Arthur + Arthur = torture La course à pieds tonifiait le corps, mais aussi l'esprit. Les hormones travaillaient, dont l'endorphine, ce qui donnait à la fois du pep's et de l'apaisement au jeune sportif. Lessivé comme une sèche abandonnée au bord d'une autoroute, le fils Van Der Leen mit enfin un terme à son exercice quotidien. Il courait si loin qu'il en avait quitté son quartier pour atterrir dans le quartier opposé au sien, Logan city, au sud de la ville. En réalité, si son genou ne s'amusait pas à se barrer en couilles, il tiendrait la barre bien plus longtemps mais la vie en avait décidé autrement. L'important étant de pouvoir continuer le sport, tant pis si ses performances n'égaleraient jamais celles d'autrefois, il n'était pas non plus la dernière des merdes. En fait, il préservait même un certain niveau professionnel. Mais le professionnel ne faisait pas le champion.
Peut-être que s'il freinait sa consommation de tabac, il s'envolerait encore plus haut mais dans tous les cas, son genou de la défaite le rappellerait à l'ordre tôt ou tard. Il ne pouvait plus se surpasser, en matière de course tout du moins car tous les sports ne misaient pas sur le genou, bien qu'il s'avérait souvent impliqué secondairement. Dès qu'Arthur pressentait un infime picotement dans son genou, il s'arrêtait net, ne souhaitant guère tenter le diable. Le toubib avait été formel l'autre jour, s'il continuait à faire le zouave et à forcer comme un bourrin sur ce membre, il risquait d'aggraver nettement son cas. Et à ce moment là, il pourrait dire adieu à la course définitivement. Cet homme entretenait des relations conflictuelles avec la modération mais il devait sérieusement apprendre à se restreindre. Une vie excessive menait régulièrement à une mort brutale.
Quoi qu'il en soit, l'heure du quatre heures avait sonné et après l'effort, le réconfort. Arthur intégra le premier fast food qui lui tomba sous la dent et commanda à la hâte un burger bien fat', double steak, double cheese, double gras, double tout ce que vous voulez. Les rageux au régime se demanderaient à quoi cela servait de souffrir à la mort durant presque deux heures si c'était pour le foutre en l'air juste après en éclatant le compteur à calories. Mais l'australien s'en battait royalement les steaks des régimes, il pratiquait simplement le sport par plaisir, non pour un objectif corporel précis, et cela lui suffisait, il était stock et sec comme il fallait, ni brindille, ni tonneau.
Une fois la commande passée et réglée, il patienta dans la fil, sifflotant tranquillement avant d'égarer son regard distrait sur une femme assise à une table juste à côté de lui, entrain de lire un bouquin. Elle attendait très certainement son repas, mais Arthur se demanda à deux fois si cet endroit n'était pas une librairie, par tout hasard. Légèrement intrigué, il jeta un furtif coup d’œil à la couverture pour y déchiffrer "Un si beau jour " d'une certaine Elin Hilderbidule. "Encore un livre de bonne femme à l'eau de rose.. " songea-t-il naïvement, sans en connaître le contenu. Ne disions pas qu'il ne fallait jamais juger un livre à sa couverture ? L'homme était une brêle en culture littéraire, tout ce qu'il avait lu durant son existence se réduisait quasiment au néant. On ne trouvait pas un seul livre chez lui, c'était à se demander s'il n'y avait pas une pancarte suspendue à son entrée, interdisant tout objet avec des pages écrites réunies par une reliure. Mais pour se marrer un coup, il joua les fins intellectuels pour taquiner la cliente : - Ahhh Elin et moi, une grande histoire d'amour... Je l'ai lu 2 fois celui-là mais ce n'est pas son meilleur.. Il a quelques longueurs.. Cela dit, l'incroyable final vaut le détour. Je ne me suis toujours pas remis de sa mort à la fin.
Exprima-t-il d'un air évasif, détournant ses yeux faussement émus vers le vide, type mélancolique alors qu'il n'avait jamais touché à ce livre de sa vie, ni à un livre tout court en fait. La dame releva dès lors sa tête, complètement outragée par ce que cet enfoiré de première venait de faire : niquer littéralement sa lecture. Elle en perdit son latin, se contentant de le fixer avec des yeux plus gros que la lune, avant de décamper en furie hors du fast food. Arthur retint un petit rire intérieur pendant qu'un serveur était sur le point de lui apporter son assiette.
Le serveur : "Mais madame ?! Et votre repas ??"
Elle claqua férocement la porte vitrée en guise de réponse, laissant le pauvre employé seul avec son plateau, confus. - Si elle ne n'en veut pas, moi je le prends. Ce serait dommage de le jeter.
Le serveur, légèrement dépassé par les événements, accepta la proposition malicieuse d'Arthur qui empocha deux repas pour le prix d'un. On lui fournit successivement sa commande, et il vint à s'asseoir à une table du fast food tout fièrement, le sourire débordant des lèvres. Il ne se préoccupa de savoir si la table était déjà occupée ou non, et en effet un homme la squattait déjà. Son seul projet se limitait à bouffer désormais. Alors il sortit son double burger, le reluqua attentivement à deux doigts de saliver comme un carnivore et dit :
- Je vais te dégommer toi, t'as même pas idée...
Chose promise, chose due. Le burger passa un sale quart d'heure, personne n'aimerait être à sa place et surtout pas le voisin d'Arthur qui devait très certainement s'interroger sur cet homme des cavernes qui trônait à ses côtés. Ce sagouin en foutait absolument partout, tâchant la table à plusieurs reprises avec de la sauce, quand elle ne dégoulinait pas sur ses doigts. Puis, à un moment donné, il lui vint à l'idée de s'intéresser à l'homme posé à ses côtés, qui l'observait sûrement depuis quelques secondes dans le silence. Il s'agissait d'un mec, fin trentenaire voire plus, brun, mal rasé avec une dégaine assez sympathique, il fallait bien le reconnaître. Peut-être qu'il jalousait en cachette le burger d'Arthur ?
- Oi quesche quiya ? Tu veux pfffendre un croc ?
L'interrogea-t-il très simplement, entrain de mâcher comme un veau, tout en tendant le burger aux double steak bien juteux vers son camarade de banc.
Arthur + Arthur = torture J'ai jamais réellement compris l'utilité des applications de rencontres. Enfin, déjà qu'à la base le simple fait de devoir m'inscrire sur un site internet pour rencontrer l'amour de ma vie, ou même celle de devoir faire semblant de m'intéresser à la vie d'une personne devant moi pour la séduire n'était pas vraiment pour moi, mais là, c'est le summum. Sûrement que je suis trop vieux pour ces conneries maintenant après tout, faudrait que je m'y fasse à ne plus suivre les nouveautés des jeunes d'aujourd'hui. Non loin de moi d'être un vieux con à toujours dire qu'avant c'était mieux, même si j'y pense bien au fond, j'imagine que je suis devenu trop lent pour rattraper toutes ces évolutions technologiques. Si seulement l'amour m'était tombé dessus lorsque la fougue de la jeunesse me complétait, pour enfin ne plus jalouser ceux et celles qui adorent me raconter à quel point leur histoire est idyllique depuis le lycée. Certains sont chanceux, d'autres s'appellent Arthur.
Et me voilà, comme un con, à attendre que mon "date" arrive enfin à l'heure à notre rendez-vous. Je devrais peut-être arrêter de croire que ça marchera et surtout d'être fou de penser qu'elle viendra voir un vieux en manque d'amour dans sa vie. Mais me revoilà, à patienter alors que ça va faire bientôt une heure que je suis ici, debout, devant un fast-food comme lieu de notre rendez-vous, du moins avant de n'aller autre part pour se connaître mieux. À quoi bon m'accrocher à ça ? Dans un long soupir, je supprime mon compte de cette stupide application avant de me résigner à me prendre un de leurs hamburgers dégueulasses ou juste profiter du fait d'être assis sur l'une des leurs chaises à je ne sais pas, stalker la vie des autres personnes en attendant que la journée se termine pour de bons. Bien évidemment, un tel endroit de la gastronomie australienne ne sert pas de hamburgers végétaliens, quel dommage. J'ai arrêté d'être surpris devant le menu en ne voyant pas le sigle des repas vegan tellement que j'en ai pris la triste habitude.
Assis proche la vitre, en face d'une femme beaucoup trop concentrée sur son live à l'eau de rose, je regarde le paysage qui se présente devant moi tout en essayant de me rappeler que j'ai acheté des frites. Autant la mort ne me fait pas peur, autant ne jamais trouver l'amour m'horrifie. Pour certains, ce n'est qu'une stupide question à se poser pour leurs misérables, ou alors qu'ils sont trop jeunes pour y songer ou trop vieux pour tenter de trouver chaussures à leurs pieds. Pour une fois, mes parents ont bien eu raison d'une chose concernant leur fils adoré, rien qu'à l'idée d'y croire que je suis en train d'être en accord avec eux, je ressens un frisson horrible parcourir mon corps. Celui-ci me réveille soudainement de mes longues pensées et je remarque enfin mon voisin de table. Je n'ai pas réellement suivi toutes leurs conversations, mais là voilà sortir de ses gonds. « Oi quesche quiya ? Tu veux pfffendre un croc ? » Il a quoi ? La vingtaine, un peu plus ? Je ne sais pas ce qu'il me voulait, sûrement qu'il pensait que j'avais quelque chose d'important à lui dire. « Plutôt crever que de pfffendre un croc. » Je lui donne volontiers mes frites, de toute façon, je n'ai pas faim. « C'est comme ça que tu dragues les femmes ? Avec du gras d'un animal mort autour de ta bouche ? Je ne sais pas toi, mais elle n'avait pas l'air à vouloir te sauter dessus.» Je prends le temps de l'examiner et hormis qu'il soit un beau gosse et que j'enviais sa peau de bébé, je remarque qu'il est en tenue sport. « Jogging ?»
Ça, c'était fait. Tant pis. Arthur se contenta d'un simple " ok " en haussant les épaules avant de retourner à sa délicieuse dégustation avec la finesse d'un ogre. Il nota le petit cheveu sur la langue de son interlocuteur, ne se doutant pas une seule seconde que l'homme se foutait de sa gueule en réalité, l'imitant effrontément lorsqu'il avait la bouche pleine. Heureusement, il se racheta avec un geste de grâce puisqu'il décida de partager ses frites, les décalant vers Arthur.
- Tu finis pas tes frites ?!
Le questionna-t-il, accompagné d'un pur regard de morfale. Quand il comprit que son voisin lui en faisait définitivement don, il se jeta dessus comme s'il n'avait pas bouffé depuis 7 jours, ce n'était pas comme s'il venait de s'engloutir un burger plus énorme que son poing et qu'il lui en restait un obtenu gratuitement par un habile tour de passe-passe auquel l'homme à côté de lui fit par ailleurs allusion. Visiblement, ce teuteu n'avait rien suivi à la scène, sinon il saurait que le blondinet ne s'était guère lancé dans une mission séduction avec la niaise de tout à l'heure, pour une fois, mais avait plutôt mis en place un plan diabolique pour lui extorquer son repas. Toutefois, il préféra s'en amuser, déglutissant violemment afin d'avaler sa frite à l'arrache et pouvoir se libérer les cordes vocales pour parler :
- Ça donne un côté primate et sauvage, les femmes adorent ça.. A part celle-la mais entre toi et moi, je ne suis pas sûr que ce soit une femme, elle avait des poils dans le pif...
Il abaissait la voix comme s'il lui confiait un secret telles deux copines en plein commérage. Il racontait n'importe quoi mais de toute façon, ce grand brun dont il ignorait le prénom semblait s'en contrefoutre dans le fond. Cependant, un autre détail avait fait tiquer le jeune Van Der Leen : l'homme qui lui fit don de ses frites paraissait quelque peu dégoûté par ce que consommait son voisin, que ce soit par les termes qu'il employait " du gras d'animal mort " ou sa tête déconfite à ce moment là, il affichait clairement un air répugné. Etait-ce la manière barbare dont Arthur dévorait son butin qui le laissait sur la touche ou n'aimait-il pas la viande ? Il avait connu une fille dans son passé, qui tirait la même tronche avec des remarques similaires lorsqu'on lui proposait de la viande, une végétarienne. Il ignorait si ce gars là en était un également mais ses réactions non dissimulées ressemblaient comme deux gouttes d'eau à cette personne. En tout cas, si l'inconnu était à côté de la plaque au sujet de la fille assise ici plus tôt, il faisait enfin preuve d'un bon sens de l'observation puisqu'il remarqua qu'Arthur revenait d'un jogging. En même temps, il suait comme un porc, on pouvait dire que l'indicateur sautait aux yeux, ou plutôt aux narines. Il profita de cette question à propos du jogging pour amener progressivement la discussion là où il le souhaitait afin de rassasier sa curiosité.
- Exact. J'ai couru, couru, couru et j'me suis retrouvé dans ce quartier sans m'en rendre compte. Maintenant, j'ai la dalle. T'as un appétit d'oiseau toi, t'as pas commandé de burger ?
Par cette question, il en aurait le coeur net, et de toute façon c'était une vraie remarque.. Ce gars, en plus d'être épais comme un sandwich triangle, ne semblait pas avoir grand chose dans son plateau. Arthur ne comprendrait jamais tous ces fous incapables de se faire péter le bide, c'était pourtant si bon comme sensation, presque aussi incroyable qu'un orgasme sexuel.
Arthur + Arthur = torture Il faut croire que le jeune à mes côtés fut surpris lorsque je lui ai cédé mes frites, une preuve de plus qui me prouve qu'il est bien trop accro à ce genre de nourritures infâmes pour tout. C'est dommage pour lui, il est plutôt beau gosse, il doit sûrement toutes les faire tourner ou tous, mais c'est surtout en le voyant en tenue de sport que je ne comprends pas du tout sa venue dans ce genre d'endroit. Ne devrait-il pas plutôt manger de la salade pour garder la ligne ? Bon, après tout, je m'en contre-fiche, il fait bien ce qu'il veut, ce n'est pas comme si je comptais devenir ami avec lui. Ou alors il doit être l'une de ces personnes à pouvoir manger ce qu'ils veulent sans jamais ne prendre un gramme de poids ou calories. Moi et les régimes ça n'a jamais été mon truc, pour être exact, je suis déjà en plein régime depuis que j'ai douze ans. Si c'était pour chier mes parents au début, j'avais pris l'habitude de ne plus manger tout ce qui contient des produits animaliers.
Le jeune blond m'explique sa rencontre avec la femme qui venait à peine de partir, l'air en colère et les traits de son visage bien trop sérieux qui lui donneront des rides plus tard. Je ricane à sa remarque sur ses poils dans le pif comme il dit, même si c'est méchant, je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un petit rire. En y repensant, je ne vois pas comment je pourrais rire à sa remarque quand on sait que je suis bisexuel, le genre et le sexe, je m'en moque tant que je suis attiré. Cependant, c'est une preuve que pour le jeune blond rien ne le fait vibrer que les courbes d'une femme, hétéro à cent pour-cent. Cela pourrait paraître bizarre cette manie de déchiffrer les personnes que je rencontre petit à petit, mais je n'y peux rien après tout, c'est de leur faute, ils ne réfléchissent jamais lorsqu'ils me parlent, à toujours y parsemer dans indices sur leur vie et personnalité. Je demande s'ils font la même chose quand il me rencontre ? Ce doit être marrant de connaître les clichés qu'ils peuvent penser de moi à la première vision. C'en est presque marrant de penser que moi-même, je ne suis pas très discret. J'ai cette habitude à être trop honnête, à ne jamais cacher mes émotions sur mon visage, un peu trop expressif à mon goût, mais c'est une bonne chose pour faire comprendre aux autres ce que je pense d'eux.
Puis il enchaîne sur cette partie un peu trop contradictoire, me décrit qu'il a couru et couru avant de se retrouver ici, comme si c'était le destin qui avait tiré son cul jusqu'ici. À croire qu'il essaie d'apprendre un peu plus sur moi en me demandant si j'ai un appétit d'oiseau et je lève un sourcil vers le ciel en me questionnant. Puis je comprends où il veut en venir, il a sûrement compris que je n'étais pas un consommateur de viandes, de pauvres animaux morts pour seulement assouvir les gros ventres d’égoïstes. « Non, je ne mange pas de viandes. Ni de poissons. Ni de plats qui contiennent des produits animaliers. En bref, j'suis vegan et je n'ai pas très faim non plus.» Je n'ai jamais caché de côté de chez moi et je ne compte jamais le faire. À quoi bon ? Je suis fier d'être ce que je suis et de ce que je mange dans mes assiettes, mais en aucun cas, je forcerai une personne à le devenir aussi. Bon, il est vrai, j'essaie quand même d'en dissuader certains à devenir au moins végétariens et je peux facilement devenir violent lors des manifestations, mais je ne vois pas la peine de forcer quelqu'un. « Pourquoi venir ici après le sport ? Tu n'as pas peur de tout gâcher tes efforts ? » J'sais pas pourquoi je suis encore là, assis sur cette foutue chaise dans ce fast-food à continuer à lui parler, mais faut bien admettre que je me fais chier et je n'ai pas grand chose à faire. Si au départ, je suis sorti pour un putain de date qui ne s'est jamais fait, me voilà à parler de tout et surtout de rien avec un jeune qui s'engouffre le ventre de conneries. « Tu dois avoir quoi, à peine la trentaine, je dirais ? Dis-moi à quoi sert les applications de rencontres parce que sincèrement, si c'est pour me poser un lapin à chaque fois, ce n'est pas la peine de continuer. » Ouais, me voilà à lui parler de ma vie petit à petit, je n'ai rien à perdre, je ne pense pas le revoir dans un futur proche de toute façon.
Arthur + Arthur = torture Les calculs se révélèrent exacts, l'oiseau égaré dans le fast-food admit sans une once de retenue son régime alimentaire, et il avait par ailleurs tout à fait raison de s'affirmer. Arthur s'en contrefichait royalement des régimes de tout à chacun, qu'ils soient véget, vegan, sans gluten, protéiné, empoisonné ou allez savoir quelle formule magique. En fait, il s'en battait allègrement les steaks de ce qu'il se passait dans l'assiette des autres tant qu'on ne venait pas se mêler de ce qui s'y trouvait dans la sienne. En revanche, lorsque des trous du cul se ramenaient de nulle part pour lui faire des leçons sur son alimentation, il avait tendance à réagir assez vivement c'est-à-dire en envoyant valser la nourriture incriminée dans la tête du moralisateur par exemple, comme à ce date en compagnie de cette meuf abominable l'autre soir. Elle se mêlait de son assiette alors il lui avait donné l'occasion de la voir de trés près. C'était un gars spontané Arthur. En même temps, il fallait le comprendre, il fit l'effort de l'emmener au restaurant, et cette ingrate s'était permise de commenter sa commande de façon chiante et acharnée. Après l'incident, il s'était barré en lui laissant le soin de payer la note. Cette pimbêche aussi rêche qu'une pêche avait obtenu ce qu'elle méritait. S'il avait su, il se serait contenté de l'inviter au tacos du coin. Il l'avait rencontré dans un supermarché, alors il s'était dit bêtement que ça ne pouvait que super bien marché.
Entre deux bouchées bien grasses, il répondit avec amusement :
- Mike Tyson aussi est vegan, pourtant il mange ses adversaires tout cru sur le ring. Tu ne portes pas de fringues issus d'animaux non plus, j'imagine ?
S'il s'en fichait éperdument sur le plan du jugement moral, cela ne l'empêchait pas de s'y intéresser histoire d'en apprendre plus sur son copain de table. Ils partageaient le même blaze mais cela s'arrêtait ici. Contrairement à Arthur tête brune, Arthur tête blonde n'était clairement pas dans l'analyse, déjà il n'aimait pas particulièrement décortiquer les gens, et le peu de fois où il essayait de jouer les fins psychanalystes ne lui réussissaient jamais. On est Freud ou on ne l'est pas. Il se basait uniquement sur son expérience pour se forger ses a priori, parfois cela tombait juste comme actuellement, parfois ça tombait à côté. En général, il préférait attendre que la personne se révèle en lui en posant une série de questions, c'était ainsi qu'il apprenait à connaître quelqu'un, bien qu'il lui arrivait d'interpréter certaines choses non explicites et non dites comme la plupart des gens, bien évidemment.
Puis, l'étranger du fast food s'interrogea sur la présence d'un tel sportif ici. Ce à quoi Arthur rétorqua simplement :
- J'ai faim alors je mange.
Autrement dit, le simple but de bouffer lui suffisait, peu importait le contenu tant qu'il le mâchait, le faisait passer dans sa gorge jusqu'à remplir son estomac. Sur cette jolie parole, il termina sa dernière bouchée avant d'ouvrir le second gentiment offert par l'autre troll avec ses vieux poils dans le pif. Quand il déballa la marchandise, il découvrit un minuscule hamburger avec seulement une tranche de jambon et un oeuf à l'intérieur. Il le referma et constata nonchalamment :
- Raah, qu'est-ce que c'est que ce sandwich de fillette ?
Ce qui ne le priva pas de le déglinguer en deux trois mouvements malgré tout tandis que l'étranger à sa table se mit à aborder un bien atypique sujet, dévoilant par la même occasion le motif de sa présence : un date. Surpris, Arthur figea quelques secondes son regard sur celui qui attendait une réponse, avec une subite envie de se marrer.
- Un date, ici ? Dans ce vieux fast-food qui sent le graillon ? Si elle vient, épouse-la direct, c'est qu'elle tient vraiment à toi
Commenta-t-il en éclatant de rire sincèrement après une courte pause. Il ne s'agissait aucunement d'un rire moqueur. En fait, il le trouvait bien drôle avec cette désinvolture qui lui rappelait presque la sienne. Même lui n'aurait pas osé inviter une femme ici, surtout pour une première rencontre. Ce gars avait sans doute du fromage blanc dans les circuits, et pourtant il était vegan. Puis, il finit par se reprendre et tilta quelque chose. - Peut-être que c'était la gonzesse à la moustache de tout à l'heure ? J'ai niqué ton date, tu veux que je la rattrape ? T'es peut-être passée à côté de la femme de ta vie par ma faute.
Arthur + Arthur = torture Le jeune n'est pas jamais long à la détente, à mes explications sur mon régime alimentaire, le voilà qui me réplique qu'un célèbre boxeur l'est aussi tout en finissant sur une blague par vraiment à mon goût. Ce jeune est sociable, facilement accessible, il n'a pas peur de dire ce qu'il pense et pourtant, il y a quelque chose qui me déplaît chez lui. Je ne saurais pas mettre le mot dessus, sûrement parce que je ne l'ai pas encore trouvé, mais c'est bien malheureux, moi qui apprécie généralement les personnes avenantes. C'est certainement dans sa façon de parler, de gesticuler, de dire tout haut ce qu'il ne pourra jamais penser tout bas, dire son avis pour tout comme pour rien. Oui, certainement à cause de ça. Ou alors pour sa petite misogynie mal caché, j'en sais trop rien et je ne m'y attarde pas trop, après tout, il est jeune, des conneries, il en fera encore et toujours.
Le blond ne se cache pas de ne jamais se priver d'un bon hamburger bien gras quand bien même les kilomètres qu'il a bien pu faire en courant, il s'en moque tant qu'il se fait plaisir. J'aimerais bien en faire autant, mais plus je vieillis et plus je dois faire attention à ma ligne. J'ai de la chance, dans un sens, de ne plus manger de viandes, j'évite ainsi des kilos en trop que les carnivores peuvent prendre bêtement. Le voilà à me répondre sur mon fameux rende-vous et je me demande encore pourquoi je lui ai posé une telle question. Je dois sûrement me faire chier, je n'ai rien d'autre à faire de la journée, j'essaie de mettre ces excuses de côté dans ma tête. « Oh non, je ne pense pas qu'elle viendra, elle m'a déjà posé un lapin. Je n'ai pas de chance sur ces applications de rencontre, c'est tout. » Du moins, c'est ce que j'essaie de me convaincre, car me dire que c'est peut-être à cause de mon âge ou de ma gueule me ferait bien trop mal à mon ego. Il parle encore de l'autre femme dont il ne s'est pas dérangé de lui gâcher son livre en lui racontant la fin, à ma grande surprise, je ne lui ai pas insulté, moi qui bosse désormais dans une librairie, j'ai facilement la haine lorsqu'une personne s'amuse à tout spoiler. « Non ce n'était pas elle, je sais à quoi mon "date" ressemble, elle m'a déjà montré une photo de sa tête. » Pendant une dixième de seconde, l'idée que, qui sait, ça aurait pu être la fameuse dame avec son livre me tourne dans l'esprit. « Quoique... elle aurait pu venir ici après m'avoir posé un lapin. Après tout, beaucoup mentent avec leur photo de profil, non ? » La question se pose aisément, je me dis, naïvement, que le petit jeune s'y connaît que moi à toutes ces applications sur les téléphones. Je suis de la vieille école, mais pas pour autant un vieux con. « Regarde. » Dis-je en fouillant sur mon téléphone l'application puis ensuite le profile de ce qui aurait dû être mon rendez-vous de l'après-midi. Je montre la photo au jeune. Une femme, brune, yeux tournant facilement aux verts aux premiers rayons du soleil, un peu plus jeune que moi. « Rien à voir avec l'autre. Tu penses que c'est du fake ? »
Le vieux (vu que tu m'appelles le "jeune" ) inspirait un sentiment étrange à Arthur. Il respirait à la fois la simplicité et la complexité. Il semblait se donner des airs assez faciles à vivre mais le blondinet pressentait un fort caractère si l'on se donnait la peine de creuser. Il ne parvenait pas du tout à cerner le personnage, ce qui n'était pas si étonnant quand on connaissait son peu d'intérêt pour l'analyse psychologique. Mais surtout, et c'était ce qui l'emmerdait : il ne savait pas s'il passait un bon moment ou non avec cet homme. Une espèce de malaise très peu palpable planait dans l'air. Cela dit, l'interrogation semblait réciproque. Ce n'était pas une question d'appréciation ou non, Arthur ne possédait pas assez d'éléments entre ses mains pour juger un gars qu'il venait à peine de rencontrer, mais une question d'ambiance. Mais pour être honnête, ce genre de réflexion était relayée au second plan, passant après son délicieux repas, il y pensa furtivement mais ne s'y attarda point. Le vioc était là, et il fallait faire avec, telle fut sa conclusion.
Ils continuèrent à discuter de son date la putain de lâcheuse, et Arthur apprit que ce n'était pas la première fois qu'elle le plantait comme une merde, sans prévenir. Un furtif froncement de sourcils gagna le front du jeune Arthur, qui ne comprenait pas comment ce vieux pouvait encaisser une telle humiliation aussi calmement, avec une face de résignée pareille. Détenant un fort sens de la solidarité masculine, l'australien chiait sur le comportement de certaines femmes modernes qui osaient se prendre pour des divas en traitant les mecs comme de vulgaires toutous à leurs pieds.
- Tu dois sacrément bien l'aimer pour lui laisser une seconde chance, c'était quoi son excuse la première fois ? Si une fille me plante au premier rancard, elle dégage illico.
Certaines pensaient que les hommes pouvaient libérer une journée pour elles, dans le vent. Un cruel manque de respect que le rebelle ne cautionnait guère. Si dans un premier temps, le vieux réfuta la théorie de la femme à moustache, il revint bien rapidement dessus après avoir cogité 10 secondes dans sa tête. L'hypothèse du fake se présenta devant eux, et ce n'était en effet pas une piste à écarter. Des histoires de fake sur internet, on en entendait parler à la pelle. Tous les "enfants" de la nouvelle génération née le nez dans la technologie détenait au moins un témoignage ou une expérience en rapport avec un fake. Par conséquent, Arthur se prit au jeu et approcha son visage du téléphone tendu pour constater la suspecte.
Sherlock Holmes et son fidèle associé Watson étaient dans la place ! De prime abord, une femme à peine plus jeune que lui, rien de choquant, à part peut-être.. :
- Elle est fraîche ! Tu t'fais pas chier toi...
Ce fut la première pensée que la photo lui évoqua, petit sourire taquin au bord des commissures, et à force d'analyse, il n'y trouva rien de détonnant. Elle était, certes charmante, mais la photo semblait authentique et puis, ce n'était pas non plus un mannequin des Victoria's secret, elle portait un physique assez abordable.
- Ok. T'as essayé de l'appeler ? Elle s'est peut-être perdue en chemin. Appelle-la !
L'encouragea-t-il en lui tapotant dans le dos avant qu'une femme ne pénètre dans le fast-food accompagné d'un visage familier... Mais ce n'était pas le visage qu'ils recherchaient. En fait, il s'agissait de la bonne femme de tout à l'heure. LE RETOUR ! Elle s'avança vers le comptoir pour demander son repas. Eh bien, elle était longue à la détente celle-là, elle venait seulement de réaliser qu'elle s'était barrée en furie sans sa commande. Le mec au comptoir lui baragouina quelque chose et désigna la table des Arthur du doigt... Oh-oh, alerte rouge. Il fourra la dernière immense bouchée entre ses lèvres et se força à avaler le plus rapidement possible pendant que la femme s'avançait vers la table :
La femme : Apparemment, vous avez quelque chose qui m'appartient..
Annonça-t-elle, méprisante au possible, tandis que le blondinet déglutit bruyamment la dernière preuve d'une accusation aussi odieuse, afin de se libérer les cordes vocales. Niveau discrétion... . Les yeux écarquillés comme un enfant pris sur le fait, il se décida à taquiner son cher voisin de table :
- C'pas moi, c'est lui !
Cet acte pouvait être interprété comme de la lâcheté, dans la mesure où il se déresponsabilisait de sa connerie. Mais en réalité, il souhaitait juste emmerder le vieux et voir comment il s'en sortirait face à cette situation, pris au dépourvu. Une sorte de test que notre joueur national aimait mettre en place, surtout à l'improviste comme ça.
Arthur + Arthur = torture Une seconde chance ? À croire que le petit blondinet n'écoute jamais les autres quand ils parlent, mais bon, je laisse dire sans faire de remarques. Il faut quand même avouer qu'il avait raison de ne pas laisser une deuxième chance à celle ou celui qui nous a déjà posé un lapin, je ne suis plus du tout jeune, je n'ai plus tout mon temps pour le consacrer à des personnes qui n'en méritent pas. Je pense sincèrement à arrêter de me servir des applications de rencontres, c'est un truc pour les jeunes d'aujourd'hui, moi, je suis encore resté aux pages précédentes.
Son petit commentaire, ma fois très vrai, m'a fait rire pendant un instant. J'imagine bien qu'avec un caractère comme lui, très sociable et avenant, lui donne de bons points pour se faire de nouvelles rencontres que ce soit purement amical ou pour s'amuser un soir. C'est con à dire, mais il me rappelle mon adolescence. J'étais tout aussi hyperactif, à toujours émettre des remarques bien plus excessives que les autres, mais surtout avoir cette aisance de parler amplement avec des inconnus de tout âge. Je ne dirais pas que je suis devenu un vieux con - encore heureux - mais je peux l'admettre que j'ai mûri et que je n'ai plus toute cette énergie qu'ils ont à leur âge. « Je peux te donner son numéro si tu veux, faut croire que je ne lui plais pas tant que ça. » Je plaisante avec lui, en fait, je ne compte pas du tout refiler son numéro à un anonyme, je n'imagine même pas la frayeur que ça pourrait lui créer. Il continue en me suggérant de l'appeler tout en me tapotant légèrement le dos comme pour m'encourager encore plus dans cette action. Certes, je n'ai pas pensé à l'appeler, préférant toujours la conversation par messages, j'ai toujours un peu de mal à téléphoner sans ne savoir déjà le son de sa voix. Qu'est-ce que j'y perds de toute façon ? Pas grand chose. Alors que je m'apprêtais à prendre son conseil au pied de la lettre, une voix féminine, plutôt familière, résonne au creux de mon oreille et je lève aussitôt les yeux vers celle-ci. Devant nous la fameuse femme dont le jeune a fait fuir, les sourcils foncés comme si quelque chose lui déplaisait. Au départ je ne comprends pas ce qu'elle nous reproche ni ce que l'autre me veut quand il m'accuse, mais j'arrive à me rappeler de l'hamburger qu'il a englouti précédemment et - évidemment - c'était celui de la femme. Je soupire, je trouve ça très enfantin, mais bon, venant de lui ça ne me surprend pas. « De toute façon ça vous fait quoi de savoir qui a mangé votre plat ? Vous êtes parti sans, vous imaginiez qu'on vous l'aurez garder précieusement avant votre retour ? » Je vois son visage changé de forme rapidement et c'est quand elle ouvre que je l'empêche de faire une remarque en lui coupant la parole : « Bah non. On compte pas vous le recracher pour vous faire plaisir, simplement, la prochaine fois n'oubliez pas vos affaires. » Et sur ça elle repart en faisant la gueule et en marmonnant certainement une insulte qui m'était destiné. « Il y en a qui ont vraiment un culot surdimensionné. J'ai quand même eu de la chance qu'elle ne soit pas sanguinaire, mais merci de ton aide en tous cas. » @Arthur Van der Leen :copyright: 2981 12289 0
Arthur + Arthur = torture Pas mal. La prestation du vieux mis à l'épreuve ne laissa pas le jeune indifférent. Il lui reconnaissait même un certain panache pour envoyer chier mais ce qu'il nota de plus précieux fût sa solidarité. En effet, a la grande surprise d'Arthur, le brun ne le dénonça pas aux crocs de cette tigresse affamée. Pourtant, ils ne se connaissaient pas, la conversation était étrange et il ne devait rien à Arthur mais il endossait la responsabilité sans broncher. Cet acte signifiait une seule chose : Monsieur possédait des principes bien tenaces, au-delà de ses affinités. Il serait apte à défendre son pire ennemi afin de ne pas trahir ses valeurs. Admiratif, le blondinet hocha discrètement de la tête, en signe de validation et le regard souriant, fixé sur le vieux croûton :
- Tres joli.
Souffla-t-il soigneusement tandis que le boxeur en fin de match se plaignit implicitement du comportement du blondinet, ne se privant pas de le lui faire remarquer avec un remerciement ironique :
- Pas de quoi. Tu t'es bien démerdé..
Sa main vint tapoter l'épaule de son voisin en guise de félicitations : - Au fait.. Je ne connais toujours pas ton nom... Moi c'est Arthur.
Van der Leen n'était jamais celui qui déclinait son prénom en premier d'habitude mais l'attitude héroïque de cet homme méritait qu'il fasse cet effort pour lui cette fois ci.
- Alors, tu comptes l'appeler cette fille ou t'attends que des feuilles te poussent sur la tête ? Jte préviens je te lache pas tant que je n'ai pas l'issue de cette histoire.
Et quand il disait qu'il ne le lâcherait pas, il rigolait pas. Leur rencontre inopinée s'arrêterait quand Monsieur le déciderait et pour le moment, il n'était pas convaincu. S'il devait faire le guetteur tout l'après-midi, il ne s'en priverait pas. Ce n'était pas ses affaires, il n'avait aucune foutue raison de s'en mêler mais il n'avait aussi rien de mieux à foutre de sa vie, sur le moment. Les jours de repos, il fallait savoir les improviser avec ce que Dieu nous mettait sur la route. Aujourd'hui c'était ce sale vioc plutôt cool.
Arthur + Arthur = torture Je ne mérite qu'une petite tape sur mon épaule comme remerciement que je rends par un timide sourire sans pour autant lui répondre. D'un coin de l'œil, je regarde l'heure affichée sur mon téléphone et je me dis que le temps passe bien trop vite. Je ne pensais pas rester ici aussi longtemps, mais faut croire que la vie réserve toujours des surprises. Le jeune à côté me dévoile son prénom et il fallait que l'ironie du sort nous donne le même prénom. « Je suis désolé, mais il ne peut y avoir qu'un seul Arthur dans cette ville et ce sera moi. » Et c'est ainsi que je lui révèle aussi mon prénom sur une touche d'humour.
Le jeune Arthur me demande ce que je compte faire avec mon fameux rendez-vous raté et c'est vrai que je n'y ai pas vraiment pensé. Je pourrais l'appeler, oui, mais pourquoi dire ? J'suis trop vieux maintenant, je n'ai plus le temps à prier et faire les yeux doux pour qu'une femme ou un homme veuille bien avoir un rendez-vous galant avec moi, j'ai plus le temps à chercher mes plus belles récitations pour les charmer non plus, je laisse tout ça aux jeunes d'aujourd'hui et puis ils sont beaucoup plus aptes que moi. Alors, à mon tour, je lui tapote l'épaule à ce petit gars. « Non, je ne compte pas l'appeler, ce n'est pas grave, elle a juste raté son meilleur rendez-vous. » Je n'en suis pas si sûr quand je le dis, mais je préfère toujours en rire. Je me lève petit à petit de ma chaise, retrouvant enfin l'usage de mes jambes après avoir été assis sur ce même tabouret. « Je ferais mieux de rentrer, j'ai des choses à faire encore. J'suis sûr qu'on se reverra Arthur numéro deux, d'ici là, arrête de te goinfrer de la malbouffe. Ciao. » Je suis bien conscient qu'il s'en branle de mon avis, mais il m'affiche quand même un grand sourire sur ses lèvres avant que je ne parte définitivement de cet endroit. Certes, on m'a posé un lapin, mais ça m'aura permis de faire une rencontre des plus pertinente.
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) inspirait un sentiment étrange à Arthur. Il respirait à la fois la simplicité et la complexité. Il semblait se donner des airs assez faciles à vivre mais le blondinet pressentait un fort caractère si l'on se donnait la peine de creuser. Il ne parvenait pas du tout à cerner le personnage, ce qui n'était pas si étonnant quand on connaissait son peu d'intérêt pour l'analyse psychologique. Mais surtout, et c'était ce qui l'emmerdait : il ne savait pas s'il passait un bon moment ou non avec cet homme. Une espèce de malaise très peu palpable planait dans l'air. Cela dit, l'interrogation semblait réciproque. Ce n'était pas une question d'appréciation ou non, Arthur ne possédait pas assez d'éléments entre ses mains pour juger un gars qu'il venait à peine de rencontrer, mais une question d'ambiance.