« Caleb, c'est ça? » bon, okay, je sais tout de suite ce que vous pensez. J'ai pas affaire ici, c'est absolument impoli et tout sauf professionnel que je me sois faufilé de la salle à la cuisine, que je sois resté dans l'embrasure de la porte assez longtemps pour qu'on me le reproche avec raison. Et c'est encore plus étrange que je connaisse son prénom quand il en sait rien du mien, et que je l'accoste comme ça à la seconde où il passe devant moi et où, ma voix haut perchée aidant pas, on commence à remarquer ma présence intrusive en aparté. « Je suis creep, pardon, mais j'ai fouillé. » j'ai fouillé sur le site web du restaurant pour trouver le nom du chef, j'ai fouillé quand je l'ai su pour savoir d'où il sortait, pour finir par découvrir qu'il avait monté l'affaire tout seul, qu'il gérait ça comme un maître depuis un bon moment déjà.
Je sais bien que mon temps est compté, qu'ils vont soit me forcer à mettre un filet sur ma tête ou qu'ils vont calmement - et sans équivoque - me montrer la porte dans les prochaines secondes, du coup, faut que je fasse vite sur la raison qui motive ma venue - improvisée et tout sauf bienvenue. « C'est parce que je suis venu manger ici y'a un moment, et c'était tellement bon, attends, je te trouve le truc que j'ai pris sur le menu, j'en salive encore. » ok, j'abrège, je dis pas par tous les onomatopées que je suis passé rien que pour exprimer comment ce qui se trouvait dans mon assiette, ce que je cherche aussi désespérément parmi les plats qui passent sous mon nez, ignorant volontairement le fait qu'ils doivent tous être en service et que donc, mes frasques de groupie, j'aurais pu les garder pour un moment un peu plus calme en cuisine. « J'ai un café à Logan city et on veut bosser sur le menu. » vas-y Matt, tu peux le faire, accouche une bonne fois pour toute de ton idée que chacun puisse retourner à sa vie. « T'aurais envie de travailler sur ça? Avec nous? Avec moi? Promis, si tu dis non je commande juste deux trois trucs et après tu me reverras plus jamais. »
C'est un peu comme ça que je lui propose de faire des affaires avec moi. C'est un peu comme ça que je le pousse dans ses retranchements aussi. Parce qu'il y a des oreilles qui nous écoutent, parce qu'il est entouré de son équipe, parce que je fais clairement pas le bonheur de qui que ce soit d'être là et de pas bouger sauf quand ils passent à ma droite et à ma gauche avec des plateaux dans les mains, des clients à servir. Je sais que j'aurais pu juste téléphoner. Je sais que ç'aurait probablement été bien plus simple si j'avais juste envoyé un courriel, ou si j'avais pris rendez-vous comme les adultes font pour ce genre de choses. Mais j'ai eu l'idée ce matin, en me réveillant en sursaut. Flash de génie. Et depuis que Scarlett habite plus à l'appart avec moi, j'ai personne au day to day pour m'empêcher de faire des conneries à peine j'ai mis le pied hors du lit. Sa faute à elle si vous me demandez.
Le service de ce midi est chargé, le restaurant est complet. Revenant à peine d’un arrêt maladie de quelques jours je n’ai même pas le temps de souffler un peu et de me remettre dans le bain avec un midi plutôt calme. Mais c’est aussi en partie pour ça que j’aime mon métier, c’est speed, on bouge tout le temps et je peux faire parler ma créativité et mon imagination en revisitant les plus grands plats de la gastronomie française. Quand je bosse je n'ai pas le temps de penser et de laisser mes emmerdes venir me pourrir ici. Parce que je dois rester concentré en m'assurant que le service se passe dans les meilleures conditions possibles, que ce soit en cuisine, en salle, et même pour les clients. Je dois être partout à la fois sans jamais faire aucune erreur. Et pour en arriver là, pour que le restaurant soit rempli aussi souvent, j’ai galéré. J’ai bossé pendant plusieurs années, j’y ai investi toute mon énergie et toutes mes économies mais ça a fini par payer. Moi, je pars du principe que dans la vie tout est possible, il suffit de s’en donner les moyens. Et aujourd’hui comme tous les autres jours, je suis concentré sur tout ce que je fais, je jette un coup d’œil rapide à chacune des assiettes avant qu’elles ne partent en salle. Ça c’est mon côté perfectionniste et légèrement control freak qui ressort. Mais en même temps il est hors de question que je laisse une assiette pas parfaite quitter cette cuisine. Je veux que les clients soient satisfaits non seulement de la qualité gustative des plats mais aussi de leur visuel. C’est au moment où je remarque une assiette avec un petit quelque chose qui ne me plaît pas qu’une voix qui m’est complètement inconnue s’adresse à moi. « Caleb, c'est ça? » Je fronce les sourcils et me retourne pour me retrouver face à un homme que je connais absolument pas. Depuis quand on laisse les clients – même pire, les inconnus – entrer dans la cuisine comme ça ? Je me retrouve pris de court ne sachant même pas quoi lui répondre. « Je suis creep, pardon, mais j'ai fouillé. » Mais qui est ce mec ? Comment ça, il a fouillé ? Et oui je confirme, son arrivée et ses premières phrases sont légèrement creepy. « Euh…ouais, enfin désolé mais t’as rien à faire dans ma cuisine par contre. T’es qui exactement ? » Je ne suis pas désagréable envers lui mais surtout intrigué et un peu perdu, je vous l’avoue.
Je le regarde un court instant, il n’a pas le look ni la tête d’un inspecteur sanitaire venant faire une visite de contrôle surprise et surtout en général ils ne viennent à l’heure du coup de feu. Quand ces gens-là arrivent pour vérifier les moindres recoins de ma cuisine, c’est toujours un mauvais moment beaucoup trop stressant à passer. Bien que je sache pertinemment que je n’ai rien à me reprocher, ma cuisine est très propre, je prends soin de tous mes produits, respecte tous les protocoles et toutes les règles de sécurité. « C'est parce que je suis venu manger ici y'a un moment, et c'était tellement bon, attends, je te trouve le truc que j'ai pris sur le menu, j'en salive encore. » Il y a un moment ? Donc il n’a même pas mangé ici ce midi ce midi ? D’accord…alors me voilà encore plus intrigué par sa présence ici dans ma cuisine. Je me tiens encore face à lui en plein milieu du passage, et je finis par me décaler pour laisser passer plus facilement les serveurs qui entrent et sortent avec des assiettes pleines pour aller les apporter aux clients. « Merci. » Je commence par le remercier parce que même si je ne comprends pas très bien où il veut en venir il vient quand même de me dire qu’il appréciait ma cuisine. « Donc t’es venu jusqu’ici pour me dire qu’un jour t’as mangé ici et que c’était bon ? » Je lui demande, un peu confus. Pourquoi est-ce qu’il ne m’a pas fait ces compliments le jour-même où il est venu ici manger ? C’est intriguant et même un peu bizarre, et pile au moment où je m’apprête à lui demander à nouveau les véritables raisons de sa venue aujourd’hui il reprend la parole. « J'ai un café à Logan city et on veut bosser sur le menu. T'aurais envie de travailler sur ça? Avec nous? Avec moi? Promis, si tu dis non je commande juste deux trois trucs et après tu me reverras plus jamais. » Je l’avais pas vu venir celle-là. Il me propose de faire affaire avec lui si je comprends bien ? Pris de court, je ne lui réponds pas tout de suite. Il tient à café à Logan City et il voudrait que je travaille sur le menu avec lui. Ou plutôt avec « eux » les personnes avec qui il gère l’établissement je suppose. Après une poignée de secondes de silence, je reprends enfin la parole. « Attends-moi deux minutes.» Je ne lui réponds ni oui, ni non et je m’éloigne de lui pour m’enfoncer un peu plus dans la cuisine. Jetant des brefs regards vers lui, je demande au sous-chef de me remplacer un moment. Avant de lui donner une réponse définitive j’ai besoin d’en savoir plus, même si l’idée me semble potentiellement intéressante. « Viens avec moi, on va en parler dans mon bureau on sera plus au calme. » Je lui dis tout en avançant vers ledit bureau. Et effectivement, on est beaucoup mieux et plus au calme dans mon bureau, ça sera sûrement plus simple de discuter de tout ça. La porte fermée, tous les deux installés, je me lance. « Donc… » Je me rends compte qu’il connait mon prénom mais moi je ne connais pas encore le sien – ou bien il me l’a dit et je ne m’en souviens plus c’est possible aussi. – « Tu t’appelles comment déjà ? » Je me remémore les informations qu’il m’a données tout à l’heure alors que nous étions en plein milieu de la cuisine à gêner le passage de tout le monde. « T’es propriétaire du DBD c’est ça ? » Il m’a parlé d’un café à Logan City et c’est le seul que je connaisse vraiment, ou du moins le seul qui me vienne à l’esprit dans l’immédiat.
Ça grouille, ça bouge, je suis clairement dans le chemin de quatorze personnes là maintenant, et de quatorze autres la seconde qui suit. « Euh…ouais, enfin désolé mais t’as rien à faire dans ma cuisine par contre. T’es qui exactement ? » oula, le gars, je capte que ça se fait pas ce que je suis en train de faire justement. Ça m'en a pris beaucoup vous me direz, c'est pas donné à tout le monde d'être perspicace je répondrai, et pendant ce temps-là Caleb continue de me fixer, et je continue d'être le pire lourd de l'histoire de l'humanité dans sa cuisine. « Matt McGrath, mais ça te dira sûrement absolument rien. » et je m'en offusquerai pas bien sûr. Surtout quand on sait que la majorité du temps, quand on s'adresse à moi, c'est soit par des surnoms de merde qui traînent dans mon sillage depuis la fac, soit par des insultes le sourire aux lèvres parce que j'assume d'être l'idiot de service 24/7. C'est rare donc, que je me présente par mon nom surtout presque complet. Matthew, je garde ça pour les parents par contre. « Donc t’es venu jusqu’ici pour me dire qu’un jour t’as mangé ici et que c’était bon ? » j'hausse les épaules, l'excuse me semblait suffisante, mais en même temps, il doit être habitué à recevoir des compliments sur sa bouffe, les miens sont sûrement pas les premiers ni les derniers.
Et il me remercie le gars. Il me remercie, et il me dit même « Attends-moi deux minutes. » comme si j'étais pas un boulet, comme si j'avais affaire ici, comme si j'étais pas la perruque (et pas juste le cheveu) dans la soupe. « Viens avec moi, on va en parler dans mon bureau on sera plus au calme. » ouh. C'est là où j'aurais dû me sentir comme un ado qu'on gronde, qu'on amène dans le bureau du directeur pour le disputer, pour lui faire miroiter l'option de l'expulsion du lycée s'il ne se comporte pas comme un adulte. Mais je suis nettement tellement content qu'il m'ait juste pas foutu à la porte que je suis au pas, son sillage qui devient le mien, et son bureau qui fait bien plus classe que celui que je me suis approximativement aménagé au DBD dans la réserve entre les différents barils de ma bière que je laisse mariner ces temps-ci. « Tu t’appelles comment déjà ? » « Matt. » ma main se tend avec une stupidité alarmante vers Caleb, mais si je suis ici pour être un adulte, ou pour tenter de, autant faire les choses bien. « T’es propriétaire du DBD c’est ça ? »
Ma tête que je hoche d'office, j'ai appris avec le temps à arrêter de bomber le torse quand on parle de mon café-bar comme si c'était mon enfant prodige, le gamin qui ramène que des A+ à la maison. Mais il la verra sans aucun doute la lueur de fierté dans mon regard, c'est assuré. « Yep. Tu connais? » duh, il connaît sinon il l'aurait pas mentionné, tu penses quoi du con? Sérieux Matt, des fois, tu m'exaspères. « Parce que t'es jamais venu me déranger sur mon lieu de travail en pleine heure de pointe, du coup, je demande. » et je laisse un fin sourire en coin orner mes lèvres, moqueur, plus qu'abonné à l'auto-dérision. En même temps, avec la personnalité que j'avais, c'était du normal que je rigole de moi et de mes frasques sur une base régulière. « Désolé mec, j'ai pas pensé. » celui-là, il vient du fond du coeur. J'espère qu'il m'en tiendra pas trop longtemps rigueur.
« Alors je t'explique, et tu me dis si t'as envie. Rien oblige personne hen. » je m'installe sur une chaise qui est beaucoup plus confortable que les boîtes de carton pleines installées autour de la table chambranlante dans mon bureau à moi, dégaine des feuilles pliées savamment dans la poche de ma veste que je lisse comme il faut avant de les lui tendre. « J'ai amené le menu qu'on a actuellement, c'est pas glorieux, on fait avec ce qu'on peut. » mes mots pallient les détails, c'est beaucoup, c'est à l'improviste, et peut-être même, c'est pas du tout son truc. « En fait, je sais même pas si c'est quelque chose que tu fais? Travailler sur les menus des autres? » du coup je le dédouane direct. Au cas où.
Ce qui est en train de se passer est à peine croyable. Il y a ce mec que je ne connais absolument pas, que je n’ai même jamais vu de ma vie, qui vient de débarquer dans ma cuisine, en plein coup de feu. C’est de la folie et si je pensais que c’était le genre de chose qui ne pouvait arriver que dans les films je me trompais. Parce qu’il est bel et bien là, à me dire tout un tas de choses incompréhensibles. « Matt McGrath, mais ça te dira sûrement absolument rien. » Je fronce les sourcils, effectivement ça ne me dit absolument rien. J’essaie d’en savoir plus en lui demandant de m’expliquer un peu plus sa présence ici parce que je suis quelqu’un de sympa, je vous assure, la plupart de mes proches pourront même vous dire que j’ai peut-être tendance à être un peu trop gentil. Mais ce mec n’a rien à faire ici et s’il ne me fournit pas une explication valable sur sa présence de ma cuisine, je vais devoir mettre ma gentillesse de côté et lui demander de partir. Il commence par me dire qu’il aime ma cuisine et forcément ce compliment me touche et me fait plaisir alors je le remercie, et puis il me parle d’un café à Logan City et de son envie de bosser sur le menu…avec moi ? Si j’ai bien compris. Alors après avoir demandé à mon sous-chef de me remplacer pendant un temps je guide le mystérieux inconnu – dont j’ai déjà oublié le nom, Alzheimer me guette. – Une fois dans mon bureau je m’installe et l’invite à faire de même. On est au calme et je pense pouvoir me concentrer un peu plus facilement sur ce qu’il a à me dire. Une nouvelle fois, je lui redemande son nom en espérant qu’il ne se vexe pas de ma mémoire de poisson rouge. « Matt. » J’acquiesce d’un signe de tête tout en notant dans un coin de ma tête son nom, et puis je lui serre la main qu’il me tend. « Enchanté. Moi c’est Caleb. Enfin tu le sais déjà ça…apparemment. » Et d’ailleurs je pourrais potentiellement trouver ça assez étrange qu’il connaisse mon prénom parce que je suis vraiment persuadé qu’il s’agit de la première fois que nos chemins se croisent. « …et comment tu le sais d’ailleurs ? » Je lui demande, sincèrement intrigué mais de toute façon c’est pas pour ça qu’il est ici. Je me remémore les mots qu’il a utilisés tout à l’heure ; café à Logan City et nouveau menu. Alors je recentre un peu la conversation, pas que je n’ai pas envie de faire connaissance en soit, ça serait avec plaisir mais j’aimerais d’abord comprendre un pour mieux les raisons de sa venue. « Yep. Tu connais? » Je réponds d’un simple signe de tête, oui je connais et malheureusement ma dernière visite ne m’en a pas laissé un merveilleux souvenir. Rien à avoir avec le café en lui-même ni même le service là-bas. Mais c’est là-bas que j’avais retrouvé Alex quelques semaines après avoir appris qu’elle avait abandonné notre enfant huit ans plus tôt sans jamais m’en avoir parlé avant. Alors forcément, ça ne me laisse pas le meilleur souvenir de cet endroit parce que la conversation que nous avions eu ce jour-là avait été horrible. « Parce que t'es jamais venu me déranger sur mon lieu de travail en pleine heure de pointe, du coup, je demande. » Sa réflexion a le mérite de me faire rire, il a de l’humour et de l’autodérision c’est bien ça me plaît. « Ah mais t’étais le prochain sur ma liste. » Faux. Mais bon il le comprendra bien, il ne doit pas être con si c’est lui le patron d’un café aussi bien député que le DBD. « Désolé mec, j'ai pas pensé. » Je hausse les épaules. Certes, il aurait dû faire les choses autrement et sûrement essayer de me contacter avant de débarquer dans ma cuisine comme ça, en venant de nulle part mais c’est pas non plus dramatique. « Ça va c’est pas grave. Juste, la prochaine fois appelle ou évite de venir à midi. » Je lui réponds dans un petit rire. Et puis s’il a quelque chose à me proposer en rapport avec la cuisine, forcément il m’intéresse et je veux en savoir plus. « Alors je t'explique, et tu me dis si t'as envie. Rien oblige personne hen. » Je le laisse s’installer, là, il a gagné toute mon attention alors qu’il sort de la poche de sa veste des feuilles qu’il me tend. Je suppose qu’il s’agit du menu actuel de son café ? « J'ai amené le menu qu'on a actuellement, c'est pas glorieux, on fait avec ce qu'on peut. » Oh mais s’il savait que je ne suis personne pour juger. Et puis quand on sait que ma copine est sûrement la pire cuisinière qui existe à Brisbane, je suis plutôt mal placé pour la ramener. Je scrute avec attention tous les plats inscrits sur la carte, une main posée sur mon menton. « En fait, je sais même pas si c'est quelque chose que tu fais? Travailler sur les menus des autres? » Je relève le regard vers lui. C’est très simple : on ne m’a jamais proposé une telle chose. La seule carte sur laquelle j’ai travaillé – et que je retravaille très régulièrement – c’est la mienne. «J’ai jamais fait ça en fait. » Je lui avoue avant de lui rendre les feuilles. « Mais je suis pas contre ! J’aime bien me lancer des nouveaux défis. » Toujours. Se lancer des défis, des challenges et travailler dur pour être toujours meilleur, être à la recherche de la perfection dans tous mes projets. C’est moi. Je suis comme ça et je l’ai toujours été. Et en plus de tout ça je suis très exigeant avec moi-même. « Tu voudrais servir quel genre de nourriture ? » Je n’ai pas encore dit oui mais je n’ai clairement pas dit non. Son projet m’intéresse et avant de lui donner une réponse définitive j’ai besoin d’en savoir un peu plus sur ses attentes.
« Enchanté. Moi c’est Caleb. Enfin tu le sais déjà ça…apparemment… et comment tu le sais d’ailleurs ? » « J'ai peaufiné mes capacités de stalker au fil des années à me cacher dans les buissons et à suivre les gens avec quelques mètres de retard sur eux. » que je réponds du tac au tac, con pour vrai. La vérité c'est que s'il accepte mon offre et qu'on finit par bosser ensemble, il a tout à gagner à apprendre d'emblée à quel point je peux être lourd. Là, c'est faveur, je lui fais la version crash course amélioré, le Matt McGrath 101 en format accéléré. Mais j'ai pas non plus envie de gâcher toutes mes chances à cause de mon idiotie, et c'est probablement pourquoi je rattrape le tir une poignée de secondes à peine ensuite. « C'est écrit sur votre site web, qui est le chef et proprio de l'endroit. » j'ai juste bien fait mes recherches en vrai. Parce que je m'implique pas avec n'importe qui, parce que je bosse pas avec n'importe qui. Et parce que si je veux partager une bribe du DBD avec quelqu'un, je veux m'assurer que ce soit un bon fit, que ce soit une bonne personne pour mon commerce, aussi égoïste je peux avoir l'air. Et lui, Caleb, je lui fais confiance déjà. Ça se sent, ces choses-là.
Je le vois, son sourire en coin, il rigole un peu, il comprend le boulet que je suis, il en tient pas rigueur. Tant mieux. « Ah mais t’étais le prochain sur ma liste. » mes excuses sont sincères, il les attrape au vol sans insister ni même menacer de quoi que ce soit. Il est cool en vrai, il a pas l'air stressé ni stressant ; ce qui, dans un domaine comme le nôtre, est pas chose courante. On est toujours sous pression, on est toujours à bosser des heures pas possible pour des gens qui la majorité du temps prennent notre travail pour acquis. De voir qu'il est pas atteint, de voir qu'il prend relativement les choses à la légère quand c'est possible, ça aussi, ça me fait l'apprécier un peu plus, me conforter dans mon choix de collaboration. « Ça va c’est pas grave. Juste, la prochaine fois appelle ou évite de venir à midi. » « Sinon, j'avais pensé sinon me pointer chez toi, en pleine nuit, à hurler à te fenêtre. Non, ou non? » évidemment faut que j'ai le dernier mot, j'serais pas moi si c'était pas le cas.
« J’ai jamais fait ça en fait. Mais je suis pas contre ! J’aime bien me lancer des nouveaux défis. » j'ai l'air du premier de classe à lui filer mes notes, à le laisser se mettre le nez dans mes dossiers en attendant (lire ici : le fixer avec ardeur) le temps qu'il passe à travers tout ça et me revienne avec son état des choses. « Et je te dis, t'aurais carte blanche, ça serait vraiment ton terrain de jeu à toi. » j'ai pas envie de faire ça avec quelqu'un qui m'obéira au doigt et à l'oeil. J'ai clairement pas les connaissances ni les ressources, je l'ai appris à la dure quand j'ai moi-même tenté de monter le menu et que je me suis énervé, lassé, blasé à même pas en avoir fini que déjà je détestais ce à quoi j'avais pensé. Il est pas un dernier recours non plus, mais il est un sauveur en bonne et dûe forme. J'ai l'air dramatique, là de suite, avouez. « Tu voudrais servir quel genre de nourriture ? »
Il me rattrape au vol quand je me perdais dans ma tête à savoir ce que j'allais commander ici avant de repartir, je reprends donc mes papiers et autres notes pêle-mêle, ayant même pas besoin de réfléchir à comment lui pitcher la chose que déjà je m'emballe. « On a pas d'installations hyper élaborées, mais on a de l'espace pour cuisiner quand même. » la réserve peut facilement être agrandie pour y ajouter un peu plus de fourneaux et frigos si besoin, l'annexe a également un bon endroit qui peut être adapté. C'est tout pensé avec les câblages d'électricité que les gars des rénos ont mis lors des récentes constructions. « J'avais pensé y aller avec les arrivages? Genre avoir quelques trucs qui sont toujours sur le menu, avec deux ou trois options qui s'inspireraient de ce qu'il y a de disponible au marché. » ce serait mentir de dire que j'aimais pas le côté très local de tout ça, que de mettre de l'avant les ingrédients dispos rendait le challenge encore plus intéressant, mais bien sûr, ça implique aussi que « Ça voudrait dire qu'une fois par mois, faudrait que tu m'endures pour qu'on imagine ces plats-là. Je sais, j'en demande beaucoup. »
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Je sais que tout le monde doit te dire mais j'ai binge You hier et te répondre m'a fait tout drôle ahahahahaha pardon
Si on en oublie son côté un peu maladroit, il n’a pas vraiment l’air méchant au fond. Il aurait juste peut-être dû s’y prendre autrement, mais en soit je m’en fous un peu. Je suis presque rassuré d’entendre ses explications, parce qu’il aurait toujours pu être un psychopathe après tout. « J'ai peaufiné mes capacités de stalker au fil des années à me cacher dans les buissons et à suivre les gens avec quelques mètres de retard sur eux. » Oui bon, faites comme si je n’avais rien dit. Je pourrais presque le croire. Je l’imagine déjà enfiler une cape d’invisibilité à la Harry Potter pour suivre mes moindres mouvements. Ça pourrait me faire flipper, mais on sent directement qu’il n’est pas sérieux – et heureusement d’ailleurs – il répond au tac-au-tac sans même y réfléchir et c’est peut-être ça qui est assez amusant. « C'est écrit sur votre site web, qui est le chef et proprio de l'endroit. » Bien évidemment. Mon site. Vous voyez, je suis tellement peu attaché au monde de l’internet que j’en oublie presque que j’ai connu Sohan en l’engageant pour s’occuper de mon site et que sur celui-ci il y a ce genre d’informations. Je hoche doucement la tête, j’aurais dû faire le rapprochement moi-même de toute façon. « Sinon, j'avais pensé sinon me pointer chez toi, en pleine nuit, à hurler à te fenêtre. Non, ou non? » Une nouvelle remarque de sa part qui me fait rire et j’en vendrais presque à me demander s’il prépare toutes ses punchlines en avance ou si c’est vraiment naturel chez lui. « En général dans les films ce genre de scène c’est quand le mec a fait une connerie et qu’il veut se racheter en disant à sa copine ô combien il l’aime… » Le mec jette des cailloux sur la fenêtre de sa bien-aimée, s’ils veulent ajouter un peu de comédie le verre se casse, la fille regarde par la fenêtre en voyant son petit-ami, elle va sourire ou bien l’engueuler parce qu’il l’a réveillé en pleine nuit. Ça se passe toujours comme ça dans les films. Ou presque. « ...heureusement que t’as pas choisi cette option, ça aurait été encore plus bizarre et là je t’aurais pas laissé une chance de t’expliquer. » Parce qu’il n’y a pas plus creepy qu’un inconnu en bas de sa fenêtre en pleine nuit.
Il finit par me dévoiler les véritables raisons de sa venue et je ne suis pas déçu, bien au contraire. Ce matin en me levant je ne m’attendais pas à ce que le gérant du DBD vienne me proposer une collaboration. Je n’ai pas envie de refuser mais avant d’accepter j’ai besoin d’en savoir plus. « Et je te dis, t'aurais carte blanche, ça serait vraiment ton terrain de jeu à toi. » Je pense qu’il s’agit de la plus belle phrase que l’on puisse dire à un cuisinier. T’as carte blanche, tu fais ce que tu veux du menu. Sa proposition me semble de plus en plus intéressante mais je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi il m’a choisi moi. Il y a beaucoup de restaurants à Brisbane, de très bons, et des chefs certainement – j’en suis même sûr – bien plus talentueux et doué que moi. C’est mon terrain de jeu comme il le dit, j’ai carte blanche, je peux imaginer ce que je veux, tout ce que je veux. Ou presque. Parce que j’ai quand même besoin de savoir dans quelle direction je dois partir, c’est son établissement, pas le mien. J’ai besoin qu’il guide ma réflexion avec ce qu’il imagine servir à ses clients. « On a pas d'installations hyper élaborées, mais on a de l'espace pour cuisiner quand même. » D’accord. Une nouvelle fois je hoche la tête et je me dis que je vais avoir besoin de voir sa cuisine pour pouvoir avancer un peu plus dans ma réflexion. « J'avais pensé y aller avec les arrivages? Genre avoir quelques trucs qui sont toujours sur le menu, avec deux ou trois options qui s'inspireraient de ce qu'il y a de disponible au marché. Ça voudrait dire qu'une fois par mois, faudrait que tu m'endures pour qu'on imagine ces plats-là. Je sais, j'en demande beaucoup. » Garder des éléments du menu pour les mélanger avec ce qu’on trouve sur le marché du moment ça me plaît assez bien, il a de bonnes idées, Matt. « Je vais avoir besoin de voir ton espace de cuisine. » Je reprends enfin la parole. Je l’ai laissé s’exprimer, m’exposer un peu plus son idée. « Pour que je puisse voir un peu le matériel que tu as déjà. » Parce que pour bien cuisiner, du matériel il en faut et de la bonne qualité en plus. Est-ce que ça serait mon côté perfectionniste qui ressort ? Oui, certainement mais je pense que c’est aussi grâce à mon perfectionnisme que j’ai réussi à arriver là où j’en suis maintenant. Acheter des locaux et ouvrir son propre restaurant à seulement vingt-cinq ans c’était ambitieux de ma part. Alors je me suis mis à être encore plus perfectionniste et plus exigeant sur mon travail. « T’as une petite équipe en cuisine ou c’est toi aussi derrière les fourneaux ? » Histoire de savoir aussi s’il y aura des professionnels qui connaissent déjà bien leur métier. Je m’invite presque dans son bar sans vraiment lui demander s’il serait d’accord pour me laisser entrer dans sa cuisine, mais en même temps il n’avait demandé à personne non plus pour entrer dans ma cuisine tout à l’heure, non ? Au moins je le préviens, c’est déjà ça. Je lui pose des questions toujours dans le même objectif : mieux comprendre et pouvoir visualiser davantage les possibilités. « Honnêtement j’aime bien ton idée. Et travailler sur un menu c’est toujours amusant. » Oui je viens de dire que je trouve ça amusant. Parce que c’est la vérité, la cuisine c’est pas seulement mon boulot, c’est une vraie passion et être derrière les fourneaux ou à imaginer des revisites et des nouvelles recettes, pour moi c’est toujours la définition d’un super divertissement. « Bon, par contre je te préviens, ça se voit peut-être pas comme ça mais moi aussi je peux être assez chiant quand je m’y mets. » Mon besoin de toujours tout contrôler, mon perfectionnisme, ma tendance à l’acharnement au travail, mon exigence envers moi-même et envers les autres aussi. Je sais que ça peut déplaire, alors je préfère prévenir.
Ça fait du sens tout ça. Ou ça en fait tellement pas que j'en invente, je saurais pas dire, mais dans les deux cas je sens que malgré tout ce que j'ai bien pu faire il me prend pas pour un fou à lier, pour un psychopathe prêt à lui sauter à la gorge et ça c'est une belle victoire en soit. « Je vais avoir besoin de voir ton espace de cuisine. » « Ouais, à propos de ça... » oh, mon pauvre gars. La vérité c'est que c'est pas si mal en vrai, qu'on a de quoi faire avec l'annexe, qu'on pourrait vraiment construire un truc bien, pas nécessairement immense ni digne d'un restaurant comme le sien, mais y'a l'espace pour faire une cuisine fonctionnelle, pour mettre en place de quoi de bien, vraiment. « Pour que je puisse voir un peu le matériel que tu as déjà. » mon sourire de conquérant revient se positionner sur mon visage, un « Je suis ouvert à l'acquisition. » prévu pour lui faire comprendre que non, on est pas dans l'optique d'avoir déjà tout de placé MAIS que selon ses recommandations je ferai en conséquence.
« T’as une petite équipe en cuisine ou c’est toi aussi derrière les fourneaux ? » c'est moi où il commence déjà à être foutument utile? Il pose les bonnes questions, il aligne la conversation exactement là où mes conneries et autres bêtises l'amenaient pas et j'ai d'office l'impression qu'il a accepté sans même avoir dit les mots exacts qui le confirmaient. « Personne est attitré mais je pense qu'il y a quand même deux trois parmi eux qui voudraient mettre la main à la pâte avec moi. » je leur demanderai, j'ai déjà hâte de voir qui voudra tenter. Pour ma part je suis pas du tout dérangé de tout faire tout seul, j'ai l'habitude à force - sauf aujourd'hui avec lui. Et franchement, ça fait pas aussi mal que ce que j'aurais pensé de déléguer une partie de mon commerce, même temporairement et pour un but précis à quelqu'un. Faudra que je réitère. « Honnêtement j’aime bien ton idée. Et travailler sur un menu c’est toujours amusant. » ça, c'est ce que je voulais entendre. L'expression de gamin enjoué sur mon visage ne fait que plus le confirmer. « Bon, par contre je te préviens, ça se voit peut-être pas comme ça mais moi aussi je peux être assez chiant quand je m’y mets. »
Y'a un rire que je lâche, il comprendra d'office. « T'inquiètes, tu pars avec plusieurs cartes Joker - t'as absolument le droit de l'être pour te rattraper sur moi avec une longueur d'avance. » qu'il soit chiant ne fait que me rassurer un peu plus sur le fait qu'il comprend exactement ce dont j'ai besoin ; de quelqu'un de passionné, de quelqu'un d'investi. J'ai pas bâti le DBD pour qu'il me rende pas fier. On est pas le café le plus populaire de la ville, on est assurémement pas celui qui fait le plus gros chiffre d'affaire ; mais c'est ma fierté depuis le jour un et peu importe la décision que je prends à son sujet, je m'y tiens. Il le verra de lui-même de toute façon, parce qu'il vient d'accepter, right?
« J'ai des photos attends. » le flash, l'eurêka. « De l'espace cuisine, et de trucs qui j'pense pourraient être cool sur le menu. » je dégaine mon portable, ignore les notifications, ouvre l'album pour lui faire défiler un peu ce à quoi la genre de cuisinette actuelle a l'air, l'espace qu'on a pour agrandir et/ou aménager plus intelligemment. C'est modeste ; mais faisable avec un peu de réflexion et un aller simple vers mes vieux livres d'architecture pour compléter le travail. « Après en vrai, j'ai confiance. Ça a l'air con dit comme ça parce qu'on se connaît pas, mais j'ai vu ce que tu sais faire, et ça nous prend ça. » à lui de voir ce qui est possible ou non, ce qui fait du sens ou pas. « Du coup mes idées, tu peux les garder comme les jeter j'en ferai pas de cas. » et je le laisse farfouiller sur mon téléphone le temps qu'il faut. Parmi les items pour le menu, y'a des classiques grilled cheese, des trucs un peu plus fancy en formule tapas. J'ai fait un mélange de ce que j'ai goûté dans des restos et de ce que j'ai vu de beau à la télé ou sur Instagram, y'en a assez pour qu'il se fasse une tête sur mes goûts et ceux variés de la clientèle.
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ahahah t'inquiètes c'est all safe j'arrive à faire la différenciation
Il me parle de son idée que je trouve plutôt intéressante et il veut que ce soit moi qui l’aide à mettre tout ça en place. Je ne connaissais même pas ce mec il y a encore une heure mais il a quelque chose qui me pousse à avoir envie de lui faire confiance et à me lancer dans cette aventure avec lui. Alors je me dis pourquoi pas ? Qu’est-ce que j’ai à perdre au fond ? Rien, non ? Sauf peut-être du temps et de l’énergie mais à part ça, je pourrais m’en remettre. Je ne lui ai pas encore réellement dit mais au final ma décision est prise. J’ai envie d’accepter sa proposition, déjà parce que j’aime me lancer de nouveaux challenges professionnels mais aussi parce que la simple idée d’apporter mon aide et mon point de vue professionnel ne me déplaît pas bien au contraire. Avant toute chose je lui pose des questions pour essayer d’en savoir plus, pour mieux comprendre et surtout pour pouvoir mieux cibler ma propre réflexion. « Je suis ouvert à l'acquisition. » Ça c’est un point important que je retiens et que je garde dans un coin de mon cerveau. Il n’est pas contre acheter de nouveaux matériaux et c’est tant mieux. « Personne est attitré mais je pense qu'il y a quand même deux trois parmi eux qui voudraient mettre la main à la pâte avec moi. » D’accord. Nouvelle information importante que je garde aussi dans un coin de ma tête. J’hoche doucement la tête, s’il peut convaincre une ou deux autres personnes à l’aider pour cuisiner un peu ça serait plus simple. Surtout pour lui. Moins lourd, moins de pression. « Et tu t’en sors comment en cuisine ? » Niveau technique est-ce qu’il gère ou pas du tout ? Est-ce que pour lui sa plus grande spécialité c’est les pâtes au beurre et rien de plus ? Est-ce qu’il cuisine souvent chez lui ? Toutes ces questions sont importantes pour que je sache ce que je peux imaginer, ou pas. Je sais bien qu’il ne compte pas ouvrir un restaurant gastronomique et qu’il n’attend certainement pas de moi que je lui donne l’idée de faire des plats rempli de technique mais j’ai quand même besoin de connaître son niveau en cuisine pour mieux situer les plats que je peux mettre sur sa carte. Mais avant tout je préfère le prévenir qu’il sache avant de s’engager, je peux être chiant. Mais genre, vraiment chiant parce que je suis très exigeant et perfectionniste et si je m’investis dans un projet je vais le faire à fond. « T'inquiètes, tu pars avec plusieurs cartes Joker - t'as absolument le droit de l'être pour te rattraper sur moi avec une longueur d'avance. » De toute façon en cuisine il vaut mieux être exigeant, il n’y a que comme ça qu’on arrive à se perfectionner et à maintenir sa réputation. Du moins c’est comme ça que je vois les choses. Et puis si je suis si chiant il pourra se dire que c’est aussi parce que je ne veux que le bien de son établissement. Je veux que ça marche. J’ai envie qu’on lui dise que la bouffe servie est bonne et que la carte est bien travaillée et réfléchie. Quand je m’engage dans quelque chose je ne fais pas les choses à moitié, c’est surtout ça qu’il faut retenir. « J'ai des photos attends. De l'espace cuisine, et de trucs qui j'pense pourraient être cool sur le menu. » Des photos, ça c’est bien. Je m’approche de lui pour regarder en détails les photos qui défilent. Que ce soit de la petite cuisine déjà existante ou à l’espace qui pourrait servir pour agrandir Je scrute tout, et j’imagine déjà comment il pourrait agrandir son espace cuisine. « Je crois qu’il faudra certainement agrandir un peu. Acheter du nouveau matériel, mais ça me semble déjà être un bon début. » Je regarde encore un peu ses photos me permettant même de zoomer à certains moments pour pouvoir avoir une meilleure visibilité. « Après en vrai, j'ai confiance. Ça a l'air con dit comme ça parce qu'on se connaît pas, mais j'ai vu ce que tu sais faire, et ça nous prend ça. » C’est vrai qu’on ne se connait pas alors pourquoi est-ce que j’ai envie d’accepter sa proposition ? Je ne sais pas mais pourtant, je m’apprête vraiment à accepter. « Ok c’est bon, je vais t’aider. » Je lui dis, tout simplement. Ce challenge me plaît, et l’idée de pouvoir aider quelqu’un aussi n’est pas déplaisante alors pourquoi pas ? « Du coup mes idées, tu peux les garder comme les jeter j'en ferai pas de cas. » Oui enfin, ça reste avant tout son établissement, son café alors j’ai tout de même envie de garder ses idées et ce qu’il avait commencé à faire. « Tu préfères rester sur du classique ou sur quelque chose de plus original ? » Autant commencer par le début, savoir ce qui lui donne envie et ça sera à moi de m’y adapter. Ça me semble plutôt correct et équitable. « Je pense que ça pourrait être sympa d’avoir deux menus. Un pour le midi et un autre pour le soir qui soit plus adapté à l’ambiance du bar. » Première idée, première suggestion c’est pas grand-chose mais il faut bien commencer quelque part au fond donc je lui laisse un peu de temps pour réfléchir à cette proposition. Mais je n’arrête pas ma réflexion pour autant, je réfléchis en espérant être à la hauteur de ce qu’il attend de moi.
Sa voix, c'est presque autant une mélodie que d'entendre les chaudrons cogner les uns sur les autres dans la pièce d'à-côté. « Je crois qu’il faudra certainement agrandir un peu. Acheter du nouveau matériel, mais ça me semble déjà être un bon début. » j'aimerais vraiment avoir été plus préparé, avoir un carnet, un truc autre que ma mémoire qui fait défaut pour prendre déjà en notes ses recommandations. Y'en a pas tellement, en vrai y'a rien dans ce qu'il dit qui est irréalisable, mais je sais pas j'aurais aimé avoir l'air sérieux. J'aurais aimé lui montrer ce côté-là plutôt que mon côté creepy à bondir sur son lieu de travail avec une idée une seule en tête. « Ok c’est bon, je vais t’aider. » « Vrai? Vrai de vrai, de vrai? » et pourtant, il dit oui. Il dit oui officiellement, et ça y est, j'ai l'air d'un gamin à la veille de Noël, j'ai l'air de quelqu'un qui a gagné au loto, j'ai l'air de n'importe quoi sauf de quelqu'un de sérieux avec qui faire des affaires mais je peux jurer sur peu importe ce qu'il faut que ça, là, c'est le début d'un truc incroyable.
Et il les regarde mes suggestions, il en prend connaissance, c'est presque trop beau pour être vrai ça aussi. « Tu préfères rester sur du classique ou sur quelque chose de plus original ? » j'inspire, on y revient à l'essentiel, faut que j'arrête d'avoir l'air d'un fan boy à le regarder les yeux qui brillent la bouche en coeur. «On peut faire un mix des deux? J'me dis que ça peut être fun de mélange ton style, et le mien. » parce qu'il est clairement le classique du lot, et que je suis celui qui sait pas du tout où il va. J'aime ce qu'il fait ici, il connaît un peu ce que je fais chez moi, l'idée d'en faire un mix me tente encore plus que je ne le montre, et je le montre pas mal déjà. « Je pense que ça pourrait être sympa d’avoir deux menus. Un pour le midi et un autre pour le soir qui soit plus adapté à l’ambiance du bar. » et voilà qu'on s'entend déjà, quand j'hoche de la tête de la positive, quand ça semble si simple quand c'est pas que moi qui s'arrache les mèches au-dessus de dizaines de centaines d'idées de menus qui aboutissent jamais.
« T'aimerais passer bientôt? » parce que selon moi, ça, c'esrt la suite logique des choses. On peut bien fabuler, on peut bien en discuter des heures, s'il voit pas l'endroit et s'il a aucune info autre que ce que je jacasse depuis tout à l'heure, il pourrait pas faire de miracles juste avec mes bonnes intentions et mes paroles.« On a des soirées à thèmes ou d'autres karaoke, ça devient rapidement bruyant, mais habituellement le lundi et le mardi c'est plus relax. » je gribouille l'horaire derrière le premier menu que je trouve, l'adresse qui vient avec même s'il m'a dit plus tôt qu'il connaissait le café. J'ai pas la condescendance d'insister, quand je lui rends le tout et que non, au cas où vous vous demandez, mon grand sourire niais à pas quitter mes lèvres une seule seconde depuis.
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Si t'as envie on peut doucement conclure pour lancer le RP de tasting
J’ai accepté de l’aider parce que sa proposition m’intéresse et le fait de pouvoir potentiellement me lancer un nouveau challenge me plaît aussi. Pourtant je ne le connais pas, il débarque à l’improviste sur mon lieu de travail en plein rush – pas forcément très malin de sa part – mais j’accepte quand même. « Vrai? Vrai de vrai, de vrai? » Il semble avoir du mal à y croire. J’hoche positivement la tête d’un air amusé et lui réponds. « Oui oui pour de vrai. » Un léger rire accompagne la fin de ma phrase. Maintenant que j’ai réellement accepté il peut se détendre puisque je n’ai pas pour habitude de revenir sur mes décisions si je lui ai dit oui il peut dorénavant me considérer comme un partenaire. Et j’avoue avoir déjà hâte de pouvoir débuter mon partenariat avec lui et je commence déjà à réfléchir à tout ce qu’on va pouvoir mettre en place. J’écoute ses idées et ses suggestions et je les garde dans un coin de ma tête. « On peut faire un mix des deux? J'me dis que ça peut être fun de mélange ton style, et le mien. » Réfléchir à un mélange de nos deux styles je pense que c’est une bonne idée. La nourriture qu’il veut servir ne doit pas dénaturer son bar et son contexte de base alors je ne peux qu’acquiescer à cette proposition d’un signe de tête. « T'aimerais passer bientôt? » Il va bien falloir passer aux choses sérieuses et me déplacer pour pouvoir voir les lieux et tout son matériel semble être la première étape à franchir. Et puis après commencer à réellement réfléchir au menu pour pouvoir débuter les dégustations. « Au plus vite je pense que c’est le mieux. » Parce qu’il risque d’y avoir plusieurs tests je connais assez mon côté perfectionniste et mon taux d’exigence envers moi-même étant assez élevé je doute que dès la première dégustation je sois réellement satisfait de ce que je vais lui présenter. Je retravaille toujours plusieurs fois sur une recette avant de me décider sur la combinaison parfaite. « On a des soirées à thèmes ou d'autres karaoke, ça devient rapidement bruyant, mais habituellement le lundi et le mardi c'est plus relax. » Je peux m’adapter assez facilement de toute façon, le patron c’est moi et c’est un sacré avantage pour moduler ses horaires comme ça nous arrange. « Mardi soir ça serait bon pour toi ? » Comme ça, ça me laisse une bonne semaine pour continuer à pousser ma réflexion et à élaborer un menu dans ma tête. Je pourrais lui présenter tout ça en espérant que je sois à la hauteur de ses attentes parce qu’encore une fois, il m’a choisi moi alors que je ne suis clairement pas le meilleur dans le domaine il y a mieux que moi je le sais mais je reste réellement touché qu’il se soit tourné vers moi pour son projet, c’est une vraie marque de confiance que je ne risque pas d’oublier. « Tiens, passe-moi ton numéro et je t’appellerai ce weekend pour qu’on puisse s’organiser ? » Je lui dis ça tout en lui tendant mon portable pour le laisser écrire son numéro dans mes contacts. Ce matin en me levant je ne m’attendais pas à ce qu’on vienne me faire une telle proposition mais je vois ça comme quelque chose de très positif. Peut-être que ça me donnera un peu plus de travail les prochaines semaines ou les prochains mois mais je pense que ça en vaudra clairement le coup. « Je te recontacte dans quelques jours du coup. Merci d’avoir pensé à moi. » Je lui souris doucement. Maintenant il va falloir que je me creuse les méninges pour trouver un menu qui soit à la hauteur de ses attentes et je dois avouer que j’ai un peu la pression.