Debout au milieu de la scène, j’observe le théâtre vide. Dans quelques jours, se tiendra la première représentation. Je bosse comme un malade depuis que Clément m’a offert cette opportunité folle de reprendre son rôle. Je passe des journées entières ici à travailler mes scènes, à apprendre les dialogues, les pas de danses, les chansons. Je crois que je ne me suis jamais autant donné pour un projet. Je ne veux décevoir personne et me mets une pression de dingue à cause de cela. Charles est venu me voir ce matin, il avait l’air satisfait de mon travail. Il m’a fait quelques compliments, mais il a surtout pointé quelques détails du doigt et depuis, je n’arrive plus à m’y sortir de la tête. Je ne vois que cela. J’ai besoin de retravailler, de tout corriger. Dans quelques jours, les sièges qui se tiennent devant moi seront emplis de spectateur et je n’aurais pas le droit à l’erreur. C’est probablement ce qui me stress le plus. Pourtant, je sors tout juste d’une tournée d’un an où j’ai littéralement passé plus de soirée face à un public que seul dans ma chambre d’hôtel. Le stress est pourtant bel et bien présent. Plus je travaille un point, plus j’ai la sensation d’en foirer un autre. Alors, je passe tout mon temps sur cette scène au point d’en oublier un peu la vie extérieure.
Aujourd’hui, j’ai demandé à Clément de rester une fois que tout le monde sera parti. C’était son rôle, il le maîtrise à la perfection et j’ai besoin de son avis. Je sais que ce qu’il va dire risque de ne pas me plaire, qu’il va probablement être intransigeant avec moi ou pire qu’il va chercher à me démonter. Je ne sais pas réellement à quoi m’attendre en réalité. On travaille quelques scènes ensemble, mais Clément est un pion central ici. Il a ses amis, sa bande habituelle. Je suis le petit nouveau que personne ne calcule vraiment parce qu’il est venu piquer le rôle de la star de la bande. Je me sens parfois mal d’avoir accepté, puis je me souviens que c’est le jeune homme qui est venu me trouver. Je n’ai pas cherché à lui prendre sa place, c’est lui qui me l’a offerte. Alors, j’ose espérer, qu’il pourra m’aider un peu et me rassurer beaucoup.
Perché sur une caisse utile au décor, je répète mon texte en marmonnant dans ma barbe lorsque j’entends les béquilles de Clément se rapprocher de moi. Je lève la tête et croise son regard. Merde, il est vraiment beau. Je me reprends et lui souris. « Merci d’être resté. » Je laisse tomber mon texte à côté de moi et me remets sur mes pieds pour me tenir face à lui. « Je crois que je vais avoir besoin de ton aide… » Je me sens nerveux, j’ai peur qu’il m’envoie bouler ou qu’il me prenne pour un incapable. « Je… J’ai un peu la sensation de pas être à la hauteur du tout. Enfin… La danse ça va. » Parce que clairement, j’ai tellement révisé les chorégraphies que je pourrais pratiquement les réaliser dans mon sommeil. « Mais… Enfin… Comment t’avais envisagé de jouer le personnage toi ? » Je sais que l’on a tous une manière différente d’interpréter un personnage, mais j’ai juste besoin qu’il m’oriente un peu. Puis au lieu de tourner autour du pot pendant des heures, je finis par lâcher : « En fait, je suis juste mort de trouille et j’aurais besoin de travailler avec toi. »
Alors que je l'ai regretté pendant plusieurs jours, je pense, qu'au final, donner mon rôle à Loan était la meilleure des idées que j'ai pu avoir. Et en vrai, tout le monde est d'accord à cent pour cent avec moi. Celui qui m'a remplacé tout de suite après mon accident n'a fait que de la merde. Sa technique était bonne mais il n'était absolument pas expressif. Son chant, bien que juste, était plat, ses pas de danses mous comme s'il n'était absolument pas motivé pour ce rôle. La pièce, alors qu'elle a tellement de potentiel et que malgré tout la première était une fort réussite, se fait incendier de tous les côtés. Avec en plus le départ de Yoko, Charles m'a avoué la dernière fois que Loan est notre dernière chance. Si ce n'est pas concluant avec lui, si lui ne gère pas ce rôle, nous annulerons le tout et laisserons une très mauvaise impression. Mais mieux vaut ça que d'essayer de s'éverturé à rattraper les erreurs et faire pire que mieux.
Toutefois, Charles ne l'a jamais dit à Loan, qu'il était notre dernière chance. Le pauvre semble déjà être au bout de sa vie et je ne sais que trop bien les dégâts qu'un trop plein de pression peu avoir sur le moral et le physique d'une personne. Nous voyons tous qu'il s'acharne, qu'il est plus que motivé et j'ai su, dès les premières représentations qu'il était meilleur que les autres, qu'il est un vrai atout.
Alors, lorsqu'il m'a demandé de rester plus longtemps ce soir je n'ai pas hésité avant d'accepter et de le rejoindre à nouveau dans la salle après avoir réglé quelques détails avec Charles pour mon rôle. Après lui avoir promis que nous refermerons le théâtre derrière nous, je me dirige vers Loan que je vois perché sur une caisse du décor. Lorsque je croise son regard, je lui adresse un sourire avant de m'asseoir sur le bord de la scène pour réussir plus facilement à monté dessus. Mon pied à beau être délivré du plâtre, je suis tout de même encore obligé de garder une attelle et des béquilles afin de continuer à le soulager encore un peu bien que j'ai tout de même l'appuie total sur mon pied -sinon quoi mon chirurgien n'aurait jamais accepté mon idée de remonter sur scène avec un rôle adapté.
Arrivé près de Loan, je m'installe en face de lui et l'écoute commencé à me parler. Et plus il s'adresse à moi, plus j'entends le stress dans sa voix avec un soupçon de panique. Lorsqu'il me dit avoir la sensation de ne pas être à la hauteur, j'incline légèrement la tête sur le côté et l'observe avant de sourire doucement alors qu'il finit en me disant qu'il a juste besoin de travailler avec moi. « Eh bien, je suis tout à toi» dis-je en écartant les bras avant d'hausser les épaules «Et pour tes craintes … elles ne sont absolument pas fondées » assurais-je «Tu te débrouille comme un chef, vraiment. Je … j'ai pas grand chose à redire. Charles t'as parlé ce matin, pas vrai ? Il t'as dis que tout était bon ? Alors crois-le » je pose mon regard sur Loan « S'il t'as fait des critiques c'est normal, personne n'est parfait mais il recherche la perfection et il veut qu'on se surpasse. Mais s'il te plait Loan, ne te focalise pas sur ces remarques négatives, ok ? Tu es bon. Vraiment très bon et je suis persuadé à 100% que tout ira bien vendredi» je lui offre un doux sourire « Pour ce qui est du personnage ...pour moi Jack est un homme fier, droit qui croit à 100% en ses convictions. Quelqu'un de positif mais pas trop, réaliste plutôt. Un peu émotif par moment, peut-être même un peu impulsif. Du genre à réfléchir après avoir agit mais extrêmement loyal envers ses amis et la cause qui lui tient à cœur. » je me redresse «tout ça, ça doit se ressentir dans tes mouvements, tes expressions et ton intonations. Jack est un leader, quelqu'un qu'on suivrait jusqu'au bout du monde sans réfléchir, quelqu'un sur lequel on peut se reposer et en qui on peut avoir une confiance aveugle. Car malgré tout, même s'il nous fout dans la merde, il saura nous en sortir » je me passe une main dans les cheveux « Tu vois ce que je veux dire ?» demandais-je, interrogeant mon ami du regard, espérant sincèrement avoir été clair dans mes explications.
Personne ne me l’a clairement dit, mais j’ai compris que je n’avais aucunement le droit à l’erreur. Le spectacle ne c’est pas arrêter suite aux blessures de Clément. Il avait déjà une doublure, mais ce dernier ne sait donner le change. Il ne fait aucuns efforts, il n’a même pas l’air motivé. Je suis persuadé qu’il pourrait être un bon élément, mais cela se voit qu’il n’a pas envie d’être là. Quelque chose que je ne comprends pas d’ailleurs. Il a l’occasion d’avoir un premier rôle au sein d’une compagnie nationalement reconnue et il ne se donne pas à fond. Je m’étais promis de ne pas trop aller voir les critiques, mais cela a été plus fort que moi, je devais voir ce qui se disait. Autant dire que ce n’est rien de bien glorieux. Les spectateurs ne sont pas conquis, on se questionne sur le reste de la troupe alors qu’ils sont tout simplement géniaux et c’est bien pour cela que je me mets une pression de malade. Je ne veux pas les décevoir, bien au contraire. Je veux tout faire pour relancer le spectacle, pour que le travail de Charles soit reconnu à sa juste valeur et pour que Clément ne se sente pas responsable pour le reste de sa vie. J’observe beaucoup depuis que je suis arrivé dans la troupe et j’ai compris que le jeune homme ne va pas bien. Je ne suis personne pour aller le voir et lui dire de venir me parler s’il a besoin, alors j’observe et je comprends. Il a besoin d’être ici, autant qu’il a besoin de se reposer pour laisser son corps récupérer. Et pourtant, il se donne à fond dans ce nouveau rôle, tailler sur mesure pour lui et j’apprends tellement à ses côtés.
C’est bien pour cela que j’ai osé lui demander de rester un peu plus longtemps avec moi ce soir. J’ai besoin de ses conseils. Je veux tellement bien faire que j’ai la sensation que je vais bientôt réussir à me noyer dans un verre d’eau. J’ai besoin d’entendre de sa bouche que ça ira. Je sais pas… J’ai la sensation que cela rendra les choses plus valide. Je vois dans son regard, lorsqu’il me rejoint, qu’il n’est pas forcément d’accord avec mes propos. Il réaffirme les paroles de Charles et cela me fait du bien. Le metteur en scène a été extrêmement bien veillant avec moi et pourtant, je ne cesse de me focaliser sur les petits points négatifs qu’il a pu me dire. « Tu es bon, vraiment très bon. » J’ai la sensation de devoir me pincer après avoir entendu cela de sa part. Je reste bloqué face à lui et le fixe, probablement comme un poisson hors de l’eau. Je secoue un peu la tête et l’écoute avec attention alors qu’il répond à mes questions. Mon regard se perd sur les traits de son visage si expressif. Il savait vraiment ce qu’il faisait avec son personnage et je me sens presque pas crédible pour passer après lui, mais j’écoute. J’écoute et je l’admire surtout. Je me redresse lorsqu’il parle de Jack comme d’un leader et répète un des dialogues dans un coin de ma tête. « Je le vois comme ça aussi. Tête haute, fier de qui il es, fier de son groupe et prêt à tout pour eux. » Je souris et hoche la tête lorsque Clément me pose une dernière question.
Sans attendre, je prends un peu plus d’espace sur la scène pour répéter un dialogue, mon préféré. Je me tiens droit, balance les expressions, tout ce que j’ai dans le ventre pour faire de Jack un personnage authentique et fort. « Un peu comme ça ? » demandais-je hésitant comme pour avoir une énième confirmation, pour être un peu plus sûr de moi. J’en ai cruellement besoin. Ma grande première aura lieu vendredi et je suis mort de trouille. Je m’arrête un instant et plonge mon regard dans celui de Clément. « Merci Clément. » Ce remerciement, il vient du fond du cœur. Je lui en serais à jamais reconnaissant de m’avoir amené ici. « Je suis stressé comme jamais, mais en même temps, c’est tellement un truc intense qu’on en devient accro non ? » Je ris un peu sans lâcher son regard. Il est beau. « Je ferais tout pour décevoir personne. » Je hoche la tête vivement. « Et j’ai vraiment hâte de partager la scène avec toi. » De le voir briller
Je comprends totalement les questionnements de Loan. Reprenant la place de quelqu'un qui a rabaissé le spectacle est synonyme d'un stress et d'une pression incroyable. D'autant plus que vendredi marque la première entrée en scène du jeune homme et je ne connais que trop bien ce trac et ce sentiment de ne pas être à la hauteur. Alors j'essaie de le rassurer du mieux que je peux, lui expliquant par A + B qu'il est vraiment très bon et qu'il ne doit surtout pas se focaliser sur les erreurs pointées par Charles. Au contraire ! Il devrait plutôt se concentrer sur les remarques positives afin d'améliorer le négatif. Mais je suis sincèrement persuadé que tout ira bien. C'est mon instinct qui le dit et très souvent mon instinct a raison.
Je lui explique aussi en détail comment j'imaginais Jack, le personnage principal donc mon ancien rôle maintenant joué par Loan et remarque bien que celui m'écoute avec une grande attention. Il a toujours été très concentré et applique toujours ce qu'on lui dit. Parfois en se trempant, parfois en surjouant ou en ne jouant pas assez et pourtant il donne toujours le meilleur de lui-même et ça se voit. D'autant plus aujourd'hui alors qu'instantanément après mes explications il se lève pour aller sur la scène où il commence à déclamer un monologue.
Et c'est là que ça me frappe : sa beauté. Son aisance, sa voix, son timbre, ses intonations et ses gestes sont d'une incroyable harmonie. Il est tellement passionné par ce qu'il fait que ça le rend magnifique. J'avoue que je l'ai toujours trouvé très agréable à regarder mais là, en l'ayant devant moi, en short et t-shirt assez moulant pour faire apparaître ses abdominaux bien dessinés et travaillés, je trouve que son sex-appeal monte d'un cran. Il faut juste qu'il trouve confiance en lui-même et il sera parfait.
Bien trop perdu dans ma contemplation de ce comédien talentueux, je n'entends son 'comme ça ?' que de loin et ne réagis qu'à son 'merci' qui vient du fond du cœur. Relevant la tête, je cligne une fois des yeux et pose mon regard sur lui, alors qu'il m'avoue être stressé comme jamais. Un doux sourire attendrit s'affiche sur mes lèvres et j'hoche doucement la tête «C'est genre un truc de fou, t'imagine même pas ! L'énergie qui se dégage lorsque tout le monde danse en parfait harmonie et synchronicité c'est ...juste ouf ! » je me redresse et laisse mon sourire s'agrandir d'avantage lorsque Loan me dit qu'il a réellement hâte de partager la scène avec moi. «Mais pareil ! Ça fait des années que je t'observe et te voir là et pendant les répétitions me confirme sincèrement qu'on est bon match » attrapant une béquille, je me lève et m'approche de Loan « Alors t'en pense quoi ? On fait notre scène ?» La réponse est évidente : oui. Nous nous mettons donc en place sur l'échafaudage qui nous est destiné. Je me prend quelques instants pour me mettre dans la peau de mon personnage puis, avec un hochement de tête silencieux, j'indique à Loan que nous pouvons commencer.
Et tout se passe parfaitement bien. L'échange est simple, fluide et énergique. Nous sommes littéralement sur la même longueur d'onde et Loan me le prouve réellement lorsque, assit à l'échelle, je me redresse afin de reprendre place sur la planche. Je ne sais pas ce qui s'est passé et comme je fais mon compte, mais mon pied gauche sur lequel je m'appuyais sur un échelon, dérape. En panique, j'attrape une barre métallique mais jamais ma main ne se referme sur cette barre.
Non, ce sont les doigts de Loan qui agrippent mon poignet, m'évitant une chute qui aurait put être fatal à mon pied. Je reste quelques seconde là, immobile, pendant en l'air comme une poupée de chiffon alors que mon regard s'accroche sur celui de Loan. Ce n'est que lorsque celui-ci se redresse pour me tirer à nouveau sur l'échafaudage que je réagis. Très rapidement ma main droite attrape un appuie et mes pieds retrouvent les échelons. Avec l'aide de Loan qui n'a toujours pas lâcher ma main et grâce à la force de mes bras et jambes, je retrouve la sécurité de la rambarde. Là, au lieu de partir en panique et analyser la presque chute, je reprend la scène où nous nous étions arrêté et tiens ma voix et mon intonation jusqu'au bout.
Une fois la scène finie, je prend une profonde inspiration et souffle doucement, écarquillant les yeux et me penche légèrement au-dessus de la rambarde. « 2 mètres … c'est pas rien » dis-je en me passant une main dans les cheveux. « Mais tu sais quoi?» je relève mon regard sur Loan et lui adresse un large sourire, le regard brillant «On va faire ça, ok ? On va inclure cette presque chute dans cette scène. Ça rend super bien, ça prouve que Jack tient beaucoup à Crutchi et que lui peut se reposer sans problème sur son ami » mon sourire s'agrandit d'avantage «Non vraiment, ça peut être génial ! Faut juste qu'on soit parfaitement synchronisé mais tu y arriveras. Tu sauras ne pas me laisser tomber ! Je te fait confiance pour ça ! » j'hoche vivement la tête, super motivé par l'idée d'inclure ce fail et en faire quelque chose d'officiel.
Lorsque je me lève pour tenter de jouer un monologue, je prends un instant pour me mettre dans la peau du personnage, mais surtout pour tenter d’imaginer la salle pleine. Ce n’est pas la première fois que je vais jouer devant une salle comble, mais ce sera bel et bien la première fois en étant le rôle principal. Les gens vont juger, se fier à ma prestation pour englober tout le reste avec. Sans prétention aucune, j’ai la sensation que tout repose sur mes épaules. Ça passe ou ça casse avec moi. Et si ça casse l’aventure s’arrête net pour moi, mais aussi pour le reste de la troupe. Je ne supporterai pas cela. Clairement pas. Alors, je ferme les yeux, imagine la salle remplie de spectateur et me lance. J’ai la sensation de me jeter dans le vide. J’y mets tout mon cœur, toutes mes tripes. Je donne tout ce que j’ai. Tellement que lorsque j’ai terminé et que je me tourne vers Clément, j’ai l’impression de l’avoir cassé. Je me retiens d’agiter ma main sous ses yeux et me contente de le remercier le sourire aux lèvres. Il revient sur terre et on échange un peu. « Je la connais cette sensation, je sors tout juste d’une tournée, mais… Je sais pas… Cette fois, j’ai l’impression que c’est vraiment différent. » Je hausse un peu les épaules. « Je touche mon rêve ultime du bout du doigt et ça me paraît si surréaliste. » Je ris un peu. Je sais que je sonne comme un enfant, mais je suis comme cela. J’ai des rêves pleins la tête et vendredi va marquer un véritable tournant dans ma vie.
Clément me proposer de jouer notre scène et je suis incapable de lui refuser. « Bien sûr, on fait ça ! » Je ne pourrais jamais refuser de travailler à ses côtés et pratiquer ne me fera jamais de mal. Je le laisse aller se mettre en place le temps de refaire les lacets de mes chaussures. On se met en place. Nos regards se croisent et on se lance. Tout semble si fluide, si simple et si synchro. On en oublie tout le reste et on se renvoie la balle, on échange, on est en symbiose. Jusqu’à cet instant. Une demie seconde et Clément qui s’éloigne un peu trop, qui semble m’échapper. Je ne réfléchis pas. Ma main droite s’accroche à l’échelle, la gauche se précipite pour le rattraper. Mes doigts s’enroulent autour de son poignet, une pression sur mon épaule et mes muscles qui se contractent pour le rattraper. Pourtant, je ne sors pas du personnage. Sous l’effet de la surprise, ma voix part dans les aiguës, mais je me rattrape. Clément reste dans le personnage également. Il continuer à chanter tandis que je l’aide à se hisser à nouveau sur l’échelle. Yeux dans les yeux. Je ne le lâche pas même lorsqu’il est de nouveau en sécurité. Il me faudra quelques secondes pour ne plus retenir son poignet et reprendre la gestuelle qui est propre à cette scène. On termine comme si de rien était. Un silence s’installe entre nous et j’éclate de rire face à sa remarque. « Tu m’as fait peur. » Je n’ose pas imaginer ce qui se serait passer si je n’avais pas eu le temps de le récupérer. Il se serait fait encore plus mal à son pied. Je le regarde un instant tandis qu’il enchaîne les idées. Il veut que je le rattrape tous les soirs. « Tu me fais confiance ? » J’ai un peu peur. Enfin… Je suis vraiment heureux de voir qu’il serait prêt à faire cela avec moi, mais je crois que ça m’ajoute un peu trop de pression aussi. Je respire un grand coup et plonge à nouveau mon regard dans le sien. « Ce serait chouette en vrai. Ça ajoute un truc un peu nouveau et de la confiance. » J’ai vraiment besoin de ça. Que la troupe me fasse confiance et si leur leader me donne ce rôle, j’ai la sensation que ça ira mieux. « Je te laisserai jamais tomber. » Jamais. Et bêtement, je me sens rougir comme un enfant. « Faut qu’on trouve un tempo. Que je sache. Sur un mot en particulier ou je sais pas… Un signe qui nous aidera, non ? »
C'est vrai que j'oublie parfois que Loan a fait une grande tournée internationale après avoir décroché un rôle important dans West side story. Ce n'est pas contre lui ni pour dénigrer son niveau et son talent, c'est juste que ça m'échappe régulièrement. Je ne saurais même pas dire pourquoi j'ai l'impression que c'est la première fois qu'il va se retrouver sur scène. Avec la troupe et son expérience, n'a-t-il pas gagné en confiance ? Il me dit que tout cela lui semble être son but ultime qu'il touche du doigt. « Ton rêve ultime ?» j'hausse un sourcil « Genre celui de te produire avec la Northlight ou de partager la scène avec moi ?» demandais-je, ironique avec toutefois un sourire malicieux sur les lèvres.
Sans plus hésité, je propose à Loan de jouer notre scène. Celle-ci se déroule merveilleusement bien, nous sommes en phase totale et complète, concentré l'un sur l'autre. Si bien que le jeune danseur ne me laisse pas tomber, littéralement. Alors que je fais une erreur qui aurait pu me coûter très chère, il me rattrape avant que je ne me rétame au sol. Après une demi seconde de latence, je retrouve la peau de mon personnage et reprend la scène comme si de rien n'étais.
Ce n'est qu'à la fin que Loan décide enfin de me lâcher et que je fini par me rendre compte que l'erreur aurait pu être fatale. Mais, au lieu de paniquer, je décide qu'il faut absolument que nous trouvons un moyen d'inclure ce fail dans la scène. Loan semble presque étonné que je dise lui faire confiance mais avoue être pas mal emballé par cette idée. « Oh chouette !» m'exclamais-je, sautillant presque sur place et laisse échapper un rire lorsque mon partenaire de scène me dit qu'il ne me laissera jamais tombé. J'ai l'impression que c'est autant figurativement que littéralement et ça me fait quelque chose au niveau de la poitrine, à l'endroit où se trouve mon cœur. Celui-ci a accéléré ses battements et je ne sais pas trop si c'est encore le reste de l'effort physique que représente le chant ou si c'est ma proximité avec Loan.
Je décide de ne pas perdre trop temps à essayer d'analyser mes sentiments -je le ferais plus tard lorsque je serais tranquillement chez moi- et m'approche de l'échelle. Posant une main sur l'épaule de Loan, l'utilisant quelque peu comme sécurité, je me penche en avant et réfléchit à sa réflexion. «hm … on pourrait …. tu sais le début, au lieu de commencé debout, je peux commencé assis, comme ça » relâchant Loan, je me met en place et m'installe, les jambes pendants dans le vide puis continue de réfléchir. «On commence une conversation, un truc banal qu'on peut éventuellement improvisé, puis je me redresse » je le fait réellement «en te demandant de m'aider à descendre » je relève mon regard sur Loan «Du coup, automatiquement tu seras déjà penché en avant et la main tendue, près à m'aider et là ... » je me tourne totalement et attrape la barre métallique avec mes deux mains avant de m'y suspendre. Les jambes dans le vide, je me rend compte qu'au final ce n'est pas non plus si haut que sa et que seul une trentaines de centimètres séparent mes pieds du sol. Si jamais je me rate, je pourrais assez facilement me rattraper.
A la force de mes bras, je me hisse à nouveau sur l'échafaudage et me réinstalle à ma place «ça te vas ? T'en pense quoi ? Toi en gros tu me rattrape au moment où mes mains s'agrippe ici » je désigne la barre métallique « J'aurais donc, en vrai, une assurance en plus au cas où que dans le stress ou la panique du moment ne sait-on jamais tu oublierais de me rattraper ou ne serais pas assez rapide» je lui souris doucement «Non pas que je doute de toi hein, mais ne on peut jamais savoir » j'hausse les épaules puis hoche la tête «Après ce rattrapage tu me hisses de nouveau sur la plateforme, me demande un truc du genre si je veux me casser l'autre jambe ou quelque chose comme ça et après on y va pour notre chanson. Tu vois ?» demandais-je «ça fera une bonne introduction et la chanson aura beaucoup plus de sens. T'en pense quoi ?» lui demandais-je son avis en me relevant pour lui faire face.
Il semble si surpris lorsque je lui parle de mon rêve ultime. Il tourne rapidement cela à l’humour et je lève les yeux au ciel. Malgré tout, je réponds avec une franchise sans limite. « Un peu des deux. » Je voulais vraiment partager la scène avec lui et avoir eu la possibilité d’intégrer la troupe est vraiment une opportunité de dingue pour moi. Je n’aurais jamais cru cela possible. « Je rêvais d’avoir le premier rôle une fois dans ma vie… » dis-je doucement sans réellement oser croiser son regard. « Je me sens mal parce que je n’ai jamais souhaité que tu te fasses mal comme cela, mais voilà… » Je hausse un peu les épaules et préfère me taire. Je ne veux pas enfoncer le couteau dans la plaie et encore moins lui rappeler qu’il a dû me céder son rôle. Je souris et passe une main dans ma nuque subitement un peu mal à l’aise.
Heureusement, on change très rapidement de sujet pour se lancer dans notre scène. Afin de répéter et de tester notre complicité sur scène. Il y a un moment de flottement entre le moment où je le rattrape, et lui évite une belle chute, et la fin de la chanson. Un petit instant où l’on se demande ce qui vient de se passer. On réalise tous les deux que j’ai eu un réflexe assez fou et bien entendu Clément trouve cela tellement chouette qu’il veut l’ajouter dans la routine. Je reste perplexe un instant et pourtant, je finis par accepter, parce que j’aime ce genre de folie, parce que je trouve cela important que l’on s’approprie pleinement la relation entre les personnages. On partage leur connexion et leur lien si profond. « C’était génial. » dis-je tel un enfant surexcité la veille de Noël. J’ai eu peur, mais c’était vraiment génial et bien entendu, on va recommencer tous les soirs. « Faut se synchroniser, mais on va vraiment le faire ! » Parce que j’aime ce genre de défi. Parce que je donnerais tout pour que cela se déroule vraiment bien entre nous.
On se replace sur notre petite échelle et il me fait savoir son plan pour que tout se déroule parfaitement bien lors de cette scène. Je l’écoute avec attention et hoche la tête de temps en temps. Je me penche en même temps qu’il décompose le mouvement et le rattrape avant même qu’il ne dise quoique ce soit et l’aide à se hisser de nouveau. « C’est bien comme ça. » Je lui souris. « A confirmer avec Charles quand même non ? Qu’il ne fasse pas une attaque en pensant te voir tomber. » Non parce qu’on va éviter de lui faire la peur de sa vie, je pense. « Mais j’adore ! » ajoutais-je avec un immense sourire aux lèvres. « C’est simple et comme tu dis ça introduit parfaitement la scène. » Je me replace comme on l’a répété et refais les gestes dans le vide. « Ça va me faire les abdos de te relever tous les soirs comme ça. » Non pas qu’il soit lourd, mais s’il se laisse aller, je vais le tirer de tout son poids. Je ris un peu. « Et à la fin, je pourrais juste t’aider à redescendre, ce serait toi qui pourrais m’aider. Je sais pas comment, mais pour redescendre. Juste un simple geste, tu vois ? Que ce soit donnant-donnant dans leur relation ? » Je m’assois sur le bord, les jambes dans le vide. « J’étais stressé tout à l’heure, mais maintenant, j’ai trop hâte ! Je veux voir la réaction des gens. » Je veux pouvoir échanger avec le public. On n’interagit jamais avec eux, mais ils sont face à nous et malgré tout, il y a toujours une connexion particulière. « Hâte de faire mes preuves auprès de la troupe aussi. » dis-je un brin timidement. « J’ai la sensation que je fais pas l’unanimité, non ? »
Je ne sais pas trop comment réagir lorsque Loan me répond avec franchise qu'il a autant envie de partager la scène avec moi qu'il souhaitait depuis longtemps intégrer une compagnie telle que la Northlight. Mon sourire qui s'est affiché s'estompe toutefois lorsqu'il me dit qu'il a toujours voulut avoir le premier rôle et je remarque que, malgré tout, une partie de lui est heureux que je me sois blesser. Je ne lui en veux absolument pas, je veux dire une partie de moi serait aussi heureuse de pouvoir le remplacer si j'en avais la possibilité. Comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres, c'est normal et humain. «Je comprends totalement ce que tu veux dire » dis-je en allant poser une main sur son bras « Et c'est normal de penser comme ça. Je veux dire … à ta place je serais aussi content et … bref je sais exactement ce que tu veux dire et t'as pas besoin de te justifier» hochais-je la tête avant de proposer que nous fassions notre scène.
L'erreur qui s'y glisse intempestivement est tellement bien gérée des deux côtés -surtout grâce aux supers reflex de Loan- que nous décidons, d'un commun accord de l'inclure dans notre scène. Sans plus attendre, nous commençons à réfléchir à la meilleure façon de mettre le tout en place et décidons que le mieux serait de le faire au début. Je démontre ce que je veux dire et peu à nouveau compter sur Loan pour m'aider. Me remettant d'aplomb sur mes deux pieds, je l'observe et lui demande son avis étant donné que cette scène est la notre et que nous devons tous les deux être à l'aise avec cette idée.
« J'éviterais les pizza juste avant les représentations alors et me nourrirais essentiellement de salade les jours qui précèdent le jour du spectacle» répondais-je avec humour à la déclaration du jeune homme. Celui-ci, s'installant à son tour à la place que j'occupais tout à l'heure, m'indique qu'à un moment c'est moi qui pourrait l'aider. J'avoue n'avoir aucune idée comment moi et surtout mon personnage handicapé pourrait aidé Loan dont le personnage est en pleine forme physique. Me penchant en avant M'accoudant sur la rambarde, je pose mon menton sur mon poing et réfléchis « Franchement, là, dans cette scène, je vois pas vraiment comment mon personnage pourrait aider le tien» je secoue doucement la tête et baisse mon regard sur le jeune comédien « C'est impossible que je puisse t'aider à descendre et ...» je me redresse « Non, y a pas moyen. Du moins pas dans cette scène d'introduction» j'hausse les épaules «Mais plus tard peut-être ? On trouvera bien une idée ! »
C'est alors que Loan passe à nouveau du gars super motivé à celui qui semble super timide avec très peu de confiance en lui, disant ne pas avoir l'impression de faire l'unanimité auprès de la troupe «Peu importe ce que tu fais, peu importe comment tu le fais, peu importe que tu sois super bon ou super mauvais, il y aura toujours quelqu'un qui te critiqueras » haussais-je les épaules « Et c'est pas grave» je laisse glisser le long de la rambarde et allonge mes jambes devant moi « faut juste que tu fasses de ton mieux et surtout essayer de te sortir de la tête que tu doive plaire à tout le monde car c'est le meilleur moyen de te mettre une pression de malade et je...» je baisse mon regard et me penche en avant pour me masser un peu la cheville «crois moi, je connais parfaitement les dégâts qu'un trop plein de pression peu avoir sur le corps et le moral » Il y a un an j'étais à sa place, stressé au possible. Mais ais-je réellement envie de lui en parler ? Je pense que oui. Si déjà je suis allez aussi loin dans mes révélations je crois qu'inconsciemment j'ai envie qu'il soit au courant de ce qui me soit arriver afin de lui donner une chance de ne pas faire les mêmes erreurs.
Je vois bien que je mets clairement les pieds dans le plat lorsque je parle de mon excitation d’avoir obtenu un premier rôle. Je sais que Clément aurais aimé que cela n’arrive jamais ou tout du moins pas dans ces circonstances. Je me sens un peu mal à l’aise et pourtant le brun me rassure. Il comprend. Je hoche la tête et lui souris un peu timidement. Je ne voulais pas le mettre mal à l’aise ou pire remuer le couteau dans la plaie en lui disant que je suis complètement heureux d’avoir pris sa place. « Je t’assure, j’aurais aimé que ça se déroule autrement. » J’aurais aimé partager l’affiche avec lui sans avoir à le remplacer. Il faut croire que la vie en à décider autrement.
On ne s’attarde pas là-dessus et on rejoue notre scène. Le hasard et un quasi-accident nous permettent de découvrir une toute nouvelle dynamique. Il aurait pu se faire mal en tombant et je remercie mes réflexes pour l’avoir rattrapé. Maintenant, il va me faire travailler mes réflexes tous les soirs et au moins cela nous fait rire. « Je pense que t’as de la marge. » Il a clairement de la marge. Clément est vraiment fin. Il a beau être blessé depuis plusieurs mois, on peut toujours deviner ses abdos au travers de son tee-shirt. Il est en pleine forme et je devrais vraiment pas avoir de mal à la hisser sur la plateforme. « Ça sera cool. » Je lui souris. Et ne voulant pas que Clément se retrouve mis de côté, voulant aussi lui donner un rôle important, quelque chose de nouveau, je tente de trouver une nouvelle addition. Pourtant, on a beau réfléchir ensemble, rien de transcendant nous viens. « Oui, il faut pas forcer. » dis-je tout en hochant la tête. Je veux juste qu’il sache qu’il ne doit pas rester dans son coin et que j’accepterai toutes ses propositions. « Et tu sais que tu peux faire des impros quand tu veux et je te suivrais. » On ne va pas réinventer la pièce, mais je sais que Charles laisse le champ libre a ses comédiens et que si Clément à une idée fulgurante, on pourra totalement l’intégrer.
Assis sur la plateforme, la rambarde pour nous retenir et les jambes dans le vide, on discute un peu. Je partage mes doutes quant aux sentiments du reste de la troupe. J’écoute ce que me dit Clément en hochant doucement la tête. Je sais qu’il a raison. En soit, je n’ai jamais réellement été du genre à trop me mettre la pression loin de là. Pourtant, cette fois, c’est complètement différent. « Ce n’est pas le public que j’ai peur de décevoir, c’est Charles et… » Je soupire. « Et toi. » Je ne veux pas qu’il regrette d’être venu me chercher. C’est tout. Je me mets la pression là-dessus et il va falloir quelques représentations avant que ce sentiment s’attenue quelque peu. Dans un moment de confidence, Clément me fait comprendre qu’il ne connaît que trop bien les effets du stress sur le corps et mon regard se pose sur sa cheville avant de remonter à son visage. Je vois la vague de tristesse traverser son regard d’habitude si rieur et cela me serre le cœur. Je viens poser ma main sur sa cuisse et serre doucement. « Tu peux être que le meilleur des enseignants dans ce cas. » Il a eu plusieurs rôles dans des productions différentes, il a été trop loin, il a appris de ses erreurs, j’en suis certain. Je remarque que son regard est vrillé sur sa cheville. « Qu’est-ce que t’as dit le médecin ? »
Je souris doucement lorsque Loan me dit qu'il aurait préféré que ça se déroule autrement et hausse les épaules «Mais c'est comme ça » dis-je simplement, espérant ainsi clore le sujet n'ayant absolument aucune envie d'épiloguer encore longtemps là-dessus, étant donné que nous sommes tous les deux d'accord : nous aurions préféré que d'autres circonstances nous amène à partager la scène. Mais malheureusement nous ne pouvons plus rien y changer et je pense que le mieux c'est réellement de faire au mieux.
C'est ce que nous faisons. Autant lorsque nous jouons notre scène que lorsque nous nous mettons d'accord sur le fait d'ajouter du piment dans le tout. Nous arrivons très rapidement et facilement à nous mettre d'accord, si bien que je suis persuadé que nous trouverons bien d'autre chose à ajouter ou modifier -avec l'aval de Charles, évidemment, même si je suis persuadé qu'il ne dira pas non à nos idées et qu'il en sera sans doute content.
Après s'être mit au clair, je m'installe à côté de Loan et lui fait comprendre avec une certaine douceur qu'il ne doit pas commencer à se mettre trop de pression. Le regard baisser, je lui avoue à demi mot que je sais, par expérience personnelle, que je sais parfaitement ce que c'est lorsque le corps et l'esprit nous lâche à cause d'un stress et d'une pression mal gérée. Lorsque le jeune homme me dit qu'il n'a pas envie de décevoir Charles ou moi, je déglutis doucement et secoue la tête «t'inquiète pas pour ça, tu n'as aucune preuve à faire devant nous» assurais-je, baissant mon regard sur ma cheville, faisant doucement tourner mon pied.
C'est alors que la main de Loan se referme sur ma cuisse qu'il sert gentiment, affirmant que dans tous les cas je suis le meilleurs des enseignants. Pinçant les lèvres en un sourire je lance un furtif coup d'oeil vers lui et le remercie silencieusement avant qu'il ne me demande ce que le médecin à dit. « Rien de spécial» dis-je doucement « Je ne l'ai plus revu depuis qu'il m'a autorisé à prendre ce rôle sachant pertinemment que la scène m'aide à guérir» j'hausse les épaules puis soupire doucement.
«Mais tu sais... je suis loin, très loin d'être 'le meilleur des enseignants' » dis-je en reprenant ses paroles «Il y a an j'étais au plus bas moralement. Je me sentais nul, perdu, confus, j'avais perdu toute confiance en moi, je me mettais une pression énorme avec mon passage dans la troupe professionnelle et un stress en plus à cause des cours de troisième année et des examens qui étaient super durs » je me passe une main dans la nuque «Il y a exactement un an j'étais dans une phase de dépression sévère, je mangeais plus, je dormais plus, j'avais même plus la force et encore moins l'envie de me lever le matin et il y avait des jours où je ne quittais pas mon lit » je déglutis et me mordille la lèvre inférieure «Tout ça c'était la première phase de ce qui s'est transformé en Burn out » je prend une profonde inspiration « un jour j'étais là, sur la scène et mon corps m'a lâché, tout simplement. J'ai passé plusieurs semaines allité, dans un corps qui refusait de me répondre et qui m'a fait comprendre que je l'avais poussé trop loin. Il s'est mit dans un repos forcé comme un ordinateur qui surchauffe et qui a besoin de temps avant de redémarrer à nouveau. C'était le 10 décembre dernier et je n'ai pu bouger à nouveau qu'à partir du 1er janvier. J'ai du réapprendre à marcher et ...la rééducation physique était compliquée par assez rapide quand même» je dévie le regard «La rééducation psychologique, elle, a mit beaucoup plus de temps. Même encore maintenant je passe par de grosses phases où je doute de tout. J'ai sincèrement cru après l'accident lors de la Première du spectacle que s'en était fini, que c'était le signe ultime pour moi de tout arrêter. Et j'étais sincèrement près à tout arrêté, vraiment. Je pense que si je n'avais pas été aussi bien entouré par mes colocataires et mon père, je ne serais sans doute pas ici »
Je déglutis et hausse les épaules avant relever mon regard sur Loan «Si je te raconte tout ça c'est pour que tu ne fasse pas les même erreurs » soufflais-je «Je n'ai pas envie que tu passes par là toi aussi, donc s'il te plait Loan, promet moi de ne pas te perdre dans les entraînements et les répétitions » mon ton est presque suppliant « Promet moi de faire autre chose par moment, de penser à toi et à ta santé mentale. De te donner des vacances de la scène» je me redresse légèrement « C'est pour ça que moi je pars en Ecosse le 17 décembre prochain et ne reviendrais que le 7 janvier. Parce que j'ai besoin de trois semaines loin de la scène de temps en temps » je baisse le regard, me grattant légèrement la tempe «Charles est déjà au courant, il n'y a de toute manière pas de représentations pendant cette période donc ça tombe bien » ajoutais-je finalement, comme pour conclure mes paroles.
Clément m’assure que je n’ai aucune preuve à faire. Je hoche la tête comme pour approuver, alors qu’au plus profond de moi-même, je sais que tout le monde m’attend au tournant. Je dois faire mes preuves. Je n’ai pas le choix. Pourtant, je le prends pas mal. Bien au contraire, je trouve cela plus que normal. Je me mets probablement trop la pression autour de cela, mais je sais que c’est aussi une étape obligatoire avant de me sentir légitime au sein de la troupe. Je me dois de passer par cet ascenseur émotionnel. Je me dois d’attendre la fin de ma première et le retourne des critiques pour probablement faire descendre la pression. Je vois, malgré tout, que Clément est vraiment à cheval sur le fait que je ne dois pas me mettre la pression. Cela semble être un sujet sensible pour lui et je comprends que c’est en rapport avec sa blessure. Je ne veux pas paraître trop intrusif, mais j’ai la sensation qu’il a besoin d’en parler. J’attends un instant, glisse ma main sur sa cuisse comme pour le rassurer. Comme pour lui assurer que je suis là et qu’il peut me parler. Je ne jugerai pas. Un instant, le silence nous englobe. On pourrait presque entendre le bruit de nos respirations. Je profite de l’instant avant que Clément lâche un soupir et se mette à parler.
Il vide son sac et je ne m’attendais vraiment pas a apprendre tout cela sur lui. En quelques minutes, il m’apprend qu’il sort tout juste d’une énorme dépression. En réalité, il ne semble toujours pas sorti de cette épreuve. Je me prends cette révélation comme une énorme claque. Je l’ai croisé durant cette année, à des auditions ou même dans des événements et je n’ai rien remarqué. On ne se connaît pas beaucoup, mais je ne voyais que mon concurrent un brin arrogant et qui avait toujours le sourire aux lèvres. Et derrière le rideau, il a fini en burn out. Je ne sais plus quoi dire. Je me contente de l’observer en silence, mon cœur se serrant au fur et à mesure de son récit, ma main ne quittant pas sa cuisse. Je comprends à quel point cela est dur à raconter pour lui, alors je l’écoute religieusement. À cette époque, je rêvais de prendre sa place et soudainement, je m’en veux. Il a pensé tout arrêter et moi comme un con, je me réjouis d’avoir eu le premier rôle. « Je suis désolé. » C’est complètement bateau, il n’a probablement pas envie d’entendre cela, mais c’est tout ce qui me viens sur l’instant, lorsqu’il évoque son burn out si franchement. Un murmure entre son récit, juste pour m’excuser de tout et de rien. Le jeune danseur évoque le fait qu’il n’est pas totalement sorti de sa dépression et la seconde d’après il me supplie de ne pas faire les mêmes erreurs que lui. Touché par ses paroles, je me perds complètement dans mes pensées. Je l’observe en souriant un peu. Je suis réellement touché. Il se pense mauvais enseignant, alors que je viens d’apprendre une grande leçon avec lui. Juste en quelques minutes, juste en parlant tranquillement. Soudainement, je ne vois plus mon concurrent, mais un garçon plus jeune que moi, qui a souffert de la pression et du stress. Un jeune homme qui a pensé à abandonner sa passion pour sauver sa vie. Il parle de ses prochaines vacances, mais je ne l’écoute plus. Je n’ai jamais vu Clément comme ceci, j’ai la sensation de le découvrir complètement et le jeune homme qui se trouve à mes côtés me touche énormément. Il est magnifique lorsqu’il se livre à cœur ouvert comme cela. Lorsque son regard croise à nouveau le mien, je me penche vers lui et viens effleurer ses lèvres avec les miennes. Sans réfléchir. Instinctivement, c’est ce qui me semblait être la meilleure des réactions. Je l’embrasse tendrement. Juste quelques secondes, avant de me reculer, rouge comme une pivoine. « Pardon… » Je me sens gêné, mais en aucun cas, je regrette. Malgré tout, je tente de relancer la conversation comme si de rien était. Bouleversé par les émotions, je dis tout ce qui se passe par la tête. « Je passe mon temps ici, pour ne pas penser au fait que mon père est malade. » La stricte vérité. « Ou que je ne sais plus comment aborder mon meilleur ami. » Je hausse des épaules. « Je me cache ici, je l’avoue. » Et une nouvelle fois, je change complètement de sujet. « Tu devrais jamais douter de ton talent, tu sais… »
Je me devais de prévenir Loan, non pas pour me plaindre ou quoique ce soit, mais bel et bien pour éviter qu'il ne fasse les mêmes erreurs que moi. Si cette épreuve pour moi mais aider quelqu'un, ce sera déjà ça de prit. Alors je lui parle, me confis sur mon passé et le fait que je ne suis, même un an après, pas encore tout à fait sorti d'affaire, que j'ai marche encore et toujours sur un fil au bord du gouffre et que la chute n'est jamais loin. J'ai retrouvé un certain équilibre depuis ma dernière crise de panique qui m'a envoyé à l'hôpital, mais l'avancé reste assez dure. C'est aussi pour cela que je m'autorise ces trois semaines en Ecosse, loin de l'Australie et des problèmes ici et loin de la scène. Non pas parce que j'en peux plus ou que je n'aime plus mon métier, mais simplement afin de pouvoir me protéger plus facilement mentalement parlant.
Mais si je pensais choquer Loan par mes paroles c'est , au final, lui qui me surprend par ses actes. Après un 'désolé' murmuré avec conviction, il se penche vers et l'instant d'après nos lèvres se rencontrent. Bien trop surprit par son geste je me fige, ne réagit et me contente de l'observer, les yeux écarquillés lorsqu'il se recule. Je n'entend ces excuses que de loin alors qu'il reprend pour parler de lui.
Et je pense que maintenant je sais exactement ce qu'Ambroise a pu ressentir lorsqu'il m'a annoncé sa maladie et que j'ai réagis en pensant à moi et ma propre santé. Je n'ai pas envie d'en vouloir à Loan, il ne pense pas à mal, mais bon dieu ce qu'il est égoïste pour le coup. Il m'embrasse puis parle de ses propres problèmes, alors que je viens de me confier sur un truc tellement gros que je ne l'ai jamais dit à personne. Je n'attendais pas forcément de réaction, peut-être un simple « ok je ferais attention » avant que nous reprenions notre scène depuis le début, mais pas à ce qu'il me parle de son père malade ou qu'il soit perdu face à son meilleur ami. Si le premier aveu est assez horrible, le deuxième est totalement bateau.
Je baisse le regard, hoche doucement la tête puis sans plus attendre, je m'aide de rambarde pour me redresser et me lever. Une fois debout, j'attrape ma béquille qui j'envoie par terre avant de descendre à mon tour. Le tout sous le regard surpris de Loan qui finit par me rejoindre
« Si tu viens pour me retenir, oublie» lançais-je amèrement en me tournant vers lui, toute trace de joie ayant soudainement disparu de mon visage «J'en reviens pas que tu me parles de ça » dis-je «Je m'ouvre, je te parle de ce que je cache à TOUT le monde et toi ? Toi tu m'EMBRASSE et tu parles de tes propre problème ! » je secoue la tête «Je ne dénigre pas leur importance, je suis sûr que pour toi c'est la fin du monde de ne pas comprendre ton meilleur ami, mais …. mais non, juste non. Tu viens pas dire à ça à quelqu'un qui vient tout juste de t'annoncer qu'il est passé par un burn out et qu'il y a même pas un mois il a remis TOUTE sa passion en question » je déglutis et souffle doucement «non, juste ...non. » je m'en veux un peu que, dans ma tête, je le compare à Oakley et le fait qu'elle me parle de ses propres problème lorsque j'étais allongé sur le lit d'hôpital juste avant de me faire opérer et que je venais d'apprendre que je ne pourrais plus danser pendant plusieurs mois.
« Je suis désolé Loan, sincèrement. Je suis désolé pour ton père malade ou pour ta relation avec ton meilleur ami mais je ...tu peux pas m'embrasser comme ça ...» soufflais-je, secouant la tête « qu'est-ce ça veut dire ça aussi ? Hein ? Est-ce que tu m'aime ? Est-ce tu veux être plus qu'un simple ami ou partenaire à mes yeux ? Dis le moi clairement parce que j'ai donné à ce jeu et je ne veux pas avoir à revivre ça de nouveau» et je me plante là, devant Loan, le fixant, persuadé que je ne le laisserais pas partir tant que je n'aurais pas de réponse claire nette et précise.
C’est en silence que j’écoute Clément me parle des épreuves qu’il a traversé lors de l’année écoulée. Jamais je ne l’aurais imaginé à deux doigts de tout laisser tomber. Pour moi, Clément est un pilier, le genre de personne qui ne se laissera jamais abattre. J’avais cette image idéaliste du jeune homme et je comprends que c’est probablement à cause de gens comme moi que Clément est aller trop loin. Il est allé au bout de sa force physique et mentale. Il avait atteint son point de non-retour et face à ses révélations, je me retrouve sans voix. Je voudrais l’aider, mais je ne sais comment faire. Rien de ce que je pourrais dire sera suffisant pour l’apaiser. Je ne veux pas me perdre dans des discours bateaux qui lui assureront que tout ira bien et qu’il est le meilleur de tous. Ce n’est pas ce qu’il souhaite entendre. Alors, que tout se précipite dans mon esprit, j’essaye de ne pas laisser le silence s’installer trop longtemps. Je me sens comme pris au piège. On ne se connaît pas depuis très longtemps avec Clément, mais je me suis réellement attaché à lui et je me retrouve bien trop maladroit face à sa détresse. Alors, je fais le premier truc qui me passe par la tête. Je viens l’embrasser. Ça me paraît simple, probablement peu approprié, mais simple et à la hauteur des émotions qui tourbillonne en moi. Et pour ne pas le mettre mal à l’aise, pour lui prouver que j’avais entendu et compris sa mise en garde, je lui explique les raisons qui font que je passe mon temps à répéter plutôt qu’a rentrer chez moi. Je voulais juste lui rendre la pareille. Je voulais pas m’apitoyer sur son sort, persuadé qu’il n’avait pas besoin de cela. Je voulais bien faire…
Visiblement, je me suis complètement trompé. En quelques secondes, Clément, c’est relever et a déjà parcouru la moitié de la scène. Je me redresse subitement et sauter sur mes pieds afin de le rejoindre, mais le jeune homme m’en empêcher. Surpris par sa colère soudaine, je lève les mains au ciel en signe de résignation. Je ne suis pas là pour l’emmerder. « Si tu veux partir, je ne te retiendrai pas. » Pas si c’est sous la contrainte. Je ne cherche pas le conflit et je ne veux pas le vexer plus que ce que je viens de faire apparemment. Donc, visiblement, l’idée du baiser était une idée de merde, mais alors le changement de sujet était pire. Je comprends qu’il soit vexé, mais je ne comprends pas réellement son soudain élan de colère envers moi. Il s’emballe et s’en prend à tout ce que je viens de lui dire de manière bien trop virulente. « Wow. Wow. On se calme Clément ! » Une nouvelle fois, je baisse un peu les mains pour lui montrer que je ne suis pas là pour engager un conflit ou quoique ce soit d’autre. « Tu voulais que je m’apitoie sur ton sort ? Que je pleure peut-être ? Que je te serve le discours le plus bateau qui soit ? » Je soupire et passe une main nerveuse sur mon visage. « Je… J’ai rien qui peut être au niveau de ce que tu viens de m’avouer. J’en suis désolé… Mais ce que je viens de te dire, je ne l’ai jamais dit à personne non plus. Certes, c’est loin d’être un problème immensément important et je m’en remettrais, mais tu ne peux pas venir échelonner le malheur des autres. C’est pas un concours Clément, je sais que t’aime profondément être le premier, mais crois moi là ce n’est pas un concours. » Je baisse les yeux ne voulant clairement pas m’énerver après lui. Je voulais juste que tout se passe bien. « Tu veux que je sois honnête ? Ça me tord le bide de t’entendre dire tout cela et je voudrais pouvoir trouver la formule parfaite pour que tout aille mieux pour toi. Que tu le crois ou non, pour moi, tu es un exemple, dépression ou pas. Tu t’en relèves Clément et t’es là sur cette scène avec moi. Tu es passé par le pire et tu n’aurais jamais dû connaître cela, mais je sais qu’aujourd’hui cela a probablement fait de toi un garçon différent, qui est encore plus capable de conseiller ceux qui comme moi veulent trop donner sans prendre conscience du reste. » Et je bégaye parce que je suis nerveux et surtout parce que je veux juste bien faire, ne pas le repousser, ne pas le voir partir. « T’as remis en question ce qui te fais vibrer et je voudrais tellement pouvoir dire que je peux t’aider, mais je ne sais même pas par où commencer. T’es plus jeune que moi et tu m’impressionnes Clément. Alors j’ai changé de sujet, pour… Je sais pas… Pour pas perdre pied, pour pas… » Pas quoi Loan, hein ? Je soupire détestant par-dessus tout perdre mes moyens comme cela. « Je voulais pas virer dans le larmoyant qui serait devenu gênant pour nous deux. » Je hausse les épaules résigné.
Je repense à ce qu’il m’a dit à propos du baiser. « Je l’avoue t’embrasser était peut-être pas la meilleure des idées. » Je l’ai fait comme ça, parce que de le voir aussi fragile, aussi à fleur de peau m’as donné envie de le protéger. « Si je te donne la véritable réponse, je crois que ça va pas te plaire. » Non vraiment, j’en suis persuadé. Nos regards s’évitent de plus en plus et je me sens véritablement, mal à l’aise. « En aucun cas, je me moque de toi Clément et je ne joue pas non plus… C’est pas mon genre. Je… Je sais pas d’accord ? Tu t’es confié et j’ai eu envie de t’embrasser. Je dis pas que ça ne signifie rien, mais je saurais pas mettre de mots précis dessus non plus. » Voilà embrouille lui encore plus l’esprit Loan t’a raison. « Je m’excuse, c’était pas approprié. »
Je n'aurais jamais du me confier à Loan. J'aurais du fermer ma gueule et faire comme si de rien n'était, comme si tout allait parfaitement bien dans ma vie. Comme si ma vie n'était qu'un long fleuve tranquille sans remouds, sans cascades, sans tournant. Une vie plate où tout me réussit, sans galère et où le bonheur est omniprésent. C'est comme ça qu'il me voit, Loan, non ? Un comédien qui est talentueux de nature, celui qui n'a jamais réellement eu besoin de travailler pour réussir à atteindre le niveau qu'il a maintenant. Mais surtout celui qui a toujours été passionné par son art, qui n'a jamais douté de rien et qui est constamment joyeux.
Mais c'est faux. Totalement faux. Des doutes, j'en ai eu de millions. Et j'en aurais surement encore longtemps. Peut-être toute ma vie et tout le long de ma carrière ? Je n'en sais rien et peu m'importe aussi. Dans tous les cas, si j'ai raconter ça à Loan ce n'est pas pour m’apitoyer sur son sort, mais ce n'est sûrement pas que je m’apitoie sur le sien. J'avoue que je ne sais absolument pas ce qui se passe par sa tête lorsqu'il en surenchérie avec ses propres problèmes comme si … comme si c'était un concours.
Alors je réagis vivement, violent dans mes propos que je tente toutefois de garder tranquille, essayant de faire preuve de discernement. Mais rien y fait, Loan ne voit là qu'une attaque gratuite à nouveau, comme si mes problèmes étaient pires que les siens. J'ai juste envie de lui dire d'écouter un peu ce que j'ai dit étant donné que je n'ai jamais comparé mon passé à son présent, mais il me dit une phrase qui me fait serrer les dents, mon sang n'en faisant qu'un tour. Si nous n'avions pas été ensemble dans la compagnie, si nous ne devions pas partager la scène devant un public dans quelques jours, je pense sinistrement que je lui en aurait mit une. Un coup de coude dans la mâchoire ou un coup de poing dans le nez. Je me serais sûrement délecté du son de son nez qui craque sous mes phalanges.
Mais je n'en fait rien. Je reste là, abasourdis face à Loan alors qu'il me dit que ce n'est pas un concours malgré le fait que j'aime profondément être le premier. A-t-il réellement de la considération pour moi ? En a-t-il eu un jour ? J'avoue que la rage tempêtant en moi ne m'aide pas à continuer de l'écouter. Mon esprit se ferme tout comme mon visage et je sers les poings avant de souffler avec dédains.
Pire encore, j'ai l'impression que quelque chose se brise en moi quand il dit qu'il regrette ce baiser et que de tout manière la vérité ne me plaira pas. I « MAIS POURQUOI TU L'AS FAIT ALORS SI CA NE SIGNIFIE RIEN ?» hurlais-je avant de prendre une profonde inspiration. « Va te faire foutre Loan» que je conclue notre répétition en me détournant de lui.