Même si j'ai envie de l'éclater contre un mur, j'ai pris mon téléphone avec moi. Je suis déçu. Très déçu. Que Terrence se défende, pour moi, c'est parce qu'il a à se justifier. Je déteste les menteurs. Et je sais que Auden ne ferait pas un truc pareil, pas ce dont Terrence a parlé dans ses messages. J'y crois pas une seule seconde.

Je ne sais pas trop ce qui me pousse à passer chez Clément à ce moment là. Nous ne nous sommes pas vraiment trop revus depuis la dernière fois. Depuis la rupture. Simplement une fois, peut-être deux. Rien de très... concret, socialement parlant. Mais j'imagine que rien de négatif ne peut ressortir de cette soirée que je lui impose - littéralement. C'est aux alentours de 20:20 que je me pointe chez le brun. Lorsqu'il ouvre, je lève une main dans laquelle se trouve une bouteille de rhum que j'ai acheté au en venant. « Voilà de quoi payer mon droit de passage. » Je me glisse dans l'appartement en lui laissant la bouteille entre les doigts et file du côté de sa chambre, les mains dans les poches. Je suis content de revenir ici, je crois. Quelques souvenirs me reviennent en mémoire lorsque mes yeux se posent dans cette pièce que j'ai toujours trouvé si agréable.

Je retire ma veste, que je jette sur un bout du lit, avant de m'asseoir dessus à mon tour. « C'est vraiment une soirée de merde. Comment tu vas ? Désolé d'avoir été si directif. Mais j'avais besoin d'air. » Je lui lance un regard, me frotte les yeux du plat de mes deux mains. Je suis exténué, mais je sais que je ne parviendrai pas à dormir avant un moment. Dans ma poche se trouvent les clefs d'un brin de détente supplémentaire, mais Clément n'est pas obligé de tout savoir tout de suite.

Si on m'avait dit qu'un jour je reverrais Léo dans ces conditions là, que celui-ci reviendrait de lui-même vers moi et s'introduirait dans mon appartement avec une bouteille de Rhum, irait droit vers ma chambre et s'y installerait comme il avait tant l'habitude de le faire, je l'aurais pas crut. Bien sûr, les semaines qui avaient suivi notre rupture j'espérais sincèrement qu'il reviendrait de la sorte, comme une fleur, afin d'avoir des explications plus concrètes mais aussi pourquoi pas, pour que nous puissions refaire un test ? Bref, des rêves et des espoirs qui ne sont jamais concrétiser, encore moins depuis la nuit de la veille que j'ai passé avec Sky et qui était merveilleuse. J'ai l'impression que c'est exactement ce qu'il me fallait pour pouvoir tourner la page comme on dit. Je n'oublie pas Léo qui a été ma première relation, mais vivre avec tout cela est bien plus simple maintenant. La magie de Sky.

Dans tous les cas, lorsque mon ex petit ami s'introduit dans mon appartement, me fourrant une bouteille d'alcool dans les mains avant d'aller dans ma chambre, je me prend encore le temps d'aller dans la cuisine pour chercher deux verres -car ce rhum n'est pas là pour décorer- avant de rejoindre Léo qui est déjà installé sur mon lit. Silencieusement, je pose le tout sur mon bureau puis m'y adosse croisant les bras et l'observe, attendant qu'il veuille m'expliquer ce qui se passe, pourquoi il est ici aujourd'hui.

Et sa réponse soulève bien plus de questions. Fronçant légèrement les sourcils, je me redresse puis lui tourne le dos, ouvre la bouteille et nous sert deux verres  « J'ai bien l'impression que tu ramené tout ça en toute connaissance de cause, hein» dis-je avec un demi sourire en lui tendant un verre, m'installant à ses côtés  « Qu'est-ce qui s'est passé ?» demandais-je, me montrant un peu plus insistant, espérant réussir à dégoter d'autres informations. J'ignore délibérément la question de savoir si je vais bien ou non, me doutant fortement que ce n'est qu'un acte de politesse et que je ne suis pas forcément obligé d'y répondre.

@Léo Ivywreath

« J'ai bien l'impression que tu ramené tout ça en toute connaissance de cause, hein » J'attrape le verre tendu par Clément, hausse les épaules. « Je ne voulais pas venir les mains vides. Déjà que je m'incruste... » Mon nez se pose au dessus du gobelet. Voilà un moment que je n'étais pas sorti, que je n'avais pas senti l'odeur de l'alcool. C'est grave, moi qui sors d'habitude au moins une fois par semaine... « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Je bois une gorgée, pour me donner le temps de choisir mes mots. Je suis vraiment un idiot, d'être venu voir Clément alors que je me suis disputé avec Terrence au sujet du mec avec lequel j'ai trompé le brun. Il faut un sacré culot, ou alors il faut être un sacré imbécile. « J'ai... Heu... Mis un terme à une amitié qui me tenait à cœur, dirons nous. » Mes yeux trouvèrent un instant ceux de Clément, à côté de moi, avant de s'en détourner. « Disons que j'ai pas... Enfin j'ai mal digéré un truc qu'a fait Terrence. Tu sais, notre connaissance commune. » Je ne sais plus comment j'ai appris que Clément connaissait Terrence. Je crois que nous avions eu une discussion à ce propos, mais c'est un peu flou dans ma tête.

Je glisse distraitement une main dans la poche de mon jean et mes doigts frôlent le sachet que j'ai amené en plus de l'alcool. « Mais tu sais quoi, j'ai pas très envie d'épiloguer. Disons que j'ai pas besoin d'amitiés à sens unique dans ma vie. J'ai besoin de trucs qui vont dans les deux sens. J'en ai marre de donner. C'est normal, non ? » Là, mes yeux retrouvent ceux de mon ami. Ma bouche retrouve mon verre. L'alcool me brûle la langue, j'avais presque oublié cette sensation. « Tu te rends compte, le mec je l'ai emmené en voyage à l'autre bout de la planète quand même. J'sais pas, je me sens... Ouais, un gros con. Ça me soûle. » Frustré, incapable d'être véritablement en colère. Je ne sais pas contre qui me décharger. Plus que grognon, je suis complètement désemparé, déçu.

Comme pour balayer mes mauvaises ondes, je me redresse et pose mon verre un peu plus loin. « Je suis désolé. Parles moi de toi, t'es trop silencieux ! Comment ça va depuis la dernière fois ? T'as fait d'autres trucs, au théâtre ? » J'ai vraiment envie d'entendre de ses nouvelles. Ça me changera. Et ça sera peut-être plus distrayant pour lui que de simplement m'entendre me plaindre. « J'ai ramené de quoi nous éloigner un peu des problèmes. Enfin, si t'as des trucs à oublier, bien sûr. » Je lui lance un sourire narquois, le même que je lui sortais toutes les deux minutes lorsque nous traînions encore beaucoup ensemble.

Je souris avec une certaine douceur lorsque Léo m'indique qu'il ne voulait pas venir les mains vides. Une personne normale aurait sans doute opté pour des chocolats ou autre gâteries de ce genre, mais ça ne m'étonne clairement pas que le jeune homme ai préféré une bouteille de rhum au reste. Ainsi donc, m'installant à ses côtés, je lui demande de s'expliquer d'avantage et après qu'il a récemment mit fin à son amitié -à laquelle il tenait sincèrement- avec Terrence. Compatissant, je grimace, puis soupire doucement et hoche la tête.  « je vois» Amitié à sens unique, l'impression d'être un gros con. Je m'y reconnais un peu dans son histoire à vrai dire.  « je suis désolé que ça se soit fini comme ça mais peut-être que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire ?» j'hausse les épaules en prenant une gorgé de ma boisson  «Je veux dire, tu ...je connais plutôt bien ta vision de l'amitié » à défaut de connaître cette couple  «Et personne n'a envie d'une amitié à sens unique. Donc ...c'est peut-être pas définitif ? Peut-être qu'un jour tu arriveras à lui pardonner ? »

Je ne peux m'empêcher de lui donner des conseils. C'est plus fort que moi alors qu'il n'a peut-être pas envie d'en avoir ? Sans doute avait-il juste envie de se confier sans épiloguer d'avantage ? D'ailleurs, lorsqu'il me le dit, je me retrouve un peu con et me dit que j'ai encore une fois mal lut les signes, que j'aurais du savoir qu'il n'est pas venu pour se plaindre.

Alors, lorsqu'il décide de changer de sujet, je l'y accompagne avec un léger haussement d'épaules  «Je pense que t'es au courant, mais je me suis blessé à la première de notre nouveau spectacles » dis-je grimaçant légèrement  «Rupture du tendon d'achille. Rien de définitif, ni de très grave, juste un peu douloureux et surtout handicapant. L'opération s'est bien passé, j'ai été immobilisé pendant plusieurs semaines si bien que j'ai décidé que mon rôle qui était le rôle principal reviendrait à Loan, mon rival de toujours» j'hausse les épaules, pinçant les lèvres, montrant bien que cette idée de perdre ma place reste toujours assez horrible pour moi, même si je m'y suis fait depuis le temps.  « Du coup j'ai eu un autre rôle, plus petit qui reste toutefois assez important et qui me permet d'être sur scène sans pour autant devoir danser» je me redresse et souris doucement  « Donc je peux chanter et jouer malgré tout et ça c'est génial»

Lorsque Léo fini par me dire qu'il ramener des truc qui pourraient nous éloigné de nos problèmes, je sais exactement de quoi il veut parler. Et même si je n'ai pas réellement quelque chose à oublier -quoique j'ai toujours quelque chose à oublier!- je me redresse et pose mon verre à côté du sien  «Vas-y, tu sais bien que je suis toujours partant » m'exclamais-je en me tournant totalement vers Léo, m'installant en tailleur sur mon lit et l'observe presque avec avidité.

@Léo Ivywreath

« Je suis désolé que ça se soit fini comme ça mais peut-être que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire ?» Je hausse les épaules. Probablement. C'était ce qu'il devait se passer. La colère et le sentiment de trahison que j'ai expérimenté il y a de ça quelques heures m'ont plutôt surpris. Mes amis les plus chers se comptent désormais sur les doigts d'une seule main. «Je veux dire, tu ...je connais plutôt bien ta vision de l'amitié » Je braque mes yeux dans les siens. Ah oui ? Il connaît bien ma vision de l'amitié ? Qu'il m'en donne la recette, alors. J'ai moi-même du mal à la cerner. D'habitude, je me lasse des gens plutôt vite. « Et personne n'a envie d'une amitié à sens unique. Donc ...c'est peut-être pas définitif ? Peut-être qu'un jour tu arriveras à lui pardonner ? » Pas pour l'instant, en tous cas. « 'Sais pas. Je m'en fiche. », je lance, pensif.

Je préfère l'entendre parler de lui, ce soir. « Je pense que t'es au courant, mais je me suis blessé à la première de notre nouveau spectacles » J'opine doucement du chef. Oui, je me souviens de son post sur Instagram. Je sais que tout ça est très important, pour mon cadet. L'épreuve n'a pas dû être facile à traverser. Ça, au milieu du reste... Clément m'explique les procédures, son opération. Je me contente de l'écouter en opinant parfois du chef, plutôt préoccupé de son ressenti quant à toutes ces complications de vie dont on se passerait pourtant bien. « Du coup j'ai eu un autre rôle, plus petit qui reste toutefois assez important et qui me permet d'être sur scène sans pour autant devoir danser » « C'est le temps de se remettre en selle. Dès que tu pourras, tu retrouveras ce que t'aimes faire, c'est sûr. », dis-je pour l'encourager, le sourire aux lèvres. Je connais son talent, la passion qui l'habite. Nous en avons assez parlé ensemble. Et parfois, il n'y avait même pas besoin d'en parler. Clément est animé d'un amour pour les disciplines qu'il pratique, un amour qui s'exprime au travers de lui. « Donc je peux chanter et jouer malgré tout et ça c'est génial » « J'ai toujours aimé on optimisme. » Le murmure se perd dans la pièce. Je n'ai pas oublié les choses qui m'ont poussé à lui dire 'oui' dans cette même pièce. 'Oui', même pour quelques semaines.

Et puisque mon comparse se montre plutôt partant, je fouille mes poches pour en extraire le sachet que je garde depuis un moment chez moi. C'est le sachet 'crise', celui que je ne touche vraiment pas souvent - voire jamais - et que je tente de me débarrasser sans trop en abuser. Je n'ai jamais trop été un adepte de ce genre de trucs, excepté en soirée, plus jeune. Je n'ai pourtant pas perdu mon habitude de rouler. Mon grinder a bien vécu, mais je ne m'en suis jamais séparé. Quelques secondes plus tard, le bâtonnet plutôt uniforme se trouve coincé entre mes lèvres. La fumée s'élève à travers la pièce. « Tes colocs diront rien ? » Je ne les ai jamais rencontrés. J'ai toujours eu l'habitude de venir traîner chez Clément lorsqu'il n'y avait personne, pour d'évidentes raisons. « Bon sinon, tu racontes rien d'autre ? Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu, t'as forcément des trucs à me dire. » Je lui passe le joint, sourire aux lèvres.

Ok, Léo n'a vraiment aucune envie de parler de son amitié avec Terrence qui vient de se finir. Tant pis, je garde toutefois dans un coin de ma tête d'éventuellement le questionner plus tard ou alors un autre jour pour en apprendre plus car je sais qu'il y tenait quand même beaucoup. Acceptant donc son changement de sujet je lui parle un peu de moi et ma blessure qui, malgré tout, ne m'a tenu éloigné de la scène et j'ai l'impression que Léo ne comprend pas forcément que ça ne m'a jamais empêcher de faire ce que j'aimais. Je précise donc que je peux quand même encore jouer et chanter sans danser et souris doucement lorsqu'il me dit qu'il a toujours apprécier mon optimisme. Ce même optimisme que je n'ai gagné qu'il y a pas très longtemps ? Que j'avais perdu depuis longtemps ? Qui, au final, n'a jamais réellement été présent ? Je décide de ne pas rebondir plus qu'avec un simple haussement d'épaule et accepte la 'chose qui pourra nous faire oublier la réalité.

M'installant plus confortablement sur mon canapé, je l'observe rouler son joint avec dextérité avant qu'il ne l'allume et en prenne une grande bouffé.  « Mes coloc ne sont pas là» dis-je en haussant les épaules  «Et pis, ce qui se passe dans une chambre dont la porte est fermée, reste dans la chambre dont la porte est fermée » ajoutais-je, attrapant le joint que Léo me tend, me demandant de parler encore plus de moi et de ce qui s'est passé dans ma vie ces derniers temps  «Franchement ? » je lève les yeux aux ciel, réfléchissant tandis que je tire sur le cylindre du bonheur, inspire la fumée, la garde dans mes poumons pendant quelques instants avant de la recracher lentement en l'air  « y a pas grand chose en vrai ...AH ! Ah si !» je me penche, me contortionne un peu et sort mon portable  « J'sais pas si t'as suivi un peu, mais j'ai fait figurant dans un film qui a été tourné y a pas très longtemps. J'ai joué un gars qui braquait une banque. Le genre de gars pas futé qui braque sans masquer son identité et en plein jour» je rigole doucement et tire un seconde fois sur le joint avant de le tendre à Léo  «c'était tellement cool. Totalement différent, mais génial de voir un peu ce qu'un peu de latex, et une perruque peu faire» Je tends mon portable, sur lequel s'affiche une [img=https://static2.srcdn.com/wordpress/wp-content/uploads/2019/11/Tom-Holland-In-Cherry-Header.jpg]photo[/img] du tournage, à mon ami et rigole doucement  « Franchement, j'ai aucune idée comment ils ont réussi à cacher ma masse de cheveux pour donner l'impression que je me suis rasé le crâne mais le résultat est tellement cool ! Non?»

bien sûr, je connais la réponse de Léo : non, ce n'est pas cool. Lui, il a toujours aimé pouvoir jouer avec mes cheveux et plus ils étaient long, bouclés et indomptable, plus il était heureux.

@Léo Ivywreath

« Mes coloc ne sont pas là » J'opine du chef. Tant mieux. J'ai pas envie d'avoir des ennuis avec qui que ce soit. Surtout pas pour un peu d'herbe. « Et pis, ce qui se passe dans une chambre dont la porte est fermée, reste dans la chambre dont la porte est fermée » Je ne peux qu'être d'accord. Ce qui se passe à Hollywood reste à Hollywood. Ici, c'est pareil. L'odeur répandue dans la pièce grâce à la fumée me détend déjà un peu. Ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas fait un truc pareil.

« Franchement ? » « Ouais ! » Bien sûr que je m'intéresse à ce que devient sa vie. C'est ce que font les amis, non ? Je crois que nous nous sommes quittés en bons termes. Je ne crois pas, j'en suis même sûr. Alors il me semble normal de prendre de ses nouvelles. « Y a pas grand chose en vrai ...AH ! Ah si ! » Je fronce les sourcils, inhale à mon tour la fumée. Tandis qu'il sort son téléphone, je cherche à côté de son lit de quoi déposer les cendres que je ne tiens pas à retrouver sur mes fringues. J'attrape un tract publicitaire tout chiffonné et le plie pour nous en faire un cendrier. « J'sais pas si t'as suivi un peu, mais j'ai fait figurant dans un film qui a été tourné y a pas très longtemps. J'ai joué un gars qui braquait une banque. Le genre de gars pas futé qui braque sans masquer son identité et en plein jour » Je ricane. Le pitch ne paie pas de mine, mais Clément a l'air réellement très content de son expérience. La photo qui s'affiche ensuite me laisse bouche bée. J'hésite entre un 'oh' de surprise et un 'il est arrivé quoi à tes cheveux ?'. J'imagine que je vais mélanger le tout. « Putain de merde. Tes cheveux. » Pourtant, mes yeux se plissent déjà d'étonnement. Ses cheveux sont bien là, sur sa tête.

Il parle de perruque, moi je ne peux pas m'empêcher de laisser mes yeux faire l'aller retour entre la photo et les cheveux qui tombent vraiment sur sa tête. « Franchement, j'ai aucune idée comment ils ont réussi à cacher ma masse de cheveux pour donner l'impression que je me suis rasé le crâne mais le résultat est tellement cool ! Non? » Je fronce les sourcils, tends le téléphone à côté de sa tête pour comparer. Après lui avoir rendu son bien, je redonne un coup de briquet au joint qui s'est éteint. Je lui souffle la fumée au visage, grand sourire aux lèvres. « T'es toujours hyper beau. Pourquoi tu t'inquiètes ? » Je lui tend notre bien commun. « Mais c'est vrai qu'ils ne t'ont pas raté. Elle était cool, la coupe. Attends, tu sais quoi ? » Je me lève soudain pour trouver le chemin de la salle de bain. Je connais le trajet. Je farfouille dans les placards sans arrêter de ricaner, trop content de l'idée qui vient de germer dans ma tête. Une minute plus tard, je reviens avec une tondeuse. Elle est poussiéreuse. Je ne sais même pas si elle appartient vraiment au brun. Tant pis, elle fera l'affaire. « On change bientôt de décennie. Tu ne veux pas entrer dans celle qui s'offre à nous avec une nouvelle coupe ? Je t'assures que je suis super fort pour couper les cheveux. » En vrai, je n'ai jamais fait ça de ma vie, mais Clément n'a pas besoin de le savoir.

Je savais bien que ma photo ferait son petit effet. C'était déjà le cas quand je l'ai envoyé à mes colocataires avant de rentrer et qu'ils ne se rendent compte que ce n'était qu'une illusion. Je connais Léo et je sais à quel point il adore mes cheveux. Et en vrai je les aime beaucoup mes cheveux aussi. Trop pour les couper ou les raser ? Je ne suis pas sûr. En vrai je pense que j'en serais capable. Genre pour un rôle ou je ne sais quoi, si le metteur à scène à besoin que son personnage ait les cheveux super court, je le ferais sans problème.

Je ricane doucement lorsque Léo s'exclame de surprise puis hausse les épaules en expliquant qu'il s'est en fait le fruit de plusieurs heures passé dans le camion du maquilleur. Reprenant mon portable en main, je le pose sur ma table de chevet avant de poser à nouveau mon regard sur mon ami lorsque celui-ci, me soufflant la fumé au visage, m'avoue que je suis toujours beau et que je n'ai pas à m'inquiéter pour ça. Fermant les yeux, je souris, tandis qu'un doux frisson parcourt mon échine. Je pense que jamais, même après plusieurs années sans avoir été ensemble, mon corps ne réagira différemment.

Pourtant Léo ne me laisse pas le temps d'apprécier ce compliment, car, me tendant le joint que j'attrape entre mes doigts, il se lève et sort de la chambre. Le suivant du regard, sourcils froncés, je remarque qu'il se dirige vers la salle de bain et, haussant les épaules, me dit qu'il va seulement aux toilettes. C'est donc, dans un soupire, que je me laisse tomber sur le côté, m'allongeant sur le lit et tire fermement sur le cylindre. J'ai a peine le temps de me dire que si mon père débarquait maintenant il me passerait un sacré savon, que Léo revient à nouveau. Tournant la tête vers lui, je fronce les sourcils et me redresse lorsque je le vois revenir avec une tondeuse. Celle qu'Ambroise avait un jour acheté sur un coup de tête lorsque mes cheveux devenaient réellement indomptable.

Me redressant sur un coude, j'incline légèrement la tête sur le côté alors que Léo reprend la parole, disant que nous changeons bientôt de décennie et que je pourrais bien entrer dans la 3e avec une nouvelle coupe.  « Je ...hein ? Quoi ? Non attend … t'es sérieux ?» demandais-je en me mettant à nouveau assit  «Non. Non, non, y a pas moyen ! Eh la photo c'était pas une invitation à ... » je me tais brusquement, mon regard se baissant sur mon portable puis sur mon verre puis sur Léo que j'observe avec un sourire narquois  « A moins que ...» j'attrape mon verre de rhum que je fini d'une traite avant de me resservir et m'avancer vers Léo, lui tendant son propre verre et le joint  «que tu acceptes la coupe au bol  » j'incline légèrement la tête sur le côté, passant ma main dans ses cheveux  «Genre je rase ici » je dessine mon idée avec mon index dans la chevelure du jeune homme  «Comme ça on commence tous les deux la nouvelle décennie avec de la nouveauté » je plonge mon regard dans celui de Léo  « Alors ?» j'arque un sourcil, le défiant silencieusement du regard  «Tu oses ou tu oses pas ? »

@Léo Ivywreath

« Je ...hein ? Quoi ? Non attend … t'es sérieux ? » Totalement sérieux. Il n'y a pas plus sérieux que l'homme qui se tient devant Clément Winchester. Je passe une mains dans mes propres cheveux, qui retombent devant mes yeux d'une façon une peu nonchalante. C'est qu'ils sont compliqués à dompter. Je me rapproche du brun, tondeuse à la main et l'agite presque devant son nez. « Non. Non, non, y a pas moyen ! Eh la photo c'était pas une invitation à ... » C'était carrément une invitation à. Moi je le sais. Lui il le sait aussi. Je le sens parce qu'il met du temps à reprendre ses mots. Le temps qu'il hésite, je viens remettre un coup de briquet au joint qui pend entre mes lèvres. La tondeuse repose entre nous. Je suis venu m'installer en tailleur devant mon cadet. Mon sourire ne disparaîtra plus de la soirée. Je repasse notre trophée à Clément, qui arbore maintenant ce sourire que je ne connais que trop bien. Il va dire une bêtise plus grosse que lui. « A moins que ... » J'arque un sourcil, lui lance un regard brûlant. « A moins que...? » « Que tu acceptes la coupe au bol »

Je pars d'un rire franc, désarçonné. La respiration saccadée, je me laisse tomber en arrière, sur le dos, la tête dans le vide. Les larmes aux yeux, je me redresse pour récupérer ce qu'il reste du joint, bien essoufflé par nos échanges. « Putain Clément, t'es con, je croyais que tu parlais d'autre chose. » C'est moi le con, oui. Ses doigts se perdent dans mes cheveux et je ferme les yeux, le visage probablement béat de contentement. « Genre je rase ici » « Y'a pas moyen.. », je murmure tout bas en rouvrant les paupières. « Comme ça on commence tous les deux la nouvelle décennie avec de la nouveauté » « Tu rêves... », je chuchote encore plus bas, sans me départir de mon grand sourire. « Tu oses ou tu oses pas ? » « Tsss... » je fais en me laissant à nouveau tomber en arrière. Un léger fou rire et quelques ronds de fumée plus tard, je me redresse pour commencer à rouler ce qui sera notre prochain calumet de... l'amitié ? « T'es ouf, je touche pas à mes cheveux. Tu peux t'en occuper autant que tu veux, mais t'approches pas cette tondeuse de ma tête. » Je lui lance un regard faussement désapprobateur, en totalement désaccord avec mes lippes, étirées dans une fente malicieuse. Je me penche sur le côté pour attraper mon verre, bois une gorgée du liquide qui brûle ma langue. « Y'a pas moyen. J'peux pas. Non puis vraiment, j'ai des bonnes raisons de refuser, je te dirai bientôt pourquoi. » Est-ce que je fais allusion à Mariés au Premier Regard ? Oui, totalement, mais Clément ne sait pas encore. Il saura une autre fois, lorsque j'aurai eu la confirmation de ma participation. On va dire que là, je ne fais qu'un semi mensonge.

Je m'amuser à nouveau à envoyer des anneaux de fumée sur Clément. « Allez, man up, je te coupe les cheveux. S't'euuuuplaît. Tu seras beau ! Tu pourras demander n'importe quoi après, sauf de me couper les cheveux. N'importe quoi. » que je promets en souriant et en montrant mes mains pour lui prouver que je ne croise pas les doigts. « Tu seras hyper beau ! Allez ! » Je lui sors mes meilleurs yeux de chiot. Je sais qu'il a du mal à y résister.

Je ne sais pas ce à quoi Léo avait pensé mais j'ai la confirmation exact qu'il n'imaginait absolument pas que je lui proposerais de me suivre dans la crise capillaire. Fort heureusement, l'alcool et la drogue douce commencent à faire leur effet et je ne me pose pas réellement de questions. Là où, en temps normal, mon esprit aurait fonctionné à cent à l'heure, il est aujourd'hui tranquille et ne tente pas de se dérober à mon contrôle. Ainsi donc, j'observe simplement mon ami en souriant, amusé, avant qu'il ne réfute mon idée, disant qu'il ne peut pas et qu'il a de réelles et excellentes raisons. Fronçant les sourcils, je l'observe avec suspicion, mais il ne me laisse pas le temps de dire quoique ce soit qu'il rebondit à nouveau sur l'idée de me raser le crâne.

Je le fixe quelques instants puis capitule finalement en soupirant doucement.  « De toute manière pour mon rôle je porte une casquette, donc ….allez, go, vas-y» dis-je en me relevant. Attrapant le joint de Léo au passage, je l'invite à me suivre pour sortir de la chambre, offre une caresse distraite à Moana lorsqu'elle vient à notre rencontre et me dirige vers la salle de bain. Tirant sur le cylindre, j'attrape une chaise avant que mon regard ne soit capté par Léo qui me rejoint, tondeuse en main et sourire de vainqueur sur les lèvres.  «ah t'es heureux là, hein » rayais-je amèrement, gardant toutefois mon éternel sourire amusé sur les lèvres  « Allez, reprend ça» dis-je lui donnant le joint avant de retirer mon t-shirt et m'installer, torse nu, sur la chaise, face au miroir  «Tu fais ça bien, hein ! » reprenais-je.

Léo s'approche de moi et je ferme les yeux pour me donner du courage mais lorsqu'il allume la tondeuse, je me redresse subitement  «NON STOP ARRETE ! » m'exclamais-je en me levant. Sans un mot de plus je sors de la salle de bain, retourne dans ma chambre ...et reviens avec le rhum et les deux verres. Je fini le mien cul sec puis souffle et me remet assit  « Voilà, c'est bon. Allez vas-y, maintenant, avant que je ne change d'avis !» le pressais-je, attrapant en même temps le joint que Léo me tend pour en reprendre une bouffé.

@Léo Ivywreath

Bien sûr, qu'il accepte. Ma capacité de persuasion fonctionne toujours aussi bien, sur Clément. Je n'ai pas beaucoup d'efforts à faire pour le voir enfin soupirer. La lutte est remportée, je suis le grand gagnant, la résistance de Clément bat en retraite. En bon vainqueur, j'applaudis doucement mes propres capacités à faire céder mon cadet. T'es foutu, Clément. Le voilà qui file, moi à sa suite. J'effectue ma meilleure danse de la joie sur le chemin qui mène à la salle de bain, antre de torture, mon salon de coiffure improvisé. Moana vient nous rendre visite un instant, probablement dépitée par nos bêtises. « Regarde le bien, parce que bientôt il n'aura plus la même tête. » que je lance à Moana, qui m'interroge du regard.

Dans la salle de bain, Clément s'est déjà installé. Je branche la tondeuse, grand sourire aux lèvres, en fredonnant From me to You des Beatles. « Ah t'es heureux là, hein » Je lâche un rire, tapote le sommet de son crâne. « Je pourrais mourir sans regrets, là. », que j'ironise en cherchant comment faire fonctionner la tondeuse que je tiens entre les mains. Je coince le joint entre mes lèvres, cherche comment allumer la machine des enfers en plantant mes yeux dans ceux de Clément, qui se reflètent dans le miroir. Mes doigts glissent entre ses cheveux bruns, menaçante. « Tu peux leur dire Adieu. » Théâtral, j'approche la tondeuse encore éteinte des oreilles de Clément sans pour autant le toucher. Ma main droite, campée à la base de sa nuque, se veut presque rassurante. « Tu fais ça bien, hein ! » « Tu vas être beau comme un cœur. Je suis le coiffeur le plus doué de toute Brisbane. » Il ne risque rien, de toute manière. Je ne le pas à blanc. La tondeuse émet son léger ronronnement caractéristique lorsque je l'allume enfin. Toute tentative d'entamer cette magnifique coupe se voit soudain arrêtée par un Clément qui semble paniquer, qui prend la fuite. Je lève les yeux au ciel, pousse un grand soupir, comme dépossédé de mon bien le plus précieux. « Clément... »

Le voilà qui revient, ce grand comédien, qui reprend sa place armé de deux verres. Je pouffe de rire en le voyant finir le sien, porte un verre à ma lèvres après lui avoir rendu notre bien commun. « T'es vraiment... » « Voilà, c'est bon. Allez vas-y, maintenant, avant que je ne change d'avis ! » Je lève les yeux au ciel, reprend une dernière bouffée de cette portion de bonheur qui tenait entre nos doigts et en expire toute sa fumée sur la nuque de Clément. « Ça repoussera. » J'écrase ce qu'il reste du joint dans le lavabo, attrape fermement les cheveux qui se trouvent dans sa nuque pour faire une grande marque dans la touffe brune que j'ai sous les yeux. Comme on le ferait avec un trophée, je brandis le tout au dessus de la tête de mon cadet pour ensuite lui lâcher entre les mains. En continuant de chanter From me to You, je commence par raser les côtés, histoire de ne lui laisser qu'une crête sur le dessus de la tête. « Alors là, t'es mais... magnifique. » J'éclate de rire, continue mon travail en secouant la tête. Bientôt, la chevelure de Clément se clairsème si nettement que j'ai moi-même de la peine à imaginer la touffe qui subsistait avant mon passage. Mon oeuvre est terminée au bout de quelques longues minutes. J'éteins la tondeuse et plante mes yeux dans ceux de Clément, au travers de la glace. « Ça te fait plus âgé. Dans le bon sens du terme. » Je souris. « Voilà, tu peux partir à l'armée, maintenant. T'en penses quoi ? »

Je rigole de bon coeur Léo lorsque celui-ci s'adresse à Moana, lui disant qu'elle ne me reconnaîtra sans doute pas.  « Arrête, elle me reconnaîtra entre mille ! C'est pas un changement de coupe qui va la faire flancher !» ricanais-je alors que je m'installe sur la chaise. Léo se la joue un peu théâtrale et fait monter le suspens en approchant la tondeuse dangereusement de mon crâne avant que je me relève soudainement. Grâce à mes talents de comédiens, je fais genre le courage m'a quitté alors qu'en vrai j'en profite juste pour revenir dans la salle de bain avec les deux verres et la bouteille de rhum.

Après avoir fini mon verre, je me réinstalle sur la chaise et ferme les yeux lorsque Léo allume la tondeuse. Je le sens qui passe sa main dans mes cheveux, attrapant une touffe, avant de sentir les vibration sur ma nuque et mon crâne. L'instant d'après je me sens tout de suite nu et presque plus léger. Rouvrant les yeux, j'observe les faits et gestes de mon ex copain qui semble sincèrement se délecter de son travail et je souris doucement, attendrit. Il a toujours été mignon Léo, encore plus lorsqu'il se passionne pour quelque chose de totalement différent dont il a l'habitude. Bizarrement, alors que j'étais prit de doute, je fini par lui faire totalement confiance. Au pire, comme il a dit, ça repousse, et dieu sait que mes cheveux repoussent à une vitesse assez hallucinante. Je fini par refermer les yeux afin de profiter totalement de ce moment.

Et au final, lorsque je les rouvre à nouveau, c'est pour voir quelqu'un de totalement différent dans le miroirs. Il a mes yeux, mon nez, mon visage, mes expressions, mais il est différent sous tous les autres points. Arquant un sourcil je me penche en avant et me passe une main dans les cheveux, ou plutôt sur mon crâne rasé alors que mon regard vient s'accrocher à celui de Léo. Celui-ci me dit que ça me change réellement, que j'ai l'air plus vieux -dans le bon sens terme- et me demande quand je commence l'armée.


Pouffant de rire j'hausse les épaules  «J'suis pas assez courageux pour l'armée. Et pis j'ai pas la nationalité australienne donc y a pas moyen de m'y engager » je fais une moue faussement triste avant de me redresser et me relever. Contournant la chaise, je regard le sol qui est recouvert de touffe brune et arque un sourcil  «Tout ça c'était sur ma tête » désignais-je mes cheveux coupés avant de secouer la tête  «C'est fou » je me retourne pour m'observer à nouveau dans le miroir, souriant  «Bon bref » je me tourne vers Léo et m'assoie sur le rebord de la baignoire  «Tu m'as dit que je pouvais te demander n'importe quoi et que tu le ferais donc ...» je laisse ma voix en suspens pendant quelques instants  « Pourquoi tu ne peux pas avoir la coupe au bol ? Tu m'as dit que tu avais de très bonnes raisons pour refuser et j'aimerais bien connaître ces raisons» la première chose qui me passe par l'esprit c'est le fait qu'il ne soit plus célibataire, qu'il ait trouvé un autre homme avec qui passer du bon temps. Et en vrai, cette idée ne me dérange absolument pas. Bizarrement, je ne ressens aucune once de jalousie. De toute manière, je n'aurais pas mon mot à dire et je serais même heureux pour lui.

@Léo Ivywreath

C'est vrai qu'il a l'air plus vieux, comme ça. Plus sérieux. Plus sévère. En éteignant la tondeuse que je tiens entre les mains, je retire les cheveux tombés sur ses épaules. Il a l'air plus sévère, mais il est toujours Clément Winchester - Clémentine. Joli garçon, la bouille innocente et le regard amusé. Sans ses cheveux, il a simplement l'air moins enfantin. J'ai un petit sourire en observant son reflet et le mien, juste derrière. Nous sommes tout en contraste. Lui a désormais l'air plus âgé que moi - comme si c'était difficile - et visiblement plus rangé. Et dire que dans quelques temps, je serai marié. « J'suis pas assez courageux pour l'armée. Et pis j'ai pas la nationalité australienne donc y a pas moyen de m'y engager » Je ne vois pas bien Clément à l'armée, c'est vrai. Il est mieux sur une scène de théâtre, là où il a l'air de s'amuser comme un dingue. Là où il peut être vraiment lui-même. C'est agréable, de le voir là haut. Le brun se lève, est de nouveau légèrement plus grand que moi. « Tout ça c'était sur ma tête » « Et oui. » Je murmure en rassemblant les cheveux qui traînent au sol en un petit tas. Ses coloc' vont nous détester.

Mon cadet se contemple, s'observe, alors que j'enroule le fil de la tondeuse autour de cette dernière. Il a l'air de se trouver tout à fait charmant et je ne suis pas peu fier de mon entreprise. Oui, tout cela est définitivement bien réussi. Peut-être qu'il aura quelques touffes à ajuster demain matin, lorsque la drogue se sera un peu échappé de ses veines. Lorsqu'il sera sobre. « Tu m'as dit que je pouvais te demander n'importe quoi et que tu le ferais donc ... » Ah, oui, j'avais presque oublié. Je range la tondeuse, m'installe face contre le dossier de la chaise, les bras croisés sur l'appui-dos. « Pourquoi tu ne peux pas avoir la coupe au bol ? Tu m'as dit que tu avais de très bonnes raisons pour refuser et j'aimerais bien connaître ces raisons » « Parce que je vais me marier. » La phrase est sortie toute seule, je n'ai pas su maîtriser mes mots ni même prendre le temps de réfléchir à la question posée. Mon regard est planté dans celui de Clément, installé en face de moi. Un blanc s'installe. Il n'y a rien d'autre à dire. J'ai la soudaine impression d'être très sobre. Mon cœur, pourtant, a commencé son marathon; la cadence avec laquelle il bat à l'intérieur de ma cage thoracique semble plus soutenue. « Charlie m'a inscrit à un truc, ça s'appelle Mariés au Premier Regard. Je crois que je ne suis supposé en parler que devant une caméra. Je ne connais pas la personne avec laquelle je vais me marier. C'est... Je me dis que ça sera une expérience, quelle qu'elle soit, et puis c'est de la télé, ça ne peut pas être vrai. » Parce que je me raccroche encore un peu au fait que le tout ne soit qu'une distraction, qu'un moyen de ne pas penser au reste.

je vais me marier. Je pense sincèrement que la surprise se lit sur mon visage. Certes, je m'attendais que Léo m'annonce avoir un nouveau copain ou je ne sais quoi ou même une copine, peut-être que dans le fond j'imaginais aussi que Charlie aurait fini par avouer son amour à Léo et qu'ils sont maintenant ensemble. En vrai, je me serais attendu à tout, vraiment à tout, mais pas à ça ! Pas au fait que Léo va se marier.

Je cligne des yeux puis fronce les sourcils et pince les lèvres, cherchant les mots qui me manquent. Fort heureusement, mon ami reprend la parole, disant que Charlie l'a inscrit à une émission télé qui s'appelle 'marié au premier regard'. Je souffle doucement, presque rassuré par cette précision et hoche la tête alors que Léo précise qu'il ne connaît pas la personne avec qui il va devoir se marier mais sait qu'il ne s'agit là que de la télé et que ça ne peut pas être vrai.

 «Tu crois vraiment ? » demandais-je en arquant un sourcil  «Genre t'as demandé ? On t'as assuré que toi et cette personne ne seront pas marié 'officiellement' ?» j'avoue que mon ton est presque inquiet. Léo est gentil, mais il est quand même un petit peu naïf. Si déjà il a eu peur de l'engagement dans un couple pendant seulement 4 semaines, ne serait-il pas du genre à partir en courant s'il s'agit de mariage ? Je fini par pincer les lèvres en un sourire et hausse les épaules  «Tu sais quand l'émission sera diffusée ? Que je prépare le pop corn et que j'ouvre les paris » rayais-je avec humour, n'ayant aucun mal à caché mon incompréhension de la situation.

@Léo Ivywreath

Nous semblons sobres, soudain. La fumée de la pièce s'est dissipée. Celle qui rendait nos pensées troubles et nos yeux brumeux aussi, faut-il croire. « Tu crois vraiment ? » A quoi, Clément ? J'ai déjà complètement oublié ce que je viens de lui dire. A quoi dois-je croire ? « Genre t'as demandé ? On t'as assuré que toi et cette personne ne seront pas marié 'officiellement' ? » Ah. « Non. J'ai pas demandé. J'imagine qu'ils vont... m'envoyer des papiers. Genre des... des contrats, tu vois ? » Et peut-être que tout en bas, avec un peu de chance - prions - se trouvera une jolie phrase marquée à l'encre rouge pâle que tous les mariages ne sont en fait que des sortes de contrats à durées très déterminées. Que rien n'a vraiment de sens. Que tout n'est que télévision, manipulation, que je n'aurai qu'à jouer le jeu un temps. Clément ne semble pas vraiment convaincu par l'idée. Je crois qu'il me connaît assez bien pour savoir que je ne suis pas du genre à m'engager. J'ai l'impression d'être une blague vivante et le brun doit me trouver bien ridicule.

Je n'ai pas quitté la chaise sur laquelle je me suis installé. Et rien ne m'en fera bouger. « Tu sais quand l'émission sera diffusée ? Que je prépare le pop corn et que j'ouvre les paris » Pas même Clément et ses questions bizarres. « Non, je ne sais pas. Peut-être plus tard dans l'année. Je te le dirai, de toute façon. Tu accepterais d'être filmé ? La femme que j'ai rencontré m'a demandé un truc du genre 'ça vous dérangera pas d'être suivi par des caméras tout le temps ?', et j'ai répondu que non. » J'ai un atroce souvenir de ce rendez-vous et quelque chose me dit qu'il ne sera pas le dernier - à mon grand regret. « T'es pas obligé, bien sûr. C'est juste une demande comme ça. » Et j'imagine que cela sera plutôt rassurant, de l'avoir non loin de moi. Je nage en pleine terre inconnue. « Tu passeras bien à l'écran, j'en suis certain. », que je ricane après avoir forcé ma voix pour tenter de prendre celle de - comment était-ce, déjà ? - May.