| | | (#)Mar 24 Déc 2019 - 5:05 | |
| La coupe de vin blanc entre mes paumes fait tache, comme si j'étais une adulte. Elle est là, elle me toise, j'en ai pris une gorgée je jure, mais il en reste et je me sens comme une gamine qui n'a pas sa place ici. Derrière ma silhouette désarticulée, c'est une de mes toiles approximatives qui est accrochée. J'y ai mis tous mes efforts, j'ai tout tenté. Mais c'est si peu encore, c'est pas assez. On m'a dit que ça allait, on m'a encouragée, mais je sais. Je sais que j'ai encore à apprendre, je commence à peine, je chambranle, je me questionne, je tourne en rond, j'apprends énormément.
Et y'a Auden. Auden qui n'est ironiquement pas là aujourd'hui, Auden qui se gêne pas pour me laisser quelques critiques, pour juger comme lui seul y arrive. À travers les commentaires de tout le monde, ce sont les siens et seulement les siens que j'enregistre, qui restent ancrés. Il parle de mes angles, il parle de mes teintes, il parle beaucoup et souvent trop, mais j'écoute, je sais faire que ça.
La soirée était censée être brève, à peine quelques toiles affichées, quelques étudiants mis de l'avant, un vernissage comme un autre et on n'en parle plus. Mais l'heure avance, et les avis sont bons et surtout, surtout, je me sens de plus en plus à ma place. À travers les artistes, à travers les gens qui parlent mon langage, à travers ceux & celles qui sont au-delà de ce que je connais, qui me prouvent qu'il y a autre chose, toujours mieux ailleurs. J'erre dans la galerie de l'Académie, on m'accoste peu, j'en tiens pas rigueur.
« Je lui dirai pas - » puis, y'a mon regard qui tombe sur sa silhouette, lui qui fixe, depuis bien trop longtemps pour que personne ne le remarque, le canevas de Williams, le seul de lui qu'on a affiché ce soir, celui qui a attiré des soupirs et des questions, surtout des éloges. « - que vous avez fixé sa toile aussi longtemps. » un fin sourire prend place sur mes lèvres, comme s'il était dans le secret, comme s'il ne savait pas dans quel piège il venait de sauter à pieds joints. La faute sur le vin, la faute sur l'impression d'être enfin là où je dois vraiment être ; et euphorique de l'être certainement. « Ça restera entre nous. C'est mieux de toute façon, pour son ego. » s'il ne connaît pas l'artiste, c'est là le meilleur scénario que je peux lui offrir.
Dernière édition par Ginny McGrath le Ven 10 Jan 2020 - 6:12, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 5 Jan 2020 - 16:16 | |
| Tout un putain de trajet en avion pour ne se retrouver que dans une galerie d'art. Un verre à la main - et le vin est dégueulasse - et les sourcils froncés, Saül détaille des yeux un tableau accroché au mur. Pour une fois, il tente de réellement suivre, d'essayer de comprendre. Les gens passent à côté de lui en utilisant des mots très compliqués qu'il attrape au vol sans pour autant y voir plus clair : ce qu'il voit, lui, c'est de la toile tendue et de la peinture visiblement jetée dessus. Sa tête penche un peu à droite, comme un cabot qui ne comprend pas bien pourquoi on lui hurle dessus.
C'est l'oeuvre de son frère qu'il observe, contemple, tente de décortiquer avec son peu de savoir artistique. Son frère, qui est où d'ailleurs ? C'est probablement mieux qu'il ne soit pas là, le cadet Williams. Parce que les deux frères n'auraient pas parlé d'art. C'est un langage que Saül ne maîtrise pas, ne maîtrisera pas, ne veut pas maîtriser. De temps à autre, sa tête penche dans l'autre sens. Son menton imite le plus lent des pendules. Il sent qu'encore une fois, il ne lui restera qu'à lire les articles qui parleront du vernissage, en espérant trouver du sens à tout ce qui l'entoure. Et puisque perdre son temps l'irrite plus qu'autre chose et qu'il n'est que de passage, le voilà qui s'apprête déjà à partir. Ou du moins y songe-t-il, encore retenu par la peinture qui perd d'autant plus son sens supposé que l'italien l'observe, dubitatif. Bientôt, c'est une jeune femme qui retient son attention, elle qui lui fait détourner la tête.
Si je la fixe depuis si longtemps, c'est parce que je ne comprends pas. Mais il n'en dira rien. Saül se contente d'un maigre sourire, pourtant franc. Pris au dépourvu, il songe en portant son verre à ses lèvres. Sa main libre s'enfonce dans une des poches de son impeccable costard. Il y a quelques années que le brun a pris l'habitude d'en faire sa seconde peau. « Vous le connaissez ? » Mon frère. « L'artiste. », précise-t-il en désignant l'oeuvre. Elle en a l'air, puisqu'elle parle de lui et de son ego. Il ne faut pas beaucoup se frotter à Auden pour comprendre cette partie de sa personnalité. « J'ai cru comprendre que tous les artistes étaient plus ou moins présents. » Sauf lui, évidemment. « Vous exposez, vous aussi ? » Du côté des étudiants, peut-être ? Saül ne sait pas faire la différence, de toute manière. Dans sa voix traînent encore des rayons du soleil Italien. |
| | | | (#)Ven 10 Jan 2020 - 6:25 | |
| « Vous le connaissez ? L'artiste. » une seconde et une autre. Ça me prend un petit moment, pour y répondre à celle-là, parce que « Oui, et non. » je suis consciente que c'est pas clair, ça l'est pas parfaitement pour moi non plus je dois dire. « En vrai je suis pas certaine que la moitié des histoires qu'il raconte soient vraies, alors j'anticipe. » j'anticipe que je connais d'Auden ce qu'il veut dire. J'anticipe qu'il a probablement monté une chronologie fausse sur toute la ligne, que la grande majorité de ses récits ne soit inspirée que des télé-films qu'il écoute entre deux sacrifices humains. Il a une aura de mystère autour de lui depuis la seconde où je lui ai parlé pour la première fois - c'est à dire où je l'ai supplié de me rendre mon devoir parce que c'est pas cool de piquer la feuille d'examen de quelqu'un quand elle a même pas eu le temps de voir ni sa note ni même les commentaires du professeur - et depuis, ça ne fait qu'aller en s'embrouillant à chaque nouveau détail qu'il ajoute à sa pyramide.
J'ai pas touché à mon vin, je saurais même pas quel goût il aurait, bien trop angoissée de faire une grimace en posant mes lèvres sur le rebord de ma coupe, de dévoiler ma pudeur à la salle entière. « J'ai cru comprendre que tous les artistes étaient plus ou moins présents. » est-il un nouvel enseignant? Un ami de ceux actuels? Peut-être qu'il vient d'un autre collège, qu'il est ici pour recruter. Peut-être aussi que je suis impolie, de le fixer à me demander qui, quoi, comment, pourquoi sans dire le moindre mot, en battant des paupières à la place. « Vous exposez, vous aussi ? » « Dans la salle derrière, à côté de l'annexe. » répondre du tac au tac ne sauvera pas les apparences ni même le malaise ambiant que je suis 24/7. Mais au moins, ça lui donnera quelque chose d'utile, une affirmation claire qui lui suggère que s'il est là pour le talent, c'est pas en passant des toiles d'Auden à mes croquis au pastel qu'il fera une bonne affaire.
« Il s'appelle Auden. L'artiste. » alors je reprends, sur un terrain qui me semble étonnamment moins glissant. « Mais vous avez plus de chances d'attirer son attention si vous le renommez "le meilleur peintre d'Australie". » et ça, c'est s'il daigne se présenter ce soir ce dont je douterai encore même quand l'horloge affichera 5 minutes avant la fin du vernissage. |
| | | | (#)Mer 15 Jan 2020 - 11:09 | |
| Saül ne touche plus à son verre. C'est probablement meilleur pour sa santé, de toute façon, même s'il voudrait bien s'occuper les mains d'un bon whisky - juste pour surmonter la journée. Oui et non. Alors quoi ? Les artistes sont-ils tous des indécis ? Voilà pourquoi il les a tant en horreur, lui qui prend toutes ses décisions d'un haussement de sourcils. « Oui et non ? », dit-il doucement à la suite de la jeune femme, pas très sûr de pouvoir obtenir plus d'informations de toute manière. Pourtant, la précision vient bien vite; et il l'accueille d'un soubresaut de la poitrine - ce qui s'apparente le plus à un rire. Saül ne l'a pas vu depuis un petit moment, son frère. Comment peut-il être certain que son don pour déceler ses mensonges soit encore d'actualité ? Il aimerait se trahir, dire à la jeune femme qu'il connaît le doute que soulèvent parfois les propos de son cadet. Au lieu de ça, il pose sur un plateau le verre qui lui encombre les mains - et qui, il en est sûr, lui contaminera le sang s'il continue de l'avoir sous le nez.
L'italien peut percevoir l'interrogation de la jeune femme, alors qu'il marmonne ses pensées peut-être un peu trop haut. Bien sûr, qu'il croyait trouver ici son frère. Le brun hésite, cependant, pas très sûr d'en avoir eu finalement envie. C'était peut-être tout au plus le défis, montrer à Auden qu'il pouvait aller et venir sur son territoire juste quand il en avait envie, qu'il ne connaissait rien à son milieu mais qu'il pouvait venir y parader comme bon lui semble, lui qui se planque derrière de chers costumes anglais. Ou peut-être qu'après tout ce temps... « On éclipse votre travail au profit de... » Il désigne le tableau de son frère. « ...ça ? » Saül est au bord de la franchise, de la raillerie moqueuse, mais garde toute sa familiarité pour lui. « J'aurais préféré tomber sur les vôtres. Je préfère ceux qui ont la franchise de venir défendre leurs œuvres. » Pour qu'ils puissent me les expliquer. Juste histoire de voler un peu de vocabulaires pour les prochaines fois. Quel arrogant.
« Auden. », qu'il répète d'une voix traînante, en opinant du chef. Des lustres qu'il n'a pas discuté de son frère, avec personne. Et lorsque c'est déjà arrivé, il s'est bien gardé de dévoiler leur affiliation, probablement par arrogance. Et de l'arrogance, il semble que Auden en a emmagasiné une certaine dose, depuis son départ d'Italie. Le meilleur peintre d'Australie - et puis quoi encore. Et en même temps, Saül se surprend à y croire - juste par arrogance pour l'idée qu'il se fait de la renommée de leur nom commun. Tout ce qu'il pige à l'art, c'est que cela se monnaye. « Et il les vend, ses peintures, j'imagine. Celle-ci a-t-elle déjà un heureux propriétaire ? » Lui qui a désigné l'oeuvre par un "ça" dubitatif voilà quelques minutes se présente maintenant comme un acheteur potentiel. On vit une drôle d'époque. |
| | | | (#)Dim 19 Jan 2020 - 4:39 | |
| Qu'il dépose son verre sur le plateau à côté de nous me fait l'effet du plus intense et confortable soulagement possible. Je l'imite donc, sans gêne aucune, bien plus à l'aise d'avoir mes deux mains libres pour les glisser dans les poches de la robe que j'ai étonnamment enfilée pour l'occasion. Elle n'a rien de féminin aux yeux de maman, j'en entendrai probablement parler pendant des jours, mais le simple fait de pouvoir me balader confortablement durant l'un des événements les plus stressants de mon cursus vaut tout l'or du monde.
« On éclipse votre travail au profit de... ça ? » mes sourcils se froncent, d'office. Même si Auden est une caricature en soit et qu'il vante tellement ses oeuvres qu'on en vient à être exaspérés à la seconde où il ne fait qu'ouvrir la bouche, j'aime pas qu'on le diminue comme ça. « On a deux styles différents. Ils allaient pas côte à côte. » alors je rattrape le tir, je le défends, me mords l'intérieur de la joue en parallèle, me jurant que jamais, jamais, jamais il n'en saura rien. Mieux. « J'aurais préféré tomber sur les vôtres. Je préfère ceux qui ont la franchise de venir défendre leurs œuvres. » « Il aurait adoré défendre son oeuvre avec vous, je suis certaine. » j'insiste sur le mot, qui remplace probablement tous les cogner, hurler, déchirer, empaler et autres synonymes du même genre de lexique.
L'entendre dire son nom, ça, c'est étrange. Ça sonne naturel, ça sonne italien presque, comme s'il avait la bonne prononciation et que nous tous on faisait que gratter les lettres ensembles sans qu'elles aient de vraies consonances. « Et il les vend, ses peintures, j'imagine. Celle-ci a-t-elle déjà un heureux propriétaire ? » il a l'air drôlement intéressé, pour quelqu'un qui critiquait y'a quelques minutes. Mais je dis rien, beaucoup trop occupée à scruter la toile et à imaginer le dit processus, me demandant si un jour ça m'arrivera à moi. Si un jour, j'aurai à négocier, si un jour je vendrai quelque chose. La simple idée m'enthousiasme autant qu'elle me terrifie. « Je pense qu'il ne veut pas la vendre celle-là. Ou du moins, c'est ce qu'il dira jusqu'à ce que vous sortiez le montant le plus haut que vous pouvez offrir. Là, il commencera la négociation. » c'est ce que je l'ai déjà vu faire en plus. On ne réinvente pas la roue.
On vient m'attraper au vol, j'ai même pas vu la personne derrière qui me pose une main sur le bras, qui m'amène en retrait. Mes excuses sont soufflées à l'inconnu que je perds de vue une seconde plus tard. C'est une chargée de cours dont j'ai oublié le nom mais qui adore Monet et Manet, les deux, ça m'a marqué parce qu'habituellement c'est l'un ou l'autre, jamais le duo. Elle parle d'une oeuvre manquante, elle me demande si je l'ai vue, me la décrit aussi. C'est hyper simple et je lui pointe la salle de classe où je l'ai remarquée pour la dernière fois. Au dernier moment, elle me délègue le boulot de ramener le tout dans la salle de montre. Une pièce moulée. Sur un socle. Deux fois ma taille. Quatre fois mon poids. J'y comprends rien, je fais un tour sur moi-même, cherche des alliés, ou au moins un.
Et mes prunelles retombent sur lui. Il est posté devant une autre toile d'Auden, c'est à n'y rien comprendre comment il les repère aussi facilement. Mon index tapote son épaule, j'attends qu'il fasse volte-face vers moi pour lui formuler mon plaidoyer. « Ça m'ennuie de vous demander ça - mais j'aurais besoin de quelqu'un pour m'aider à déplacer une structure de l'atelier à ici. Apparemment, je suis pas juste étudiante, j'ai été promue à assistante de vernissage y'a 5 minutes. » |
| | | | (#)Mer 5 Fév 2020 - 19:17 | |
| Deux styles différents. Saül repose ses yeux sur la toile de son frère, tente d'y déceler un style. Il n'y pige rien. Pour lui, tous les traits se ressemblent, ou presque. Les couleurs sont encore les seules aspects qui pourraient un tant soit peu le toucher. Ses yeux se baladent sur la toile de Auden comme s'ils voulaient en décoller la peinture, en faire sortir les mystères. C'est encore une barrière de plus entre son petit frère et lui, eux qui ne communiquent plus vraiment depuis des années déjà. Elles lui manquent parfois, ces soirées d'été. Plus qu'il ne voudrait bien l'avouer. « Il aurait adoré, mais il n'est pas là. », qu'il souligne à la suite, d'un sourire aimable. Elle a l'air de bien le connaître, cette jeune femme. Un peu trop pour ne pas piquer la curiosité de l'italien.
Bien sûr, qu'elle est à vendre. Bien sûr que non, il ne la négociera pas à un prix qui n'avoisinera pas des sommes astronomiques. Saül réprime un rire, en s'imaginant négocier avec son propre frère le fruit du travail de ce dernier. Combien peut-elle valoir, celle là ? L'habitation de Saül est froide, couverte de tableaux qu'il n'a acheté que pour les zéros qui défilaient derrière un nombre parfait, parce que la toile valait de l'or. Lorsqu'on lui demande, il improvise, ou laisse à Elise le soin d'expliquer l'achat des tableaux. Il a l'impression de Cosimo y est sensible, aussi. Et on se demande pourquoi. L'italien chasse cette pensée envahissante du revers de la main, replaçant correctement une mèche de cheveux rebelle qui obstruait jusque là une partie de son regard. « Je trouve que vous avez l'air de connaître ses habitudes, pour quelqu'un qui le côtoie "oui et non". », relève l'homme d'affaires, sur le ton de la remarque.
Et trop tard. On lui enlève sa source d'information. Il se sent lésé, l'italien. Ses yeux retrouvent la peinture de son frère. C'est de nouveau un contre un, maintenant que l'inconnue a filé, réquisitionnée par quelqu'un d'autre. Ses yeux impuissants se baladent une dernière fois sur cette peinture abracadabrante, avant qu'il ne se déplace pour en trouver une autre. Les traits sont différents, mais de la même main. Saül sait au moins reconnaître à Auden un talent éclectique, que ses yeux de novice à lui peuvent distinguer des autres toiles. C'est le seul adjectif qu'il pourra jamais accoler aux toiles de son frère. A nouveau, sa tête penche de droite à gauche. Discrètement, aussi, ses yeux cherchent l'inconnue qui a tant à dire sur son peintre de petit frère. Jamais son regard ne trouve la silhouette de la jeune femme, que l'on a dû demander dans une autre salle. Tant pis. Un regard à sa montre, et l'italien se donne encore dix minutes avant de déguerpir. Auden ne viendra pas, c'est évident. Saül se trouve idiot d'avoir pensé qu'il pourrait le croiser ici. Un instant, il hésite même à lui envoyer un message, mais songe qu'il ne saura pas l'écrire. Et alors que ses yeux se détachent de la toile, on vient à nouveau l'interrompre dans sa stérile contemplation.
Ils ont de drôles de manière, les gens, ici. Saül les trouve trop familiers, avec leur drôle d'accent. « Allons-y. Je ne suis plus à quelques minutes près. » Tant pis, s'il rate son avion. Il en prendra un autre. L'endroit l'ennuie, soudain. C'est déçu que Saül suit la jeune femme, où qu'elle l'emmène. Déçu, même s'il sait pertinemment qu'une rencontre avec Auden ne se fait jamais sans dommages. Sans électricité. « C'est de ça qu'elle est faite, votre vie, alors ? De peinture, et de... comment vous avez appelé ça ? 'Assistance de vernissage' ? » C'est à elle qu'il s'adresse, c'est la vie de son frère qu'il voudrait percer à jour. Étrange de s'y intéresser maintenant, en retard de nombreuses années. Son orgueil lui interdit de se pencher sur la question, il ne veut pas savoir ce qui le pousse toujours à surveiller sa fratrie - et surtout son petit frère - même au delà de l'océan. « Vous étudiez, vous exposez dans des salles annexes, et tout le monde s'intéresse au travail de cet Auden ? » Le voilà qui raille, de nouveau, sourire aux lèvres. C'est tellement plus facile de parler des absents - surtout de cet absent là. |
| | | | (#)Mar 18 Fév 2020 - 23:27 | |
| « Allons-y. Je ne suis plus à quelques minutes près. » « Je fais vite, promis. » personne n'y croit à ça. Personne ne croit que je sois en mesure de me dépêcher, que je ne risque pas de changer quatre fois d'idées simplement entre ici et la salle de montre. Je jure que j'ai de bonnes intentions le pire, je jure que j'ai pas menti, même si la notion de "faire vite" est très relative chez moi. Elle est entrecoupée d'idées qui se mélangent, de silences contemplatifs, d'inspiration qui apparaissent sans crier gare, elle n'est jamais à l'abri de la moindre distraction composée de toutes pièces par mes soins.
Mais il suit, le courageux. Il suit et tout de suite je me dis que j'ai peut-être là une chance de prouver que je ne suis pas qu'une tête en l'air, même si je suis la première à ne pas moi-même y croire. « C'est de ça qu'elle est faite, votre vie, alors ? De peinture, et de... comment vous avez appelé ça ? 'Assistance de vernissage' ? » il se moque et je ne lui en tiens pas du tout rigueur, son sourire en coin qui fait vite écho au mien. J'y suis habituée, aux commentaires sur mon choix d'étudier ici plutôt qu'à l'école d'architecture comme toute ma famille. J'y suis habituée et même s'il raille, il n'y a rien de méchant dans sa vanne, rien de blessant dans sa pique. « Peut-être que demain je serai prof et personne ne l'aura vu venir. » du bout des doigts je lui montre où se poster, la structure qui est lourde oui, mais qui au moins est montée sur des rails de façon à ce qu'à deux, elle ne risque pas de chavirer, ou pire de rester bloquée. « On fait de tout ici. Et pas juste déplacer des meubles. Ils nous laissent toucher à tout ce qu'on veut, faire des erreurs aussi. » un peu de sérieux est de mise, lorsque je fais le tour vie fait, m'assure que rien n'est dans le chemin, qu'on puisse procéder au déménagement sans rien abîmer au passage.
J'étais concentrée sur autre chose, qui ça étonne, lorsqu'il me ramène à l'ordre à nouveau. « Vous étudiez, vous exposez dans des salles annexes, et tout le monde s'intéresse au travail de cet Auden ? » et c'est drôle là. Parce que de l'entendre dire à nouveau le prénom d'Auden, ça me fait me demander quel est son prénom à lui. Il ne me l'a pas dit, je ne lui ai pas demandé, l'espèce d'aura de mystère qui plane me convient parfaitement au sens où j'ai passé ma vie entière à me contenter d'être dans l'ombre, et qu'encore une fois ça ne me dérange absolument pas de l'être quand il s'agit de Williams. « Je nierai tout en bloc au cas où vous lui partagez ce que je vais dire là. » que je murmure, alors qu'on commence le mouvement, qu'il tire et que je pousse. « Si jamais vous le croisez. Parce que même si vous savez pas il a l'air de quoi, vous saurez tout de suite que c'est lui. » je réitère, persuadée que même sans la moindre référence il serait amplement capable de le reconnaître dans une foule tant Auden prenait un malin plaisir à être remarqué par tous les moyens possibles et inimaginables. « Mais il est vraiment doué. » ça sonne comme une sentence presque. Parce que j'aurais aimé qu'il soit juste de l'égo, j'aurais adoré qu'il soit seulement un grand parleur, que les résultats ne concordent pas. J'aurais préféré qu'il ne fasse que parler sans rien prouver. « Il est d'une lourdeur incomparable et je suis sûre qu'avec les années il sera juste pire. Mais il a vraiment du talent. » mais à la place, le voilà qui a une réputation toute méritée. |
| | | | (#)Jeu 20 Fév 2020 - 20:49 | |
| Soudain, elle se transforme en professeure hypothétique, comme si cela donnait plus de crédibilité au monde de l'art. C'est du pareil au même, aux yeux de Saül. L'art, ça ne rapporte rien, sauf sur un coup de chance. C'est le nom qui fait la somme d'argent. Tout le monde fait genre d'y piger quoi que ce soit, mais en fait personne n'y comprend rien. On se moque des hommes d'affaires et de leur milieu très guindé, faux, reluisant.. Mais les peintres et eux ont au moins ça en commun : le théâtre. L'art de créer du vent. Tous des hypocrites. C'est à celui qui tirera le mieux possible son épingle du jeu, en espérant que ça soit une épingle qui rapporte gros. Pour l'instant, Saül s'en sort bien. A croire qu'il est né pour ça. « Pauvre de vous. Les étudiants sont de plus en plus distraits, de nos jours, je vous souhaite bien du courage. » Encore un métier qu'il n'aurait pas pu faire - prof. Jamais. Trop peu de patience. Une inclination trop aiguë pour la colère et l'emportement. Il tremble déjà rien qu'à l'idée de prendre des stagiaires, se sent déjà capable de les envoyer par la fenêtre ou de les pousser dans les escaliers. Les deux protagonistes se trouvent désormais devant la sculpture, que Saül observe de ses yeux ignares, alors que son interlocutrice vante les mérites de ceux qui gèrent l'endroit où ils se trouvent. L'italien est étrangement plus sensible à la sculpture qu'à la peinture. C'est peut-être un peu plus physique, plus "tactile", plus palpable, voilà pourquoi. « C'est une chance. De pouvoir évoluer dans un milieu qui vous convient aussi bien, où l'on vous laisse tant de liberté. » Lui ne se plaindra jamais de l'échelle de la société, qu'il gravit doucement mais sûrement, aussi silencieux qu'un serpent dans les herbes. Anguis in herba.
C'est encore au tour de Auden d'être le centre de la discussion - celui là, décidément, il n'a pas fini d'avoir les feux des projecteurs braqués sur ses épaules, même si son frère niera tout l'intérêt qu'il lui porte. Elle veut déjà nier, auprès de Auden, toutes les éloges émises devant Saül. Il souffle du nez, un maigre rire, en même temps qu'il tire la statue à travers la pièce. « Je ne partagerai rien du tout. », qu'il ricane par dessus son souffle, l'italien. Bien sûr que non, il ne partagera rien, sinon pour plaisanter un peu méchamment. Il ne dira rien parce que de toute façon, il ne dit plus rien à Auden depuis bien longtemps déjà. Il est fini, le temps des confidences. Maintenant, c'est au tour de l'ère des secrets de prendre de plus en plus de place... et la distance n'aide pas. « Si jamais vous le croisez. Parce que même si vous savez pas il a l'air de quoi, vous saurez tout de suite que c'est lui. » Si elle savait. Oh, si elle savait, oui. « Ha, vraiment. », qu'il lance, le sourire aux lèvres et dans la voix, pas vraiment sur le ton de la question. La voilà qui le qualifie encore de 'vraiment doué', le peintre de la famille. Doué pour quoi ? S'attirer des ennuis ? Ne pas assister à des événements familiaux ? Ne pas se pointer à un foutu vernissage où Saül espérait - sans vraiment y croire - le trouver ?
En tout cas, elle ne tarit pas d'éloges sur son talent, à Auden. Saül en vient presque à se demander s'il n'y a pas anguille sous roche - mais après tout, cela les regarde. Et elle ose, malgré tout, émettre une critique qui n'en est pas vraiment une. Oh que oui, avec les années, il deviendra pire, Saül n'en doute pas une seule seconde. « Si j'étais vous, je prendrais la fuite, alors. » Comme Auden l'a fait en partant d'Italie. Comme Saül l'a fait en partant pour le Canada, même s'il racontera que c'est par pure ambition professionnelle. Ils sont les champions de l'envolée sauvage. La sculpture prend la place qui lui revient et Saül cherche à nouveau les yeux de son guide. Son envie de retourner à sa vie, de reprendre l'avion, s'est un peu envolée. « Peut-être pourriez-vous me montrer vos œuvres à vous. » Assez parlé de Auden. « Elles m'apprendront peut-être votre prénom, ou au moins le nom sous lequel vous signez. » Parce qu'effectivement, ces deux là ne savent rien de l'identité de l'autre, même si Saül croit avoir une carte d'avance avec le nom qu'il porte. |
| | | | (#)Mer 26 Fév 2020 - 14:13 | |
| Il est confortable, le silence dans l'atelier. On entend toujours les voix en sourdine de l'autre côté du mur, le couloir les guidant jusqu'à nous comme si on s'était transformés en petits oiseaux dédiés à espionner le monde entier sans jamais se faire remarquer. « Je ne partagerai rien du tout. » un autre secret à deux, un autre sourire en coin partagé. Je devrais me méfier, c'est ce que tout le monde et mes parents, mon frère surtout me diraient. Me méfier de l'inconnu qui pose des tas de questions, à la montre et au sourire qui brillent, qui font que ça. Mais sa voix est pas brusque, ses gestes non plus. Il n'a rien de louche au sens où il ne me presse pas, et c'est bien suffisant pour moi. « C'est tout à votre honneur. »
La sculpture glisse doucement, on arrive à trouver un rythme qui fonctionne plutôt bien sans que je ne craigne une seule fois que la tour s'effondre au sol. Bon okay, mon coeur a manqué un battement et un autre, j'étais persuadée que mon orteil comme son pied en entier ne survivraient pas sur la fin, quand y'a fallu tourner le coin avant de revenir dans la salle d'exposition, mais somme toute, on s'en est bien tirés. « Si j'étais vous, je prendrais la fuite, alors. » le sourire du conquérant que j'exhibais fièrement en devient édulcoré. Il ne sait pas du tout à quel point il est juste, et surtout pas pour les raisons qu'il évoque. Parce qu'encore aujourd'hui, j'y pensais, à fuir. J'y pense tout le temps. À partir de chez mes parents, à partir de la classe, à partir d'ici. Y'a un paradoxe dans ma vie, au sens où tout ce que j'aime, je l'aime de tout mon coeur, intensément. Et tout ce qui me brise, tout ce qui me brime, tout ce qui me blesse me fait ressentir tout autant. « Pour aller où?» la question est aussi douce qu'horrible, quand je ravale mes pensées noires qui n'ont rien à voir avec le premier degré de son conseil si on le compare au second degré du mien. Je tartine le tout du masque arborant le sourire le plus forcé que j'ai en banque.
« Peut-être pourriez-vous me montrer vos œuvres à vous. » et le voilà qui ramène sa curiosité au premier plan, qui me sauve de me noyer dans mes pensées pour l'instant. « Elles m'apprendront peut-être votre prénom, ou au moins le nom sous lequel vous signez. » « C'est Ginny. » que je réponds, au taquet, absolument incapable de garder la moindre notion de mystère pour moi. J'ai brûlé les étapes et encore plus la fin, quand je lui tends docilement la main pour officialiser le plus naïvement, bien trop protocolaire, les présentations. « J'aurais dû garder la surprise hen? Mince. » je pouffe de rire, fronce du nez, lui laisse la liberté de se nommer ou de rester simplement l'homme sorti de nulle part, tantôt intéressé tantôt dévoué à déplacer le mobilier.
Mon regard l'invite dans un sens, mes pas le guident sans le presser vers l'annexe, obéissante. « J'expose de la photo. » on avait eu le choix du médium pour ce soir, là encore on nous laisse libres de jouer avec ce qui nous inspirait le plus, le mieux. D'où mes clichés exposés en retrait, d'où le mur entier que je finis par lui montrer, timidement j'en conviens. Je donne à peine de détails sur les visages pris en photo, leurs mains, leurs silhouettes. C'était un projet de documentation que j'avais mis toute seule sur pied au tout début de la session, tentant d'immortaliser des moments secrets, des instants sur le vif que les différents étudiants m'entourant avaient vécus sans même le réaliser. On les reconnaissait à peine, leurs traits qui se mêlaient dans des notions de lumière et d'ombre. C'était pas parfait mais c'était authentique - et ça m'allait. « Ce soir, en tout cas. » je finis par souffler, ma main rattrapant dans une presque panique mon carnet à dessins que je glisse sous mon bras, carnet que j'avais laissé traîner dans la pièce sans le réaliser, une vie plus tôt. |
| | | ÂGE : 40 ans. (25/12/1983) STATUT : Le divorce avec Ginny est acté, il a signé les papiers pour elle. MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder. LOGEMENT : Nouvelle maison flambante neuve à West End, où il se plaît à détester toutes choses et tout le monde. POSTS : 23730 POINTS : 270 TW IN RP : violence physique et verbale ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui CODE COULEUR : darkgreen RPs EN COURS : (05) › savannah #9 › james #25 › ginny #116 › akira › gideon
ginauden #116 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?
damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.
audeon #1 › uc.
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.
RPs EN ATTENTE : damon #16
willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.
RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens AVATAR : Richard Madden CRÉDITS : prettygirl (avatar) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › nicolemaiines (gif gideon) DC : Swann & AmbrosePSEUDO : Kaelice INSCRIT LE : 29/05/2019 | (#)Ven 20 Mar 2020 - 22:51 | |
| Je ne fais pas attention à qui est posé à côté d’elle parce que je ne me concentre jamais à ce sujet là, parce qu’ils sont tous aussi insignifiants les uns que les autres et personne de la masse qu’elle pourrait fréquenter ne m’intéressera jamais. Mes yeux restent résolument posés sur elle alors que j’arrive au milieu de la conversation sans me faire pardonner, quand je me place entre elle et le mur de photographies sans m’excuser à un seul moment d’en troubler l’observation. ”Je trouve pas les clés de la salle de l’Académie elles ont du tomber dans ton sac la dernière fois.” La dernière fois ou les dix autres avant, quand la salle strictement interdite au public est finalement devenue la nôtre entre deux cours pour lesquels je n’écoute rien, toujours trop occupé à gratter de mon compas dans le coin en bois de la table. ”Et passe moi ton carnet aussi j’ai besoin de retrouver ce que j’avais dessiné, c’est pour le projet de landscape tu sais et -” Le carnet entre mes mains, c’est naturellement que mes yeux ont fini par se poser sur les pieds de l’inconnu qui l’accompagne et que mon cerveau a fait le reste.
Ironiquement, je le reconnais avant même d’avoir vu son visage ni senti son eau de Cologne coûtant plus cher encore que n’importe laquelle de nos misérables vies. Je déglutis, referme son livre comme s’il s’agissait d’un secret et que par conséquent il n’avait aucun droit de regard dessus. Mes yeux s’enfoncent dans les siens, le toisent sans vergogne maintenant que les années de différence n’y font plus et que notre taille et carrure est identique. ”Qu’est ce que tu fous ici Massimo ?*” Ma voix est aussi dure que mes mots, ayant tout pour sonner comme des reproches parce qu’à mon sens ils en sont. L’art est dans ma partie du monde, les expositions ne l’ont jamais intéressé et quand il doit acheter un tableau hors de prix pour décorer son loft de merde, il envoie quelqu’un à sa place pour trouver le plus cher qui soit. Il ne se mélange pas à la basse population, je le sais, je le connais. ”Qu’est ce que tu lui as dit ?*”
* partons tous ensemble du principe qu’il parle en italien mais que je ne veux faire l’affront à personne d’un google traduction |
| | | | (#)Jeu 2 Avr 2020 - 22:08 | |
| « Pour aller où ? » Partout. Nul part. « Ah, c'est à vous de me le dire. » Il est fier de son air mystérieux. Étonné, aussi, de ne pas avoir déjà montré les dents. De ne pas s'être montré trop arrogant, trop insupportable. De toute façon, il faudra bien qu'il grimpe dans un avion à un moment ou un autre. La sculpture s'est immobilisée et Saül la contemple désormais, elle et la jeune femme dont il ne connaît encore rien. Son identité à elle ne tient qu'au fait qu'elle fréquente son frère, mais l'italien ne sait pas encore dans quelle mesure. 'Fréquenter' est d'ailleurs peut-être un bien grand mot, mais c'est faute de mieux qu'il se contentera de ce verbe là. « C'est Ginny. » « Enchanté, Ginny. » Et non, il ne lui en veut pas de ne pas avoir gardé le mystère jusqu'à ce qu'il ne découvre lui même son nom en petites lettres, sous ses œuvres. « Saül. », que ponctue simplement l'italien en serrant la main de Ginny. Voilà quelques temps déjà qu'il utilise ce second prénom, plutôt que le premier, comme pour forcer la page italienne à se tourner.
Ses pas suivent ceux de la jeune femme. « J'expose de la photo. » C'est peut-être la forme d'art à laquelle il est le plus sensible, avec la sculpture. Saül y trouve peut-être quelque chose de plus organique, de plus palpable, de plus réel. Ses yeux se posent sur le mur désigné par Ginny. Lui aussi il se sent photographe, quand il prend des photos des fleurs sur les falaises, lorsqu'il se trouve en voyage. Mais les photos qui se trouvent sous ses yeux lui font toucher du doigt l'humilité à laquelle il n'est pas vraiment habitué. « J'aime bien ce que vous avez fait. Avec la lumière. » C'est maladroit, mais c'est au moins un compliment. « C'est- » Mais des pas troublent la tranquillité de la salle. L'index encore en l'air, une question au bord des lèvres, Saül s'immobilise.
Saül s'immobilise, car c'est Auden qui vient les interrompre. Saül s'immobilise, car il attend que les yeux de son frère remontent jusqu'aux siens. Saül s'immobilise, car il ne l'attendait plus, ce frère, lui qui sait pourtant que Auden est le roi des apparitions surprises. Trop longtemps qu'il ne l'a pas vu, ce cadet qui a disparu à l'autre bout de la planète. « Auden. » C'est le ton du constat plutôt que celui de la surprise qui point dans sa voix. « Qu’est ce que tu fous ici Massimo ? » « Je suis content de te voir aussi. » A son tour de prendre l'italien pour échanger avec le plus jeune, en tournant les talons afin de lui faire face. Il a changé, Auden. Il a changé et les deux hommes ont désormais le même aplomb. Les mains croisées dans le dos, Saül détaille le peintre du regard. « Qu’est ce que tu lui as dit ? » « Rien qui te concerne. Comment te portes-tu ? Je n'ai pas été étonné de ne pas te trouver ici tout de suite. Tu exposes souvent sans venir toi même présenter tes œuvres ? » C'est une question pour deux autres, qui seront balayées par Auden à peine prononcées - l'aîné s'y attend. Sa visite est terminée avec la venue de son cadet, aussi étrange cela puisse-t-il paraître. N'était-il pas venu pour le trouver, son frère ? Mais la tension dans la pièce se fait déjà électrique. « Tu as le bonjour de Elise et de Cosimo. », qu'il lance, le nez levé sur les photographies de Ginny. Ses yeux retrouvent ceux de Auden, alors qu'un léger sourire goguenard se pose sur son visage. Un sourire qui ne monte pas jusqu'aux yeux. Voilà que l'aîné reprend l'anglais pour se sortir de cette conversation qui menace d'être houleuse. « Ginny est plus dévouée que toi à son art, visiblement. » Le bleu de ses prunelles glisse, en un battement de cils, jusqu'à celles de la jeune femme. « Ginny, je vous présente mon frère. », qu'il rétorque sans se croire drôle, mais en affichant malgré tout un sourire en coin très véritable.
Tout ce qui en italique dans les dialogues est en italien. |
| | | | (#)Jeu 2 Avr 2020 - 22:51 | |
| Ses yeux se perdent sur mes photos, et les miens fuient dans la seconde, trop pudique, trop interdite, trop mal à l'aise pour découvrir la moindre de ses réactions au fur et à mesure où il découvre mes photographies. J'ai depuis un moment déjà franchi l'étape où exposer mes oeuvres ne me donnait plus aucune crise d'angoisse, j'en suis encore à faire les plus minuscules pas du monde lorsqu'il s'agit de rester dans la même pièce que quelqu'un scrutant mes projets et émettant des commentaires même dans le plus grand et le plus terrifiant des silences.
« J'aime bien ce que vous avez fait. Avec la lumière. C'est- » mais il parle Saül, il parle et il complimente et je redresse le menton vers lui, ses prunelles comme son ton qui ne semblent en rien forcer quoi que ce soit. Il ne ment pas, il parle de lumière, il allait ajouter quelque chose et le reste de sa phrase reste dans le plus traumatisant des suspens quand tout ce que je souhaite est d'entendre la fin de son idée mais que tout ce que souhaite Auden est d'envahir ma bulle comme lui seul sait si bien le faire. ”Je trouve pas les clés de la salle de l’Académie elles ont du tomber dans ton sac la dernière fois.” « C'est toi qui les avais je te l'ai dit mille fois déjà. » je sais exactement de quelle salle il parle, je sais exactement de quelles clés il parle, et je sais exactement quelle affirmation j'ai lâchée à ma défense plus de fois que je n'ai de doigts pour les compter tant je suis sûre qu'elles sont dans son jeans, pas celui-là, l'autre avec du corail dessus parce qu'il est passé trop proche de ma toile la dernière fois, parce que je l'ai volontairement taché pour l'en punir, la dernière fois. ”Et passe moi ton carnet aussi j’ai besoin de retrouver ce que j’avais dessiné, c’est pour le projet de landscape tu sais et -” il demande mais il prend, je râle mais je le laisse faire, la chorégraphie déjà si bien exécutée que mes critiques me semblent bien obsolètes. « Il est à la fin ton dessin pas besoin de brouiller les pages comme ça tu vas les déchi - »
« Auden. » « Oui, c'est lui, bien joué.»
J'avais dit qu'il saurait de suite l'identifier, je n'avais à aucun moment douté de la véracité de mes propos. Ce dont je doute par contre, c'est de ma place entre eux deux, quand ils passent de l'italien à la rage aux deux mots, quand l'un toise et que l'autre grogne, quand Saül reste stoïque et qu'à la seconde où Auden arrête de parler pour laisser aller un souffle qui n'augure rien de bon ma paume se place d'office sur son avant-bras sans même que je ne le calcule.
« Ginny est plus dévouée que toi à son art, visiblement. » mon nom qui fait office de piqûre de rappel quand je me souviens être ici et maintenant, quand j'ai arrêté de me demander si à un moment ils ont pas parlé en espagnol aussi. « Ginny, je vous présente mon frère. » « Oh. » le quiproquo aurait pu être fun, si j'avais pas vu la veine dans le cou d'Auden qui menaçait de sortir de sa chair tant elle gonflait.
Alors j'improvise, alors j'ose le sourire le plus rassurant que j'ai en banque même si je ne sais pas du tout qui je dois rassurer ni pourquoi, l'honnêteté qui vient après quand je tourne la tête vers Auden après un coup d'oeil partagé avec son frère que j'ai voulu le moindrement complice pour quelqu'un que je connais depuis à peine une heure. « Je lui ai dit que t'étais doué mais si tu le répètes une seule fois devant qui que ce soit d'autre t'es mort Williams. » |
| | | ÂGE : 40 ans. (25/12/1983) STATUT : Le divorce avec Ginny est acté, il a signé les papiers pour elle. MÉTIER : Meilleur peintre d'Australie. Il n'a rien peint depuis deux ans, le sujet est automatiquement censuré pour quiconque tente de l'aborder. LOGEMENT : Nouvelle maison flambante neuve à West End, où il se plaît à détester toutes choses et tout le monde. POSTS : 23730 POINTS : 270 TW IN RP : violence physique et verbale ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Né en Italie, il est bilingue › Bisexuel assumé depuis toujours, les états d'âme féminins l'agacent pourtant › A quitté l'école à 16 ans pour vagabonder en Italie, c'est à partir de là qu'il a commencé à travailler son art › La peinture est sa raison de vivre, il touche à toutes les formes d'art par besoin de créer › Ne boit pas, ne fume pas (longue histoire) › Ambidextre › Égoïste, rancunier, colérique, manichéen, un vrai Enfer à vivre au quotidien › Père de Damon (2000) et de Sloan (2020), deux mères différentes qui le détestent › Fuit dès qu'il développe des sentiments pour autrui CODE COULEUR : darkgreen RPs EN COURS : (05) › savannah #9 › james #25 › ginny #116 › akira › gideon
ginauden #116 › can you hear the rumble that's calling? i know your soul is not tainted even though you've been told so. i can feel the thunder that's breaking in your heart, i can see through the scars inside you. now there is nothing between us. from now our merge is eternal. can't you see that you're lost without me?
damen #15 › my high hopes are getting low but i know i'll never be alone. it's alright, we'll survive 'cause parents ain't always right. every morning he would wake up with another plan. mum and dad, they couldn't understand why he couldn't turn it off, become a better man. all this therapy eats away gently at the side of hid mind that he never had. this story told too many times.
audeon #1 › uc.
famiglia: savannah #9 › intense, graphic, sexy, euphoric, provocative, edgy, thought-provoking, technically and visually stunning. a compelling work of science fiction, a suspenseful exposé. cinema like you've never seen it before. the exotic, bizarre and beautiful world. this is your invitation to enter.
RPs EN ATTENTE : damon #16
willton #25 › don't tell me this is all for nothing. i can only tell you one thing: on the nights you feel outnumbered, i see everything you can be. i'm in love with how your soul's a mix of chaos and art, and how you never try to keep 'em apart.
RPs TERMINÉS : (beaucoup.)
cf. fiche de liens AVATAR : Richard Madden CRÉDITS : prettygirl (avatar) › harley (gif damon & james) › fuckyou (gif ginny) › nicolemaiines (gif gideon) DC : Swann & AmbrosePSEUDO : Kaelice INSCRIT LE : 29/05/2019 | (#)Mar 7 Avr 2020 - 4:00 | |
| La seule présence de Saül face à moi suffit à me faire ressentir l’équivalent de mille coups de vent en même temps. L’ambiance est froide et pesante, cela ne l’étonne plus et moi encore moins. Cette fois ci pourtant Ginny est entre nous, elle qui n’a rien demandé, elle qui n’a pas eu le droit au compte rendu express de la relation que j’entretiens avec celui pour qui le qualificatif de frère perd tout son sens.
« Auden. » « Oui, c'est lui, bien joué.» Oh, Ginny.
Elle a les yeux qui brillent et elle croit assister à une scène émouvante, ses yeux qui hésitent entre se poser sur moi ou sur lui alors elle fait des va et vients entre nous deux, heureuse pour trois. Pourtant je place mon épaule devant elle par réflexe sans lui accorder un regard de plus, comme s’il allait vouloir la frapper avec autant de hargne que moi je veux le frapper. Jamais je ne sous entendrais qu’elle a besoin de qui que ce soit pour la protéger, la gamine, mais là tout va bien plus loin que ça. Tout est bien plus complexe qu’elle ne peut l’imaginer et je ne compte lui laisser aucune marge de manoeuvre à lui, l’inconnu, que ce soit en accordant un regard à la brune ou en lui montrant de quelque manière que ce soit que s’il la touche il est un homme mort.
« Je suis content de te voir aussi. » Les insultes s’entassent dans mon esprit, italien ou anglais il peut choisir. Cela m’étonne qui puisse encore parler notre langue maternelle, lui qui a mis tant d’efforts pour cacher son accent et prendre l’américain de notre père. « Rien qui te concerne. Comment te portes-tu ? Je n'ai pas été étonné de ne pas te trouver ici tout de suite. Tu exposes souvent sans venir toi même présenter tes œuvres ? » Comment te portes-tu, comme s’il en avait réellement quelque chose à faire et qu’il n’était pas simplement en train d’allonger la conversation pour paraître présentable aux yeux de la brune et lui laisser croire une minute de plus qu’il est quelqu’un de bien. Comment te portes-tu, la réponse consisterait simplement à observer tous mes muscles qui se contractent, chacun prêts à recevoir des coups autant qu’à en donner ; sûrement que ça signifie ‘on ne peut mieux, et toi ?’ dans les familles normales que je ne connais pas. « Tu as le bonjour de Elise et de Cosimo. » Mon souffle se fait entendre plus que jamais sur ces dernières paroles en italien et au lieu d’emporter toute ma rage avec lui il ne fait qu’au contraire la rendre plus forte encore. Il n’a pas le droit de jouer à ce jeu avec moi, encore moins ici, encore moins maintenant. Il est sorti de ma vie il y a bien longtemps de cela et plus jamais il n’y retrouvera sa place, c’est une certitude. Seuls les doigts de la peintre autour de mon avant bras semblent calmer le jeu, pour une seconde au moins. Tout est à reconstruire dès celle qui vient ensuite.
« Ginny est plus dévouée que toi à son art, visiblement. » Ginny, Ginny, Ginny. « Ginny, je vous présente mon frère. » « Oh. » Ginny, Ginny, Ginny. Il répète encore et encore, le seul prénom qu’il a retenu dans toute son existence autre que le sien. Ginny, Ginny, Ginny. Le secret qu’il fait voler en éclat et nos liens avec, ça ne devrait pourtant pas m’étonner. Ginny, Ginny, Ginny. T’as pas intérêt de la mettre au milieu de tout ça.
Elle tente au mieux, pourtant. Elle ne sait pas au milieu de quoi elle est mais elle essaye de toute son âme et de toute son coeur et c’en est presque touchant qu’elle pense réellement que cela suffira à arranger quoi que ce soit. « Je lui ai dit que t'étais doué mais si tu le répètes une seule fois devant qui que ce soit d'autre t'es mort Williams. » Le t’es mort Williams aurait été prononcé d’une manière bien différente si j’avais dû le dire à mon aîné mais elle m’arrache un sourire, la gamine. « Tu ne t’intéresses pas à l’art. Ne fais pas semblant aujourd’hui, épargne toi de ton précieux temps. » On peut repasser à l’anglais si c’est ce qui semble tant l’amuser. Mes secrets ne sont pas plus imposants que les siens, il cédera avant moi. « Je te fais grâce du moment où je te demande comment tu vas sans rien n’en avoir à faire de ta réponse, tu diras ce que tu veux à Elise et Cosimo. Continue sûrement le récit selon lequel je suis mort, c’est le mieux pour tout le monde. » La famille est sacrée en Italie et dès le moment où j’ai changé de pays et où je suis parti sans un regard en arrière, j’ai quitté cette dernière. Je suis donc mort à leurs yeux et cela me convient très bien ainsi. « Ce n’est pas ta place ici. »
italianooo
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| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 16:11 | |
| Voilà que les plans changent, que les cartes sont à nouveau redistribuées au dessus de la table. « Oui, c'est lui, bien joué. » Evidemment que c'est lui. Qui d'autre pourrait arriver ici et maintenant, alors que l'aîné semblait prêt à prendre le prochain avion ? Les choses sont parfois bien faites. Les deux hommes passent à l'italien. Saül est l'instigateur de la conversation banale, comme si ces mots là avaient quelque chose à faire ici. Il tâte de le terrain, voilà tout. C'est important, après tant de temps sans se voir, non ? C'est ce que font les familles, habituellement. Saül repère la main de Ginny, sur l'avant bras de son frère. Il en vient à se demander quel est le véritable lien qui unit les deux jeunes gens.
Elle s'interpose, Ginny. Elle s'interpose et elle calme le jeu, à sa façon. Saül dépose sur elle un regard indifférent, mais qui a le mérite de changer de celui, goguenard, qu'il réserve à son frère. « Je lui ai dit que t'étais doué mais si tu le répètes une seule fois devant qui que ce soit d'autre t'es mort Williams. » Il le voit bien, le sourire de son cadet. Il le voit bien et il s'interroge de nouveau, proche d'en avoir quelque chose à faire - pour changer un peu. « Tu ne t’intéresses pas à l’art. Ne fais pas semblant aujourd’hui, épargne toi de ton précieux temps. » « Je suis le seul juge de ce que j'en fais, de mon précieux temps. » Non, bien sûr qu'il ne s'intéresse pas à l'art, sinon pour sa valeur monétaire. Voilà qui lui parle, la monnaie sonnante et trébuchante, plus que des traits sur une toile. C'est tout de suite plus organique, même lorsqu'il s'agit de chiffres sur un compte en banque. « Je te fais grâce du moment où je te demande comment tu vas sans rien n’en avoir à faire de ta réponse, tu diras ce que tu veux à Elise et Cosimo. Continue sûrement le récit selon lequel je suis mort, c’est le mieux pour tout le monde. » Aux trois premiers mots, l'aîné lâche un rire dénué de chaleur. « Cosimo demande parfois après son oncle, quand il te voit sur les photos de famille. » Elles sont rares, mais couvrent pourtant les buffets de leur présence, chez les époux Williams. La famille, c'est toujours une pente glissante. Surtout depuis quelques années. « C'est toi qui te veux mort, Auden. Personne ne t'a jamais empêché de venir à noël. » Pas à haute voix, du moins. Tout le monde l'a toujours fait silencieusement. C'est comme ça que les fêtes se passent tranquillement. Le calme a un prix que tout le monde a visiblement été prêt à payer.
« Ce n’est pas ta place ici. » « Ma place est où je veux qu'elle soit. » Il ne s'est jamais gêné pour s'inviter partout, Saül, et surtout là où on ne voulait pas de lui. C'est comme cela qu'on se forge une réputation, quelle que soit la nature de cette dernière. Les mains croisées sur les reins, il repose ses yeux bleus sur Ginny. « Je crois que je suis chassé. Ce fut un vrai plaisir, Ginny. Si vous avez besoin de financements, n'hésitez pas. Saül Williams, c'est très facile à taper sur google. » C'est trop tentant, d'envoyer une dernière provocation à son frère. Il en jubilerait presque, le trentenaire. Le voilà qui se détourne, ses mains luisantes d'or encore croisées dans le bas de son dos. « N'oublie pas d'envoyer des cartes postales aux petites sœurs de temps en temps, Auden. » Elles, elles n'ont pas oublié que tu existes. En italien. |
| | | | (#)Dim 19 Avr 2020 - 18:32 | |
| « Tu ne t’intéresses pas à l’art. Ne fais pas semblant aujourd’hui, épargne toi de ton précieux temps. » « Je suis le seul juge de ce que j'en fais, de mon précieux temps. »
C'est lâche, c'est dramatiquement lâche, mais je cherche désormais des yeux l'issue la plus proche. J'ai pas envie d'être témoin de quelque chose qu'Auden voudrait garder pour lui. Jamais je lui ferai l'affront de rester là, ambiante et inutile, à écouter des détails et des attaques et des piques entre eux deux quand j'en ai aucunement le droit. C'est à eux ça, je le sais pour avoir les mêmes référents, sujets différents mais attitudes et tons similaires, avec Matt, avec Jill. Les disputes et les familles éclatées, les conversations difficiles et les regards voilés, c'est pas quelque chose auquel je ne suis pas familière mais ce n'est pas une raison pour rester, et encore moins pour avoir laissé ma paume sur son bras tout ce temps.
« Je te fais grâce du moment où je te demande comment tu vas sans rien n’en avoir à faire de ta réponse, tu diras ce que tu veux à Elise et Cosimo. Continue sûrement le récit selon lequel je suis mort, c’est le mieux pour tout le monde. » « Cosimo demande parfois après son oncle, quand il te voit sur les photos de famille. » il s'avance un peu Auden, il fait un pas je crois, ma main se dégage de lui dans l'instant. Entre temps j'ai rattrapé mon carnet avec lequel je joue distraitement, pliant les coins des pages comme si ça me donnait une occupation, une raison d'être. La vraie vérité c'est que je ne veux pas partir pour être certaine qu'il n'initie aucun coup, ou pire qu'il en reçoive un. Mais jamais je ne le dirai à voix haute ça, jamais il ne me laisserait le dire de toute façon. « C'est toi qui te veux mort, Auden. Personne ne t'a jamais empêché de venir à noël. » j'inspire, ravale, tourne une ultime page, redresse le menton lorsqu'Auden passe à l'italien, que son frère renchérit en anglais. « Ma place est où je veux qu'elle soit. »
Le glas tombe, l'épée de Damocle est toujours là mais ils me semblent avoir chacun tourné la page non sans y avoir ajouté une salve de regards noirs à la clé. « Je crois que je suis chassé. Ce fut un vrai plaisir, Ginny. Si vous avez besoin de financements, n'hésitez pas. Saül Williams, c'est très facile à taper sur google. » ma tête se tourne lentement vers Saül, y'a un sourire désolé sur mes lèvres pour je ne sais pas quelle raison. J'imagine que je suis désolée qu'ils en soient venus à ça, j'imagine que je suis désolée qu'il ait cherché son frère toute une soirée pour finir par le trouver de la plus bafouée des façons. J'imagine que je suis désolée qu'il reparte aussi vite et que les pots semblent encore plus cassés. Et j'imagine que je suis désolée également pour la révérence guindée qui sert strictement à rien mais que je lui fais, baissant la tête et pliant le genou, pouffant presque mais retenant ma connerie de gamine polie élevée par des parents qui l'étaient clairement trop en pinçant les lèvres.
Il sort, et le silence pèse pendant de longues minutes avant que je fasse volteface vers Auden. Auden qui n'est étonnamment pas parti aussi vite et de son propre côté, lui aussi. « Les clés sont dans mon casier. Je voulais juste te faire rager en pensant que tu les avais perdues. » ça, c'est un exit plan au cas où il veuille passer sa rage sur un élément futile plutôt que sur les vraies raisons. C'est aussi une tentative de lui ouvrir la salle s'il veut parler, ou même s'il veut juste rester là, en silence, aussi longtemps qu'il voudra, avec ou sans moi. |
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