| (paul & yasmine) there she goes |
| | (#)Sam 21 Déc - 16:55 | |
| EXORDIUM. Malgré le fait que Noël approchait à grands pas, aucune trêve n'était autorisée aux urgences de l'hôpital St-Vincent. A dire vrai, il semblait même que cette période en particulier était propice aux excès en tout genre. A chaque fois que la fin de l'année pointait le bout de son nez, la charge de travail s'intensifiait dans les couloirs du service dans lequel Yasmine évoluait. Elle avait beau ne pas partager le même enthousiasme que la majorité des habitants de la ville qui célébraient Noël en grandes pompes, musulmane suffisamment pratiquante pour ne pas vulgairement s'approprier les coutumes religieuses des autres, même si de nos jours le tout relevait davantage d'une célébration païenne et universelle qu'autre chose, elle sentait un changement radical d'ambiance à l'approche du jour fatidique – celui où chacun déballerait enfin ses cadeaux, l'odeur de pain d'épices flottant dans l'air et les sourires reflétant le soulagement ressenti par les parents dépassés par tous les préparatifs de dernières minutes. D'un côté, ce n'était pas désagréable. L'atmosphère féerique apporté par les décorations lumineuses disposées à chaque coin de rue faisant leur petit effet sur ceux ayant gardés une âme d'enfant ; mais de l'autre, ça avait tendance à échauffer les esprits entre les patients qui perdaient leur sang-froid dans la salle d'attente des urgences. Contrariés par le retard qu'ils prenaient dans leur planning surchargé, il n'était pas rare que certain d'entre eux en viennent aux mains. Exactement comme cet après-midi-là, tandis que le personnel d'astreinte faisait de son mieux pour répondre à la demande de soins-express avec l'efficacité qui s'imposait, corps et esprit vagabondant entre plusieurs endroits pour être sûr de ne délaisser personne, et renvoyant les chanceux chez eux avec des bons vœux de rétablissement et de prospérité. Plus encore que d'ordinaire, travailler aux urgences était difficile. C'est ce que pensait Yasmine à ce moment-là. L'agacement se lisant sur son visage, elle terminait d'examiner la suture qu'un interne avait soigneusement réalisé sur l'arcade sourcilière de l'agité du jour qui n'avait pas apprécié le ton d'un autre. C'était de cette façon qu'il avait justifié son envie soudain de lui refaire le portait à coups de poings, et non seulement, son attitude avait créé un mouvement de panique dans la salle d'attente que seule la grosse voix de l'agent de sécurité avait réussi à apaiser, mais ça avait surtout forcé l'équipe de jour à abandonner de vrais cas pour séparer les idiots qui avaient terminé le combat en faisant fuser les noms d'oiseaux de part et d'autre des couloirs du service surpeuplé. Joy to the World, disaient-ils… il ne fallait pas espérer que ça dure plus qu'une chanson, visiblement.
Tendant au patient son bon de sortie approuvé par un titulaire, il lui grogna dessus en lui arrachant la feuille de papier qu'elle tenait entre deux doigts sans prononcer le simple merci qu'elle attendait. Il sortit du box, suivit de près par l'interne qui arqua un sourcil en direction de la jeune femme un air de dire qu'ils le reverraient sans doute très prochainement – aux alentours du 31 décembre, alors qu'il dégobillerait gaiement son vin sur les chaussures du titulaire de garde ce soir-là. Elle secoua la tête de droite à gauche et un gros soupir, las et profond, s'échappa de ses lèvres pendant qu'elle se hâtait déjà de faire le propre sur le lit qui venait d'être libéré en pensant qu'elle aurait aimé être n'importe où sauf ici. Ou plus exactement, pas dans cette partie-ci de l'hôpital. Ça lui arrivait plus que d'ordinaire ces derniers temps, de songer qu'elle perdait son temps dans ces couloirs dont les murs lui étaient devenus hostiles. Une menace étrange planait au-dessus de sa tête comme une épée prête à l'achever, et alors qu'elle s'était toujours sentie chez elle dans cet endroit qu'elle côtoyait tous les jours depuis quasiment une dizaine d'années, son univers ne tournant qu'autour de lui et des projets qui lui permettraient d'asseoir sa place en son sein, la lassitude commençait à s'insinuer au plus profond d'elle-même, tiraillée entre tant de choses à la fois qu'elle sentait assurément qu'elle finirait par flancher. Un fait qu'elle faisait en sorte d'amenuir depuis des mois et des mois, persuadée que le tout lui passerait comme une vilaine migraine récalcitrante… à croire qu'elle s'était trompée, et pas qu'un peu. Elle ne flancherait pas aujourd'hui cependant, puisqu'une toute petite voix la surprit suffisamment fort pour qu'elle cesse de ruminer son envie immédiate de gravir les quelques marches qui la séparaient de l'étage supérieur afin de s'assurer qu'Edge allait bien. Et il allait bien, l'excuse était pitoyable, mais elle fonctionnait à merveille depuis quelques temps maintenant, alors elle était devenue celle qu'elle préférait débiter pour justifier les passages, même rapides, qu'elle faisait dans la chambre du jeune homme.
Lorsqu'elle tourna la tête vers la voix qui interrompit le court de ses pensées, deux grands yeux verts la fixaient dans une expression de profonde incertitude "Je crois que je me suis perdue." Yasmine s'approcha immédiatement. Par réflexe instinctif, elle se pencha pour être plus ou moins à la taille de la gamine. A vue d'œil, elle ne devait pas avoir plus de 10 ans " Dis-moi, tu viens d'où comme ça…" Elle laissa traîner son interrogation pour que la petite lui donne son prénom. Ce qu'elle fit avec un sourire timide et un hochement de tête plein d'entrain "Emma. C'est écrit là, regarde." lui montra-t-elle en se tournant pour que l'infirmière puisse poser ses yeux sur le sac qu'elle avait sur le dos. Son prénom y était inscrit très distinctement, démontrant un savoir-faire dans le tracé d'arabesques qu'elle lui envia secrètement "Ça c'est un joli sac, Emma. Tu voudrais bien me donner la main pour qu'on sorte de là ? Il va falloir que tu me dises d'où tu viens, tes parents doivent te chercher partout. Attends que je me lève, viens." la prévint-elle pendant qu'Emma s'accrochait déjà à sa main. Et elle se mit à déballer tellement de mots à la seconde que Yasmine laissa un rire fendiller l'expression concernée qu'elle avait emprunté en se demandant pourquoi elle avait l'impression d'avoir déjà vu ce minois quelque part "J'ai regardé derrière tous les rideaux tirés. Personne m'a vu hein, j'ai pas fait de bruit. J'ai vu un monsieur faire pipi dans un flacon, j'ai trouvé ça bizarre et dégoûtant." Elle gloussa dans la paume de sa main libre. Une démonstration de spontanéité dont seuls les enfants étaient capables, mais qui ne l'empêcha pas pour autant de continuer, le nez levé vers la jeune femme qui l'emmena à l'extérieur du service. Elle s'arrêta juste devant le comptoir d'accueil des urgences, regardant à droite à gauche dans l'espoir qu'un papa ou qu'une maman inquiète serait venue réclamer la petite égarée à Molly qui lui confirma, d'un signe de tête digne d'un agent sous-couverture, que ce n'était pas le cas pour le moment – dans quelques minutes, peut-être ? "Elles sont vraies, tes taches de rousseur ? J'aimerais bien en avoir. En plus, je trouve que c'est cool à dessiner, c'est comme du sel – pic, pic, pic." fit-elle en venant tracer avec son index quelques petits points sur son propre nez "Je trouve que t'es jolie, on dirait pas un docteur." Un fait annoncé aussi spontanément que le reste, et que Yasmine n'eut pas le cœur de corriger. Déjà, elle se pencha de nouveau pour se mettre à la hauteur de la gamine aux yeux arrondis par les pensées brouillonnes qui lui traversaient l'esprit "Tu veux bien que je te montre mes dessins ? Je suis douée, mais je sais pas trop dessiner les mains, encore. Papa dit que je dois m'entraîner pour me ferpectionner." Un sourire s'esquissa de lui-même sur les lèvres de Yasmine. Elle n'avait pas lâché la main de la petite, aussi la coupa-t-elle dans son monologue pour lui dire avec douceur "J'adorerais voir tes dessins. Mais en attendant, tu serais d'accord pour me dire ton nom ? On va demander à mon amie Molly d'aller vérifier si elle ne trouve personne qui te cherche dans les étages du dessus. Tu saurais me dire où ils se trouvent, tes parents ?" Emma éluda encore une fois, mais elle opina du chef lorsque Yasmine lui montra Molly du doigt. Ça l'obligea à tourner la tête vers sa comparse qui brandit un pouce en guise d'encouragement à l'intention d'Emma. Aussi, ça permit à Yasmine d'étudier son profil qu'elle avait toujours l'impression d'avoir déjà entraperçu. Mais où ? Qu'importe. Attendant qu'elle consente à lui dire quelque chose de plus à propos de son identité, Yasmine garda le silence un instant ; des petits qui se perdaient dans les couloirs de ce grand hôpital, ça arrivait souvent.
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| | | | (#)Sam 28 Déc - 11:13 | |
| EXORDIUM. De toute ma vie, les hôpitaux n'ont jamais été un endroit agréable pour moi. Parce qu'un hôpital, outre de donner la vie, avait aussi la possibilité de la retirer. L'odeur des différents produits, les couloirs semblables à des labyrinthes. Non, je haîssais ce type d'endroit.
Et à par les fois où mes enfants sont nés, j'avais décidé de rester loin de ce type d'établissement. Mais quand l'information sur Edge m'est venue aux oreilles, assez tardivement d'ailleurs, je n'avais pas eu la possibilité de rester à ne rien faire. J'avais loupé le premier appel de la mère d'Egde. Simplement parce que j'étais dans la voiture et je venais tout juste de rentrer à la maison, trois petits culs avec moi à l'arrière. La période des fêtes étaient toujours assez compliqué. Emma et Denis était surexcité à tenter de savoir ce qu'ils allaient avoir pour Noël alors que Marc était assez silencieux, comme à son habitude. Même si je pense clairement que la situation entre les deux maisons n'est pas la meilleure situation. Disons qu'il avait l'air d'être un peu plus touché que les deux autres.
J'étais arrivé à l'hôpital, tenant Denis par la main la main droite et Emma et Marc juste à ma gauche. Denis était plus petit, 8 ans. Je n'avais donc pas le choix de le surveiller autant qu'Emma et Marc. Je rejoins déjà l'accueil pour pouvoir donner le nom d'Edge et ainsi obtenir le numéro de sa chambre. Et je crois que c'est à ce moment précis qu'Emma a du m'échapper parce que lorsque je me retourne, je ne vois que Marc et Denis accroché à ma main.
- Emma ? Emma ?
Je fronce les sourcils. Ah mais non ! Bon, ne pas paniquer. Et Denis qui me regarde avec des yeux ronds. Je repose déjà les yeux sur Marc qui pince ses pulpes. Visiblement, il n'a pas l'air de l'avoir vu sans aller. "Elle était là et quand j'ai regardé les guirlandes, elle était plus là." Oui, tout comme moi.. Je repose les yeux sur la femme à l'accueil et ajoute alors.
- Ecoutez, vous pouvez demander autour si quelqu'un a vu une petite brune aux yeux verts, une salopette violette et un sac à dos sur le dos. Elle s'appelle Emma.
Bon, chercher maintenant. Je reprends la main de Marc et me voilà parti dans les couloirs. Pas question que je reste à l'accueil. J'appelle son nom. Je ne pense pas qu'elle soit parti en courant. Et pourquoi elle serait parti ? Je commence à paniquer et il est plutôt difficile pour moi de ne pas le montrer à ses frères. Je n'ose pas imaginer si elle n'est pas parti de son plein gré. Ah! Ce n'est pas le moment de penser à ça ! J'arrête un médecin et lui repose la même question, lui donne la même description mais il n'a pas l'air d'avoir vu grand chose. Comment on ne peut pas voir une gamine seule dans un hôpital ? Ah.. Pour aller plus vite, je me baisse et attrape Denis pour le porter. Je reprends la main de Marc et me dépêche de parcourir les quelques couloirs. Mais pas mal de zone sont interdites. Et je sais très bien que le mot interdit est encore un peu abstrait pour Emma. A la différence de Marc, c'est un petit électron libre.
- Emma ??
Je crois que je n'ai jamais autant appelé Emma de ma vie. Je ne sais pas combien de temps j'ai parcouru les couloirs mais quand je vois Emma avec une brune, je trottine. Marc lâche ma main et cours déjà vers sa soeur.
- Emma ! Où tu étais ?!
Je vois déjà Marc la gronder un peu et je lève les yeux vers la brune avec elle. Je ne peux pas dire à quel point je suis rassuré de la voir avec un adulte. Enfin, un adulte responsable et qui ne cherche pas à la sortir de l'hôpital. C'est surtout ça.
- Vous l'avez trouver où ? Je la cherche partout, merci ! Je.. Merci !
Je viens m'agenouiller devant Emma et viens pincer son nez avec douceur. Je glisse les bras autour d'elle après avoir déposer Denis à côté de moi.
- Il faut pas me faire une peur pareille chérie. Je te l'ai dit. Ne jamais t'éloigner de moi ou de tes frères.
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| | | | (#)Ven 3 Jan - 21:06 | |
| EXORDIUM. Yasmine avait toujours eu un bon feeling avec les enfants. Ses proches, Hassan en particulier, aimait prétendre que c'était parce qu'elle avait gardé la même âme qu'eux, si ouverte à la découverte du monde et à l'imaginaire dans son ensemble, mais en même temps si pure, soigneusement emmaillotée de bonnes intentions. Un comble lorsqu'on savait que parfois, le même Hassan, d'une voix pareille à celle de Sohan, affirmait que c'était elle la plus mature du quatuor qu'ils formaient avec Qasim – cette fratrie recomposée dont elle était le seul élément féminin avant que les filles Davis ne viennent relever le niveau. Elle préférait la compagnie des petits, c'était indéniable, elle qui avait couvé des envies d'évoluer dans le milieu de la pédiatrie depuis années avant de lui préférer les urgences pour mieux faire ses preuves. Elle y était revenue rapidement, et lorsqu'il avait été question pour elle de s'aventurer dans le bénévolat, donner de sa personne pour égayer les journées des gamins mal lotis parfois dès la naissance s'était présenté comme une évidence à laquelle elle faisait honneur depuis longtemps maintenant. Et elle était bonne dans cet exercice, Yasmine, agissant comme une grande-sœur pour ceux qui n'avaient pas la chance de voir régulièrement leur famille. Toujours, elle prenait soin de traiter ces patients miniatures comme ce qu'ils étaient malgré la maladie, les cathéters et les canules : des enfants avec des envies d'évasion et d'apprentissage, de jeux et de petits secrets partagés. Alors ce n'était pas tout le temps évident de leur faire oublier qu'ils étaient malades, mais les aider tant bien que mal à ne pas porter davantage sur leurs frêles épaules en leur permettant d'agir avec légèreté le temps d'une histoire, d'une partie de jeu de société, ou d'un atelier créatif, c'était à sa portée, et elle le faisait avec une facilité qui lui valait d'être particulièrement appréciée par les petits patients qu'elle visitait régulièrement.
Ainsi, se retrouver en présence d'une enfant de l'âge d'Emma n'était pas exceptionnel en soi, et bien qu'elle lui parût tout à coup bien silencieuse, Yasmine sut qu'elle avait fait mouche en choisissant de s'adresser à elle avec indulgence, lui tendant sa main sans forcer son appréciation pour la sortir du lieu dans lequel elle s'était égarée. Passant sur le sentiment d'avoir déjà vu son visage quelque part, elle s'arrêta sur la façon dont elle avait retrouvé le silence et sur la nervosité évidente qui transparaissait dans la manière qu'elle avait de grignoter l'ongle de son pouce. Si elle avait échappé à leur vigilance, elle commençait sans doute à craindre la réaction de ses parents, une idée que Yasmine pouvait lui chasser de la tête. Sans attendre que la petite réponde à sa requête en lui donnant son nom, Molly déjà prête à écumer les étages pour retrouver le propriétaire de cette mignonne poupée grandeur nature, elle se permit de tourner le visage d'Emma dans sa direction, la tenant tout doucement par le menton pour confronter son regard de jade. "Hey, t'as pas à t'inquiéter, ma belle. On va les retrouver tes p…." Le crissement de semelles après une glissade impressionnante l'empêcha de terminer sa phrase. Elle eut un léger mouvement de recul. L'attitude du petit garçon qui attrapa Emma par les épaules en fronçant tous ses traits à la fois, l'exhortant d'une toute petite voix qu'elle avait fait peur à leur papa, c'est ce qui força Yasmine à lui dire, avec assez d'autorité pour qu'il cesse de gronder sa sœur "On se calme, jeune homme. Il est où ton papa ?" Le gamin pointa son doigt vers un Paul que Yasmine se hâta de rassurer tout en redressant graduellement, les paumes levées devant elle pour appuyer ses paroles réconfortantes "Elle va bien. Je crois qu'elle a simplement voulu tenter l'expédition d'une partie de l'hôpital qu'elle n'a jamais vu." Et par chance, son regard n'était tombé sur rien d'autre qu'un flacon rempli d'une façon bizarre et dégoûtante, pour reprendre ses mots "Elle a raison la docteure, j'ai juste voulu voir." se défendit la petite, venant s'accrocher de nouveau à sa main après que son père lui ait pincé le nez… ce qui laissa le temps à l'infirmière de remettre les choses à leur place et de poser sur Paul et sa petite famille un regard circulaire en ajoutant, un sourire s'esquissant doucement sur ses lèvres "La docteure est une infirmière, et elle s'appelle Yasmine. Je vous connais." C'était un bien grand mot, elle n'avait vu qu'une ou deux photos, mais c'était suffisant pour que l'impression qu'elle avait eu d'avoir déjà entraperçu le minois d'Emma, même si légèrement plus jeune sur les souvenirs qu'elle gardait des clichés qu'Edge avait partagé avec elle, cesse enfin de la tourmenter, et lui permette d'affirmer, sa main libre posée sur sa poitrine histoire de s'auto-désigner "C'est moi qui vous ai appelé quand Edgerton a été admis. On s'est raté de peu à ce qu'il m'a dit." Ce soir-là, elle avait tenté de contacter Paul plusieurs fois, puis elle s'était tournée vers Tamara Price qui s'était assurée de prévenir son neveu ; neveu que l'infirmière n'avait encore jamais eu l'occasion de voir en chair et en os, et ce malgré ses passages réguliers dans la chambre du jeune homme. Devenant un peu gauche à mesure que les secondes s'égrenèrent, ne sachant si elle devait se présenter dans les formes, au risque d'en faire trop, ou laisser les choses se faire naturellement, elle trouva soudain nécessaire de se justifier en disant au jeune homme "Il parle beaucoup de vous… de vous tous, c'est juré." rassura-t-elle Emma qui lui lança un regard accusateur, sans doute parce qu'elle avait soudain l'impression que sa nouvelle copine s'intéressait davantage à son papa qu'à elle… et c'était le cas d'une certaine manière, même si ce n'était qu'en tout bien tout honneur. Jetant brusquement un regard par-dessus son épaule pour s'assurer que Molly avait bien repris le travail – même si Molly ne travaillait jamais vraiment et que dans le fond, elle était persuadée qu'elle ne perdait pas une miette de l'échange qui se déroulait devant son comptoir d'accueil –, Yasmine tritura furtivement le fermoir d'une de ses boucles d'oreille. Après avoir retourné la tête vers lui, le doigt toujours près de son lobe, elle finit par demander à Paul "Vous êtes déjà passé le voir, ou vous arrivez seulement ?"
Dernière édition par Yasmine Khadji le Mer 15 Jan - 10:21, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 12 Jan - 9:12 | |
| EXORDIUM. Je ne suis pas vraiment étonné de voir que Marc la gronde un peu. Il a toujours été un peu comme ça. A prendre le dessus. Et même si j'avais du mettre quelques freins à son petit caractère de cochon, je savais que ce n'était pas négatif. Il les protégeait et ça me faisait plaisir. Vraiment. Emma se défend déjà, disant qu'elle voulait visiter mais ce n'est pas une raison. Elle m'a fait peur. Vraiment. Je repose les yeux sur l'infirmière. Yasmine alors. Son prénom me dit quelques choses mais je ne pense pas l'avoir déjà rencontré. Je reprends la main de Denis qui veut déjà aussi aller ici et là. Je murmure.
- Bouge pas, mon grand.
Je le vois un peu bouder mais je ne vais pas faire tout l'hôpital pour pouvoir rechercher chacun de mes petits bouts. Mais Yasmine me dit me connaître et je ne suis pas sûr de comprendre. J'ai beau cherché, je me souviendrais si j'avais vu une femme comme elle. Non parce qu'elle est sublime, il y a pas à dire. En général, tu ne perds pas une vision pareille. Et avant que je ne pose la question sur ce qu'elle voulait en venir, elle me réponds. Je n'ai tellement pas l'habitude d'appeler Edge, Edgerton que j'ai parfois du mal à me dire qu'il s'agit réellement de son prénom.
- C'est vous ! Je suis désolé, je... J'étais en voiture et j'ai eu Tamara peu de temps après vous.. Il va bien ? Hm.. Je suis désolé, j'oublie mes manières. Je m'appelle Paul, vous avez trouvé Emma.. Denis est là et vous avez Marc.
Je vois Emma sourire quand je parle d'elle et Marc me semble un peu moins inquiet. Il se met même à sourire à son tour. Denis à l'air de s'en ficher. Bon, il est un peu plus jeune. Et pas forcément aussi ouvert à la rencontre d'inconnu. Je souris avec douceur quand elle avoue qu'Edge parle beaucoup de nous. Je vois bien qu'Emma est plus rassuré de voir qu'elle fait parti de la partie.
- Mes enfants sont des petits monstres, ça ne m'étonne pas qu'Edge en parle.
"Hey! C'est même pas vrai, d'abord." Je regarde Emma bouder un peu et je rigole. Je viens caresser ses cheveux de ma main libre. Bien sûr que si, ce sont des monstres. Enfin, Emma et Denis, surtout. Marc a toujours été plutôt mature pour son âge.
- Non pas encore. Je... J'étais en train de demander à l'accueil quand j'ai perdu Emma de vue. J'allais y aller.. Après l'avoir trouvé.
Ca aurait été d'une irresponsabilité sans nom si j'avais été voir Edge avec deux petits sur trois. Même lui m'aurait sûrement retourné une droite. Enfin, pas sûr là avec un bras en moins mais il m'en aurait voulu. C'est même certain. "Tonton Edge aurait été inquiet si Emma était pas là. C'est pas bien d'inquiéter les gens à l'hôpital.." Je repose les yeux sur Marc qui semble parler à Emma. Il la gronde encore un peu. Je viens tapoter gentiment son épaule.
- Tant qu'elle va bien, ça va aller.
Autant, avec les trois, je ne sais jamais trop où donner de la tête. Mais avec Yasmine en plus, je me sens un peu dépassé. Et en plus, je me rend compte que j'ai oublié le numéro de la chambre d'Edge.
- J'ai oublié le numéro de la chambre. Je suis un boulet, mon dieu.
Je me baisse pour prendre Denis dans mes bras. "Peut-être que la docteure peut nous montrer ?" Emma ne semble pas imprimé la différence entre Infirmière et Docteure. Mais je ne pense pas que ça soit très important étant donné son âge.
- Infirmière, chérie. Je suis désolé de vous arracher à votre travail. Vous avez sûrement plus à faire.
On était dans un hôpital, tout de même. Je ne pouvais pas non plus embêter les gens comme ça. Je vois la personne de l'accueil plutôt intéressé par la conversation. Je lui adresse un sourire et repose les yeux sur Yasmine.
- Est-ce qu'il va bien ? Edge ? Tamara ne m'a donné beaucoup d'information. Je pense qu'elle est tout aussi inquiéte. Elle est sûrement déjà venue ?
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| | | | (#)Mer 15 Jan - 15:11 | |
| EXORDIUM. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour se rendre compte que, dans la fratrie des mini-Price, celle qui avait le plus de caractère, c'était la petite Emma. Toujours accrochée à la main de Yasmine, elle se défendait avec une véhémence adorable face aux propos de son papa – ce dernier semblait d'ailleurs soudainement dépassé par les évènements. La tête ondoyant en direction de l'un et de l'autre, il s'arrêta brièvement sur elle… sans doute dans l'espoir de la remettre ; mais rien, lut-elle dans son regard bleu clair, et c'était bien normal. Yasmine ne se vexa pas face à son incertitude, prenant les devants en se présentant rapidement. Paul lui renvoya la pareille, l'informant de choses qu'elle savait déjà en vérité, de tous leurs prénoms en l'occurrence, et elle lui répondit avec un sourire beaucoup trop large pour que ça n'illustre pas qu'elle était ravie d'enfin rencontrer en chair et en os tout ce beau monde dont elle avait effectivement souvent entendu parler ces derniers temps. Anticipant les prochaines minutes, surtout le branle-bas de combat relatif au chemin jusqu'à la chambre d'Edgerton, elle finit par se baisser à nouveau au niveau d'Emma pour lui proposer sur le ton de la confidence "Dis-moi, ça te dirait que je te porte jusqu'à la chambre de tonton Edge ?" Emma hocha vite et fort la tête. Elle tendit immédiatement les bras à la jeune femme qui, au prix d'un effort surjoué, la cala tout contre sa hanche et l'entoura d'un bras pour faire bonne mesure "Tu sens bon." laissa filer la petite-fille tandis que Yasmine, elle, laissait échapper un rire, s'émerveillant toujours un peu en secret de la spontanéité des petits, celle que tout le monde perdait au fil du temps, prenant conscience que tout n'était pas toujours bon à dire. Elle tendit l'autre main à Marc qui, pas rancunier à propos de la petite démonstration d'autorité dont elle l'avait alloué quelques instants plus tôt, ne se fit pas prier pour la saisir, et s'y agrippa docilement, sans avoir l'air de se soucier outre mesure de la moiteur de sa petite paume de petit garçon contre le sienne "On va laisser un peu de répit à papa le temps de grimper. Il a bien besoin de se remettre de ses émotions." conclut-elle avec ce ton d'infirmière appliquée et soucieuse qu'elle était, s'amusant au passage de la façon dont Paul semblait si inquiet quant à l'idée de la déranger "J'allais pas tarder à monter le voir moi aussi. On fera d'une pierre deux coups… venez, je vous conduis. Molly ?" Tel un suricate, l'agent d'accueil des urgences releva le nez, cessant enfin de faire comme si elle était en train de travailler, et répondit au regard – le sien à peine voilé des sous-entendus carnassiers qu'elle lui envoya un pleine figure grâce au sourire en biais qu'elle lui adressa en faisant danser ses sourcils roux sous sa frange trop épaisse – que sa comparse lui lança, quand elle lui annonça "Je reviens dans un moment. On va prendre les escaliers, les ascenseurs sont toujours bondés. En avant, accroche-toi bien, toi." conseilla-t-elle à Emma en venant chatouiller le bout de son nez avec son index ; la petite était déjà en train de tripoter l'une de ses boucles d'oreille, la langue coincée entre les dents, pendant que son frère jumeau suivait sagement le rythme en lui tenant bien la main.
D'un signe de tête, Yasmine désigna la porte qui menait directement sur la cage d'escaliers, et demanda à Paul – qui était moins chargé qu'elle, n'ayant que Denis accroché à son cou ; ça devait être lui le plus sage, elle n'avait même pas entendu le son de sa voix "Ça vous ennuierait de…" Et elle le laissa ouvrir, puis passer devant elle. Elle le rejoignit vite pour monter la première volée de marches sans démontrer plus de pénibilité, alors que la gamine qu'elle tenait dans les bras devait peser une quarantaine de kilos. Marc lui lâcha la main, se rendant sans doute compte qu'il la ralentissait plus qu'autre chose, et le sourire timide qu'ils échangèrent pris des airs de remerciements tacites dont ils se contentèrent, et qui aplanit pour de bon le mauvais départ qu'ils avaient pris. Yasmine se reconcentra sur Paul. Elle rassembla tout à la fois les questions qu'il lui posa pour mieux lui fournir les réponses adéquates. C'était un peu délicat comme situation finalement ; pas parce qu'elle était l'ex-petit-amie du jeune homme, encore qu'elle eût pleinement conscience que personne dans sa famille ne devait être au courant de leur histoire, mais parce qu'elle était surtout infirmière, et qu'au-delà du rapprochement qui s'était établi entre eux ces derniers temps, il y avait des informations qu'elle était tenue de garder pour elle. Rien de grave au demeurant, et sans doute prenait-elle trop à cœur le cas du jeune homme pour envisager l'interrogatoire de Paul comme quelque chose de commun ; elle en avait l'habitude pourtant, s'occupant souvent du suivi auprès des familles de ses patients. Mettant ses réticences de côté, elle commença par lui répondre "Il récupère bien physiquement. Il devra passer par de la rééducation quand il sera temps pour lui de faire retirer son plâtre et de sortir, mais il devrait retrouver une mobilité totale. Il faudra surveiller bien sûr, surtout s'il compte reprendre la boxe à un moment donné. Chose qui la fit serrer furtivement les dents, avant d'enchaîner sans donner l'impression de s'être interrompue "Ses côtes sont déjà bien resoudées, et ses petites plaies sont presque cicatrisées… ça va aller." Et en le lui disant, Yasmine y croyait, même si elle savait qu'en vérité, les difficultés du jeune homme pour guérir se trouvait ailleurs. Était-ce à elle d'en notifier son cousin ? Elle se prépara à ajouter quelque chose, mais Emma la coupa pour lui demander d'une toute petite voix chargée d'anxiété "C'est toi qui t'occupes de tonton Edge ?" Yasmine posa son regard sur elle, décelant son anxiété en un quart de secondes. Elle baissa le menton pour jeter un œil à ses petits doigts qui avaient, cette fois, capturé l'un des stylos qu'elle gardait dans sa poche de poitrine. Elle opina négativement du chef "Tu peux le garder si tu veux… et non. Mais on s'occupe bien de lui quand même, t'en fais pas." la rassura-t-elle en lui lissant l'arrière du crâne, et en raffermissant sa prise pour la serrer un peu plus dans ses bras. Lui accordant un sourire, elle marqua une pausa dans sa montée pour mieux la caler contre sa hanche tout en poursuivant la conversation avec Paul. Elle lui accorda un regard rapide, tournant la tête vers lui "Plusieurs fois déjà. Et c'est une bonne chose d'ailleurs, il a besoin d'être entouré." Et d'après ce qui lui avait raconté Edgerton, ce serait davantage le cas bientôt. Elle ajouta, l'ombre d'un second sourire se dessinant sur son visage "Il sera content de vous voir, c'est dur pour lui de rester enfermé ici." Comme c'était dur pour lui d'envisager sa sortie, comme il le lui avait dit lorsqu'il lui avait avoué ne pas être dans un bon état d'esprit. Et ça se comprenait. A cette pensée, elle pencha la tête pour que son front touche presque celui d'Emma "Tu veux bien marcher maintenant ? On arrive bientôt." Et elle la reposa par terre. Yasmine arrangea la tenue de son sac à dos avant que, toute fière de son nouveau stylo, elle ne file rejoindre son frère, puis l'autre qui délaissa la main de Paul. Elle tourna de nouveau la tête pour poser ses yeux sur lui, et lui dire "Vous avez pu l'avoir au téléphone au moins ?"
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| | | | (#)Dim 26 Jan - 10:31 | |
| EXORDIUM. Yasmine était gentille. Elle semblait calmer un peu le jeu avec Emma. Caractère de cochon, cette demoiselle. A croire qu'Emma a pris plus du caractère de sa mère que du mien. Même si je pense que l'âge est un peu plus la raison qu'autre chose. Plus je regardais ces petits idiots, plus j'avais envie de les garder toujours au même âge. Auprès de moi. Comme si c'était possible. Emma dans les bras de Yasmine et Marc fermement accroché à sa main, je garde Denis sur moi. Bon, si elle allait voir Edge aussi, je ne dérangeais pas trop. Le travail à l'hôpital était suffisamment compliqué pour éviter qu'un père de famille trop inquiet ne viennent s'ajouter à la masse de travail.
Les yeux sur Yasmine, je ne remarque pas le visage de la rousse qui aurait pu me faire rire. Je me met en route à la suite de l'infirmière jusqu'à la cage d'escalier. Je venais déjà ouvrir la porte devant Yasmine et lui emboîtait le pas. Emma n'était pas bien lourde mais suffisamment pour que ça devienne compliqué pour Yasmine de venir monter les marches avec Marc. Je venais lui ébouriffer les cheveux et reprendre sa main pour grimper. Par contre, elle n'avait toujours pas dit ce qu'Edge avait. Si c'était compliqué ou non. Et ça m'angoisse énormément. Et si c'était grave ? Non. Pas possible.
Elle m'explique enfin. Bon, visiblement, ce n'est pas grave. Un plâtre. Mais je me demande quand même ce qu'il a fait. Je vais le cuisiner et lui faire la leçon. Je suis persuadé qu'il sait déjà ce qui l'attend à mon arrivée.
- Est-ce qu'il vous a dit ce qu'il a fabriqué ?
Je suis sûr que non. Emma et Marc était inquiet. Denis aussi mais à sept ans, c'est un peu plus compliqué de chopper la gravité des quelques événements qui se déroulent autour de lui. Je reposais les yeux sur Emma et ajoutait alors.
- Ne t'en fais pas, Bébé. Edge ira bien. Ils s'en occupent très bien et il sortira rapidement. Puis, tu connais Tonton Edge, il est grand et fort.
J'arrive à lui décrocher un certain sourire et ça me va, déjà. Même si elle est inquiète, au moins, elle y pensera un tout petit peu moins. Bon, sa mère était passé plusieurs fois. Ce qui était une bonne chose. Je ne pense pas que sa mère ne lui a rien dit. Elle a un sacré caractère, elle-aussi.
- Connaissant Edge, je peux comprendre qu'il ne se sent pas bien enfermé dans la chambre. Pas sûr qu'il va vouloir y rester bien longtemps une fois mes petits monstres présents.
"On est pas des monstres!" Je souris à Emma et lui tire la langue. Elle fait de même et se met à ricaner. Si, ce sont des monstres. Marc se met à ricaner aussi et je souris un peu plus. Emma descendit et je lâchais la main de Marc pour qu'elle prenne celle-ci. L'arrivée d'un nouveau stylo dans sa main lui avait déjà rendu le sourire. Petite opportuniste.
- Non, quand Tamara m'a appelé, je suis venu directement ici. Je n'ai pas eu le temps de l'appeler.
On grimpait les dernières marches et je poussais la porte. Les plus jeunes entraient en premier et je tenais la porte pour Yasmine. Je refermais finalement la porte et ajoutait alors.
- J'aurai peut-être du l'appeler avant.. Mais dans la panique..
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| | | | (#)Mer 5 Fév - 11:35 | |
| EXORDIUM. Les questions de Paul étaient légitimes, assez pour que Yasmine se remette à hésiter sur les meilleurs termes à employer pour qu'il saisisse qu'elle n'était certainement pas la mieux placée pour le mettre au courant de ce qui s'était réellement passé ce soir-là. Edge n'avait pas tout à fait été explicite à ce sujet, mais l'expertise quasi-immédiate de Sloan lui avait toutefois permis de monter sa propre théorie à propos du déroulé des évènements qui l'avaient menés jusqu'aux urgences du St-Vincent ; une théorie que les blessures du jeune homme semblaient confirmer au demeurant, mais dont ils n'avaient jamais discuté, certainement pour éviter de ressasser le caractère dramatique des faits s'il n'avait pas été pris en charge à temps. Laissant Emma rejoindre ses frères, Yasmine prit le temps d'enfin répondre à Paul "Pas vraiment. J'ai quand même ma petite idée sur le sujet." Mais puisqu'elle couvait toujours la crainte de laisser échapper des informations qu'elle n'était pas supposée partager avec qui que ce soit, et surtout pas avec un membre de la famille proche de ce patient un peu spécial, elle la garda pour elle. Au lieu de quoi, elle préféra ajouter dans un sourire au travers duquel perçait tout son professionnalisme "Ce serait plus raisonnable que vous lui posiez la question vous-même. Vous faites partie de sa famille, il sera plus loquace." Ou pas. Yasmine avait compris que de tous les sujets qu'Edgerton Samuel Price tenaient à éviter, sa petite personne faisait probablement partie de son top cinq. Et ce n'était pas qu'un fait qu'il lui réservait par pudeur ou par timidité, mais bel et bien un trait de caractère si marqué chez lui, qu'au fond, elle doutait sincèrement qu'il serait plus loquace sur ses états d'âme avec autrui. Mais qui sait, elle en était à un stade où elle ne pouvait que supputer de toute façon.
Elle tourna la tête dans la direction de son interlocuteur tout en montant les marches au rythme qu'il avait choisi. Et doucement, elle opina du chef pour appuyer ce qu'elle laissa filer avec l'instinct qu'il comprendrait sa position si elle se montrait moins évasive. Elle s'y efforça alors, non sans éprouver une espèce de fierté malvenue à l'idée d'être capable de dissiper les quelques zones brumeuses qui pesaient toujours un peu sur le lien qu'elle entretenait avec Edge "Pour être honnête avec vous, j'ai pas assez de recul sur la situation pour partager ce genre d'informations avec vous. On se connaît un peu lui et moi, c'est délicat." Ça l'aurait moins été si elle n'avait été que son infirmière. Elle aurait sans doute pris les choses avec plus de circonspection, s'en tenant aux faits sans les prendre trop à cœur tout en gardant une distance de sécurité pour ne pas sortir trop affectée par tout ça – elle le faisait tout le temps, ça faisait partie de son quotidien. Mais la vérité, c'était que Yasmine n'était pas que l'infirmière d'Edgerton, elle ne l'était d'ailleurs pas du tout, quand bien même elle bravait régulièrement les interdictions de l'infirmière en chef Vergara en venant fourrer son joli petit nez dans les mises à jour régulières du dossier médical du jeune homme. Dans une certaine mesure, elle était exactement dans la même position que Paul. Yasmine n'était qu'un membre de son cercle. Proche ou pas, la question ne lui frôla même pas l'esprit à ce moment-là, trop occupée à poser de nouveau son regard sur les enfants qui se tenaient à quelques marches d'eux tandis qu'Emma se défendait à nouveau des propos lancés par son père qui avait le don d'aiguiser son esprit de contradiction en une boutade qu'elle s'appliquait à prendre comme une véritable attaque personnelle. La seule différence entre elle et la famille du jeune homme, c'était qu'elle jouissait de son privilège de travailler dans le coin pour garder un œil sur lui et sur la suite de sa guérison, restant assez discrète pour ne pas donner plus de grains à moudre à ceux qui la soupçonnaient déjà de passer un peu trop de temps dans le service qui l'accueillerait quelques temps encore. Au-delà de ça, elle n'était pas plus spéciale que les autres, elle était juste plus vigilante. Sans doute un peu trop, mais personne n'avait besoin de le savoir. C'est d'un "Merci." qu'elle gratifia Paul lorsqu'il la laissa passer devant lui. Elle rejoignit les enfants qui s'enfonçaient déjà dans le couloir adjacent au service qu'ils convoitaient pendant que la conversation reprenait entre les adultes "C'est normal. Il avait besoin de repos de toute façon, je suis persuadée qu'il ne vous en voudra pas. Et puis vous êtes là maintenant, c'est ce qui compte." Au moins quelque chose qu'elle pouvait affirmer sans rougir. Elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, les sourcils légèrement froncés "Je connais bien le service de pédiatrie." Une annonce subite qui laisserait probablement Paul perplexe, aussi se précipita-t-elle d'expliquer après avoir fermé les yeux et laissé un rire filer, un peu gênée de passer du coq à l'âne. Ses mains s'agitèrent devant elle afin de souligner ce qu'elle débita avec des sourires dans la voix "Si jamais les petits se sentent à l'étroit dans la chambre d'Edgerton. Je peux leur monter de quoi jouer quelques heures ou faire du dessin… même si le sac d'Emma me semble trop lourd pour ne contenir que son goûter." Des paroles qui firent réagir la petite. Tout de suite, elle toupilla sur la semelle de ses tennis, son tout nouveau stylo pointé sur Yasmine "T'as dit que t'étais d'accord pour que je te montre mes dessins, j'ai pas oublié hein !" Et la jeune femme lui fit signe qu'effectivement, elle n'avait pas oublié, tout en allongeant son discours à l'intention de Paul sur qui elle posa les yeux en lui indiquant le reste du chemin avec la main "C'est par là." Denis, Marc et Emma se précipitèrent, lui laissant l'occasion de lui faire savoir plus distinctement, et sans être interrompue "Ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas hésiter si vous avez besoin de quelque chose." Soudainement, elle se trouva un petit peu gauche, probablement parce qu'elle savait qu'elle avait l'air trop investie – et elle l'était, c'était indéniable. Pour se donner bonne contenance, elle ajouta dans la foulée, ponctuant le tout par un dernier hochement de tête "On communique plutôt bien entre services. L'infirmière qui s'occupe d'Edge saura comment me contacter, et lui aussi d'ailleurs, alors…" Alors elle rappliquerait sans se poser de questions, même s'il fallait qu'elle justifie la désertion soudaine de son poste ; c'est ce qu'il fallait comprendre lorsqu'elle laissa un court silence s'installer au moment où ils dépassèrent pour de bon la porte du service qui les intéressaient.
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| | | | (#)Dim 16 Fév - 19:03 | |
| EXORDIUM. Ca ne m'étonne pas réellement qu'Edge n'est rien dit. Je ne sais même pas s'il va m'expliquer quand je lui poserais la question. Enfin quoi que. Il va sûrement me dire que ce n'est pas si grave. Je lève les yeux vers Yasmine quand elle dit que j'aurai surement plus d'information. Pas forcément.
- J'ai tout de même un léger doute.
J'avais les yeux un peu partout. Entre Emma, Denis et Marc, il était difficile pour moi de rester concentrer sur une seule chose. J'avais tellement peur de les perdre. Emma semblait bien contente et obnubilé par son nouveau stylo. Je suis d'ailleurs persuadé qu'elle n'allait pas attendre d'être rentré pour pouvoir commencer à dessiner. Fort heureusement, il y a longtemps qu'elle avait cessé de dessiner sur les murs. Je n'avais donc pas à m'en faire pour les murs de la chambre d'hôpital.
- Je sais qu'il est toujours content de voir ces neveux alors je pense que ça lui fera plaisir. Jusqu'à ce que je joue les rabats-joies à l'engueuler sérieusement pour ses bêtises habituelles.
Mais j'avoue ne pas comprendre pourquoi elle me parle de pédiatrie. Peut-être pour le fait qu'elle s'entend bien avec les enfants ? Je chasse l'information de mon esprit et suis simplement Yasmine. Je me met à rire quand elle parle du sac d'Emma. Celui de Marc n'était pas bien vide non plus. Je souris et ajoute.
- Je pense que ça ira. Emma a de quoi dessiner, Denis va sûrement jouer avec sa peluche et Marc à ses livres. Et puis, sinon, on me verra sortir en courant de la chambre, les cheveux en pétard en criant à l'aide.
Je rigole de plus belle à cette image qui se développe dans ma tête. Je ne pense pas en arriver là. Mais j'avoue que ça pourrait être plutôt drôle. Et Emma parle déjà de ses dessins. Je pense que Yasmine n'aura pas trop le choix que de passer un peu de temps à les regarder. Elle m'indique déjà le chemin à suivre et les petits s'enfuient déjà. Marc tenant les mains des plus jeunes.
- Je vous remercie. C'est vraiment gentil de votre part. Aussi d'avoir tenté de me joindre.
Je me tourne un peu pour pouvoir garder les enfants dans mon champ de vision. Je ne peux pas être plus stressé lorsqu'ils n'étaient pas autour de moi. Je marchais donc dans le couloir ou je pouvais déjà voir plusieurs chambres. Les enfants attendaient devant une des portes entre-ouverte.
- Malgré tout, ça m'a fait plaisir de vous rencontrer. Même si les circonstances sont un peu compliqué.
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| | | | (#)Lun 24 Fév - 16:27 | |
| EXORDIUM. Il y avait quelque chose de plutôt comique dans le fait d'imaginer Edge se faire gronder par l'homme qui se trouvait à ses côtés, et ça avait à voir avec la différence de carrures des deux cousins. Comme quoi, faire partie du même arbre généalogique n'assurait en rien la ressemblance des individus, la preuve en était. Pour autant, elle ne laissa rien d'autre filer qu'un sourire à la suite des propos de Paul, tandis qu'elle comprenait que leur petite escapade dans les étages du St-Vincent était en passe de se terminer "Ils ont l'air plutôt calmes… quand ils ne se perdent dans les couloirs des hôpitaux évidemment." lui répondit-elle en accordant un nouveau regard aux enfants, s'exemptant par la même de lui préciser que sa proposition n'avait pas de date buttoir et qu'elle restait à la disposition des visiteurs d'Edgerton aussi longtemps qu'il resterait patient et pensionnaire de l'hôpital "C'est mon travail." Et elle-même, quand elle poursuivit la discussion, trouva que sa rhétorique sonnait un peu faux. C'était son travail de prévenir les proches de ses patients, ça l'était moins de faire des heures supplémentaires dans l'idée d'assurer ses arrières pour expliquer le fait qu'elle passait beaucoup trop de temps dans l'établissement depuis quelques semaines. Devait-elle parler des soirées qu'elle passait dans la chambre du jeune homme et les compter comme du bénévolat ? Edge n'était pas un patient comme les autres ; il ne représentait pas une corvée à accomplir, l'une de celles qui remplissaient chacune de ses listes, toutes différentes, se renouvelant sans cesse, à longueur de journée ; et encore moins une œuvre de charité dans laquelle elle s'était investie pour se donner bonne conscience et absoudre les péchés horribles qu'elle avait commis – quand bien même ils existeraient, ce qui n'était pas le cas au demeurant, elle n'était pas catholique… et grand bien lui faisait d'ailleurs. Il était son ex-petit ami. C'était aussi simple que ça ; une dénomination qui lui aurait évité de marcher sur des œufs si elle n'avait pas été aussi consciente que le jeune homme n'avait jamais parlé d'elle à sa famille… et ce n'était pas un reproche détourné, loin de là. Elle non plus, elle n'avait jamais pris cette peine, si ce n'était en dehors de son frère qui savait si bien la lire qu'elle aurait été bien incapable de le lui cacher, même si leur histoire s'était terminée aussi vite qu'elle avait commencée.
"Tu restes pas ?" Penaude, Emma s'avança jusqu'à Paul et Yasmine en interrompant l'échange de politesses initié par son papa. Elle leva le menton pour attirer le regard de l'infirmière qui mima une petite grimace de tristesse en croisant son regard contrarié. Lèvres s'affaissant vers le bas, elle vint frôler sa petite joue rebondie avec son index pour chasser l'expression de déception fugace qui passa sur son visage de poupée "Je dois retourner travailler, ma belle." lui dit-elle tout en finissant par tourner la tête vers Paul "Je vais vous laisser vous retrouver en famille. Je passerai le voir un peu plus tard." Il y avait des moments où il fallait savoir s'effacer. Yasmine était douée pour ça, la faute à son empathie, et à sa capacité à savoir rapidement quoi faire dans ce genre de situation. Quand bien même elle trouvait la petite famille attachante, et qu'en plus, elle n'aurait pas dit non à une pause bavardage avec Edgerton, elle avait conscience qu'il avait besoin d'être entouré de ceux qui étaient importants pour lui ; elle n'ignorait pas que ces quatre-là en faisaient partie "Mais je suis sûûûûre qu'il sera content de te voir, tu sais." ajouta Emma pendant que Yasmine s'accroupit en face d'elle en rétorquant du tac-au-tac, les yeux légèrement plissés "Et moi je suis sûûûûre qu'il sera encore plus content de te voir, toi." Et le bout de son doigt bondit sur le nez de la gamine qui le fronça immédiatement en guise de protestation, même quand la jeune femme poursuivit, les yeux s'agrandissant sous la révélation qu'elle venait d'avoir "Hey, on se reverra bientôt. Je t'ai promis de regarder tes dessins, oui ou non ?" Sans transition, l'arme de secrète de Yasmine – le gage ultime de sa bonne foi, le geste le plus puérile qu'elle avait en magasin et qui terminait d'asseoir son succès auprès des moins de 14 ans. L'habitude qui lui était restée de son enfance, et qu'elle estimait aussi important, voire plus encore, qu'un pacte de sang : la pinky promise… qu'Emma scella sans y réfléchir à deux fois, leur assurant de se revoir incessamment sous peu, parce que jamais Yasmine ne romprait une promesse faite avec autant de solennité "Prends bien soin de ton nouveau stylo… et fais un bisou à tonton Edge pour moi, d'accord ?" dit-elle en guise de dernière paroles à la petite-fille. Se levant après avoir échangé un baiser sur la joue avec elle, elle se tournant de nouveau vers son papa "Première porte à gauche." lui indiqua-t-elle sur le départ, avant de continuer, opinant du chef pour ponctuer ce qu'elle lui dit "Ça m'a fait plaisir de vous rencontrer aussi, Paul. On sera amenés à se revoir… j'ai promis, alors." Yasmine haussa les épaules en lui souriant une dernière fois ; et après un instant à choisir entre sa droite et sa gauche, elle prit la tangente, saluant Denis et Marc au passage.
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| | | | | | | | (paul & yasmine) there she goes |
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