Le poids sur mes épaules a disparu, peut-être pas complétement, mais une grande partie. Quelques jours plus tôt, lors du procès de David, celui-ci a été condamné à trois ans de prison et une grosse amende. J’aurais espéré plus, c’est vrai, mais je me sens déjà soulagé de savoir que pendant près de trois ans je n’aurais plus à le voir, que je n’aurais plus à avoir à le croiser un jour. À la suite du procès, mes parents nous ont emmené déjeuner quelque part et de passer du temps en famille m’avait vraiment fait du bien. Alors ce matin, en me réveillant, je me sens bien, je me sens calme, apaisée et je sens que la journée va être bien. En regardant la date, je me rends alors compte que nous sommes le 23 et que c’est la date de mon Noël avec Archibald. Archi et moi avons pris l’habitude de toujours passer notre après-midi et soirée du 23 ensemble, à s’échanger nos cadeaux, mais surtout à nous faire notre petit Noël tous les deux. C’est devenu une tradition que je ne voudrais rater pour rien au monde et que j’ai besoin de faire. Je profite donc de ma matinée pour me faire une bonne séance de sport, un footing suivit d’une séance de musculation. Il est sur les coups de onze heures lorsque je me glisse sous une douche. Je me sèche rapidement et enfile un short avant mon t-shirt de Noël, t-shirt que j’ai en commun avec Archi et qui fait également partie de notre tradition. Je me démêle rapidement les cheveux avant de préparer mon sac y mettant des paquets de bonbons achetés pour l’occasion, les cadeaux que j’ai acheté pour Archibald et quelques autres trucs. Je plante dans mes cheveux le serre-tête de Noël que mon frère m’a offert et vais à ma voiture. Une vingtaine de minutes plus tard, je me gare devant l’immeuble de mon meilleur ami, je monte rapidement les marches et sourit en voyant sa tête apparaître dans l’ouverture de la porte. « Helloooo ! » Je rentre dans l’appartement et embrasse sa joue au passage avant de retirer mes chaussures dans l’entrée dans son appartement. « Je suis paré pour notre super Noël, j’espère que toi aussi. » Je suis le brun vers le salon et ouvre mon sac pour déposer les cadeaux emballés sur la table basse. Je relève les yeux vers mon meilleur et remarque alors qu’il n’a pas son t-shirt. « Eh, eh ca va pas ca. Il est ou ton t-shirt Noël ? » Je fais une petite moue.
En ce moment, tout se passe bien. La fin du mois de décembre à toujours eu un effet curatif sur Archibald et il se demandait, parfois, s’il ne ferait pas mieux de croire en Dieu. C’est vrai, lui qui était constamment anxieux et renfermé, comment expliquer que cette période arrivait à l’apaiser si facilement et le rendre étrangement joyeux ? En plus de cela, la peine est tombée sur David et même si Ford aurait espéré qu’il soit enfermé plus longtemps, il était heureux. Il savait que cela ferait du bien à sa meilleure amie d’apprendre cela.
Aujourd’hui, nous sommes le 23 décembre et c’est le jour du Noël annuel d’Archi et d’Oak. On ne pouvait faire plus heureux, le jeune homme n’avait qu’une hâte, passer du temps avec sa meilleure amie. Il avait tout préparé et son appartement respirait le cliché. En réalité, le 23, cette année, ce serait la seule fois qu’il fêterait Noël et il voulait faire bien. Il n’avait pas la moindre envie de retourner à Byron Bay même s’il n’avait qu’une chance sur dix de tomber sur ses parents, il ne voulait prendre le risque. Puis, Archibald n’aimait pas vraiment les repas de famille surtout en période de fêtes. Il trouvait ça faux et il n’avait pas tort, chez eux tout le monde faisait semblant d’être heureux et ce n’était pas une ambiance que le jeune homme pouvait supporter.
Ford s’empressa de tout finir, il enfourna le plat typiquement végétarien, glissa les cadeaux sous le sapin et brancha son enceinte afin de passer une playlist totalement faite pour l’occasion. Frank Sinatra, Mariah Carey et tous les autres étaient ainsi présents dans l’appartement. Pile à cet instant, la porte s’ouvrit et laissa passer une tête, un peu à la manière de Joey dans Friends. Tout d’abord, Archi fut pris d’un sursaut avant de rire légèrement, « Salut ! » souffla-t-il avant d’afficher son plus beau sourire. Mais il le perdit rapidement, lorsque la blonde le notifia qu’il avait complétement oublié son fameux pull de Noël. Son regard se posa sur son propre torse, en effet, pas la moindre trace du renne blanc sur le fond rouge. Il pinça ses fines lippes et fit un signe à Oak afin qu’elle attende quelques secondes, il s’empressa de se diriger vers sa chambre et il enfila ce dernier qui était devenu un peu trop petit. Il revint finalement dans le salon et s’écria « Tadaaaaaa ! » avant de la prendre dans ses bras, la serrant peut-être un peu trop fort, « Joyeux Noël, bébou. » c’était la première fois qu’Archi donnait un surnom affectif à quelqu’un. Qui plus est, il allait lui annoncer quelque chose aujourd'hui...
Dernière édition par Archibald Ford le Mar 31 Déc 2019 - 14:05, édité 1 fois
Noël est ma période préférée de l’année depuis que je suis toute petite. Lorsque j’étais jeune c’était pour bien sûr pour les cadeaux, pour la bonne nourriture et pour le bonheur de se réveiller avec cette atmosphère magique. J'ai toujours adoré décorer le sapin, remplir la maison de guirlande lumineuse, de décoration de Noël, pouvoir écouter les chansons de la saison et sortir les t-shirts qui vont avec. En grandissant, c’est l’esprit de famille qui est arrivé à dominé ce moment de l’année. L’idée de pouvoir passer du temps en famille, tous ensemble, comme avant, mais aussi de se caler dans un canapé avec mes frères et ma sœur pour regarder des films de Noël comme nous le faisions lorsque nous étions enfants. Puis bien sûr, le 23 décembre est devenu important aussi parce qu’avec mon meilleur ami nous avons monté une tradition de passer cette journée tous les deux, devant des films de Noël, à échanger nos cadeaux et à manger jusqu’à atteindre notre point de nos retours. C’est d’ailleurs ce qui me met de très bonnes humeurs en cette journée d’été lorsque je me réveille. J’ai hâte de retrouver le brun afin de nous faire une après-midi et une soirée à ne penser à rien d’autre qu’à nous deux et à échanger sur tout et rien. J’offre d’ailleurs un immense sourire à mon meilleur ami lorsqu’il ouvre la porte, qu’il me rend avec un grand plaisir en me saluant avec entrain. Je sais qu’il a toujours aussi hâte de cette journée que moi. Je fronce cependant un peu les sourcils avant de faire une petite moue et de lui faire remarquer qu’il ne porte pas notre t-shirt de Noël annuel. Il disparaît rapidement et revient quelques minutes plus tard avec le bon t-shirt sur le dos. « Aaaaah ! C’est mieux. » Je lui dis avant alors qu’il vient me serrer dans ses bras. Avec Archibald tout est simple, naturel et avec lui je me sens toujours bien, en sécurité et à ma place. J’embrasse sa joue avant de prendre la parole. « Joyeux Noël à toi aussi baba. » Je lui adresse un grand sourire, le cœur remplit de bonheur en cet instant précis. Je ressens tellement d’amour pour l’homme qui se trouve devant moi, un amour inconditionnel qui le rend très important dans ma vie. « Ca sent trop bon, tu nous a fait quoi de bon à manger ? » Archi est plutôt un bon cuisiner et il nous fait toujours de bons petits repas de Noël, végétarien spécialement pour moi. « Je suis trop contente de passer la journée avec toi. » Un moment avec Archi c’est exactement ce que j’ai besoin. Les choses vont bien, et de pouvoir en profiter et de ne penser à rien avec lui ne fait qu’améliorer encore les choses. « Comment tu vas toi ? »
Archibald épousseta son t-shirt un peu nerveusement avant de prendre Oakley dans ses bras, il la serra contre lui comme s’il s’agissait de sa peluche favorite. Mais en réalité, à l’intérieur, il stressait un peu... Il fallait dire qu’il avait quelque chose à lui avouer, une chose dont il n’avait jamais parlé à personne pour le moment. Il pinça alors ses lèvres avant de sourire très sincèrement, ses yeux se plissant légèrement dévoilant ses petites rides de bonheur aux coins de ses orbes. « Je nous ai fait une tourte de Noël végétarienne sans oublier le bon gâteau en dessert. » siffla le jeune garçon tout en humant l’odeur qui émanait de la cuisine. Ouaip, Oak avait raison, l’odeur était divine. Décidément, le jeune policier avait plus d’un tour dans son sac qui faisait de lui une véritable crème lorsqu’on le connaissait suffisamment, il fallait creuser pour avoir cet Archi là.
« Je suis très heureux aussi, j’adore ces moments et moi ça va… » souffla le jeune garçon tout en venant s’avachir dans le canapé, ses deux bras au-dessus de sa tête. « Prend place, fais comme chez toi, je t’en prie, le temps que ça cuise. » et il frotta finalement ses yeux à l’aide de ses deux grandes mains, il était drôlement fatigué ces temps-ci. Il ne s’était pas arrêté entre septembre et Noël et il s’agissait là des seuls jours de repos qu’il prenait. « Toi, ça va ? »
Finalement, Archi prit une grande inspiration avant d’annoncer : « Faut que je te parle de quelque chose, Oak’… » ses mots butaient entre eux et dans son esprit, ils n’arrivaient plus à passer la barrière de sa bouche. Ce n’était pas aussi facile que ce qu’il avait pu imaginer. Alors, silencieusement, il se redressa sur son canapé, posant ses deux pieds au sol et ses mains jointes se glissèrent entre ses genoux. Le sourire d’Arch’ avait disparu, comment annoncer quelque chose sur lequel on n’a jamais mis de mots ? Quelque chose qu’on a toujours eu peur de dire à voix haute ? Un léger soupir s’échappa d’entre ses lippes tandis que ses yeux toujours assombris malgré le bleu éclatant se mirent à briller. Des perles salées naissaient, ils étaient humides. « Je n’ai pas envie que t’aies honte de moi, après ça. » Ford savait qu’elle n’aurait jamais honte de lui, qu’elle était sa meilleure amie. Mais lui, est-ce qu’il n’allait pas avoir honte ? C’était une question qui resterait sans réponse, du moins, jusqu’à ce que les mots arrivent à se former. « Putain, ce n’est pas si simple de parler, hein. Avec toi je n’ai jamais eu de problème pourtant… » il lâcha un léger rire nerveux alors que ses yeux se baissèrent pour rencontrer le sol, ce serait peut-être plus simple, « J’pense que… j’pense que j’aime les garçons, pas que les garçons, hein ! Mais un peu quand même. » Ce n’est pas si difficile quand c’est à l’intérieur, quand personne ne le sait sauf les hommes avec qui il flirt. Mais il arrive un moment où Ford ne se voit plus cacher ce qui fait partie de lui depuis un moment déjà, il ne se voit plus ne pas discuter de ça avec Oak, avec ses amis. Mais surtout Oak, parce que c’est elle sa première conseillère, parce que c’est elle l’épaule sur laquelle il s’appuie et s’appuiera toujours. Désormais, les mots qui lui brûlaient la langue étaient balancés et il n’allait plus ressentir cette sensation dérangeante, cette sensation de ‘j’ai quelque chose à te dire mais je ne peux pas’, parce que c’est dit, parce que les mots sont placés, parce que comme un puzzle tout s’est – presque – mis en ordre.
« Hmm, miam, j’ai déjà hâte de goûter ca. » Je m’en lèche déjà les babines. J’ai toujours été une grande gourmande et rien que l’odeur qui se répand dans l’appartement de mon meilleur ami me met déjà l’eau à la bouche. Je sais que l’on va se régaler, Archi fait toujours de bons petits plats lorsque c’est lui qui cuisine pour notre Noël. J’adresse un sourire à mon meilleur qui revient avec son t-shirt de Noël et qui m’avoue lui aussi aimer beaucoup ses moments de fêtes que l’on passe tous les deux. J’adore passer du temps avec Archibald, et de savoir que nous allions manger, et regarder des films de la période sans penser à rien me ravie. « Oui. Ca va tranquillement. » Je lui adresse un sourire et me laisse tomber lourdement dans le canapé. Je m’apprête à dire quelque chose, mais mon meilleur ami est plus rapide que moi et prononce une phrase qui m’inquiète. Je tourne alors mon visage vers lui et remarque qu’il est tendu, et qu’il a l’air extrêmement nerveux. Je me redresse à mon tour et le regarde alors qu’il semble avoir énormément de mal à prononcer les mots qui suivent. Comment peut-il penser que je puisse avoir honte de lui. Archi est le genre de personne qui pourrait faire un meurtre et je l’aiderais à cacher le corps pour ne pas qu’il finisse en prison, alors jamais je ne pourrais avoir honte de quoi que ce soit. « Eh, jamais j’aurais honte de toi. Jamais d’accord ? » Je lui adresse un sourire qui se veux rassurant et je le laisse prononcer ce qu’il veut me dire. Je le laisse faire, sans le presser parce que je comprends que ce qu’il veut me dire n’est pas facile pour lui. Puis alors que je m’attends presque qu’il m’annonce qu’il a tué quelqu’un, ou quelque chose d’horrible, il m’annoncer simplement qu’il aime les garçons. Mon sourire inquiet se transforme en soulagement et je viens doucement poser une main sur les siennes, et l’autre vient doucement se poser sur sa joue. « Babe, tu pourrais aimer les koalas que ca changerait rien. » Je caresse doucement sa joue et tente de détendre un peu l’atmosphère. « Bon okay, les koalas c’est un peu plus glauque, mais tu peux aimer qui tu veux, tu sais. Je t’aime peu importe que tu sois avec une fille ou avec un garçon. » A mes yeux le fait qu’Archibald aime aussi les hommes ne change rien, il reste Archibald, il reste mon meilleur ami et je ferais tout pour lui. Je l’attire doucement contre moi et caresse un peu son dos. « Mais merci de me l’avoir dit. » Je sais qu’Archi me fait confiance, mais je me doute également d’à quel point cette révélation peut être difficile pour lui. Je viens reprendre son visage dans mes mains et viens embrasser doucement sa joue. « Je suis fier de toi tu sais. »
Ça, Archi, il l’a au fond de lui depuis que son regard s’est posé trop longtemps sur un garçon. Un garçon avec de belles mèches blondes, de grands yeux verts et par-dessus tout un sourire qui laissait place à de grandes fossettes. Au départ, il n’y faisait pas attention jusqu’à ce qu’un jour il tique et se pose la question : et si j’aimais les garçons, aussi ? À partir de ce moment-là, la machine jusqu’à l’acceptation de soi était en marche. Mais comment s’accepter alors qu’on n’accepte même pas nos moindres petits défauts ? Ce fut le combat d’Archibald durant plusieurs années, les plus ingrates : l’adolescence. Des mots lancés contre le miroir dès qu’il s’apercevait, contre les livres d’école qui lui donnait parfois trop de fil à retordre, des mots toujours plus cinglants qui lui étaient destinées. Un mauvais message de toi à destination de toi-même. Tous les jours, toutes les minutes, toutes les heures, le temps était propice pour trouver une nouvelle faille dans son propre système. Une fille qu’il pourrait décortiquer pour encore se dire, je ne suis pas comme les autres et ça me rend inutile. Depuis, il n’est jamais rentré dans le moule et il n’y rentrerait jamais. Même si l’un de ses objectifs était – et est - d’obtenir un ‘je suis fier de toi’ de ses parents, des deux, en chœur. Malgré ce, le criminologue savait que c’était peine perdue. Examens haut la main, aucun mot, major de promo, aucune phrase, concours de maths, nada. Jamais un mot bienveillant à l’écart de leur enfant. Archibald connaissait à peine ces deux personnes constamment en voyage et si en plus ils apprenaient que leur fils n’était pas si exemplaire qu’ils le pensaient, ce serait une hécatombe. S’il aimait les hommes, serait-il encore considéré comme l’homme de la famille ? Aucune réponse à cette question ou simplement serait-ce simplement la peur qui paralyserait Archibald ? Et la question qui le perturbait encore plus que ces parents étaient celles de ses grands-parents. Avait-il envie de décevoir les seules personnes qui s’étaient occupées de lui durant toute son enfance ?
Non.
La jambe de Ford tressautait au fur et à mesure de ses aveux à un rythme assez effréné. Il attendait la réponse d’Oakley comme le messi, il l’attendait comme si tout à cet instant en dépendait. Elle lui annonce finalement qu’elle n’aura jamais honte de lui et c’est sans doute ces quelques mots simples mais rassurants qui ouvrirent les vannes. Les perles salées qu’il retenait aux deux coins de ses orbes finirent par se frayer un chemin sur ses deux joues rougies par les émotions. Elle tentait de le rassurer, Oak et elle y arrivait ses mots étaient maladroitement bien choisis. De ses lippes rosées s’échappa un léger rire amusé. « Je pense que ça va aller… Ça fait déjà beaucoup, pour moi, les filles et les garçons. » annonça Archi avant d’ajouter, « Après c’est seulement des attirances, ça se trouve je ne tomberais jamais amoureux, uh. » La manière qu’avait Archi de se rassurer n’était pas la bonne. Dans de telles situations, son côté pessimiste reprenait le dessus. « Je t’aime aussi, Oak. » souffla le jeune criminologue tandis que ses bras se glissèrent autour de la taille de la surfeuse. Mots très rares de sa part...
« Je ne pouvais plus ne rien te dire, ça devenait insupportable. » avoua Ford en pinçant ses lèvres, sa main se glissant contre le haut de son dos, « c’est moi qui suis fier d’avoir une meilleure amie aussi merveilleuse. » ajouta-t-il, les yeux encore rempli de larmes. C'était la toute première fois qu'il pleurait, la toute première fois qu'il laissait libre court à ses émotions. Le garçon que l'on pensait insensible à la limite de la normalité ne l'était pas, finalement. On avait trouvé sa part d'humanité et de sensibilité dans sa plaie, dans sa faiblesse, au plus profond de lui, ce qu'il refoulait depuis maintenant quelques années. « Excuse-moi, j'ai gâché notre Noël. » et maintenant, les larmes pouvaient s'extirper sans honte. Tout comme si on lui avait octroyé le permis de montrer qu'un garçon, ça peut ressentir, contrairement à ce qu'on avait pu lui faire croire. Les hommes pleurent aussi.
Je n’ai jamais été du genre à juger les gens, et encore moins mes amis. Lorsque j’avais appris l’homosexualité de mon frère jumeau je n’avais pas vraiment été surprise, après tout je m’en doutais depuis bien longtemps et pour moi, cela ne changeait rien à notre relation. Beaucoup de mes amis les plus proches de son homo, ou bien alors bi et c’est pour cela que je ne serais jamais celle qui serait déçu d’apprendre cela. Alors le fait qu’Archibald m’avoue aimer le garçon ne change absolument rien pour moi. Il reste l’homme gentil, adorable et le meilleur ami que j’ai jamais eu. Cependant je comprends sa nervosité à me l’annoncer. Je sais que ce n’est pas encore forcément d’annoncer ce genre de chose parce qu’il y a encore beaucoup d’homophobies dans le monde. Je tente alors tant bien que mal de faire une petite blague pour tenter de détendre un peu l’atmosphère mais surtout de détendre un peu mon meilleur ami qui est bien trop nerveux. Et je gagne, parce que le brun laisser échapper un léger rire avant de prendre la parole. « Même si tu tombais amoureux d’un homme ca changerait rien pour moi tu sais ? Tu as le droit. Tant que tu es heureux, c’est ce qui compte. » Je lui adresse un sourire et viens doucement prendre ses mains dans la mienne pour tenter de le rassurer. Je n’aime pas le voir mal, je n’aime pas le voir se retourner autant le cerveau alors qu’il ne devrait pas. Il ne devrait pas parce que le fait d’aimer une fille ou un garçon ne devrait pas avoir autant d’importance dans la vie de quelqu’un. Les gens devraient pouvoir aimer qui ils veulent sans avoir peur d’être jugé. « Tu as bien fait de m’en parler. » Il me dit alors avoir de la chance de m’avoir et cela me fait chaud au cœur. Je viens doucement prendre mon visage dans mes mains et essuie doucement ses joues un peu humide à l’aide de mes pouces. « Mais moi je suis fière de toi. » Je lui adresse un sourire et reviens à nouveau le serrer dans mes bras quelques secondes. Je le garde contre moi, le laissant pleurer, parce qu’il a besoin de laisser un peu couler, de vider alors je me contente de caresser doucement son dos. Il finit par se séparer de moi. « Rho mais non, t’as rien gâcher du tout ! Regarde il y a encore des tonnes de choses pour se faire exploser la pense, et puis… Je suis contente que tu me l’ai dit. » Je viens embrasser sa joue et lui adresse un nouveau sourire. « Puis je suis là pour toi, tu peux me parler de ce que tu veux. Même si il y a un beau garçon qui fait craquer ton adorable bouille. » Je ris légèrement. Et pendant une seconde, j’ignore pourquoi je pense à Tad, au fait que l’on s’est rapproché tous les deux. Je secoue la tête pour ne pas y penser.
Archibald c’est le genre de garçon à tout garder pour lui jusqu’à exploser, le genre à rentrer chez lui et rester silencieux pour se contenir, le genre aux sentiments compliqués. Il a bien trop souvent le cœur, le ventre, l’esprit noué. C’est comme ça qu’il était, c’est comme ça qu’il est. Encore plus lorsqu’il cache des choses à ses amis. Lorsqu’il cache des choses à sa meilleure amie. C’est arrivé comme ça d’un coup, sans même qu’on ait le temps de dire ouf, cette attirance envers les hommes. Cependant, il l’a toujours ignoré et refoulé pour ne décevoir personne. Et voilà que le silencieux petit Archibald venait d’exploser.
« Je sais que cela ne changerait rien pour toi, rien de rien. Mais ce serait super étrange pour moi. Déjà que je n’arrive pas à tomber amoureux alors si en plus je tombe amoureux d’un homme… » avoua le plus âgé avant de rire doucement. Il se tourne à la dérision pour oublier le souci et pour que ses yeux humides et brillant retrouve un éclat naturel. Pas un éclat de tristesse. C’est con, de montrer ce que l’on ressent. Doucement, Ford serre les mains d’Oakley entre le siennes. Elles sont toutes douces et apaisantes, ça donne du baume au cœur. Il lui sourit d’un air tout de même assez triste et à la fois désolé de ne parler que maintenant. « Je pense que j’aurais dû te le dire avant mais je me trouvais… je n’en sais rien, bizarre tu vois ? » souffla-t-il avant d’ajouter : « puis tu sais à quel point je n’aime pas parler de ce qui me tracasse. »
« Pour le moment rien de concret, juste quelques.. enfin, je ne sais pas comment expliquer. Je te parlerais de quelqu’un seulement si c’est un véritable coup de cœur. Pour éviter que tu perdes ton temps et que je perde le mien. » il rit légèrement avant de glisser sa main autour des épaules de la jeune femme. Puis, de sa main libre il attrapa une chips qu’il glissa entre ses lippes. Exploit ! C’est si compliqué de faire manger Archi’ que cette chips peut devenir un véritable symbole.
« Assez parler de moi, je déteste être sous le feu des projecteurs. » il humecte lentement ses lèvres et d’un coup de menton, lui renvoi la question, « Et toi alors, les amours ? » un peu à la façon du tonton aux repas de famille. Celui qui arrive facilement à foutre la honte à son neveu ou à sa nièce. L’oncle chiant, c’est Archi, enchanté.
Archi est mon meilleur ami, l’une des personnes en qui j’ai le plus confiance dans ma vie, et de le voir douter, de le voir avoir peur d’assumer sa sexualité me serre un peu le cœur. Nous sommes en 2019, les choses ne devraient plus être ainsi, le fait d’aimer les hommes ou les femmes ne devraient même plus être quelque chose qui sort de la norme, quelque chose qui puisse faire hérisser les poils de certaines personnes. Être gay ou pas gay devrait être la même chose, pourtant ce n’est pas le cas. Il y a encore trop de gens dans ce monde qui sont con et qui n’accepte pas qu’un homme puisse aimer un homme ou qu’une femme puisse aimer une femme. Quand j’y pense, cela me tend, me met en colère. Je pose doucement ma main sur celle du brun en face des moi et l’écouter se confier, doucement, avec un peu de crainte dans sa voix, comme si il a peur que je le juge, que cela change les choses entre nous deux. « Tu tomberas amoureux, un jour, quand tu trouveras le bon. Ca viendra, il ne faut pas te presser. » Je lui adresse un sourire. Il vaut mieux attendre et tomber sur la bonne personne que de vouloir faire les choses trop vite et se prendre les pieds en tombant amoureux de quelqu’un qui n’est pas bon pour vous, comme je l’avais fait avec David. « Eh c’est pas grave d’accord ? Je suis contente que tu me l’aies dit, et si tu as besoin d’en parler, même maladroitement, je suis là pour toi, toujours. » Je viens tendrement embrasser sa joue. Je ferais tellement pour Archi.
Je lui demande alors, curieusement, si il y a quelqu’un dans sa vie, quelqu’un qui fait battre son cœur un peu différemment. Sa réponse ressemble bien à Archibald, il ne me parler de quelqu’un que si cela en vaut le coup. Je ne suis pas surprise de l’entendre dire ca et je laisse échapper un léger rire. « Ca marche, on fait ca alors. » Puis la conversation change un peu et je saisis mon mug rempli en même temps que mon meilleur ami. Je me laisse retomber en arrière dans le canapé alors qu’il me demande des nouvelles de mes amours. J’ai envie de rire un peu, parce que depuis David je ne cherche absolument rien et je ne trouve absolument rien aussi d’ailleurs. « Oh tu sais, le calme plat. Mais les choses me vont comme ca. Je crois que je ne suis pas prête de me lancer dans une relation de ci-tôt tu sais. Je suis bien toute seule. » Je lui adresse un sourire. « J’ai mes amis, ma famille, et ca me suffit. Il est temps de prendre un peu de temps pour moi. »
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Le poids sur mes épaules a disparu, peut-être pas complétement, mais une grande partie. Quelques jours plus tôt, lors du procès de David, celui-ci a été condamné à trois ans de prison et une grosse amende. J’aurais espéré plus, c’est vrai, mais je me sens déjà soulagé de savoir que pendant près de trois ans je n’aurais plus à le voir, que je n’aurais plus à avoir à le croiser un jour. À la suite du procès, mes parents nous ont emmené déjeuner quelque part et de passer du temps en famille m’avait vraiment fait du bien. Alors ce matin, en me réveillant, je me sens bien, je me sens calme, apaisée et je sens que la journée va être bien. En regardant la date, je me rends alors compte que nous sommes le 23 et que c’est la date de mon Noël avec Archibald. Archi et moi avons pris l’habitude de toujours passer notre après-midi et soirée du 23 ensemble, à s’échanger nos cadeaux, mais surtout à nous faire notre petit Noël tous les deux. C’est devenu une tradition que je ne voudrais rater pour rien au monde et que j’ai besoin de faire. Je profite donc de ma matinée pour me faire une bonne séance de sport, un footing suivit d’une séance de musculation. Il est sur les coups de onze heures lorsque je me glisse sous une douche. Je me sèche rapidement et enfile un short avant mon t-shirt de Noël, t-shirt que j’ai en commun avec Archi et qui fait également partie de notre tradition. Je me démêle rapidement les cheveux avant de préparer mon sac y mettant des paquets de bonbons achetés pour l’occasion, les cadeaux que j’ai acheté pour Archibald et quelques autres trucs. Je plante dans mes cheveux le serre-tête de Noël que mon frère m’a offert et vais à ma voiture. Une vingtaine de minutes plus tard, je me gare devant l’immeuble de mon meilleur ami, je monte rapidement les marches et sourit en voyant sa tête apparaître dans l’ouverture de la porte. « Helloooo ! » Je rentre dans l’appartement et embrasse sa joue au passage avant de retirer mes chaussures dans l’entrée dans son appartement. « Je suis paré pour notre super Noël, j’espère que toi aussi. » Je suis le brun vers le salon et ouvre mon sac pour déposer les cadeaux emballés sur la table basse. Je relève les yeux vers mon meilleur et remarque alors qu’il n’a pas son t-shirt. « Eh, eh ca va pas ca. Il est ou ton t-shirt Noël ? » Je fais une petite moue.
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