"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. If you're doing alright, tell me why you're trying so hard? If you stand in the sun, why do your eyes shudder with madness? They are telling no lies, there's one thing that's left in the dark. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart, your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE , HEART OF STONE."
→ Les gouttelettes de pluie s’écrasent contre les vitres sales du pub et créent un rideau naturel perturbant la vision entre les deux mondes qui se côtoient en ce début d’après-midi automnal. L’effervescence des rues animées par un furieux orage éphémère contraste avec l’ambiance feutrée et paisible du pub où je me trouve assis en train de savourer un délicieux Irish Coffee le nez plongé dans des copies d’élèves sur la célèbre œuvre de William Shakespeare, Le Roi Lear. L’ouvrage est d’ailleurs ouvert, vieille édition aux pages cornées et à l’aspect vieilli, posé au milieu des copies éparpillées sur la petite table en bois. Lunettes devant les yeux, je sillonne du regard les lignes écrites à la main des étudiants tout en annotant des corrections à l’encre dans les marges. Concentré sur la pièce poignante et tragique qui confronte les apparences et la réalité et questionne l’aveuglement de ceux qui sont au pouvoir et qui ne discernent plus la sincérité dans un monde où l’hypocrisie règne en maître, je ne peux pas m’empêcher de penser à ma propre expérience de la vie. Elevé au sein d’une famille pratiquante aux mœurs rigides, j’ai développé en grandissant une méfiance particulière de la religion et de son pouvoir sur les hommes, qui n’a pour moi aucun lien avec la véritable foi. La lecture et l’interprétation de la Bible, bien que sacrées, doivent à mon sens évoluer et je questionne fréquemment l’église protestante à ce sujet. N’en déplaise à mes parents qui tolèrent difficilement ces questionnements dont j’évite le plus souvent de leur faire part pour ne pas ruiner les repas de famille. Reposant le stylo plume ainsi que mes lunettes, du pouce et de l’index je viens frotter lentement mes yeux pour repousser la maudite migraine qui doucement s’installe à mes tempes. Une pause s’impose, apparemment. Repoussant mon dos contre le dossier de la chaise, mes yeux se lèvent et quittent la masse de copies pour observer le déluge au-dehors. Mes doigts cherchent à tâtons sur l’une de mes poches un précieux paquet pour en sortir des cigarettes avant qu’un soupir de frustration s’échappe de mes lèvres entrouvertes en réalisant l’illégalité toute récente de ce geste mécanique et habituel. Les doigts serrés sur le paquet que je referme, mon regard se perd sur les trainées d’eau qui dégoulinent le long des vitres et le constat qui s’impose à moi me contraint à repousser mon envie (et besoin) de nicotine à plus tard. Une habitude néfaste que je tiens de mon paternel qu’on observe rarement sans cigarette au coin des lèvres, ce qui donne de l’urticaire à ma mère et à ma grande-sœur (en apparence toutefois car Eireann fume en cachette) ; et le petit-frère n’échappe pas non plus à l’addiction. L’annonce faite par ce dernier lors du repas de famille tenu au domicile parental dimanche me trotte encore dans la tête : pour la troisième fois, je vais devenir l’oncle d’un petit être humain et avoir le privilège d’observer la vie grandir autour de moi. Et ce qui devrait me remplir de joie m’assombrit d’une brume épaisse de regrets qui martèlent mon esprit de la même façon dont la pluie s’abat sur le verre flou des fenêtres. Je n’ai pas oublié, non. Comment aurais-je pu ? « Tu devrais te marier, Aodhan et fonder une famille à ton tour. » Sage conseil prodigué chaque dimanche par ma douce mère qui espère encore et toujours en dépit de mon manque cruel d’intérêt pour la chose. Le fait est que j’ai déjà un enfant, quelque part. Un enfant dont j’ignore tout, jusqu’à son prénom et dont je n’ai malheureusement aucun souvenir hormis la brève annonce murmurée par les lèvres enflées de désir d’une Laoise souriante et pleine de vie. Je ne peux que fantasmer sur cet enfant, l’imaginer avec ses yeux et son sourire et espérer qu’il soit profondément heureux. Si je n’arrive pas à me réjouir pour mon petit-frère et son bonheur, c’est uniquement car je suis persuadé que mon propre bonheur se trouve au creux de ses souvenirs inachevés, quelque part dans un chapitre du passé où l’encre s’est cruellement asséchée. Un nouveau soupir passe la barrière de mes lèvres, pour chasser cette éternelle tristesse qui habite mon regard et, tandis que l’orage continue de faire rage au-dehors, je me concentre sur mes copies à nouveau et les aventures dramatiques du Roi Lear qui se méprends tant sur l’amour paternel…
Je suis en train d’annoter une copie, les sourcils froncés par la concentration lorsqu’une bourrasque de vent s’invite par la porte ouverte et menace d’emporter mon travail au loin. Cela m’oblige à suspendre ma correction pour sauver in extremis les précieux feuillets que je rassemble en un tas plus compact pour le coincer sous une sacoche de cuir vieillie. Après m’être assuré de ne plus risquer de perte, mon visage se relève et détaille celui de la douce créature qui vient d’apparaître sur le seuil du pub. Ses longs cheveux bruns trempés dégoulinent le long de son manteau léger et lui donnent une allure égarée malgré sa posture bien droite et presque sévère. Son regard déterminé sillonne rapidement le pub et ses épaules s’affaissent légèrement quelques secondes après, comme si elle baissait doucement sa garde, ayant jugée de l’atmosphère paisible de l’endroit. Si je n’ai jamais été très bon physionomiste, ce visage-là me parle et c’est un sourire tendre qui étire mes lèvres alors que des souvenirs de mon adolescence remontent à la surface. La bande des collines constituée de gamins de tous horizons se retrouvant après les cours pour décompresser avant de retourner auprès des leurs pour le souper. Je me souviens de Jaimie Winters, la battante et entêtée, aux jolies boucles et aux joues bien rondes, prête du haut de ses huit ans à défendre la veuve et l’orphelin contre n’importe quel adversaire ; je me souviens de celle qui recueillait les chats errants et organisait des collectes pour eux fréquemment et de celle qui réclamait haut et fort la Justice pour tous… Et il y avait ce cri entêtant qui résonne encore à mes oreilles parfois… Ce cri, devenu presque un rituel et que j’ai sur le bout de la langue… - Ceartas sóisialta*… Je prononce d’abord doucement les mots pour me les rappeler correctement, avant de les prononcer plus fort pour qu’elle les entende. - Ceartas sóisialta*! La justice sociale, un idéal pour lequel toute bataille est honorable. Voyant la jeune femme décontenancée, je me lève de mon assise et l’accueille avec un sourire chaleureux, sans savoir si elle va me reconnaître. Il est loin de temps où la bande des collines se réunissait pour jouer dans les dunes, il est loin le temps de l’insouciance et des rires, des jeux et de l’innocence, mais j’aime à penser que nos soucis d’adultes n’ont pas pour autant entachés nos âmes d’enfants et qu’elles survivent en nous malgré tout. Premier surpris par cette rencontre fortuite à laquelle je ne m’attendais absolument pas, c’est tout naturellement que je l’invite à me rejoindre à table – Jaimie… J’ignorais que tu te trouvais à Dublin, quelle coïncidence ! Je t’offre un verre ? La bande des collines s’était séparée progressivement, sans rupture tonitruante ni déchirement du cœur, cela s’était fait naturellement car tout le monde grandi et tout le monde part un jour… N’est-ce pas ? Sauf moi. Moi je ne suis pas parti. Je suis resté ici, à Dublin et je m’y suis établi, me constituant une vie simple qui me convient à peu de choses près. Mais Jaimie, elle est partie elle ! Et elle a voyagé, j’en suis sûr ! – Tu es là pour quelques temps ou… ? C’est fou de se revoir après toutes ces années ! Qu’est-ce que tu deviens ? Oh excuse-moi, je te commande un Irish Coffee aussi ? Ou tu préfères un thé ? Je ramasse les copies éparpillées sur la table qui finissent de faire grossier le tas coincé sous ma sacoche en cuir et fais un peu de place sur la table, rangeant grossièrement mon bazar pour me consacrer à ces retrouvailles totalement inattendues, le regard brillant et l’esprit bercé par les doux souvenirs d’une enfance heureuse.
*means = justice sociale
(c) DΛNDELION
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE"
Lorsqu’on m’a proposé ce poste à Dublin, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une sorte de signe. Après mes études, j’avais fait mes armes en Australie en tant qu’avocate commise d’office, puis je m’étais envolée pour le Canada que j’avais arpenté pendant trois ans pour achever légalement la mission dans laquelle je m’étais maladroitement lancée à l’adolescence. Après cela j’avais suivi la promesse d’affaires juteuses à Londres et mon cœur à moitié desséché s’était laissé conquérir par une jeune femme dont l’histoire me rappelait douloureusement la mienne. Ma douce Irene, ton éducation et ton rang ne t’autoriseront jamais à me rendre ces sentiments, aussi je préfère protéger notre amitié précieusement. Peut-être en partie à cause de cette réalisation, j’ai senti que mon besoin d’aventures m’appelait ailleurs, comme si j’avais déjà fait le tour de ce que Londres avait à m’offrir. J’avais un trou béant dans l’âme et aucune conscience d’essayer de le colmater avec toutes les responsabilités, les réussites et les combats que je pouvais me mettre sous la main. Quant à Dublin… c’est là que tout avait commencé pour moi, un pâle matin d’automne. Depuis l’avion, j’avais fébrilement guetté ses champs jaunes et verts, nerveuse à l’idée de remettre pour la première fois les pieds sur cette terre à laquelle j’avais été arrachée à l’âge de huit ans. Toute ma vie depuis cet instant, je m’étais sentie expatriée, attachée à des lieux sans être rattachée à aucun. Et je luttais contre cette peur de réaliser en débarquant ici que j’étais là aussi une étrangère, que cette patrie idéalisée si longtemps ne préservait plus mes racines. Que j’étais destinée à errer sans jamais savoir d’où je venais vraiment.
Mais vous savez ce qu’on dit, n’est-ce pas ? You can take the girl out of Ireland, but you can’t take Ireland out of the girl. Mon Irlande, on m’a dépouillée de mon accent et de mon histoire, mais on n’a pas pu t’arracher à moi. Je l’ai senti dès l’instant où mes pieds se sont posés sur ton sol accueillant ; et je le ressentais encore ce jour de novembre alors que je flânais le long de Grafton Street, les mains dans les poches de mon trench coat vert sombre, un sourire léger sur mes lèvres peintes et le cœur gonflé de souvenirs et de sensations familières. Tes artistes de rue étaient toujours aussi talentueux et les devantures aux couleurs d’émeraude, de rubis et d’or réchauffaient encore les mœurs en ces jours grisâtres qui t’ont toujours affligée et font partie ton charme. Et cet accent qui a été le mien résonnait si tendrement à mes oreilles à chaque bribe de conversation que je surprenais sur mon chemin. C’est sans doute cela qui me donnait envie de flâner sans but le long de tes ruelles pavées, d’inspirer ton atmosphère si apaisante, cette bulle de passé à laquelle je ne semblais plus appartenir mais qui elle m’appartenait encore, qui m’appartiendra aussi longtemps que je vivrai. Tu résonneras toujours en moi Eire, mais ce jour-là je me sentais chez toi comme un fantôme et je craignais de changer l’ordre des choses en essayant de toucher ces fragments de bonheur que tu me faisais miroiter.
Coïncidence ou mauvais présage, un coup de tonnerre retentit dans le ciel sombre et l’averse s’abattit immédiatement sur la ville. Les seuls à sortir leurs parapluies étaient les touristes, les Dublinois sachant comme le vent les brisera en quelques souffles. L’air était doux mais la pluie glaciale, poignante, désagréable. Elle s’abattait sans répit sur les passants qui se précipitaient dans les magasins, sous les porches et dans les pubs bondés pour tenter de s’abriter. Je devais avoir l’air folle à rester au milieu, le visage levé vers ton ciel tourmenté, un rire ému aux lèvres, tandis que tes larmes dégoulinaient sur mon visage, le long de mon col et dans mes cheveux. Au diable mon brushing soigneusement réalisé, mes ondulations naturelles lui faisaient comme un doigt d’honneur, gonflant autour de mon visage comme elles l’avaient toujours fait. Trempée jusqu’aux os, je me suis laissée envahir par un sentiment entre la joie et la tristesse, et peut-être bien que c’était une sorte de nostalgie. Ireland, I’m home.
Les gouttes glaciales eurent cependant bientôt raison de moi et je dus me résoudre à bifurquer dans une petite ruelle longeant Trinity College, à la recherche d’un pub accueillant et moins bondés que ceux de la rue historique. Je me suis précipitée dans le premier qui se présentait à moi, et c’est sans un regard vers l’intérieur que j’ai poussé la lourde porte en bois qui claqua dans mon dos. Je suis immédiatement frappée par l’odeur, un mélange de whiskey et de bois, qui m’apporta une nouvelle vague de réminiscence. Les épaules contractées par le froid, j’ai laissé mes yeux accrocher les sièges en cuir vert, les moulures de bois sombre, la décoration chargée et pourtant apaisante de ce lieu qui m’en rappelait un autre, où le père de Kyllian travaillait et où j’avais pris l’habitude de venir le débusquer après l’école. Es-tu toujours à Dublin Kyll’ ? Pourquoi mes dernières lettres sont-elles restées sans réponse ? Je me suis efforcée de chasser cette question récurrente qui pesait comme un énorme point d’interrogation sur mes souvenirs, entachait ma vision de l’amitié, redéfinissait mon passé d’une lueur moins pure, moins tendre. J’allais me commander un verre pour renvoyer cette tristesse inconvenante dans les tréfonds de mon âme quand un cri en provenance de ma gauche envoya mon cœur s’écraser contre mes côtes : « Ceartas sóisialta! » Alarmée par ce cri du passé qui arrivait à point donné, je cherchai son origine et mes yeux se posèrent sur un jeune homme d’une trentaine d’années aux yeux pâles comme le cœur d’un glacier. Des yeux que je n’aurais jamais pu oublier. Mes sourcils froncés comme pour camoufler le tumulte de mes émotions, je vis le brun se lever avec un sourire et avancer dans ma direction. Je l’observais sans trop y croire, m’attendant à le voir se détourner à la dernière seconde et saluer quelqu’un derrière moi, me laissant retomber dans l’illusion fantomatique qui m’accompagnait depuis mon arrivée quelques jours plus tôt. Mais non. C’est de moi qu’il s’approchait, mon surnom qu’il prononça avant de me proposer un verre dans cet accent qui semblait m’envelopper toute entière. « Aodhan ? » Je soufflai sans trop y croire, le cœur au bord des lèvres, les membres agités d’un tressaillement que j’avais bien envie de mettre sur le compte de la pluie. Je n’en croyais pas mes yeux et pourtant il se trouvait bien là, ses traits marqués par les années qui nous séparaient. Il arborait le même air sage que lorsque je l’avais rencontré pour la première fois dans les collines, le même regard doux et transperçant qui m’avait assez intriguée pour me pousser à fureter de son côté et l’inviter à rejoindre nos jeux. « Tu es là pour quelques temps ou… ? C’est fou de se revoir après toutes ces années ! Qu’est-ce que tu deviens ? Oh excuse-moi, je te commande un Irish Coffee aussi ? Ou tu préfères un thé ? » Submergée par les émotions que je ne parvenais plus à contrôler et une vague de souvenirs vivaces, je franchis la distance qui nous séparait et m’arrêtai juste en face de lui, mes mains hésitant à entrer en contact avec sa veste comme si j’avais peur qu’il parte en fumée. « Je peux pas le croire, c’est vraiment toi… c’est… » Je bredouillai, horriblement moins loquace qu’à mon habitude. Puis n’y tenant plus je l’ai serré dans mes bras, laissant échapper un petit rire de joie et de surprise, le genre de son qui ne franchissait plus les lèvres de Jameson l’avocate depuis une éternité mais qui avait longtemps résonné dans la bouche de Jaimie l’enfant libre, Jaimie le petit bout de femme qu’il avait connu. Je le serrais trop fort pour que ça semble normal je crois. Et trop longtemps aussi ; assez pour que la chaleur de son corps parviennent jusqu’au mien, me rappelant brusquement que je revenais de l’averse. « Merde, je vais te tremper ! » Je réalisai en m’écartant, les yeux rivés sur ses vêtements pour en évaluer les dégâts. « Désolée, c’est juste- Oh ! J’en reviens pas, j’aurais jamais cru te croiser en revenant ici. » Je lui confiai en retirant mon manteau pour le déposer sur une chaise libre à la table qu’il occupait. Je n’y croyais pas, mais si tu savais comme je l’ai espéré sans même me l’avouer. Sans que je puisse m’en empêcher, mes yeux sondèrent les tables autour de lui, comme si tous nos amis pouvaient soudainement s’y matérialiser et cet étrange petit pub réunir la bande des collines le temps d’un après-midi orageux. Mais des enfants aux genoux écorchés il ne restait qu’Aodhan et moi aujourd’hui et je détestai le nœud qui se formait dans ma gorge à cette pensée.
« Un Irish Coffee à la crème de coco s’il te plait. » Je commandai alors au barman qui approchait pour me donner quelques serviettes. « Cheers. » Je le remerciai, sincèrement touchée et passablement horrifiée de remarquer à quel point mon accent différait désormais de ceux que j’avais quitté. Je me laissai retomber sur la chaise avec un soupir et mon regard glissa sur les bouquins et les papiers qu’Aodhan rangeait pour me faire plus de place. Piquée de curiosité, je luttai contre l’envie de le bombarder de questions en me souvenant soudainement qu’il avait déjà lancé les hostilités en m’en posant quelques-unes qui étaient jusque-là restées sans réponse, merci à mon inexplicable émotivité. « C’est fou ouai, c’est le moins qu’on puisse dire. » Je répliquai en tamponnant mon visage et mes cheveux à l’aide d’une serviette rapidement imbibée. « Je suis arrivée il y a quelques jours à peine, je commence un nouveau poste lundi au sein du cabinet Ashburn Rose, tu connais ? » Je m’interrompis pour remercier le barman qui revenait avec ma boisson. Mes doigts autour du breuvage pour les réchauffer, je relevai les yeux vers Aodhan. « Je suis avocate, alors autant te dire que ces histoires de justice sociale m’ont poursuivie. » Je plaisantai avec un sourire en me souvenant délicieusement de nos scénarios dans les collines. Poursuivies, c’est le cas de le dire… Si tu savais comme elles m’ont hantées Aodhan, et toutes les conneries que j’ai faites par la suite, tout mon travail pour les rattraper. « Et toi alors ? » On se connaissait par coeur, comment pouvons-nous maintenant êtres des étrangers ? Le temps m’apparut soudain comme un étrange concept créé dans l’unique but d’éroder les lignes de notre amitié et de nos souvenirs. Autant dire que je n’aimais pas tellement cette idée. « Tu es un peu trop âgé pour être encore étudiant… » Sans craindre de me tromper, je désignai ses ouvrages du menton. « Et il me semble que personne ne lirait Le Roi Lear par pur plaisir alors suis-je loin du compte en supposant que tu travailles à Trinity ? » Je m’amusais à déduire, laissant mon regard errer sur les grands murs de l’université qu’on voyait se dessiner depuis les fenêtres ruisselantes de pluie de notre abri. « A moins que… » Je repris en reposant des yeux songeurs sur lui. Je profitai de ce pseudo suspens pour étudier ses traits, fascinée de voir que déjà le visage du bel homme qu’il était devenu commençait à supplanter celui qui avait si longtemps régné sur mes souvenirs. « Ouai, je pourrais aussi te voir écrivain. » Je lançai avec un sourire taquin et inspiré à la fois.
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart, your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE , HEART OF STONE."
→ La pluie tombe durement sur les toits de la ville et ses flots sinueux s’écoulent dans les ruelles, l’orage déverse sa colère sur Dublin et tous les passants se réfugient dans les pubs, à la recherche d’un peu de chaleur, humaine ou simplement matérielle, substantielle. Un lait chaud avec un peu de cacao ou de crème, un Irish coffee comme on sait si bien les faire ici et qui raniment les cœurs de pierre ou encore une pinte de Guinness car cela se consomme sans fin, la convivialité des irlandais se trouve un peu partout dans ces ambiances feutrées, elle est propice aux franches rigolades entre amis, aux discussions plus posées en famille ou à ceux qui, comme moi, viennent en profiter allégrement pour travailler. Ce n’est pourtant pas au milieu des copies entassées sur la table et sur lesquelles s’amoncellent les annotations à l’encre rouge que je m’attendais à revoir la douce et belle Jaimie, fantôme tendre de l’enfance qui remue ma mémoire poussiéreuse et me plonge dans des souvenirs d’antan où l’innocence de nos échanges allégeait mon cœur et ma solitude. J’arrive à me souvenir du cri devenu rituel, qui signifiait tant à l’époque pour nous, enfants un peu perdus, et qui a toujours une portée particulière à en juger le nombre de visages qui se tournent vers moi lorsque je le prononce avec entrain. Elle sursaute, Jaimie, elle sursaute et son doux visage se tourne vers le mien. Je découvre une jeune femme dans la fleur de l’âge, et si je trouve que les années ne m’épargnent pas, ce n’est absolument pas son cas. Ses boucles brunes encadrent un visage aux joues rondes légèrement rougies par l’affront du vent et la fraîcheur automnale, aux yeux souriants malgré les sourcils sévères qui farouchement se plissent en m’observant et aux lèvres qui tremblent légèrement, à cause du froid ou de l’hésitation, je ne saurais réellement le dire. Je m’approche et j’entame la conversation, l’invite à se joindre à moi et dans mon empressement, j’oublie, oui j’oublie de contempler le moment et de le savourer. Trop absorbé par ma recherche de confort, par ses vêtements mouillées qui vont refroidir ses os, par l’envie de la conforter pour ensuite satisfaire ma curiosité et profiter comme je l’entends de ses retrouvailles, j’oublie que l’instant où les yeux se croisent, où les corps s’approchent et se toisent, cet instant-là reste le plus important. Aussi, lorsqu’elle me serre dans ses bras, Jaimie, elle m’ébranle entièrement. Et de la tête aux pieds, je me sens soudain absorbé par cette douce chaleur qui envahit mon corps et qui contraste furieusement avec mon pull qui se mouille au contact de son imperméable ruisselant, ainsi qu’avec mon cou de plus en plus humide car ses boucles brunes gouttent alors que je la serre à mon tour contre mon torse. Et je l’étreins, délicatement dans un premier temps, puis plus fort, comme si par ce simple geste, je me rends compte de sa présence et de la chance que j’ai de pouvoir la serrer contre moi. Un sourire heureux étire mes lèvres légèrement gercées, attaquées par le froid qui s’installe doucement dans la ville ces derniers jours, et mes yeux brillent, joyeux. Jaimie Winters, l’hiver sera plus doux avec elle… Cette tendre pensée accroît le plaisir que j’éprouve à l’avoir contre moi lorsque sa voix s’élève à nouveau et qu’elle jure en s’écartant de moi. – Merde, je vais te tremper ! Et c’est clairement déjà le cas, oui, mais cela n’a aucune importance car après tant d’années, une étreinte aussi mouillée soit-elle reste la réaction la plus appropriée et le bien-être qu’elle a provoqué en moi n’est nullement effacé par le manque d’étanchéité de mes vêtements. – Désolée, c’est juste –Oh ! J’en reviens pas, j’aurais jamais cru te croiser en revenant ici. Avec un sourire rassurant, je réponds sur un ton doux et ému – Il n’y a aucun mal, bien au contraire, je suis tellement ravi de te revoir ! Il y a bien longtemps que je n’ai pas croisé un visage de la bande des collines tu sais. Car tous sont partis accomplir de grandes destinées, ont quitté l’Irlande et son climat nuageux, un brin trop sombre, la mélancolie accrochée le long de ses bâtiments aux lourdes pierres qui ruissellent, continuellement abreuvées par le ciel. Asseyons-nous, Jaimie, rattrapons tous ce temps qui s’est écoulé et nous a éloigné l’un de l’autre. Vers quelle grande destinée t’es-tu envolé toutes ces années, toi qui avais le cœur si léger, toi qui rêvais d’égalité et de liberté ? Je ne peux pas m’empêcher d’observer ses traits, fasciné de la redécouvrir aussi rayonnante et pleine de vie. On dirait que rien n’a changé, je vois toujours la petite-fille déterminée et pleine de ressources dans tes yeux, Jaimie. Mais il s’en est passé des choses, pas vrai ? Il a forcément dû s’en passer et le tempérament semble plus maîtrisé, les gestes plus modérés, le regard brillant mais un peu plus éloigné et l’accent, différent, qui appartient à d’autres rivages, loin de l’Eire. – C’est fou ouais, c’est le moins qu’on puisse dire. Je suis arrivée il y a quelques jours à peine, je commence un nouveau poste lundi au sein du cabinet Ashburn Rose tu connais ? Je suis avocate, alors autant te dire que ces histoires de justice sociale m’ont poursuivie. Brillante, Jaimie. C’est l’intelligence qui illumine son regard, une intelligence douce et bienveillante, animée par un fort tempérament altruiste. Que je suis heureux de la revoir ! Je profite de l’apparition du serveur pour commander un second Irish Coffee, très enthousiaste à l’idée de ses retrouvailles et de toutes les surprises qu’elles contiennent, et aussi ravi d’apprendre qu’elle compte rester un moment par ici. - Oh j’ai donc une chance incroyable aujourd’hui ! Je devrais remercier le ciel pour le présent qu’il me fait, sans l’orage nous n’aurions peut-être pas su nous retrouver. Du moins pour le moment, car si tu t’installes durablement, je suis sûr que nous aurions fini par nous croiser à nouveau. Je crois toujours que les coïncidences sont du ressort du divin et que ce dernier, à sa façon, veille sur nos âmes et construit nos destins. – Je vois très bien le cabinet, il a une bonne réputation et ses avocats sont réputés ! Tu dois avoir une sacrée carrière pour avoir obtenu un poste là-bas, mais je ne suis pas surpris. Tu as toujours eu toutes les qualités requises pour rallier les cœurs à ta cause. Où étais-tu ces dernières années ? Tu as exercé dans quel domaine ? La politique ? Là non plus, je ne serais pas très surpris. Les politiques sociales ont toujours été au centre des préoccupations de Jaimie Winters, même du haut de ses dix ans, alors cela me semble on ne peut plus naturel. Certaines voies sont tracées dès le début, et cela convient parfaitement à l’image que j’ai de la jolie et farouche Jaimie des collines.
- Et toi alors ? Tu es un peu trop âgé pour être encore étudiant… Et il me semble que personne ne lirait Le Roi Lear par pur plaisir alors suis-je loin du compte en supposant que tu travailles à Trinity ? Un sourire un peu plus poussé s’étale sur mes lèvres avec amusement. Je garde le silence, la laissant terminer ses suggestions alors qu’elle a déjà tout résumé. A croire que j’étais prédestiné moi-aussi à finir ma vie le nez plongé dans des bouquins que personne ne veut lire et encore moins analyser. Obsolètes et pourtant… si précieux ! – A moins que… Ouai, je pourrais aussi te voir écrivain. Un léger rire s’échappe alors et je ne le retiens pas, il flotte dans l’air et ses retrouvailles détendues me font un bien inimaginable. Oh si tu savais, Jaimie, que je n’ai pas fait grand-chose de ma vie. J’ai perdu l’envie en perdant une vie et depuis, ce sont les livres qui m’oxygènent et remplissent mes poumons tous les jours. – Je n’en ai certainement pas l’étoffe, mais je gratte un peu le papier à mes heures perdues, oui… Mes yeux brillent, d’une joie enfantine, vite rattrapée par la réalité des adultes auquel je me soumets, bon gré mal gré. – Je travaille bien à Trinity, oui. J’ai un poste permanent là-bas depuis peu. Littérature anglaise… Alors Le Roi Lear, forcément, car il faut bien qu’ils en bavent un peu pour mériter leurs diplômes, n’est-ce pas ? La dureté n’a jamais été mon fort, et c’est sans grande conviction que je formule ces quelques mots, car au fond de moi Le Roi Lear est un chef d’œuvre qu’on se doit de lire au moins une fois, quoiqu’on en dise. Ma main vient se frotter doucement contre mon menton alors que j’observe Jaimie, me faisant peu à peu à sa présence à mes côtés. Elle est devenue si belle et bientôt ce nouveau visage remplacera celui de l’enfant insouciante dans mon esprit, ce qui me ravit. – Tu viens juste d’arriver alors ? Ou loges-tu ? Tu as emménagé quelque part ? Si tu as besoin d’aide, je serais ravi d’être là pour toi. Et je me trouve intimidé, bêtement, à la regarder fixement, les yeux brillants et le rouge qui éclabousse un peu trop mes joues. Je secoue la tête et répète – Je n’en reviens pas… c’est wow ! Combien d’années se sont écoulées depuis ton départ ? Une vingtaine peut-être ! Tu dois avoir tellement de choses à me raconter... Contrairement à moi qui suis vide de vie, moi qui ai choisi de ne pas bouger, de rester là où tout a commencé et où j’ai perdu tant. Pourquoi ? Je ne saurais l’expliquer. Il y a un bout de moi que j’ai perdu et avec lui, l’entrain et l’envie. Je suis rempli de passion, avide de sentiments et si vide pourtant.
(c) DΛNDELION
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE"
Une lueur d’amusement illumina les yeux d’Aodhan et je sentis un sourire émerveillé étirer mes lèvres tandis qu’un rire sincère s’échappait des siennes. Bon sang, jamais il ne m’avait autant rappelé l’enfant que j’avais connu qu’à travers ce bref sursaut d’insouciance. L’instant d’après, un air plus sérieux se peignit sur ses traits et je sentis un pli se creuser entre mes sourcils d’encre tandis qu’il me répondait avec une touche de réserve teintée de regrets. « Je n’en ai certainement pas l’étoffe, mais je gratte un peu le papier à mes heures perdues, oui… » Voilà encore qui me rappelait des soirées d’été sur les collines de notre enfance. Aodhan griffonnant sur un coin de cahier, moi le suppliant d’abandonner son cartable et l’arbuste sur lequel il était perché pour nous rejoindre plus bas dans la vallée. Et il venait souvent, mais pas avant de m’avoir lu quelques lignes d’une brève histoire qu’il venait d’écrire pour l’école ou le plaisir. Et j’adorais ses mots, même si je n’avais pas la capacité de lui dire autrement qu’en lui balançant un « Bon, tu viens maintenant ? On t’attend pour jouer. La justice attend ! ». Fort heureusement, j’avais désormais un peu évolué de ce côté-là. « T’as toujours été trop humble pour ton bien Aodhan. J’adorerais te lire… si tu en as envie bien évidemment. » Le présent rattrapa le passé que nous avions dû laisser derrière nous, et je ressentis une petite pointe de fierté en entendant mon ami d’enfance confirmer mes dires. J’étais ravie de mes talents de déduction, bien évidemment, mais plus encore de le savoir enseigner la littérature dans cette prestigieuse université, lui qui avait toujours aimé les livres. Surtout les ouvrages indigestes dans lesquels personne d’autre n’osait se plonger, d’ailleurs. Me souvenant de ce trait qui le caractérisait, je me mordis l’intérieur des joues, soudain embarrassée de l’avoir taquiné sur un bouquin qu’il affectionnait très probablement. « Avec toi comme prof, je suis certaine que même Shakespeare peut avoir un certain charme. » Je répondis d’un ton conciliant, avec un genre de sourire d’excuse non dénué d’une pointe de malice. J’avais toujours taquiné Aodhan pour son côté intello, alors que dans le fond nous étions taillé du même bois lui et moi. C’est juste que j’étais meilleure pour le cacher, tant et si bien que nos camarades des collines ne s’en étaient jamais douté et n’avaient pu se servir de mes résultats scolaires pour entacher ma prairie-cred. Quoi que je ne serais pas surprise de découvrir qu’Aodhan m’avait démasquée depuis longtemps. Je trempai les lèvres dans mon Irish Coffee, savourant ce goût chaud et réconfortant, puis, sentant le regard d’Aodhan sur moi, je relevai les yeux vers lui. J’allais lui demander ce qui lui passait par la tête quand il reprit la parole. « Tu viens juste d’arriver alors ? Ou loges-tu ? Tu as emménagé quelque part ? Si tu as besoin d’aide, je serais ravi d’être là pour toi. » Comme tout à l’heure, c’est une kyrielle de questions qui m’attendait et je sentis un sourire étirer mes lèvres devant son impatience. Moi aussi j’en ai plein pour toi Aodhan. Seulement je n’arrive pas à les formuler car elles tiennent du domaine des ressentis. Quoi de neuf, que fais-tu dans la vie ? Tu t’es marié, t’as des enfants ? C’est bien beau mais ça ne nous rendra pas ces bouts de passé qui nous manquent, n’est-ce pas ? Ça ne te dira pas qui je suis, ça ne me montrera pas qui tu es. Si tu savais comme j’aimerais plonger dans tes souvenirs, explorer à tes côtés la vie que tu as menée pour découvrir comment elle a forgé en l’homme que tu es devenu. Mais ce n’était pas le genre de chose qu’on pouvait se balancer autour d’une table, évidemment. C’était trop intime, trop étrange surement. D’autant que je réalisais avec un pincement au cœur que je n’étais pas prête à m’ouvrir autant, et préférais oblitérer quelques passages sombres de mon existence, qui entacheraient, j’en étais certaine, l’image qu’il se faisait de moi à l’époque, et celle que j’essayais de renvoyer aujourd’hui. Au final, quand on vit avec tellement de secrets, « Tu deviens quoi » c’est pas si mal comme question. J’ignore si c’était dû à mon étrange silence ou à ses propres pensées, mais Aodhan prit quelques couleurs tout d’un coup. « Je n’en reviens pas… c’est wow ! Combien d’années se sont écoulées depuis ton départ ? Une vingtaine peut-être ! Tu dois avoir tellement de choses à me raconter... » Je laissai échapper un petit rire terrorisé et me passai une main sur le front. Vingt ans bordel, c’était pas facile à encaisser. « Dix-neuf je crois. Merde alors ça me fiche un sacré coup de vieux. » Il s’en était passé des choses en toutes ces années. Certaines glorieuses, d’autres désastreuses. A tel point que quand je regardais en arrière, j’avais presque le vertige en revoyant les tempêtes que j’avais affrontées. J’espérais un avenir plus calme et linéaire, maintenant que j’avais coupé de ma vie tous ceux qui m’avaient blessée en voulait me contrôler pour me faire rentrer dans un moule qui ne pouvait contenir ni mon âme romanesque, ni mes aspirations. « Disons que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. » Je confirmai avec un sourire mutin, terminant d’un coup sec mon Irish Coffee. « Il n’y avait pas de collines à Vancouver alors j’ai fait la connaissance des montagnes. On s’y égare plus facilement, tu en conviendras, et autant te dire que ça m’est arrivé plus d’une fois. » Impossible de savoir pourquoi ce souvenir tout particulièrement s’imposait depuis les méandres de ma mémoire. Peut-être justement parce que c’étaient ces ballades qui m’avaient permis de tenir lorsque j’avais dû dire adieu à la bande des collines presque vingt ans plus tôt. « On en apprend beaucoup sur soi en passant la nuit dans la nature sauvage. Ça te taille le caractère et affine tes convictions. Alors je ne fais pas de politique, non, même si j’y ai pensé. Mais tu me connais, je n’avais pas envie de prendre de gants, d’enrober la vérité. Le droit, ça me paraît plus honnête. J’ai fait un peu de pénal, là je suis dans les affaires. Quand j’aurai assez d’expertise et de reconnaissance, je me spécialiserai en droit de l'environnement. » Mais j’avais aussi la folie des grandeurs. Un trou tellement béant dans mon âme que je ne savais pas très bien comment le combler. La réussite professionnelle, le respect de mes supérieurs hiérarchiques, et les primes faramineuses qu’Ashburn Rose me versait chaque fois que j’aidais la boite à atteindre ses objectifs faisaient un peu le boulot. Du reste, j’avais depuis longtemps abandonné l’idée de laisser un humain colmater la faille qui balafrait mon cœur. Les hommes m’avaient appris de la pire des façons qu’accorder ma confiance équivalait à leur remettre le poignard acéré avec lequel ils se feraient le plaisir de lacérer mon âme. Plus jamais bordel. Plus jamais. « J’ai bougé dans pas mal de continents et de pays, mais je ne me suis jamais vraiment sentie chez moi nulle part. Je crois qu’inconsciemment c’est pour ça que je suis revenue ici, sur cette terre qui m’a donné la vie. » Ouai, belle façon d’effacer ma mère. Un psy s’en donnerait à cœur joie. Malheureusement pour eux, je préférais remonter Grafton Street à poil plutôt que de franchir la porte d’un de leur cabinet. Et laissez-moi vous dire que j’avais tout sauf envie de me balader les seins à l’air en plein centre-ville. « Voilà pour les grandes lignes. Si tu veux que je rentre dans le détail je te préviens il me faudra bien plus qu’un irish coffee… mais il est peut-être encore un peu tôt pour s’ouvrir un whisky. » Et pour s'ouvrir tout court d'ailleurs... Je plaisantai, utilisant l’humour pour maintenir à distance la douleur encore trop fraîche de ma plus récente blessure. Une sonnerie retentit dans l’école en face et je sursautai, revenant brusquement au présent, à mes obligations, et à sa première question à laquelle je n’avais pas encore répondu : « Oh mais j’y pense ! Je suis à l’hôtel pour l’instant, je n’ai pas encore trouvé où m’installer et je dois visiter quelques appartements dans le centre cet après-midi. Tu veux venir avec moi ? » J’inclinai la tête avec un petit sourire en coin comme pour lui demander d’excuser mon enthousiasme et ajoutai : « Enfin, si tu n’as pas rendez-vous avec le roi Lear, ça va de soi. » Puis, posant tendrement ma main sur la sienne : « Ça nous laisserait plus de temps pour nous retrouver… c’est que j’adorerais savoir comment tu as occupé ta vie toutes ces années, moi aussi. »
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart, your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE , HEART OF STONE."
→ Les retrouvailles se poursuivent, avec tendresse et bienveillance et je découvre une jeune femme brillante dont la passion se lit au fond de son regard. Les souvenirs s’en mêlent inévitablement et j’arrive à percevoir la flamme brûlante de l’héroïsme dans l’éclat de ses prunelles me confirmant ainsi que l’âme de mon amie est restée vaillante.– T’as toujours été trop humble pour ton bien Aodhan. J’adorerais te lire… si tu en as envie bien évidemment. La flatterie me fait sourire, avant que je me racle la gorge pour m’éclaircir un peu la voix et rompre mon émoi. – Je tiens quelques recueils, de pensées et d’idées. Des annotations, quelques réflexions, des divagations de l’esprit en somme. Pour y voir plus clair, faire le tri. Car tout s’emmêle parfois, et il faut autoriser l’esprit à se reposer. Je n’ai trouvé que cette solution pour ne pas flancher parfois, ça et les départs inopinés, appels de l’âme, pour m’évader seul en pleine nature et j’ai arpenté tant de fois la région du Connemara en quête d’apaisement, de paix et de sérénité. Car en moi gronde bien souvent le vent de la révolte face à un carcan sociétal trop étroit, et l’esprit affligé a besoin de s’échapper par moment, de sentir la liberté l’étreindre de toute sa puissance et de prendre de la hauteur, distance nécessaire, pour ne pas prendre tout cela trop à cœur. Je brime mes sentiments depuis trop longtemps pour réussir à faire autrement, c’est une habitude ancrée en moi, que j’entretiens, persuadé que c’est la seule et unique voie que je dois emprunter pour correspondre à celui que je dois être. Pour qui ? Pour quoi ? Des parents vieillissants, des remords entêtants et une charge mentale qui pèse lourdement sur mes épaules affaissées : je renonce il est vrai. A cette liberté que je chéris tant et à la construction d’un avenir, car je suis perdu quelque part dans les souvenirs d’un autre temps que ma mémoire ne souhaite pas oublier. Comme tout lecteur qui savoure un ouvrage, je ne peux me décider à fermer la dernière page. – Avec toi comme prof, je suis certaine que même Shakespeare peut avoir un certain charme. Cette répartie m’intrigue tout en me faisant sourire, et après avoir trempé mes lèvres une fois de plus dans mon café, je lance – Beaucoup trouvent du charme à Shakespeare, à sa prose tout du moins. Pas toi ? Cela ne m’étonne pas, les pièces peuvent avoir un certain côté désuet et vieillot, mais les thèmes abordés me semblent toujours essentiels et Shakespeare est un génie de la littérature qui a révolutionné son temps et a ouvert la grande porte au théâtre, le légitimant avec une force incroyable. – On ne peut pas lui enlever le mérite qui lui revient. J’ajoute, pour conclure, balayant mes réflexes de professeur qui surviennent malgré moi, prêt à étaler la vie de l’artiste et à discuter autour de ses exploits, de ses manquements aussi mais surtout de ce qu’il a offert au monde finalement, qui perdure longtemps après sa mort et qui doit être, selon moi, toujours étudié.
Cependant l’heure n’est pas à l’étude et encore moins aux analyses pointilleuses, mais bel et bien aux retrouvailles et à la joie de se découvrir, des années plus tard. Dix-neuf, me corrige-t-elle avec exactitude et j’hoche la tête, acquiesçant avec une certaine affliction en réalisant que dix-neuf années sont passées en un rien de temps. – Disons que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. Et je souris tout en l’observant, son regard pétillant et ses joues rondes, ses lèvres sèches et fines qui se posent sur le rebord de la tasse fumante, un petit air malicieux alors qu’elle me confie son rapport avec la nature. Je me retrouve totalement dans ses dires, appréciant le calme des étendues sauvages mais aussi le danger qui peut surprendre à tout moment. Chacun se retrouve à sa place et l’homme n’est plus qu’un prédateur comme les autres, avec la forte probabilité de tomber sur plus fort que lui. – La brume y est-elle aussi épaisse ? Je demande, taquin et légèrement rêveur. Le Canada… Je n’ai pas quitté mon pays et ses terres durant toutes ces années, mes voyages se sont limités à l’Angleterre et l’Ecosse. Il m’est arrivé de fouler le sol français aussi et de visiter les musées et les trésors d’un patrimoine culturel dense et riche dont j’ai beaucoup appris. Je ne connais que peu de choses sur le Canada, quelques on-dits, des récits de voyage faits par des amis et tous évoquent le climat glacial férocement combattu par la chaleur humaine. J’écoute Jaimie parler de sa carrière et derrière le voile de douceur posé sur ses traits, je perçois toute la force de ses convictions et devine sans mal qu’elle doit être une avocate implacable et sûre d’elle. Elle a l’étoffe d’une femme de poigne et de caractère.– Quand j’aurai assez d’expertise et de reconnaissance, je me spécialiserai en droit de l’environnement. J’acquiesce à ce choix d’orientation de carrière, conscient de la nécessité de faire évoluer les choses sur le sujet, et bien que je sois de la vieille école, je suis capable de reconnaître les travers du monde dans lequel nous vivons, cette course à l’argent incessante qui balaie les valeurs humaines et animales, fait souffrir les cœurs et la nature impunément, cette course au gain et à l’avarice qui ternit et pourrit tout finalement. – Je ne peux que t’encourager dans cette voie, il y a beaucoup à faire à ce niveau. Nous ne révolutionnerons pas le monde si facilement, nous ne changerons peut-être pas le cours des choses mais si nous pouvions rendre à la terre un peu de ce qu’elle nous a donné, alors nous devrions tous nous y appliquer. – Voilà pour les grandes lignes. Si tu veux que je rentre dans le détail, je te préviens il me faudra bien plus qu’un Irish coffee… mais il est peut-être encore un peu tôt pour s’ouvrir un whisky. Je ris à cette remarque, réalisant par la même occasion que la proposition alléchante ne me déplaît absolument pas. Je veux bien boire du whisky avec toi, Jaimie, rattraper tout ce temps qui nous a éloigné et qui continue de mettre de la distance entre nous, je veux bien que tu me confies tout ce que tu sembles avoir du mal à dire, tout cet émoi que tu caches mais qui vibre malgré tout en toi, que je ressens dans tes mot, dans ta hâte d’en finir et ton envie de poursuivre ses confidences, paradoxalement.
La sonnerie d’en face me fait sursauter tout autant qu’elle, et je termine mon café lorsqu’elle reprend : – Oh mais j’y pense ! Je suis à l’hôtel pour l’instant, je n’ai pas encore trouvé où m’installer et je dois visiter quelques appartements dans le centre cet après-midi. Tu veux venir avec moi ? Enfin si tu n’as pas rendez-vous avec le roi Lear, ça va de soi. Une certaine excitation s’empare alors de moi à l’idée de passer le reste de ma journée aux côtés de Jaimie Winters, et c’est avec enthousiasme que je me mets à sourire, n’osant couper son entrain si vivifiant qui me bouscule et m’entraine à sortir de mon quotidien routinier et rigide. – Je devrais pouvoir prendre du retard dans la correction de ses copies… Je réponds, avec un petit sourire malicieux et émerveillé. Jaimie, je te suivrais n’importe où comme lorsque nous étions enfants, car tu as cette passion au fond du regard qui donne des ailes à ceux qui t’entourent et j’ai envie de sentir la vie parcourir mes veines en marchant à tes côtés de nouveau. Je ne peux pas louper l’occasion de la retrouver, c’est impossible. Une douce chaleur m’envahit brusquement lorsqu’elle pose sa main sur la mienne et c’est un autre type d’émoi qui s’empare de moi alors, le ventre qui se serre et la poitrine qui se comprime, le frisson qui parcourt toute la colonne vertébrale alors que sa voix douce et fluette parvient à mes oreilles comme une divine caresse – ça nous laisserait plus de temps pour nous retrouver… c’est que j’adorerais savoir comment tu as occupé ta vie toutes ces années, moi aussi. Oh, tu risques d’être déçue, Jaimie ! Mes yeux voguent de nos mains posées l’une contre l’autre, à nos visages émerveillés, une flamme nouvelle s’éveille en moi et je sens une excitation trépidante parcourir tout mon être. L’argument fait mouche, mon choix est déjà fait. – J’adorerais te raconter toutes mes aventures rocambolesques en m’assurant que tu trouves un logement décent. Par où on commence ? Je demande, sourire aux lèvres, le cœur tambourinant à la fois lourd et léger face à la promesse d’une fin de journée captivante. Je me mets à ranger mes copies empilées, les fourrer dans mon sac en cuir dont je place la lanière autour d’une épaule après avoir enfilé ma veste. – Tu es trempée, ne veux-tu pas te changer avant d’enchaîner les visites ? Je propose, sans savoir si l’hôtel où elle loge se trouve loin. J’ajoute alors – J’habite à quelques rues seulement, si tu veux prendre une douche et te changer, ma sœur laisse toujours traîner des affaires derrière elle et je crois qu’elle s’est attribuée une partie de ma penderie. C’est tout à fait le style d’Eireann de s’imposer là où on ne l’attend pas. Laissant un billet sur la table, je fais signe à la serveuse de loin et demande avec empressement – A quelle heure commencent les visites ? J’ai une voiture si elles sont à l’autre bout de la ville. Bien que je ne sois pas un réel adepte de ce mode de transport, ma voiture est bien plus souvent en train de stationner au garage que de sillonner les rues de Dublin en polluant au maximum ; je reconnais que dans certains cas, elle peut s’avérer pratique.
Et nous voilà au-dehors dans les rues ruisselantes d'eau de pluie après l'orage, à marcher d'un pas pressé en direction de mon modeste appartement. J’allume une cigarette sur le chemin, soulagé de pouvoir enfin répondre à ce besoin qui me tiraille depuis un moment et je souffle la fumée en indiquant – Ce n’est qu’un tout petit appartement, mais je ne veux pas prendre plus grand au risque d’entasser encore plus de bazar. Heureusement que j’ai accès à la bibliothèque du campus à toute heure, sinon je vivrais au milieu des livres, en ça je n’ai pas tant changé ! Et ma main se pose sur son bras à Jaimie alors que je marche en cadence à ses côtés, fier de me promener aux côtés d’une femme aussi belle et élancée, les pieds qui volent au-dessus de la chaussée alors que je l’entraîne vers Viking Road en passant par des raccourcis. Rapidement, nous arrivons à destination et j’ouvre en grand la porte sur mon quotidien, un appartement qui croule sous les dossiers et les livres, empilés un peu partout mais qui reste propre néanmoins et suffisamment organisé pour qu’on s’y retrouve. Une main dans le dos, je la guide vers le salon et la préviens – Mets-toi à l’aise, je vais voir ce que je peux trouver comme vêtement. Eireann vient souvent ici sur son temps de pause, elle a un double des clés alors, je suis sûr de dégoter des affaires convenables. Je m’éclipse vers la chambre, fouille un moment dans le dressing et trouve rapidement des vêtements chauds et confortables qui pourraient convenir à Jaimie. Au bout d’une dizaine de minutes à peine, me voilà de retour dans le salon à brandir les fameux vêtements avec fierté, comme si je venais de résoudre une énigme extrêmement difficile. – Et voilà, j’espère que ça t’ira. Déposant les vêtements sur la table, je glisse une nouvelle cigarette entre mes lèvres et l’observe avec un petit sourire, avant de demander – ça va ? Est-ce que je ne bouleverse pas trop, Jaimie ? C’est étrange de se revoir après tout ce temps, n’est-ce pas ? De constater que nous sommes des adultes à présent, que nous évoluons tous les deux dans la société, que nous avons une vie construite et établie, que nous avons sûrement revu nos exigences à la baisse pour convenir à ce monde et nous fondre dans le décor ? Qu’en penses-tu, Jaimie ? Avons-nous raison, avons-nous tort ?
(c) DΛNDELION
Jameson Winters
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ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE"
Fascinée, je regardai le visage d’Aodhan s’animer alors que je lui proposai de passer le reste de la journée ensemble. Il y avait une excitation vivace dans le fond de ses iris pâles comme un glacier, une joie sincère dans le sourire si chaleureux qu’il me réservait. C’est le feu et la glace qui animaient délicieusement ses traits ; un contraste que j’avais déjà remarqué par le passé mais que les années n’avaient fait qu’accentuer. Et moi, j’étais ravie de l’entendre me répondre qu’il pouvait retarder de quelques heures la correction de ses copies, acceptant sans relever mes taquineries sur son amour pour Shakespeare. Bien sûr que je lui trouve du charme à ton écrivain, Aodhan. Roméo et Juliette a été mon livre de chevet à l’adolescence. Mais je préfèrerais m’arracher le cœur plutôt que de l’admettre. Car j’avais voulu me laisser consumer par l’amour et en retour je n’avais récolté que des cendres. Mes illusions éventrées, j’avais dû grandir et me rendre à l’évidence : aimer, c’est donner à l’autre l’opportunité de vous détruire. Et moi on ne m’y reprendrait plus, jamais. Alors je m’étais retranchée derrière une muraille et j’avais passé ces dernières années à panser mes plaies. Le problème c’est que je ne m’étais pas uniquement coupée de l’amour, mais aussi de l’amitié. Et c’est en sentant mon cœur s’emballer à l’idée d’avoir de la compagnie durant cette recherche d’appartement que je réalisai à quel point je m’étais privée de lien social. Drapée dans ma dignité, j’avais fait un point d’honneur à affronter tous les aléas de la vie seule, inexorablement seule. Mais pas aujourd’hui. « J’adorerais te raconter toutes mes aventures rocambolesques en m’assurant que tu trouves un logement décent. Par où on commence ? » Et ainsi, le programme était lancé. Nos mains se détachèrent naturellement. Lui pour ranger ses affaires, moi pour plonger dans mon sac à main et vérifier l’heure de mon premier rendez-vous. « Tu es trempée, ne veux-tu pas te changer avant d’enchaîner les visites ? » Touchée par sa sollicitude, je relevai les yeux vers lui sans savoir quoi répondre. Je n’étais pas habituée à une telle prévenance, et ses égards éveillaient d’étranges sentiments dans ma poitrine. Agréables pour la plupart, troublants, pour d’autres. Se méprenant sur mon silence, il ajouta : « J’habite à quelques rues seulement, si tu veux prendre une douche et te changer, ma sœur laisse toujours traîner des affaires derrière elle et je crois qu’elle s’est attribuée une partie de ma penderie. » Sa touche d’humour m’arracha à ma contemplation et un petit rire s’échappa de mes lèvres tandis que j’enfilai mon manteau, aussi trempé que mes vêtements. J’avais un vague sourire d’Eireann et mes souvenirs d’elle m’apparaissaient davantage sous la forme de sensations. Mais je revoyais clairement son regard, direct et sombre. Si différent de celui de son frère. « Ça ne m’étonne pas d’elle. Elle ne s’était pas attribué notre cabane un soir d’été sous prétexte qu’elle voulait lire au calme ? » Je répondis avec un sourire songeur tandis que les images me revenaient, plus vivaces à présent. La caresse orangée du soleil qui se couchait sur la plaine, les heures passées à construire notre planque avec Kyllian et l’aide précieuse de son cousin. Le soir où j’avais décrété qu’Aodhan avait fait ses preuves et scellé son appartenance à la bande des collines en lui faisant découvrir notre planque. Les sodas que Kyll’ piquait au pub de son paternel, les gribouillis de Dean placardés contre les murs et les bouquins qu’Aodh’ et moi y entreposions l’été pour en faire un coin parfait où échapper au reste du monde. « Je t’avoue que j’adorerais me changer. Ne serait-ce que pour rassurer mes futurs proprios sur ma capacité à soigner leur appartement… » Je plaisantai, revenant au présent et à mes obligations. « A quelle heure commencent les visites ? J’ai une voiture si elles sont à l’autre bout de la ville. » Ce fichu malaise, encore. Face à ses attentions, mon premier réflexe était de lever le bouclier, refuser poliment et lui assurer que ce ne sera pas nécessaire. Mais j’étais ici pour un nouveau départ après tout. N’était-il pas grand temps que je baisse un peu ma garde ? « Pas avant une bonne heure et demi. Mes visites ont lieu dans le quartier de Portobello. Tu me connais, j’espère trouver un appartement avec vue sur le canal. Normalement c’est à une vingtaine de minutes à pieds d’ici, mais avec la pluie, je dois avouer que ta voiture rendrait l’expédition bien plus agréable. » Tout en parlant, je le suivais vers l’extérieur, et m’interrompis pour lui adresser un sourire alors qu’il me tenait la porte ouverte. « Merci. » Je soufflai avant de me défiler vers les ruelles détrempées par l’averse. Et je crois qu’on savait tous les deux que je ne le remerciais pas uniquement pour ce réflexe de gentleman. Car Aodhan m’offrait bien plus, aujourd’hui. Une présence chaleureuse, un baume sur une balafre qui n’avait jamais vraiment guérit, et cette impression délicieuse d’un retour à la maison.
J’ai toujours aimé l’odeur de Dublin après la pluie. Le parfum délicat de la végétation et des devantures forgées d’eau fraiche m’évoquaient une kyrielle de souvenirs et de sensations qui me nappaient dans un voile nostalgique. J’inspirais ces réminiscences à pleins poumons et laissais la voix basse et l’accent rocailleux d’Aodhan m’envelopper eux aussi. « Ce n’est qu’un tout petit appartement, mais je ne veux pas prendre plus grand au risque d’entasser encore plus de bazar. Heureusement que j’ai accès à la bibliothèque du campus à toute heure, sinon je vivrais au milieu des livres, en ça je n’ai pas tant changé ! » J’accueillis sa remarque avec un petit rire et secouai la tête. Je le reconnais bien là, profondément attaché à ses rêveries et ses passions, qu’il tentait de contrôler à travers quelques décisions pragmatiques que je trouvais fort étrange mais qui semblaient fonctionner pour lui. « En toute honnêteté, je suis étonnée d’apprendre que tu ne vis pas directement dans la bibliothèque de Trinity. Je n’y suis jamais allée tu sais ? Il paraît qu’elle est magnifique, et j’aimerais bien la visiter. » Surtout en ta compagnie. Pour des raisons pratiques, évidemment. Car je défiais quiconque de me présenter un meilleur moyen de découvrir ce lieu historique qu’en la présence d’un éminent professeur de littérature amoureux d’ouvrages en tout genre. Rien à voir avec la petite chaleur qui prenait racine à l’endroit où il venait de poser sa main sur mon bras et se diffusait jusque dans ma poitrine, bien sûr. Je ne voyais rien venir évidemment. Alors un sourire léger aux lèvres, je profitai de notre proximité et le laissai m’entraîner dans un dédale de ruelles pleines de charme et de surprises. Bientôt, on s'est engouffrés dans un petit immeuble à l’architecture ancienne et propre à la fois, typique des habitations du centre-ville. D’un mouvement de poignet, Aodhan ouvrit la porte et je pénétrai dans sa vie.
Je reconnus immédiatement l’odeur agréable des vieux livres qui vint me chatouiller les narines tandis que j’ôtai mes chaussures dans l’entrée. Une main dans mon dos, Aodhan m’entraîna vers le salon où il m’encouragea à me mettre à l’aise le temps de me trouver des vêtements. Je hochai la tête et le remerciai avec sourire presque réservé alors qu’il disparaissait, me laissant seule avec l’impression étrange d’être propulsée dans l’intimité d’un inconnu que je connaissais. Des bribes de sa vie m’assaillaient où que je posai les yeux. Les dossiers et les livres, collectionnés par amour et organisés avec rigueur. Le mobilier simple, pratique, imbibé d’un charme presque palpable qui mêlait l’ancien au moderne. La gorge étrangement nouée, j’errai entre les meubles, effleurant leur surface du bout des doigts et ses possessions de mes yeux. J’avais la sensation écrasante d’être une intruse, et d’avoir ouvert une fenêtre sur un pan d’existence que je n’étais pas destinée à apercevoir. Comme dans un songe, j’en venais presque à douter de la présence d’Aodhan, tant il me semblait plus probable que j’ai simplement imaginé nos retrouvailles. Je crois que dans le fond, j’avais surtout du mal à accepter la collision entre les souvenirs que je chérissais et la réalité qui me frappait en pleine face. Ainsi l’enfant rêveur que j’avais connu était devenu un adulte responsable, avec un métier respectable et un appartement rempli de vieux ouvrages. Une évolution logique, exactement ce que j’aurais imaginé pour lui. Mais j’en découvrais trop, trop vite. Les pensées tourbillonnaient dans mon crâne et mes jambes n’avaient plus la même solidité que tout à l’heure. Pour lutter contre cette impression aliénante, je me dirigeai vers la fenêtre et regardai la ville s’éveiller gaiement après l’averse. Happée par mon observation, je n’entendis pas Aodhan revenir et sa voix me fit sursauter. Arrachée à cette étrange transe, je me tournai vers lui, une main placée sur mon sternum, et le sourire que je lui adressai ramena un peu de couleurs sur mes lèvres. « Désolée, j’étais perdue dans mes pensées. » J’expliquai en inclinant la tête sur le côté avec humour. Les bras croisés contre ma poitrine, je m’éloignai de la fenêtre, effleurant inconsciemment la peau de mon coude du bout des doigts. Rétrospectivement, je pense que c’était un moyen de m’ancrer dans le présent tout en essayant de l’accepter. Aodhan opta pour une autre méthode et glissa une cigarette entre ses lèvres. La première fois, j’avais à peine prêté attention à ce geste, alors j’ignorais pourquoi il me troublait maintenant. « Ça va ? » Sa question fit comme un écho à celles que je me posais, et la réponse ne tarda pas. Non Aodhan, ça va pas. Ça va pas parce que j’ai des idées idiotes depuis que tu as réapparu. Comme t’arracher cette clope du bec pour l’effriter entre mes doigts. Cette merde te détruit à petit feu, mais tu le sais ça, pas vrai ? Moi aussi, je le sais. Alors pourquoi je trouve ce geste attirant chez toi ? Autant dire que je n’allais certainement pas lui déballer tout ça. Je placardai donc un sourire de circonstance sur mon visage tandis que j’assurai : « Ouai, ça va. Faut juste que je me fasse à l’idée d’être dans cette ville… et de t’avoir en face de moi. » Il y avait une note d’humour et de légèreté dans ma voix, tout pour éviter de plonger au cœur de ces émois dont je ne saisissais pas vraiment la portée. J’avais besoin de me recomposer et pour cela j’avais besoin d’être seule. Me changer m'offrait donc une excuse parfaite. « Merci pour les vêtements. » Je fis avec un sourire en attrapant le linge qu’il avait déposé sur la table. « Je peux utiliser ta salle de bain ? » Comprenant que j’attendais une indication, il me désigna la direction à prendre et je m’éclipsai avec un hochement de tête reconnaissant.
Une fois à l’intérieur, je m’appuyai contre la porte, fermai les paupières et pris une grande inspiration. Lorsque je les rouvris, j’étais déjà plus apaisée. Mettant mes pensées en sourdine, j’entrepris d’ôter mes vêtements trempés pour enfiler ceux d’Eireann. Sans être totalement mon style ou ma taille, ils s’ajustaient assez convenablement à ma silhouette pour ne pas donner l’impression que je m’étais renversé une armoire sur la tête au réveil. Et plus important : ils étaient chauds et douillets. Je fis glisser mes doigts sur la matière douce du petit pull, typiquement irlandais, et me réjouit d’avoir perdu assez de poids ces dernières années pour permettre à mon fessier rebondi de rentrer dans le jegging sombre. Trois ans plus tôt, ça aurait été une véritable mission impossible. Une fois vêtue, je profitai de la présence d’un miroir pour mettre un peu d’ordre dans ma tignasse et effacer du bout des doigts les petites traces sombres que l’eau avait déposées sous mes yeux. Je remis un peu de rouge à lèvre couleur rose ancienne sur ma bouche et mes pommettes puis rejoins Aodhan dans le salon. « Y’a pas à dire, je me sens beaucoup mieux. » Je lançai, déterminée à ne plus me laisser envahir pars les émotions étranges qui m’avaient hantée avant que je ne disparaisse. « On a encore un petit peu de temps, j’ai pensé qu’on pourrait faire un tour dans ta librairie ? A moins bien sûr que tu ne préfères me servir un thé ! » Clairement, les deux options me convenaient parfaitement. Maintenant que les couches extérieures de mon corps étaient agréablement réchauffées, je me réjouissais à l’idée d’offrir le même luxe à mon œsophage à l’aide d’une boisson brûlante. Mais l’envie de repartir explorer la ville me taraudait déjà, m’exposant toujours à cette subtile balance entre la recherche d’aventure et de confort avec laquelle j’apprenais encore à jongler.
(c) DΛNDELION
follow in no footsteps listen for the true guides
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart, your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE , HEART OF STONE."
→ Quand on invite une personne dans son intimité, on prend le risque que cette dernière en découvre davantage sur nous que nous bien souhaitons montrer en société. C’est un risque qu’on pense maîtriser sans se douter que nos habitudes du quotidien nous trahirons sans vergogne. Aussi lorsque nous pénétrons dans mon petit appartement sur Viking Road, coincé entre d’autres locations, j’offre à Jaimie la possibilité d’en apprendre bien plus sur l’homme que je suis devenu : peu adepte du rangement vu le nombre de livres, de journaux et d’affaires de classe qui traînent çà et là, empilés pour limiter leur propagation alors que le logement est clairement le leur à ce stade ; amateur de whisky écossais, je trahis ma patrie en gardant chez moi quelques bonnes bouteilles qui prennent autant de valeur que d’âge tant que je ne les ouvre pas ; rêveur si on en croit la montagne de tâches inhérentes au quotidien qui m’attends sagement (comme la vaisselle, entre autres) ; fumeur, quelques cendriers un peu trop remplis attendent d’être vidés ; passionné, le poème de Lord Byron affiché au mur (note de bas de page) et quelques peintures d’une artiste encore trop peu connue dont les coups de pinceaux m’enchantent et m’interrogent en même temps ; loyal et conservateur, quelques photos de familles éparpillées et encadrées, posées sur les meubles pour me rappeler ceux qui comptent même si je n’ai pas besoin de photo pour cela (pourtant, de lui ou d’elle, j’aurai aimé avoir quelque chose pour me raccrocher à sa perte. J’aurai aimé avoir plus que du silence porté par le vent, un peu de matière à étreindre, un peu de mots, quelques indications, pour nourrir mon esprit affamé et stérile, pour que l’espoir perdure et vive en moi, qu’il anime la flamme éteinte depuis trop d’années… Une quinzaine d’années, et l’espoir trop souvent déçu devient un ennemi) ; sportif, des prix équestres et quelques macarons gagnés lors de concours hippiques posés négligemment parmi le curieux amoncellement illogique de mes affaires ; et finalement, désespérément seul, constat imposé par tout ce que révèle mon logement. En revenant dans le salon, muni des affaires de ma grande-sœur, je retrouve Jaimie postée devant la fenêtre, ses boucles brunes descendant en cascade sur ses épaules et son dos, son regard perdu dans la contemplation de la ville qu’on aperçoit à peine. Il y a quelque chose de doux qui se dégage d’elle, contrasté par quelque chose de sauvage et d’indomptable. Jaimie semble rester, comme elle l’était déjà enfant, seule maître de son destin, et ce poids doit parfois lui peser. Est-ce nos blessures qui nous rendent si mélancoliques face à la vie, Jaimie ? Est-ce notre trop grande sensibilité ou notre amour infini de la terre et de la vie qui nous accable de lourds tourments lorsque nous nous retrouvons impuissants face à l’inexorable temps qui passe et l’inassouvissable et dédaigneuse quête de pouvoir de l’homme ? « Désolée, j’étais perdue dans mes pensées. » Un sourire tendre se pose sur mes lèvres entre lesquelles je viens de glisser une cigarette. Ce sont, malheureusement, les mauvaises habitudes qui nous ancrent dans le présent et c’est fort dommage, j’en conviens car je suis incapable de résister à l’appel de la fumée qui aspire mes poumons et un peu de vie à chaque bouffée. Je l’observe les sourcils froncés alors qu’elle semble gênée dans ce lieu et je me demande alors si je n’ai pas précipité les choses. Ma vie sociale est tellement vide que je ne suis pas vraiment habitué à anticiper les réactions de mes paires. Inviter une amie chez soi, ce n’est pourtant pas anodin même si mes pensées sont chastes. « Ouai, ça va. Faut juste que je me fasse à l’idée d’être dans cette ville… et de t’avoir en face de moi. » Mon sourire s’étire et je secoue la tête doucement, non sans glisser un regard admiratif sur elle. Tu n’imagines pas, Jaimie, à quel point je suis heureux de te revoir, à quel point cela me fait du bien de t’avoir auprès de moi, à quel point cela me change… Je n’ai pas ressenti ça depuis longtemps, ce petit tourbillon d’excitation qui prend place au niveau du ventre et tient en haleine, empressé et désireux de connaître la suite, l’issue de ces retrouvailles… « Merci pour les vêtements. Je peux utiliser ta salle de bain ? » A trop être pressé, on ne profite pas suffisamment de l’instant et grâce à cet interlude inopiné, favorisé par la pluie quotidienne du pays, je peux reprendre doucement mes esprits. « Bien sûr, tiens prends une serviette pour te sécher. » La seconde suivante, je me trouve au même endroit que Jaimie, posé devant la fenêtre que j’ouvre pour ne pas enfumer la pièce comme je le fais trop souvent. L’odeur âpre du tabac froid vient personnaliser l’endroit d’une touche macabre, et tandis que mes réflexions filent et m’échappent, je sens l’excitation se propager à l’intérieur de moi. Jaimie est de nouveau en ville, auprès de moi. Les rires joyeux de la bande des collines me reviennent, échos de mes souvenirs et je me surprends à rêver de la suivre à nouveau dans une aventure trépidante, quelle qu’elle soit. Avons-nous tant changé que ça, Jaimie ? Ou nos âmes d’enfants n’attendent plus que notre aval pour s’exprimer librement et avec insouciance ? « Y’a pas à dire, je me sens beaucoup mieux. On a encore un petit peu de temps, j’ai pensé qu’on pourrait faire un tour dans ta librairie ? A moins bien sûr que tu ne préfères me servir un thé ! » Sortant de mes pensées, je referme la fenêtre et me tourne vers Jaimie qui arrive dans la salle de bain vêtue des vêtements d’Eireann et je lui souris tendrement en répondant. « Si je t’emmène à Trinity maintenant, nous allons être en retard, je préfère penser que ça nous donnera l’occasion de nous revoir sous peu. Je te ferais une visite complète de l’université comme ça. » Je n’ai pas envie de te perdre aussi brutalement que la première fois, Jaimie. « Par contre, cela fait un moment que je n’ai pas utilisé la voiture alors, il vaudrait mieux qu’on s’assure qu’elle démarre avant de prendre notre temps. » Consciencieux, organisé, je ne laisse pas le hasard se mettre en travers de notre route et risquer de changer les plans de l’après-midi. « On peut embarquer des bières pour compenser. » A la place du thé, ce n’est pas très raisonnable mais avons-nous envie de l’être, hein ?
Le verre des bouteilles tinte à chaque soubresaut de la voiture engagée dans les ruelles de Dublin, et l’après-midi se prolonge entre visites, peu de sérieux et beaucoup d’amusement. Cigarette allumée pendante aux lèvres, la fumée s’extirpe par la fenêtre baissée de la voiture que je gare le long d’une allée fleurie. « C’est l’avant-dernier, c’est ça ? » Je demande à Jaimie, très impliqué, un peu trop alcoolisé pour ne pas sourire bêtement en la regardant. La cendre de ma cigarette tombe sur ma veste et je l’essuie d’un geste rapide avant de l’écraser dans le cendrier de la voiture. Ma main vient se poser sur celle de ma partenaire, dans un geste naturel et doux, répétant les points importants à questionner. « Le chauffage individuel ou collectif, vérifier l’isolation, cuisine ergonomique, toilette et salle de bain séparés, vieux parquet, quelle hauteur sous plafond déjà ? Ah et… avantage si extérieur possible. » Avec un sourire d’idiot heureux, je sors de la voiture et souffle un coup avant de la rejoindre rapidement. Ma main glisse dans son dos, l’enlace légèrement alors que je ferme la voiture et avance en direction du prochain appartement à visiter, les propriétaires nous attendant quelques mètres plus loin sur le trottoir. « Madame Winters, nous ne vous savions pas accompagnée. Bonjour Monsieur, c’est un plaisir. J’espère que vous apprécierez l’appartement, il peut tout à fait convenir à un jeune couple bien que certains aménagements doivent être faits. » Mon sourire ne me quitte pas, et je lance une discrète œillade à Jaimie, plutôt amusé du tournant que prends cette visite. Si je dois jouer au petit-ami exigeant, je ne vais pas m’en priver et cela risque d’être très intéressant…
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Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
"In your permanent smile, there's a touch of incredible sadness. Can't you see that the walls that you've built around you start to crumble. Just one thing remains for good : Only your heart of stone. ► KISSIN DYNAMITE"
La réponse était claire, pragmatique. « Si je t’emmène à Trinity maintenant, nous allons être en retard, je préfère penser que ça nous donnera l’occasion de nous revoir sous peu. Je te ferai une visite complète de l’université comme ça. » Un sourire aux lèvres, j’hochai la tête pour lui transmettre mon accord. Car il avait raison, évidemment. Seule, je me serais probablement attardée entre les étagères, mes doigts caressant les vieux ouvrages reliés de cuir en essayant d’imaginer les histoires qu’ils contenaient, perdant la notion du temps, de la réalité et de l’espace. Alors avec Aodhan à mes côtés, nul doute que j’allais me laisser happer dans les informations qu’il ne manquerait pas de me donner, fascinée par ce lieu chargé d’histoire et sa culture littéraire. Et puis je devais admettre que l’idée de nous revoir faisait naître une agréable chaleur dans ma poitrine. J’aimais cette douce promesse que cette possibilité me laissait entrevoir. Cette rencontre fortuite, ce n’est pas qu’un hasard que nous oublierons aussitôt. C’est le début d’un nouveau cycle, une seconde chance. Et j’avais hâte de voir où elle nous mènerait, même si à l’époque je n’imaginais évidemment pas les sentiers escarpés que notre relation prendrait en s’éloignant des chemins rassurants de l’amitié. « C’est noté, et je m’assurerai que tu tiens ta promesse, sois en certain. » Je répondis sans chercher à dissimuler l’éclat d’excitation qui brillait dans mon regard. Car je voyais dans le sien qu’il avait une idée en tête et qu’elle ne se résumait pas à une tasse de thé. « Par contre, cela fait un moment que je n’ai pas utilisé la voiture alors, il vaudrait mieux qu’on s’assure qu’elle démarre avant de prendre notre temps. On peut embarquer des bières pour compenser. » Mon sourire se transforma en rire alors que je cherchais une trace de taquinerie sur son visage. Mais non, il était absolument sérieux. Drinking and driving, what can go wrong? Mais je n’avais pas envie d’être sérieuse. J’avais envie de renouer avec la nature insouciante qui m’habitait lorsque je foulais l’herbe verte de nos collines. Envie de retomber en enfance peut-être, une dernière fois avant de lui dire adieu. Alors quoi de mieux qu’ici, et maintenant ? « T’as raison, faisons ça à l’irlandaise ! »
Et c’est ainsi que nous nous sommes embarqués dans la recherche d’appartement la plus amusante qu’il m’ait été donnée de vivre. Le rire aux lèvres et le cœur léger, on a quitté les grosses artères de la ville pour s’enfoncer dans les petites routes de Dublin pleines de charme et de cachet. On a descendu et remonté le canal, au grès de mes rendez-vous, précis mais passablement mal organisés, comme je n’avais pas pensé à regarder la carte avant de planifier mes visites. Mais Aodhan m’y accompagnait, présence rassurante et chaleureuse, sans jamais rechigner. Au contraire, une lueur brillait dans son regard et j’étais sûre qu’elle reflétait celle qu’on devinait dans le fond de mes yeux. Peut-être que c’était la bière après tout, qui nous faisait voir les ruelles grises de pluie comme un jour ensoleillé. Ou bien alors je n’avais jamais vraiment perdu mes racines irlandaises, ni cette habitude de cueillir un peu de bonheur au milieu d’une averse, sans laisser les éléments instables de la météo de notre belle île entamer mon moral. « C’est l’avant-dernier, c’est ça ? » Il m’a lancé en garant la voiture. Je profitai de sa manœuvre pour jeter un coup d’œil à mon planning. Propre en début de journée, il était désormais griffonné d’informations et d’appréciations allant du petit cœur au gros NON souligné plusieurs fois. Seule une ligne, la dernière, avait été épargnée par mon stylo vengeur, et je ne pouvais m’empêcher de ressentir un petit pincement au cœur. « Non, le dernier. Pourquoi, tu aurais voulu que ça continue ? » Je ne pus m’empêcher de le taquiner. Moi oui, je ne m’étais pas amusé comme ça depuis une éternité. Est-ce que c’est la même chose pour toi ? J’en avais bien l’impression en tout cas, si j’en croyais son expression détendue et la cigarette qui pendait nonchalamment au coin de ses lèvres, ses jolies lèvres au dessin si peu commun, sur lesquelles je m’égarais plus longtemps et plus souvent que nécessaire. Vaguement gênée, je profitai de sa maladresse avec les cendres pour me détourner avec un petit rire joyeux. Amical, normal. Sauf qu’évidemment c’est ce moment qu’il a choisi pour placer sa belle main, mélange de douceur et de force, sur la mienne. « Le chauffage individuel ou collectif, vérifier l’isolation, cuisine ergonomique, toilette et salle de bain séparés, vieux parquet. » Essayant d’ignorer mon cœur qui s’emballait dans ma poitrine, je plaquai un sourire sur mon visage et hochai frénétiquement la tête. C’est fou comme il se souvenait de toutes mes petites lubies et préférences. Fou comme ni mon ex, ni mon père n’en avaient jamais été capables. Fou comme ça me serrait la gorge d’une émotion que j’étais absolument incapable de comprendre. « Quelle hauteur sous plafond déjà ? » « Deux mètre cinquante au minimum, trois si possible… mon séjour en France m’a mal habituée. » Je plaisantai avec un petit sourire en coin. Il hocha la tête et je savais qu’il venait d’ajouter cette exigence à la liste de celles qu’il avait déjà mémorisées. J’ignorais pourquoi il était si impliqué (Est-ce que tu es comme ça avec toutes les personnes qui font partie de ta vie, Aodhan ?) mais j’espérais que ses potes et amies savaient la chance qu’ils avaient. « Ah et… avantage si extérieur possible. » Nouveau hochement de tête, appuyé par une petite pression de ma main autour de la sienne cette fois-ci. « C’est exactement ça. Si jamais t’en as marre de parler de Shakespeare, tu pourras toujours te reconvertir en agent immobilier. » Je le taquinai avant de m’extirper de la voiture. Mais on savait tous les deux que ça n’arriverait jamais. Les bouquins, il était tombé dedans quand il était petit et ni la gloire ni l’argent, ni même la fin du monde probablement, ne le pousserait à les abandonner.
J’aurais dû me concentrer sur les jolis pavés et la vue sur le canal, les fleurs qui bordaient le trottoir et les pierres taillées du bâtiment. J’avais gardé le meilleur pour la fin, afin d’avoir le temps de me former une idée du marché immobilier local et ne pas foncer tête baissée sur un coup de cœur, comme j’avais tendance à le faire. Mais alors que j’approchais du dernier appartement, j’avais du mal à me concentrer sur autre chose que la main qu’Aodhan avait placée dans mon dos et le regard plein de bienveillance du couple âgé qui nous accueillaient. « Madame Winters, nous ne vous savions pas accompagnée. Bonjour Monsieur, c’est un plaisir. J’espère que vous apprécierez l’appartement, il peut tout à fait convenir à un jeune couple bien que certains aménagements doivent être faits. » Surprise par leur présomption, je relevai discrètement un sourcil tandis que je songeais à les corriger. Cependant mon regard croisa celui d’Aodhan et l’amusement complice que je lus dans le sien m’en dissuada entièrement. Un sourire poli aux lèvres, j’ai serré leurs mains pour les saluer comme le voulaient les convenances. Ce petit rituel effectué, je ne pus m’empêcher d’ajouter : « Mon ami n’était pas certain de pouvoir se libérer. Je serai la seule signataire du bail mais il n’est pas exclu qu’il m’y rejoigne et son avis m’est toujours précieux. » Ainsi je déjouais potentiellement quelques complications administratives – l’avocate en moi, surement – sans pour autant révéler le statut véritable de notre relation. Et que sommes-nous d’ailleurs, Aodhan ? Des amis d’enfance ? Des étrangers ? Aucun de ces mots ne semblaient décrire correctement l’histoire qui nous liait et cette étrange complicité que nous retrouvions et développions au fil de ces visites et des bières qui les rythmaient. Mon explication sembla toutefois satisfaire les propriétaires, qui nous entraînèrent dans les escaliers escarpés en bois massif. Etroits, ça doit être chiant avec les courses. L’appartement se situait au dernier étage. Meilleure vue, plus de calme. J’aimais tout de suite le palier, lumineux grâce à la fenêtre, et l’allure de la grande porte. J’aurai pas une impression claustrophobique en sortant de chez moi. Ecoutant à moitié les explications des propriétaires, je les suivis dans l’entrée, notai immédiatement les placards encastrés, le petit miroir - pas mal pour se refaire une beauté avant de sortir - le meuble idéal pour ranger ses chaussures et déposer un sac à main. Ils passèrent ensuite dans la cuisine, refaite pour s’ouvrir à l’américaine sur le salon qui donnait sur le canal. Parfait pour voir le soleil se coucher après une journée de boulot ou prendre son petit déjeuner le weekend. Je crois que s’est en m’égarant au cœur de cette pièce spacieuse alliant à la perfection le charme ancien au confort de la modernité que je suis tombée amoureuse de cet appartement. Abandonnant Aodhan aux précisions des propriétaires, je me suis échappée vers le couloir sans les attendre, priant pour que la salle de bain et la chambre soient à la hauteur de ce que j’avais vu jusqu’ici. Un petit couloir séparait les deux. D’un côté, une porte menait aux toilettes, l’autre à une petite salle de bain propre et moderne, avec vue sur l’arrière-cour. En face, j’ouvris la dernière pour débarquer dans la chambre, petite mais bien conçue, lumineuse grâce à une porte fenêtre qui donnait sur un balcon que je me voyais déjà aménager. En l’ouvrant, je réalisai qu’il communiquait avec celui du salon. Le cœur en fête, j’en profitai pour tapoter aux carreaux pour qu’on vienne m’ouvrir. Les trois irlandais me dévisagèrent avec un air un peu surpris jusqu’à ce qu’Aodhan se dévoue avec un sourire amusé. « Je le prends ! » Je m’exclamais en les rejoignant dans la pièce après l’avoir remercié d’un signe de tête. Puis, me souvenant brutalement que, m’étant laissée emporter par le charme du lieu, j’avais complètement oublié de les questionner sur le loyer et les différents points techniques qu’Aodhan m’avait aidé à établir grâce à sa connaissance des spécificités Dublinoises, je relevai les yeux vers lui. « Enfin, si ça te semble bien évidemment… qu’est-ce que tu en penses ? » Je demandai en glissant ma main dans la sienne, trouvant notre jeu de rôle très utile, tout d’un coup. J’espérais qu’il avait été moins tête en l’air que moi, et avait profité de ma courte absence pour les questionner sur les éléments de cette petite liste d’exigences qu’il maîtrisait à la perfection. Au final, la décision me reviendrait, de toutes les façons, mais je devais admettre que l’idée, même factice, de ne pas devoir tout porter sur mes épaules avait quelque chose de séduisant. Moi qui me targuais d’être une femme forte et indépendante qui n’avait pas besoin d’un homme dans sa vie… autant vous dire que cette réalisation n’allait pas sans perturber légèrement mes certitudes.
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