Cuillère dans la bouche, pot de glace à la vanille entre les mains, je m'apprête à me prélasser dans le canapé, observant le grand écran tv qui ne semble pas recueillir mon attention ce soir. Je devrais pourtant en profiter, la soirée m'est offerte, James ayant récupéré Mathis juste après l'école. L'occasion rêvée pour retrouver un peu de calme et prendre soin de moi. Malheureusement, ce n'est pas réellement cet aspect qui semble m'attirer le plus ce soir. Mon regard scrupte un instant mon téléphone portable, déposé précédemment sur la table basse du salon. Je lutte pour ne pas y jeter un coup d'oeil, et rien que d'y penser, je me sens déjà terriblement stupide et pathétique. Ca fait quoi? Quinze minutes que je ne l'ai pas observé? Je déteste cette sensation, et pourtant, je suis bien entrain d'attendre de façon naïve un signe de ce cher Grimes. Je grimace, bien assez faible pour me résoudre à l'attraper et m'assurer que je ne suis pas passée à côté d'un message. Je suis donc ce genre de nana?  Prête à attendre d'être contacté, par pure fierté? Qu'est ce qui m'en empêche? Je me mordille la lèvre, étudiant la question sous tous les angles, et dans un élan d'énergie soudain quitte le confort qu'offre mon canapé pour prendre les choses en main. Je risque possiblement de passer pour la fille accro, mais après tout, le deal incluait bien aucune retenue, aucune règle, juste la possibilité de suivre ses envies sans les renier? Après quelques minutes, je me retrouve devant l'endroit qui abrite l'agent. Mon sens de l'orientation si développé m'y aura amené sans grande difficulté. Un coup d'oeil vers le bâtiment et me voilà à monter les quelques marches et tirer la porte qui me permettra de faire face à celle de son appartement. Je frappe, profitant des quelques secondes qui me sont offertes pour remettre en question ma présence ici.

La porte s'ouvre, laissant apparaître un visage que je connais malheureusement trop bien. Non, ce n'est pas le regard du brun ténébreux que je croise, mais bien celui de Miss Monde en personne."Alicia" lâchais-je sans parvenir à dissimuler l'effet de surprise. Le sourire qu'elle parvient à feindre me tord l'estomac, mais maintenant que je suis là, je me dois d'affronter les choix définitivement grotesques et irréfléchis que je suis en mesure de faire. "Quelle surprise" me lance t-elle. Chance ou pas, elle porte encore ses vêtements. Dois-je y voir le côté optimiste? "Vous travaillez aussi de nuit au FBI?". Je feigne un sourire, tâchant de dissimuler mon envie de lui balancer au visage à quel genre d'extra Cade et moi pouvions nous livrer.Je suis pourtant persuadée qu'elle le sait déjà. Son air suffisant et provocateur du moment en est bien la preuve, elle jubile de pouvoir avoir la bonne place cette fois. "Cade est là?" Demandais-je pour éviter d'apporter une réponse à sa question. Elle hoche de la tête, libérant l'entrée au moment où l'agent semble s'intéresser à cette visite impromptue. Léger sourire sur le visage, pour tenter de garder le peu de dignité qu'il me reste, j'hausse les sourcils, partageant donc avec lui l'effet de surprise. Les règles étaient peut être claires, mais cette non-exclusivité était définitivement dérangeante, même pour un homme sans scrupule comme lui. Il referme la porte derrière lui, cherchant à créer probablement un échange plus intime., sauf qu'il ne s'agit pas d'échapper à un enfant de quatre ans là."Eh bien...J'me demandais si tu avais du temps à perdre...Mais je constate que t'as trouvé de quoi t'occuper pour la soirée" lançais-je en levant la main, désignant la magnifique créature qui se trouve derrière ces murs. Difficile pour moi de rester indifférente à tout ça, heureusement, cette scène me permet de m'amuser de l'ironie du sort avec un sourire incrédule. Nous n'étions pas sur la même longueur d'onde, définitivement. Et j'en faisais malheureusement les frais, n'apprenant pas de mes erreurs. J'étais probablement assez stupide pour croire que les choses étaient différentes pour nous, qu'il m'accordait bien plus d’intérêt avec le temps, que je me faisais pas de fausse idée face aux efforts qu'il avait pu faire à mon égard. "J'suis désolée, c'était pas une bonne idée que je vienne..." avouais-je, m'apprêtant à faire demi-tour.

La journée avait été plutôt tranquille et digne du quotidien peu chargé d’une mise à pieds qui s’éternisait. Pourtant, Cade était parti en vadrouille tout l’après-midi pour occuper son temps d’une façon utile. S’il s’était installé à Brisbane, c’était avant tout pour se rapprocher de ses frères et de sa sœur. Leonardo avait bien voulu partager quelques heures avec lui et il avait sauté sur l’occasion pour apprendre à connaitre le dernier des Grimes. Les deux frangins s’étaient quittés avant le dîner bien qu’il était déjà tard. Léo était attendu de son côté, et Cade n’avait pas insisté. Cela finirait donc avec une bière et un sandwich en guise de repas, dégusté à grosses bouchées sur son canapé, les pieds croisés sur la table basse. L’image était stéréotypée mais bien dans l’intention de l’agent fédéral qui n’eut le temps que de retirer sa veste avant d’entendre sonner à sa porte.

N’attendant aucune visite, il regarda l’entrée quelque peu surprit et s’y dirigea en se frottant le visage d’une main. L’étonnement ne se lit pas sur son visage neutre et pourtant, il était bien loin de s’attendre à voir Alicia, appuyée nonchalamment contre le cadre de la porte. Elle se redressa, féline comme à son habitude et pour le moins souriante. Si d’ordinaire Cade était volontaire et enjoué à l’idée de passer une bonne soirée en charmante compagnie, ce soir là il n’était pas dans cette humeur et il prit un air las. – J’ai oublié de noter ce rendez-vous dans mon agenda ?! Un agenda ? La bonne blague ! L’ironie dans sa voix était presque moqueuse. – J’aime l’imprévu… Alicia s’invita à l’intérieur, ses hauts talons claquèrent sur le parquet, jusqu’au milieu du salon. Elle osait parler d’imprévu alors qu’elle avait surement guetté son arrivée depuis sa caisse, garée à deux pas.  Cade avait fermé la porte et s’était approché d’elle. – Qu’est ce que tu fais là ? Il ne lui demanda même pas comment elle avait eu son adresse. Fille d’un homme riche et possédant bien des pouvoirs insoupçonnés, la réponse était évidente. – Tu es parti bien trop vite à mon goût l’autre soir… Elle avait posé son sac à main sur le canapé et avait retiré son long manteau, dévoilant une robe courte et très sexy. – Pour des retrouvailles, c’était un peu décevant. Elle le regardait, il faisait pareil. Sauf qu’ils n’étaient pas du tout sur la même longueur d’ondes ce soir. Grimes n’avait pas envie de s’amuser. Pas avec elle en tout cas. C’était… bien trop facile et évident pour qu’il y prenne du plaisir. – Le boulot… j’ai eu un impératif. Ton père ne m’en a pas tenu rigueur. Elle eut un sourire sournois. – Cesses ton cinéma Cade. J’en sais plus que ce que tu crois. Elle se rapprocha lentement. – Mon père se méfie beaucoup…beaucoup de toi. Mais peut être que… Très proche de lui, elle enroula ses bras autour de son cou. -… je peux le faire changer d’avis. Voilà qui était claire et qui s’appelait du chantage. – Je peux être très convaincante en petite fille chérie à son papa. Elle sourit en passant ses doigts dans le bas de sa nuque, alors que Grimes l’observait en comprenant son petit manège. Il esquissa à son tour un sourire noir et se dégagea de son emprise pour se rendre derrière le mini bar, presque dégouté de cette tentative d’intimidation.

-T’es pas le genre de fille qui a besoin de faire du chantage pour avoir ce qu’elle veut. Légèrement vexée mais pas vaincue, Alicia le suivait du regard. – Avec toi, il faut bien. J’ai l’impression que quelque chose te retient à chaque fois qu’on peut passer du temps ensemble… Se servant un verre de whisky, il releva les yeux en restant silencieux. La dernière fois, c’était Joan. Puis la fois suivante, il n’était pas dans un très bon jour. C’était la vérité, ils n’avaient jamais pu aller au bout tous les deux. Et ce soir, Grimes trouvait cette approche trop grotesque, ou bien il n’avait pas du tout envie d’elle… C’était être difficile au vu de ses jolies formes et de l’entrain qu’elle mettait dans chacune de leurs rencontres. Ou bien c’était qu’il avait autre chose en tête. La jeune femme s’avança vers le bar et y posa ses deux coudes pour se pencher face à lui. – Il n’y a que des avantages Cade… ça il n’en doutait pas. Et il voyait aussi les inconvénients que cela pourrait représenter de refuser. Elle était bien la fille de son père.

Sauvé par le gong, on frappa à la porte une nouvelle fois et Alicia se permit d’aller ouvrir comme s’il était déjà soumit à ses gestes. Cade avala sa première gorgée d’alcool qui ne se voudrait sans doute pas assez réconfortante. Il contourna le bar et s’approcha du face à face qui semblait se jouer dans son entrée, encore ignorant de l’adversaire qui se trouvait derrière la porte. A ce moment, Alicia daigna ouvrir un peu plus, ralentissant un peu les pas de l’agent fédéral quand il s’aperçut que Savannah se tenait là. Le « Fait chier ! » dans sa tête aurait bien voulu sortir. Non pas parce que la blondinette était à sa porte, mais justement parce qu’elle y était à ce moment très préjudiciable. Il s’empressa de poser son verre et de sortir pour leur offrir un peu plus d’intimité, sans se soucier de la brunette encore chez lui. "Eh bien...J'me demandais si tu avais du temps à perdre...Mais je constate que t'as trouvé de quoi t'occuper pour la soirée" Savannah ne perdit pas de temps pour lui faire entendre son ressentit. D’ailleurs ce ton ressemblait fortement à celui qu’elle avait employé l’autre soir, chez les Andersen. – S’il te plait, arrêtes… Il n’avait nullement envie qu’elle s’emporte, et il était déjà fatigué de devoir démentir chaque mot qui sortirait de sa bouche. Cade était malheureusement bien conscient que tout ça n’arrangerait pas l’image qui lui collait à la peau et celle à laquelle Savannah se heurtait depuis qu’ils se connaissaient. Néanmoins, cette fois, il n’en était rien. Et derrière ce masque sérieux, il était ravit de la voir. "J'suis désolée, c'était pas une bonne idée que je vienne..." La jeune femme lui tourna le dos et il lui agrippa le bras pour l’empêcher de fuir. – C’est une très bonne idée, au contraire ! Ses yeux plongèrent dans les siens pour tenter de la convaincre. Sa main glissa dans la sienne et il passa devant pour l’entrainer à l’intérieur, sans lui demander son avis.

-Je crois que tu t’en allais… Il tendit son manteau à Alicia, l’invitant cordialement mais froidement à quitter les lieux.

Je détestais ressentir ça,cette impression de perdre le fil sur mes émotions. Cette fierté et ce besoin d'indépendance étaient mis à mal dernièrement, et ce moment précis, alors que je m'apprêtais à rejoindre Cade en était bien la preuve. Ca ne faisait cependant pas le poids face à cette envie de pouvoir passer un moment auprès de lui. Arrivée devant la porte, et alors que ma main vient frapper énergiquement cette dernière e, je me demande comment vais-je pouvoir justifier cette visite inattendue. Mais surtout, ai-je besoin de le faire. Notre accord faisait référence à ce qu'il n'y ait aucune règle, et de pouvoir être complètement libre sur tout point de vue après tout. La porte s'ouvre, laissant entrevoir ce visage que j'ai déjà eu l'occasion de croiser lorsque j'avais accompagné Cade à cette fameuse soirée, et mon sourire se fige instantanément, forcée de constater que mes envies ne sont visiblement pas les mêmes que celles de ce cher Grimes. Mes yeux ne peuvent s'empêcher d'observer de haut en bas ce mannequin sur patte, forcée de constater que je ne peux rivaliser avec cette créature. Elle, ses jambes interminables, sa silhouette parfaitement dessinée dans cette robe particulièrement sexy, et moi....vêtue d'un simple jean et d'un malheureux top blanc. Je ne fais clairement pas le poids, pas ce soir en tout cas. Je ne sais pas si elle se souvient de mon prénom, mais visiblement, elle ne semble pas avoir oublié mon visage, ni même le peu de sympathie qu'elle m'accorde. Sentiment partagé alors que je me dois d'adopter un visage souriant malgré ce sentiment de déception qui m'inonde. Elle, jubile, détenant probablement sa revanche, celle d'être parvenue à mettre la main sur cet homme, qui l'avait lâchement abandonné pour me rejoindre lors du dernier événement qui les avait réuni. Le sourire qu'elle m'adresse ne fait que renforcer cette colère qui me ronge de l'intérieur. J'aurais aimé un instant redevenir une véritable ado, capable de l'abandonner sur place, et ainsi ne pas avoir à supporter l'humiliation plus longtemps, mais je ne peux pas. En tant que femme responsable et réfléchie, je me dois d'affronter la situation, et surtout ce cher Cade, qui risque, au même titre que moi, de ne pas apprécier la scène.

Il apparaît d'ailleurs, me laissant imaginer un seul instant des images peu flatteuses avec sa convive du moment. Et je l'observe avec insistance, avec ce sourire complètement moqueur sur les lèvres, parvenant à lui faire une sorte de reproche, en toute subtilité. "– S’il te plait, arrêtes…" Je laisse échapper un souffle ironique, hochant négativement de la tête. 'J'avais oublié qu'il n'aimait pas entendre la réalité, celle qui le faisait mine de rien passer pour l'enfoiré de service. Celle qu'il préférait probablement réfuter, histoire d'avoir le bon rôle, celui de l'homme innocent. Et il gagne. Je lui laisse pour la deuxième fois le champs libre, décidant de quitter les lieux sans ajouter quoique ce soit, avec cette étrange sensation de ne pas parvenir à le cerner. Comment peut t-il partager un moment avec moi et Mathis, et poursuivre ce genre de frasque sans aucune moralité? Je me tourne, bien décidé à mettre fin à cette discussion qui ne servira probablement à rien une fois de plus, la main de Cade va cependant m'arrêter dans mon élan, me pousser à croiser son regard."– C’est une très bonne idée, au contraire !" J'hausse les sourcils. Pensait-il réellement parvenir à maitriser le feu en moi avec ces belles paroles? Etait-ce une stratégie pour s'assurer de jours meilleurs en ma compagnie pour la suite? Je n'ai pas le temps de rétorquer que sa main saisit la mienne, m'attirant vers l'intérieur. "Cade?! Non!" dis-je à voix basse mais avec un ton ferme. Mais à quoi jouait t-il? Peut être voulait t-il profiter de l'occasion pour vouloir hisser le drapeau blanc entre Alicia et moi, histoire que nous partagions un peu plus que cette intérêt pour le même homme. Ou pire, il ose songer à une belle partie de jambe en l'air avec deux jolies jeunes femmes à la fois. "-Je crois que tu t’en allais…" Je tâche de garder cet air surpris pour moi, qui est partagé avec la jolie brune qui semble durant un moment questionner Cade du regard, pensant à une plaisanterie. Je ne comprends pas grand chose non plus, et m'affaire à rester sagement dans mon coin, subissant le malaise que l'agent impose par son attitude. Ai-je de la compassion pour autant pour cette femme? Pas le moins du monde. Elle tente de cacher son irritation, qui n'est que renforcée par le manteau qu'elle récupère et qu'elle ait forcé de mettre, sans l'aide bienveillante de Cade. Elle se rapproche de lui, murmurant quelques mots que je suis en mesure d'entendre. "Tu me le paieras..." Une menace que je ne peux malheureusement interpréter, n'y comprenant pas grand chose. Elle passe à mes côtés,  sans même croiser mon regard, visiblement énervée.

La porte claque, révélant bien assez vite un silence puisant. "Eh bien...Moi qui m'attendait à vivre mon premier plan à trois." lançais-je afin de détendre un peu l’atmosphère. "Mais je comprends....Cette robe qu'elle portait était tout bonnement affreuse. A faire repousser n'importe quel homme." Je tente de garder mon sérieux malgré cet air léger, je n'en oublie cependant pas les faits, je lui laisse cependant le bénéfice du toute pour l'instant. Mon corps s'approche, se glissant à sa hauteur, mes mains venant agripper le haut du dossier du canapé qui se trouve derrière moi. "Alors... Tu t'es déjà lassé de ton nouveau jouet? Ou j'arrive après toutes les festivités?" Dans les deux cas, il lui aurait accordé un peu trop d'attention à mon goût. Je n'étais pas sûr que la réponse puisse me plaire, mais j'étais cependant prête à l'entendre.

Cette Alicia ! Aussi provocatrice que dangereuse par son statut de fille d’homme d’affaires. Si jusque-là il l’avait pensé naïve et inutile quand le contexte sortait d’une simple partie de jambes en l’air, Cade était surprit de voir à quel point elle pouvait manipuler son monde pour avoir ce qu’elle désirait. En l’occurrence, elle ne voulait pas autre chose que passer la nuit ici, ce qui aurait pu être dans les cordes d’un Grimes qui n’aurait pas eu le cerveau occupé par de multiples sujets. Cela faisait d’ailleurs quelques temps qu’il ne s’était pas laissé aller avec la première venue, jolie jeune femme bien foutue qui battrait des cils comme pour se faire désirer… Néanmoins Alicia venait de griller toutes ses chances d’obtenir ne serait-ce qu’un baiser en le mettant au pieds du mur. Le chantage, ce n’était pas du tout son truc bien qu’il en usait parfois de son côté de façon peu scrupuleuse. En allant se servir son verre, Cade lui fit bien comprendre qu’elle ne l’aurait pas si facilement et alors qu’elle tentait de le convaincre que refuser son offre était risqué, on frappa à la porte.

Encore une fois, cette visite n’était pas attendue. Et quand Cade s’approcha pour connaitre l’identité de la personne qui retenait l’attention d’Alicia, il découvrit avec un étonnement dissimulé que Savannah se tenait là, et qu’elle aussi semblait cacher quelques émotions contradictoires… Ce qu’elle faisait là n’avait pas d’importance. Elle arrivait juste au moment où, encore une fois, les apparences n’étaient pas du tout en la faveur de Cade. Elle ne manqua pas de lui faire entendre que l’évidence lui avait sauté aux yeux, alors qu’il fermait un peu la porte pour éviter que la mannequin n’envenime la situation en se vantant de rapprochements qui n’avaient pas eu lieus ! Elle en était capable, avec son regard hautain et son envie de surpasser l’éventuelle relation qui liait le faux binôme. Grimes ne laissa pas Savannah continuer…il ne la laissa pas partir non plus. Il l’entraina à l’intérieur sans autre choix possible, ignorant ses supplications.

Qu’elle ne se méprenne pas. Cade ne se servait pas de la présence de Savannah pour se débarrasser d’Alicia. Il aurait certainement jeté la brune dehors en la faisant miroiter un peu, histoire qu’elle ne se venge pas dés le lendemain… car en lui tendant son manteau pour qu’elle s’en aille, sous les yeux de Savannah, il se soumettait à quelques dangers imminents provenant des Andersen. La mannequin le regardait, comme bouche bée par ce retournement de situation. Et le moins que l’on puisse dire, c’était qu’elle ne le prit pas très bien. "Tu me le paieras..." Contrariée de voir ses plans déjoués, elle lui arracha le manteau des mains et se rhabilla avant de claquer la porte derrière elle. Cade ne l’avait même pas regardé. Les yeux dans le vide, les dents serrées, il réalisait déjà que la suite de cette histoire lui serait défavorable. Quand le silence s’installa, il se tourna vers Savannah, relevant sur elle un regard plutôt méfiant. "Eh bien...Moi qui m'attendait à vivre mon premier plan à trois." Un sourire jaune se logea sur les lèvres de Grimes alors qu’il baissait la tête. Si ça avait été aussi simple… "Mais je comprends....Cette robe qu'elle portait était tout bonnement affreuse. A faire repousser n'importe quel homme." Il redressa le visage, encaissant les répliques cyniques de la blondinette. – Quand tu auras fini, tu voudras peut-être que j’te serve un verre ? Fit-il ironiquement en se dirigeant vers l’étagère où il avait justement posé son whisky. Il méritait de finir ce remontant car Savannah était, il le savait, tout aussi bornée que lui. Et si ça faisait effet rapidement, peut être qu’il prendrait plaisir à lui faire croire certaines choses…

Non, en fait, pour une fois qu’il pouvait défendre l’image de Dom Juan invétéré qui lui collait aux basques, il n’allait pas inventer des faits. Il bu une gorgée et observa Savannah, appuyée contre le canapé. "Alors... Tu t'es déjà lassé de ton nouveau jouet? Ou j'arrive après toutes les festivités?" Les festivités ? Il y en aurait sûrement plus tard pour Cade. Quand Alicia aura craché tout son venin à son papa adoré… - Ça dépend de ce que tu entends par « festivités ». Il esquissa un petit sourire narquois à son intention comme pour jouer avec ce qu’elle pouvait en penser. Puis il reprit un air plus sérieux en redirigeant son verre vers ses lèvres. – Il ne s’est rien passé.Pas plus d'explications. L’alcool passa directement dans son gosier, n’ayant même pas le temps de lui brûler la bouche et il fronça les sourcils. – J’ai la drôle d’impression de chercher à me justifier… !Un air complètement ironique flottait dans cette phrase alors qu’il retournait derrière le bar pour retrouver la bouteille, cachant un sourire. – Et toi… ? Qu’est ce que tu fais là ? Ils n’avaient pas prévus de se voir ce soir. Et aucun évènement n’avait poussé la jeune femme à se déplacer jusqu’ici. Alors il voulait l’entendre le dire…qu’elle avait juste envie de le voir.

La présence d'Alicia au sein de cet appartement me rappelle malheureusement cette réalité que je tente de fuir depuis le début. Cade est un tombeur. Il n'a jamais tenté de s'en cacher, ou de jouer un jeu. Ca fait parti intégrante de sa vie, et j'imagine que ce petit arrangement entre nous est l'occasion parfaite pour espérer vivre librement une relation, sans les inconvénients d'une véritable relation de couple. Malgré ça, la déception est grande, et j'ai réellement beaucoup de mal à passer au dessus des différentes émotions qui m’inondent là tout de suite. Alors quoi? J'étais assez stupide pour croire nos derniers rapprochements, ses derniers efforts, ce moment passé chez moi en compagnie de Mathis allaient changer les choses? Volatilisant d'un revers de la main toutes ses habitudes qu'il cherche visiblement à maintenir en place?

Face à lui, je ne peux cependant retenir une sorte de reproche, véritablement mal placée, faisant référence à l'abominable créature qui se prélasse probablement sur le canapé en attendant le retour imminent de l'agent, jambes écartées version basic instinct, et ça fait monter la pression avec force en moi. Cette réaction virulente que j'avais eu lors de cet événement qui nous avait réunit tous les trois, j'étais parvenue à la justifier au travers d'un certain délaissement, d'un besoin obsessionnel d'être prise en considération. Cade m'avait invité, j'attendais donc qu'il profite de cette soirée pour échanger avec moi, et pas avec cet élément perturbateur répondant au doux prénom d' Alicia, ce qui était légitime, même si je n'avais été qu'une simple amie pour le coup. Mais là....Cette haine profonde n'est pas dû à mon égocentrisme du moment. Il est chez lui, profitant d'une soirée de son côté, voulant apprécier le charme non négligeable de cette femme au charme ravageur, c'était son droit. Rien ne l'empêchait de le faire. Ca me posait pourtant réellement problème. Une partie de moi tente de réfuter cette haine, en vain. Les fais sont là, c'est bien ce sentiment de jalousie qui me rend présentement irrité par cette scène. Mon reproche est sans grande surprise mal reçu par Cade, qui semble déjà lassé par les allusions que je lui fais. Je roule des yeux, ne parvenant pas à le comprendre parfois. Mon départ est ce qui semble être le plus raisonnable, et permettra au joli petit couple de poursuivre leur petite soirée. Je suis cependant surprise par la retenue de Cade. Là, ca me laisse littéralement perplexe. Tente t-il de se rattraper avant qu'un énième froid ne vienne à nous éloigner? Pense t-il réellement que je vais me sentir flatté qu'il apprécie de me voir là? Non, il semble disposé à vouloir m'accueillir chez lui, comme si le moment était le plus opportun. Si l'idée de pouvoir jouer les troubles fêtes aurait pu être jouissif, ma fierté n'est pas de cet avis, et préfèrerai en être dispensé. Ma main tente de s’échapper de la sienne, mes pieds un instant s'imposent sur le sol de l'entrée pour marquer l'envie de regagner l'extérieur. Mais trop tard. je suis à nouveau mis au beau milieu de la scène, et le regard noir que me lance la grande brune ne fait qu'alimenter cette tension au sein de ce trio.

Pour une fois, je décide de me faire discrète, ayant presque envie de les laisser face à cet échange houleux du duo. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe, bien que ma visite semble être l'excuse parfaite pour faire déguerpir la mente religieuse de ce soir. Après une menace lancée à l'agent, qui me fait par ailleurs lever les sourcils, elle quitte la pièce, me rendant un instant coupable de chaos. Cade ne semble pas s'en amuser, bien au contraire. C'est donc une certaine ironie que je tente d'apaiser la situation, et non de la nourrir, comme il pourrait le penser. Peut être aussi est-ce une façon pour tenter d'obtenir des réponses, ou encore mieux, certaines négations face à toutes ces idées qui déboulent dans ma tête. "– Quand tu auras fini, tu voudras peut-être que j’te serve un verre ?" Je soupire, réalisant que l'accueil que j'obtiens ressemble quelque peu à celui qu'il a réservé à son rencard. Alors quoi? Ce cher Grimes ne serait donc pas d'humeur ce soir? Je hoche négativement de la tête, me félicitant de savoir dire non pour une fois. "Ca sera pas nécessaire." Une façon de lui faire savoir que ma présence ici n'est que provisoire? Ou alors peut être que j'attends la réponse à cette question pour me décider sur ce point. Je sais qu'elle ne va pas lui plaire, qu'une fois de plus, elle lui fera serrer la mâchoire et soupirer vainement face à cette  curiosité typiquement féminine, mais une partie de moi veut savoir. - Ça dépend de ce que tu entends par « festivités ». Je soupire, sachant très bien ce qu'il souhaitait provoquer chez moi." Joue pas avec les mots, tu sais très bien où je veux en venir". Cette phrase me fait réaliser à quel point je peux être stupide : Suis-je réellement entrain d'attendre de savoir si il a joué au docteur avec la mannequin pour décider de me lancer à mon tour? Je vois déjà le sourire hilarant de mon frère s'il venait à voir cette scène, me lâchant un "pauvre fille" sans doute mérité. "– Il ne s’est rien passé." Je hausse les sourcils, tâchant de dissimuler ce soulagement qui m'anime."Oh" lachais-je en hochant successivement de la tête, en prenant un air singulier, comme si ca n'avait aucune importance finalement. "– J’ai la drôle d’impression de chercher à me justifier… !" Je profite qu'il ne m'observe pas pour grimacer un instant, comme si cette vérité était difficile à contredire. Ma main passe nerveusement sur le haut de mon visage, cherchant l'excuse parfaite à répliquer. Mais je ne l'ai pas. Je semble cependant plus détendue pour la suite. "– Et toi… ? Qu’est ce que tu fais là ?" Je m'approche du bar doucement, prenant un air léger. " Je passais par là, et je me suis dis 'Tiens, pourquoi je ne passerais pas saluer ce cher Cade?'" Je laisse entrevoir mon plus beau sourire, sachant pertinemment qu'il n'y croirait pas une seconde. " Je voulais te dire que tu avais devant toi la nouvelle chroniqueuse web". Lui qui m'avait reproché mon manque de communication, voilà que je le mettais à jour sur les derniers événements. "Et puis..." je marque une pause, baissant un instant les yeux avant de les relever. " Peut être aussi que j'avais juste envie de te voir." Oser le dire à voix haute ne faisait que confirmer ce sentiment de stupidité. Je passais pour une de ces groupies, qui attendait comme toutes les autres devant sa porte.

Jusque-là, Cade avait toujours fait assimiler Alicia comme une jolie plante qui lui ferait passer quelques heures de plaisir quand il le voudrait, sans qu’il n’ai à faire trop d’efforts. Elle était très volontaire pour partager ce genre de moment, elle lui avait bien fait comprendre. Cependant, cette vision avait bien changé maintenant qu’elle avait tenté de le soudoyer. Ce chantage ne lui avait pas plu du tout et bien que les risques d’en avoir encore un peu plus sur les épaules était grand, il n’avait même pas considéré la question. Se jouer de lui comme ça, ça ne lui plaisait pas du tout et il ne manqua pas de lui faire comprendre qu’elle aurait dû éviter ce chantage. Elle n’aurait pas ce qu’elle voulait ce soir. L’arrivée surprise de Savannah allait clôturer le sujet bien qu’il ne s’attende pas à devoir subir quelques remontrances de la jolie blonde par la suite. C’était pourtant claire. Cade venait littéralement de mettre Alicia à la porte sous ses yeux….

Les circonstances étaient certes confuses. La mannequin en petite robe sexy, à cette heure-ci, chez lui. L’image semblait très clichée et pourtant, Savannah était loin du compte. Ils ne s’étaient pas donnés rendez-vous et contrairement à ce qu’elle était en train de cracher, Grimes n’avait pas du tout profité de l’occasion pour s’adonner à une partie de jambes en l’air démoniaque et assumée. Savannah refusa le verre que Cade lui proposait. Elle en aurait peut-être besoin étant donné la tension qui se lisait sur son visage et qu’elle ne manquait pas de lui montrer par des répliques complètement ironiques. Okay… Alicia méritait le statut de « jouet », mais la blondinette ignorait, encore une fois, la totalité de l’histoire. Cette fois, la jeune femme s’était montrée plus sournoise que désirable. Cade se contenta de nier, sans plus d’explications. Car plus d’explications signifiait remonter loin, très loin dans le passé tumultueux de l’agent fédéral et jusqu’à maintenant, il était parvenu à passer à côté de tout ça…

Grimes se servait un deuxième whisky et un petit sourire taquin se révélait progressivement quand il posa la question fatidique à Savannah. Il était persuadé qu’elle n’avait pas de raisons particulières de se trouver ici et que son unique motivation était de passer du temps avec lui. Encore fallait-il qu’elle se l’avoue à elle-même… " Je passais par là, et je me suis dis 'Tiens, pourquoi je ne passerais pas saluer ce cher Cade?'" Sous ce sarcasme non dissimulé, Cade haussa les sourcils. – Trop aimable ! Lança t-il sur le même ton. Il reposa la bouteille et saisit son verre. " Je voulais te dire que tu avais devant toi la nouvelle chroniqueuse web" Ah, ça c’était effectivement plus concret mais ne constituait pas une excuse assez solide pour débarquer chez lui au milieu de la soirée… Il s’approcha d’elle. – Hm… félicitations ! J’avais bien décelé une potentielle Lois Lane chez toi ! Version 2.0 bien entendu… Allait-elle porter un joli tailleur pour tapoter sur le web ? En réalité, Cade était ravit pour elle. Au moins, elle n’aurait plus à subir les assauts d’un patron criminel. "Et puis..." Il bu une gorgée, ne la lachant pas des yeux et s’apercevant que son naturel du moment l’attirait plus que de raison. " Peut être aussi que j'avais juste envie de te voir." Ah, voilà qui avait enfin le mérite d’être clair. La fierté s’empara de Cade et se lit à travers son regard et ce mince sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Il était content de susciter cette envie chez elle, seulement parce qu’il la ressentait bien souvent aussi. Un silence volontaire s’installa et il se rapprocha encore un peu de Savannah, à pas lents. – J’vais te dire un truc… maintenant face à elle, il planta ses yeux dans les siens et sourit. – J’aime beaucoup cette raison. Je la préfère à l’excuse du boulot. Il se mit à jouer passivement avec une mèche de ses cheveux blonds qu’il laissa ensuite filer entre son index et son majeur tout en poursuivant. – J’suis ravis que tu te sois si bien souvenu de mon adresse… ! Après tout, elle était venue ici qu’une seule fois. Et quelle fois ! Souriant et avec l’envie de plus en plus vive de lui sauter dessus, Cade déposa son verre sur le meuble le plus proche d’eux et hocha négativement de la tête. – Tu portes peut-être pas de mini robe mais j’ai terriblement envie de t’embrasser ! Avec cette phrase, il relâcha toute la pression et laissa tomber ce masque de Dom Juan un brin hautain. Il riait presque naturellement et en posant ses mains sur la taille de Savannah, il espérait bien avoir ce qu’il réclamait.

Ma réaction est sans appel. Avec toute l'énergie que j'y mets, je réalise à quel point ce sentiment de jalousie s'installe en moi, me rendant particulièrement agaçante. Ce n'est pourtant pas dans mon tempérament. Je n'ai pas souvenir d'avoir ressenti tant cette émotion dans mes précédentes relations, pas au point de vouloir creuser un trou dans le jardin, afin d'y enterrer l'autre femme qui vient s'interposer entre nous en tout cas. Mes remarques tentent d'être subtiles, mais ne parviennent à dissimuler mon irritabilité du moment. Au delà des faits, je constate surtout que je franchis alors toutes les règles que je m'étais imposée lorsque j'avais accepté de me lancer dans cette pseudo relation, et je fais ça en beauté. Je sais que ce ces remarques ne seront pas particulièrement appréciées par l'agent, lui qui n'a pourtant jamais fait une seule promesse concernant l'engagement, et qui a à maintes reprises fait part de son appétence pour la gente féminine, mais c'est plus fort que moi. De toute façon, la suite ne réservera plus de surprise, du moins, c'est l'idée que je m'en fais alors que je m'apprête à quitter les lieux, me faisant bien assez vite rattrapé par un Cade entreprenant. Je suis conviée à me joindre à eux, sans vraiment avoir le temps de donner mon avis sur le sujet. Et contre toute attente, Cade s'empare des phrases de circonstances pour parvenir à mettre Alicia à la porte, sous un œil étonné et quelque peu méfiant. Je ne sais véritablement pas quoi en penser. A t-il eu le temps de goûter au fruit défendu avec celle-ci au point de vouloir anticiper son départ? Je n'en ai pas la moindre idée, mais la scène qui se déroule sous mes yeux est assez incroyable, je me réjouis de voir la jolie brune quitter les lieux, et me serais presque chargé de lui ouvrir la porte si elle m'en avait laissé le temps.

Si ce départ met fin à un suspens insoutenable, cela ne rend pas mes échanges avec Cade plus facile pour autant. J'ai pour ma part, encore quelque doute sur ce que j'ai pu interrompre, et qui me pousse à garder mes distances, et d'autre part, l'attitude de ce cher Grimes n'est pas là pour arranger les choses. Après quelques remarques qui se veulent amusante, je me lance finalement sur le sujet sensible, celui qui rendra cette soirée bien moins attrayante que ce que j'avais prévu à l'initiale. La raison de la présence de cette femme dans son appartement. Il faut avouer que tout laissait penser qu'il s'agisse d'un rancard, si on en oublie l'attitude peu avenante de l'homme à son égard. Sa réponse va finalement me soulager de façon irrémédiable, et je peine à dissimuler mon enthousiasme du moment, malgré le comportement détaché dont je fais preuve, capable de croire pendant un instant que j'y suis pour quelque chose.  Ma remarque concernant les choix parfois douteux qu'il peut faire sur la gente féminine aurait t-elle réussit à revoir en considération son panel?

Mon soulagement est cependant de courte durée alors qu'il me pose la question, me rappelant combien il sait se montrer dérangeant avec ce besoin de communiquer. Ne vous a t-on pas appris que la curiosité est vilain défaut monsieur Grimes? Je m'empare d'une réplique bateau pour parvenir à la combler, laissant entrevoir un certain amusement.– Trop aimable !  Je hausse les sourcils, retroussant mes lèvres, et m'autorise quelques secondes avant de trouver une raison qui semble convenir. Ce nouvel emploi que j'occupe. Il s'était montré quelque peu virulent l'autre fois lorsque nous avions évoqué mon ancien poste, je lui prouvais avec cette nouvelle que j'étais décidée à aller de l'avant. Hm… félicitations ! J’avais bien décelé une potentielle Lois Lane chez toi ! Version 2.0 bien entendu… Je l'observe s'approcher doucement, et me pince doucement les lèvres avant d'oser y apporter une réponse. "Et je n'ai même pas eu besoin de l'aide de superman pour y arriver" m'amusais-je, non sans inclure un léger sous entendu. La distance qu'il est parvenu à réduire, révélant un certain effort de sa part, me pousse pourtant à lâcher prise, avouant, non une certaine hésitation la raison de ma présence ici. Je détestais exprimer ce genre de chose, bien que je le ressentais, et au delà de ça, je pensais clairement que cet aveu pousserait Cade à faire marche arrière, laissant apparaître une faille dans le plan mis en place. Son silence est source de torture, autant que ce sourire vaniteux qui se loge sur son visage. – J’vais te dire un truc… Ma bouche se glisse un instant en coin, relevant finalement les paupières en plongeant mon regard dans le sien, comme si mon attention lui était toute accordée. Je souhaite surtout dissimuler la moindre expression qui pourrait apparaître sur mon visage s'il venait à se moquer, ou tenter de mettre un frein à cette approche.
– J’aime beaucoup cette raison. Je la préfère à l’excuse du boulot. Mon sourire me trahit, malgré l'effet de surprise qu'il provoque en moi. "Ah vraiment?" demandais-je avec ce regard rempli de malice. Je n'ose bouger lors de son approche, mon regard se perdant un instant sur sa bouche qui semble me lancer un appel. – J’suis ravis que tu te sois si bien souvenu de mon adresse… ! Mon visage se penche doucement vers l'une de mes épaules. "C'est l'avantage d'avoir un bon sens de l'orientation." Un faux air arrogant sur mes lèvres pour appuyer mes propos. Il faut dire que s'il ne s'était pas montré si silencieux lors du trajet qui m'avait permit de rejoindre son appartement la première fois, je n'aurais peut être pas eu l'occasion d'observer le paysage et d'en reconnaître certaines architectures. Il se débarrasse de son verre, me poussant à puiser dans cette attitude charmeuse. – Tu portes peut-être pas de mini robe mais j’ai terriblement envie de t’embrasser ! Ces quelques mots soulèvent un instant mon âme, me laissant envahir de ce sentiment si agréable qu'il provoque en moi. J'aime tellement ça ."J'me demande pourquoi tu n'l'as pas encore fais" déclarais-je en haussant les sourcils alors que je piétine face à l'impatience que cette attente me demande. Mon front se pose doucement contre le sien alors que ma main s'est logée sur son épaule, prête à le soumettre un instant à cette délicieuse tentation. Sourire amusé sur les lèvres, je décide finalement d'y mettre fin en attrapant doucement sa lèvre supérieure, m'imprégnant du goût exquis de celle-ci, cédant rapidement à ce besoin d'en avoir plus alors que ma bouche s’entrouvre d'avantage pour s'emparer de la sienne au travers de douce caresse . Mes bras viennent naturellement entourer sa nuque, cherchant probablement à me l’approprier d'une certaine façon, et je resserre doucement l’étreinte, me glissant sur la pointe des pieds en inspirant doucement, comme si je cherchais à m'imprégner de cette source de bien-être.

Quoi qu’elle puisse en dire, Savannah présentait toutes les caractéristiques de la jeune femme jalouse. Une moue façonnée dés la découverte de sa pseudo rivale et des répliques préfabriquées qui insinuent forcément qu’il était coupable de quelque chose. Il le voyait bien dans ses réactions, la présence d’Alicia ici ne lui avait pas plu et comme elle l’avait fait lors de la soirée chez les Andersen, elle le lui faisait comprendre avec une ironie non dissimulée. Cade n’avait pas envie de batailler. D’une part parce que la visite de la mannequin ne s’était pas déroulée comme Savannah pouvait le penser, et d’autre part parce qu’il lui importait bien plus de savoir ce que la blondinette faisait là ce soir…

Elle invoqua son nouveau boulot, en prétendant que cette nouvelle ne pouvait pas faire l’objet d’un petit message, ou ne pouvait pas attendre leur prochain rendez-vous. Grimes était toutefois ravit d’apprendre que Savannah ne resterait pas au chômage très longtemps, et surtout qu’elle ne serait plus sous l’emprise d’un patron qui abusait de son pouvoir. Ouais… il la voyait très bien en charmante reporter, plongée dans une chronique palpitante, le regard ne reflétant que la lumière bleutée de son écran d’ordinateur. "Et je n'ai même pas eu besoin de l'aide de superman pour y arriver" Grimes esquissa un léger sourire amusé. Cette référence lui parlait bien et il était risible de voir que la jeune femme l’avait adopté. Néanmoins, sa ressemblance avec Superman, sur ce plan, s’arrêtait vraiment là. Il n’était pas certain d’avoir pu l’aider à trouver un autre emploi, même si elle lui avait demandé. Cade était encore totalement ignorant de la vie professionnelle de Brisbane. Lui qui attendait des nouvelles de sa hiérarchie pour être fixé sur son sort à Los Angeles n’avait même pas prit la peine de prendre la température au cas où il se retrouverait lui aussi sans boulot. Un comportement qui était tout sauf raisonnable et… au pire, il irait quémander un poste au cabinet de sa chère frangine en attendant de trouver mieux… !

Après s’être servit son deuxième verre de la soirée, Cade s’approchait doucement de Savannah, mettant ainsi un terme à l’espace qui s’était créé dans l’atmosphère et qui les séparait aussi physiquement. Il lui révéla bien vite qu’il appréciait sa franchise. Celle dont elle avait fait preuve en avouant être venue « juste » pour le voir et qui le flattait énormément. Au-delà d’aimer cet effet d’emprise très égoïste qui se dégageait, il adorait être au centre de ses pensées à elle et se dire qu’elle n’avait pas pu y résister. – Tu portes peut-être pas de mini robe mais j’ai terriblement envie de t’embrasser ! Et il cédait à son tour, laissant éclater son envie avec un grand sourire naturel. Si d’ordinaire il pouvait faire durer ce jeu du « je t’aime moi non plus », ce soir, il avait seulement besoin de laisser tomber les armes qu’il avait déjà dégainé avec Alicia, et Savannah était la personne idéale pour ça. Non pas parce que leur petit deal lui faisait normalement passer que des moments agréables avec elle, mais bien parce qu’il se sentait bien et que le reste s’éloignait à ses côtés. "J'me demande pourquoi tu n'l'as pas encore fais" Le goût désormais familier de ses lèvres agissaient presque comme un sortilège d’oubli. Alicia, les Andersen et le boulot n’était déjà plus qu’un mauvais souvenir. Du moins, ce soir là, il n’était plus question d’en reparler ! Grimes avait fermé les yeux dés que le contact fut établi. Dés que son parfum subtil et quelque peu enivrant lui était monté à la tête et qu’il avait laissé ses mains se poser sur sa taille. Sans vraiment s’en rendre compte, il la serra contre lui, cherchant à profiter encore et encore de ses lèvres qu’il ne libéra pas tout de suite. Des images de leur dernière nuit ensemble défilèrent instinctivement devant ses paupières closes. Son corps si parfait et sa peau contre la sienne, son souffle s’accélérant un peu plus au fil des minutes…S’il s’écoutait, il la déshabillerait là, dans son petit salon, et il lui ferait tout ce qu’elle voudrait ! Cependant, sa bouche dévia sur sa mâchoire où il déposa un baiser chaud et envoutant. Et puis, il lui murmura à l’oreille. – J’ai plein d’idées qui me viennent en tête là tout de suite pour bien profiter de la soirée mais… peut être que tu avais prévu autre chose… Il croisa finalement son regard dans un échange pénétrant, et retenait un sourire. – Je suis décidé à jouer la carte du type compréhensif si tu me dis vouloir rester sérieuse ce soir ! Il haussa finalement les sourcils. – Profites-en ! L'offre ne tiendra pas bien longtemps !

C'est dans un moment comme celui-ci que la réalité me rattrape. J'aimerais avoir sa faculté à passer outre les choses, à décider de ne rien ressentir, mais je ne suis pas comme ça. Et plus le temps passe, plus il va m'être impossible de pouvoir faire marche arrière, de dissimuler les faits, je ne pourrais que réaliser l'ampleur des dégâts et espérer être épargné par les conséquences que tout cela implique. Ca m'effraie soudainement. Si nous étions souvent plongés dans cette bulle ô combien agréable, les éléments comme Alicia parvenaient à défaire l'équilibre que je tentais d'instaurer, me rappelant amèrement cette condition, celle qui n'inclut aucunement une exclusivité.  Le silence est un supplice en soit que je peine à le lui accorder, c'est parfois plus fort que moi. Quelques remarques m'échappent, et surtout certains regards me trahissent... Je ressens un sentiment d'insécurité, et surtout, cette peur qu'elle puisse prendre ma place, comme il l'avait si bien évoqué lors de cette soirée professionnelle, semble soudainement prendre tout son sens, me donnant envie de foncer tête baissée dans la situation, quitte à tout y perdre, autant que de fuir le plus loin possible, afin de ne plus supporter cette déception qui donne un sacré coup à ma fierté au passage. Je pensais rentrer bredouille, ruminant sur ma naïveté légendaire, mais voilà que Cade m'en empêchait, et précipita Alicia jusqu'à la porte. De quoi remettre en question cette haine passagère que j'éprouve à son égard. Je suis probablement maladroite, mais ce silence qu'il m'impose d'une certaine façon ne peut que laisser flotter des sous entendus, qu'il n'a probablement pas envie d'entendre. Si je pensais que le plus dur était passé, maintenant que nous avions évoqué le sujet principal, la raison de la présence d'Alicia ce soir, je n'imaginais pas devoir expliquer la mienne. Je détourne le sujet, espérant qu'il se contenterait de ça, mais bien évidemment que non... Cade reste Cade.

Son regard me guète, attendant patiemment que la prochaine excuse parvienne à le satisfaire. J'évoque ce poste que je viens de décrocher, raison qui pourrait tenir la route, mais qui n'aurait clairement pas nécessité un déplacement jusqu'à chez lui. Je finis donc par baisser les armes, osant mettre une partie de moi à nue alors que quelques minutes auparavant je m'étais véritablement repliée dans ma coquille, afin qu'il ne puisse plus m'atteindre. Mon regard le guette, sachant pertinemment qu'il profite de la situation, de ce sentiment de supériorité qu'il m'impose au travers d'un sourire provocateur. Mais ses propos viennent adoucir la signification. Il semble apprécier mon honnêteté, bien plus que je ne l'aurai imaginé, ressentant même cette envie que de vouloir partager un moment bien moins conventionnel en ma compagnie. Le secret se trouve donc dans une tenue des plus banales et quelques aveux?

Nous étions bien loin de l'ambiance tendue que j'avais provoqué par mon arrivée. Comment refuser l'invitation à profiter d'un rapprochement imminent alors que cette simple idée me hante depuis notre dernière rencontre. Il efface tout, par ce simple contact, parvenant à me donner la sensation démesurée que l'on peut ressentir lors de l'adolescence par un simple baiser. J'ai envie de le serrer contre moi, un peu plus fort à chaque seconde qui passe, de ne plus pouvoir le lâcher, comme si ce qu'il pourrait m'accorder serait de toute façon trop peu à mon goût, comme s'il pouvait soudainement m'échapper face à une femme qui se montrerait bien plus persuasive la prochaine fois. Le feu qui monte en moi devient déjà hors de contrôle, il faut dire que nos derniers moments ensemble ne nous ont pas permis de profiter librement de ce deal et que cette attente ne fait que rendre nos retrouvailles tant attendues à mon goût. Sa bouche libère la mienne, mes paupières mettent d'ailleurs un certain temps à se relever, comme si je souhaitais ne pas réaliser qu'il avait prit fin. Son souffle chaud qu'il propage à  hauteur de mon oreille suffit à rendre ce moment d'autant plus sensuel. "– J’ai plein d’idées qui me viennent en tête là tout de suite pour bien profiter de la soirée mais… peut être que tu avais prévu autre chose…" Un délicieux sourire orne mes lèvres, profitant qu'il ne puisse pas l'apercevoir. Mais par pure provocation, et surtout parce qu'il le mérite bien face à ce qu'il a pu faire naître en moins ces dernières minutes, je décide jouer la carte de l'ironie. "J'ai effectivement des choses à faire..." une réplique qui ne lui est probablement pas si inconnue, puisque c'est la phrase magique pour parvenir à m'échapper dès que les choses se corsent. "...mais peut être ca peut valoir le coup de rester" Je hausse les sourcils, croisant finalement son regard dans lequel se balade le mien, avec un désir qui ne peut lui échapper. ." – Je suis décidé à jouer la carte du type compréhensif si tu me dis vouloir rester sérieuse ce soir !  "Cette réplique a raison de moi, et je ne peux dissimuler mon amusement soudain. "Oh vraiment?" demandais-je pour m'en assurer, me jouant de cette proximité alors que son corps se trouve toujours collé contre le mien "– Profites-en ! L'offre ne tiendra pas bien longtemps !" Je me mordille intérieurement la lèvre "J'vais peut être avoir besoin d'un peu de temps pour y réfléchir" déclarais-je alors que ma bouche s'amuse à effleurer la sienne, sans prendre le temps de la toucher réellement. "Ou de quelques arguments supplémentaires pour me convaincre."

Un petit coup d'oeil sur ses lèvres parfaitement dessinées qui aura finalement le don de me faire céder définitivement. Ma bouche s'empare de la sienne dans un élan de passion, me libérant de cette frustration que de devoir manquer cet appel. Vouloir résister par pure fierté me semble impossible, il a ce pouvoir de surpasser toute raison, et ce goût si addictif agit inévitablement sur ma personne, alimentant ce désir qu'il provoque en moi de façon irrémédiable. Mes mains remontent le long de son torse, s'attardant finalement sur cette chemise que je déboutonne sans pour autant interrompre ce baiser. Tâche qui s'annonce plus compliquée que ce que je n'avais imaginé. Je baisse un instant le regard sur mes gestes, m'occupant d'un bouton qui semble faire opposition. Mes mains glissent sur ses épaules,  faisant tomber le vêtement sur le sol et m'offrant une vue des plus agréables. Je m'apprête à retrouver ses lèvres lorsque mon regard croise le sien dans un moment de trouble absolu. J'ai le coeur qui bat la chamade dans ma poitrine, et je réalise à quel point il pourrait me détruire. Ce sentiment fort lui fait manquer un battement. A t-il seulement idée de ce qui peut se passer en moi? Parvient t-il à croire qu'il ne s'agisse là que d'une attraction physique pour moi? Je n'en ai visiblement pas l'impression. Et cette simple idée qu'il puisse avoir les armes pour me réduire à néant me rend vulnérable. Pourtant, je ne succombe pas, préférant m'imprégner de la force du moment pour poursuivre, encore et encore...

Si bien souvent Cade se lassait de relations qui trainaient car elles ne lui apportaient rien de plus que de simples moments de purs plaisirs, avec Savannah c’était clairement différent. Voilà maintenant plusieurs mois qu’ils se fréquentaient de façon récurrente et à chaque fois, il s’en était réjoui. Il fallait dire que leurs rendez-vous avaient toujours été mouvementés et n’avaient donnés lieu à aucune routine, et même si la blondinette avait un caractère bien trempé qui l’exaspérait parfois, il en redemandait. Ce qu’il appréciait ? Le fait que ce ne soit jamais pareil, jamais facile ? Le laps de temps où il ne se voyait pas et renforçait forcément ce désir et cette attraction ? Ou tout simplement… elle ? Quoi qu’il en soit, il était à noter quelque part que depuis qu’il s’était retrouvé nez à nez avec Savannah lors de ce fameux gala, il n’avait eu aucune autre relation. Et mieux, il n’avait pas même été tenté d’en avoir une. Il dirait probablement le contraire si on le lui demandait mais ceci n’était qu’une question de fierté qu’il ferait parfois mieux de ranger pour éviter de se prendre des murs…

Alors qu’ils rangeaient tous les deux leurs sarcasmes du moment, ils tombèrent d’accord sur le fait que l’atmosphère avait besoin de plus de naturel. Du moins, c’était ce que Cade ressentait. Alicia avait déjà fait monter la mayonnaise, il était inutile d’agrémenter encore cette soirée. Au contraire, Grimes avait vraiment envie de l’adoucir et de se rapprocher de Savannah pour tout laisser tomber. Elle lui avait manqué. Réellement. Il était dans une merde inconsidérée avec les Andersen mais peu importait. Il s’en occuperait en tant voulu si la mannequin mettait ses menaces à exécution et ne manquerait pas de lui montrer qu’il pouvait être aussi adorable que détestable.

Ce fut donc avec une certaine jubilation qu’il retrouva ses lèvres et la douceur de ses caresses. Tout cela faisait à chaque fois son petit effet, si bien qu’il lui était compliqué de s’en extirper pour rester raisonnable. Pourtant, il lui chuchota suavement mais sérieusement qu’elle avait le choix. Il lui laissait carte blanche sur le déroulé de leur soirée, lui faisant totalement confiance et lui montrant par la même occasion qu’il n’était pas seulement un type mort-de-faim qui sautait sur elle dès que son fils n’était pas dans les parages. "J'ai effectivement des choses à faire..." Il haussa les sourcils, étonné de cette réponse dont il captait l’ironie. "...mais peut être ca peut valoir le coup de rester" Son sourire s’élargit. Elle le faisait languir et au fond, il adorait ça. "J'vais peut être avoir besoin d'un peu de temps pour y réfléchir" Sa bouche frôlait la sienne et ce seul contact soulevait une envie irrépressible chez Cade. Forcé de constater qu’il aimait la voir mener le jeu, il se délectait de ce souffle chaud sur ses lèvres sans broncher. "Ou de quelques arguments supplémentaires pour me convaincre." Les yeux de l’agent fédéral allaient de cette si jolie bouche au regard lascif de Savannah. Cette phrase, c’était un peu le feu vert qu’il attendait pour laisser son désir parler pour lui. – Je peux t’en donner des dizaines… ! Il ne le retenait plus. Son avidité se lisait dans ce prochain baiser. Passionnément et sensuellement à la fois, il avait capturé ses lèvres entre les siennes et ne voulait pas s’en séparer. Il prolongea donc cet échange alors qu’elle entreprit de le débarrasser de sa chemise, bouton par bouton. C’était tellement excitant qu’il se laissa faire en se sentant cette vague intense grimper en lui, plus haut encore quand il croisa ses yeux bleus, plus sombres que d’ordinaire. La lumière tamisée du salon donnait une atmosphère encore plus cosy à ce moment, et Savannah n’en était que plus belle. Il la regarda un court instant, se rendant compte que leur relation n’était plus ce qu’elle était il y avait des mois de cela. Leur marché tenait-il encore ? Et quand était-il de son attachement grandissant pour elle ?! Une main glissa dans la nuque de la jeune femme, son pouce caressa tendrement le bas de son visage. – Je t’interdis de faire marche arrière… Ce n’était pas un ordre. C’était une supplication. Sans attendre, il reparti à l’assaut de ses lèvres en illustrant ses mots. Il attrapa le bas de son tee-shirt et lui ôta rapidement en le laissant tomber à terre, ne quittant sa bouche qu’une seule petite seconde.

Ce qu’ils étaient l’un pour l’autre ? C’était encore flou pour Cade. Ce qu’il savait et qui était concret, c’était qu’une fille comme elle ne pouvait pas entrer dans sa vie et en sortir comme si rien n’était. Et que sa présence à ses cotés était toujours source de plaisir, de trouble, d’envie et de sensibilité. La respiration de Cade s’était intensifiée et il ne s’était toujours pas lassé de ses lèvres au goût légèrement sucré. Ses mains redescendirent lentement le long de son profil, effleurant au passage, un soutien-gorge qu’il savait munit d’une dentelle faussement innocente. Imaginer son corps rien qu’en le touchant et en y rattachant les images de ses souvenirs le faisait tressaillir. Grimes avança, pas à pas, faisant reculer Savannah jusqu’à l’adosser au mur le plus proche. Là, il s’attaqua à son cou qu’il dévora en déboutonnant, de façon anodine, le bouton de son pantalon. Son nez se perdait dans ses cheveux bonds et ses mains prenaient le chemin de ses fesses. Malgré les pulsions qui l’animaient, Cade n’en était pas sauvage et il savourait chaque seconde où ses doigts étaient posés contre sa peau.

Qu'attendais-je en débarquant chez lui? Pourquoi ne pas chercher à l'approcher à travers quelques messages et lui proposer de se retrouver, plutôt que de faire le grand saut en osant débarquer mains dans les poches en ce début de soirée? Etait-ce l'effet de surprise que je souhaitais susciter en lui, de façon positive? Un besoin de m'assurer qu'il ne partageait pas ces mêmes moments avec d'autre compagne d'un soir? Ou simplement cette folle envie, ce manque puisant, qui ne fait que s'intensifier avec le temps, mettant à mal les plans que nous avions prévus lui et moi? Je suis incertaine, ce que je sais, c'est que c'est plus fort que moi, plus fort que cette fierté que j'arbore souvent avec lui. J'aime sa compagnie, réellement. J'aime les moments que nous partageons ensemble, si imparfait soient-ils parfois. J'ai cependant peur que cette initiative se retourne contre moi. Il suffit d'observer ma réaction impulsive face aux circonstances, cet agacement en constatant qu'il a préféré la compagnie d'Alicia,cette sulfureuse brune, à la mienne.  Il pourrait rapidement me reprocher mes réactions, n'ayant clairement aucune justification à m’apporter sur ce qu'il peut vivre au delà de notre binôme.

La tension, pourtant bien présente entre nous jusqu'à maintenant s'évapore peu à peu face à l'aveu que j'ai osé lui faire, me laissant le plaisir de redécouvrir ce sourire moqueur dont lui seul à la clé, et qui suffit à me faire perdre toute mes positions initiales. Je suis à sa Mercie, bien que je sois bien trop fière pour oser lui avouer, et c'est avec un certain amusement que je laisse planer le doute sur mes réelles intentions. Allions nous sauter sur l'occasion pour combler ce besoin physique qui nous guette du coin de l'oeil, mais qui s'est retrouvé passé au second plan ces derniers temps? Mon corps est blottit contre celui de l'agent, et mon regard se ballade inlassablement entre son regard émeraude et cette bouche qui semble se jouer de moi, comme s'il n'était plus qu'une question de secondes avant que je rende les armes et me soumette à cette douce tentation qu'il représente. Le trouble est à son comble face à la proximité de nos visages, et malgré des propos qui laissent prétendre le contraire, j'ai déjà bien évidemment fais mon choix. L'évidence est là. Même avec la meilleure des volontés, je ne parviendrais à échapper à cette attraction entre nous. Son corps tout entier appelle le mien, comment parvenir à passer outre cette envie de me perdre dans ses bras? "Ou de quelques arguments supplémentaires pour me convaincre."osais-je réclamer, comme si sa présence près de moi, le souffle chaud qui émane de sa bouche, et ce regard rempli de désir n'étaient pas suffisant pour me faire céder. "– Je peux t’en donner des dizaines… !" J'arque un sourcils, laissant apparaître un sourire provocateur et amusé à la fois, n'attendant qu'une chose, qu'il mette en application ses dires, et me fasse céder définitivement. Ce nouveau contact sur mes lèvres suffit à me faire abandonner toute retenue, je ne cherche même plus à lutter, ou à riposter avec cet humour qu'il me connaît. Je veux simplement qu'il m'appartienne véritablement pour les prochaines minutes à venir. Mes lèvres caressent inlassablement les siennes, mes mains parcourent ses épaules, remontant doucement le long de sa nuque, pour se perdre finalement dans ses cheveux dans lequel je passe mes doigts, luttant vainement pour ne pas perdre le contrôle. Mon impatience va me pousser à passer à l'étape supérieure, déboutonnant cette chemise avec une certaine agilité. Je veux sentir la chaleur de sa peau contre la mienne. Une seule petite seconde, mon attention est forcée de s'arrêter sur mes gestes, m'assurant que ce vêtement finira sur le sol les secondes qui suivent...

Je vais à ce moment là, croiser le regard de l'agent. Le temps va sembler se figer, seule nos respirations seront audibles, et feront remarquer par leur irrégularité l'intensité du moment. Et c'est une prise de conscience qui s'offre à moi. Je paniquerais presque face à ce moment de lucidité, cette clairvoyance qui ose venir me provoquer dans un moment pareil.Je retiens mon souffle. J'ai franchis la ligne. J'ai osé franchir cette putain de ligne! Je ne l'ai pas fais de façon brutale, comme lorsqu'on décide de sauter par dessus une flaque d'eau,non, je l'ai approché, chevauchée, observé, mais je peux dire avec certitude que je me trouve bien de l'autre côté, complètement submergée par tout ce que je ressens, et je ne parle pas là uniquement d'une simple attraction physique pour mon partenaire. Je me dois de l'arrêter, parce que le jeu n'est plus, et que les conséquences ne feront que rendre la suite dramatique. Je ne joue plus, mais avais-je seulement déjà joué ?Je me suis attachée à lui, j'ai perdu la partie, et mon honnêteté devrait me pousser à renoncer.Je suis comme tétanisée, prise de panique par ce qu'il fait naître en moi, et qui pourrait me réduire à néant s'il venait à vouloir abandonner la partie. Je ne sais pas s'il a remarqué mon trouble, mais il cherche quoiqu'il en soit à me ramener à nos échanges, me poussant à oublier la raison et vouloir repousser l'échéance. Souhaiterait-il seulement poursuivre s'il savait ce qu'il se passait en moi?

La douceur de ses mains, ses caresses me ramènent à ce moment sulfureux avec une force effroyable. "– Je t’interdis de faire marche arrière…" Je déglutis, n'ayant pas le temps d'y songer que ses lèvres prennent de nouveau en otage les miennes, me plongeant sans plus attendre dans cette bulle qui nous appartient et à laquelle il ne m'est plus possible d'échapper. Ses doigts viennent agripper mon haut pour l'ôter, et poursuivre cette course effrénée pour atteindre un plaisir considérable. Ses mains parcourent mon corps avec une extrême douceur, faisant naître des frissons sur chaque parcelle de ma peau. Ma bouche elle, ne cesse de se jouer de la sienne, ne réalisant même pas la pression qu'il exerce sur mon corps, et qui me poussera à me retrouver coincé entre un mur de l'appartement et son con corps à moitié dénudé. Je bascule le visage en arrière, tâchant de contenir cette respiration haletante pendant qu'il trouve refuge dans le creux de mon cou. Mon coeur s'emballe, menaçant de sortir de ma poitrine d'un moment à l'autre, mes mains pressent sa peau, laissant quelques empruntes dans le bas de son dos alors qu'il ne tarde pas à se jeter à l'assaut de ce jean, qui, bien loin de l'image sexy que renvoyait la robe d'Alicia, se dresse comme un obstacle. Il m'apprivoise comme jamais, me donnant l'impression d'être littéralement soumise face au pouvoir qu'il a sur moi. Je me débarrasse de ma paire de chaussure sans même avoir à me dispenser de ses lèvres. Lèvres qui ne tarderont pas à se lancer à l'assaut de mes courbes, descendant avec sensualité sur ma peau alors que mon bassin bascule un instant dans un mouvement des plus lascif. Il profite de cette descente pour entraîner la descente de mon jean, veillant à ce qu'il ne soit plus un obstacle et se retrouve, après un léger égarement passager, à ma hauteur. Je me mordille la lèvre en me chargeant de déboutonner son jean, croisant son regard pour lui adresser un sourire lubrique et amusé à la fois. Mes lèvres viennent s'emparer des siennes soudainement, bloquant son visage entre mes bras alors qu'il empoigne mes cuisses, ne me laissant d'autre choix que d'entourer sa taille avec mes jambes.

Dés les premières minutes où il avait posé ses fesses sur la chaise, face à Savannah, Cade avait su qu’il ne s’agirait pas que d’une simple amitié qui se limiterait à une conversation polie et à quelques échanges d’anecdotes salées pour rigoler le temps de boire quelques verres. Le premier soir où il était tombé sur elle, il l’avait abordé parce qu’elle lui plaisait. Une jolie blonde, des yeux bleus expressifs, une bouche pulpeuse qui semblait crier son nom… il ne lui en avait pas fallu plus pour faire d’elle sa conquête pour la nuit. Réceptive, Savannah n’avait pas refusé à passer les quelques prochaines heures en sa compagnie. Si on lui avait dit que quelques années plus tard, il serait tombé sur elle, par hasard, et qu’il se serait attaché à cette personnalité à la fois complexe et fascinante, il n’en aurait pas cru un mot. Car c’était véritablement ça. Ce n’était pas simple à admettre et il aurait toutes les difficultés du monde à l’avouer, mais Grimes se sentait bien auprès d’elle. Leur petit jeu l’amusait mais bien au-delà, sa présence lui était toujours réconfortante, et ce même si maintes épreuves étaient venues perturber leurs rendez-vous. Sans préciser qu’elle possédait cette aura à la fois charmant et sexy qui l’attirait à chaque fois plus maintenant qu’il avait apprit à la cerner.

Ce début de soirée ne relevait pas de l’inédit. Dés l’instant où elle avait franchi le seuil de sa porte, il avait tout laissé de côté pour se concentrer sur elle, foutant Alicia et toutes ses menaces dehors. Savannah avait toute son attention et leur fourberie faites de répliques ironiques ne dura pas bien longtemps. Non, Cade ne l’avait pas vu depuis plusieurs semaines, et il ne chercha pas à s’expliquer ce besoin de la sentir contre lui. Dés lors, il ne laissa plus ses lèvres s’échapper et au fil des secondes, il ne dissimula plus son désir pour elle non plus. Ses mains parcouraient sa peau avec de la douceur et la fermeté d’une envie qui croissait peu à peu. Il ne parvenait décidément plus à se détourner de son parfum qui le ramenait sans cesse à des instants de bien être complet, son nez flirtant avec sa nuque, où il faisait sensuellement glisser ses lèvres. Les yeux mi-clos, il se laissait complètement aller à cet instant que tous les deux ne regretteraient pas. Cet échange de regards, comme s’ils cherchaient à communiquer par ce seul moyen, le lui confirma. Et Cade ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il se jeta de nouveau sur cette bouche qu’il adorait profondément.

Bien vite, le tee-shirt de la jeune femme avait rejoint sa chemise, tombée au sol. Plaquée contre le mur du salon, Grimes se débarrassa de tout ce qu’elle pouvait porter en bas et en remontant, il en profita pour se délecter de la peau tiède de son ventre, et de la naissance de sa poitrine encore caché par son soutien-gorge. Il sentait son cœur battre dans tout son corps, la chaleur l’envahissait tout en entier à ces contacts. Cela n’avait rien à voir. Oh non, cela ne ressemblait pas à l’expression de son seul instinct animal qui parlait d’habitude quand il se trouvait avec une jeune femme. C’était autre chose, c’était le souhait d’en profiter mais avant tout de partager tout ce qui émanait en lui et sur lequel il ne saurait probablement pas mettre des mots. Grimes s’occupa de son propre jean après qu’elle l’eut ouvert. Celui-ci termina sa course à leurs pieds. Ce petit sourire malicieux qu’elle lui adressa ensuite le perdit complètement et avec passion, il attrapa ses lèvres et saisit ses cuisses pour la soulever avec une force qui semblait être décuplée par la puissance de l’instant. Ses jambes croisées autour de lui, Savannah passait ses mains dans ses cheveux bruns avec une lasciveté qui emportait l’agent fédéral et bien qu’il appréciait cette position plus que fantasmante, il n’allait pas lui faire l’amour là, contre le mur. Il voulait croiser son regard quand ils s’uniraient et pour ça, il ne l’emmena pas très loin. Quelques pas en la portant et avec une certaine difficulté à libérer ses lèvres, il se baissa et l’allongea lentement sur le canapé. L’espace était plus réduit mais bien plus confortable, et surtout, il pu de nouveau la regarder. Cette fille avait tout pour elle. Elle n’était pas seulement belle, elle était voluptueuse, mystérieuse et elle l’attirait irréversiblement. Cette faculté n’était pas la plus évidente et elle la surpassait nettement désormais. Les yeux verts de Cade parcouraient son visage, ses iris bleus, son nez fin, et sa bouche rosée. Après un petit instant où cette vague en lui devenait un tsunami, il profita d’un énième baiser, où sa respiration forte parlait pour lui pour sceller le moment et subir, presque silencieusement l’assaut de cette force indescriptible.

J'aimerais pouvoir justifier cette parfaite harmonie dans nos échanges physiques par le résultat d'attentes similaires, mais ce n'est pas le cas. Cade n'est visiblement pas ce genre d'homme à succomber à une femme uniquement par le biais de moment charnel, bien que notre relation ne se résume désormais plus à ça, et que la complexité de cette dernière se traduit par de nombreux rapprochements et désaccords l’instant d'après. Pourtant, l'entrain que met le bel agent à vouloir m’enivrer est si puissant qu'il parviendrait presque à me convaincre qu'il ne s'agisse pas là d'une simple attraction physique, que ça ne l'est plus du moins. Le regard qu'il m’adresse, plus profond que jamais, cette infime tendresse pour caresser ma peau, me maintenir contre lui comme s'il ne voulait pas que je lui échappe, comme si tout ça se résumait à un besoin extrême que de devoir succomber à chacun de mes charmes, à se délecter du doux parfum de mes lèvres...Ou ne suis-je simplement plus assez objective, loin, bien trop loin de toute indifférence pour en donner un réel sens? La première fois que nous nous étions retrouvés à partager un moment aussi charnel, on peut dire que la surprise de la découverte de l'autre et la simplicité de notre relation avaient permis un moment de pur plaisir, un simple besoin à assouvir face à une attirance partagée. Mais là tout de suite, il ne s'agissait plus uniquement d'une compatibilité physique, tout ca était bien plus fort. Sa personnalité, son histoire, sa perception des choses...Tout me précipitait dans le vide, ce vide considérable qui mêle sentiments et folie. Il me fait perdre la tête, et je lutte pour parvenir à résister, difficilement. Il agit comme un aimant, me fascinant par l'effet qu'il provoque en moi et auquel je suis tout simplement soumise.

Je sais que ce n'est pas juste que de vouloir poursuivre alors que les choses m'échappent, que cette situation inédite, que nous avions acté tous les deux est compromise. Que ce que j'éprouve à son égard devrait m’emmener bien loin de ce lieu, bien loin de lui. Mais je suis incapable d'y couper court, parce que tout en moi me pousse à vouloir rester. Peut être qu'il parviendra tôt ou tard à deviner mon implication dans notre histoire, peut être que ce jour là je n'aurais sans doute plus de ses nouvelles, qu'il tiendra à me faire sortir de sa vie de façon brutale et définitive pour échapper à ce problème. En attendant, il m'est bien impossible de le faire par moi-même, peu importe si la souffrance m'attend au bout de ce tunnel, et chaque moment passé en compagnie sera une partie de lui que je garderais précieusement au plus profond de moi.

Mon corps collé contre ce mur, je me languis de la douceur de ses lèvres, qui partent après un petit instant à l'assaut de mon corps, dévalant chacune de mes courbes en suscitant une respiration haletante déjà bien audible depuis quelques secondes. Je l'observe de ma hauteur, victime de ce désir qu'il nourrit, et qui m'embrase tout entière. Le temps semble s'être suspendu, il s'est figé pour ce moment de ferveur, sans que personne ne puisse venir s'y interposer. Il remonte doucement, faisant glisser sa peau sur la mienne pour entretenir cette chaleur déjà bien excessive. Mon regard croise le sien, laissant entrevoir un sourire de satisfaction et de provocation, comme si je parvenais à être encore dans le contrôle. Ses lèvres s'emparent des miennes dans un élan de passion, m'embarquant dans cette vague dévastatrice, je lâche prise. Ses mains soulèvent mon corps dans un moment d'agitation soudain alors que mes bras s'affairent à s’agripper à sa nuque, mes mains remontant à l'arrière de sa tête, passant mes doigts à travers ses cheveux. L'attention que ma bouche accorde à la sienne m'empêche de remarquer le déplacement qu'il entreprend et ce n'est que lorsqu'il se penchera pour me déposer sur le canapé que je m'en aperçois. Il m’observe avec envie, et je donnerais n'importe quoi pour deviner ses pensées là tout de suite. Je me sens belle, désirée, unique... Mon visage se relève pour atteindre sa bouche à nouveau, comme si j'étais incapable de m'en tenir éloigné plus longtemps. Mes lèvres dévient successivement sur sa joue, puis descendent, jusqu'à atteindre le creux de son cou. Le parfum qui émane et qui m'est désormais familier réveille chacun de mes sens. Ma main se glisse sur l'arrière de sa nuque, mon visage venant se confronter au sien alors que je pose mon front sur le sien. Les paupières relevées, je tiens à croiser son regard lorsque son corps vient rencontrer le mien, nous unissant définitivement. Un râle de plaisir que je ne suis pas en mesure d'étouffer, définitivement pas, témoin du bien-être qu'il provoque en moi. Son corps se presse contre le mien, langoureusement, sensuellement, chaque mouvement de bassin qu'il m'accorde est un délice auquel je ne souhaite échapper, jusqu'à ce que nous perdions pied tout les deux, succombant à l'intensité du moment après plusieurs minutes.

J'ai le cœur qui résonne si fort qui lui est certainement possible de l'entendre, de le sentir alors qu'il s'agite contre son corps. Je ferme les yeux, m'accordant quelques secondes pour parvenir à me remettre de mes émotions, ma main caresse délicatement son dos, son visage à lui s'étant réfugié dans mon cou. Il recule légèrement le visage, croisant mon regard. J'effleure du bout des doigts sa mâchoire, et dépose un bref mais doux baiser sur lèvres, n'ayant d'autre choix que de devoir quitter cette bulle enivrante, à contre coeur." C'était pas si mal" lançais-je en laissant échapper un léger rire. L'ironie...C'était certainement ce qu'il y avait plus facile avec nous, il n'était de toute façon pas prêt à entendre ce que je pouvais ressentir là maintenant, et la simple idée de m'y risquer précipiterait cette entente à une séparation définitive. Il se détache finalement de mon corps, me poussant à constater une fois de plus les dégâts de nos impulsions soudaines. A défaut de vouloir enfiler mes fringues, et donner cette impression de départ imminent, j'attrapre sa chemise à carreau sur le sol, et enfile cette dernière, qui parvient à dissimuler de façon subtile certaines zones de mon corps."Tu attends encore de la visite? Ou je peux venir me perdre dans ton appartement un peu plus longtemps...comme dans ta chambre par exemple?  "demandais-je avec un léger sourire. Non pas que je voulais ressortir cet effet de jalousie, bien au contraire, c'était surtout un moyen de m’assurer qu'il voulait bien de moi à ses côtés pour la nuit, ou si ce contexte trop conventionnel le ferait assez flippé.

La situation lui échappait. Cette relation qu’il entretenait avec Savannah et qu’il pensait ranger dans la case « plan cul » aussi simplement que d’habitude, s’avérait ne pas coller aux règles fixées par ce statut. Ses pensées étaient bien trop souvent tournées vers elle, en direction des réactions qu’elle pouvait avoir et de ce qu’elle pouvait ressentir. Son égoïsme s’effaçait petit à petit et il savait où ça le menait. Il ne l’avait pas expérimenté beaucoup, mais il connaissait cet effet. Grimes se laissait doucement mais sûrement envahir par son attachement pour elle, et par le bien être et la légèreté qu’elle lui apportait à chaque fois qu’elle se trouvait près de lui. Tout ça allait bien évidemment de paire avec l’attirance physique qui n’était plus à démontrer. Il adorait tout d’elle. Ses yeux bleus, son joli petit nez, sa bouche, ses courbes voluptueuses mais toujours mises en valeurs de façon élégantes. Ses mains, douces, passant subtilement dans ses cheveux en lui soulevant de délicieux frissons. Elle était décidément tout à fait son genre de femme, si on considérait qu’il en avait un. Et à chacun de leur rapprochement, il profitait de ce corps comme s’il n’allait jamais pouvoir recommencer. L’agent fédéral recouvrait son profil de caresses, glissant jusqu’à sa cuisse pour la coller contre lui et accentuer ce plaisir qu’ils partageaient. Il ne lâchait plus ses lèvres que pour dévorer son cou, ou pour rencontrer son regard lascif qui dévoilait la jouissance qu’elle ressentait à cet instant. Il aimait la voir comme ça… brûlante, prête à céder à n’importe quel moment. Il aimait l’entendre aussi, l’appeler par quelques bruits étouffés qui le motivait à poursuivre et à serrer son corps contre le sien encore et encore. Jusqu’à ce qu’ils succombent tous les deux. En quelques secondes, cette vague intense le parcouru tout entier et il se laissa aller, visage enfouit dans la nuque de Savannah, respiration haletante et envahit d’une sensation de pleine satisfaction.

Les battements de son cœur ralentissaient tout doucement quand il réalisa où il était. Les doigts de la jeune femme se baladait dans son dos et il n’osait bouger, profitant jusqu’au bout de ce relâchement où Cade Grimes n’était plus qu’un homme nu et fébrile, à genoux face à tant de sensations. Il prit quand même le risque de la regarder, et de lire dans ses yeux qu’elle partageait son impression quant à ce qui venait de se passer. "C'était pas si mal". Instantanément, un grand sourire se dessina sur son visage. Savannah. C’était bien elle là, dans ses bras. Il haussa les sourcils et ne manqua pas de lui répondre sur le même ton…  – Tu vas finir par me vexer. J’ai pourtant tout donné ! Un petit sourire resta figé sur ses lèvres alors qu’il l’observait, plantant son regard dans le sien et réalisant…que oui, il était bien avec elle. Il déposa un baiser sur sa bouche et soulevant son menton avec son index. Il la regarda ensuite de nouveau, une petite seconde, le petit sourire du chanceux logé sur son visage. Et puis, d’un coup, il se redressa. – J’vais me prendre une douche. Fit-il à la recherche de son jean qu’il enfila rapidement. « Tu attends encore de la visite? Ou je peux venir me perdre dans ton appartement un peu plus longtemps...comme dans ta chambre par exemple? » Il accrochait le bouton de son pantalon quand il lui sourit. Ce sarcasme lui rappelait vivement le début de soirée et les visites coup sur coup de la brune et de la blonde. Il s’approcha d’elle, l’enlaça en passant une main dans son dos et il effleura le col de sa propre chemise avec ses doigts. Osa-t-il lui avouer qu’il la trouvait outrageusement sexy ainsi vêtue de cet unique vêtement ? – Si tu veux en profiter pour nous faire un truc à manger, ne te gênes surtout pas ! J’ai souvenir de petits gâteaux confectionnés au beau milieu de la nuit…Et y’a pas photo, tu es bien plus sexy ce soir ! Son sourire s’élargissait à la pensée de ce pyjama rayé. Il reprit plus sérieusement. – Tu es chez toi. Il l’embrassa, furtivement mais sincèrement avant de se diriger vers le couloir.

Le bruit de l’eau retentit à travers le petit appartement et Cade s’était empêché de trop réfléchir. Il admettait seulement qu’avec Savannah, tout allait au-delà d’une simple histoire de sexe. D’ailleurs, il se sentait déjà pressé de sortir de la salle de bain pour la retrouver. Il avait enfilé un boxer et un tee shirt, seuls ses cheveux encore humides trahissaient son passage sous la douche. – Ca n’sent pas grand-chose… j’en déduis que tu n’as pas trouvé le chemin de la cuisine ? Il sortait et au bout du couloir, il voyait déjà la lumière tamisée de sa chambre. Encore amusé il s’y rendait d’un pas nonchalant. – Ou peut-être que tu t’es finalement endormi… Il poussa légèrement la porte à ce moment et sa bonne humeur semblait retomber comme un mauvais soufflé quand il remarqua que Savannah s’était rhabillée. – Quelque chose ne va pas ?

J'avais probablement sous-estimé le pouvoir que pourrait entrainer ce genre d'échange. Il semblait convaincu que cette relation n'avait que des avantages, et qu'elle pouvait réellement fonctionner ainsi, et j'avais été naïve pour me laisser embarquer dans l'histoire, sans songer un seul instant qu'il puisse prendre autant d'importance dans ma vie, que je puisse m'en attacher à ce point. Cade Grimes n'est pas parfait, non, il est têtu, autoritaire, lunatique, possédant un caractère bien trop similaire au mien pour que les beaux jours nous soient compter. Les nombreux moments passés ensemble en sont la preuve, nous étions intenables, incapables de ranger notre fierté face à l'autre, de véritables gamins qui passent leur temps à se chamailler pour finalement se retrouver coller l'un contre l'autre, assujetti par l'autre quelques instants plus tard. Une chose est sûre, le mot indifférence ne peut définitivement pas être retenu lorsque ca le concerne. Il était bien loin de l'image du type que je me devais fréquenter, et pourtant, j'étais parvenue à m'en éprendre bien plus que de raison. Et c'est dans un moment comme celui-ci que j'en mesure l'intensité. Mon regard se perd sur chaque trait de son visage alors que son corps rencontre le mien sensuellement, passionnément. Durant un instant, je parviens à me défaire de cette règle qu'il a imposé entre nous, osant imaginer que ce qui se passe est bien réel, qu'il ne s'agisse pas là du fruit de mon imagination, juste un fait. Ce n'est plus juste un coup d'un soir, un besoin d'exprimer une envie, ou une simple attirance qui donne lieu à ce genre de chose. Nous nous sommes fait prendre à notre propre piège, et désormais, les sentiments viennent jouer un rôle majeur dans notre relation et dans ce moment intime que nous partageons présentement.

Le délicieux souffle qui émane de sa bouche, à hauteur de mes lèvres, suffit à me faire perdre toute notion de réalité, il est addictif, agit de façon dangereuse sur ma personne. Je presse mon corps contre le sien, sentant la chaleur qui s'en échappe et qui me monte doucement, mais délicieusement à la tête. Cette danse torride à laquelle nous nous livrons m'apporte un tel sentiment de bien être que j'aimerais qu'elle perdure éternellement. Ma main qui se presse sur le bas de son dos en est bien la preuve. Je compte sur lui pour que cet instant se poursuive encore et encore, complètement soumise à cette état d'ivresse dans lequel il me plonge et auquel je fais preuve d'une dépendance incontestable. Ses lèvres caressent un instant les miennes, empêchant ce souffle de pouvoir lui laisser libre court. Je tente de m'y résoudre, bien vite rattrapée par ce besoin imminent que de devoir l'exprimer simplement. Ma main effleure un instant le sienne, involontairement, me poussant pourtant à venir me l'approprier, mêlant ses doigts avec les miens dans une innocence parfaite, resserrant un peu plus la prise face à cet effet puisant qu'il provoque en moi présentement et dont je lui fais part au travers de cette tension qui s'étend jusqu'à mes phalanges. Ma bouche veut s'emparer de la sienne, ne s'en détachant que pour reprendre un souffle vital. Dans un moment de parfait harmonie, nous succombons l'un et l'autre à ce plaisir suprême. Son corps repose tout entier sur le mien, et ce besoin de ne pas vouloir qu'il s'échappe sa manifeste à travers quelques douces caresses alors que ce moment nous permet de regagner le monde réel avec quiétude. Son visage se recule finalement, dans le seul but de pouvoir croiser mon regard, et ainsi partager un avis commun sur ce qui vient de se passer. Et parce que cette relation n'est pas commune et définitivement basée sur un humour sarcastique, je me permets d'y laisser un petit commentaire, qui a coup sûr parviendra à l'amuser et alléger ce moment épique entre nous. Une façon aussi de me défaire de ce regard affectueux que je lui voue, et ainsi attirer son attention sur autre chose que l'admiration qu'il provoque. "– Tu vas finir par me vexer. J’ai pourtant tout donné ! " Un délicieux rire, sincère et sexy s'extirpe de ma bouche. Si en temps normal, c'est le genre de remarque qui pousserait n'importe quel homme à se lamenter sur son sort, je sais que Cade saura la recevoir et le comprendre. Inutile de vouloir mettre des mots sur ce qui vient de passer, même mentir ne suffirait pas. Mon regard se perd intensément dans le sien, faisant naître de délicieuses sensations par ce qui en découle. Il m'embrasse doucement, tendrement, pas ce genre de baiser qui clôture de façon conventionnelle une bonne partie de jambe en l'air, non, un véritable baiser entre deux personnes bien plus impliquées que ce qu'elles ne voudraient . Et ce n'est pas ce petit sourire en coin l'instant d'après qui va atténuer ce sentiment prenant entre nous. "– J’vais me prendre une douche." Je tente de me défaire de cette timidité soudaine en me levant, à la recherche d'un vêtement capable de me recouvrir sans trop d'effort. Une envie de rester ici s'empare de moi, et je la formule, ne pouvant m'empêcher de lui rappeler le malaise vécu quelques instants plus tôt aux côtés d'Alicia alors que je tente d'enfiler quelques boutons. Mon visage se relève en sentant sa main se poser sur moi. Je croise son regard, haussant les sourcils avec un air lascif, comprenant que cette chemise semblait éveiller un nouvel intérêt lorsque je la porte Un léger sourire amusé s'installe sur mes lèvres alors que ses mains viennent arranger le col, me laissant le doux loisir de l'observer avec un faux air provocateur. "– Si tu veux en profiter pour nous faire un truc à manger, ne te gênes surtout pas ! J’ai souvenir de petits gâteaux confectionnés au beau milieu de la nuit…Et y’a pas photo, tu es bien plus sexy ce soir ! " Je plisse les yeux. "Dans mes souvenirs, c'était toi l'auteur de ces petits douceurs" fis-je remarquer au travers d'un sourire évocateur alors que mes lèvres effleurent, sans pourtant toucher, cette bouche parfaite. Des souvenirs que nous partagions, et qui nous avaient amené exactement là où nous nous trouvions ce soir. " – Tu es chez toi." Je hoche de la tête, l'observant s'éloigner après ce baiser volé, et ne peux retenir ce sourire niais, témoin de ce sentiment de satisfaction que je ressens là tout de suite. Une partie de moi déteste ce qu'il est entrain de faire de moi, et l'autre s'en enivre, en voulant toujours plus. Je jette un coup d'oeil brièvement dans le frigo, remarquant les habitudes alimentaires d'un célibataire endurci, qui n'offrent pas beaucoup de possibilité là tout de suite. Il lui suffira de trouver quelque chose si cette faim se montre persistante. Pour ma part, j'ai plutôt cette envie que d'occuper de façon provisoire sa chambre. Le bruit de l'eau qui coule me parvient lorsque je passe devant la salle de bains, provoquant un sourire alors que j'attends finalement la chambre. Je dépose mes affaires sur la commode, et remarque bien assez vite que ce geste vient de faire tomber sur le sol un papier. Ce courrier replié dispose d'un symbole, celui des bureaux fédéraux des Etats-Unis. Sans que n'y montre un grand intérêt, je le ramasse, dégageant une mèche derrière mon oreille, alors qu'en toute innocence, je viens étudier les grandes lignes. Des mots qui auraient pu être commun si ils n'annonçaient pas une commission, durant laquelle Cade Grimes est invité à se présenter, pour justifier un homicide volontaire. Le bruit sourd me gagne face à la tension que ca suscite soudainement en moi. Je ne comprends pas. Cade n'a jamais fait part de suspension et de problème de cet ordre avec ses supérieurs. Les hypothèses ne tardent pas à m'inonder en rafale, provoquant une angoisse soudaine face à ce qu'il est parvenu à me cacher tout ce temps. Comment parvenir à rester de marbre face à cette découverte alors qu'il s'apprête à me retrouver? Je ne peux pas rester, je ne trouverais de toute façon pas la force nécessaire pour dissimuler mon trouble. Je redépose le papier sur la commode, agissant dans la précipitation alors que d'un geste brusque et peu confiant mes vêtements se retrouvent sur le bord du lit. Il faut que je parte d'ici, j'en ressens le besoin immédiat. C'est la raison pour laquelle je troque la chemise pour ma tenue. "– Ca n’sent pas grand-chose… j’en déduis que tu n’as pas trouvé le chemin de la cuisine ?" Cette voix que j'apprécie tant résonne comme une torture à travers le couloir. "– Ou peut-être que tu t’es finalement endormi…" Je finis d'enfiler mon tee-shirt lorsque ce dernier pousse la porte de la chambre, mon regard croise le sien, dénotant déjà malgré moi un manque d'amusement, bien vite deviné par cet agent qui a la surprise de me découvrir prête à foutre le camp. "– Quelque chose ne va pas ?" Mon regard se perd dans le sien, cherchant rapidement un moyen de me dédouaner de tout ça, et ainsi éviter d'aborder ce sujet avec lui. "Je viens d'avoir un appel de James...Mathis s'est blessé" mentionnais-je, ayant l'impression que ce simple mensonge résonnait comme tel par manque d'investissement. "...faut que j'y aille, que je m'assure que tout aille bien pour lui" finis-je en me passant une main dans les cheveux, espérant que cette excuse suffirait à m'ouvrir une porte vers la sortie, et ainsi m'amener loin de cet homme, au passé visiblement plus sombre que je n'avais imaginé.... "J'suis vraiment désolée"