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 (noranwar) caught in place

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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyVen 20 Déc 2019 - 9:23


norah & anwar
caught in place

Waste away I'm crawling blind followed by what I left inside for you, just you. I'm caught in place but I ignore what I can't erase, I will run and hide 'til memories fade away, and I will leave behind a love so strong. ☆☆☆



Maintenant Anwar comprenait mieux pourquoi Warrington l’avait pris à part et avait attendu qu’ils ne soient plus que tous les deux pour lui parler. Warrington avait été son supérieur direct pendant huit ans, il ne connaissait pas simplement sa manière de travailler, il connaissait sa manière d’être ; Ses bons côtés comme ses plus mauvais travers. Il savait dans quel sens le brosser pour obtenir ce qu’il en voulait, et sur quels boutons appuyer pour éveiller sa colère ou provoquer sa rage. Et Warrington était un homme intelligent, il avait toujours su tourner les choses à son avantage : rien d’étonnant donc à ce qu’il ait semblé plus satisfait que surpris lorsqu’Anwar avait vociféré une insulte qu’on sentait sortie du cœur, balancé son poing sur le toit de sa Taurus – qui en avait vu d’autres et n’était plus à un froissement de taule près – et un envoyé voler d’un violent coup de pied la poubelle qui avait eu le malheur de se trouver sur son chemin. « Je vais le fumer cet enfoiré ! » Tremblant de colère, l’inspecteur avait machinalement porté une main à son holster puis jeté un œil autour de lui avant de se raviser. Au lieu de ça il avait aboyé « Ça date de quand ? C’était où ? Et cet abruti a laissé faire sans rien dire ? C’est pas un putain d'inconscient ?! » en donnant l’air d’oublier à qui il était en train de parler, et si l’autre homme avait choisi de ne pas s’en formaliser le ton sur lequel il avait répondu « Tu vas commencer par te calmer. » tranchait comme une lame de rasoir et ne laissait pas de place à la négociation. « Tu baisses d’un ton, et tu te calmes. » Qu’il prenne la peine de se répéter prouvait autant qu'Anwar jouissait d’un brin de favoritisme de sa part que le fait que sa patience était mise à l’épreuve, et bien que fulminant toujours intérieurement le brun avait serré les poings et s’était mordu la langue pour tenter de retrouver une contenance. « Si t’es pas foutu de te tenir pour quelque chose d’aussi futile, on s’arrête là et tu retournes directement de là d’où tu viens avec mon pied au cul en prime, est-ce que je suis assez clair comme ça ? » Et là encore les mots n’étaient pas choisis au hasard, et le « futile  » n’avait pour ambition que de tester la capacité du brun à s’écraser et à redevenir un bon petit soldat, obéissant et dévoué à la cause. « Limpide. » Intérieurement il bouillonnait. Il se voyait achever Strange de mille et une façon, balancer sa carcasse depuis le Victoria Bridge et retourner sagement « de là d’où il venait » avec le sentiment du devoir accompli. Mais non. « Toowong et Logan City. On pense qu’il s’est rencardé sur elle et qu’il l’a faite suivre. On va garder un œil sur l’école des gosses, voir si quelqu’un s’y pointe à l’occasion. » Étouffant une nouvelle insulte, Anwar avait abattu le plat de sa main contre le capot de sa voiture avec frustration, mais n’avait rien dit. « S’il avait prévu de s’en prendre à eux il l’aurait fait. Mon point de vue, c’est qu’il veut te tester. Et toi comme un imbécile tu sauterais à pieds joints sur la mine, si je te laissais faire. » Touché. Mais il y avait dans la désinvolture et le recul de Warrington quelque chose qui dérangeait Anwar, une sensation que l’information avait fait son chemin avant de lui parvenir. « Il est hors de question que ce fumier s’approche à nouveau des gosses. » Et ça ce n’était pas négociable, il ne dirait pas s’il te plaît, il ne formulait pas un souhait … Non, Strange ne respirerait pas une fois de plus le même air que les enfants de Frank et Norah. Ou bien ce serait la dernière chose qu’il ferait. « C’est toi qu’il a dans le viseur, c’est ta loyauté qu’il teste. Tu veux rendre service à ces mômes ? Alors serre les dents et continue de jouer selon ses règles, et peut-être que leur mère pourra enfin leur expliquer que le vilain monsieur qui leur a enlevé leur papa a eu la punition qu’il méritait. » Brosser les poils dans le bon sens et appuyer sur les bons boutons, encore une fois. « Donc tu viens me balancer tes infos à la figure pour me foutre hors de moi, mais faut que je fasse comme si tu m’avais rien dit ? T’es sérieux ? » Mais Warrington était intelligent, une fois encore – il ne faisait jamais rien sans raison. « Ce n’est pas ce que j’ai dit. »

***

De là où il était, il avait une vue dégagée sur le sapin de Noël qui décorait l’entrée principale de l’hôpital. Une vue sur les gens qui allaient et venaient aussi, laissant supposer que l’heure des visites n’était pas encore terminée – celles aux proches et celles aux médecins. Sur son tableau de bord le paquet de fraises tagada ouvert par le policier lorsqu’il avait garé sa voiture était déjà au trois-quarts vide, et les friandises lui pesaient désagréablement sur l’estomac. C’est pas ce que j’ai dit. Facile à dire. Se laissant prestement glisser contre son siège, Anwar avait tiré sur la visière de sa casquette et baissé le nez vers son volant à l’instant où Norah passait le hall pour retrouver l’extérieur – elle semblait fatiguée. Épuisée, même, mais sans doute ne s’accordait-elle le fait que cela se lise sur son visage que parce qu’elle s’imaginait que personne ne la regardait. De là où il était garé il ne voyait pas simplement le sapin de Noël de l’entrée, il voyait aussi – surtout – l’endroit où était garée la voiture de Norah, et lorsque ses phrases s’étaient allumés il avait retenu son souffle, comme dans ces films où le son du violon faisait monter la tension avant un bon jumpscare facile mais efficace. Il ne savait pas trop ce qu’il attendait ; Au fond il avait peut-être juste besoin de faire taire un pressentiment, et voyant la voiture de l’infirmière quitter sa place sans qu'aucun autre véhicule ne prenne sa suite, il avait fermé les yeux et poussé un soupir de soulagement.

***

Desserrant le nœud de sa cravate, il avait fini par s’en délester totalement et par faire sauter les deux premiers boutons de sa chemise avant de monter en voiture. Appelé à témoigner au procès jugeant d’un homicide sur lequel il avait travaillé quelques mois plus tôt, il avait passé une partie de sa matinée au tribunal et avait  profité de sa longue attente dans le couloir attenant à la salle d’audience pour aiguiser ses arguments et son discours. Non pas concernant le meurtre pour lequel il s’apprêtait à témoigner, mais concernant la discussion qu’il prévoyait d’avoir avec Norah un peu plus tard dans la journée. La sachant d’après-midi à l’hôpital, il lui avait proposé de la retrouver vers midi pour grignoter ensemble avant que chacun retourne à ses moutons – officiellement il se cherchait une excuse pour tester le burger végétarien du food truck ayant pris ses quartiers non loin de l’hôpital, officieusement il devait parler à l’infirmière mais n’avait pas osé l’attirer dans ses filets à l’aide d’un « il faut qu’on parle » qui ne ferait que l’inquiéter. Sa cravate balancée sans ménagement sur la banquette arrière de sa voiture, il avait donc pris une grande inspiration et traversé Toowong en direction du Saint Vincent. Fais les choses intelligemment, lui avait conseillé Warrington – ce qui dans son jargon voulait surtout dire d’arranger la vérité au plus utile. Soit. La voiture freinant d’un coup sec lorsqu’il avait actionné le frein à main en longeant le trottoir avec sa délicatesse habituelle, il avait retroussé les manches de sa chemise au-dessus de ses coudes faute de pouvoir se changer avant son retour au commissariat, et réajusté ses lunettes de soleil sur son nez. « Norah ! » Quelques mètres devant lui, la mère de famille s’était retournée en entendant son prénom tandis qu'Anwar trottinait pour parcourir les derniers mètres les séparant l’un de l’autre. « L’audience a démarré en retard, j’ai eu peur de te faire poireauter. » Lui offrant une brève accolade, il avait pris une seconde ou deux de plus pour la regarder et avait légèrement froncé les sourcils « Tout va bien ? T’as l’air fatiguée. » Pas de ceux qui s'empêchaient de le faire remarquer au prétexte que cela manquait de délicatesse, il s’en inquiétait surtout pour s’être déjà fait la réflexion deux soirs plus tôt, lorsqu’il l’avait guettée à sa sortie de l’hôpital.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptySam 28 Déc 2019 - 17:53

CAUGHT IN PLACE
what if nothing will ever change ?
Refusant catégoriquement d'emmener avec elle une migraine persévérante au lit, Norah zonait sur son canapé en attendant que ça passe. Elle avait pourtant pris des comprimés dans l'espoir de soulager ses céphalées qui la rendaient sensibles aux moindres éclats de voix et générant même une photophobie. Il n'y avait plus qu'une seule lampe d'allumer dans le séjour, ce qui lui était amplement suffisant. Les enfants étaient couchés depuis longtemps et elle travaillait d'après-midi ce jour-là, ce qui faisait qu'elle était rentrée assez tard, trop pouvoir croiser ses bouts de chous, alors déjà bien assoupis. Sauf que vers quatre du matin, Aidan s'était réveillé en pleurs après avoir fait un cauchemar. Depuis la semaine précédente, Norah maudissait la personne qui avait eu l'intelligence de lui mettre en tête qu'il y avait un monstre sous son lit. Aussi intrépide et téméraire qu'il pouvait être, cette créature là l'angoissait réellement et raccourcissait quelques unes de ses nuits. Au moins, ça occupait les nuits blanches de sa mère, qui cherchaient tous les jours des moyens convaincants pour faire fuir ce fameux monstre. La dernière solution trouvée était un pulvérisateur d'eau, une méthode apparemment efficace. Néanmoins cette fois-ci, Aidan était peu enclin à terminer sa nuit dans son lit, s'accrochant comme un petit koala contre sa mère qui la portait et finit par l'emmener avec elle dans sa chambre, contrainte de s'allonger avec lui. En restant collé à elle, le petit rouquin se rendormit sans soucis, le pouce en bouche, pendant que Norah lui caressait tendrement son dos à l'aide de son pouce. Les yeux regardaient dans le vide, plongés dans des pensées peu recommandables. Elle se sentait saturer. Le pire dans tout cela, c'éait qu'elle ne comprenait pas d'où ça pouvait venir, ne voyant pas de raisons légitimes à ce qu'elle se sente ainsi. Comme s'il suffisait encore d'un rien pour qu'elle perde tous ses moyens. Elle avait cette boule au ventre, ces battements de coeur désagréables, la sensation d'étouffer alors que sa respiration se portait à merveille. C'était finalement le déni qui lui faisait tenir le coup, bien qu'il s'effritait tout autant que le reste ces derniers temps. Aidan terminait alors tranquillement sa nuit, puis vint l'heure du réveil et la routine que l'infirmière faisait avec ses enfants quand elle ne travaillait pas de matin. Anwar et elle avaient prévu de se voir pour manger un bout ensemble avant qu'elle ne doive aller travailler, peut-être que passer du temps en sa compagnie lui permettrait de se changer les idées. En attendant, Norah avait passé sa matinée à faire du rangement, à trier ses papiers et commencer ses comptes du mois. Les lunettes de soleil sur le nez, la belle brune arrivait avec un petit peu d'avance devant le food truck où Anwar était assez enthousiaste de tester leur burger sans viande. Quelques mèches de ses cheveux détachés s'envolaient avec la légère brise qui venait de se lever. Rien de très rafraîchissant vu les températures estivales, mais que Norah ne refusait pas avant d'aller devoir s'enfermer pour le reste de l'après-midi. Elle faisait quelques pas en l'attendant, les bras croisés, jusqu'à ce qu'elle entendit la voix d'Anwar l'interpeller. Elle esquissait un sourire lorsqu'elle le vit s'approcher d'elle, l'enlaçant afin de la saluer. "J'ai failli perdre patience." lui répondit-elle avec un ton taquin. Elle savait que son métier était quotidiennement confronté à des imprévus, jamais n'allait-elle lui tenir rigueur d'arriver en retard ou de devoir partir en plein milieu d'une soirée parce que le devoir l'appelait. Ca arrivait régulièrement avec Frank, elle savait ce que c'était. "Ca va, oui." lui répondit-elle. "Je le suis. Mais ça va." Un miracle qu'elle l'admette. "J'ai un planning plutôt chargé depuis le début de l'année, avec les fortes chaleurs, les services sont saturés. Et pas mal d'arrêts, et je suis toujours preneuse de quelques heures supplémentaires." expliqua-t-elle. "Et Aidan cauchemarde pas mal en ce moment. Quelqu'un à l'école a eu l'idée très intelligente de lui dire qu'un monstre se cachait sous son lit et attende qu'il dorme pour le manger tout cru. Je trouve la personne qui lui a dit ça et je l'étripe." Norah ne plaisantait qu'à moitié parce qu'elle n'était pas franchement enthousiaste à l'idée que quelqu'un fasse croire ce genre de choses à son fils juste pour lui faire peur, pour l'angoisser, sans trop avoir idée des conséquences que ça pourrait avoir pour lui. Elle n'était pas contre lui faire croire en un peu de magie, mais si c'était utilisé uniquement pour le faire pleurer à chaudes larmes et l'empêcher de passer des nuits tranquilles, Norah s'y opposait totalement. En soi, les excuses que Norah exprimait pour justifier son épuisement étaient légitimes, mais il était triste de noter qu'elle était encore incapable de mettre le doigt sur ce qui n'allait vraiment pas. C'en était même effrayant, quelque part. "L'audience s'est bien passée ?" lui demanda-t-elle alors qu'ils s'approchaient de la file des personnes qui attendaient leur tour pour passer commande. Ses yeux scrutaient les différentes suggestion écrites sur un tableau noir accroché sur le camion. "En tout cas, la cravate n'a pas fait long feu." dit-elle avec amusement en constatant les boutons de chemise ouverts au niveau de son col. Elle se permit de réajuster rapidement celui-ci d'un geste délicat. Elle savait qu'Annie n'était pas trop du genre à se mettre sur son trente-et-un et s'il le faisait, c'était surtout par obligation. Témoigner pour une audience en faisait partie. "Tant que j'y pense. Pour Nouvel An, c'est toujours bon ?" lui demanda-t-elle. A vrai dire, elle comptait beaucoup sur le fait de passer une soirée agréable en sa compagnie et les enfants apprécieraient tout autant. Au vu des récents événements, peut-être admettrait-elle enfin qu'elle avait besoin de se vider un peu la tête afin de commencer l'année suivante d'un meilleur pied.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyVen 31 Jan 2020 - 12:27

Si Anwar avait cru au karma il aurait probablement cherché avec véhémence ce qu’il avait bien pu faire qui mérite un tel retour de manivelle en l’espace de quelques semaines, de quelques mois. Pour que tous les étages du château de cartes se soient écroulés d’un seul coup sans qu’il n’ait assez de ses deux mains pour tenter d’en maintenir la structure intacte. Mais Anwar ne croyait en rien, et donc pas au karma, et s’il prenait deux minutes pour se raisonner il savait qu’il n’y avait rien d’autre qui puisse être blâmé que sa malchance et un sens du timing involontairement exécrable. Dès lors, le meilleur moyen qu’il avait trouvé de ne pas perdre la boule avait été de compartimenter les ennuis, et les sources de ses inquiétudes. Le tiroir Norah ne se mélangeait pas au tiroir boulot, qui lui-même ne se mêlait pas au tiroir Lene, qui lui-même ne rencontrait pas le tiroir Street Cats. Mais si sur le papier rien ne semblait plus simple, dans les faits les choses n’étaient jamais aussi limpides, et les deux premiers tiroirs étaient rentrés en collision frontale sans que l’inspecteur qu’il était ne le voie venir – et pour cela il s’en voulait, comme pour d’autres choses. Alors qu’il atteignait Toowong et quittait son véhicule en bras de chemise, tout le reste avait donc provisoirement été mis en standby pour permettre à Anwar de n’avoir à l’esprit que Norah et ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Clairs comme de l’eau de roche alors qu’il tuait le temps dans les couloirs austères du tribunal, déjà les mots commençaient à se mélanger dans sa tête et à perdre de leur impact, et c’est finalement la gorge nouée qu’il avait forcé sur ses cordes vocales pour interpeller Norah lorsqu’elle était apparue dans son champ de vision. « J'ai failli perdre patience. » l’avait-elle taquiné pour l’accueillir, un vague sourire aux lèvres. L'enlaçant pour la saluer, il n’avait pu s’empêcher de faire remarquer son air fatigué et ses traits creusés. « Ça va, oui. Je le suis. Mais ça va. » lui avait-elle pourtant assuré d’un ton léger. « J'ai un planning plutôt chargé depuis le début de l'année, avec les fortes chaleurs, les services sont saturés. Et pas mal d'arrêts, et je suis toujours preneuse de quelques heures supplémentaires. » Il ne pouvait pas la blâmer, lui-même avait volontairement débordé à plusieurs reprises et finalement accepté d’être présent pour Noël par appât du gain, ayant à cœur de commencer à mettre de côté pour assurer l’éducation et l’avenir de son deuxième enfant de la même manière qu’il l’avait fait pour Tarek. « Et Aidan cauchemarde pas mal en ce moment. Quelqu'un à l'école a eu l'idée très intelligente de lui dire qu'un monstre se cachait sous son lit et attende qu'il dorme pour le manger tout cru. Je trouve la personne qui lui a dit ça et je l'étripe. » Fronçant les sourcils, avec probablement une vague envie d’étriper lui aussi le garnement responsable pour perturber ainsi le sommeil de son filleul, Anwar avait secoué la tête et préféré répondre avec légèreté « Tu veux que Caelan et moi on vienne jouer les chasseurs de monstres sous son regard ébahi ? J’ai toujours rêvé d’être un Ghostbuster. » Il ne plaisantait d’à moitié en réalité. Il était parfois plus facile de faire déguerpir un monstre que de tenter de prouver qu’il n’existait pas, aux yeux d’un enfant. « Je sais qu’on te le rabâche un peu, mais essaye de ne pas trop tirer sur la corde, d’accord ? » Peinant à trouver le bon dosage pour paraitre concerné sans verser dans le paternalisme, il avait remis en ordre l’une des mèches de cheveux de la jeune femme avec tendresse à l’instant même où ils atteignaient la file d’attente du food-truck. « L'audience s'est bien passée ? » Dodelinant la tête d’un air un peu las, il n’aurait pas trop su dire si oui ou non. Le bureau du procureur les formait au jeu des questions-réponses auquel se livraient généralement les avocats de la défense et au fil du temps, la chose était presque devenue une formalité. Mais de là à dire que les choses s’étaient bien passées lorsqu’il était question d’une enquête pour meurtre … « En tout cas, la cravate n'a pas fait long feu. » Réajustant machinalement le col de sa chemise, l’infirmière lui avait décoché un nouveau sourire léger. « Je plaide coupable … Mais j’ai l’impression d’être déguisé quand j’en porte. » Il ne comprenait pas comment faisait la population masculine BCBG qui peuplait les bureaux de Spring Hill. « Déjà que je me sens à poil sans mes casquettes. » Particulièrement difficiles à accorder avec une cravate quelle qu’elle soit, qu’on se le dise. « Tant que j'y pense. Pour Nouvel An, c'est toujours bon ? » Un pas en avant tandis que la file d’attente avançait, le brun avait acquiescé d’un air résolu « Oui bien sûr. Tu me laisses m’occuper du vin ? » Il la connaissait assez pour savoir qu’elle ne cèderait pas un pouce concernant le repas, pas même le dessert … Alors à la guerre comme à la guerre. « Caelan et Silk seront là ? » Son attention un moment accaparé par l’ardoise du menu, il s’était questionné lui-même sur la pertinence de s’autoriser une bière ou non – il retournait bosser après, mais il n’avait encore rien bu de la journée. Rien d’alcoolisé du moins. Et finalement ce fut le court silence conservé par Norah qui le persuada de reposer les yeux sur elle, attendant toujours une réponse à sa question. « Bonjour, qu’est-ce que je vous sers ? » Déjà ? À nouveau l’attention du policier était retournée au propriétaire du food-truck, et pas indécis pour deux sous – il l’était rarement lorsqu’il s’agissait de nourriture – il avait enchainé « Bonjour, je vais prendre le burger végé avec les frites de patate douce, un supplément cheddar, et une bière. » Une bière n’avait jamais tué personne. « Et ce que voudra la dame. » Adressant un clin d’œil à Norah, il l’avait laissée commander à son tour puis avait réglé la note, et l’un et l’autre étaient allés s’installer avec leurs commandes sur l’une des bancs du square. « Lene n’arrête pas de se nourrir de KFC, j’aurai de la chance si mon deuxième enfant n’est pas une poule de basse-cour. » Un comble pour le végétarien qu’il était. Faute d’un autre qualificatif suffisamment simplement pour la désigner, il avait pris l’habitude de désigner Lene par son prénom et ce qui au début lui faisait un peu étrange avait fini par devenir naturel. Picorant une frite ou deux dans son cornet, il passait du coq à l’âne en demandant ensuite « C’est la nounou qui récupère les petits à l’école ce soir ? » toujours à la recherche d’une façon d’aborder le problème pour lequel il avait eu besoin de la voir en premier lieu. Il ne voulait pas avoir l’air alarmiste, et ne voulait pas non plus donner l’air de mettre les pieds dans le plat … Mais savoir ce qu’il ne voulait pas ne l’aidait pas vraiment à prendre une décision.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyJeu 6 Fév 2020 - 15:38

CAUGHT IN PLACE
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Aussi intrépide pouvait-il être, Aidan restait un gamin de bientôt cinq ans, encore très vulnérable et trop impressionnable et naïf pour ne pas porter crédit à ce que pouvaient lui raconter ses prétendus copains de classe. Bien qu'elle ne doutait pas de la force de son tempérament, il restait son petit bout de chou qu'elle se devait protéger sans être dans l'excès. Elle n'était pas du genre à sur-protéger, mais de savoir qu'on le malmenait de cette façon lui hérissait le poil. La mâchoire du parrain s'était aussi un peu serré par un brin de contrariété. Néanmoins l'inspecteur semblait vouloir rectifier le problème sans trop s'opposer à  l'imagignaire de son filleule. Qu'au lieu de le confronter à une réalité qu'il n'accepterait peut-être pas d'entendre, les grands jouent le jeu et fassent travailler leurs méninges afin de pouvoir. "Tu rigoles mais je suis certaine que ça pourrait marcher." répondit-elle Norah avec un fin sourire. Surtout si c'est son parrain qui s'en occupait, Aidan savait que le travail serait bien fait et que plus aucun monstre ne viendra se loger sous son lit. Il avait tant d'admiration pour Anwar, c'était son héros, sans hésiter. "Si ça se trouve ça lui ferait passer sa phase pirate pour passer aux chasseurs de fantômes. Là il toucherait à un domaine qui m'intéresse beaucoup plus." Norah raffolait des histoires de fantômes. Pas qu'elle n'aimait pas les pirates loin de là (si elle se trouvait des histoires de pirates fantômes, ça aurait été parfait).Après cela, Anwar jugeait nécessaire de se répéter une énième fois que l'infirmière ne devait pas se pousser à bout uniquement sous le couvert du bien-être de ses enfants. Seulement, elle était déjà à ce stade depuis plusieurs semaines. Elle l'observait réajuster l'une de ses mèches de cheveux d'un geste délicat. "Tu peux pas t'empêcher de veiller sur moi, hein ?" lui souffla-t-elle avec un regard à la fois amusé et touché. Elle ne refusait pas non plus toute l'aide ou le soutien qu'on lui proposait. Elle n'avait jamais caché son indépendance, cependant elle trouvait toujours un certain réconfort de constater que ses proches veillaient sur elle et qu'elle comptait toujours pour eux. La belle brune changeait rapidement de sujet de conversation afin de prendre des nouvelles de son ami, même si, lui non plus, n'était jamais des plus loquaces à ce sujet. "Mais juste le costume et la chemise là, ça te va bien je trouve." se permit-elle quand même de commenter. "Et t'es aussi très bien sans casquette." lui assura-t-elle. Il est vrai que Norah l'avait toujours avec une casquette vissé sur le crâne, en toute saison. Aidan adorait la piquer dès qu'il le pouvait parce qu'apparemment c'est trop classe de porter la casquette comme Parrain. Norah n'y voyait pas d'inconvénient, surtout si ça lui permettait de protéger le crâne de son petit d'un soleil souvent agressif. La casquette d'Annie était devenue alors un argument phare et particulièrement efficace. "Ca marche pour le vin." répondit-elle alors qu'ils s'organisaient ensemble pour les fêtes de fin d'année. Anwar savait très bien qu'il lui serait impossible de négocier la préparation du repas, surtout pas le dessert. Norah retrouvait plaisir à pâtisser et aimait se surpasser en la matière. Les saveurs, elle maîtrisait et dernièrement elle se complaisait à trouver le wow factor. Que ce soit très beau et très bon à la fois. Et puis, c'était une activité qui pouvait l'occuper durant les nuits où elle n'arrivait pas à fermer l'oeil. "J'en sais rien encore." Norah n'avait plus vu Silk depuis une éternité, n'ayant que des échos par le biais de ce jumeau. "Il est un peu bizarre dernière je trouve, il m'évite un peu j'ai l'impression." Ce qui, en soit, était des plus étranges de la part de son frère, avec qui elle avait une relation des plus fusionnelles. "Mais je te tiens au courant, histoire que tu saches la quantité de bouteilles que tu dois ramener." Son côté maternel l'incitait à penser à la logistique et l'intendance en premier lieu, c'était un réflexe. Et par n'importe qu'elle intendance, on parlait là de vin. Ils ne purent poursuivre leur conversation très longtemps, car la serveuse fit rapidement apparition pour prendre commande. Annie avait une idée précise de ce qu'il voulait, laissant quelques secondes supplémentaire pour se décider. "Et pour moi, ce sera le cheeseburger avec des frites. Et des oignons frits. Avec un coca, s'il vous plaît." dit-elle en regardant Anwar ensuite. "Merci beaucoup." dit-elle en faisant allusion au repas qu'il venait de lui offrir. "La prochaine fois, ce sera mon tour." C'était un échange de bons procédés quasi permanent, car c'était loin d'être la première ni la dernière fois qu'ils s'invitaient à aller manger un bout dehors. Histoire de sortir du quotidien pendant quelques minutes. Une fois installés pour manger, Annie se mettait à parler de la mère de son futur enfant, peu enthousiaste du régime alimentaire qu'elle suivait, par rapport au bien-être du nouveau né en devenir. "On se rapproche tout doucement du terme. Comment tu te sens ?" A chaque fois qu'ils évoquaient ce sujet là, Norah ressentait toujours un étrange pot pourri d'émotions. Toujours ce petit semblant de contrariété un peu calmé par le fait qu'il assumait totalement les conséquences de ses actes, mais aussi un léger pincement au coeur, se surprenant à penser combien la maternité pouvait parfois lui manquer. Mais elle n'avait ni le temps, ni les moyens, ni la personne avec qui elle aurait voulu un troisième enfant. C'était littéralement mort dans l'oeuf. L'inspecteur changeait radicalement de sujet de conversation. Norah ignorait si c'était par envie d'éviter soigneusement le sujet là ou s'il avait autre chose en tête. D'autant plus surprenant qu'il tienne à se renseigner sur qui allait chercher ses enfants après l'école le soir-même. "Oui, je les récupère dès que je sors du boulot ce soir." lui répondit-elle, lui lançant un regard interrogatif. "Elle tolère toujours mes horaires décalées, alors j'en profite encore un peu." Elle ne plaisantait qu'à moitié, toujours très reconnaissante de sa flexibilité. Elle la remerciait régulièrement en pâtisserie également, la nounou ayant un petit faible pour le lamington. "Pourquoi cette question ?" demanda-t-elle finalement, sachant très bien que lui même avec une connaissance de la façon dont ses journées étaient organisées. "Tu voulais les voir ? Tu veux passer ce soir ?" C'était la première supposition qui lui venait à l'esprit. Dès qu'il en avait l'occasion, Annie n'était jamais contre gratter quelques minutes avec les enfants Lindley. L'infirmière entamait ensuite son burger. Elle avait certes sélectionné le plus classique qui soit, mais elle était surprise de constater à quel point celui-ci était particulièrement savoureux.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyLun 9 Mar 2020 - 4:38

C’était l’une des choses que l’on enviait facilement aux enfants, ou du moins c’était une chose qu’Anwar leur enviait, lui : leur imagination débordante, et leur capacité à croire en tout et n’importe quoi parce que l’âge adulte ne les avait pas encore abreuvé de désillusions en tous genres. Alors certes, cela pouvait amener à quelques désagréments tels que cette soudaine certitude qu’un monstre se terrait sous son sommier et n’attendait que son sommeil pour sortir de l’ombre, mais si l’on tâchait de ne pas s’en faire une montagne ce genre de peurs ne duraient jamais bien longtemps – et Anwar était plutôt partisan de désamorcer les craintes plutôt que d’en nier l’existence en n’ayant rien d’autre que sa parole en guise de preuve. « Tu rigoles mais je suis certaine que ça pourrait marcher. » s’en était de son côté amusé Norah, non sans admettre d’un ton vaguement songeur « Si ça se trouve ça lui ferait passer sa phase pirate pour passer aux chasseurs de fantômes. Là il toucherait à un domaine qui m'intéresse beaucoup plus. » Dodelinant la tête d’un air faussement dubitatif, le policier avait fait mine d’être désolé en admettant « Admets que c’est quand même bien plus cohérent que je l’abreuve d’histoires de pirates quand je l’emmène en mer … J’attends qu’il ait onze ans pour l’employer comme moussaillon officiel. » Âge légal du travail des enfants dans le Queensland, tout ça. Face au regard que lui avait jeté Norah il avait toutefois rectifié « Ok. Disons quatorze. » et affiché un air goguenard durant les quelques secondes qui avaient suivi avant de retrouver un brin de sérieux. Car passé le cap de la plaisanterie, il doutait que les cernes et l’air las qu’arborait Norah ne soient que le fruit des difficultés de son fils à trouver le sommeil paisiblement. « Tu peux pas t'empêcher de veiller sur moi, hein ? » Ecartant les bras en signe de résignation, il n’avait pas envisagé un instant de nier les faits et préféré commenter « Qu’est-ce que tu veux, je suis conditionné, tu es coincée avec moi pour toujours. » d’un ton léger. Façon plus ou moins subtile de lui assurer qu’elle pouvait compter sur lui, bien qu’il l’ait déjà suffisamment fait pour qu’elle n’ait – à priori – plus de raison d’en douter. Alors qu’ils atteignaient le food-truck et prenaient leur place dans la file d’attente, l’infirmière avait questionné sur son passage au tribunal et commenté sa tenue comme pour le persuader qu’il n’était pas aussi déguisé – et surtout ridicule – qu’il n’en avait l’impression. « Mais juste le costume et la chemise là, ça te va bien je trouve. Et t'es aussi très bien sans casquette. » Sans qu’il ne sache bien pourquoi la remarque avait légèrement fait rosir ses pommettes, et s’éclaircissant la gorge pour se donner une contenance il avait répondu « On croirait entendre Lili. » dans un brin de sourire, incapable de prendre un compliment simplement pour ce qu’il était et rien d’autre. Il ne savait comment, peut-être juste parce qu’elle l’avait sous la main, mais la conversation avait dérivé ailleurs, vers le nouvel an qui approchait – trop vite – et le réveillon qu’ils avaient prévu de passer tous ensemble. Tous ensemble c’était elle, lui, les enfants et Caelan et sa moitié. Un instant Anwar s’était senti fautif de ne pas s’être intéressé à ce que faisait la sienne – elle était encore sa moitié, sur le papier – et puis il s’était ressaisi ; Il n’en était plus là, ils avaient dépassé ce stade, il n’avait plus à se sentir obligé de rien, et un jour il en serait de même pour elle. « Ça marche pour le vin. » avait en tout cas accepté Norah, avant de dodeliner la tête lorsque le brun avait demandé confirmation de la venue des deux autres adultes supposément présents à table. « J'en sais rien encore. Il est un peu bizarre dernièrement je trouve, il m'évite un peu j'ai l'impression. » Fronçant les sourcils, il peinait à croire que cela puisse être le cas et avait argué « Tu penses ? Ça ne lui ressemble pas … Il doit probablement être submergé par le boulot, va. » en forçant un sourire rassurant. Désireux de faire disparaitre la ride soucieuse apparue entre les yeux de l’infirmière,  il avait haussé les épaules et ajouté « Peut-être que lui aussi a besoin que j’aille le gronder parce qu’il tire trop sur la corde. » sur le ton de la plaisanterie, quand bien même il en était parfaitement capable. Répondant par un sourire qu’il voyait bien un peu forcé, Norah s’était fendue d’un « Mais je te tiens au courant, histoire que tu saches la quantité de bouteilles que tu dois ramener. » de circonstance, et bien que le policier ne gobe pas un traitre mot de cette fausse désinvolture il avait préféré ne pas insister. Le lien qui unissait les deux jumeaux était un sujet dans lequel il préférait ne pas s’immiscer, car bien au-delà des limites de ce que son simple statut d’ami commun lui autorisait.

Interrompus dans leur conversation le temps de commander leur repas, chacun s’était éloigné du food-truck avec son burger et sa boisson sous le bras, et profitant qu’un banc soit libre et semble n’attendre plus qu’eux dans le square face à l’hôpital ils s’y étaient installés pour déguster leur repas. Habitué à commencer par les frites, Anwar en avait choisi une dégoulinante de cheddar et l’avait engloutie avec délectation, et allez savoir si ce n’était pas l’huile de friture qui recouvrait maintenant ses doigts qui lui avait rappelé Lene et son goût pour le poulet frit – parce qu’évidemment quitte à enfanter avec une presque-inconnue il avait fallu qu’elle soit l’antithèse du végétarisme. « On se rapproche tout doucement du terme. Comment tu te sens ? » Secouant la tête pour témoigner son incertitude, le brun avait avalé une nouvelle frite et haussé les épaules « Je ne sais pas trop … J’ai l’impression que je réalise pas vraiment. C’est pas comme si on se voyait tous les jours elle et moi, alors ça me revient un peu en pleine face par intermittence … » Marquant une pause, il avait grimacé « Ça n’a aucun sens, ce que je dis, c’est ça ? » Mais difficile de mettre des mots sur ce qu’il ressentait quand il peinait déjà à le déterminer lui-même. « Certains jours je me dis que ça va aller, et d’autres jours c’est un peu la panique à bord. » Pas tant sur ses propres capacités à gérer un nouveau-né, là-dessus il avait même une longueur d'avance sur Lene, mais concernant cette dernière en revanche il continuait de ne pas savoir sur quel pied danser, se demandait comment les choses allaient évoluer entre eux, comment ils gèreraient le quotidien de la chose, leurs désaccords – et il y en aurait – leurs visions de l’éducation … Au bout du compte c’était bien plus le volet Lene que le volet bébé qui était la source de ses inquiétudes. Pour l’heure chacun y mettait du sien, mais ni elle ni lui ne pouvaient se projeter plus loin que le terme de cette grossesse, et le point d’interrogation que représentait la suite de l’histoire était la cause d’une partie de ses insomnies. L’autre partie l’était par une toute autre question, et réalisant que digresser sur son enfant à venir ne faisait que repousser la discussion qu’il devenait nécessaire d’avoir avec Norah, Anwar était passé du coq à l’âne entre deux frites et avait glissé jusqu’à la marmaille de l’infirmière sans trop savoir comment relier les wagons entre eux. « Oui, je les récupère dès que je sors du boulot ce soir. » Lui avait alors confirmé la brune à propos de la nounou avant d’ajouter « Elle tolère toujours mes horaires décalées, alors j'en profite encore un peu. » et l’espace d’une seconde il avait eu envie de demander encore un peu avant quoi, au juste ? Est-ce qu’elle comptait changer de nounou, de planning, de mode de garde ? Il pensait à Julie, au fait qu’elle rentrerait au collège à la rentrée et n’aurait sans doute plus besoin d’une nounou, et soudainement l’idée que la fillette fasse le trajet entre ses cours et  sa maison sans la supervision d’un adulte lui avait donné des sueurs froides. « Pourquoi cette question ? » semblait d’ailleurs s’être étonnée Norah, sans croire un instant que la question initiale puisse avoir été posée sans fondement. « Tu voulais les voir ? Tu veux passer ce soir ? » Machinalement, un d’un ton involontairement un peu abrupt, l’inspecteur avait opposé « Non. » et bafouillé aussitôt pour rectifier « Enfin si, tu sais que ça me fait toujours plaisir de les voir. De vous voir, mais je … » La phrase restant en suspend sans qu’il ne trouve la meilleure manière de la terminer, Anwar avait poussé un léger soupir et secoué la tête, réalisant que tourner autour du pot n’était définitivement pas une manière de faire avec laquelle il excellait. Plutôt que de continuer dans cette voie de garage, il avait posé ses frites et son burger à côté de lui et vaguement essuyé la graisse de ses mains avait de récupérer son téléphone portable dans la poche de son pantalon. Remontant le fil de ses échanges avec Warrington, il s’était arrêté sur la photo qu’il cherchait et l’avait passée en plein écran avant de tendre l’objet à Norah. « Est-ce que tu connais cet homme ? » Le cliché trahissait aussi bien la distance que le fait qu’il avait été pris à l’insu du concerné, mais Mitchell Strange était malgré tout on ne peut plus reconnaissable. Et si Anwar connaissait déjà la réponse à cette question il préférait entendre la version de Norah avant d’aller plus loin.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyMer 11 Mar 2020 - 20:31

CAUGHT IN PLACE
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L'imagination débordante du petit Aidan avait ses bons et ses mauvais côtés et sa mère profitait pleinement de sa naïveté pour lui faire croire beaucoup de choses. Le Père Noël, il y croyait du comme fer, par exemple et elle mettait les bouchées double pour alimenter son émerveillement. Les monstres sous le lit, c'était beaucoup moins plaisant, mais rien d'insurmontable non plus. Anwar aimait tout particulièrement le fait que son filleul se fascine de pirates, de trésors cachés et de chansons très entêtantes, qui, une fois que l'on entendait une, on n'arrivait plus à s'en défaire pour le reste de la journée. "Tu n'exploiteras point mon fils." répondit-elle d'un air faussement outré. Elle savait bien qu'Anwar était incapable de cela mais il valait mieux le préciser. Et quand bien même l'idée lui viendrait à l'esprit, il saurait déjà d'avance qu'il attirerait les foudres de la madre sans attendre. Et même si Norah ne l'était que très exceptionnellement, personne ne voulait être victime de la colère de la belle brune. Au-delà de son tempérament qui n'était pas toujours facile à interpréter tant elle était impassible, l'inspecteur connaissait quelques faiblesses dissimulées derrière cette armure de glace, ce pourquoi il ne pouvait s'empêcher de veiller sur elle. Et même si sa loyauté et sa générosité n'étaient plus à prouver, il se décidait à le rappeler subtilement, et sûrement, à raison. Elle esquissait l'ombre d'un sourire reconnaissant avant de se concentrer plutôt sur la façon dont il était vêtu et qui ne lui déplaisait pas. Ce petit compliment avait le mérite de colorer les joues du policier. "Eh bien si deux avis vont dans le même sens, c'est que ça doit pas être totalement faux." s'amusa-t-elle à dire tout en sachant qu'il ne changerait pas son artillerie vestimentaire du jour au lendemain pour autant. Après s'être relativement organisés pour les fêtes de fin d'année, Norah avouait avoir un mauvais pressentiment vis-à-vis de son frère jumeau. Un truc de jumeaux, comme on dirait et qui s'avérait souvent être très vrai. "Non, en effet, ça lui ressemble pas." remarqua-t-elle. "Mais je sais pas, si ça avait vraiment été le boulot, il me l'aurait dit. Sans pour autant donner des détails. Là il est juste... bizarre." Elle ne trouvait pas vraiment d'autres mots définir son attitude. Caelan cachait tout aussi bien ses émotions que sa jumelle, seulement il délivrait une manière de se comporter à l'opposé de celle de sa soeur. Le principal point commun qu'ils partageaient était leur calme olympien. Cela ne l'empêchait pas d'être actif, joyeux, volontaire et énergique. Après avoir commandé leur repas, la brune abordait le sujet de la future paternité d'Anwar. Celui-ci avait des difficultés à se rendre compte que c'était imminent, n'ayant que très peu d'occasions de voir le ventre de Lene s'arrondir au fil du temps. Rien que d'y penser, Norah se souvenait de ses grossesses. Loin d'être une partie de plaisir, surtout avec le métier qu'elle exerçait, mais elle en avait toujours savouré chaque moment. Quand elle portait Julie, elle s'amusait à voir Frank parfois complètement flipper à chaque nouveau rendez-vous chez le gynécologue et d'autres, où il s'émerveillait dès qu'il pouvait sentir son futur enfant donner quelques petits coup de pied à travers le ventre de Norah. Elle doutait qu'Annie ait droit à ce genre de moments privilégiés. Ca aurait été bien étrange de le partager avec une personne dont on n'était pas amoureux. "Si si, je vois ce que tu veux dire." le rassura-t-elle. "Tu vas gérer, Annie." Il avait déjà de l'expérience en la matière, après tout. Certes, il devait se sentir un petit peu rouillé car Tarek avait dix-huit ans mais Norah était persuadée qu'être parent avec toutes les tâches que cela incombait, c'était comme le vélo. Ca ne s'oubliait pas. "Et si jamais tu as un trou du mémoire, tu sais que tu peux m'appeler." N'importe quand, n'importe où. Une règle mise en rigueur depuis de très nombreuses années, même quand Frank était toujours là. Bien que ce sujet semblait  beaucoup inquiéter Anwar, ce bébé surprise ne semblait pas être son unique tracas. Quand il demandait où se trouvaient les petits Lindley, leur mère s'était déjà interrogée. Non pas qu'elle était surprise à ce genre de détails, mais c'était surtout parce qu'il savait qu'il avait la réponse. Certes parfois ils passaient leur journée de libre chez leur oncle, mais la plus grande partie du temps, c'était chez la nourrice. Julie avait bientôt l'âge de pouvoir rentrer seule à la maison, mais Norah n'avait pas encore fini de régler ces histoires de ramassage scolaires pour que ça colle à sa propre organisation. La réflexion était en cours, surtout que Julie demandait un peu d'autonomie et de temps pour elle. Temps qu'elle trouverait si elle pouvait être un petit peu seule à la maison. En parallèle, il y avait aussi la question d'un téléphone portable qui se posait. A bientôt onze ans, c'était encore trop jeune pour Norah, mais elle ne la voyait clairement la laisser prendre le bus toute seule sans qu'elle n'ait le moyen d'appeler sa mère s'il y avait le moindre pépin. Des débats avec elle-même que Norah utilisait pour occuper ses nuits blanches. Après, elle savait que Julie n'abuserait pas d'un smartphone. La fillette trouvait bien plus d'intérêt à lire un livre ou à s'occuper toute seule. Les paroles d'Anwar se voulaient maladroites quand il s'agissait de répondre à sa question. "Qu'est-ce qu'il se passe, Annie ?" lui demanda-t-elle en fronçant les sourcils alors qu'elle le voyait bégayer. Le flic commençait alors à prendre son téléphone portable afin de lui montrer quelque chose. Une photo prise à l'insu, comme lorsque la personne apparaissant sur le cliché était filée. Norah pouvait se remercier d'avoir été la compagne d'un inspecteur pendant plusieurs années parce qu'il ne lui fallait pas bien longtemps pour comprendre ce dont il s'agissait. Et le pire, dans tout ça, c'est qu'elle savait parfaitement qu'Anwar connaissait la réponse à sa question. Elle prit tout de même le temps de regarder la photo quand elle avait le téléphone entre ses mains. "Donc... C'était pas vraiment pour tester le food truck que tu voulais me voir, n'est-ce pas ?" conclut-elle dans un soupir un brin exaspéré. Elle leva les yeux vers lui et lui rendit l'appareil électronique. "Et mon petit doigt me dit que tu connais déjà la réponse à cette question." Elle croisait les bras et le regardait longuement. Frank était plus direct pour ce genre de choses. Il avait toujours su que c'était loin d'être une partie de plaisir d'ordonner à son empêcher d'éviter un tel secteur tant il avait peur que Norah se fasse prendre, ou qu'elle finisse blesser. Il avait vu tant d'horreurs au fil de sa carrière qu'il craignait plus que tout que ce soit elle qui finisse par être un des dommages collatéraux. "Faut que je l'évite au possible maintenant, c'est ça ?" Il doit être une personne d'importance durant l'une de ses enquêtes pour qu'il en vienne ainsi en parler à Norah (non sans un certain inconfort). "Dis-moi tout." dit-elle d'un ton un peu plus doux. Autant écoutez ce qu'il avait à dire, ou du moins, ce qu'il pouvait dire au sujet de Mitchell. Ca n'allait pas être elle qui allait rapporter ces informations à qui bon voudra l'entendre mais elle estimait avoir le droit de savoir. Déjà qu'elle n'était amatrice des approches plus subtiles pour ce genre d'annonce, autant qu'il joue désormais carte sur table. Norah n'avait jamais été du genre à aimer qu'on lui cache la vérité et Anwar le savait mieux que personne.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyJeu 9 Avr 2020 - 20:26

Que Norah se confie à propos de sa relation avec Caelan n’était pas chose habituelle. Les deux jumeaux avaient l’habitude de se gérer un peu à leur manière, en dehors de tout cadre facilement indentifiable pour quiconque existait en dehors de leur binôme, et rares étaient les occasions où Anwar les avait entendus s’exprimer d’une voix dissonante. Il fallait donc que la jeune femme soit véritablement soucieuse pour exprimer ses doutes à ce sujet avec un autre que le concerné, et si la question interpelait donc forcément le brun il n’avait malheureusement pas vraiment de réponses à lui apporter et hasardait un peu à l’aveuglette ce qui, selon lui, pouvait être une explication plausible. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, l’océanologue lui avait admis sacrifier une partie de son sommeil sur l’autel du travail en retard, et si Anwar ne s’était pas permis la moindre leçon de morale à ce sujet c’était parce qu’il se trouvait actuellement dans une spirale un peu similaire … Peut-être était-ce la période. « Non, en effet, ça lui ressemble pas. » avait en tout cas confirmé Norah, sans sembler s’en rassurer – au contraire. « Mais je sais pas, si ça avait vraiment été le boulot, il me l'aurait dit. Sans pour autant donner des détails. Là il est juste ... bizarre. » Ne souhaitant ni remettre en question le ressenti de l’infirmière, qui après tout connaissait Caelan mieux que quiconque, ni hasarder davantage sur une situation dont il ne connaissait pas les ficelles, il s’était contenté de demander « Tu as essayé d’en parler avec vos frères ? Voir s’ils ont remarqué quelque chose ? » avec la suggestion implicite de peut-être envisager de le faire si tel n’était pas encore le cas. Caelan avait toujours été un peu dans la lune, du moins Anwar ne l’avait jamais connu autrement ; Peut-être ne se rendait-il même pas compte que son comportement avait suffisamment changé pour envoyer à sa sœur des signaux alarmistes. Préférant malgré tout clore ce chapitre en promettant de le tenir au courant de la tenue des événements pour le réveillon, l’infirmière avait sauté sur l’occasion que soit venu leur tour de commander à manger et tous les deux avaient finalement rejoint l’un des bancs du parc une fois leurs burgers obtenus. Entre deux frites dégoulinantes de cheddar l’esprit d’Anwar avait vagabondé jusqu’à Lene, une habitude de plus en plus ancrée à mesure que passaient les semaines, et à l’image de ses relations épisodiques avec la jeune femme le brun sentait sa confiance et ses angoisses s’alterner si vite qu’il en avait parfois le tournis. Pas qu’il s’attende à ce que tout cela ait le moindre sens pour qui que ce soit d’autre que lui. « Si si, je vois ce que tu veux dire. » l’avait pourtant rassuré Norah à ce sujet, avant d’ajouter « Tu vas gérer, Annie. » avec sa bienveillance naturelle, celle dont on ne savait pas trop si elle lui venait plutôt de son métier ou du fait d’être mère. La seconde proposition peut-être, et qui l’avait poussée à assurer « Et si jamais tu as un trou du mémoire, tu sais que tu peux m'appeler. » tel un écho à cette perpétuelle promesse qui subsistait entre le policier et elle. « Je sais. » Et il en était reconnaissant, sans forcément oser le dire mais avec l’espoir qu’elle le comprenne malgré tout, à la manière dont il l’avait regardée dans les yeux avec gratitude.

À mesure que la conversation avançait il ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir à l’idée de mettre sur le tapis des sujets qui fâcheraient forcément. Il aurait aimé se convaincre que ce n’était probablement pas si important et qu’il avait tout intérêt à oublier cette histoire, mais les problèmes ne s’évaporaient pas sous prétexte qu’on tentait de les ignorer, et il y avait bien trop en jeu pour qu’il envisage seulement de prendre un tel risque. Quant à Norah elle n’était pas dupe, elle avait bien vu la manière dont son expression avait changé, et parce qu’elle détestait qu’on tourne autour du pot elle avait forcé la conversation en demandant « Qu'est-ce qu'il se passe, Annie ? » pour le convaincre de cracher ce qu’il avait à cracher. Nerveusement, il avait essuyé ses doigts plein d’huile de friture et récupéré son téléphone portable, fouillant jusqu’à trouver la photo de Strange pour pouvoir la montrer à l’infirmière. L’observant à peine quelques instants, mais néanmoins avec attention, elle laissa échapper un soupir qu’on devinait un brin agacé et lui avait rendu le cellulaire. « Donc ... C'était pas vraiment pour tester le food truck que tu voulais me voir, n'est-ce pas ? » Croisant les bras, elle arborait un air sérieux, presque sévère, et Anwar avait eu toutes les peines du monde à continuer de soutenir son regard pour ne pas perdre la face. « Et mon petit doigt me dit que tu connais déjà la réponse à cette question. » Il ne comptait pas lui faire l’affront de nier, aussi ne s’était-il pas donné la peine de répondre de but en blanc à la question pour mieux rebondir sur sa remarque précédente. « Disons que j’ai voulu joindre l’utile à l’agréable. » Les frites étaient une tuerie, elle ne pourrait pas nier … Mais elles étaient sans doute un peu là pour faire passer la pilule, effectivement. « C’est quelque chose dont je préférais te parler de vive-voix. » Le sujet était beaucoup trop sérieux pour qu’il ne puisse se contenter d’un vulgaire message, ni même d’une conversation téléphonique dont il ne saurait pas s’il avait toute l’attention de la jeune femme ou si elle n’était pas occupée en parallèle à débarrasser le lave-vaisselle ou à sonder le dessous des meubles à la recherche d’une chaussette orpheline. Reste que même si le temps était passé Norah gardait indéniablement les réflexes d’une épouse de policier, comme en témoignait le pragmatisme avec lequel elle avait repris « Faut que je l'évite au possible maintenant, c'est ça ? Dis-moi tout. » Et parce qu’elle avait pris sur elle d’adopter un ton moins agacé, le brun avait fait au mieux pour lui répondre sans détour, prenant au passage conscience de l’exercice d’équilibrisme auquel devait se livrer Frank chaque fois qu’il avait dû la mettre en garde. « Il est sous surveillance des stups depuis un moment. Un des gars y bossait déjà avec Frank et moi, c’est lui qui t’a reconnue. » Avait-elle besoin d’ne savoir plus ? Sans doute pas. Allait-il admettre que ses propres actions de ces derniers mois n’y étaient pas étrangères ? Assurément non. « Je peux pas t’en dire beaucoup plus, mais c’est pas quelqu’un de fréquentable … Il a la réputation de faire bonne impression et il présente bien au premier abord, mais il trempe dans un paquet de trucs louches. » Encore que louches, le mot restait faible. Mais puisqu’il était question de la brigade des stupéfiants Norah n’aurait aucun mal à en conclure toute seule du type de casseroles que traînait Strange derrière lui. « Tu l’as rencontré comment ? Vous vous êtes souvent parlé lui et toi ? » Est-ce qu’il avait déjà vu les enfants ? Est-ce qu’elle lui avait donné son adresse, ses coordonnées, savait-il où elle travaillait ? Tant de questions qu’il avait envie de poser mais qu’il gardait – pour l’instant – pour lui afin de ne pas l’ensevelir sous les informations.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyDim 26 Avr 2020 - 20:51

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Le silence de Frank valait parfois bien plus que toute parole. Que s'il était contrarié, triste ou en colère, il ne le verbalisait que très peu. Et lorsqu'on lui demandait ce qui n'allait pas, il disait qu'il n'y avait rien, que ce n'était pas important. Norah savait les décrypter, ces moments mutiques. Alors elle glissait toujours une main délicate sur son dos pour attirer son attention, lui rappeler qu'elle était tout simplement là et qu'il avait le droit de s'épauler à elle quand il en avait besoin. Il esquissait alors un sourire discret, relâchait ses épaules en même temps qu'un soupir avant d'énoncer enfin quelques mots. Il n'avait jamais aimé contrarier sa moitié. Il savait que c'était dangereux, que d'attenter à son indépendance et ses besoins de liberté, ce pourquoi il n'était jamais vraiment serein lorsqu'il exigeait d'elle d'éviter certains quartier peu recommandables du Brisbane lorsqu'elle avait envie de faire un footing. "Il faut que tu évites Welers Hill." avait-il dit un soir, alors qu'il était adossé contre le tour de la baie vitrée qui donnait sur leur terrasse. Elle avait roulé des yeux, et lâché un soupir. "Ca va pas recommencer, Frank." avait-elle dit d'un air exaspéré. "Ce ne sera que pendant un temps." lui avait-il promis. Comme d'habitude, il ne dirait pas de quoi il s'agit et comme d'habitude, il persévérerait jusqu'à ce que son épouse ne se plie à son souhait, ne serait-ce que pour le rassurer et savoir qu'elle n'allait pas se rendre dans le quartier mentionné le temps que l'enquête sur laquelle il travaillait (ou dont il avait entendu parlé par d'autres de ses confrères) n'était pas réglé. Il avait toujours ressenti un profond soulagement et une reconnaissance hors normes lorsqu'elle finissait par céder. Il savait que cela coûtait beaucoup à sa belle et qu'elle était tout à fait capable de nager contre son sens par simple contrariété si l'envie lui en disait. Il connaissait le sacrifice qu'il demandait et savait comment le lui rendre. Il avait cette manière à lui de lui sourire, de déposer une main tendre sur sa joue, qu'il caressait délicatement du pouce, avant de venir poser ses lèvres contre les siennes. Il lui chuchotait souvent quelques mercis au bord de sa bouche. Et même si Norah était frustrée, elle adorait ces instants là. Quand le regard qu'il lui lançait valait bien plus que tous les mots d'amour qu'ils ne voulaient pas forcément dire à voix haute, de peur de les rendre moins beaux qu'ils ne l'étaient vraiment. Ce souvenir lui traversait l'esprit alors qu'Anwar adoptait relativement la même stratégie avec la veuve d'un flic. Frank ne prenait pas le temps d'être subtile, sachant cette manoeuvre plutôt inutile pour aborder son épouse. Annie avait donc préféré utiliser une autre méthode. Le fond restait le même, seule la forme différait. Au moins, il avait l'honnêteté de lui en parler directement, et non par un message vocal laissé à la va-vite sur son téléphone. Elle ignorait si Frank avait déjà parlé à son coéquipier des difficultés qu'il rencontrait lorsqu'il voulait s'assurer qu'elle était en sécurité quand il travaillait. La belle brune ressentait toujours une sorte de vertige dès que l'on mentionnait son prénom. "Alors, maintenant qu'il est plus là, tu endosses ce rôle là ?" Celui de l'empêcher d'aller à certains endroits, de parler à des personnes qui étaient en plein coeur d'enquêtes et d'affaires peu recommandables.  Et sans trop de surprises, bien qu'il devait certainement s'en mordre les joues pour ne pas la mitrailler de questions comme dans un interrogatoire, il lui demandait des détails sur leur rencontre. Les bras croisés, Norah essayait de le sonder pour savoir s'il faisait ceci pour obtenir de précieux indices pour ses investigations ou si c'était par inquiétude pour elle, et prendre les mesures nécessaires pour être sûr et certain qu'elle soit saine et sauve. Elle restait ainsi silencieuse pendant de longues minutes avant de lâcher un soupir et dégager une mèche de cheveux rebelle de son visage. "Il m'a accostée dans un resto où je voulais me prendre un café." résuma-t-elle. "Il s'est avéré que ce resto est le sien." précisa-t-elle. "Et je l'ai recroisé une fois au parc une après-midi. J'étais avec les enfants." Norah restait succincte, mais elle donnait les informations qu'Anwar désirait entendre. "Je sais pas si je devrais flipper d'être partie intégrante de l'une des enquêtes d'un tes collègues." finit-elle par dire. Ca ne l'inquiétait pas outre mesure. "Et quand bien même, qu'est-ce qu'il pourrait bien me vouloir ?" En soi, elle n'avait rien d'intéressant pour eux. Elle ne restait qu'une infirmière, qui tentait tant bien que mal de maintenir en eau le navire qu'était sa vie, de prendre soin de ses enfants au détriment de sa santé et qui n'avait pas encore résolu son deuil. "J'ai rien qui l'intéresserait, rien qui lui donnerait une raison de se rapprocher de moi ou des petits, qu'importe ce qu'il peut bien faire de sa vie." Norah n'avait rien à cacher, Anwar ne pouvait (et n'allait pas) douter de cela. "Et si ça peut te rassurer, je compte pas le fournir en morphine ou en benzodiazépines, s'il bosse dans ce domaine là." Il pouvait toujours essayer de l'en persuader, mais Mitchell ferait alors mieux de s'attendre à un sacré râteau de sa part car même si Norah faisait parfois preuve d'un laxisme certain à son travail (mais pour le meilleur de ses patients), elle n'allait certainement pas se tremper dans de sales affaires. Norah piquait une frite; se devant d'admettre qu'elles étaient effectivement très bonnes. "S'il sait que je dois me méfier de lui, ce serait justement pas risquer de le rendre plus agressif si je vais plus dans son sens ?" Elle avait des souvenirs plutôt précis de conversations avec Frank, pour les fois où ils discutaient chacun de leur journée au travail. "Qu'est-ce qui te fait croire qu'il ne voulait juste pas sympathiser ?" lui demanda-t-elle finalement, le regard curieux. Pas qu'elle tenait foncièrement à ce semblant de relation avec Mitchell, mais Norah avait déjà su beaucoup prendre sur elle quand Frank restait volontairement très évasif, mais il semblerait qu'elle soit désormais désireuse d'être un peu plus informée sur la réalité de la situation.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyDim 10 Mai 2020 - 21:04

Il croyait sentir du reproche dans le ton de l’infirmière avait employé en reposant sur lui un regard sérieux, après quelques secondes à contempler le vide face au banc sur lequel ils étaient installés. « Alors, maintenant qu'il est plus là, tu endosses ce rôle-là ? » Les bras croisés, elle s’était appuyée contre le dossier du banc et l’avait observé plusieurs secondes, durant lesquelles elle autant que lui avaient gardé le silence. Mais y’avait-il véritablement besoin qu’Anwar réponde à cette question ? Évidemment, que Frank n’étant plus là Anwar se faisait un devoir d’endosser ce rôle à sa place. Ils se l’étaient promis un jour, après avoir assisté aux funérailles d’un de leurs collègues d’une autre unité ; Julie était encore à peine en âge de marcher, à l’époque. Même s’ils ne se l’étaient pas promis en réalité, tacitement cela n’aurait rien changé, et quelque part ce pacte par lequel Anwar ne laisserait jamais tomber la famille en cas de disparition de son ami avait été scellé le jour où il avait accepté de devenir le parrain du dernier né. Tout cela tombait sous le sens, et malgré tout face à la question le brun s’était contenté de baisser les yeux pour ne pas avoir à répondre – pour ne pas avoir à remuer quelque chose que ni elle ni lui n’avaient envie de déterrer. « Il m'a accostée dans un resto où je voulais me prendre un café. » avait-elle finalement repris après plusieurs minutes, brisant le silence qui s’était installé entre eux et durant lequel le policier s’était contenté de grignoter ses frites sans que l’appétit ne suive plus réellement. « Il s'est avéré que ce resto est le sien. » Coïncidence ? Il aurait pu s’en convaincre, si Norah n’avait pas enchaîné en ajoutant « Et je l'ai recroisé une fois au parc une après-midi. J'étais avec les enfants. » Une fois il voulait bien croire au hasard, mais deux ? Nul besoin de porter un badge pour trouver cela suspect. Et plus encore que l’idée que l’infirmière ait eue affaire à Strange, l’idée qu’il ait approché les enfants lui collait à nouveau la chair de poule, presque aussi fort que lorsque Warrington lui avait relaté les faits l’avant-veille. « Je sais pas si je devrais flipper d'être partie intégrante de l'une des enquêtes d'un tes collègues. » À cela Anwar avait aussitôt secoué la tête avant d’assurer « C’est pas le cas. C’est lui qu’ils surveillent, pas toi. On a juste jugé que ça valait le coup de me faire remonter l’information. » Et par On il voulait bien sûr parler de son ancien patron, mais le préciser n’aurait pas un quelconque intérêt et Norah n’avait de toute façon pas tardé à rebondir « Et quand bien même, qu'est-ce qu'il pourrait bien me vouloir ? J'ai rien qui l'intéresserait, rien qui lui donnerait une raison de se rapprocher de moi ou des petits, qu'importe ce qu'il peut bien faire de sa vie. » Sans qu’il ne soit capable de déterminer si elle plaisantait ou si ne se cachait pas dans la remarque un fond de vérité, elle avait ajouté « Et si ça peut te rassurer, je compte pas le fournir en morphine ou en benzodiazépines, s'il bosse dans ce domaine-là. » et pour seule réponse Anwar s’était contenté de secouer la tête, ne confirmant ni n’infirmant rien concernant les trafics dans lesquels trempait la clique de Strange. « Ce n’est pas pour ça que je m’inquiétais. » avait-il simplement commenté, s’armant d’un sourire aussi vague que songeur. Mais elle devait déjà le savoir, ce n’était plus ni un secret ni une nouveauté pour personne le fait qu’Anwar s’inquiétait pour Norah, qu’il se souciait d’elle, et qu’il s’en faisait une mission. Picorant dans ses propres frites, l’infirmière était restée songeuse un instant elle aussi, puis finalement son regard s’était reposé sur lui et elle avait questionné « S'il sait que je dois me méfier de lui, ce serait justement pas risquer de le rendre plus agressif si je vais plus dans son sens ? » avec un pragmatisme qu’il aurait pu trouver déconcertant, tout policier qu’il était, s’il ne la connaissait pas aussi bien. « Qu'est-ce qui te fait croire qu'il ne voulait juste pas sympathiser ? » Lui arrachant un rictus teinté de cynisme, la question lui avait piqué le cœur sans qu’il n’en montre rien – parce que c’était de sa faute, uniquement sa faute, c’était lui qui les avait tous jetés dans la gueule du loup et qui devait tenter de rectifier le tir. « Parce que ce n’est pas quelqu’un qui sympathise. Ou pas de façon désintéressée, en tout cas. » avait-il alors répondu sans que cela soit un mensonge pour autant. Derrière ses sourires et ses poignées de main Strange était un requin qui ne perdait jamais de vue ses intérêts. Avec lui tout se négociait, tout avait un prix, et bien sûr rien n’était jamais gratuit. « Et parce que Frank et moi on a déjà bossé sur des dossiers dans lesquels il était impliqué. Alors j’ai du mal à croire à la coïncidence. » Peut-être pas pour leur première rencontre, après tout l’homme n’aurait pas pu prévoir que Norah passerait la porte de son restaurant, mais cette rencontre au parc lui semblait en revanche être tombée du ciel de façon beaucoup trop impromptue. « Mais tu as raison. Je ne te demande pas de changer de trottoir si tu croises à nouveau son chemin, ça ne sera probablement pas beaucoup plus prudent … Promet-moi simplement de faire attention, d’accord ? Et de m’avertir s’il t’accoste à nouveau. » Il avait employé un ton volontairement doux, mesuré, car conscient que prendre le risque de brusquer Norah c’était aussi prendre le risque qu’elle n’en fasse qu’à sa tête. Et parce qu’il savait sur quels boutons appuyer pour obtenir son attention il avait ajouté « Il est dangereux, Norah. Fais-moi confiance si je te dis que tu n’as pas envie qu’il s’approche des petits. » avec la certitude que si pour elle-même elle aurait peut-être rechigné, pour ses enfants en revanche elle ne prendrait pas le moindre risque.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyDim 17 Mai 2020 - 11:29

CAUGHT IN PLACE
what if nothing will ever change ?
Le sens des responsabilités prenait une toute autre ampleur chez les policiers ayant vu un de leurs collègues tomber sur le terrain, surtout lorsqu'il s'agissait de s'assurer que la famille qu'il ou elle laissait derrière restait saine et sauve. C'était pour cela que le supérieur de Frank s'était démené pour que Norah puisse obtenir la pension aussi vite que possible, c'était aussi pour cela qu'Anwar s'assurait qu'aucun danger ne vienne menacer les Lindley de près ou de loin. Le silence que le brun avait à la question un peu rhétorique de Norah valait tous les mots. C'était évident. Que l'on ne s'y méprenne pas; elle appréciait au fond qu'il tienne tant à veiller sur la famille de son coéquipier décédé. Anwar faisait partie de la famille, et ce, bien avant qu'il ne devienne parrain du petit dernier. S'en rendait-il seulement compte ? Mais l'indépendance de Norah avait parfois envie de lui hurler qu'elle était majeure et vaccinée et qu'elle savait se gérer. Il le savait et ça n'était plus à prouver, vu le peu de fois où elle demandait de l'aide à ses proches. Et encore, elle leur demandait souvent de biens petits services. "C'est qui, qui t'a fourni l'info ?" lui demanda-t-elle en levant les yeux vers lui. Norah ne prétendait pas connaître tous les flics de Brisbane, mais pour les quelques fois où Frank voulait bien en parler, il y avait toujours quelques noms récurrents qui revenaient dans la conversation et que la belle brune parvenait désormais à situer un peu. Après, c'était un monde où tout pouvait changer rapidement. Turn-overs, promotions, rétro-gradations, mutation... La police était en continuel mouvement. Mais apparemment pas assez pour qu'on reconnaisse la veuve d'un collègue. Norah ne comprenait décidément pas ce que Mitchell pouvait bien lui vouloir. S'il calculait tout ce qu'il faisait, s'il sélectionnait avec soin ses informations et qu'il était amateur d'opportunités et d'anticipation, que diable ferait-il d'une infirmière qui se tuait à la tâche au boulot pour offrir la meilleure vie possible à ses deux gamins ? Ca n'avait aucun sens. S'il s'agissait de représailles, Frank était mort et enterré depuis longtemps, ce qui devrait soulager la conscience des criminels qui pouvaient potentiellement lui en vouloir. Norah avait beau être parfois assez laxiste dans sa pratique infirmière, cela ne la poussait absolument pas dans des dérives totalement illégales et immorales. Pas son genre. Anwar lui assurait dans le plus grand sérieux que si le criminel venait vers elle, ce n'était pas sans intérêt. Perplexe, Norah fronçait les sourcils. "Alors dis-moi qu'est-ce qu'il me veut, si c'est par intérêt ?" demanda-t-elle une nouvelle fois. S'il cherchait à la charmer ou la séduire, c'était peine perdue. Norah n'avait rien contre le fait qu'on lui fasse des avances. Puis Annie reconnaissait qu'ils avaient déjà enquêté sur lui à l'époque. "Tu crois que ça a un rapport au fait que vous aviez du vous pencher sur son cas, avec Frank ?" Frank était toujours d'une extrême prudence. Toujours prête à foncer le premier si cela permettait de sauver la vie d'autrui, celle de sa famille en premier, sûrement. Peu rassuré par les informations qu'elle venait de lui transmettre, Anwar tenait à prendre les devants, en demandant à son amie de lui faire une promesse. Il savait que les Lindley ne prenaient pas les promesses à la légère, il devait savoir grâce à Frank surtout qu'elle n'avait qu'une seule parole et que c'était ainsi qu'il parvenait à la faire plier et s'assurer qu'elle ne ferait rien d'imprudent même si son indépendance et ses envies de contestation la poussait à faire tout le contraire de ce qu'on lui disait. Elle s'y était risquée quelques rares fois, cela leur avait valu des disputes qui finissaient malgré tout par se résoudre, à partir du moment où ils avaient pu s'exprimer clairement sur le sujet. L'avantage était qu'aucun des deux amoureux n'y allait par quatre chemins. Elle lâcha un soupir d'exaspération en entendant l'inspecteur user de cette technique. Promettre n'avait rien de simple. D'autant plus que le brun savait pertinemment où appuyer pour être sûre que son amie ne jouera pas les rebelles, bien qu'il savait qu'il y avait un certain risque à la braquer un petit peu. Une Norah contrariée n'était pas une Norah très cool. Et il était en effet très peu judicieux de chercher à s'en prendre à ses enfants. Déjà qu'elle était prête à faire bouffer l'oreiller aux gamins qiu avaient eu la brillante idée de faire croire à Aidan qu'il y avait un monstre sous son lit. Ca donnait un ordre d'idées à sa façon de réagir. Elle regardait longuement l'inspecteur. Néanmoins la priver un tant soit peu de ses libertés était une prise de risque. Compter les enfants la rendait indéniablement plus conciliante. Mais ça aussi, ça avait le don de la contrarier un peu. "Très bien." se résolut-elle à dire. "J'espère juste que ça durera pas éternellement." Vivre avec l'idée que quelqu'un lui voulait potentiellement du mal pour une raison qu'elle ignorait n'était acceptable que si elle était temporaire. Elle ne comptait pas avoir une épée de Damoclès au dessus de la tête ad vitam aeternam. "Je vais pas non plus les laisser enfermer à la maison les jours où ils seront pas à l'école." tint-elle à préciser. "Ils sauront de toute façon qu'un truc cloche si je leur dis qu'on annule tel ou tel truc de prévu. Et je me vois pas leur expliquer le monsieur qu'ils ont rencontré l'autre fois est un criminel et qu'il nous veut dans son collimateur pour une raison obscure." Norah était assez amère d'être très limitée en matière d'informations. Les autres fois, avec Frank, elle n'était pas directement ciblé. La plupart du temps, il lui demandait d'éviter un secteur durant certains horaires tant qu'une affaire n'était pas résolue. Mais jamais n'avait-elle, à sa connaissance, été mentionnée directement dans une enquête juste parce qu'elle côtoyait un homme qui était filée depuis plusieurs années. Ca ne la mettait pas dans une position très confortable. Norah regardait finalement dans le vague, quelques rares frites atteignant sa bouche alors qu'elles refroidissaient progressivement. Après avoir instauré de longues secondes en suspend, elle avait repris la parole, alors bien songeuse. "S'il y avait eu une telle situation s'il était encore là, il serait hors de lui." Inutile de préciser de qui il part, Anwar le saurait tout de suite. "Déjà qu'il était loin d'être serein durant les périodes où ça devenait chaud pour vous et où il tenait à ce que j'évite certaines zones pour être loin de tout risque potentiel lié à l'affaire, mais là..." C'était différent. Norah ne voulait même pas imaginer sa réaction s'il était tombé sur ces photographies, ou lorsque ses confrères étaient venus lui annoncer que Strange s'était rapprochée de son épouse et de ses enfants. En plus de l'inquiétude et d'une colère certaine, Frank aurait probablement ressenti une certaine culpabilité. Il était toujours un homme qui se basait sur les faits et qui agissait en conséquence avec beaucoup de réflexion. Il avait la tête sur les épaules, même lorsque sa profession empiétait trop sur sa sphère personnelle. Il aurait eu des regrets, c'était certain, mais aurait usé de cette expérience pour que ça ne se reproduise pas et réparer ce qu'il estimait être des torts de la façon la plus efficace et rapide possible. Il avait toujours su gérer les imprévus avec brio, mais comme toute homme, il avait un talon d'Achille. "...Il n'aurait pas dormi tant qu'il ne lui aurait pas mis la main dessus." dit-elle, toujours dans ses pensées, imaginant parfaitement son époux qui, dans ce cas précis, aurait certainement peiné à garder sa contenance et son sang froid naturels, bien qu'il aurait tout de même exprimé sa colère de manière très contrôlée (mais ce serait déjà de trop pour lui). Ses propos n'étaient en aucun cas un reproche envers Anwar. Il arrivait simplement à Norah d'imaginer comment Frank réagirait face à certaines situations. C'était plus fort qu'elle, de le faire encore exister de cette façon.
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Message(#)(noranwar) caught in place EmptyLun 6 Juil 2020 - 7:17

Était-ce lui qui avait été trop naïf, de croire que Strange se contenterait d’un donnant-donnant équitable sans chercher à jouer hors des clous dès la première occasion ? Il était loin, le temps des bandits régis par un code d’honneur, peut-être n’avait-il jamais réellement existé d’ailleurs, et si Anwar ne s’était jamais fait la moindre illusions quant aux divergences d’opinions entre le trafiquant et lui sur la finalité de leur accord, il avait probablement sous-estimé un peu l’incapacité de l’américain à jouer sans un joker dans la manche dès le premier tour de table. Mais Strange se trompait en pensant Anwar prêt à tout – il était prêt à beaucoup de choses, le brun, il était prêt à se brûler les ailes et à se mettre dans une position personnelle inconfortable pour obtenir justice, mais la sécurité de ceux qu’il aimait restait une limite qu’il se refusait à franchir. Il n’avait encore aucune idée de la manière dont il allait rectifier le tir, il n’avait eu ni le temps ni le recul suffisant pour y réfléchir, mais la donne allait changer. « C'est qui, qui t'a fourni l'info ? » Penchant légèrement la tête de côté, le policier avait eu une légère grimace « Celui qui t’as vue avec Strange, je peux pas te dire son nom. Mais c’est Warrington qui me l’a transmise. » Et de toute façon cela n’avait pas grande importance selon Anwar. L’important n’était pas d’où venait l’information ni comment elle était arrivée jusqu’à lui, l’important était qu’il en fasse bon usage, et c’était justement ce qu’il faisait en mettant Norah en garde. « Alors dis-moi qu'est-ce qu'il me veut, si c'est par intérêt ? Tu crois que ça a un rapport au fait que vous aviez du vous pencher sur son cas, avec Frank ? » Qu’elle questionne autant et semble remettre en doute la légitimité de ses conseils froissait malgré tout un peu le policier, et un brin d’agacement transparaissait tandis qu’il répondait « J’en sais rien Norah … Peut-être. Ou bien il sait qu’il est surveillé et c’est sa manière de nous narguer. » dans un léger soupir. Elle avait l’air de traiter la chose par-dessus la jambe, et avec cette pointe d’inconscience dont Frank s’était parfois plaint à quelques occasions … Le sujet pourtant était sérieux, et la sécurité de ses enfants ne méritait pas qu’elle aiguise ainsi son esprit de contradiction par simple volonté de n’en faire qu’à sa tête. Pour cette raison le brun n’avait pas eu le moindre scrupule à utiliser Julie et Aidan comme argument, certain qu’à défaut de l’être suffisamment pour elle-même Norah saurait au moins se montrer raisonnable pour ses deux têtes blondes. « Très bien. J'espère juste que ça durera pas éternellement. » avait-elle finalement consenti, non sans l’avoir au préalable gratifié d’un soupir qui n’était pas sans lui rappeler ceux que lui adressait Tarek au meilleur de sa crise d’adolescence. « Je vais pas non plus les laisser enfermés à la maison les jours où ils ne seront pas à l'école. Ils sauront de toute façon qu'un truc cloche si je leur dis qu'on annule tel ou tel truc de prévu. Et je me vois pas leur expliquer le monsieur qu'ils ont rencontré l'autre fois est un criminel et qu'il nous veut dans son collimateur pour une raison obscure. » Elle extrapolait à nouveau des propos pour tenter de le faire passer pour celui qui exagérait, et prenant sur lui de contenir le brin de lassitude que cela lui inspirait Anwar s'était contenté d'arguer une seconde fois « Ce n’est pas ce que je te demande … je veux simplement que tu sois prudente. » Et prudence était mère de sûreté, non ? « Y’a suffisamment de restaurants en ville pour ne pas être obligée de fréquenter celui de Strange. Et crois-moi, tu ne veux pas savoir à quoi sert l’argent dépensé là-bas. » Autrement dit à des causes que n’importe quelle personne consciente de la notion de bien et de mal n’approuverait pas.

Après cela Norah était restée silencieuse un moment, et alourdi par ses propres pensées Anwar en avait fait de même, mâchouillant son burger sans passion – il n’avait définitivement plus faim, et cela ne rendait pas du tout justice à la carte du food truck. Plus le temps passait moins le policier se sentait les épaules pour tout ce à quoi il aspirait … Il était incapable de rendre justice à Frank, incapable de soulager la peine de Norah, incapable d’être la locomotive de qui que ce soit quand il peinait déjà à se remettre lui-même sur les rails. « S'il y avait eu une telle situation s'il était encore là, il serait hors de lui. » Le regard un peu éteint, le brun avait reporté son attention sur Norah. C’était un peu étrange, cette manière dont quatre ans après l’ombre de Frank semblait toujours être là, toujours être aussi palpable, presque comme s’il était assis entre eux sur ce banc. « Déjà qu'il était loin d'être serein durant les périodes où ça devenait chaud pour vous et où il tenait à ce que j'évite certaines zones pour être loin de tout risque potentiel lié à l'affaire, mais là ... » Il aurait vu rouge, et aurait momentanément oublié le sang-froid qui le caractérisait habituellement, et il aurait tenu à Anwar de le tempérer et de l’empêcher de faire une bêtise, quand l’avant-veille c’était pourtant bien lui dont Warrington avait dû calmer les ardeurs et la colère. « ... Il n'aurait pas dormi tant qu'il ne lui aurait pas mis la main dessus. » Sans doute. Mais la situation aurait-elle seulement eu lieu si Frank avait toujours été là ? Rien n’était moins sûr, et si leurs années aux stups leur avait indubitablement conféré quelques ennemis dans le cas présent c’était qu’Anwar se soit cru de taille à jouer avec le Diable qui avait mené à cette situation. Au poids de la comparaison avec Frank s’ajoutait donc une culpabilité que le brun avait ravalé difficilement, se fendant d’un « Je sais. » lourd d’un tas d’autres choses qu’il n’avait pas le cœur à énoncer. « Je vais régler ça. » Il ne savait pas encore comment, mais il le ferait. Toisant pour l’heure ses frites en sachant bien qu’il ne les terminerait pas, le policier avait eu un léger sursaut en sentant son téléphone vibrer dans sa poche et décroché d’un air machinal en voyant le nom de Patton s’afficher sur l’écran « Ta pause déj’ manque à ce point de saveur en mon absence ? » Il l’avait presque sentie rouler des yeux de l’autre côté du combiné, mais le sujet était sérieux et Anwar avait froncé les sourcils la seconde suivante avant de lâcher un soupir en raccrochant, après avoir indiqué à son Lieutenant qu’il la retrouverait sur place. « Je dois retourner bosser. Un macchabé à Fortitude, on aime. » avait-il fait savoir à Norah avec une pointe de lassitude. Parfois il se demandait s’il avait fait le bon choix, et si le prestige de la brigade des homicides valait la chandelle quand il avait l’impression de croiser plus de morts que de vivants dans ce boulot. Mais l’heure n’était pas à ce genre de questionnements. « Tu embrasseras les enfants pour moi ? J’appellerai un soir de la semaine. » Il avait rassemblé ses restes de repas et les avait remis dans leur boite, préférant les garder pour le soir. Il aurait préféré avoir le temps de repasser au commissariat pour se changer, mais faute de mieux il irait donc à Fortitude en bras de chemise, avec la tête ailleurs et les doigts qui sentaient l’huile de friture, résumant à merveille l’absence de consistance de son quotidien actuel.
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