“i think anyone who opened their heart enough to love without restraint and subsequently were devastated by loss knows that in that moment you are forever changed; a apart of you is no longer whole. some will never again love with that level of abandon where life is perceived as innocent and the threat of loss seems implausible. love and loss, therefore, are linked.” feat @aylin collins & birdie cadburry
On lui a assigné une mission importante. Une tâche de la plus grande urgence nationale. D’être physiquement présentable à neuf heures tapantes à Toowong.
Mais qu’est-ce que ça veut dire, physiquement présentable, au juste, quand on s’appelle Birdie Cadburry ? Certainement pas la même chose que le monde entier. Non, elle n’est pas nerveuse, juste un peu déboussolée dans ses habitudes. Les mains qui tremblent, c’est juste une réaction naturelle parce qu’elle doit être en manque de sucre ou d’autre chose. Voilà tout. Il n’y a pas à dire, Birdie Cadburry n’est jamais stressée. « Tu sais ce qui est fou ? Qu’il existe genre plus d'une soixantaine de dénominations différentes pour le sucre. Pour le peu qu’on lise les emballages des aliments, il a plein de noms genre le dextrose, le fructose, le glucose, le sacharose ou encore le galactose. » Elle parle, elle blablate avec frénésie alors qu’elle fourre tout (et n’importe quoi) dans son sac. Elle ne voit même pas une chaussette de Carter qui traine dans le coin se faufiler dans l’objet entre deux babioles qui ne lui serviront à rien mais “on ne sait jamais”. A faire joli, à faire décor, à donner l’impression qu’elle est chargée comme un mulet et qu’elle n’aura pas que ça à faire de sa journée.
Ce qui est vrai. Elle a de nouvelles pages de mots fléchés à faire. Et un appartement à retourner pour savoir où Carter a planqué son dernier sachet parce que ce couillon trouve que c’est trop facile de lui donner tout aussi facilement.
Il est huit heures vingt-deux quand Birdie grimace en fourrant ses pieds dans les chaussures les plus convenables qu’elle possède. Jaune criard, un peu délavé avec le temps parce qu’elle les utilise un peu trop de façon exceptionnelle depuis plus de dix ans. Fortitude, Toowong, ce n’est pas si loin, de toute façon. Evidemment, le cerveau de Birdie s’endort totalement sur le fait qu’il est la tranche huit/neuf heures et qu’elle se dirige droit vers le quartier des étudiants. Lesdits étudiants en dernière ligne droite avant les vacances, la libération et qui se pressent quand même nombreux (visiblement) pour aller rejoindre leurs cours. Cadburry ne comprendra jamais, elle qui a sauté des classes. Elle a bien tenté des études dans l’écriture scénaristique mais ses idées ne prenaient jamais alors elle a tout simplement claqué la porte. Au final, une vie sans attache à son métier, ce n’est pas plus mal. Même si son poste actuel, elle l’apprécie plutôt bien.
Sauf quand on lui fourre des missions comme dans les bras. Et qu’évidemment, elle arrive à neuf heures vingt-six parce que « Il y avait du monde sur la route, vous n’avez pas idée à quel point c’est vraiment de plus en plus fou de naviguer à travers cette ville. Enfin, j’imagine que Brisbane ne doit pas être la seule ville à subir ça, est-ce qu’on ne devrait d’ailleurs pas rajouter au prochain bulletin de limiter les déplacements ? Voilà ce que j’aurai dû faire, j’aurai peut-être pu arriver à l’heure. » Parce que l’idée qu’elle aurait dû partir plus tôt pour arriver à l’heure ne lui frôle même pas les tympans sourds de son propre bourdonnement. Cadburry n’a aucune idée de ce qu’elle fiche encore ici alors qu’elle a déjà une maquilleuse qui lui agresse le visage avec son petit tampon, bien décidée à effacer les cernes de la jeune femme. Cette dernière grimace et se laisse aussi portée vers le local de l’association « De quoi, déjà ? » “Lutte contre les addictions.” Fucking fantastic.
Pas que cela l’atteint plus que cela. Absolument pas. « Bref, comment ça se passe, qui dit quoi, combien de temps ça va durer ? » Parce qu’encore une fois, Birdie n’a pas que ça à faire.
Merde elle était en retard, Aylin avait totalement zappé que c’était aujourd’hui le tournage du fameux reportage sur l’association. Pourtant maintenant qu’elle y pensait, elle se souvenait de hier soit la présidente lui rappeler de venir à 9h au lieu de 9h30 pour être prête. Mais comme beaucoup de choses ça lui été sorti de la tête, c’est en recevant un sms lui demandant où elle était que cela lui été revenu à l’esprit. Comme d’habitude elle s’était préparée tranquillement, elle avait même décidé de mettre son t-shirt AC/DC qu’elle avait depuis des années et qu’elle portait toujours pour se motiver. Lorsqu’elle avait vu le message, la blonde avait paniqué un instant à la réalisation du jour que c’était. Dans un premier temps avant de répondre elle pressa le pas en espérant arriver le plus vite possible, mais rapidement elle reprit une allure normale en se disant que foutu pour foutu autant arriver comme d’habitude de toute façon elle était déjà en retard. Elle envoya un message en mentant sans honte avec comme excuse un gros trafic et que son bus était coincé dans les bouchons et continua sa vie comme si de rien n’était. La jeune femme n’avait vraiment pas envie de passer à la télé mais sa cheffe avait insisté en lui expliquant qu’elle montrait que les anciens drogués pouvaient se réinsérer et qu’ils ne retombaient pas tous directement dans la drogue après leur cure. Le fait qu’elle l’appelle un exemple l’avait fait beaucoup rire car elle se considérait comme tout sauf ça. Enfin l’aspect positif qu’elle en tirait c’est que lorsqu’elle en avait parlé à sa famille, ils avaient tous été contents et fiers en lui disant qu’enfin au moins l’un d’entre eux allait passer à la télévision. Maintenant qu’elle se regardait, Aylin se disait qu’elle était vraiment habillée sans avoir fait le moindre effort, bonjour l’image qu’elle allait dégager.
Arrivant enfin à 9h30 pétante devant les locaux de l’association, la blonde remarqua les deux vans de la chaine et le regard curieux des étudiants allant à leur fac. Elle se faufila entre 4-5 jeunes se demandant ce qu’il se passait et entra dans le bâtiment par la porte d’entrée. Il y avait du monde qui grouillait dans tous les sens et elle chercha du regard la présidente qui devait surement l’attendre de pied ferme. Lorsque son regard scanna l’entrée et qu’elle remarqua avec qui sa cheffe parlait, elle ouvra la bouche en grand et son esprit fit un gros nope. Un mélange de beaucoup de trop de sentiments d’emmêla en elle d’un coup. Elle ne rêvait pas même si elle était de profil, elle l’a reconnu immédiatement, c’était Birdie. Comment c’était possible qu’elle soit là ? Elle n’était pas présentatrice météo ? Ce n’était pas des vrais journalistes qui faisaient ce genre de reportage ? Elle un bout de la conversation qu’elle avait avec sa cheffe au loin.
- La personne que vous allez interviewer ne devrait pas tarder, elle a un peu de retard à cause du monde sur la route aussi. C’est une ex-addict et elle va vous parler un peu de son parcours et ce qu’elle fait aujourd’hui.
Holy shit non ! Il était hors de question que cela arrive ! Aylin ne l’avait pas vu depuis un an… Depuis qu’elle lui avait dit que c’était fini alors qu’elle était encore à l’hôpital. Instinctivement elle se mordit la lèvre en se retournant vers la porte d’entrée. Finalement elle allait rater le travail aujourd’hui, ça ne semblait pas une mauvaise idée. Et puis elle n’allait jamais revenir ici, elle avait tenu 6 mois c’était le maximum qu’elle était restée quelque part, au final c’était déjà une victoire. Enfin sa fuite ne passa pas vraiment inaperçu car la nouvelle ouverture des portes attira le regard de sa chef sur elle qui l’appela.
- Ah Aylin te voilà enfin approche ! Pourquoi est-ce que tu ressors ? Je vais te présenter la personne avec qui tu vas faire l’interview aujourd’hui.
Comme une enfant prise en flagrant délit, la blonde s’approcha tout en évitant de regarder l’autre blonde. Elle n’était pas prête du tout à affronter son regard et encore moins de voir sa réaction à leur retrouvaille que de son côté elle n’avait pas espéré qu’elles arrivent un jour.
- Bonjour Jessica, désolée pour le retard… Le trafic et pfiou une cata aujourd’hui. Je pensais que j’avais fait tomber un truc dehors mais finalement non c’est dans ma poche. Elle ricana de manière mal à l’aise. Vous êtes certaine que je suis la meilleure pour parler après tout Charlotte en meurt d’envie, elle m’a dit qu’elle était jalouse hier et franchement elle s’en sortira mieux que moi.
Elle regarda derrière sa cheffe, sa collègue la fusiller du regard et se dit qu’elle avait encore dit quelque chose qu’il ne fallait pas surement. Puis une nana sortant de nulle part l’attaqua avec un tampon pour la maquiller et par réflexe Aylin fit un pas en arrière. Tout en écoutant la présidente lui expliquer qu'il fallait que ce soit elle et qu'elle allait y arriver
- Euh je ne pense pas que vous aillez besoin de me maquiller ça va, c’est plutôt la demoiselle à côté de moi qui en a besoin.
Sans regarder Birdie, elle la pointa à la maquilleuse avec son pouce.
On l’entraine - ou la traine, tout est une question de point de vue - vers le local, loin des regards curieux des gens autour d’eux. Qu’est-ce que l’humain peut être affolant par sa curiosité, Birdie en aurait presque les mains moites. Pas qu’elle les a, les mains moites. Non. Elle est parfaitement sereine, en pleine maitrise d’elle-même et elle réussit même à ignorer les regards qui flanchent irrémédiablement sur ses talons jaunes criards. A croire qu’ils n’ont jamais vu de couleur de leurs vies, c’est dingue, ça, vraiment. Birdie pourrait avoir envie d’une langue de chat à mâcher mais à la place, on vient lui mettre du spray à la menthe. « Pourquoi ? Je ne vais embrasser personne, n’est-ce pas ? Parce que ça, ça ne fait pas parti du deal, ni du contrat et y a pas d’intérêt pour un documentaire. » “Arrête de blablater, Cadburry, et laisse les pros faire.” En somme, ferme-la. Au moins ça, c’est dit. Dans d’autres circonstances, la jolie blonde aurait sûrement sortie ses griffes peinturées aux couleurs de l’arc-en-ciel (“nope, n’y comptez pas, je les laisse comme ça que ça plaise ou non”) pour aller gentiment dire à son interlocuteur d’aller voir sur Tatooine s’ils n’ont pas un compresseur pour son cerveau en manque d’un boulon. Birdie n’y connait rien en bricolage et encore moins à celui du corps humain mais elle trouve que ça sonne plutôt sympathique comme insulte. On ne peut pas lui retirer de points pour son manque de créativité en tout cas.
L’équipe est autour d’une dame qui s’excuse pour le retard de sa protégée. Ou de son employé. Bénévole ? Birdie n’a pas trop suivi - il va vraiment falloir qu’elle se mette une claque dans la figure parce que si elle n’a aucune idée du reportage alors qu’elle est censée en être la présentatrice exceptionnelle (dans le sens unique, une seule fois, l’ultime, à ne plus refaire jamais). Quel bordel aussi, son cerveau a zappé la moitié des fiches qu’elle a lu hier. Et elle les a toutes lu, elle qui lit tout et tout le temps avec ses adorables lunettes dorées qui lui donnent un air de guêpe. “Ah Aylin te voilà enfin approche ! Pourquoi est-ce que tu ressors ? Je vais te présenter la personne avec qui tu vas faire l’interview aujourd’hui.” « Ah, c’est drôle, mais je connais- » Blop. Trou noir, vide, arrêt momentané. Il n’y a plus de réseau, un gros EROR 404 s’affiche en grand sur les deux yeux bleus de Birdie - sûrement qu’ils doivent grésiller en noir et blanc, là.
Cadburry a la tête tournée vers la dirigeante qui a elle-même son attention dirigée vers une jeune femme qu’elle ne connait que trop bien. La même jeune femme qui se met à parler, un peu trop fort, un peu trop vite, mais dont les paroles n’atteignent pas l’ouïe de Birdie. Parce que là, elle commence vraiment à avoir les mains moites et elle n’aime pas la raison du tout. Ce n’est pas drôle comme plaisanterie, c’est vraiment de goût douteux et elle pourrait presque croire que c’est son frère ou une de ses sœurs qui a monté ce plan foireux. Parce que ce n’est pas possible à vrai, ce n’est pas réel. Et pourtant, c’est bien Aylin qui s’excuse, qui raconte quelque chose avec ses lèvres mais biiiip, signal coupé, aucune onde ne passe, Houston, nous avons un problème.
« Euh je ne pense pas que vous aillez besoin de me maquiller ça va, c’est plutôt la demoiselle à côté de moi qui en a besoin. » « Je veux des fraises tagada. » Voilà ce dont elle a besoin. Birdie dit ça sans quitter Aylin des yeux, l’impression de voir un fantôme toujours aussi présent. Des fraises tagada, c’est bien, ça lui donnera le sucre qu’elle a besoin parce qu’elle va tourner de l’œil, là, elle le sent, pas vrai que son visage est en train de perdre en éclat ? Aylin ne la regarde pas en retour et franchement, Cadburry pourrait presque la remercier pour ça. Mais elles n’en sont pas là. Du tout, de très loin même.
“Bon, voilà comment ça va se passer.” « Je v e u x des fraises tagada. » répète-t-elle en déviant ses yeux vers l’assistante d’abc studios. Elle n’a pas eu ses langues de chat au petit déjeuner alors son goûter de dix heures, elle l’exige. La directrice de l’association a l’air de froncer des sourcils mais l’assistante, elle, roule des yeux. “Qu’est-ce qu’il t’arrive, Birdie ? T’auras tes fraises tagada et tout ce que tu veux d’autres si on boucle au moins la première séquence ce matin, d’accord ?” Birdie croise les bras, l’air effronté. « Maintenant ou pas de séquence. » Petite princesse un jour, petite princesse toujours. Elle balaye la maquilleuse qui vient vers elle. « Non non, il faut aller la voir elle. Et comment ça se fait que je dois m’apprêter comme une Miss Monde et elle, elle a le droit d’être accoutrée comme ça ? On est pas censés faire des efforts pour la caméra ? » Parler comme si Aylin est sourde ou comme si elles ne sont que des inconnues, voilà qui est faisable.
Peut-être que le fait qu’elle soit en retard et qu’elle ait oublié cette histoire d’interview pour la télé était un signe pour ne pas qu’elle vienne. En plus sur le chemin elle s’était rappelée que sa cheffe voulait qu’elle soit habillée de manière élégante pour donner une plus belle image. Avec son t-shirt de groupe de rock et son jean troué c’était vraiment loupé, elle donnait plutôt l’impression de sortir d’un concert. Mais bon Aylin se rassurait en disant que certes ce n’était pas forcément la tenue la plus présentable pour donner bonne impression mais au moins c’était une tenue naturelle. La blonde n’avait jamais mis de tailleur ou autre de sa vie et rien que de s’imaginer dans une tenue comme ça, elle avait envie de rire. Et puis bon à vrai dire vu qu’elle n’avait pas spécialement envie de la faire, son cerveau avait dû faire exprès d’oublier car elle ne voulait pas réellement faire trop d’effort. Son envie de rire ne dura pas très longtemps malheureusement. Déjà qu’elle n’était pas très emballée, elle déchanta encore en plus lorsque son regard fut amener à croiser la silhouette qu’elle allait côtoyer aujourd’hui. Son cœur battait à toute vitesse en acceptant réellement de voir que devant elle se tenait Birdie. Pendant un instant elle se demanda si elle n’était pas dans un cauchemar et qu’elle stressait pour cette émission et du coup qu’elle s’imaginait le pire. La blonde n’arrivait vraiment pas à accepter le fait qu’elle était entrain de respirer le même air que la personne qui lui avait brisé le cœur un an auparavant. La présidente de l’association la ramena à la réalité quand elle lui demanda de s’approcher, l’empêchant de fuir ce qui lui semblait pourtant la meilleure option. Vu que sa tentative d’escapade était ratée, Aylin n’avait plus trop le choix. Sa première option fut d’ignorer la blonde en évitant de croiser son regard et ignorer qu’elle se tenait à côté d’elle. La jeune femme ne désespéra pas et lança une nouvelle technique pour se sortir de ce pétrin dont elle avait déjà l’impression de se noyer dedans. Refiler l’interview à Charlotte lui semblait une bonne idée, surtout qu’elle lui avait répété un nombre incalculable de fois à quel point elle était chanceuse. Et même si son regard avait croisé le sien juste pour voir qu’elle la tuait des yeux, elle ne pouvait s’empêcher de remarquer, qu’elle avait fait un effort vestimentaire. Aylin se doutait aussi qu’elle était arrivée encore plus tôt que prévue manière de se faire bien voir. Seulement se fut un nouvel échec de la part de la blonde car sa cheffe voulait vraiment que ce soit elle et une maquilleuse utilisa cette affirmation pour penser que c’était un signe pour la maquiller.
C’est à ce moment-là qu’elle décida de se rappeler de l’existence de Birdie et par la même occasion lui refiler la maquilleuse. Cependant elle ne la regarde toujours pas, elle ne peut pas... Contre toute attente Birdie prend la parole pour demander des bonbons. Son cerveau n’analyse même pas ce qu’elle veut, car elle sent une boule de panique se créer dans son estomac. C’est un scénario qu’elle n’avait jamais imaginé, elle n’était pas prête à revoir la jeune femme. Non non elle ne pouvait pas faire cette interview ça n’allait pas être possible, elle sentit ses mains devenir moites. Puis sa tête revint dans la réalité et elle calcula la discussion entre la blonde et un membre de l’équipe sur des bonbons pour tourner. Peut-être parce qu’elle avait déjà vécue beaucoup trop de fois ce genre de situation où Birdie voulait quelque chose en faisant un caca nerveux mais Aylin ne put s’empêcher de rouler des yeux. Finalement elle n’avait absolument pas changé et son stress finit par s’effacer par la colère qu’elle ressentait en elle depuis un an. Par réflexe elle finit par regarder la miss météo lorsqu’elle l’entendit critiquer sa tenue.
- Pardon ?! Je ne pense pas que les miss monde passent à la télé avec des talons jaunes canari
Grosse erreur car elle se rendit compte à ce moment-là que la blonde la regardait et ses yeux croisa les siens. « Fuck » Aylin pensa dans sa tête, ses yeux avait toujours eu un effet hypnotisant sur elle, tant elle les trouvait beaux. En voyant son visage elle ne put s’empêcher de se dire qu’elle était toujours aussi et la jeune femme se maudit d’avoir ce genre de pensées. Après tout ce qu’elle lui avait fait, elle était idiote de fondre de cette manière. Son regard était remplit de colère, elle avait envie de déverser tout ce qu’elle avait souhaité lui dire au sujet de leur rupture mais que Birdie ne lui avait pas laissé le temps de faire car elle était parti sans jamais lui laissé le temps de dire quoi que ce soit. Elle attrapa son sac à dos pour l’ouvrir et sortit un paquet de langues de chat. Comme Birdie Aylin avait toujours eu un faible pour les bonbons et la blonde l’avait initié à ce genre de bonbons, qu’elle avait gardait comme habitude de manger. Elle plaqua le paquet contre la poitrine de Birdie et lui laissa l’attraper.
- Tiens ça ne sert à rien de faire une scène, tu ne pourras pas fuir la situation à cette fois. Alors mange les bonbons et qu’on en finisse.
Elle continua de regarder Birdie dans les yeux en accentuant bien sur un certain passage de sa phrase, laissant un gros sous entendu. Sans vraiment regarder autour d’elle et voir les regards interrogateurs qui la fixer, elle alla poser ses affaires sous son bureau et poussa un énorme soupir quand elle fut de dos à tout le monde.
Birdie est souvent dans sa propre lune, sur un monde à part, un peu à elle, frivole et sans filtre. La limite ne fait pas parti de son vocabulaire, que ce soit pour le meilleur comme pour le pire. Un peu comme les relations, à vrai dire. Si on s'entiche d'elle, il faut savoir à quoi s'attendre, à lire entre les lignes fines de son visage attirant. Mutine, enfantine, tout chez Birdie n'inspire pas la méfiance. Alors elle vous entraîne dans des coups tordus, dans des aventures épiques et ce n'est qu'à l'arrivée qu'on se demande "comment je suis arrivé là ?". Avec Aylin, c'est ce qu'il s'est passé. A quelques détails près. C’était plus le genre de situations où on pense (lâchement) (égoïstement) "j’ai jamais rien demandé de tout ça". Et Birdie pense toujours qu’elle a été légitime dans ses actions. Elle n’a vraiment rien demandé à personne, elle n’a jamais voulu s’attacher à quelqu’un, encore moins envers une personne aussi décadente qu’Aylin. Aussi excessive mais aussi passionnée. Birdie ne s’attache pas normalement. Elle n’est liée qu’à sa famille, parce que dans son esprit, la famille, c’est sacré. Il n’y a rien de plus fort que les liens du sang, rien de plus intense que la fratrie dans laquelle elle a grandi. Les amis, les amours, tout ça, ça vient et ça part. Enfin, c’est souvent elle qui part. Elle préfère partir avant d’être déçue. Il vaut mieux partir en plein succès que de sombrer dans l’oubli le plus total, n’est-ce pas ?
Oui. Pour Birdie Cadburry, ça semble être une logique implacable.
Mais visiblement, Aylin ne partage pas la même théorie qu’elle. Aylin qui ne regarde pas, Aylin qui l’ignore, Aylin qui a envie de tout sauf d’être ici. Même Birdie le voit mais personne d’autre dans l’équipe ne dit quoique ce soit. Tellement happés par leur documentaire qu’ils ne doivent même pas le remarquer. Alors que Birdie, son attention est juste sur l’autre blonde de la pièce. Pour quelqu’un de lâche, elle ne lâche pas tant que ça le regard. Aylin est vraiment vivante et mieux encore, elle a l’air d’être en meilleure forme que la dernière fois où elle l’a vu. Dans un lit d’hôpital. Pâle et avec plein de trucs, de fils et de bipbip.
Oui, y a pas à dire, Aylin n’a plus de bipbip incessant autour d’elle.
« Pardon ?! Je ne pense pas que les miss monde passent à la télé avec des talons jaune canari. » « Hey ! » Au moins Aylin ne l’ignore pas très longtemps. Birdie pourrait être presque fière d’avoir réussi à (enfin) attirer son attention. Pourquoi faire ? Pour rien. Juste pour gonfler sa petite fierté, pour s’assurer qu’Aylin ne l’a pas oublié et peut-être la faire réagir afin de tâter le terrain. Un terrain qui est brûlant, avec plein de petits piques et certainement de l’électricité statique. Tout ça pour que quoiqu’il arrive, Birdie crame, se brûle et plonge. Mais Birdie ne se laisse pas faire, ce n’est pas son genre et elle est butée. « Au moins, un effort a été fait. On pourrait presque voir à quel point ce haut a été lavé tellement qu’il tire vers le blanc. » Ou alors ell a besoin de ses lunettes et qu’il est vraiment blanc. L’assistante regarde la joute verbale tout en soupirant ; elle perd patience visiblement mais Birdie s’en fiche. Il y a Aylin qui finit par sortir quelque chose de son sac et de le lui fourrer entre les mains avec force. « Tiens ça ne sert à rien de faire une scène, tu ne pourras pas fuir la situation cette fois. Alors mange les bonbons et qu’on en finisse. » Elle l’a dit. Elle a dit “tu ne pourras pas fuir la situation cette fois” et Birdie ne peut même pas dire qu’elle soit surprise. Elle ne l’est pas. Elle regarde Aylin se tourner pour aller faire elle ne sait quoi avant de descendre les yeux vers le paquet entre ses mains. “Contente ?” lui demande l’assistante et Birdie la fusille du regard. « Je veux quand même mes fraises tagada avant le deuxième plan. Tu aurais pu me prévenir comment s’appelait l’intervenante. Si je l’avais su avant de venir ici, vous auriez dû trouver quelqu’un autre. D’ailleurs, qu’est-ce qui m’empêche de tourner mes talons jaune canari, là, hein ? » Birdie ouvre le paquet de bonbons avec un air de défi sur le visage. “Tu serais virée.” « Umph. » La bouche remplie de bonbons l’empêche à point nommé de répliquer. Parce qu’elle n’a rien à dire pour une fois car l’assistante a raison. Et même si elle vit dans un endroit où elle n’a pas de loyer à payer - Ô joie - il n’empêche qu’elle a ses petits bonbons et autres champignons euphorisants à se fournir.
Birdie fait la moue, avale ses langues puis fourre le paquet dans les mains du premier type qu’elle croise. « Et ça s’appelle reviens. » Elle a besoin de sucre, elle est sûre d’être en hypoglycémie là et pourtant, son cœur palpite déjà comme un fou. C’est médical, c’est normal ? Cadburry reprend un souffle tout en se tournant vers Aylin. « Je ne compte pas fuir la situation. Parce que ça, je peux gérer. » Pas comme autre chose. Qu’elle ne dira pas parce qu’elle n’a pas besoin. Ni envie.
Dernière édition par Birdie Cadburry le Lun 23 Déc - 11:40, édité 1 fois
Aylin devait être encore entrain de dormir, c’était la seule solution pour qu’elle se retrouve dans un putain de cauchemar pareil. Comment arrivait-elle à garder son sang-froid alors que la jeune femme qu’elle ne voulait plus jamais revoir se trouvait à côté d’elle ? Elle ne savait pas. Enfin la blonde s’était dit qu’elle ne voulait plus jamais la revoir mais la savoir près d’elle physiquement déclenchait en elle un tout autre ressenti. Elle luttait contre le fait de revoir son visage et de se perdre dans ses yeux qu’elle avait contemplé un bon nombre de fois en s’y perdant. Elles étaient éloignées mais à la fois très proche, permettant à Aylin de sentir le parfum de la belle qui lui avait apporté du réconfort à certain moment comme il lui rappelait aussi le nombre de fois où elle l’avait rendu folle. Cela avait toujours été cela avec Birdie une relation passionnelle autant magnifique que destructrice. La blonde avait été une tempête insoupçonnée dans sa vie, dont elle n’était pas ressortie indemne. Mais elle n’était pas prête à l’affronter de nouveau, elle se souvenait quand elle l’avait vu pour la première fois à la télé chez son frère. Le choc qu’elle avait ressenti de voir la blonde sourire, heureuse comme à son habitude. Elle avait préféré mettre le sentiment qu’elle avait sur de la colère alors qu’au fond elle ne savait pas que ce n’était pas totalement la vérité. Mais Aylin ne voulait pas l’accepter, à chaque qu’elle tombait sur la météo pendant que son frère regardait les news, elle trouvait une excuse pour quitter la pièce. Même après un an la plaie n’était toujours pas complètement cicatrisée, elle avait toujours cette lettre dans une boite qu’elle devait lui donner. Une de ses stupides étapes vers la sobriété, rédiger un message d’excuse à toutes les personnes qu’on avait pu blesser. Au fond elle savait que la manière dont elle était à l’époque n’avait rien d’une petite amie exemplaire. Entre ses divagations, le fait de toujours proposé le plan le plus foireux possible et ses changements d’humeurs, elle avait fait des erreurs de son côté. Cependant la rancune était toujours présente, comment pardonnée lorsque la personne qui compte le plus pour nous pars dans un moment critique sans donner de nouvelles ? Si quelqu’un avait la solution, elle l’a voulait bien. Car en attendant elle se retrouvait à côté de Birdie qui commençait déjà à jouer avec ses nerfs. Surtout lorsqu’elle insulta son t-shirt préféré alors que vu ce que la miss météo portait, elle n’avait aucune leçon à lui faire.
- Je pourrais en dire de même pour tes chaussures… Ca fait quoi 3 ou 4 ans que tu les as ?
A peine elles s’adressaient la parole après plus de un an et c’était déjà pour se chipoter futilement comme elles avaient déjà pu le faire un certain de nombre de fois auparavant générant en elle un sentiment d’habitude qu’elle aurait dû perdre. Une autre habitude vient montrer le bout de son nez, le caractère de princesse de la belle blonde. Si Aylin n’avait pas envie d’être là, elle sentait très bien que Birdie ressentait la même chose, sous son air d’enfant gâté, la jeune femme avait l’impression qu’elle cherchait à fuir comme auparavant une situation qui l’importunait. Perdant patience, elle lui colla un paquet dans les bras, n’attendant pas de remerciement ou quoi que ce soit. L’hôtesse voulait juste que cette interview avance et se finisse. Elle reprendrait sa vie en oubliant qu’elle avait croisé son ex petite amie et tout rentrerait dans l’ordre. Aylin ne put s’empêcher par la même occasion de faire une référence à la scène à l’hôpital. C’était petit et aigri mais il fallait que ça sorte car elle se retenait depuis bien trop longtemps. En se dirigeant vers son bureau, elle remarqua évidemment que l’ambiance a changé autour d’elle. Si les gens n’ont pas deviné qu’elles se connaissent c’est qu’ils sont tous aveugle mais personne ne pose réellement cette question suspendue aux lèvres de beaucoup. Enfin personne ne lui demande sauf une, Charlotte… sa collègue, dans un chuchotement quand Aylin s’approche de leur bureau commun, elle lui demande si elle se connaisse. Elle juste envie de lui dire « tu es con où tu ne vois rien ? » mais elle se contente de lever les yeux. En entendant Birdie parler dans sa direction pour lui lancer une phrase plein de sous-entendu à son tour. La colère éclate en elle et Aylin sort un « va te faire foutre » silencieux mais que si on regarde ses lèvres il est très facile de deviner ce qu’elle a dit. Puis s’approche à grande vitesse de la blonde se retenant de lui foutre une baffe en gardant le peu de self control qui lui reste pour se rappeler qu’elle est en public.
- Vraiment ? Pourtant il me semble que depuis tout à l’heure tu cherches la première raison pour partir d’ici.
Aylin serre les poings et les dents pour se retenir de faire une scène, cela ferait trop plaisir à Birdie qui passe son temps à attirer l’attention vers elle. Elle se contente de s’approche plus près de la jeune femme et rapproche son visage remplit de colère vers le sien pour qu’elle soit la seule à entendre ce qu’elle va dire.
- Tu ne trouves pas ça ironique quand même ? Je veux dire être la présentatrice d’une interview en rapport avec la non consommation de drogue alors que tu as du prendre des bonbons spéciaux hier soir ou ce matin avant de venir ou même un peu de poudre pour te repoudrer le nez…
Elle la regardait droit dans les yeux avec un regard plein de challenge, Aylin avait envie de sortir prendre l’air et d’attraper sa cigarette électronique pour aller fumer même si elle n’avait pas de nicotine. Rien que le geste arriverait à la calmer.
« Je pourrais en dire de même pour tes chaussures… Ca fait quoi 3 ou 4 ans que tu les as ? » « 2 ans. » En faites, ça doit bien faire dix ans mais rien que par esprit de contradiction, Birdie a ce ton brisant envers les propos de son interlocutrice. Aylin n’a pas vraiment changé même si elle semble physiquement bien plus en forme que quand elles se fréquentaient. C’est sûrement ce qui doit arriver quand on est forcé à se sevrer pour guérir et aller mieux. Birdie claque sa dent contre son palais alors qu’elle finit par détourner les yeux. Aylin se dirige vers ce qui doit être son bureau et Cadburry décrète qu’elle ne mérite pas plus son attention que ça. Assumer son abandon est la seule chose qui lui permet de pouvoir lui faire face et ça, même ça, Aylin ne peut pas lui reprocher. “Cadburry, t’aurais pas quelque chose à dire ?” La blonde regarde le joli plafond parsemé de tâches brunâtres ici et là - vraiment, ils ne peuvent pas essayer de rendre ça propre, au moins ? - tout en serrant la mâchoire. « Nope. Rien à déclarer, votre honneur. » Elle ne va quand même pas dévoiler sa vie sentimentale à l’équipe de production. Ce ne sont pas leurs affaires et surtout, Birdie veut prouver qu’elle peut se montrer professionnelle. Ne serait-ce que pour fermer leurs claquets à tout ceux qui ne voient en elle que la jolie poupée de la météo.
« Vraiment ? Pourtant il me semble que depuis tout à l’heure tu cherches la première raison pour partir d’ici. » Et aussi ceux qui ne voient en elle que la lâche fuyarde qu’elle peut être. Très bien. Aylin s’est rapprochée de façon considérable d’un seul coup et Birdie pourrait presque rire de voir de la fumée lui sortir par les oreilles. Et le nez aussi. Mais rien ne donne envie de rire parce que le regard habituellement rieur de la blonde est furibond, tout comme ses poings qui se serrent. Si Cadburry ne la connait pas aussi bien, elle pourrait penser qu’elle cherche à se retenir de la frapper. Et ça, ça a le mérite de lui faire quérir un sourire au coin des lèvres. Pure provocation.
« Tu ne trouves pas ça ironique quand même ? Je veux dire être la présentatrice d’une interview en rapport avec la non consommation de drogue alors que tu as du prendre des bonbons spéciaux hier soir ou ce matin avant de venir ou même un peu de poudre pour te repoudrer le nez… » Birdie a le sourire qui s’élargit presque, son air mutin relevé de fierté, sa lèvre mordillée par ses dents parce qu’Aylin énervée, c’est Aylin attirante tout de même. « La prochaine fois, je t’en rapporterai. Ça te ferait du bien, t’as l’air tendu. »
Gong. Round 1. KO peut-être ? Le regard profond de Birdie ne quitte pas celui d’Aylin. La gosse effrontée qu’elle est ne cille pas devant ses paroles, ni même devant la bassesse de ces dernières. Porter un coup là où ça fait mal, là où ça blesse, une spécialité chez elle. Birdie a toujours ce sourire coincé à la commissure de ses lèvres avant de regarder Aylin prendre la porte, cigarette - électronique ?! - à la main. Elle a presque ce regard victorieux au visage, la sensation satisfaite d’avoir réussi à avoir la main dominante. Quand Birdie reporte son regard sur l’assistance, on la regarde comme si elle vient d’ailleurs. « Quoi ? » L’assistante soupire tout en secouant la tête. “Que tout le monde se prépare. Cadburry, vu que t’as l’air de bien la connaitre, tu vas la chercher et tu la ramène ici, compris ? Et j’en ai rien à faire si vous vous détestez, on a du pain sur la planche. Pas de reportage, pas de fraises.” « C’est bas, le chantage. » Mais ça fonctionne terriblement.
Cadburry attrape alors une clope, une vraie, et son briquet pour l’allumer la seconde où elle franchit le seuil. Distraitement, sans la regarder ni lui faire comprendre qu’elle se dirige vers elle, Birdie tire sur sa taffe en observant les environs. « Le monde est sacrément petit, tu trouves pas ? » Elle maudit l’assistante de l’avoir foutu dans une situation pareille. Être obligée d’aller la chercher, ça ne va pas du tout avec le côté dramatique de leur histoire. Elle lâche sa fumée avant de poser ses yeux hypnotisant sur Aylin. « Arrête de faire ta drama queen et reviens là-bas. Plus vite on aura commencé, plus vite on aura fini. » Un peu à l’image de leur relation, en somme.
Birdie n’avait absolument pas changé, il fallait toujours qu’elle est le dernier mot. Aylin lève les yeux au ciel en l’entendant lui répondre deux ans pour ses chaussures et ne prend pas la peine de répondre de nouveau. Dans ses souvenirs elle les avait déjà vus lors d’un de leur rendez-vous, du Birdie tout craché cette originalité qui avait à l’époque fait sourire la blonde en la trouvant encore plus attirante. Un sentiment de nostalgie la traverse mais elle le balaye se rappelant du passé et du fait qu’elle va devoir lui faire face toute la matinée. Cette semaine est vraiment merdique entre ça et l’annonce que lui a fait son frère, cela commence à faire un peu trop sur ses épaules en quelques jours. Elle profite de se déplacer quelques minutes et se retrouver de dos à la belle pour essayer de se calmer et regagner son sang-froid pour que cette matinée avance le plus vite possible. Aylin essaye de se motiver mentalement en se répétant qu’elle pouvait le faire, mais son mantra fut interrompu par sa collègue évidemment bien trop curieuse. La situation était parfaite pour lancer des rumeurs à son encontre surtout que Charlotte n’attendait que ça de trouver un moyen de la discréditer. Mais elle n’aurait pas de réponse de sa part et puis qu’elle dise ce qu’elle voulait par la suite, la blonde s’en cognait. Cependant Birdie décida de la chercher un peu en rajoutant de l’huile sur le fait en faisant un sous-entendu qui évidemment ne passa pas inaperçu à ses oreilles. De manière furibonde elle s’était empressée de lui répondre notant tout de monde le ridicule de la situation. D’ailleurs l’idée d’expliquer à l’équipe de télé pourquoi il serait idiot que ce soit Birdie qui s’en occupe lui traversa l’esprit. Mais elle n’était pas une balance et la vengeance n’en serait qu’amer. Elle remarqua l’air taquin de la blonde qui agaça encore plus Aylin car elle aurait aimé lui fermer son caqué. Puis lorsque la miss météo ouvrit la bouche, la Collins analysa sa réponse sans rien dire mais l’envie de rire monta. Elle se retint mais son expression faciale avait dû changer pour paraitre amusée. Elle n’était même pas étonnée par cette réponse, aussi petite soit-elle, elle réussissait à amuser Aylin. C’était la réponse facile, provoquer une ex-junkie en lui proposant de la drogue.
Cependant la jeune femme ne répondit pas laissant cette victoire à son ex petite-amie car dans le fond elle en avait bien envie. Elle savait que la seule solution qui lui restait quand l’envie montait été de prendre l’air et de fumer un instant alors sans rien dire elle alla dehors. Elle croisa le regard de sa patronne qui lui demanda sans rien dire si tout allait bien, elle se contenta d’hocher la tête et sortie se mettre près de l’entrée. La jeune femme savait que sa patronne ne dirait rien, franchement elle avait de la chance qu’elle ait un coup de cœur pour elle car quand elle n’allait pas bien, elle lui laissait le temps de reprendre ses esprits. Elle commença à prendre une première inspiration de sa vapoteuse, cela ne valait vraiment pas une vraie cigarette vu qu’il n’y avait aucune nicotine mais le geste la détendait. L’avantage qu’elle y avait trouvé c’est qu’au moins ça avait un bon goût et au lieu d’avoir une vieille odeur de tabac, c’était une odeur de pomme verte qui se dégageait. Aylin entendit les portes s’ouvrir et quelqu’un se poser non loin d’elle mais son regard continua de fixer devant elle au lieu de se retourner. Lorsqu’elle entend cette voix si familière lui parler et qu’elle sent l’odeur du tabac lui apportait un certain réconfort, elle tourne son visage vers elle en lâchant un petit rire.
- Ah ça ! C’est seulement les gens que tu ne veux plus jamais revoir qui finissent toujours pas recroiser ton chemin.
Elle aspire une nouvelle taffe et son regard finit par croiser de nouveau celui de Birdie, elle cherche à savoir comment elle se sent à cette instant précis. Si cette rencontre lui fait autant d’effets qu’elle ou si elle n’en plus rien à faire. Elle souffle sa fumée en direction de Birdie créant un mélange de pomme et de tabac et rit de plus belle en l’entendant lui dire ne pas faire sa dramaqueen puis secoue la tête.
- Venant de ta part je trouve ça vachement gonflé… D’ailleurs mes bonbons ont un prix, je veux une partie de tes fraises quand tu les auras. Mais j’ai besoin de 5 minutes entre toi et le reste de ma semaine de merde, j’ai besoin de fumer ma cigarette électrique comme une hipster à la con.
« Ah ça ! C’est seulement les gens que tu ne veux plus jamais revoir qui finissent toujours pas recroiser ton chemin. » Birdie ricane mélodieusement tout en tirant sur sa cigarette. La fumée s’évapore un peu comme une bride de son amertume latente. Pourtant, si Aylin a raison d’être en colère contre elle, est-ce que Cadburry ne peut l’être ? Oui, elle peut être aussi dédaigneuse à souhait car elle s’est laissée bernée. Il y a eu les sourires d’Aylin, il y a eu les tentations d’Aylin, les bonnes comme les mauvaises, il y a eu les courbes d’Aylin. Il y a aussi eu son caractère de feu qui la faisait s’éloigner aussi bien qu’elle arrivait à la faire revenir vers elle et Birdie n’a jamais digéré qu’elle est réussie à se laisser avoir par la jolie blonde, par son minois à présent bien trop doux, comme effacé des stigmates d’un passé bien chaotique qu’elle a pu porter. Aylin qui est en forme, c’est Aylin qui est sûrement encore plus magnifique qu’avant. Et quand elle est énervée, il y a un pétillement dans ses yeux bleus qui fait toujours frémir Birdie, qui sourit de satisfaction de la voir réagir comme ça avec elle. De savoir que c’est elle qui la rend comme ça. Qu’elle a beau joué celle qui est indifférente, celle qui veut juste la voir débarrasser le plancher mais dans le fond, Birdie n’a qu’à ciller des yeux pour l’avoir de nouveau comme elle la voudrait. Non, elle n’a pas pris de poudre ce matin, à part celui collé sur son teint. Mais elle n’en a pas besoin pour avoir ses yeux hypnotisant coincés sur l’apparence de Collins. Parce qu’elle a l’air aussi réelle que vivante, aussi tempétueuse que bouillonnante. Et ça fait quelque chose quand même à une femme comme elle, ce genre de tempérament. « Aw mais qui dit que je n’ai jamais voulu revoir ta bouille d’ange, ma petite caille ? » Birdie coince sa lèvre inférieure entre ses dents, ne cachant même pas son sourire taquin, un poil provocateur alors qu’elle tire une nouvelle bouffée pour mieux diriger sa fumée vers Aylin.
Parce qu’Aylin qui fume une vaporette, c’est nul, c’est moche et vraiment pas drôle. Même si c’est quand même bien de la voir vivante et sans bipbip autour d’elle. (Pas que Birdie soit restée très longtemps pour voir cette vision de toute façon.)
Le pire dans son comportement à Cadburry est sûrement sa nonchalance. L’absence totale de remords face à ce qu’elle a fait - ou plutôt, ce qu’elle n’a pas pu faire. Être là, présente, soutenir, pleurer, réconforter, tout ça, elle ne l’a pas fait. Elle a juste laissé tout en plan, Aylin y compris, s’en foutant totalement que sur le moment, elle avait un pincement au cœur qui a eu du mal à s’atténuer. Birdie est une reine pour faire taire ses émotions et le pire dans l’histoire, c’est qu’elle s’en vante. Elle n’assume pas vraiment ses conneries mais elle les porte quand même avec elle, tous les jours, avant de les balayer d’un renvers de la main et en faisant la prochaine. Un enchainement de conneries mais qui semble l’amuser. On peut la traiter de garce, de sans cœur, et c’est peut-être ce qu’elle est. Mais Birdie est tellement dans son monde, euphorique, coloré, psychédélique, qu’elle ne voit pas la même chose que le monde extérieur.
Libre elle est et libre elle restera. Et tant pis si son cœur n’est pas d’accord, il s’en remettra. Il le fait toujours.
« Venant de ta part je trouve ça vachement gonflé… D’ailleurs mes bonbons ont un prix, je veux une partie de tes fraises quand tu les auras. Mais j’ai besoin de 5 minutes entre toi et le reste de ma semaine de merde, j’ai besoin de fumer ma cigarette électrique comme une hipster à la con. » Aylin rigole et elle lui balance sa fumée à la tronche en retour. Birdie claque sa langue contre son palais en levant ses yeux sur les nuages au-dessus d’elles - des nuages en plein été australien, un comble. D’ailleurs, il aurait presque l’apparence d’un dragon, celui-là. « Tu crois que c’est le dragon là qui provoque tous les incendies en Australie en ce moment ? » Déboucher sur une conversation totalement à l’ouest, typiquement Cadburry. « Je crois que oui. C’est plutôt logique, puisque ça se déplace comme un nuage, ces flammes. Tu sais qu’on vit les pires incendies de notre histoire ? Enfin après, le plus vieux feu du monde a brûlé pendant 437 putain d’années donc c’est dérisoire je suppose. Franchement, je sais pas mais ça me dépasse qu’on arrive toujours pas à maitriser ça. » Tout ça, les éléments, la nature, Aylin qui parle mais que Birdie ne veut pas écouter. Birdie ne lui demandera pas en quoi sa semaine est merdique parce qu’elle s’en fiche. Si elle veut se la jouer hipster qui prend soin d’elle, c’est son problème à elle.
Et franchement, Aylin perd tout son charme à être aussi chiante. A mourir.
Aylin ne peut pas s’empêcher de décrocher un rire en entendant Birdie lui dire qu’elle voulait revoir sa tête. Ce brin provocateur en elle était quelque chose qui avait toujours plus à la blonde, une personne qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et qui avait du répondant. Un visage d’ange mais qui cachait une personnalité qui était loin d’être angélique en retour bien au contraire. Elle se souvenait de la première fois qu’elle avait vu la jeune femme, elle s’était dit qu’une personne comme elle ne devait pas à avoir à trainer dans le genre de coin où elle trainait. Mais elle s’était vite rendu compte qu’elle faisait autant partie qu’elle de ce monde qui était loin d’être rose. Au final elle se demandait pourquoi elle était si énervée par le coup que lui avait fait la belle, au vu de la manière dont c’était passé leur relation il n’y avait rien d’étonnant. Mais elle s’était trop attachée, elle avait été comme un insecte attiré par cette magnifique lumière et elle y était allée se cramer les ailes en sachant très bien que cela allait arriver. Après tout leur relation n’avait jamais été un long voyage tranquille entre de son côté avec l’abus extrême de drogues qui lui donnait un caractère extrêmement changeant. Le fait qu’elle savait très bien que Birdie était allé voir quelques fois à droite ou à gauche, cela n’avait jamais été de tout de repos. Malgré tout elle l’avait aimé , elle était passée outre à chaque fois ou avait simplement fait avec pour au bout du compte rester étonné par le coup de poignard qu’elle avait reçu en plein cœur qui lui pendait au nez depuis le début. Alors pour faire partir l’amour, Aylin avait décidé de le remplacer par la haine, quand on y réfléchissait c’était deux sentiments proche l’un de l’autre, aussi fort et qui permettait de se voiler la face d’une certaine manière. Mais en la voyant en face d’elle avec ce sourire provocateur, elle pouvait sentir que le mur qu’elle avait hissé contenait tout de même quelques brêches.
- Garde ton venin Cadburry, ça ne marchera pas.
Elle regarde Birdie avec les yeux plein de défis, même si son ton est amusé, il s’agit d’une mise en garde, il y a beaucoup de choses qu’elle se retient de dire. Aylin n’a pas envie de faire une scène devant tout le monde car elle n’a pas besoin que les gens sachent réellement sa vie privée. De toute façon elle se dit qu’il faudrait que la miss météo fasse attention à ne pas lui faire dire certaine chose, si elle veut garder son travail, il serait plus sage que le reste de ses collègues ne sachent pas qu’elle se drogue. Même si elle se doute que le monde de la télévision doit avoir un certain nombre de drogués, elle ne pensait pas qu’il était très bien vu les personnes en questions soit nommé pour leur réputation. La blonde se laisse envahir par la fumée de cigarette que son ex lui envoie gentiment dans la figure. Rien que l’odeur de la cigarette lui donne une sensation de plaisir et de satisfaction, malheureusement cela lui fait fantasmer pendant quelques secondes, la sensation qu’elle aurait si elle avait la clope réellement dans la bouche. En retour elle lui balance la sienne mais bon cela ne fera pas grand-chose à part agacer Birdie car sa fumée à elle est clean et en plus sent bon. Il n’y a rien de palpitant c’est propre, ennuyant car ça n’apporte rien à part consoler une ex-droguée en lui permettant de répéter un geste dont elle a du mal à se détacher. Mais cette petite pause doit prendre fin et la jeune femme lui rappelle qu’il faut retourner à l’intérieur. Elle décide de tout de même prendre 5 minutes pour elle car ses vieux démons sont toujours prêts à ressurgir et en ce moment ils sont bien trop proches. Aylin ne s’attend pas vraiment à ce qu’elles tapent la causette et qu’elle lui demande ce qu’il ne va pas, dans l’autre sens elle ne le ferait pas, c’est juste une indication qu’il lui faut un peu plus de temps. Un autre sentiment de nostalgie vient la frapper quand la Cadburry se met à lui raconter à toute vitesse un fait. Un autre trait de caractère qui avait toujours été différent des autres et dont elle avait trouvé toujours un petit charme.
- Ça m’a toujours fasciné ton blabla inutile, agaçant la plupart du temps mais fascinant… Sinon oui ça serait tellement plus amusant si c’était le cas, un dragon. Au moins ça rendrait la mort qui nous attend plus intéressante.
Elle prit une dernière bouffée de sa cigarette électronique et regarda Birdie une dernière fois avant de tout ranger et de se retourner vers l’entrée.
- Allez rentrons, débarrassons nous de cette interview à la con et oublions que nos chemins se sont recroisés
« Garde ton venin Cadburry, ça ne marchera pas. » Alors Cadburry fait la moue. Aylin est vraiment moins drôle, elle est toute recroquevillée, toute teigneuse et franchement, Birdie pourrait presque lui tourner ses talons jaune canari pour aller voguer ailleurs parce qu’elle s’ennuie. « T’es vraiment pas fun, Collins. » Comme s’il n’y a que ça qu’elle voit et qu’elle retient du passage d’Aylin dans sa vie. Après tout, la blonde a été une petite tempête pendant les quelques mois qu’elles se sont fréquentées - jamais Birdie n’a pu mettre les termes relation, en couple, ensemble sur ce qu’elles étaient. Ces mots ne lui plaisent pas, elle ne les aime pas car ça lui donne le sentiment d’appartenir à quelqu’un. Et Birdie est un oiseau qui n’appartient à personne d’autre qu’à elle-même. Le pire dans l’histoire est qu’elle ne comprend vraiment pas la réaction d’Aylin. Elle ignore ce qu’elle a pu dire pour que cette dernière soit aussi renfermée. C’est peut-être l’ennui que doit être sa vie maintenant qui doit provoquer ça, la jalousie de savoir que Birdie continue à s’amuser alors qu’elle a dû arrêter. Comme si Aylin avait pu penser pendant deux millièmes de secondes que Birdie serait restée à son chevet, qu’elle aurait pu la guider sur un quelconque chemin de guérison. Hors de question. Soit on est au même niveau qu’elle, soit elle laisse tomber. Cadburry pense qu’avoir - non pas rompu car elles n’étaient pas un couple - coupé tout lien entre elles était logique. Parce que la jolie blonde au regard azur n’aurait pas arrêtée son train de vie, ni son mode de fonctionnement et encore moins ses consommations pour la simple raison que son amie avait eu les yeux plus gros que le ventre durant une soirée et qu’elle a failli y passer.
Il ne faut pas lui en demander beaucoup, à Birdie.
« Ça m’a toujours fasciné ton blabla inutile, agaçant la plupart du temps mais fascinant… Sinon oui ça serait tellement plus amusant si c’était le cas, un dragon. Au moins ça rendrait la mort qui nous attend plus intéressante. » « Arg. » Le nez toujours en l’air, la clope aux lèvres, la fumée qui s’évapore doucement, Birdie laisse un grognement s’échapper tout en secouant la tête. « La mort, sérieusement ? Je te parle d’un putain de dragon, une créature belle, dangereuse, magnifique et gigantesque, et tu me parles de la mort. Sérieusement, Aylin, reprends quelque chose rapidement ou arrête ton machin électronique, ça te bousille les neurones, je crois. » Aucune incitation mais juste un conseil afin que Collins ne finisse pas par crever d’ennui dans cette nouvelle vie qui semble être la sienne à présent. Lavée, de nouveau vierge même peut-être, travaillant dans un centre contre les addictions, c’est moche, c’est nul, vraiment. « Allez rentrons, débarrassons-nous de cette interview à la con et oublions que nos chemins se sont recroisés. » « Premières paroles pleines de bon sens que tu me sors, dis donc. » Birdie s’enroule trois fournées de taffe entre les lèvres avant d’écraser son mégot et de le jeter dans la première poubelle. Oui, la planète, c’est important quand même.
‘Ah enfin vous voilà. On a cru devoir envoyer un des assistants vérifier que vous étiez pas en train de vous arracher les cheveux.’ « Ah ah, sérieusement ? On est des pros, okay, dites ce qu’on a à faire, qu’on en finisse. » C’est vraiment la première et dernière fois que ce genre de situation lui arrive.
Aylin fait du mieux qu’elle peut pour ne pas se laisser atteindre, ne pas rentrer dans le jeu de Birdie même si elle sait qu’il serait très simple de glisser. Elle essaye de dresser des murs entre elle et les provocations de la jeune femme, car Aylin sait ce qu’elle cherche à faire. La provoquer, capter son attention et la faire réagir, leur relation avait souvent été basé sur ça. Alors quand la blonde lui explique qu’elle n’ait pas drôle Aylin se contente de hausser les épaules. Il faut qu’elle contrôle son tempérament impulsif, c’est ce qui lui a fait souvent faire des conneries. Elle sent que la colère contre la Cadburry retombe, voir son visage réellement lui avait ravivé les sentiments qu’elle avait eu dans le passé. La colère qu’elle avait pu ressentir il y’a un an et le fait de pas vouloir voir partir la personne pour qui elle avait des sentiments. Quand elle l’a regardé maintenant avec l’énervement en moins, elle se rendait compte qu’elle n’avait absolument pas changé et que rien n’aurait pu être viable de toute façon. Birdie était toujours aussi flinguée qu’elle à l’époque, enfin Aylin l’avait toujours été plus car rare était les moments où elle n’était pas sous l’influence de quelques chose. Mais à présent elles étaient dans deux mondes totalement différents et jamais ils n’auraient pu coïncider. D’une certaine façon on pouvait aussi dire qu’au fond, elle était un peu jalouse de Birdie. La présentatrice pouvait continuer quelque chose qui l’avait presque tué deux fois. C’est pour ça qu’elle se sentit piquée à vif quand elle lui dit qu’il fallait qu’elle reprenne quelque chose car elle savait très bien ce qu’elle lui sous entendait. La jeune femme était devenue ennuyante et elle le savait car ça la saoulait aussi. Elle se sentait comme un catho respectant tout ce que la religion lui disait de faire. Depuis un an, Aylin n’avait pas fait de fête car les rares amis qui lui restait d’avant été des gros fêtards dont elle savait que les soirées auraient de la cock ou du crack et elle ne voulait pas céder à la tentation. Depuis un an elle s’était fait des amis grâce à ses réunions mais ils étaient dans le même état qu’elle a ne pas vouloir prendre de risque et le peu de soirées qu’elle avait fait au bar ils n’avaient pas voulu prendre d’alcool. La jeune femme se faisait clairement chié, c’est aussi pour ça que sa comparaison à la mort faisait ressortir en elle comment elle se sentait intérieurement.
- Si jamais j’ai besoin de quelqu’un pour avoir un stock, je sais qui contacter.
Elle lui lança un regard amer, elle prend quelques bouffées avant d’enfin décider de rentrer ne supportant plus ce tête à tête avec Birdie. La jeune femme fut d’accord avec elle et en rentrant elle regarda tout le monde les fixer comme si ils attendaient de voir si elles s’étaient battues. Bravo la discrétion mais bon ne pas se rendre compte qu’il y avait une tension entre elles auraient été impossible, même un aveugle l’aurait senti.
- Exactement dite nous ce qu’il y’a à faire qu’on s’en débarrasse.
Le staff eut l’air assez satisfait de leur réponse et du fait qu’elles acceptent enfin de continuer le tournage prévu. Sans rechigner Aylin laissa faire la maquilleuse sur son visage même si elle avait envie de l’envoyer promener mais elle prit son mal en patience voyant qu’elle remettait aussi un coup à Birdie.
- On a déjà perdu assez de temps, l’équipe de tournage a commencé à tourner les plans de la présentation de l’association avec la présidente et quand ils finissent Birdie t’interrogera pour avoir un témoignage pour avoir des explications sur ta vie avec et sans la drogue.
Sur le coup Aylin lâcha un petit rire face à l’ironie de la situation, elle savait qu’elle allait devoir raconter sa vie même si elle n’aimait pas spécialement l’idée. Mais savoir que en plus c’était Birdie qui allait lui demander des questions sur sa vie pendant et après la faisait encore plus rire. Son regard se tourna vers la blonde avec un sourire amusé sur le visage.
- Et bien je sens que ça va être amusant dis donc, j’espère que tu es prête.
Elle regarda l’équipe de tournage arriver et prit une grande inspiration.
« Si jamais j’ai besoin de quelqu’un pour avoir un stock, je sais qui contacter. » Birdie rit doucement sous cape parce que franchement, c’est une jolie blague qu’elle est en train de lui dire, Aylin, là. « Ne t’inquiète pas, j’ai ce qu’il me faut. C’est plutôt à moi de te dire ça. Si jamais t’en as marre de jouer les St Nitouche. » Il n’y a rien de plus barbant que ça. Se ranger, prétendre que l’on est normal, dire que tout va bien même quand ça ne va pas. Birdie n’est pas très douée en psychologie humaine - le contraire se saurait - mais elle voit bien Aylin loucher sur son joint. Jouer le rôle du petit diable sur l’épaule, voilà quelque chose que le joli oiseau sait faire. Toujours là pour ramener les gens sur terre alors qu’elle, elle voyage plus loin que ça. Elle prétend avoir un troisième œil, de voir les choses que le commun des mortels ne peut comprendre. Sûrement dû à son éducation très libre, Birdie ne s’attache pas à la même chose que les autres, que la population normale. Trouver l’amour, fonder une famille, avoir un emploi stable, tout ça, c’est de l’abstrait pour elle. Une conception ennuyante de l’avenir et dont elle ne caresse même pas l’idée. Elle la repousse, même, complètement et avec force.
« Exactement dite nous ce qu’il y’a à faire qu’on s’en débarrasse. » Pour le coup, Birdie ne rajoute rien car Aylin vient d’appuyer ses propos et ça ne la fait que sourire davantage. Le staff rôde de nouveau autour d’elles, les maquilleuses et coiffeurs foutant leurs pattes sur elles pour les apprêter convenablement - même si Birdie trouve qu’elle est déjà très bien comme ça - alors que la responsable se met à blablater sur la suite des évènements. ‘‘On a déjà perdu assez de temps, l’équipe de tournage a commencé à tourner les plans de la présentation de l’association avec la présidente et quand ils finissent Birdie t’interrogera pour avoir un témoignage pour avoir des explications sur ta vie avec et sans la drogue.’’ Comme si Birdie a envie de savoir. Aylin se met à rire et les yeux océan de la blonde se lèvent automatiquement vers le ciel - ou plutôt le plafond - parce qu’elle sait très bien pourquoi elle réagit comme ça. « Et bien je sens que ça va être amusant dis donc, j’espère que tu es prête. » « Quand t’arrêteras de faire ta gamine, je le serai. » Birdie passe la main dans ses cheveux, faisant grogner légèrement le coiffeur qu’elle repousse d’une claque sur la sienne. « C’est bon, on est pas non plus en cérémonie d’awards, là. » C’est juste un foutu documentaire dans une foutue association sur les foutus de la vie.
Cadburry se positionne là où il faut et on lui fourre des notes dans les mains. « Qui s’est qui a écrit ça ? On lit rien du tout ! » Une écriture patte de mouches et elle n’a pas ses lunettes sous la main. Sérieusement, on a décidé de la faire prodigieusement galérer et chier, aujourd’hui. Birdie soupire. « Okay, j’espère que vous avez du temps devant vous parce que je sens que ça va être long. » Et elle tourne la tête vers Aylin. « Essaie de pas crever d’une overdose entre temps, s’te plait. J'aimerai pas que tu me voles la vedette. »
Dernière édition par Birdie Cadburry le Lun 20 Jan - 17:53, édité 1 fois
Cette matinée est réellement interminable, Birdie représente la tentation. Aylin voit le joint, qu’elle fume sans aucune honte devant un centre contre les addictions. Elle sent l’odeur, l’appel au fond d’elle lui criant de lui demander si elle peut tirer une bouffée dessus. Il ne faut pas qu’elle écoute la sirène lui rappeler à quel point rien qu’un joint pourrait lui faire du bien et qu’elle serait assez forte pour faire une exception sans retomber. La blonde se connait, c’est un mensonge qu’elle s’est déjà dit un certain nombre de fois quand elle se disait comme ça qu’elle allait arrêter mais une exception, dégénère à se dire la même chose tous les jours en se disant « demain j’arrête ». C’est aussi pour ça qu’elle a arrêté de fumer car elle a peur que la simple addiction au tabac, ne lui re ouvre le chemin pour des démons beaucoup plus séduisants et bien plus dangereux. Et voir Birdie pleinement conscience de l’envie qu’elle lui crée, l’agace au plus haut point. Lors de la proposition de la jeune femme de lui faire signe si jamais elle veut quelque chose, Aylin se contente de faire comme si elle l’ignorer et rentre de nouveau dans le bâtiment. C’est petit et elle veut faire comme si cela ne la touchait pas alors que c’est un mensonge. Au fond elle prend son commentaire de sainte nitouche très mal car c’est le sentiment qu’elle ressent aussi et qu’elle ne supporte pas. Toutes les deux savent à qu’elle point il est plus facile de s’éclater avec quelques petites aides chimiques et Collins n’allaient pas se mentir si elle disait qu’elle avait déjà été à une soirée sans.
Au sein de l’association le rythme de l’équipe de tournage bat son plein, elle ne peut que remarquer qu’ils étaient passés à autres choses en les attendant mais leurs regards inquiets et clairement avancé lui montre qu’ils aimeraient bien en finir avec l’histoire entre elles. Mais Aylin se dit qu’au final ils n’avaient qu’à pas ramener la miss météo car elle ne comprenait toujours pas pourquoi c’était elle qui allait l’interviewer. Elle finit par se laissé faire pour le maquillage se disant qu’il faut mieux capituler pour plus vite se débarrasser de la tâche noire qu’il venait d’y avoir dans sa journée. Cependant elle ne peut retenir ses rires face aux explications de ce qui allait se passer. Birdie devait tellement n’en avoir rien à faire ou d’écouter son point de vue sur les derniers moments de sa vie de junkie qui était mêlée à la sienne. Elle hausse un sourcil à la répartit immature de la demoiselle qui semble clairement agacé.
- C’est la personne qui a pleuré pour des bonbons qui me dit ça ?
Aylin sent la maquilleuse lui lancé un regard noir sur le coup, lui disant qu’il était temps d’arrêter leur connerie. La jeune femme se contente de l’ignorer et lui fait un petit geste avec la main lui disant d’arrêter, elle n’avait jamais autant été maquillé de sa vie. Elle s’éloigne de Birdie quelques instant pour qu’on lui installe le micro et se marre au loin de la voir galérer à lire ses fiches. Mais la colère bondit en elle lorsqu’elle lui adresse de nouveau la parole et ose lui parler d’overdose. De manière furibonde elle s’approche d’elle et lui attrape le col pour la plaquer contre le bureau de l’accueil, son poing libre serré. Sur le coup elle voit rouge, comment ose-t-elle ne faire qu’un trait d’humour la dessus. Avant que sa main n’aille se coller sur le nez de Birdie car tout ce qu’elle avait ressenti venait de ressurgir, elle se rend compte que le reste du monde autour d’elles avait arrêté de respirer. Pendant un instant elle garde sa main attachée au vêtement de la blonde, ses yeux remplit de colère plongé dans les siens. Cela la soulagerait tellement sur le moment car elle n’en pouvait plus de son air plein de défis. Mais elle finit par la lâcher, s’éloignant de quelques pas d’elle par mesure de sécurité et se retourne vers les autres.
- Vous savez un jour où l’autre vous devriez la faire pisser dans un pot, je suis certaine que le résultat serait intéressant. Elle hausse les épaules comme si de rien n’était puis elle regarde Birdie avec un petit sourire innocent. Bon on s’y met ?
« C’est la personne qui a pleuré pour des bonbons qui me dit ça ? » Toute l’ironie de Birdie est là. Traiter quelqu’un de gamine alors qu’elle-même a le compteur qui a dû s’arrêter quelque part dans l’enfance ou l’adolescence tandis que les années s’accumulaient. Pourtant, elle a connu des expériences qui l’ont faites grandir et évoluer. Peut-être pas dans le meilleur des sens. Des expériences qu’elle regrette parce que ce n’est pas glorieux. Mais Birdie se dédouane tellement facilement de ses fautes, elle n’accuse jamais le coup et elle dira qu’elle n’a pas fait exprès. Ce qui est souvent le cas, pour sa défense. Elle se laisse porter par la vague, même si au final, le choix lui revient de plein droit. Et là, son choix de vouloir titiller et provoquer Aylin est totalement assumée alors que Cadburry aborde un sourire amusé sur ses lèvres peinturées - qu’est-ce qu’elle a en horreur tous ces artifices dont on s’entête à la badigeonner. Elle entend déjà les commentaires de Carter en voyant sa tête à la télévision. Cependant, Birdie a la présence d’esprit de ne pas répondre. Non pas qu’elle s’avoue vaincue mais elle a déjà envie de passer à autre chose et de conclure cette journée qui vient seulement de commencer. En plus les notes qu’on lui tend sont illisibles, la blonde a aucune idée de comment elle compte s’en sortir. A l’improvisation, il faut croire.
Tout comme Aylin qui s’improvise violente alors qu’elle empoigne Birdie par le col avant de la plaquer contre l’accueil. Et là, à ce moment précis, Cadburry a presque une pique de joie en revoyant une image d’Aylin, celle d’avant, la tempêtueuse, celle qui se laisse emporter par ses émotions, qui fume comme un pompier et qui est beaucoup plus fun. Sa Aylin qui lui revient pendant une fraction de minute devant une assemblée qui a visiblement le souffle coupé à en juger par le silence de plomb qui règne dans la salle, Birdie ne se détachant pas de son sourire taquin et ne faisant aucun geste pour arrêter l’autre blonde dans son geste. Mais c’est presque avec déception qu’Aylin la relâche. « Vous savez un jour où l’autre vous devriez la faire pisser dans un pot, je suis certaine que le résultat serait intéressant. Bon on s’y met ? » Birdie relève son regard sur Aylin et lui fait un gentil doigt d’honneur avec un sourire plein d’ironie alors que l’assistante lève les yeux au ciel. « Je sens que ça va être une longue journée. »