I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
La valeur qu'attachait Jamie à la fratrie était inestimable, certainement bien plus que l'amour qu'il portait à Joanne. Cette dernière savait qu'il allait le faire réagir en se montrant aussi virulente avec son frère aîné. Déçue de son manque d'ouverture et de sa compréhension, elle ne savait plus ce qu'elle devait penser de ce Reever qu'elle avait adoré, voire même vénéré pendant tellement d'années. Son coeur était partagé. Il aura toujours énormément d'influence sur elle, mais elle doutait de sa capacité à l'éloigner de Jamie. Ce dernier s'était montré violent envers elle, même si ça avait pu être bien pire. Il avait regretté ses actes la seconde après avoir réalisé qu'il avait blessé la personne qu'il chérissait le plus au monde. Il pensait que tout était perdu. Certains traiterait ce couple dingues, malsain au possible. Il suffisait de s'y intéresser de plus prêt pour comprendre leur manière d'être ensemble. C'était inconditionnel et intemporel. Le genre d'amour qu'on ne croit plus exister à l'heure actuelle, alors qu'il était bien là, instauré entre eux depuis quelques mois. "Mais là, il veut me protéger de toi." dit-elle d'une voix étouffée. Là était tout le problème. L'amour fraternel s'opposant à l'amour de toute une vie. Cette confrontation était d'une cruauté sans pareille aux yeux de la jeune femme, qui se trouvait bien au milieu de la situation, mais ne savait que faire. Joanne avait vu la surprise du bel homme lorsqu'elle lui demanda de l'embrasser. Il devait penser que c'était une demande bien étrange, venant de celle qui venait de dire qu'elle avait besoin de prendre un peu ses distances afin de reprendre leur relation sur des bases plus tolérables pour la population lambda. A sa demande, elle sentait le rythme de son coeur s'accélérer sensiblement, s'attendant à ce qu'il se refuse à céder à ce genre de tentations. Il ne dit aucun mot, préférant agir, utiliser ses jambes, ses bras. Ce qu'il ne tarda pas à faire lorsqu'il s'installa à sa gauche, bien plus près qu'avant. La respiration de Joanne était haletante, une certaine appréhension nouant son estomac. Toutes ses émotions étaient mêlées, formant un pot pourri parfaitement incompréhensible. Jamie s'arma de la plus grande et la plus belle des délicatesses pour la toucher à nouveau. La dernière fois qu'il avait posé sa main sur elle, c'était pour la retenir de partir et de la bousculer à terre. La belle blonde retenait sa respiration, ne quittant pas les yeux de Jamie, incertaine, alors qu'elle sentait une première main se déposer tendrement sur son épaule. Elle ne put s'empêcher de faire un léger sursaut, même si tout allait parfaitement bien. Son autre main vint se poser sur sa taille avec la même attention. Jamie faisait attention à chacun de ses gestes afin de ne pas l'effrayer, contrôlant brillamment sa hâte de la sentir près de lui. Il la serra un peu plus contre lui, ce qui fit instantanément accélérer le coeur de Joanne. Entre les récents événements et l'ignorance qu'il s'étaient portés l'un à l'autre ces dernières semaines, cela lui semblait une éternité, depuis la dernière fois qu'il la prise dans ses bras, l'embrassa sur son front. Malgré elle, des larmes nouvelles déferlèrent sur ses joues. Elle trouvait ça injuste de s'aimer autant mais d'être freiner et stopper par des événements qui s'y opposaient parfaitement. Elle trouvait ça injuste de devoir se montrer raisonnable pour ne pas être prise pour une folle à lier, prête à retomber dans les bras d'un homme qui l'avait violentée. Elle savait qu'il n'était pas lui-même à ce moment là, elle savait qu'il regrettait amèrement ses gestes, ses paroles, qu'il ferait tout son possible pour se faire pardonner. Elle l'avait pardonné, elle aurait tellement aimé rester dans ses bras, rentrer avec lui dans leur maison, et s'aimer autant qu'ils pouvaient le faire. Alors pourquoi y avait-il encore cette appréhension de s'approcher de lui, cette peur qu'il ne recommence une nouvelle fois ? Elle croyait sur paroles qu'il voulait guérir de ce mal, certainement du au fait qu'il ait grandi dans une famille empoisonnée par des vices qu'elle ne pouvait même pas imaginer. Tout était si injuste. Jamie attendit un long moment avant d'approcher son visage du sien, et déposer d'une très grande lenteur ses lèvres sur sa belle. Ce contact lui octroya un frisson, avec cette étrange sensation d'être désirée à nouveau. Le premier baiser était discret, presque hésitant, alors que le second était rempli d'amour, un peu plus long que le précédent. Bien sûr, elle avait répondu à ses baisers, c'était plus fort qu'elle. Joanne n'avait bougé aucun de ses membres depuis qu'il était venu se coller à elle. A la fin de leur baiser, elle le regarda, déchirée entre toutes ces émotions. "Pourquoi faut-il que tout soit si injuste ?" dit-elle, en suivant le cours de ses pensées. Jamie n'y comprendrait pas grand chose, selon elle. L'influence qu'avait Reever était bien présente, malgré elle, et elle s'en passerait bien. "Comment tu fais ?" lui demanda-t-elle à voix basse, sans quitter une seule fois son regard. "Comment tu fais pour...avoir tout ce pouvoir sur moi ? Qui me fait oublier l'espace d'un instant tous nos malheurs ? Qui... m'incite à n'être qu'auprès toi alors que tout le reste me dit de prendre mes distances pendant un moment ?" Il fallait qu'il admette qu'il avait certainement autant d'emprise sur elle que son frère. Elle espérait qu'il comprenne sa situation, pourquoi elle se sentait partagée. "Depuis l'hospitalisation, je me suis déjà demandée plusieurs s'il n'était pas possible de mettre tout ça dans un carton, et partir en voyage et faire comme si de rien n'était. Comme Londres. En dehors du temps et de l'espace, en dehors de tout." Joanne regardait dans le vide. "Alors que tout ce qui m'entoure et une partie de moi me dit qu'il faudrait reprendre notre relation sur certains points. Je suis totalement perdue."
« Et pour l'instant, il a raison. » Même si ces mots me coûtent, je ne peux que l'avouer. Je sais que je ne pourrais plus faire de mal à Joanne, que je n'en suis plus capable. Je ne me vois plus comme une menace pour elle, seulement une personne cherchant désespérément à faire son bonheur. Mais tout cela, Reever ne le sait pas. Il n'a vu qu'un homme étrange rôdant autour de sa sœur, en sachant plus que lui à son sujet, et ce que Joanne a pu lui dire à mon propos n'a pas dû le rassurer. Ce n'est qu'un homme inquiet. Qui joue son rôle de frère à la perfection. Pour cela, je ne peux pas lui en vouloir. Ayant moi-même eu à jouer les anges gardiens parfois, et me sachant moi-même terriblement surprotecteur en plus d'être possessif, je sais que toutes les actions, bonnes ou mauvaises, ne sont motivées que par l'envie de bien faire et sauvegarder la personne aimée. Ce genre d'influence peut être terrible. Je suppose que je ne devrais pas me ranger du côté de la personne la plus à même d'éloigner définitivement Joanne de moi, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que si la jeune femme était ma sœur, à la place de Reever, je serais au moins aussi virulent que lui pour son bien. C'est une des choses que je dois tenir d'Oliver. Lui n'hésitait pas à m'enfermer dans ma chambre pour me préserver lorsqu'il le pensait nécessaire. Légèrement excessif. Ayant eu l'autorisation inespérée de prendre Joanne dans mes bras, je ne me suis pas fait prier pour passer mes bras autour d'elle et la serrer tendrement contre moi. Le visage enfoui dans ses cheveux blonds, je profite de chaque seconde. Ma main sur mon épaule la caresse lentement, régulièrement. Lorsqu'elle frôle sa joue, je sens les sillons humides créés par de nouvelles larmes. La savoir pleurer me fend le coeur. Je passe tranquillement mon pouce sous ses paupières rougies pour essuyer ces pleurs, relevant légèrement son visage pour m'appliquer dans ce geste, mon regard dans le sien. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans son esprit pour la mettre dans cet état, s'il s'agit de la peur, de l'avortement, de nous deux. Des trois à la fois. Je me contente de me faire rassurant, même si je veux bien croire que je ne suis pas la personne auprès de qui elle se sente le plus en sécurité en ce moment. Et après plusieurs minutes passées à la consoler, je m'aventure enfin sur ses lèvres salées par quelques larmes. La main posée sur son visage continue de caresser sa joue. Je savoure ce contact, le tatoue sur ma peau. Bien sûr, ces baisers ne sont que trop courts. Je dois m'obliger à être raisonnable, ne pas poursuivre plus longtemps. M'arracher de son emprise à contre coeur. La jeune femme se pose cette question qui me hante parfois. J'aimerais que tout soit simple, limpide, et que l'on cesse de subir tous les bâtons dans les roues que le monde a décidé de glisser sur notre route. Elle pense que je suis doté de je ne sais quel pouvoir qui l'empêche de prendre une décision et de s'y tenir. Pourtant, le seul don que je peux me trouver, c'est ce talent certain que j'ai pour l'éloigner de moi un peu plus à chaque erreur que j'ai pu commettre. « Mon pouvoir est légèrement en panne si tu veux quand même prendre tes distances. » dis-je avec un léger sourire. Je ne veux pas qu'elle se sente mal parce que qu'elle fait ce qui lui semble bien. Elle n'a pas à se blâmer de vouloir penser à elle, à son propre bien, à son bonheur. Cela semble passer par une période d'écart physique entre nous deux, c'est une idée récurrence qui lui est parfois difficile d'assumer. Mais pour une fois, elle doit arrêter son choix. Et si celui-ci persiste autant, ce n'est pas un hasard : c'est ce dont elle a besoin. « Une fuite à Florence, peut-être ? » je demande, toujours l'air léger, dédramatisant quelque peu la situation. Mes doigts n'ont pas quitté sa joue -je garde le moindre contact que je puisse avoir avec sa peau avant que vienne ne moment où je devrais m'en défaire. Je déposer un baiser sur sa tempe. « Je pense que même ça, ça ne suffirait pas. Ca serait une solution temporaire mais... » Cela me coûte énormément de devoir dire ce genre de choses. D'être la seule personne voulant la garder pour lui, qu'elle ne s'éloigne jamais, qu'elle ne parte pas, et devoir la conforter dans l'idée de prendre ses distances. Mon coeur se replie en lui-même. « Tu as besoin de plus que ça. Ca se voit. » Je maintiens un sourire afin qu'elle ne s'inquiète pas de me voir peiné par la situation. Elle sait déjà ce que j'en pense, le mal que cette distance à venir peut me faire. Mais je ne me vois pas jouer de cette pseudo-influence qu'elle me confère pour l'empêcher de faire ce qu'elle a à faire. Que cela me plaise ou non. Respecter ses besoins et ses choix est l'unique preuve d'amour qui ne soit pas physique que je puisse lui adresser. « N'oublie pas que je t'aime. Et que je suis là pour toi. » j'ajoute en capturant son regard. Ses lèvres m'appellent à nouveau, mais je m'en détourne. Aussi difficile cela soit-il. Petit à petit, mes bras quittent sa taille, glissent de ses épaules, abandonnent son visage. Je me lève et ôte un peu du sable collé à mes vêtements avant de tendre une main vers Joanne afin qu'elle l'attrape pour se redresser à son tour. « Viens. On va aller chercher tes affaires. » dis-je sans vraiment lui laisser le choix. Elle avait emménagé sans se laisser le temps d'y réfléchir, je l'incite à partir avant que l'émotion ne lui dicte le contraire. Ben sort de sa torpeur, se remet sur ses pattes et secoue son pelage pour se débarrasser lui aussi du sable. Alors que nous sommes quelques mètres devant lui, je lui fais signe de nous suivre. Il reste derrière nous, trottant tranquillement jusqu'à la maison. La maison. Il nous faut une dizaine de minutes de silence pour y arriver. J'accompagne Joanne à l'étage et lui indique que sa valise se trouve toujours dans les combles si elle en a besoin, à côté de mon immense surplus de peintures. L'escalier pour y accéder se trouve au bout du couloir. Rapidement, je ressens un malaise à l'idée de me trouver dans la chambre avec elle. Mon coeur s'emballe, me forçant à rester à bonne distance de Joanne. Le moment est passé. Je ne peux plus la toucher. « Je… Je t'attends en bas. » dis-je en tournant les talons. Je me rends rapidement dans la salle de bains pour gober de quoi calmer ma migraine avant de disparaître dans le couloir.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
S'échapper à Florence. Un rêve bien trop, qu'il lui avait pourtant promis. Mais ça n'aurait pas été qu'une semaine. Au moins deux, voire même trois. Quelle chimère. Joanne aurait tellement voulu que ce soit réel. Elle remuerait ciel et terre pour obtenir ces congés, et n'être qu'avec lui durant ce temps. Le jeune femme sourit à cette idée. Paradoxalement, elle voulait aussi être seule, chez elle, à réfléchir aux récents événements, à s'en remettre. "J'aurais besoin de quoi alors, selon toi ?" lui demanda-t-elle en toute curiosité. Jamie lui suffisait amplement, se donnant le temps de le reconnaître dans ses gestes et dans ses pensées, lui qui avait toujours eu énormément de mal à exprimer ses sentiments. Elle aurait tellement voulu le connaître par coeur, la seule personne étant capable de déchiffrer la significations de ses mimiques et de ses silences. Pour pouvoir mieux l'aider et l'aimer par la suite. Mais cet objectif s'était éloigné d'elle ces quelques jours, bien qu'elle l'avait reconnu dans sa violence. Jamie, sans vraiment être Jamie. La jeune femme avait bien remarqué qu'il avait cette fâcheuse impression de ne pas être suffisant pour elle, de ne pas être digne d'elle. Il semblait ignorer ce qu'elle lui disait en permanence, qu'elle ne pouvait demander plus que lui. Il ne voyait pas l'emprise, le pouvoir qu'il avait sur elle. Il semblait aveugle à tout cela, et ne l'utilisait. Jamie lui rappela qu'il l'aimait, qu'il serait toujours présent pour lui. La belle blonde lui répondit simplement d'un sourire et d'un regard tendres, jusqu'à ce qu'il ôte ses bras d'elle de lui-même, comme s'il se disait qu'il avait dépassé l'échéance. Une fois debout, il lui tendit une main qu'elle saisit pour se lever, sans dire mot après l'instruction qu'il venait de donner. La marche pour aller à la maison était d'un silence presque morbide, Joanne échappant à nouveau à tout contact physique avec lui. Alors qu'il venait de prouver qu'il était encore capable d'amour et de tendresse. Arrivés à l'étage de la maison, ils se rendirent immédiatement dans leur chambre. Ou la chambre. Joanne aurait juré avoir vu les joues du bel homme rougir une fois qu'ils étaient dans la pièce, préférant rapidement détourner le regard et préférer l'attendre en bas. Il tourna ses talons et se rendit à la salle de bain. Quel étrange fait de se sentir si distant d'une personne que l'on aime alors qu'ils se trouvaient dans le lieu où ils n'avaient jamais si proches. Quand Joanne se retrouva seule, elle s'installa sur le lit quelques instants, pensives. Tout ressemblait à une rupture, alors qu'elle savait que ce n'en était pas une. C'était son choix, après tout. Jamie lui avait forcé de le prendre en l'incitant de venir récupérer ses affaires. Tous les bons moments lui rejaillirent à la figure. Les premiers regards, quand ils se prenaient la main au restaurant, leur premier baiser, leurs premiers ébats après une dispute difficile. La découverte de l'un et l'autre, chaque jour davantage. Désolée, Joanne se laissait tomber en arrière, se retrouvant allongée sur le lit, les pieds ballants. Elle soupira, et ferma les yeux pendant quelques minutes. Elle se souvenait aussi des premiers désirs, des premiers cadenas tombés. Chacun de ses baisers avait laissé comme une marque sur elle, chacune de ses caresses montrait qu'elle était à lui, chacun de ses mots envoyait son coeur valser et battre de plaisir dans sa poitrine. Joanne sentit ses joues chauffées, surprise d'avoir autant d'idées érotiques, elle n'en avait pas l'habitude. Tout la poussait à redevenir cet objet de désir auquel il n'avait jamais résisté. Elle voulait qu'il apparaisse dans la chambre, qu'il se penche sur elle et qu'il l'embrasse, se permettant des caresses que nul autre avait le droit de faire. Son corps entier voulait sentir le sien contre elle, mais cette foutue raison était toujours pour revenir au grand galop pour lui dire de fermer bagages et de s'en aller. Ses yeux se rouvrirent doucement, réalisant avec déception qu'il n'était pas là alors que sa peau brûlait pour lui. Une de ses mains passait sur son visage pour retrouver des idées plus décentes et soupira longuement, afin d'évacuer toutes ces émotions qui ne seront pas satisfaites. Joanne se redressa difficilement, résignée à chercher son sac et récupérer ses affaires. C'était peut-être signification, mais elle ne prenait pas tout, laissant un bon quart de ses vêtements ici, même une de ses robes préférées. Elle ne prit que ce dont elle avait besoin en affaires de toilettes, et les objets qu'elle nécessitait plus rarement gardait leur place. Joanne se sentait incapable de tout prendre. Sans réellement motivation, elle descendit les escaliers, pour retrouver Jamie, silencieuse. Il verra par lui-même qu'elle aura laissé des affaires. Joanne retrouvait toute sa timidité, son sourire gêné. "Je..." A vrai dire, elle ne savait pas quoi faire.
De longues minutes s'écoulent sans que je sois capable de partir de ce fichu couloir. Le coeur tambourinant contre mes côtes, je reste adossé au mur entre la porte de la salle de bains et celle de la chambre. Notre chambre. La chambre. Cette pièce aux airs de sanctuaire, sacré, qui a été le seul lieu capable de nous garder unis lorsque tout avait commencé à dégringoler. Vraiment, songer aux nuits sans elle est un exercice difficile. Lorsque Joanne venait d'emménager, je me réveillais la nuit, surpris de la trouver à mes côtés. Maintenant, je ne serais tiré de mon sommeil que par son absence. Mon inconscient aura toujours tendance à vouloir la chercher entre les draps pour la sentir contre moi. Il ne trouvera plus sa silhouette, et ce manque sortira mon esprit de ces heures sans rêve pour que je puisse toujours mieux constater qu'elle n'est pas là. Je n'ai même pas besoin de le vivre dans l'instant pour ressentir le vide que cela créera en moi. Il est déjà là. Une partie de moi hurle au ciel son souhait de la voir changer d'avis, laisser ici toutes ses affaires, rester. Mais je réprime ces pensées qui ne sont que source de déception : elle ne sortira pas de là en revenant sur sa parole encore une fois. Je sais qu'elle veut prendre ses distances, qu'elle en a besoin. Je me le répète, encore et encore, afin que cela s'imprimer dans mon crâne. Elle finira par revenir. Tôt ou tard, elle reviendra. Ce n'est qu'une question de temps. C'est ça. Je garde le moral en me disant que tout ceci n'est que temporaire. Il ne peut pas en être autrement. Je me décide enfin à descendre les escaliers, comme j'avais dit que je le ferais en premier lieu. Je m'installe dans le canapé de la véranda, ôtant mes chaussures pleines de sable pour pouvoir mettre mes pieds sur le tissus, m'allonger. La tête tournée vers l'extérieur, le regard dans le vague, j'attends patiemment que Joanne redescende -et que le médicament que je viens de prendre fasse son effet anesthésiant sur mon cerveau, sensiblement serré dans un étau. La frimousse de Ben ne tarde pas à faire son apparition à mes côtés, venu me sortir d'une triste rêverie. Ma main se pose sur le haut de son crâne pour gratter doucement de dos de ses oreilles. Il n'a pas voulu une seule fois me mordre pour jouer depuis que je suis rentré, un peu plus tôt. Il est calme et obéissant. Synchronisé sur mon humeur. Venant donner de l'affection quand j'en ai besoin. Drôle de créature à poils blonds. « Nous allons de nouveau nous retrouver entre hommes, mon vieux. » dis-je avec un léger sourire. Même si j'avais adopté Ben pour me sentir moins seul à Brisbane au départ, l'animal n'a jamais vraiment été suffisant malheureusement. Je doute qu'il le soit cette fois. Mais je m'en sens un peu plus proche qu'avant. Je suppose que j'ai besoin de tout le soutien humain et canin que je puisse trouver à partir d'aujourd'hui. Alors que j'entends les pas de Joanne descendant l'escalier, je me redresse pour m'asseoir normalement sur le canapé. Ben retourne dans le jardin sans avoir le moindre souci quant aux événements autour de lui. La jeune femme ouvre la bouche, mais aucune phrase n'en sort. J'aime à penser que cela la peine un peu de partir. Ne serais-ce que pour ne pas être le seul de nous deux à être affecté par ça. « Tu as tout ce qu'il te faut ? De toute manière, ce que tu oublies ne sera pas perdu. » dis-je d'une voix douce. Je déglutis, cherchant quoi dire d'autre. Je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin de dire quoi que ce soit. Sûrement pour repousser l'échéance. Articuler n'importe quoi sauf « au revoir ». « Je… Je te laisserai me dire quand tu voudras me voir. Tu n'auras qu'à m'envoyer un message. Tu sais que je suis toujours collé à mon téléphone alors… Je ne pourrais pas le manquer. » Je suis complètement en train de tourner autour du pot, mais tant que Joanne ne fait pas de pas vers la porte, je continue de la retenir quelques secondes. Je me lève hors du canapé et fais un pas hésitant vers elle. Je ne sais pas vraiment qu'elle est la distance de sécurité autorisée entre elle et moi. Je suis à un peu moins d'un mètre. Cela me semble raisonnable. Je respire difficilement, oppressé par tout ceci. Je pourrais très bien faire un pas de plus pour simplement voler un baiser, l'embrasser sur le front, mais je n'en fais rien. Je garde les mains planquées dans les poches de mon jean, sans bouger d'un pouce.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Elle aurait pu lui dire tellement de choses, et rien à la fois. Joanne manquait souvent de mots, lorsqu'une situation la mettait mal à l'aise, l'embarrassait beaucoup. Que pouvait-on dire dans ces cas là ? Elle n'en avait aucune idée, comme le jour où elle avait divorcé. Des moments de lourds silences, n'osant pas dire certaines phrases de crainte d'être vu pour un ou une hypocrite. Que l'autre ne pense pas ses mots, alors que c'était le cas. Ils étaient à une certaine distance l'un de l'autre. Se rapprocher de trop était dangereux. Jamie lui demanda si elle avait tout de dont elle avait besoin. La belle blonde esquissa un sourire timide, en répondant d'une voix. "Tout ce qui a été laissé ici n'a pas été oublié." Elle haussa les épaules, espérant qu'il comprenne ce que tout ceci veut dire. "Ils...Ils ont leur place ici." Oui, elle reviendrait, c'était presque sûr. Pour elle, avoir laissé certains de ses vêtements, certaines de ses affaires était une volonté de sa part. Un message qui disait qu'un jour ou l'autre, cet endroit redeviendra certainement sa maison. Malgré les craintes qu'elle portait encore envers lui, c'était ce qu'elle espérait. Qu'ils construisent enfin leur vie ensemble. Mais toutes ses belles pensées étaient dissimulés derrière une montagne d'anxiété. Ne pas savoir ce qu'elle ferait le lendemain, quand elle reprendrait contact avec lui, que lui écrire ou lui dire à ce moment là. Il était pendu toute la journée à son téléphone, c'était pour son travail, jamais elle n'oserait s'imposer au milieu de tout ça. Même s'il avait dit qu'il n'y avait qu'elle dans sa vie, Joanne continuait à se hanter à l'idée qu'il finisse par trouver meilleure qu'elle ailleurs. Quelqu'un qui lui correspondrait encore plus. De plus belle, qui arriverait mieux à la comprendre, à le cerner, à anticiper et donc à mieux l'aimer. Malgré elle, elle s'était déjà faite une idée de l'apparence de cette personne, qui n'existait pas aux yeux de Jamie. La belle blonde savait qu'elle avait besoin d'un peu de recul, de se plonger à nouveau dans son boulot, retrouver ses marques, savoir qui elle était et ce qu'elle voulait faire de sa vie. Jamie tenait à la laisser décider de quand ils allaient se revoir, avec toutes les autres données. Elle appréciait qu'il la laisse prendre les devants sur leur relation tout autant que ça l'effrayait. Faire des choix, prendre des décisiosn. Des choses qu'elle n'aimait pas faire, de peur de ne pas faire le bon choix, faire ce qu'elle voulait vraiment au lieu de se pencher sur le raisonnable. A ce stade de leur relation, que signifiait ce mot ? Elle voulait bien faire, mieux faire. Si elle n'écoutait que ses envies réelles, elle aurait stoppé Jamie quand ils étaient à l'étage, le suppliant de la laisser saisir ses lèvres pour ne plus jamais les quitter. D'une autre part, elle voulait garder cette distance. En guise d'au revoir, elle aurait volontiers voler un baiser, ou lui aurait caressé la joue. A la place, Joanne le regardant dans une tendresse et une bienveillance des plus sincères. Un léger sourire se dessina sur sa bouche. "Prends bien soin de toi surtout, d'accord ?" Pas qu'il ne s'inflige quoi que ce soit, qu'il croite devoir être puni pour être pardonné. Elle ne voulait pas lui dire au revoir, c'était beaucoup trop dure. Difficilement, elle tourna ses talons et se dirigea vers la sortie. Ce n'en était pas une, mais tout ressemblait à une rupture. Joanne retenait ses larmes jusqu'à ce qu'elle était suffisamment loin de la maison pour qu'il ne voit rien. Ce n'était pas des pleurs aussi intenses qu'elle avait déjà vécu, juste un gros chagrin. Elle était autant peinée que lui de se quitter d'une telle manière. Des larmes qui s'essuyaient malgré tout assez vite. Elle avait besoin d'être seule, autant qu'elle avait besoin de lui. S'éloigner de lui d'autant qu'il le faudra pour guérir certaines blessures, et, le jour venu, elle comprendra qu'une vie sans lui serait une vie sans le moindre intérêt.