C'était un de ces soirs, un de ces soirs où j'avais horriblement besoin de sortir et de m'envoyer en l'air. J'ai l'impression d'en être de plus en plus accro. Avant je ne m'accordais ce plaisir qu'une fois par moi, là ça ne fait à peine qu'une semaine que je suis sortie. C'est de la folie. Mais j'aime trop ça, ça me change du stress du boulot, même si j'aime ça. Mais j'aime encore plus ça, sortir à la nuit tomber, aller dans un bar ou dans une boîte de nuit pour aller choper du gibier. Toujours en étant incognito bien évidemment. Et pour ça, j'avais ma panoplie de perruque. Je ne les compte plus à présent mais je dois en avoir de toutes les couleurs et toutes assez différentes niveau coupes de cheveux pour paraître encore plus incognito. Même si techniquement je n'avais pas que ma perruque hein, ça ne me déplairait pas de me balader totalement nue dans les rues de Brisbane, je suis loin d'être pudique, mais le moins de scandale possible serait agréable. Alors j'ai enfilé une robe bien rouge sang et bien moulante avec des talons hauts rouges et noirs, qui allait parfaitement bien au brun de ma perruque que j'avais choisi. Ce soir, je voulais juste aller me poser dans un bar alors qu'il n'était pas encore 23h pour boire un verre avant de commencer les hostilités. Mais à peine avais-je commandé mon cocktail que j’aperçus un visage familier. Et d'habitude je ne m'y attarde pas, mais là, merde elle était en fauteuil roulant. Moi qui en ai juste rien à foutre des personnes et de leur problème, là je reconnaissais une ancienne camarade qui avait été assez intelligente pour remarquer que je n'allais pas bien. Seulement je l'avais repoussée à l'époque. Seulement, là, je ne pouvais rien faire d'autre que l'éviter, que faire comme si je ne l'avais pas vu, posant mon regard sur elle qu'un quart de seconde. Pitié, faites qu'elle ne m'ait pas vu, pitié, faites qu'elle ne m'ait pas reconnu. Ouf, mon verre arrivait et j'allais pouvoir me détendre un petit peu avec ce breuvage rougeâtre qui allait parfaitement bien avec ma tenue.
Elle était là. Sur le pas de la porte. De l'appartement à Noah. "Si t'as le moindre souci, t'as mon numéro." Elle lui avait fait la bise. Ainsi qu'à son fils. Première fois qu'elle confiait son fils à Noah en soirée. Mais elle s'était dit qu'une soirée entre père et fils, ça ne pouvait pas lui faire du mal. Sans oublier qu'elle devait voir des amis qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Enfin, elle les avait croisés y'avait de cela quelques semaines et elle avait juste oublié de les recontacter pour prévoir une sortie. Et ça se faisait ce soir là. Oh, bien évidemment, elle allait un peu stresser parce que son fils n'était pas avec la baby-sitter, mais avec son père. M'enfin, après tout, quand il était venu, ça s'était plutôt bien passé. Alors, pourquoi pas ? Ca se passerait bien. Casey restait confiante. Ca se passerait bien. Et valait mieux d'ailleurs. Surtout que Noah avait décidé de rester dans les parages. Qu'il s'occupe de son fils un peu, ça serait bien. Et puis, ça lui montrerait, surtout, s'il voulait vraiment refaire partie de leur vie. Ou pas. Enfin, la blonde s'était dirigée vers le bar Canvas. Souvent qu'elle y allait. Parfois toute seule. Juste pour boire un petit verre. Parfois, c'était pour rejoindre des potes. Un peu comme ce soir. Sauf que, pas de chance pour elle, quand l'heure du rendez-vous avait fini par arriver, un petit message qui lui disait qu'ils avaient un empêchement et qu'ils pourraient pas venir. "C'est bien ma veine ..." avait-elle dit dans un soupir. Mais bon, maintenant qu'elle était là, elle n'allait pas partir, non ? Ce qui la frappa tout de suite, ou presque ? Cette femme en rouge. En robe ultra moulante. Elle avait l'air d'être vachement bien habillé pour un bar comme ça. Soirée qui avait mal tournée ? Ou alors, elle était un peu dérangée ? Va savoir. Le pire, dans tout ça, c'était que cette femme en rouge l'avait dévisagée. Genre, un quart de secondes. Mais ça avait suffi à Casey pour que la machine se mette en route et qu'elle cherche. Ses yeux là ... Ils lui disaient quelque chose. Mais qui ? Elle fronça des sourcils. Et attendit un bon petit moment. En fait, elle réfléchissait. Son verre avait fini par arriver jusqu'à elle mais elle l'avait obstrué. Trop concentrée. Et puis, ça lui en vint en pleine face. "J'y crois pas ..." Ouais ... Elle y croyait pas. "Becca Priest ..." avait-elle dit en se rapprochant d'elle. La peste du lycée. "Dans mes souvenirs, t'étais blonde." Ouais. Bon, un peu froide notre Casey était. Mais en même temps, hein, Rebecca avait toujours été désagréable avec elle. Un prêté pour un rendu en quelque sorte.
En temps normal, je ne me souviens pas de mes anciens camarades, surtout que j'en ai martyrisé des tonnes et même s'ils ont permis d'avoir des années lycée plaisantes et passables, impossible de me souvenir d'eux. Seulement mon ex, normal, vu qu'il a été le seul homme à me faire chavirer du mauvais côté. Jamais plus. Donc j'ai un certain goût amer en me souvenant du lycée. Et cette femme ne m'aidait guère à me sentir bien. Je lui en avais fait baver à elle aussi malgré le fait qu'on aurait pu être amie, si elle ne s'était pas mêlée de mes affaires. Mes problèmes, mes traumatismes me regardent, ça ne regarde absolument personne. Encore moins une psy. Alors oui j'avais réagi assez violemment, malgré la bonté qu'elle avait voulu avoir envers moi. Une bien belle erreur, dont elle s'est vite rendue compte. Seulement je ne pensais pas qu'elle allait faire encore une erreur en venant me parler. Pourquoi il avait fallu qu'elle me reconnaisse ? J'avais vraiment espéré et cru jusqu'au bout que ce ne serait pas le cas, mais finalement je l'entendis me parler à mes côté. Et me lancer une petite pique, digne des plus nuls. J'eus alors un sourire en coin, ne m'affectant pas le moins du monde Et dans mes souvenirs t'avais des jambes. Disais-je rempli de méchanceté dans ma voix et de dédain surtout. Le malheur des autres c'est ma jouissance et pour ça, je suis encore plus différente et supérieur aux autres. Je pourrais même te demander ce qu'il t'ait arrivé, mais ne t'embête pas, ça ne m'intéresse pas du tout. Je ne vois même pas pourquoi tu viens me parler. Rajoutais-je en la dédaignant encore un peu plus. Cette fille ne m'intéresse pas, alors qu'elle continue sa vie, son chemin sans moi, après tout elle me fait de l'ombre là pour ma prochaine proie, même si elle a de la chance, parce que pour l'instant il n'y a rien de fameux. Enfin, elle ne me fait pas de l'ombre bien évidemment, elle me gêne, voilà c'est tout. Non mais cette fille devenue femme en chaise roulante ? Me faire de l'ombre ? Laissez moi rire ! J'ai des propos étranges parfois ...
Cette femme était une sorcière. Une peste. Un serpent. Elle crachait son venin sur tout ceux qui se rapprochaient un peu trop d'elle. Et bien malheureusement, Casey avait tenté de l'aider. Non pas parce qu'elle avait le complexe de la sauveuse. Mais elle pensait qu'elle pourrait l'aider. Lui filer un coup de main. Au lieu de cela, Rebecca n'avait fait que la repousser, encore et toujours. La blonde avait morflé. Elle en avait eu plein la vue. Et plein les oreilles. Une peste. Alors, pourquoi Casey s'était approchée ? Elle aurait dû ... ouais, elle aurait dû passer son chemin. Elle aurait peut-être même dû changer de bar. Ca lui aurait évité des ennuis. De gros ennuis. Car elle se doutait que Becca n'allait pas être tendre. A moins qu'elle avait changé mais ça, c'était pas vraiment gagné d'avance. Désagréable. Comme toujours. Sauf que la réplique de Rebecca avait été cinglante. Et très méchante. "Ouais, effectivement. J'ai toujours des jambes. C'est ... temporaire." Elle avait fait des progrès. De gros progrès. Et bientôt, elle n'aurait plus besoin de se promener dans ce fauteuil roulant. Et ça, c'était une bonne chose. Une très bonne chose. En tout cas, Rebecca n'était pas ravie de la vie. Mais l'inverse était également vrai. Si elle avait pu l'éviter et ne pas la rencontrer, ouais, Casey aurait été ravie. Mais bon. C'était trop tard maintenant. "Toujours aussi garce à ce que je vois." La manière dont elle lui parlait. C'était dingue. Non. Vraiment, elle n'avait pas changé. "Peut-être que j'suis venue te causer pour te rendre la monnaie de ta pièce et de faire de ta vie un enfer." Ouais. Bon. Pas trop le genre de Casey. Enfin, si, elle aurait très bien pu le faire si elle était sur ses deux jambes et qu'elle était en activité. Mais là, pour le moment, son boulot de flic était mis de côté. Et elle n'avait pas encore récupéré ses jambes. "Ouais, j'crois que c'est juste pour t'emmerder ... Comme t'as pu le faire quand on était au lycée." La vengeance est un plat qui se mange froid après tout. Non ?
J'ai toujours eu cette fâcheuse tendance à être méchante et garce avec toutes les personnes que je trouvais indigne de moi. A savoir la majorité des personnes sur cette planète. Mais encore plus quand ces personnes-là se mêlent de ma vie privée et se disent vouloir m'aider. Ca m'insupporte, réellement. Alors même si c'était il y a des années, je ne voulais rien avoir à faire avec cette blonde dont je ne me souvenais même pas le prénom. Quelle importance après tout. Cette fille ne m'intéresse pas. Je me rappelle qu'à l'époque, elle aurait pu, mais à vouloir se mêler de ma vie, non, plus jamais, et oui je suis du genre rancunière et à me souvenir de certaines choses. Bon, excepté les prénoms, mais on s'en fout. Je préfère donner des surnoms, on les retient mieux. L'infirme me fit donc part que son infirmité n'était que temporaire. Tant mieux pour elle. Je soufflais, l'air de dire que j'en avais toujours autant rien à faire. Je m'accoudais au bar alors que mon cocktail arrivait enfin. J'en prenais une petite gorgée, histoire de siroter tranquillement, espérant que l'infirme me lâche enfin la grappe. Elle remarquait évidemment que j'étais toujours aussi garce et je ne pus m'empêcher de sourire machiavéliquement à cette jolie petite remarque. Mais je fus surprise quand elle me disait qu'elle était peut-être là pour me faire vivre un enfer ! Laissez moi rire ! Oh vraiment ? Je serais vraiment curieuse de voir ça ! Tu m'intéresserais peut-être bien plus. Mais laisse moi en douter. Seulement il est évident qu'elle me faisait chier clairement là. Je voulais passer ma nuit à martyriser un homme dans un lit, dans un lieu public, dans une voiture, des toilettes, n'importe, mais pas à faire chier une pauvre ancienne camarade de classe qui ne sait clairement pas être garce et intéressante. Juste à rester planté là pour me faire chier. Own pauvre bichette ! Et bien tu as réussi à m'emmerder là ce soir à venir me parler, donc maintenant tu peux jerter pour que je retourne à des occupation bien plus intéressantes. Merci. Disais-je légèrement agacée.
Rebacca était une peste. Une sale peste. Et elle serait toujours une sale peste. Du moins, Casey doutait réellement qu'elle ait changé. Après tout, elle pouvait se tromper. Becca s'était peut-être achetée une conduite. Peut-être qu'elle était beaucoup plus sympathique que par le passé. Peut-être qu'elle était restée, au fond, la même garce qu'elle avait toujours été. Et vu l'accueil qu'elle lui avait fait, oui, la blonde était pratiquement sûre et certaine que son ancienne camarade de classe était toujours comme avant. Et c'était bien dommage. On disait qu'avec le temps, on se bonifiait. On disait qu'avec le temps, on devenait plus sage et qu'on pardonnait plus facilement. Mais apparemment, c'était différent pour Rebecca qui était peut-être bien pire qu'avant. A croire que sa vie était détestable et qu'elle continuerait à faire chier son monde. Elle faisait bien ce qu'elle voulait. Si elle voulait se couper du monde, si elle voulait rester seule, c'était son problème après tout, non ? "Oh, tu peux douter, tu sais. J'en ai rien à carrer de ce que tu peux penser à mon sujet." avait répliqué Casey tandis qu'elle avait fini par commander une boisson à son tour. Bon, il était vrai que Becca était au comptoir et elle dans son fauteuil et c'était pas vraiment évident mais bon, qu'importe. Elle resterait là quand même. Histoire d'être un peu plus désagréable encore, et sans doute pour se débarrasser de Casey, Rebecca avait répliqué qu'elle pouvait aller voir ailleurs, maintenant qu'elle lui avait pourri, plus ou moins, sa soirée. Enfin, pourrir n'était pas le mot. Disons qu'elle était agacée par la présence de Casey. "J'viens de me commander un verre. Tu crois vraiment que j'vais m'en aller sans l'avoir fini ?" Oui, bon, il était vrai qu'elle pourrait toujours changer de place et se trouver une table. Mais non, elle n'en avait pas envie. "J'ai l'impression que t'as oublié que j'étais du genre tenace et que j'lâchais pas l'affaire facilement." Déjà, à l'époque, ça avait été difficile de lâcher. Il avait fallu que Becca se montre imaginative pour l'éjecter de sa vie. Et elle allait devoir faire pareil une nouvelle fois.
C'est bon c'était totalement foutu pour ce soir. L'infirme ne comptait vraiment pas bouger avec ces roues, donc je ne risquais pas de repartir au bras d'un jeune homme pour ce soir. C'était pas juste dommage, c'était même pire qu'agaçant, ça m'énerve royalement ! Je vais devoir encore me faire plaisir toute seule ! De quoi me faire rager, je vous le dis. Alors oui elle allait en baver ce soir. Seulement, je me rappelle maintenant que j'en avais baver moi aussi pour la faire lâcher l'affaire sur ma personne. Pourtant notre relation était prometteuse, mais elle avait tout gâché. Encore aujourd'hui elle gâche tout. Une tâche cette fille. Je voulais vraiment qu'elle se barre qu'elle se trouve un autre coin où déprimait sur son pauvre état d'infirme, mais non, elle restait planté là, avec son verre ridicule. Le bar est assez grand pour que tu le boives ailleurs je te signale. Disais-je entre les dents. Non mais sérieusement pour qui elle se prend ? Mais merde, je veux me faire choper ce soir, et pas dans ses roues ! J'attrapais alors ma perruque et laissais tomber ma tignasse blonde sur mes épaules, sentant la chaleur et la nervosité s'emparer de moi. Je finissais alors mon cocktail d'un coup avant de faire signe au barman de m'en servir un autre. Je vais en avoir besoin avec un pot de colle comme l'infirme. C'est vrai, je commence peu à peu à me souvenir de toi. Mais pas assez pour me rappeler ce que je t'ai fait … Attend si ! Je m'exclamais et me mis à rire Ce type là que tu trouvais canon ! Je te l'ai royalement bien volé dis donc ! Merci d'ailleurs, sans toi je ne l'aurais même pas remarqué, et il avait du potentiel. Bon pas assez pour que je m'intéresse une deuxième fois à lui mais bon … Disais-je nonchalamment en haussant les épaules.
Oui, le bar était assez grand. Oui, elle aurait pu déplacer son fauteuil et aller plus loin. Mais non, elle n'avait pas envie de le faire. A dire vrai, c'était un réel plaisir que d'emmerder Rebecca. Elle s'était endurcie avec le temps. Si elle avait réussi à l'offusquer ou bien à la blesser lorsqu'elles étaient plus jeunes, Casey n'était pas la même. Non, elle n'était pas une garce sans coeur. Mais elle n'était plus la gamine qu'elle était et qui pouvait prendre la mouche quand on lui causait mal. "Ouais, je sais. Mais à ce que je sache, on est dans un pays libre. Et j'suis plutôt bien là." Non, en fait, c'était pas vrai. Se retrouver au comptoir, c'était galère. Parce qu'avec son fauteuil roulant, c'était pas évident. Pas évident du tout. C'était haut. Qu'importe. Elle allait rester là un petit moment. Genre cinq à dix minutes de plus. Le temps de terminer son verre, de l'emmerder encore un peu, elle finirait par rentrer chez elle. Rebecca tenta de la blesser en lui rappelant un souvenir un peu dégueulasse. Oui, il était vrai qu'elle avait eu ce crush sur ce garçon. Un type sympathique. Un type gentil. Casey aurait bien aimé tenter sa chance avec lui. Sauf que Rebecca était tombée dessus. Et qu'elle avait fait exprès de le mettre dans son lit. Et pire encore. Becca était en train de la narguer par rapport à cet homme. "Merci à toi alors de m'avoir épargné un emmerdement. Si ça se trouve, il m'aurait pas été." s'était-elle contentée de lui répondre tandis qu'elle portait son verre à ses lèvres. "Il est vrai que je t'en ai beaucoup voulu par rapport à lui. Et puis, j'me suis dit que c'était peut-être mieux comme ça. Qu'il valait pas le coup." Ca avait fait mal les premiers temps. Mais bon, elle s'en était remise.
Des fois c'est vraiment fatigante d'être chiante avec tout le monde, avec tous ceux qui essaient de sympathiser avec moi, mais ça a toujours été ma façon d'être, ma façon de me protéger, alors je resterais ainsi, quitte à continuer de faire du mal autour de moi, tant que ça reste verbale, je pourrais assurer. Mais je ne suis pas non la meuf la plus méchante et salope au monde, sinon je ferais vraiment du mal aux gens. Et c'est vrai que la parole est souvent la plus facile et bizarrement la plus dure à encaisser. Je ne me suis jamais vraiment remise en question, à part quand je me sens mal, quand je me sens faible, quand je me sens atteinte par les événements. Alors là si l'infirme me semblait être un événement agaçant, je saurais faire face. Elle me confia être bien là et me mis à regarder le comptoir et son fauteuil à tour de rôle C'est sûr que de se contorsionner pour atteindre le bar, il n'y a rien de plus agréable. Disais-je avec lassitude et négligence envers elle. Je la regardais en coin une dernière fois avant de me remettre à boire, me rendant compte qu'elle s'était endurcie cette fille et que mon agacement à son égard avait laissé place à une certaine forme de pitié. Mais je ne pouvais m'empêcher de continuer de l'emmerder en nous remémorant les événements tragiques du lycée. Et elle en tira avantage. Super, je m'étais faite avoir pour le coup. Je la fusillais du regard avant de lui répondre Bien sûr que si ! Il était à ta hauteur, aussi ennuyant et pathétique. Vous étiez fait l'un pour l'autre, ça me désole d'avoir brisé l'histoire d'un petit couple merdique. Il en faut bien dans notre monde peuplé de cas sociaux n'est-ce pas ? Non ce n'était pas vraiment une question, c'était rhétorique. Je n'accordais d'ailleurs même plus d'importance à Casey. Tiens, son prénom m'était revenu d'un coup. Mais franchement quelle importance.
Les rôles étaient inversés. C'était Rebecca qui se retrouvait emmerdée. Et Casey qui la taillait. Enfin, en même temps, la blonde n'était pas bien méchante avec son ancienne camarade de classe. Disons qu'elle tentait de lui faire comprendre qu'elle s'était comportée comme une garce. Et c'était encore le cas d'ailleurs. Est-ce qu'elle faisait ça avec tout le monde ? Ou bien est-ce qu'elle avait un réel problème avec Casey ? La blonde n'aurait pas su dire ce qu'il en était réellement. Mais il était clair que son ancienne camarade de classe avait un problème avec Casey. Autant ... Autant poursuivre sur cette lancée et continuer à l'emmerder. Ca permettrait à Rebecca de comprendre que Casey ne comptait pas se laisser faire. Pas comme lorsqu'elles étaient plus jeunes. Non. Casey avait grandi. Casey s'était endurcie. Et il était clair que quoi que dise Rebecca, elle n'arriverait pas à la déstabiliser. Alors qu'elle voyait très bien que Rebecca était ... Comment dire ... Oui, la présence de Casey l'emmerdait, c'était certain. "J'ai envie de dire que c'est pas toi qui te contorsionne alors, qu'est-ce que tu en as un faire ?" lui demanda Casey. "A moins que tu t'inquiètes de mon état santé." Chose qui n'était pas vrai. "C'est gentil de t'inquiéter pour moi. Merci." Casey. Ou le mode d'emploi pour emmerder Rebecca. Celle-ci avait d'ailleurs tenté de lui faire mal en lui parlant d'un ancien flirt que Casey avait pu avoir. Mais pour emmerder la blonde, Rebecca avait fait en sorte de s'attirer les faveurs du mec. Ca avait fait mal à Casey, pour sûr. Maintenant, elle n'y pensait plus. Et elle s'en fichait à dire vrai. "Ca me désole également. J'ai l'impression que ça t'a beaucoup marqué mine de rien." avait-elle dit dans un hochement de la tête. "Pour t'en souvenir aussi bien, ça a vraiment dû te marquer." Oh, pour sûr. "Tu sais, avant que tu m'en reparles, j'y pensais même plus." Depuis, l'eau avait coulé sous les ponts, si on peut dire ça comme ça. La fin du lycée. Le début de ses études à la fac de droit qu'elle avait abandonné. La mort d'une de ses soeurs. Et tout un tas d'autres choses marquantes. Comme la rencontre avec Noah, la naissance de son fils.
Comment ça se faisait ? J'avais l'horrible impression que les rôles s'inversaient, que c'était elle qui arrivait le plus à me faire chier alors que c'est moi la pro pour emmerder le monde. Enfin, pour être méchante avec plutôt. Là Casey prenait juste un malin plaisir à m'embêter bien gentiment, bien comme elle est. Non ça ne m'atteint pas du tout, c'est juste qu'elle gaspille encore plus de mon précieux temps. Mais je ne suis pas non plus violente et je vais pas la virer à coups de coup de pied au cul de son fauteuil désespérant. Mais voilà qu'elle retournait mes phrases comme si je m'inquiétais pour elle. Ouais bien joué, t'arrive juste à m'agacer davantage. Disais-je totalement désespérée par l'infirme que j'avais eu le malheur d'apprécier à l'époque du lycée. Peut-être que si elle avait été comme aujourd'hui avec un brin de méchanceté en plus, elle aurait pu davantage me taper dans l'oeil. Bref, toujours et encore du gâchis. Tout comme le type que je m'étais tapé pour la faire chier. Normal que tu l'ais oublié, t'as jamais réussi à l'avoir, alors que bon, j'oublie jamais les pauvres types qui passent dans mon lit malheureusement. Et pourtant j'en avais eu ! Mais ça je le cache bien, je préfère les zapper quand je le peux, mais quand j'aperçois leur face de rat, forcément j'y pense. Bon ok, ils ont parfois des face un peu plus sympa, mais ils sont tous inintéressants. Même mon ex m'avait énormément déçue. Toujours est-il que la blonde à mes côtés essayaient tant bien que mal de se démêler de mes filets avec des répliques légèrement cinglante, mais pff, elle pouvait essayer toute la nuit, elle n'y arriverait pas pour autant. Je regardais encore autour de moi, espérant trouver une bonne brochette à me mettre sous la dent, mais franchement il n'y a que dalle ce soir et je ferais certainement mieux de rentrer chez moi. Mais pas tant que Casey ait débarrassé le plancher avant !
A chacun son tour. Si Rebecca avait été horrible dans le passé avec Casey, c'était, à présent, à son tour de l'être. Et ce même si, à dire vrai, la blonde n'était pas fondamentalement méchante. Elle était même adorable. Mais elle allait se montrer détestable à souhait avec Rebecca. Un prêté pour un rendu. Oui, ça ne ressemblait pas à Casey. Oui, ce n'était pas son genre. Elle qui était calme. Elle qui était gentille. Chaque personne a deux visages, du moins, c'est ce qu'on dit. Un pour le monde. Un pour le privé. Et là, elle allait user un visage qu'elle n'utilisait jamais. C'était pas très charitable de sa part, oui. Certains disent qu'il faut tendre l'autre joue, afin de passer à autre chose. Mais Casey ... Ouais, elle était en rogne contre Rebecca, même si elle ne le dirait pas. En rogne et pourtant, elle aurait tant aimé comprendre pourquoi elle était comme ça. Oui, c'était une bonne question. Une très bonne question. Pourquoi diable Rebecca jouait les pestes ? Pourquoi l'avait-elle joué quand elles étaient au lycée. Et pourquoi elle l'était encore à ce jour. Est-ce que ... Est-ce qu'elle était comme ça ? Avait-elle subi quelque chose ? Casey n'en savait rien. "Tant mieux si je t'agace. C'est le but recherché à dire vrai." Faire tourner les gens en bourrique, c'était pas son genre. Mais qu'est-ce que c'était fun à dire vrai ! Enfin, c'était quand même fatiguant. Sans doute qu'elle finirait par lâcher prise, même si c'était amusant. Mais elle n'allait pas passer sa soirée à faire cela. Non, elle pensait que rentrer chez elle pourrait être une bonne idée, même si elle n'avait pas grand chose à faire. "Tu les oublies jamais ? Hmmm ... permets-moi d'en douter." Casey était pratiquement sûre et certaine que ce n'était pas vrai. Que Rebecca lui racontait des cracks. Ouais. De sérieux cracks. "En même temps, la vérité n'a que peu d'importance." Ouais, Casey s'en fichait. Son téléphone se mit à sonner. Alors, Casey plongea la main au fond de sa poche afin de le récupérer. "Oui poussin ?" La blonde passa une main dans ses cheveux. "Dans la poche avant de ton sac à dos." Il avait toujours perdu quelque chose. Mais Casey savait très bien où elle l'avait rangé. Elle avait fait le sac après tout. "Je te récupère demain. Bisous bisous." Elle avait rangé son téléphone portable. Rebecca avait dû écouter la conversation mais elle s'en foutait.
Ok, je l'avais cherché. Je comprenais mieux ce qu'elle me voulait et pourquoi elle restait là. Je voulais tellement qu'elle déguerpisse qu'elle en profita pour me retourner la situation contre moi et me faire chier comme elle aurait sûrement aimer le faire le temps de notre séjour au lycée ensemble. Seulement c'est bien trop tard, parce que ça ne m'atteint pas, ou alors pas assez pour que je la déteste ou lui accorde davantage d'attention. Mais forcément la conversation continue malgré moi puisque je me suis rappelé ce qui s'était passé entre nous au lycée et surtout ce que je lui avais fait subir de si jouïssif que je m'en rappelais. Bon c'est plus pour la vengeance que pour le type que je m'en rappelais. C'est vrai que je ne me rappelle pas de tous les types qui passent quelques heures en ma compagnie, mais là j'en ai quand même un bien plus vague souvenir que ceux d'il y a quelques petites années, elle devrait s'en sentir ravie, mais non elle retourne ça de nouveau contre moi en m'insultant, subtilement, mais complètement ! Je commençais à avoir chaud et pas seulement à cause de mes cocktails enchaînés mais bel et bien à cause de l'infirme Mais j'en ai rien à faire de ton opinion ! Disais-je en perdant un peu mon calme. Je commençais sérieusement à avoir envie de partir, et c'est bien ce que je comptais faire, attendant que le serveur repasse par là pour payer ma note, jusqu'à ce que j'entende Casey prononcer le mot « poussin ». Non mais elle ne m'adresse pas la parole là j'espère ? Je tournais le regard furax vers elle pour m'apercevoir qu'elle était au téléphone. Mon visage se décomposa peu à peu quand je comprenais qu'elle parlait à son enfant Tu as un enfant ?! Lui demandais-je en quelque sorte, me sentant gênée d'un coup et surtout horriblement triste. Pourquoi elle, elle avait eu droit à un gosse et pas moi ? Je me sentais de plus en plus mal d'un coup. Fallait que je prenne l'air.
Au fond, Casey n'était fondamentalement méchante. elle ne voulait pas être méchante. Elle cherchait à être blessante, oui. Mais c'était pour lui faire comprendre que ça servait à rien d'agir comme ça. Qu'elle allait faire fuir tous les gens autour d'elle. En même temps, c'était peut-être ce que Rebecca cherchait. Peut-être qu'elle avait envie de se retrouver toute seule. Peut-être qu'elle n'était qu'une garce sans coeur. Et que quoi qu'elle dise, quoi que Casey pourrait faire pour tenter de l'aider, ça ne fonctionnerait pas mieux. A quoi bon s'acharner sur Rebecca ? A quoi bon tenter de lui parler ? Tout ce que Casey pouvait lui dire, ça ne semblait pas l'atteindre. Elle allait sans doute finir son verre. Et s'en aller. Ouais. Ca serait mieux. C'était ce qu'elle comptait faire. Enfin, c'était avant de recevoir le coup de téléphone de Lewis qui avait perdu quelque chose. Même si Casey n'était pas avec lui, super maman était là, à distance, pour l'aider à retrouver ce qu'il avait perdu. Rebecca avait tourné la tête vers Casey tandis qu'elle était en train de parler avec son fils. Elle avait l'impression ... Et bien, elle ne savait pas vraiment ... Mais oui, Rebecca se sentait mal apparemment. Son visage avait changé du tout à tout. Casey raccrocha. "Oui, j'ai un fils. Et j'aurais pu avoir un fils ou une fille aussi." Seulement, elle avait eu son accident. Seulement, elle s'était retrouvée à l'hôpital. Et elle avait perdu son bébé dans cet accident. "C'est pas pour tout de suite qu'il aura un petit frère ou une petite soeur." Parce qu'il fallait qu'elle retrouve quelqu'un. Parce qu'elle n'était pas certaine qu'elle arriverait à retomber amoureuse. Elle avait perdu Noah quand elle était tombée enceinte. Mais elle avait pu garder leur bébé. Et elle avait perdu Spencer quand elle était tombée à nouveau enceinte. Et là, elle n'avait pu garder ni l'un. Ni l'autre. Elle avait eu la chance de retrouver Noah. Mais qu'est-ce que ça allait donner entre eux ? Elle n'en savait rien. "Ca t'intéresse ... de voir une photo ?" s'était-elle hasardée à poser la question. Parfois, les enfants, ça permettait d'adoucir les moeurs. Peut-être que Rebecca serait moins vache. Ou pas.
La vie est parfois injuste, et pourtant, je n'en voulais pas à Casey. C'est pas normal. Comme si je sentais qu'elle n'était pas comblée malgré l'enfant qu'elle semble avoir. Aussi quand elle m'annonça qu'elle avait un garçon et qu'elle aurait pu en avoir un deuxième, je sentais que quelque chose n'allait pas. Elle l'avait perdu. C'est évident, je connais que trop bien ce regard et cette douleur dans la voix quand on en parle. J'ai déjà perdu deux enfants et je ne crois pas que je supporterais d'en perdre un troisième. T'as au moins la chance d'en avoir un, tu devrais t'estimer heureuse … Répondais-je en ronchonnant sans vraiment être méchante. Quelque part, cette histoire d'enfant semblait me radoucir, mais fallait pas non plus demander la lune. J'avais posé son menton sur mes mains, songeant à ces enfants que j'aurais du avoir, à cette vie parfaite que j'aurais pu avoir si je n'étais pas si abonné aux fausses couches, et si Luke était resté auprès de moi, si on avait pu former la petite famille parfaite. Mais non, je n'ai pas le droit à cela, je suis faite pour rester seule et mal accompagnée. Je me suis faite à l'idée, mais dans ces moments-là je ressens un énorme vide en moi. Je retournais alors les yeux sur l'infirme, surprise, quand elle me demandait si je voulais voir une photo. Sérieusement ? J'avais l'air de quelqu'un qui voulait voir une photo de son fils ? Pourquoi pas. Répondais-je d'une façon bizarre. Parce que oui ce n'est pas ce que je voulais répondre. Je m'en fiche de son fils, je suis juste jalouse qu'elle en ait un et pas moi. Seulement, sa douleur et la perte de son enfant avait du me toucher d'une façon que je ne m'étais pas attendu.