Il se pourrait bien qu’il ait volé la planche de surf d’un inconnu. Oui.
Caelan, celui qui ne sort jamais du droit chemin, celui qui ne fait jamais rien de mal si ce n’est parfois baisser les yeux pour ne pas avoir à parler à des inconnus ; ce Caelan ci a volé une planche. Enfin, il l’a emprunté. Sans même faire exprès. Parce qu’elle était renversée, parce qu’elle était là où il pensait avoir posé la sienne - il est bien connu que Caelan n’a pas une mémoire exceptionnelle si cela ne concerne ni Silk ni son travail. Ce n’est pas de sa faute si le soleil n’est pas complètement levé et qu’il lui est rendu très difficile de différencier les couleurs entre elles, encore moins quand les deux planches sont toutes les deux aussi foncées. Quelle idée, que d’acheter des planches quasiment identiques. Le roux ne s’est rendu compte de la supercherie qu’après avoir pris en otage la sienne (qui n’est pas la sienne, donc) pendant de longues dizaines de minutes. Il ne se rend compte de la supercherie qu’au moment d’attacher le fil à sa cheville, ce même fil qui semble être fait d’une nouvelle matière, qui semble ne plus avoir la même longueur qu’avant. Ce même fil qui est tout sauf le même, à vrai dire, et qui n’est surtout pas le sien. Son coeur d’homme de droiture s’affole et il se pense déjà devenu le nouveau Clyde d’Australie. Il pense avoir volé un œuf de Fabergé si ce ne sont pas les onze impériaux - quelle catastrophe. L’océanologue revient rapidement sur ses pas, la ficelle pendant dans le vide et venant s’écraser dans un rythme cyclique sur sa combinaison, au niveau de sa cuisse. Ses pieds s’enfoncent dans le sable, à l’exact même endroit où il était passé à l’aller. Son passage est rapidement effacé par les vagues derrière comme si rien de tout cela n’avait jamais existé. Merci, mer, de cacher mes méfaits qu’il se murmure intérieurement, priant déjà que le propriétaire de la planche n’aura pas bougé de place pour que chacun puisse retrouver la sienne. Parce que la vérité, c’est que Caelan tient à sa planche comme à la prunelle de ses yeux. Il n’y tient pas autant qu’à son bateau, mais plus qu’à bien d’autres choses quand même. C’est un cadeau de Silk, un de ceux pour lesquels elle était certaine de lui faire plaisir ; et oui, bien sûr qu’elle lui a fait plaisir. Elle lui a offert une planche de grande qualité, couleur bleue nuit. Tout était parfait, avec ce cadeau, du début à la fin. Et comme avec toutes les possession du roux, ce dernier a gagné une valeur affective de plus en plus grande au fil du temps pour devenir presque essentiel à sa vie désormais. Il ne fait jamais dans la demie mesure.

”Dis moi que c’est le moment où chacun peut échanger son amante et tu ne veux pas me coller un poing dans la gueule parce que j’ai emprunté pendant quelques temps la tienne.” Caelan, trente deux ans, fait toujours des blagues et des métaphores que personne ne comprend. ”Enfin les planches quoi. J’ai pris la tienne sans faire exprès, je pense.” Là, c’est mieux, là. D’ici vingt ans il pourra peut être parler comme un adulte normalement constitué.

@Matthias Calloway

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caelan & matthias

Cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas fait de surf, que mes pieds n’ont d’ailleurs juste simplement pas toucher le sable d’une plage ou l’eau salé de l’océan. Avec le montage du film en cours, mes activités dans l’association grand frère et au refuge d’animaux, je n’ai pas vraiment trouvé de temps. Pourtant, ce matin en me levant, j’ai vraiment cette envie d’aller surfer, d’aller me perdre dans les vagues et de trouver cette sensation de liberté que j’aime tant. Étant levé tôt, il est à peine 5h30 quand je me fais couler un long café. Pas le temps, ni l’envie de manger quelque chose, surtout si je vais surfer alors je fais passer la boisson dans un mug que je boirais en route vers la plage. Je vais rapidement enfiler un short de bain et un t-shirt, mettant une serviette dans un sac, pas besoin de m’habiller plus parce que je sais que je ferais l’aller-retour. Je prends mes clés, attrape mon mug, mon sac et m’installe au volant. Sur le chemin vers ma plage habituelle, le soleil se lève et j’en profite pour admirer cette vue magnifique. L’Australie est vraiment un pays magique qui ne finira jamais de me surprendre par sa beauté malgré le fait que je sois né ici que j’y ai vécu presque toute ma vie. Lorsque je me gare une petit demie heure plus tard, seul des surfeurs se font apercevoir sur la plage. A cette heure-ci se sont souvent les habitués, ceux qui viennent tous les jours ou toutes les semaines, ceux qui cherchent la bonne vague et cette sensation d’être seul au monde. C’est ce que j’aime dans le fait de venir surfer ci tôt le matin, il y a ce sentiment de bien-être, de calme et de sérénité qui est quelque chose de vraiment génial à ressentir. Lorsque je sors de ma voiture, la chaleur de ce mois de novembre à déjà commencé à arriver et je retire mon t-shirt et mes chaussures avant d’attraper ma planche de surf. Les pieds dans le sable, j’ai l’impression de retrouver une partie de moi. Il ne faut quelques minutes pour que je sois dans l’eau et que je commence à guetter les premières vagues. Une petite heure plus tard, je me laisse tomber dans le sable pour une pause bien mérité. Le surf n’est pas si facile que cela parait, et même si j’en fais depuis des années, on continue toujours de s’améliorer. Je pose ma planche dans un coin avant d’aller vers ma voiture pour y récupérer une barre de céréale et un coup à boire, mais lorsque je retourne près de ma planche, elle n’est plus là. Une autre, fortement similaire est posée juste à côté. Je scrute alors autour de moi, cherchant la personne qui aurait pu la prendre, sûrement tout simplement en se trompant. C’est bien le problème lorsque toutes les planches de surf se ressemblent, c’est qu’on fini par confondre la sienne avec une autre. Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’un brun s’approche de moi avec ma planche entre les mains. « Dis moi que c’est le moment où chacun peut échanger son amante et tu ne veux pas me coller un poing dans la gueule parce que j’ai emprunté pendant quelque temps la tienne. » Je ne peux retenir un petit rire. « Enfin les planches quoi. J’ai pris la tienne sans faire exprès, je pense. » Je lui adresse un sourire secoue un peu la tête, ca arrive à tous le monde de se tromper après tout. « C’est bien la mienne effectivement, mais c’est pas grave, ca arrive à tout le monde. » Entre surfeur il y a toujours une connexion particulière, quelque chose qui fait que vous ne réagissez pas de la même manière que si vous croisez quelqu’un dans la rue. Je ne saurais pas vraiment l’expliquer, mais c’est presque comme si il y a quelque chose en plus, qui rend les choses facile et sans prises de tête. « Après si tu veux vraiment échanger des amantes, je crois que je vais te décevoir parce que j'aurais pas grand-chose à échanger. » Je ris légèrement et le regarde reposer la planche à nos côtés. « Je m’appelle Matthias, mais tu peux m’appeler Matt. » Assez rares sont les gens qui utilise mon prénom entier. Je lui tends la main pour serrer la sienne.

@Caelan Leckie

A défaut de lui coller un poing dans la figure, l’inconnu émet un bref rire qui a le don d’apaiser Caelan pendant un instant. Relax, take it easy. Un fin sourire étire ses fines lippes et le résultat ne se fait sûrement même pas voir à cause du peu de luminosité de ce début de matinée. Qu’importe, on dit toujours que c’est l’intention qui compte et le roux n’en est animé que de bonnes. A cela s’ajoute un hochement de tête à la négatif, nouvelle confirmation du désir de paix. Et c’est une bonne nouvelle, de ne pas avoir à commencer une si belle journée par se bagarrer sur la plage pour une histoire aussi cocasse que celle que Caelan aurait à raconter. Un jour, il devrait vraiment dire qu’il est myope pour excuses toute sa maladresse. Cela pourrait le sortir de bien de maux et de problèmes dans lesquels il s’insinue toujours tout seul, comme un grand. « C’est bien la mienne effectivement, mais c’est pas grave, ca arrive à tout le monde. » Non, à vrai dire, personne ne lui avait jamais volé sa planche par inadvertance jusque là. Volé en toutes connaissances de causes, ça oui, mais jamais l’inverse. Il n’y a que lui sur toute la Gold Coast pour tenter ce genre de bêtises sans même s’en rendre compte ; il n’y a donc rien d’étonnant au fait que Norah passait son temps à excuser l’étourderie de son frère alors qu’ils étudiaient encore dans les mêmes établissements. Lui, le garçon sage, se contentait de sourire doucement en posant ses yeux verts désolés sur la victime en question. « Après si tu veux vraiment échanger des amantes, je crois que je vais te décevoir parce que j'aurais pas grand-chose à échanger. » Cette fois ci le roux rigole de bon coeur, imaginant déjà la réaction de sa tête blonde préférée s’il lui avouait avoir une amante. Elle le tuerait lui, elle la tuerait elle, elle tuerait le service téléphonique, elle tuerait les gérants des hôtels, elle tuerait les compagnies de taxi - et elle tuerait toute l’Australie, “juste au cas où”. Silk est son yin, son exact opposé qui contrebalance son flegme à toute épreuve. ”Je risque de te décevoir encore plus, je n’aurai qu’une femme très très en colère à te proposer et ce n’est pas sûr que tu y gagnes au change.” Très très belle Silk, très très intelligente Silk, et très très très dangereuse Silk. Mais la sienne, et rien que la sienne.   « Je m’appelle Matthias, mais tu peux m’appeler Matt. » Caelan tapote rapidement sa main sur son short pour en faire tomber les derniers grains de sable avant de la tendre à Matt à son tour.  ”Caelan, enchanté.”

Cette fois ci l’océanologue se baisse pour récupérer la planche qui est la sienne et la caler dans le creux de son épaule, laissant vivre sa curiosité auprès du brun. L’inconnu du nom de Matt. ”C’est ton spot, ici ? Je ne crois pas déjà t’avoir vu. Tu viens toujours aussi tôt, aussi ? Envie ou nécessité ?” Ce qu’il y a de bien avec les questions, c’est que s’il est le premier à tirer il a 95% de seulement recevoir des “et toi” en retour - ce qui lui convient parfaitement.

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caelan & matthias

Je n’ai jamais aimé la violence, et je n’ai d’ailleurs jamais été quelqu’un de violent non plus. D’aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais battu à l’école. Je me suis fait tabasser plusieurs fois oui, mais je n’ai jamais physiquement répondu. Je suis quelqu’un qui a toujours été très calme, très posé et pour m’énerver, il faut déjà beaucoup pousser alors croyez moi que la violence est quelque chose que je n’aime pas, et encore moins pour une simple erreur de planche de surf. Ce matin-là, en plus de cela, je me sens bien, apaisé et je préfère répondre avec humour à l’homme qui se tient devant moi plutôt que de monter sur de grands chevaux et de faire un scandale comme certains aurait pu le faire. Je lui adresse un sourire et lui répond avec d’humour ce qui, visiblement, à le don de le détendre un peu. « Je risque de te décevoir encore plus, je n’aurai qu’une femme très très en colère à te proposer et ce n’est pas sûr que tu y gagnes au chance. » Je laisse échapper un rire. Je dois avouer que même si lui me propose quelque chose, moi je n’aurais pas grand-chose à échapper. Depuis mon divorce, il y a maintenant trois ans, je n’ai eu personne dans ma vie. J’ai eu quelques aventures, quelques flirts, mais jamais rien de bien sérieux. Aujourd’hui lorsqu’on me demande si j’ai quelqu’un dans ma vie la réponse est compliquée. Mon cerveau et mon cœur pensent automatiquement à Cora, même si ils ne le devraient pas. Je secoue alors légèrement la tête pour ne pas penser à la belle rousse, parce que ce n’est pas le moment, avant de répondre. « Je crois que je vais te la laisser alors. » Je laisse échapper un nouveau rire avant de me présenter en tendant la main au châtain. Nous devions avoir le même âge et il m’a l’air bien sympathique. « Caelan, enchanté. » Je lui adresse un sourire alors qu’il récupère sa propre planche et la cale sous son bras. « Sympa comme prénom, ca sonne un peu irlandais, je me trompe ? » Je ne suis pas un pro des provenances des prénoms et pour découvrir les origines des gens, mais cela me fait fortement penser à un prénom aux consonances irlandaises. J’ai de la famille irlandaise lorsque l’on remonte mes origines et c’est d’ailleurs un pays que j’ai toujours voulu visiter. « C’est ton spot, ici ? Je ne crois pas déjà t’avoir vu. Tu viens toujours aussi tôt, aussi ? Envie ou nécessité ? » « En quelque sorte ouais. Je viens surfer ici tot le matin depuis que j’habite à Brisbane. Mais ca faisait un moment que je n’étais pas venu, j’avais pas trop le temps. » Le boulot me prend beaucoup de temps en ce moment et de ce fait, je n’ai pas eu le temps d’aller surfer depuis… Depuis bien trop longtemps à mon gout. « Et disons que la… Ca devait une nécessité. » Étant né et ayant grandit près de Sydney, et comme beaucoup d’Australien d’ailleurs, j’ai toujours adoré l’océan et le surf. « Tu viens du coin toi ? » Il est vrai que le visage du châtain ne me dit rien non plus, il ne me semble pas familier, mais après, il faut aussi dire qu’entre Brisbane et Gold Coast, il y a énormément de monde qui habite.

@Caelan Leckie

Il n’ont pas l’air bien fins, là, les deux trentenaires qui tentent vainement de s’échanger leur amante/femme comme s’il s’agissait d’une canette de soda. Ils n’en vantent meme plus les mérites, seulement la concentration excessive de sucre et tous les effets néfastes sur la santé. « Je crois que je vais te la laisser alors. » La décision est catégorique, sans appel, et n’a rien de curieux. Il faut dire que Caelan n’avait aucunement su vendre la douceur de Silk ni sa capacité à cuisiner les meilleurs crumbles aux pommes du monde - si on le lui avait demandé, il aurait seulement vanté son sale caractère. ”Mince. Au moins, j’aurais essayé.”Elle est son roc, son trésor, et même s’il reste un homme discret cela lui arrive parfois de parler d’elle, preuve ultime de son amour pour la blonde.

La question qu’ils finissent tous par poser, tôt ou tard dans la conversation, arrive cette fois ci très rapidement. Les lèvres fines du roux s’étendent quelque peu, disparaissent presque au milieu de son teint blafard et de ses tâches de rousseur - il n’a absolument rien du stéréotype de l’australien, faut bien l’avouer. « Sympa comme prénom, ca sonne un peu irlandais, je me trompe ? » Ses yeux se baissent un instant, scrutent le sable, s’attardent sur des détails sans importance aucune. ”Ca peut sonner ce que tu veux, je pense. J’ai été le cobaye d’expériences de mes parents pour le choix de prénom original.” A vrai dire, Caelan connaît très bien l’origine et la signification de son prénom mais pour lui cela n’a aucune sorte d’importance et il ne compte pas importuner l’autre surfeur avec ce genre de détails, persuadé qu’il ne pose la question que par pure politesse. Il le fait, parce qu’il aurait fait de même.

Les mystères s’éclaircissent et les coïncidences s’alignent peu à peu. « En quelque sorte ouais. Je viens surfer ici tot le matin depuis que j’habite à Brisbane. Mais ca faisait un moment que je n’étais pas venu, j’avais pas trop le temps. » Le roux hoche la tête, songeur. ”Tu étais où, avant, alors ?” Ce qui pourrait passer pour une curiosité maladive n’est rien d’autre que cette partie de lui, ce petit garçon qui a oublié de grandir, qui cherche à connaître son interlocuteur pour ne pas le froisser en aucun cas. Il est le roi de la maladresse, le roi des gourdes, le dernier à qui faire part d’un secret ; alors il essaye au mieux d’anticiper ses prochaines gaffes. Il aurait été prêt à raconter des sottises sur l’Irlande avant d’apprendre que, justement, c’est là d’où vient le surfeur et où réside encore toute sa famille - exemple comme ça, coïncidence pas drôle du tout. « Et disons que la… Ca devient une nécessité. » Il parle de quelque chose de sérieux, là. Caelan en est certain. Le voix qui se perd, les mots qui n’en finisse plus, le regard perdu un instant dans le vide ; tous les signes sont là. Nostalgie ? Mal du pays ? Histoire larmoyante ? Toutes les hypothèses sont bonnes à prendre alors que Matt s’est avancé tout seul sur cette pente glissante, Caelan ne demandant initialement que si venir à cette heure-ci était ou non une nécessité. Pas venir tout court, non. Question trop personnelle pour une première rencontre - et même toutes celles d’après, selon lui. Pourtant le fait est qu’il a répondu et qu’il serait malvenu de ne rien rétorquer, pas même un petit mot. ”Je comprends.” Bien sûr qu’il ne comprend pas, qu’il n’est pas dans sa tête, qu’il ne connaît pas son histoire. Le plus important reste seulement de le lui faire croire pour ne pas le mettre mal à l’aise puisque ce serait bien le dernier souhait du Leckie.

« Tu viens du coin toi ? » Répercussion de question. Il peut gérer. “Brisbane, oui.” Ok, il a géré. Il arrive à répondre à des questions sans faire de syncope ; quel homme. “Mais les côtes là bas sont surpeuplées dès le matin, c’est pour ça que je viens jusqu’ici. Je pars travailler ensuite.” Il a déjà sa routine de vieux, bien ficelée. “Tu viens jusqu’ici pour une raison particulière ? Ou je vais devoir émettre l’hypothèse que tout Brisbane surfe partout sauf à Brisbane ?” Parce qu'en tant que scientifique, il sait gérer les hypothèses bien mieux que tout le reste.
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caelan & matthias

J’aime venir me prendre ici, lorsqu’il n’y a personne et que la plage est calme, avant que celle-ci ne soit recouverte de locaux ou de trop de touristes. J’aime venir à ses heures ou le crépuscule se lève à peine et ou la vision sur la nature, sur la vie est complètement différentes. Je ne suis pas une philosophique, mais j’aime me poser sur le sable et profiter du bruit de l’océan et de l’odeur des vagues. J’ai toujours adoré la mer, l’eau, le sable, ce sont des fois dont je ne peux clairement pas me passer et il me faut ma dose chaque semaine. Bien sûr, j’aime également rencontrer du monde, de nouvelle personne avec qui discuter et avec qui des fois refaire le monde. Certains de mes meilleurs amis, je les aie rencontrés comme cela, sur une plage vide ou seul des surfeurs traînaient. C’est d’ailleurs ainsi que ce matin je me retrouver à discuter avec un homme. « Mince. Au moins, j’aurais essayé. » Je laisse échapper un léger rire. Cela fait des années que je n’ai pas officiellement pas eu quelqu’un dans ma vie. J’ai eu des aventures, de flirts, des coups d’un soir, mais depuis mon divorce en 2016, je crois que je ne me suis jamais vraiment laissé m’attacher de cette manière-là. Ou tout du moins, c’est ce que je pensais jusqu’à ce que je me rende compte des sentiments que j’ai pour Cora, ma meilleure amie. Je secoue un peu la tête pour ne pas penser à cela avant de me présenter auprès de l’homme qui se tient en face de moi et qui me donne son prénom en retour. « Ca peut sonner ce que tu veux, je pense. J’ai été le cobaye d’expériences de mes parents pour le choix de prénom original. » Je lui souris légèrement. « Je crois que t’es pas le seul à qui cela arrive. Et encore, je trouve que ca devient pire dans les années récentes. » Je n’ai jamais trop compris cette idée d’aller appeler des enfants Rain, ou bien West. J’ai trouvé cela bizarre, et même si j’aime les prénoms un peu atypiques, certains choix me semble vraiment bizarre. Pourtant le prénom Caelan est quelque chose de sympa, qui fait un peu irlandais à mon oreille et j’aime bien. Puis l’homme en face de moi me demande alors si c’est ici mon spot, si je suis de Brisbane. Depuis que je suis arrivé à Brisbane, je viens toujours surfer sur les mêmes plages, celle peu peupler, mais surtout celle avec les meilleures vagues possible. « Tu étais où, avant, alors ? » « Je suis originaire de Sydney, mais après j’ai pas mal bougé aussi. » Je ne vais pas m’étendre sur mes faits et gestes et les endroits ou j’ai habité parce que sinon je crois qu’on pourrait encore y être demain. Puis sans réfléchir, je lui dis que le fait de venir surfer ce matin est une nécessité. « Je comprends. » « J’ai délaissé ma planche un peu trop longtemps avec la tonne de boulot que j’ai à côté. » Je ne dis pas que j’ai un emploi du temps de ministre, bien loin de là, mais il est vrai que je ne m’ennuie pas avec tout ce que j’ai à faire en ce moment. Je lui demande alors si il vient de Brisbane. « Brisbane, oui. Mais les côtes là-bas sont surpeuplées dès le matin, c’est pour ça que je viens jusqu’ici. Je pars travailler ensuite. Tu viens jusqu’ici pour une raison particulière ? Ou je vais devoir émettre l’hypothèse que tout Brisbane surfe partout sauf à Brisbane ? » Il est vrai que les quelques plages de la banlieue de Brisbane ne sont pas les meilleurs et descendre jusqu’à Gold Coast vaux beaucoup plus le coup. « Brisbane c’est pas le meilleur endroit pour surfer, c’est clair. Je crois que beaucoup de gens de Brissie viennent jusqu’ici pour surfer oui. »

@Caelan Leckie

« Je crois que t’es pas le seul à qui cela arrive. Et encore, je trouve que ca devient pire dans les années récentes. » Le Leckie a un fin sourire, tant amusé que fatigué. Matthias lui sort la fameuse excuse du “c’était mieux avant”, celle la même qui est utilisée à tord et à travers par toute la population pour excuser ce qu’il se passe dans le présent. Il trouve toute cette tournure horriblement pessimiste pour de simples humains à qui il manque encore le don d’omniscience. Ce n’est pas pour autant qu’il se permet d’ajouter quoi que ce soit, bien trop heureux que le sujet de la conversation dérive lentement vers d’autres horizons.

Caelan se contente de silencieusement enregistrer les informations une à une dans un coin de son cerveau. Sydney, l’emploi du temps surchargé. Ils s’accordent sur le fait que Brisbane ne soit pas l’endroit rêvé pour surfer et finalement rien ne vient pimenter leur discussion - ce qui arrange parfaitement le roux. Il plisse des yeux pour arriver à lire l’heure inscrite sur le seul bout de technologie waterproof accroché à son poignet et ses orbites s’agrandissent subitement - comme celles d’un enfant découvrant ses cadeaux de Noël au bien du sapin, ne manque que le “o” de surprise formé sur ses lèvres. Entre les mésaventures de planches de surf et leur petite discussion improvisée sur la plage, le temps passe bien trop vite. Caelan enfonce une dernière froid ses orteils dans le sable froid et pose un genou à terre en même temps que sa planche pour mieux venir placer le scratch autour de sa cheville gauche. Il s’applique à ce que tout soit parfaitement bien collé et à ce que son fil ne soit pas déjà emmêlé avant même qu’il n’ai posé sa planche sur l’eau. ”Autant profiter de l’aube pour surfer avant de retourner à notre travail respectif, alors.” Les small talks n’ont jamais dérangé Caelan mais si ces derniers en viennent à l’empêcher de pouvoir surfer, là il risque de ne plus être aussi conciliant. L’ordre de ses priorités a été plus que chamboulés dernièrement mais surfer reste toujours aussi important à ses yeux, tant pour avoir un contact plus réel avec l’océan que pour pouvoir s’évader ailleurs le temps d’une simple vague. Ses yeux verts se reposent sur l’inconnu un instant et après un sourire, plus appuyé cette fois ci, il reprend sa planche sous le coude et entreprend de contourner les surfers déjà présents pour les rejoindre plus loin dans le but de ne gêner personne. Le respect est une règle d’or dans ce milieu, il n’y a finalement rien d’étonnant dans le fait que Caelan ait rapidement adopté cette discipline. ”Si j’avais vingt ans encore je t’aurais proposé une course. Là, je vais simplement prier pour ne pas me noyer.” L’auto-dérision coule dans ses veines alors qu’il n’a finalement jamais été mauvais dans cette discipline.

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caelan & matthias

« Autant profiter de l’aube pour surfer avant de retourner à notre travail respectif, alors. » Je ne peux qu’approuver cette idée d’aller surfer avant que les vagues de gens n’arrivent, mais qu’il ne commence également à faire trop chaud. Brisbane et ses alentours ne sont pas les endroits les plus chauds d’Australie, mais l’été y est quand même lourd et des fois difficilement supportables. Pourtant j’ai toujours aimé la chaleur, le soleil et je dois bien avouer que nous sommes chanceux que l’hiver en Australie, et en particulier dans le nord-est du pays, ne soit pas froid. Comme tout bon australien qui se doit, dès que les températures descendent en dessous de dix degrés, je trouve qu’il commence à faire trop froid. « Oui, c’est une bonne idée. » Je me lève pour reprendre ma place et venir attacher le scratch autour de ma cheville. J’aime bien discuter, faire de nouvelles connaissances, ce n’est jamais un problème, mais je dois avouer que j’aime aussi ma tranquillité lorsque je viens surfer ci tôt le matin, j’aime pouvoir me perdre dans le silence de l’océan. Je passe souvent quelques heures à surfer, mais aussi un peu de temps poser sur la plage à prendre le temps d’apprécier ce qui m’entoure, d’apprécier la beauté de la nature. J’aime bien discuter, faire de nouvelles connaissances, ce n’est jamais un problème, mais je dois avouer que j’aime aussi ma tranquillité lorsque je viens surfer ci tôt le matin, j’aime pouvoir me perdre dans le silence de l’océan. Et également comme tout Australien qui se doit, il me faut d’ailleurs ma dose de baignade dans la semaine. J’ai grandi dans l’eau, à apprendre à surfer, à jouer dans le sable, à créer des châteaux de sable et je crois que jamais je ne m’en lasserai et jamais je ne pourrais vivre loin de la mer ou de l’océan. Lorsque je passe trop de temps loin de tout cela, ca me manque rapidement et j’ai toujours besoin de trouver un moyen de m’échapper pour retrouver ce genre d’environnement. « Si j’avais vingt ans encore je t’aurais proposé une course. Là, je vais simplement prier pour ne pas me noyer. » Je laisse échapper un petit rire. Je n’ai jamais été très compétitif, je dois bien l’avouer, et même si nous avions l’âge ou que j’aurais accepté ce genre de chose, je n’aurais sûrement pas fait le meilleur pour gagner. Je préfère prendre du plaisir, faire les choses à mon rythme, j’ai toujours été comme cela, sauf peut être lorsqu’il s’agit de cinéma et de photographie, mais ca c’est autre chose. « Je pense qu’effectivement on devient un peu trop vieux pour ce genre de chose. » Un nouveau rire et je passe ma planche sous mon bras. « Ca fait longtemps que tu surfes ? » Je demande au brun en m’avançant vers l’océan avec lui.

@Caelan Leckie

Il se sent toujours plus à son aise lorsqu’il s’agit de retourner surfer sur l’océan ou simplement voguer vers des nouveaux horizons sur son bateau pendant un temps. Il se croit roi du monde, il se croit maître des éléments et de son destin et pendant un instant suspendu il se complaît à profiter de toutes ces nouvelles sensations qui s’évaporent une fois son pied à nouveau posé sur la terre ferme. Il ne pourrait pas expliquer ce qu’il se passe entre les synapses de son cerveau ni quelles sortes d’étranges informations elles se transmettent de l’une à l’autre. Ca arrive, c’est tout. Telle est la conclusion du scientifique, celle là même qu’il garde en tête depuis toujours ; date à laquelle remonte sa passion.

Planche sous le bras, ils contournent ensemble les surfers déjà installés avant de s’engouffrer peu à peu entre les faibles vagues pour se rendre au large. La cicatrice sous son pied le tiraille toujours lorsqu’il rentre dans l’eau, souvenir douloureux d’une sortie scolaire à la mer avec sa soeur, il y a plus de vingt ans de cela. ”Je surfais avant de marcher.” Sa peau n’a rien de celle de l’australien typique mais il a été élevé comme tel en tout cas, enchaînant les différents sports les uns à la suite des autres. Parmi tous ceux là, le surf a toujours été son préféré et cela a sûrement beaucoup à voir avec le fait qu’il a toujours été doué. Il s’est essayé à l’équitation, il s’est essayé aux sports de combats, il s’est essayé à la course. Il faudrait davantage se renseigner sur ce qu’il n’a pas essayé, à vrai dire. Il était un touche à tout et aujourd’hui encore il remercie ses parents de lui avoir fait découvrir tant de choses à l’enfance pour qu’il puisse encore mieux en jouir maintenant.

Désormais les gestes font plus de sens que les mots et, assis sur sa planche et bercé par les flots matinaux, il enjoint Matthias à prendre la première grosse vague en ouvrant la paume de sa main en direction de cette dernière. Caelan part travailler dans peu de temps mais il trouvera toujours un moment pour se laisser entraîner par quelques vagues avant de revêtir gants et lunettes et se plonger dans les calculs et analyses en tout genre. Deux moments de la journée, deux ambiances ; mais il les apprécie toutes deux tout autant.

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