne dévierait d’Alfie, parce qu’il est celui qui lie tous les deux, Joseph se voit surpris lorsque la jeune femme s’interroge quant à sa capacité à trouver un toit sous lequel dormir. Sans gêne, il lui présente sa situation actuelle, n’oubliant pas de miser sur l’humour pour rendre les choses moins dures qu’elles ne le sont réellement. « Non, rien de fixe, mais ça n’m’a jamais dérangé, t’inquiète. J’suis un nomade. » Malgré sa capacité à accepter le changement, il ne pourrait pas mentir en prétendant que les plats préparés par Juliana et son copain ne lui manquent pas. Le peu de chaleur qu’ils lui offraient arrivait à chasser les mauvais souvenirs d’une journée compliquée. Comprenant le sarcasme dans la réplique de la jeune femme, il ne peut s’empêcher de préciser ses pensées : « C’est plutôt la cuisson au four qui est incroyable. On s’rend compte d’la chance qu’on a d’bouffer chaud quand on gobe sandwich après sandwich toute la journée. » Il n’exagérerait pas en précisant qu’il ne consomme que des mauvais sandwichs aux œufs ou au jambon, parce que c’est ce qu’il y a de moins cher à l’épicerie. « Oh, non, je ne touche plus à ce canapé. J’ai compris ma leçon. Vaut mieux pas s’glisser dans un couple aussi uni qu’le vôtre. » qu’il lance rapidement en balayant l’air du revers de la main. Loin de lui l’idée de s’immiscer une nouvelle fois dans leur vie privée et encore moins dans leur vie sexuelle. Putain, Jo, quelle idée t’as eu de lui parler de fellations. « J’voudrais m’excuser pour l’avoir fait une première fois, d’ailleurs. C’était con d’ma part, et c’pas à cause de tes mojitos si ma langue s’est déliée autant. » Il croit bon de préciser qu’il ne rejette pas la faute sur l’alcool parce qu’il aurait posé les même questions en étant sobre. Il est comme ça : l’intimité n’est plus un terme récurrent chez lui. Il a trop longtemps été habitué à vivre dans la même chambre (ou cellule) que d’autres hommes qui ne se gênent pas pour… promener leur macaroni à l’air libre. « Yep, pas d’prob. » Il tend la main vers elle afin qu’elle lui prête son téléphone. « T’inquiète, j’ai pas l’intention d’partir en courant avec. De toute façon, j’pense que tout le monde dans l’bus serait prêt à m’arrêter pour venir en aide à la jolie demoiselle en détresse qui s’est fait choper son portable. »      
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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyMar 17 Déc 2019 - 21:36



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Les présentations sont faites et nous pouvons désormais symboliquement tourner cette page qui est venue entacher l’amitié perdurant depuis de longues années entre Joseph et Alfie et mettre un terme définitif à une cohabitation qui n’était pas si dérangeante que ça, en réalité. Je m’en suis vraiment voulu d’être à l’origine de ce désastre malgré les paroles rassurantes de mon petit-ami à ce sujet. Je suis donc ravie de pouvoir mettre tout ça de côté définitivement et de pouvoir me consacrer à recoller les morceaux qui peuvent encore l’être. J’ignorais que ce bus bondé nous servirait de lieu de rencontre mais finalement, la conversation se poursuit et j’en oublie les gens autour, sauf lorsque des mains grasses m’effleurent d’un peu trop près ou qu’un mouvement de sac mal contrôlé me frappe durement l’épaule. J’ai l’habitude et ce n’est pas si terrible puisque j’ai quelqu’un avec qui partager ces interminables minutes qui me séparent de mon domicile. Il y a encore quelques instants, je me voyais vivre un véritable calvaire et essayer de faire bonne figure devant quelqu’un à qui je n’aurais rien à dire mais puisque l’abcès a été crevé, nous repartons sur de bonnes bases. Je suis contente de pouvoir aborder l’agression d’Alfie avec lui parce que j’estime qu’il a besoin d’être entouré pour surmonter cette épreuve et je le vois mal recontacter Joseph de lui-même après ce qu’il s’est passé. Bien sûr, il faudra avant de le réintégrer dans nos vies, que je m’assure qu’il est d’accord pour le revoir, mais je prends cette rencontre pour un signe du destin. Malgré tout, j’évoque les sombres heures qu’il est en train de vivre de manière succincte, ne souhaitant pas trop en révéler sur son état psychologique qu’il n’a pas forcément envie d’étaler devant la totalité de ses proches. Ce serait à lui de choisir ce qu’il a envie de raconter ou non, en attendant, je me contente du minimum. « Oui, très bientôt. » Je ne sais pas vraiment si je le pense ou si je l’espère mais même si ce n’est pas vraiment bientôt, il est évidemment qu’Alfie va se remettre de tout ça et sera de nouveau sur pieds. Je suis touchée par l’intérêt que Joseph porte à ce qui lui est arrivé mais aussi intriguée par toutes les questions qu’il pose, sans me laisser le temps de répondre tant il les enchaine rapidement. « Doucement Sherlock, tu devrais peut-être directement collaborer avec la police, je suis sûre qu’elle apprécierait ton implication. » Je plaisante, d’une part parce que je suis un peu perdue dans toutes ses demandes, de l’autre parce que je ressens le besoin d’alléger cette atmosphère qui me semble pesante comme à chaque fois que je dois évoquer les semaines compliquées qu’on vient de passer. « Tu as déjà pensé à une reconversion en tant que détective ? » J’ignore si c’est une reconversion possible pour un ex-prisonnier mais ça aurait le mérite d’être original et à défaut de percer dans le milieu, il pourrait certainement faire parler de lui et écrire un bouquin ce qui le rendrait riche et célèbre. Je me garde bien d’énoncer cette idée stupide à haute voir, malgré tout, même si dans le fond, je suis certaine que ça le ferait rire. « Plus sérieusement, je ne sais pas trop comment ça marche tout ça, mais la plainte est prise au sérieux et je fais confiance à ceux qui ont pris cette affaire en charge. » Une fois de plus, je ne tiens pas à en dire trop parce que je ne sais pas du tout ce qu’Alfie m’autoriserait à raconter et s’il veut vraiment s’étaler sur le sujet. Rester vague pourrait laisser croire que je fais preuve d’un certain désintérêt et il n’en est rien, évidemment, m ais je ne trouve pas de meilleure attitude à adopter.

Apprendre que Joseph n’a pas réussi à se fixer quelque part et à reprendre sa vie en main n’aide pas arranger mon sentiment de culpabilité. Il n’a pas l’air de souffrir de la situation mais s’il était vraiment resté chez nous, peut-être aurait-il peut remettre un peu d’ordre dans son quotidien et retrouver une stabilité qu’il n’a toujours pas à l’heure actuelle. Il prétend ne pas aspirer à ce genre de choses et je ne sais pas si je dois le croire ou s’il tente juste de me rassurer. J’aime tellement mon quotidien bien organisé que j’ai du mal à croire que certaines personnes puissent avoir envie de vivre au jour le jour sans savoir où ils seront le lendemain. « Tu en es sûr ? » Je ne sais pas pourquoi j’insiste, ce n’est pas comme si je pouvais l’aider à trouver une solution plus permanente sachant qu’il est absolument hors de question que je lui propose de nouveau d’emménager à la maison. Alfie ne pourrait rien dire puisque c’est lui qui me l’a imposé la première fois, sauf que je ne dois rien à Joseph, pour ma part et si j’agissais de la sorte, ce serait simplement pour me racheter et je doute fort que ce soit la meilleure des solutions. Nous parvenons malgré tout à aborder le sujet de son départ en plaisantant et je lui suis reconnaissante de prendre ce ton léger. « Dommage, j’ai vraiment cru une minute que j’avais contribué à rendre ces plats incroyables. » Je souris, parce que je sais bien qu’au fond, heureusement qu’Alfie est là pour cuisiner sinon je commanderais certainement des plats tout faits pour ne pas avoir à me casser la tête. Je sais cuisiner, ou plutôt je sais suivre une recette – plus ou moins – et faire cuire des pâtes ou du riz, mais je n’ai pas vraiment la patience pour rester des heures aux fourneaux et pas la dextérité nécessaire pour élaborer de grands plats. Malgré tout, derrière les plaisanteries de Joseph, je pense déceler un peu de nostalgie et je me doute que ça n’a pas dû être facile de partir sans rien dire. « Tu es vraiment obligé de manger des sandwichs ? Je connais plein d’endroits sympas où ils vendent des plats chauds pas trop chers, ça me permet de ne pas avoir à ramener mon plat au boulot. » Et part mon plat, j’entends évidemment les restes du diner de la veille parce qu’il est hors de question que je prenne du temps le soir pour cuisiner quelque chose pour le lendemain midi. « Arrête de t’excuser, c’est oublié, tu le sais bien, et je crois que je me suis montrée trop intrusive moi aussi alors disons qu’on est à égalité, d’accord ? » Certes, j’ai été un peu étonnée de son intérêt soudain pour notre vie sexuelle et j’imagine que s’il me le remémore c’est qu’Alfie a dû lui en reparler puisque j’ai essayé de lui raconter ce qu’il s’était passé, ou à peu près. J’ai gardé sous silence le fait que j’essaie de lui faire parler de son passé et je n’en suis vraiment pas fière. Je lui tends mon portable pour qu’il y enregistre son numéro, heureuse d’avoir l’occasion de réparer ce qui a été détruit. « J’aimerais bien que tu essaies de me le voler rien que pour avoir le droit de voir cette course-poursuite. » Je plaisante, feignant d’ignorer le compliment qu’il vient de me faire, faute de savoir quoi dire à ce sujet. Je le laisse se concentrer sur l’écran de mon portable avant de reprendre le fil de la conversation. « Tu as revu Alfie depuis… Tout ce bazar ? » M’étant déjà trop mêlée de leur relation, j’ai cessé de l’interroger sur cette amitié bizarre à laquelle je ne comprends toujours rien, mais puisque j’envisage sa réintégration dans nos vies, j’imagine qu’il est utile que je sache s’ils avaient réglé les choses entre eux ou si son départ de notre appartement a été le point final à cette relation de plusieurs années.


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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptySam 28 Déc 2019 - 19:18

Au beau milieu de cet autobus bondé se dresse un traître coupable d’avoir blessé – voire presque tué – son meilleur ami sous l’emprise d’une rage nouvelle et qui n’arrange pas sa situation en jouant les innocent devant la personne la plus proche de sa victime. Il se doute que l’événement a dû la froisser bien plus que ne l’est une feuille de papier avec laquelle un jeune enfant tente pour la première fois l’origami sans grand succès. Une grande majorité des hommes n’aurait pas le cran de mentir comme il le fait aujourd’hui mais Joseph est différent : il s’accroche à la moindre craquelure dans la pierre qui lui permet d’insérer plus d’un doigt parce que ses deux yeux sont rivés vers le ciel, là où la montagne offre enfin une surface lisse sur laquelle on peut s’endormir. C’est bien simple : si le traître admet son tort, il n’aura plus de seconde chance et ce sera derrière les barreaux qu’il terminera sa vie. Il brode des sottises en dernier recourt, pensant naïvement que, si la vérité est mise à nue un jour, Juliana pourra peut-être comprendre la justification de ses actes mais il est aveugle, Joseph : la jeune femme aime Alfie plus que tout et si on lui offre la possibilité de venger ses blessures, elle le fera probablement. Le lien entre les deux est si fort mais Joseph a remarqué un bris dans la chaîne : l’un de ses chaînons est faillé et il pourrait éclater à n’importe quel moment si Alfie continue de cacher son passé. Égoïstement, c’est sur cette fragilité que Joseph pose tous ses espoirs. Si la chaîne se brise, Alfie perdra son image de gentil garçon parfait et Joseph n’aura plus à s’agenouiller à ses pieds pour éviter de le perdre. Ils seront égaux, comme ils l’étaient avant.

Mais, avant tout, le coupable, craintif quant à l’idée de savoir la police déjà penchée sur le cas, tente en vain de récupérer quelques informations de la personne la mieux placée pour lui répondre. Malheureusement pour lui, elle ne semble pas être en position de le rassurer et, bien qu’elle tente quelques vannes avant de réellement répondre, elle finit par admettre qu’elle n’en sait pas plus que le reste du monde. Pour cacher son désarroi de rester les poches vides, il glousse et répond à sa plaisanterie : « J’ai déjà essayé la reconversion mais je n’ai pas passé l’examen de la… détectiverie… » Ce mot inventé permettra, il l’espère, de détourner l’attention de Juliana vers ailleurs – parce que son front est à nouveau couvert de sueur. Il a réussi à se faire paniquer lui-même en énumérant les possibles indices retrouvables sur le lieu du crime. Sur un ton faussement inquiet, il conclue le sujet qu’il déteste tant : « Tant mieux si elle est prise au sérieux. Ça fera un malade de moins dans les rues. » Même s’il est souvent le premier à se rabaisser, Joseph le fait habituellement sur le ton de la rigolade parce qu’il ne pense pas réellement valoir moins que les autres même si le monde a essayé à plusieurs reprises de l’en persuader. Si Joseph lute tant pour dissimuler son erreur derrière des paroles mielleuses, c’est bien parce qu’il ne pense pas mériter tout ce qui lui arrive. Égoïste, certes, mais qui ne l’est pas un peu lorsque c’est le prix de la liberté qui est mis en jeu ?

Malgré la tension que seul Joseph semble ressentir (et avec raison), la jeune femme lui propose à nouveau de venir s’installer dans son salon mais le garçon se doit se refuser formellement. Il n’a plus sa place parmi eux deux et il n’aurait probablement jamais dû s’endormir une première fois dans le canapé de celui qui cachait à ce moment le désintérêt qu’il portait envers le sans-abri. « Oui, j’en suis certain. Mais ça m’touche que tu insistes. » C’est décidé : il jouera la partie du gentil nounours pour le moment. Cette solution semble la meilleure pour que les pages du roman tournent. Il a déjà causé assez de pagaille dans le couple et, si une personne doit payer pour le comportement d’Alfie, ce n’est pas Juliana. « Un plat est toujours incroyable lorsqu’il est un cadeau. » Il sourit en retour, bien qu’il ne se sente pas particulièrement confortable de discuter de sa situation précaire. Il préfère lorsque les gens ignorent qu’il est celui qui se penche dans l’autobus pour récolter une pièce de monnaie abandonnée avant de fièrement la glisser dans son maigre portefeuille. Alors, quand Juliana lui propose de lui présenter quelques endroits où on peut retrouver des plats chauds à un moindre prix, Joseph saute sur l’occasion pour changer de sujet : « En parlant de boulot, tu bosses encore à la librairie ? Vous cherchez pas un concierge par hasard ? » Son visage se crispe mais il détourne les yeux, regrettant déjà d’avoir posé la question. Il n’est pas du genre à tenter de vendre son incroyable talent en nettoyage de fenêtres mais une petite voix au fond de lui rappelle nuit et jour qu’il n’a pas fait le bon choix en acceptant l’offre de Lou. Il n’aurait jamais dû remettre les pieds dans le marché noir même si cela lui rapporte bien plus que de passer le balai dans les recoins d’une bibliothèque. Et puis… La Ruche n’est pas pareille que les Manthas. Elle n’est pas composée de gens qu’il apprécie réellement. « D’accord. » Il hoche la tête en se mordant la lèvre inférieure, conscient que sa situation anormale puisse nourrir la curiosité de nombreuses personnes. Il n’en a jamais voulu à Jules de lui poser toutes ces questions. Ce n’est que lorsqu’elle a commencé à mentionner son amitié avec Alfie que le volcan s’est mis à gronder. Amusé, Joseph se frotte la barbe pour partiellement cacher son sourire : « J’avoue que je n’ai pas envie de me coller une autre faute au cul, du coup tu gardes ton téléphone pour cette fois. » Sans se rendre compte qu’il vient de laisser s’échapper un indice, il récupère le portable de la jeune femme et ajoute machinalement son numéro dans ses contacts, priant pour que l’autobus ne décide pas à ce moment de brusquement freiner. Heureusement, il ne rencontre pas le sol avant de redonner l’objet à son propriétaire. « Ça dépend de quel bazar tu parles. » Il soupire clairement en se massant la nuque et il décide de finalement secouer la tête de droite à gauche. Il ne sait pas ce que Jules sait. Il serait mieux pour lui de ne pas parler sans savoir dans quelle voie il s’engage. « Alfie et moi on a des trucs à régler. Personnellement, j’ai pas tenté de lui reparler avant l’incident. J’sais plus trop où on en est. » Il ne peut pas en dire davantage. Il n’est pas dans la tête de son ami : peut-être qu’il se souvient de lui qui lui tend la clef de l’appartement après avoir oublié de la lui rendre. Peut-être que sa mémoire n’a pas complètement été effacée. « Mais j’veux pas t’inclure dans tout ça. J’tenterai du mieux qu’j’peux pour pas qu’tu sois ébranlée par quoi que ce soit. C’bon ? » Il l’interroge du regard pour avoir son approbation, tout de même craintif qu’elle ne lui fasse pas assez confiance pour ne pas encore planter une graine défaitiste dans leur vie.          
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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyJeu 9 Jan 2020 - 22:09



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Cette rencontre insolite me fait du bien, finalement, et même si au début j’ai eu envie de m’enterrer dans le sol plutôt que d’affronter une conversation avec Joseph, je me rends compte que la culpabilité que je ressens est immense et que pouvoir affronter l’énorme erreur que j’ai commise durant cette colocation un peu difficile à supporter me rend service et m’oblige à affronter ce que j’ai fait. Alfie m’a pardonné et n’a cessé de me dire qu’il ne m’en voulait pas mais je commence tout juste à me rendre compte qu’il n’y a pas que par rapport à Alfie que je me sentais coupable, mais aussi parce que je n’avais pas saisie la main tendue d’un homme qui avait besoin d’aide pour se reconstruire et qu’on aurait pu aider en lui offrant un toit au-dessus de sa tête pendant un moment encore. Il n’a pas l’air d’être à moitié à l’agonie et de ne pas avoir pris de douches depuis plus de trois semaines ce qui est plutôt rassurant et même si le sujet de l’agression d’Alfie n’est clairement pas celui que j’aurais choisi pour me détendre et retrouver le sourire, l’implication de Joseph dans cette histoire qu’il n’a pourtant pas vécue et sa bienveillance m’ôtent doucement le poids qui pesait sur mon cœur. « Grâce à moi, tu as une bonne idée de reconversion professionnelle, je suis sûre que ça t’irait parfaitement bien. » A dire vrai, j’ignore totalement s’il faut vraiment faire des études pour devenir détective et je ne sais pas non plus ce qu’il faut faire pour entrer dans la police. De toute façon, j’imagine que ce n’est pas vraiment une voie que Joseph envisage, je ne suis pas sûre qu’il envisage quoi que ce soit pour son avenir, d’ailleurs, la dernière fois que nous avons discuté, il avait l’air un peu perdu dans cette nouvelle liberté dont il ne savait pas trop quoi faire. « Je ne comprends même pas que ce genre de personne puisse exister, comment est-ce que quelqu’un peut faire une chose pareille et continuer à vivre normalement ? J’en serais incapable. » Je ne suis pas parfaite, loin de là, il m’arrive de me mettre en colère ou encore de souhaiter du mal aux gens parce que j’ai été poussée à bout, mais jamais je n’ai envisagé de blesser volontairement autrui et encore moins de supprimer une vie humaine, c’est inconcevable. Dans le bus, les regards se tournent de temps en temps vers nous et je suppose que beaucoup de gens sont ravis d’assister à notre conversation, mais je n’y prête pas réellement attention, préférant me concentrer sur le temps que nous essayons de rattraper après une dispute qui n’aurait sûrement jamais dû avoir lieu. Finalement, nous arrivons à nous mettre d’accord sur le fait que les torts sont partagés entre nous et je suis soulagée de voir qu’il réalise qu’il a pu faire des erreurs lui aussi. Jusqu’ici, je me rends compte que j’étais persuadée d’avoir tout fait foirer sans qu’il y soit pour quelque chose et avoir sa perception des événements me rassure.

Malgré tout, j’ai quand même besoin de savoir qu’il va bien, ou en tout cas qu’il a trouvé comment rebondir. Je ne suis pas sûre d’être vraiment ravie de ses réponses, il n’a pas l’air de s’être réellement posé mais plutôt de vadrouiller à droite et à gauche en fonction de ses options du jour. Certes, ça n’a pas l’air de lui déplaire, mais je doute que quelqu’un puisse vivre comme ça sur le long terme. Je ne relève pas son engouement pour la cuisine d’Alfie qui doit vraiment lui manquer maintenant qu’il se contente de sandwichs – et c’est encore de ma faute, très certainement – et tente tant bien que mal de dissimuler ma surprise lorsqu’il se renseigne pour savoir si la bibliothèque ne chercherait pas quelqu’un à embauche. Je ne peux pas me porter garante pour ce type, je ne le connais pas assez et le peu que je connais de lui m’incite à penser que ce n’est pas la personne la plus stable du monde et donc pas forcément celle à qui je ferais signer un contrat de travail. Toutefois, je sais aussi que je ne peux pas refuser la main qu’il tend vers moi une seconde fois et qu’il est de mon devoir de faire en sorte qu’il s’en sorte un peu mieux à l’avenir. « Tu cherches un boulot de concierge en particulier ou tu veux travailler à la bibliothèque ? Je peux regarder les offres proposées en ce moment, si tu veux. Tu pourrais aussi regarder les offres d’emploi sur le site de la ville et s’il y en a une qui te branche dans un domaine que je connais, je pourrais faire passer ton CV. » A dire vrai, j’espère sincèrement qu’il ne le fera pas parce que je ne vois toujours pas comment je ferais pour donner des recommandations positives à son sujet, mais cette fois, je suis bien décidée à lui apporter toute l’aide possible, même si je dois aller un peu contre mes convictions. Je fais même du zèle puisque je lui propose de prendre son numéro pour une peut-être future invitation à diner. Evidemment, tout dépendra d’Alfie mais je suis sûre que ce dernier sera d’accord. En revanche, je fronce les sourcils lorsque Joseph parle de commettre une seconde faute. Aurait-il fait n’importe quoi depuis sa sortie de prison ou parle-t-il justement des événements qui l’ont conduit derrière les barreaux ? « J’espère que tu ne t’es pas mis dans le pétrin. » Je commente, soucieuse de préserver la liberté qu’il a eu tant de mal à obtenir. Je suis sincère cette fois, j’espère sincèrement qu’il se tient à l’écart de tout ce qui pourrait potentiellement le renvoyer à la case prison. Lorsque je récupère mon téléphone, je ne peux pas m’empêcher de m’informer sur l’état de la relation existant entre Joseph et Alfie. Finalement, j’ignore où ils en sont tous les deux depuis que j’ai tout gâché de manière involontaire, mais le jeune homme n’a pas l’air d’en savoir beaucoup plus que moi. « Je te souhaite que ça s’arrange, une amitié est quelque chose de précieux, il faut la préserver. » Encore plus une amitié qui dure depuis aussi longtemps. « Et les non-dits, ça craint, si vous avez trop de choses sur le cœur, vous n’arriverez pas à avancer, parfois il faut juste savoir dire ce que l’on ressent vraiment. » Encore une fois, Joseph se montre très mystérieux et je déteste la manière qu’il a d’évoquer un sujet sans vraiment le mentionner, me faisant comprendre une fois de plus que la vie d’Alfie, ou en tout cas son passé, n’est pas aussi transparente que la mienne peut l’être pour lui. « Mais si ça peut te rassurer, je n’ai pas l’intention de m’en mêler, ce sont vos histoires, je voulais juste m’assurer qu’il ne fallait pas que je cache les couteaux de cuisine et tout objet contondant avant de t’envoyer cette fameuse invitation à diner. » Je plaisante, bien sûr, mais il y a un fond de vérité dans mes paroles, je ne veux pas infliger une énième situation de malaise à qui que ce soit et si Joseph et Alfie ont des choses à se dire, il serait peut-être judicieux qu’ils le fassent avant qu’on se retrouve autour d’une table à se regarder sans savoir quoi que se dire dans une ambiance électrique et bien trop gênante. Je ne suis pas prête pour ça.


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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyMer 15 Jan 2020 - 19:57

Juliana est la seule personne avec laquelle Joseph a l’impression d’expérimenter les sujets qui alimentent une conversation entre deux personnes normales, lui qui est plutôt habitué à balancer connerie après connerie pour ne pas montrer au monde entier qu’il est un oiseau qui a perdu la capacité innée de voler. Au fond, ça lui plaît de ne pas trop gratter la surface et de parler légèrement parce que ses mots ne peuvent pas déclencher la troisième guerre mondiale. Ils papotent comme deux lions sur le bord de la rivière qui se racontent leur journée en trempant quelques fois leur langue dans l’étendue ruisselante d’eau pour humidifier leur bouche qui s’assèche au fil des phrases prononcées. « J’en doute un peu. » il marmonne, en esquissant un sourire, lorsque la jeune femme présente les forces de l’ordre comme un choix de carrière adapté à Joseph. Il ne sait pas non plus quelle épreuve il faut passer pour porter l’uniforme d’un policier mais son petit doigt lui dit qu’il ne ferait pas long feu dans les rangs de la gendarmerie (probablement parce que ses propres collègues devront le plaquer au sol à la suite d’une énième bêtise commise). À vrai dire, le garçon est aussi perdu que le jour de sa sortie de prison : il n’arrive pas à mettre de l’ordre dans sa vie sans trébucher à plusieurs reprises. « Je ne comprends même pas que ce genre de personne puisse exister, comment est-ce que quelqu’un peut faire une chose pareille et continuer à vivre normalement ? J’en serais incapable. » Cette fois, concerné, Joseph ne fait qu’hocher la tête pour supporter son idée. Il sent la bile dans le fond de sa bouche et, s’il l’ouvre pour lui répondre avec des mots, il n’a pas l’impression qu’il pourra les prononcer sans qu’ils ne se cassent. Juliana a complètement raison : le quotidien de son interlocuteur n’est plus pareil depuis qu’il a commis la pire erreur de sa vie et, non, il ne vit pas normalement. Son appétit s’est envolé en fumée dès le moment où ses lèvres se sont tachées de sang et le sommeil ne l’accueille plus au creux de ses bras. N’importe quel médecin n’aurait qu’à regarder Joseph pour réaliser que sa santé est fragile et qu’il vaudrait mieux pour lui de se prendre en mains avant que la réalité ne le plonge dans sa tombe.

C’est sans surprise que Juliana commence à s’intéresser à la situation de Joseph depuis qu’il a quitté le canapé de son salon. Ce dernier n’a jamais apprécié lorsque le sujet dérive vers ses problèmes mais il reste le plus chaleureux possible afin d’éviter de créer un froid. Son objectif aujourd’hui est de présenter le portrait du parfait innocent qui n’aurait jamais pu décomposer le visage de son meilleur ami à coup d’évier. Alors, lorsque le sujet le permet, il demande à Juliana, de façon lunatique, si elle cherche un concierge sur son lieu de travail – c’est effectivement le seul poste pour lequel il peut offrir son aide, lui qui ne possède ni diplôme ni expérience dans un autre domaine. Il est vrai qu’il s’y connait un peu vente mais il ne croit pas qu’il pourra venter les quantités astronomiques de cocaïne qu’il a vendues dans le passé. C’est probablement l’une des pires erreurs à commettre lors d’une entrevue : admettre fièrement d’avoir été un criminel. Les lèvres légèrement pincées et les muscles soudainement tendus, il ment à celle qui fait preuve de beaucoup de compassion pour celui qui n’en mérite pas autant. « Je cherche un boulot, tout simplement. Je sais juste que ça serait plus facile de me faire entrer en tant que concierge, les gens s’arrachent un mec de mon âge qui sait passer l’balai. » Ce n’est pas un emploi très contingenté, les gens ne se battent pas pour cette profession. Cependant, s’il fait preuve d’autant d’ambition en ce moment-même, c’est bien pour cacher son boulot actuel qui pourrait lui valoir perpétuité derrière les barreaux. C’est aussi pour blanchir son image devant Juliana, celle qui aurait le pouvoir de briser sa vie si un jour elle réalise que Joseph n’a aucun alibi couvrant  le soir de l’agression de son copain. « Mais, ouais. J’te donnerai mon CV. Ça s’ra plus facile maintenant qu’j’ai ton numéro d’tel. » il continue, sachant pertinemment que jamais le téléphone de la jeune femme ne vibrera pour réceptionner son CV. Il ajoute, armé d’un sourire doux : « Merci. » Un simple mot qui cache son hypocrisie derrière la reconnaissance.

« J’espère que tu ne t’es pas mis dans le pétrin. » Conscient que ses paroles auraient pu la guider vers la solution de l’énigme, il hoche vivement la tête pour la rassurer. Il oublie pendant un instant de regrouper ses forces autour du poteau du bus sur lequel il s’appuie et il se retient de justesse de s’effondrer contre la jeune femme. Il s’excuse en un souffle, très peu à l’aise d’avoir presque senti le parfum des cheveux de celle-ci, et il se redresse vivement. « Noooon, tout va bien. J’suis un ange. » Par réflexe, il coince davantage son sac entre ses pieds, inquiet de se le faire dérober par une main plus rapide que la sienne. Les paroles de Jules résonnent dans sa tête et il colle sa langue contre son palais pour réfléchir. Il sait qu’elle a entièrement raison en ce qui concerne la richesse d’une amitié mais il est conscient que son trajet pour récupérer Alfie est de plus en plus dangereux. Il aurait préféré éviter de mentir autant à sa copine mais le destin a voulu qu’ils se croisent dans un autobus bondé. Et les choses se sont passées comme elles devaient se passer. « Et je ferai de mon mieux pour que nos discussions ne viennent pas t’affecter. J’trouve ça injuste pour toi de vivre tout ça. » Cette fois, il est honnête. Joseph n’a pas l’âme d’un méchant : s’il avait pu éviter d’inclure Juliana dans le drame, il l’aurait fait sans hésiter. Elle n’a pas à payer pour le comportement égoïste des deux garçons qui ont préféré se cracher au visage plutôt que de se serrer la main en souvenir du bon vieux temps. « Tu peux laisser les couteaux où ils sont, je ne pense pas qu’on aura besoin de les utiliser autrement que pour couper d’la bouffe. » Un ricanement accompagne ses paroles et il se peut s’empêcher de frissonner en repensent à ses poings serrés autour du t-shirt d’Alfie. Et s’il avait eu un couteau sous la main à ce moment-là ? Son visage devient à nouveau blême et, pour cacher son malaise, il pivote la tête vers l’écran de l’autobus qui annonce les prochains arrêts. « C’est bientôt le mien. » Il avale sa salive et se racle la gorge. « Ça tombe bien, je commence à étouffer, ici. » L’autobus s’arrête plus doucement que d’habitude et une grande quantité de têtes prend la direction de la sortie, permettant enfin aux deux de respirer. Le garçon profite du moment plus calme pour rassurer Juliana : « J’ai l’intention de contacter Alfie quand il ira mieux. On ira se taper ailleurs pour que nos problèmes soient réglés le jour où on s’fera ce fameux dîner. T’auras l’impression qu’il n’y a jamais eu de conflit entre nous et tout redeviendra comme avant. » Du moins, c’est ce qu’il souhaite, égoïstement. « De ton côté, tu prends soin de lui, hein ? » Histoire de cacher les points de suture et les ecchymoses dans son visage pour que j’oublie que je ma colère se cache derrière ses blessures.    
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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptyVen 31 Jan 2020 - 23:18



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Sincèrement, je voudrais pouvoir venir en aide à Joseph, mais je ne suis pas certaine que lui proposer un travail aussi proche du mien soit une très bonne idée, et encore moins le recommander à mon employeur. Il a beau être l’ami d’enfance d’Alfie, je ne lui fais pas totalement confiance. Peut-être que ce sont à cause de personnes comme moi que les ex-prisonniers désormais libres peinent tellement à se réinsérer dans la société, mais c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à le considérer totalement comme quelqu’un de fiable et droit sur qui on peut toujours compter. Comment suis-je censée le présenter à mon employeur, alors ? Comme quelqu’un qui risque de quitter son poste du jour au lendemain sans donner la moindre nouvelle ? Ce serait très peu professionnel de ma part. Je n’ai jamais eu de problème depuis que j’ai commencé à travailler à la bibliothèque, je me suis toujours assurée d’avoir une attitude exemplaire et de respecter les règles appliquées à tous les employés et je ne tiens pas à commencer à faire des vagues. Je ne peux donc pas me porter garant pour Joseph, c’est impossible mais je ne me sens pas non plus capable de lui expliquer pourquoi il est inenvisageable que je fasse ce pas en avant pour lui venir en aide, je passerais pour une grosse garce et j’ai trop peur de lire la tristesse et la déception dans ses yeux. C’est déjà à cause de moi s’il se retrouve à la rue, désormais, je ne peux pas l’enfoncer encore davantage et je m’en veux de ne pas être capable de faire ce qu’il me demande. « J’espère que tu trouveras rapidement. » Ce ne sera pas grâce à moi, c’est sûr, mais peut-être que m’envoyer son CV lui donnera suffisamment d’espoir pour qu’il fasse plus d’efforts dans sa recherche d’emploi. J’aimerais lui proposer d’écumer les restaurants, les bureaux, ou n’importe quel lieu embauchant tous types de personnes pour qu’il puisse augmenter ses chances, mais je sais une fois de plus que je ne peux pas faire ça. J’ignore quelle place j’ai auprès de lui, à dire vrai, mais certainement pas celle d’une amie, il y a beaucoup trop de zones d’ombres chez ce garçon pour que je puisse le considérer comme tel. Garder mes distances me parait largement préférable. Pourtant, je suis sincère, j’ai vraiment envie qu’il s’en sorte et qu’il me prouve que j’ai eu tort à son sujet. Alfie avait l’air de croire en lui et encore aujourd’hui je me demande bien si c’est parce que Joseph est son ami et qu’il sait qu’il a des capacités qu’il ne montre pas à l’heure actuelle ou si c’est le poids d’une culpabilité dont j’ignore l’origine qui l’a poussé à lui tendre la main. Après tout, il a bien dit qu’il lui était redevable, j’imagine donc que la seconde option ne doit pas être trop éloignée de la vérité. Malheureusement, malgré toutes les questions que j’ai pu poser, j’ignore encore tout de ce qu’il a pu se passer entre les deux hommes et l’expérience m’a appris à ne plus trop m’y intéresser. J’espère juste que tout ceci ne dissimule pas un autre drame parce que je ne sais pas si nous pourrions vraiment le surmonter cette fois.

Joseph m’assure qu’il est un ange et je fronce les sourcils, pas du tout convaincue par sa réponse. Il n’était pas un ange avant d’entrer en prison et il était censé l’être devenu à présent, mais entre ce qu’il vient de dire et cette réponse presque ironique, tout porte à croire qu’il ne l’est pas devenu, loin de là. Ce serait tellement dommage qu’il se soit laissé rattraper par ses vieux démons alors que la vie lui a offert une nouvelle chance de faire quelque chose de bien et de profiter des années de liberté auxquelles il a droit. « Bizarrement, j’ai du mal à te croire, mais je vais faire comme si j’étais convaincue. » J’ai tendance à être naïve, à croire les gens sur parole et à imaginer qu’ils ne disent que la vérité parce qu’ils savent que le mensonge n’amène à rien. Aucun secret ne le reste bien longtemps et aucun mensonge ne parvient à tenir la route durant toute une vie. Alors pour éviter un carnage après des révélations douloureuses, mieux vaut faire preuve d’honnêteté en toutes circonstances et je doute que Joseph en soit capable. Je m’accroche du mieux que je peux alors que le chauffeur du bus effectue des manœuvres périlleuses qui mettent mon équilibré à mal mais je suis trop concentrée sur la conversation pour remarquer que les gens autour de moi – et même Joseph – peinent à rester debout. « Si tu ne veux pas que vos conversations m’affectent, le mieux serait de t’assurer qu’elles se passent bien. » Je lui fais remarquer, parce que c’est une évidence. Bien sûr que les conflits qui touchent Alfie me touchent aussi, parce qu’il ne peut pas toujours dissimuler ses émotions ou son irritation et que je ne lui demande absolument pas de le faire. Joseph a raison, cependant, il est difficile pour moi d’être le dommage collatéral de cette histoire. Je n’ai pas le droit de poser de questions. Je n’ai pas le droit de savoir ce qu’il se passe. En revanche, j’ai totalement le droit de culpabiliser pour le départ de Joseph et de passer mon temps à m’interroger sur ce qu’il a bien pu se passer quelques années auparavant. Ce n’est pas normal. Mais comme d’habitude, je ne vais rien dire de tout ça, parce que la dernière fois que j’ai tenté d’en savoir plus, j’ai provoqué une catastrophe. Je regarde les arrêts restants lorsque Joseph m’annonce qu’il est bientôt arrivé. Je suis presque soulagée de savoir qu’il va partir, même si j’ai finalement apprécié que nous ayons cette conversation que nous n’aurions sûrement pas eu sans cette rencontre au hasard. « T’es tout blanc. » Je lui fais remarquer, parce que je viens tout juste de le constater moi-même. « C’est moi qui te fais peur ? » Je plaisante, pensant surtout qu’il souffre, comme beaucoup de gens, du mal des transports. Le bus s’arrête pour descendre les gens et Joseph m’assure que tout va redevenir parfaitement normal entre Alfie et lui. J’aimerais le croire, bien sûr, mais j’a du mal à y parvenir. « Je pense qu’il a déjà été assez amoché comme ça, essaie d’arriver à la partie tout redeviendra comme avant sans la baston d’abord, ok ? » Je ne sais pas si Alfie acceptera de le revoir, je ne sais pas si ce fameux diner aura lieu, et je ne sais pas si nos chemins se recroiseront un jour, mais je suis heureuse de l’avoir revu, finalement. « Toujours. » Je prends soin de lui plus que je prends soin de moi-même, et c’est peut-être bien ça le souci. « Et toi, ne fais pas n’importe quoi. » Ce conseil ne s’applique pas seulement à son amitié mais à la manière dont il mène sa vie et j’espère qu’il réussira à se reprendre en main même si ce n’est pas gagné.


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Message(#)The truth. It is a beautiful and terrible thing, and should therefore be treated with great caution. ✿ Joseph EmptySam 8 Fév 2020 - 4:34

Il aurait préféré ne pas engager le sujet des boulots parce que, encore une fois, il a l’impression d’être à nouveau dans le corps d’un jeune adolescent qui ne possède pas encore de perspective d’avenir et qui nage dans l’incompréhension. Seulement, Joseph n’a plus beaucoup de portes ouvertes devant ses yeux : s’il pouvait choisir d’intégrer n’importe quel programme universitaire lorsqu’il n’avait pas atteint la vingtaine, aujourd’hui ses possibilités d’emplois se résument aux boulots que personne ne veut réellement, ou ceux qui ne sont que temporaires pour les étudiants qui visent plus haut. Joseph n’est pas étudiant, et il ne vise pas haut. Eh merde. « J’espère que tu trouveras rapidement. » Elle veut d’apparence elle aussi éviter la conversation, peut-être parce qu’elle s’est rendu compte qu’elle ne pourrait pas faire grand-chose pour le cas désespéré de Joseph. Au fond, ça rassure ce dernier de ne pas devoir témoigner plus longtemps de faux intérêts quant à l’idée de reprendre un balai. Il comprend Juliana de ne pas vouloir s’attarder trop longtemps sur la question. Elle se protège comme n’importe quel être humain sensé qui n’a pas envie de voir tout son travail acharné démoli par une seule mauvaise décision. Mal à l’aise, le garçon se contente d’hocher la tête pour remercier les vœux de Juliana (s’ils sont honnêtes) et les aiguilles de l’horloge peuvent se remettre à tourner sans que l’embarras de Joseph ne persiste plus longtemps. Il faut dire qu’ils ne se trouvent pas dans le meilleur lieu pour discuter de tels propos : la honte suit l’ancien taulard depuis qu’il n’a plus sa famille inventée autour de lui pour le rassurer lorsqu’il commet un acte reprochable.

« Bizarrement, j’ai du mal à te croire, mais je vais faire comme si j’étais convaincue. » Il a l’impression que la jeune femme le connaît plus qu’elle ne devrait. Ils ont entretenu une seule longue discussion dans laquelle Joseph a souvent omis de parler de lui-même, préférant garder son statut d’ami mystérieux d’Alfie. Déjà à ce moment, il avait compris qu’il était préférable pour tout le monde qu’il ne mette pas le pied dans leur relation parce que, de toute façon, il n’y connait absolument rien en l’amour. Il avait essayé de ne pas imposer sa personnalité assez unique à Juliana mais elle a creusé un peu trop loin avec sa pioche et a découvert un Joseph intriguant qui semblait détenir un peu trop d’informations concernant son petit ami. Au fond, les torts se partagent entre les deux, bien que Joseph n’en ait jamais voulu à la jeune femme qui n’a fait que libérer sa curiosité. « Merci. » Il répond doucement en esquissant un sourire. Il la remercie simplement de ne pas lui poser plus de questions parce qu’il n’a aucune réponse rassurante à lui donner : son retour dans la vie normale après avoir passé trois ans en prison n’a pas été positif. Certes, il a rencontré Deborah et s’est beaucoup attaché à elle mais ses vieux démons l’ont rattrapé trop rapidement. Il n’a pas pu profiter de sa liberté avant de se sentir à nouveau restreint dans la petitesse de corps exigeant. Son corps, ainsi que ses veines qui n’ont pas oublié la délicieuse saveur de la poudre magique et qui l’ont réclamée trop rapidement.

Le sujet d’Alfie reprend le dessus mais c’est une évidence : cet homme est la seule raison pour laquelle Juliana et Joseph discutent en ce moment-même. Sans lui, le garçon aurait passé son chemin dans l’autobus pour trouver un coin moins condensé dans le fond de l’autobus – bien que cette possibilité relève du miracle tellement les transports en commun sont boudés à cette heure. « Si tu ne veux pas que vos conversations m’affectent, le mieux serait de t’assurer qu’elles se passent bien. » Elle répond lorsque Joseph tente de la rassurer en lui promettant de ne pas brusquer leur couple une seconde fois. Elle ne sait pas quel genre de conflit règne entre Joseph et son ami le plus précieux mais elle se doute que les choses ne sont pas roses. Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer que les trajets empruntés par les deux amis étaient sinueux. « T’as ma parole. » Il ne ment pas, pas cette fois. Depuis le début, Joseph n’a qu’un seul objectif : réparer le vase qui s’est cassé - et ça concerne sa relation avec Alfie mais aussi le couple qu’il a fragilisé par erreur. Il a dangereusement merdé et il en est conscient. C’est peut-être pour laisser une dernière chance à Joseph si le hasard a décidé de bousiller la mémoire du blessé. Il compte saisir cette opportunité de main ferme. « T’es tout blanc. C’est moi qui te fais peur ? » Surpris de constater que sa nausée se lit sur son visage, Joseph grimace en secouant la tête, bien qu’il décide d’opter pour le sarcasme : « Tu m’as toujours fichu la frousse. » En quelques sortes, ses mots sont véridiques. Juliana l’a toujours terrifié parce qu’elle semble tellement parfaite derrière son doux visage bienveillant. Il ne la connait pas assez pour voir ses défauts à travers ses nombreuses qualités – bien que sa curiosité doit figurer parmi la première liste. Cette boutade n’a pas l’effet escompté : le teint de Joseph pâli davantage lorsque l’autobus s’engage dans un virage inattendu et le garçon sert fortement le poteau dans sa paume, ses phalanges devenues blanches. Il ravale son inconfort le temps de répondre à la prochaine recommandation de Jules. « Ouais, t’as raison, j’vais éviter de le briser davantage. » La phrase se glisse naturellement hors de ses lèvres et il ne remarque pas le danger qu’elle apporte avec elle : certes, elle n’implique pas que Joseph était le premier agresseur mais le policier le plus attentif noterait tous ses sens possibles. Bientôt, l’autobus freine juste devant l’arrêt où doit débarquer le passager masculin. Quelques personnes se glissent jusqu’à la sortie mais Joseph patiente un moment en offrant un léger sourire à Jules, combattant mentalement sa nausée menaçante. « Promis. » Il marque une pause, fait un pas en directement de la sortie après s’être abaissé pour récupérer son sac et il conclue : « Salut, Jules, ça m’a fait plaisir de te voir. » Et il pointe le téléphone dans sa main pour lui rappeler de le contacter pour le futur dîner, espérant qu’elle comprenne ce simple geste.
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