| | | (#)Sam 28 Déc 2019 - 11:33 | |
| Il lui avait donné rendez-vous chez elle à vingt-et-une heures et comme promis, il était passé la chercher. Il siffla d’admiration en la voyant avancer vers lui, tandis qu’il l’attendait, accoudé à la portière de sa voiture. « Dis donc, ma chère ! Tu n’as pas fait semblant. » Fit-il remarquer en souriant, amusé. Inutile de nier l’évidence : il aimait ce qu’il voyait, et elle le savait. Une petite voix lui soufflait que ce choix de tenue n’avait pas été fait innocemment, et il s’en félicita : si l’Australienne acceptait de jouer le jeu à ce point, c’était que la situation ne lui était finalement pas si désagréable que cela. « Une chose est sûre, tu ne vas pas passer inaperçue ce soir. » Commenta le politicien en souriant. Comme tout homme ayant une vie publique, il aimait l’idée que les objectifs soient parfois braqués sur lui. Et pour cause : prochainement, il ferait une annonce concernant sa carrière à la mairie de Brisbane. Prochainement, il dévoilerait ses intentions. Prochainement, il serait sur le devant de la scène – et c’était exactement ce moment-là qu’il était en train de préparer. Il s’entourait, et s’entourait bien. Il s’effaça, et ouvrit la porte à sa collaboratrice. « Profites-en, je ne pousserai pas toujours la galanterie à ce niveau. » Déclara-t-il, alors que Deborah semblait surprise de l’attention de Camil. Il alla ensuite s’installer à la place du conducteur, et démarra son véhicule – une Porsche 911 qui faisait sa fierté, mais dont il devrait se séparer trop rapidement à son goût. On attendait de lui qu’il soit un homme stable, honnête, équilibré, rangé (chiant, songeait souvent Camil en faisant la moue), et non pas un playboy qui roulait à une vitesse extrême dès que l’occasion se présentait. Il s’inséra rapidement dans la circulation dense de Brisbane, et conduit en direction du port de Bayside, où la soirée avait déjà débuté. « Il y aura pas mal de monde ce soir. Des politiciens, des célébrités, des philanthropes, des chefs d’entreprise. Bref, que du beau monde. » Expliqua l’Américain en doublant – trop vite – une voiture qui n’avançait pas. « Il n’y a aucune difficulté, aucun piège. Disons que c’est l’occasion de te mettre le pied à l’étrier. » Et d’habituer les gens à la présence de Deborah aux côtés du politicien. S’il voulait que son coup fonctionne, il fallait que, progressivement, chacun puisse être en mesure de les associer. Le travail serait long et fastidieux, mais qu’importe : il savait qu’il en récolterait les fruits plus tard. Et puis honnêtement, il y avait pire que d’être dans une relation fabriquée de toute pièce avec Debbie. Il se félicita intérieurement d’avoir choisi Deborah pour s’afficher à son bras. Cette dernière, même si elle semblait peu à son aise, faisait exactement ce que Camil attendait d’elle. Elle souriait, se montrait polie, et riait discrètement quand cela s’avérait être nécessaire. Mais il manquait quelque chose, un élément indispensable pour que les invités puissent croire à leur relation : de la spontanéité. Il se pencha vers elle, et souffla à son oreille : « Tu me semblais plus détendue quand tu venais m’allumer dans mon bureau. » Fit remarquer Camil en arquant un sourcil, alors que la tension qui émanait de Deborah était presque palpable. Il essayait simplement de détendre l’atmosphère, conscient que sa cavalière craignait de mal agir au milieu de ce panier de crabes. Il lui tendit sa coupe de champagne, et l’incita d’un regard à la finir. Peut-être que quelques verres pour la désinhiber – ou, à défaut, la rendre plus accessible. « Tu veux qu’on aille se promener ? » Demanda-t-il en souriant, prêt à l’éloigner de la foule pendant quelques minutes. Il lui accordait un répit, loin des regards curieux qui se posaient régulièrement sur elle. Pour le moment, le pseudo-couple s’était montré plutôt discret. Aucun signe avant-coureur de ce qu’ils s’apprêtaient à faire. Leurs mains ne s’étaient pas effleurées. Ils n’avaient pas échangé un long et profond regard faussement amouraché. « Ça pourrait être l’occasion de régler quelques… détails. » Ajouta-t-il en appuyant volontairement sur le dernier mot. Et par détails, il voulait dire mise en scène. Ce soir, il ne comptait rien laisser au hasard. C’était trop important, il y avait trop d’enjeu – en somme, ils ne pouvaient clairement pas se planter. Ils firent quelques pas pour s’extirper de la foule, et avant de sortir de la salle de réception où se tenait cette soirée, l’Australien en profita pour récupérer une coupe de champagne. « Viens. » Murmura-t-il, alors qu’il venait de croiser le regard intrigué de l’un de ses adversaires en politique. « Certaines oreilles traînent, ici. » Ils firent quelques pas à l’extérieur, et Camil se mit en direction de l'extension rocheuse qui avait été construite par l'homme, directement dans la mer. Là-bas, au moins, il n’y aurait personne pour les embêter ou écouter ce qu’ils avaient à se dire. « Tout va bien ? » Demanda-t-il avec intérêt, alors qu'ils faisaient quelques pas sur la jetée.
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| | | | (#)Mar 31 Déc 2019 - 16:39 | |
| Elle aurait dû annuler. Elle aurait dû lui faire miroiter une quelconque maladie l’empêchant de venir. Elle avait tenté de le faire. Le sms qu’elle lui avait écrit était toujours dans les brouillons de son téléphone mais elle ne l’avait pas envoyé. Premièrement parce qu’elle ne voulait pas lui faire faux bond d’entrée de jeu. Pour qu’il l’invite à l’accompagner ce soir, c’était certainement stratégique connaissant Camil et elle ne pouvait décidément pas tout faire foirer au dernier moment. Deuxièmement parce que ça serait l’occasion de se changer les idées, d’oublier pendant quelques heures les larmes qui ont beaucoup coulé cet après-midi quand elle a été obligée de dire au revoir à son frère et son neveu. Ils étaient partis, définitivement, des terres Australiennes pour retourner dans leur pays natal. Son enfant avec lui, plus rien n’avait retenu Benjamin de retourner en Irlande, pas même sa petite sœur. S’il ne la laissait pas seule ici – parce qu’elle avait tout de même construit sa vie ici en quelques années –, il n’en restait pas moins vrai qu’elle s’était sentie soudainement isolée, comme abandonnée. C’était ce même sentiment qu’elle avait eu quand, bien plus jeune, ce même frère était justement parti pour l’Australie… mais Debbie avait bien grandi et elle n’était plus cette gamine capable d’en vouloir à son frère. Elle n’était pas en colère, elle était juste triste alors oui, au fond, la soirée de Camil tombait à pic. Elle allait pouvoir penser à autre chose et se sentir moins seule.
Elle avait donc pris soin de s’apprêter, de la tête aux pieds, sans en faire trop pour autant. Elle ne voulait pas non plus attirer trop l’attention et qu’on s’habitue trop à la voir en robe de soirée longue et les cheveux tirés en une coiffure trop parfaite. Ce n’était pas elle. Elle avait davantage opté pour une robe dorée, couleur idéale pour un nouvel an, au décolleté présent sans être aguicheur ou vulgaire. Une simplicité qui lui ressemblait, préférant réserver les grandes robes – qu’elle ne possédait pas encore – pour des occasions plus importantes que celle-là. « C’est trop voyant ? Tu veux que j’aille me changer ? J’ai une robe noire toute simple aussi... » Est-ce que l’idée « de ne pas passer inaperçue » qui sonnait comme quelque chose d’inappropriée dans l’esprit de Debbie laissait transparaitre son stress de mal faire les choses ? Très certainement. Trop sûrement. Ça serait mentir que d’affirmer qu’elle était à l’aise de passer le réveillon dans ce type de soirée. Elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre hormis que Camil serait sûrement la seule tête familière du lot. Lui, en revanche, savait comment la détendre un peu, usant de ses remarques sarcastiques qu’elle prenait avec humour. « C’est pas grave, ça restera un plaisir quand même d’ouvrir moi-même la portière d’un tel véhicule. » Il ne fallait pas se leurrer. C’était la première fois qu’elle avait l’occasion d’approcher une telle voiture et encore plus d’avoir le droit d’y grimper, quant bien même il ne s’agissait que d’être la passagère. Et ça se voyait. Bien malgré elle, ses yeux pétillaient de la même façon que ceux d’un enfant à la découverte du monde. C’était un peu le cas ce soir, elle découvrait celui de Camil et c’était une sacrée rentrée en matière.
Une (plus que) jolie voiture, une soirée mondaine sans être trop guindée pour lui permettre, comme il l’avait si bien dit, de lui mettre le pied à l’étrier. Tout devrait être parfait, tout devrait bien se passer. Et dans sa globalité, tout se passait bien. Elle se contentait d’un verre, pour rester lucide. Elle se concentrait sur ce qui se disait, s’accrochant parfois à des conversations peu intéressantes auxquelles elle s’efforçait tout de même de répondre quand on lui adressait la parole. Elle souriait beaucoup, elle hochait la tête parfois mais surtout, elle restait là, près de lui, comme une gamine qui refuse de s’éloigner par peur de se perdre. C’était sûrement ça : la crainte de se retrouver seule face à une situation qu’elle ne maîtrisait pas parce qu’elle n’appartenait pas à ce monde-là. Camil le sentait parfaitement – et sûrement qu’il avait prévu la tension de sa coéquipière et que c’était là, la raison de son invitation à une soirée moyennement importante – et profitait d’un instant de solitude pour lui faire remarquer, toujours à sa manière. De quoi lui arracher un sourire avant d’attraper la coupe qu’il lui tendait sans se poser plus de questions que cela et d’en vider le contenu. « Oui, allons-y ! » Evidemment que ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde et qu’elle profitait de sa proposition pour s’échapper un instant de la fête avec lui.
A l’instar du blond, elle attrapait une nouvelle coupe de champagne, posant la vide à sa place. Elle sentait qu’elle allait en avoir farouchement besoin. Elle n’était pas dupe. Tous ces regards posés sur elle, ça n’avait rien à voir avec le hasard. Smith avait sa réputation – à raison – d’homme à femmes. Nul doute qu’une partie de ses connaissances ne la regardaient que comme une énième femme sur son tableau de chasse. Elle allait devoir s’y habituer, pendant un temps en tout cas, jusqu’à ce que ces gens comprennent qu’elle allait être aux côtés du politicien pendant un moment. De quoi les rendre encore plus curieux la concernant. Elle allait avoir besoin d’une bonne dose de courage pour affronter ça. Probablement qu’une fois cette soirée passée, elle se sentirait mieux avec ce petit univers qu’était celui de Camil mais encore fallait-il y survivre. Une pause était la bienvenue. Dès l’instant où ils se retrouvaient dehors, loin de la foule, elle prenait une grande inspiration d’air frais – bien que relativement chaud en cette période de l’année. Bien heureuse d’être éloignée du brouhaha, elle le suivait en direction de la jetée, son naturel reprenant le dessus alors qu’elle retirait ses chaussures sans se poser de question pour marcher à ses côtés, ses talons à la main, soudainement bien plus petite que lui. « Aaaahhh ce bonheur ! » A sa question, elle hochait la tête avant d’y poser quelques mots plus précis. « J’ai la sensation d’être une potiche qui ne sait pas quoi dire mais en soi, ça va, j’ai connu pire comme soirée. » Haussant les épaules, elle continuait. « J’imagine que c’est une question de temps pour s’habituer, ça va venir. » Un sourire amusé sur les lèvres, elle tournait son visage vers lui. « Et je te cache pas que je compte sur toi pour me dire si quelque chose ne va pas, me filer discrètement un coup de coude si je dis une connerie ou pour rattraper mes boulettes. » Parce que la soirée n’était pas terminée et que tout pouvait encore arriver, encore plus si elle avait de l’alcool dans le sang.
« C’est assez déstabilisant d’être regardée de la sorte. J’ai l’impression qu’ils ne savent pas trop quoi penser et qu’il tente en vain de découvrir qui je suis en me fixant. » Parce que jusqu’ici, vis-à-vis de Camil, elle pourrait tout être. Un coup d’un soir, une amie ou même de la famille. Parce qu’aucun geste n’avait été posé entre eux, il était difficile pour les invités de définir ce qui liait vraiment Camil et Deborah et la raison de la présence de la jeune femme ici. Forcément, ça attisait encore plus la curiosité et chacun attendait un geste, justement, un indice pour deviner parce que c’était le propre de l’humain de comprendre les choses. Et puisqu’il était fort impoli de poser la question, personne n’avait osé l’exprimer et ils se contentaient de lui poser les questions basiques qui ne les avançaient pas dans l’histoire et ça finissait toujours de la même façon : avec un regard perplexe. Camil avait eu raison : elle n’était pas passée inaperçue ce soir mais elle ne s’attendait pas forcément à cette manière-là. « Mais je suppose que ça fait partie des détails que l’on va régler, pas vrai ? » Sourire taquin au coin des lèvres, c’était une façon d’entrer dans le vif du sujet, de l’interroger sur la nature des détails qu’il avait évoqué et appuyé.
Dernière édition par Deborah Brody le Ven 10 Jan 2020 - 14:06, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 1 Jan 2020 - 4:05 | |
| S’il avait l’habitude de ce genre d’événements, il savait que ce n’était pas forcément le cas de Deborah. Pour lui, se vêtir n’avait pas été difficile : il avait opté pour un smoking bleu nuit, qui mettait en valeur ses yeux clairs. Il avait volontairement délaissé la veste de costard, qu’il avait négligemment posé sur le siège passager de sa voiture. Les chaleurs des étés de Brisbane étaient de retour, et porter une veste lui serait plus embarrassant qu’autre chose. Quant à l’Irlandaise, il savait qu’elle avait dû passer du temps devant son miroir, à se demander quelle tenue elle devait enfiler. A hésiter, à se changer, à avoir envie de tout envoyer balader sans aucun regret. Mais elle avait fait un effort, et il lui en était reconnaissant. Il la vit arriver vers lui, le pas léger bien que mal assuré, une robe dorée mettant en valeur ses atouts sans les vulgariser. Un décolleté qu’on devinait généreux, une peau pâle et lisse, des jambes fines. L’Australien n’avait jamais été insensible aux charmes de Deborah, et ce soir, il était convaincu qu’elle saurait subjuguer les autres convives présents à la soirée de la Saint-Sylvestre. « Non, ne t’en fais pas. C’est parfait. » Admit le politicien en souriant. Il avait demandé à son ancienne collaboratrice de faire preuve de naturel et de décontraction, et si c’était dans cette robe qu’elle se sentait le mieux, cela lui convenait tout à fait. Il ne voulait en aucun cas la brider, surtout quand il n’y avait aucune raison de se comporter de la sorte. Ce soir, c’était sans thème, sans dress code à respecter. Tous deux auraient bien d’autres occasions de voir leurs libertés vestimentaires être limitées. « Tu m’épateras avec la noire à une autre occasion. » Confia l’Australien en s’effaçant de devant la portière de sa voiture, pour finalement lui ouvrir. Il ricana et leva les yeux au ciel lorsqu’elle lui fit comprendre qu’elle approuvait son choix de bolide, et comprit qu’elle n’était pas forcément habituée au luxe et aux conditions de vie plus qu’avantageuses. Qu’elle se réjouisse : une fois officiellement à son bras, tout cela changerait. A elle les champagnes millésimés, les restaurants gastronomiques, les soirées guindées et les vacances luxueuses. « A toi la vie de princesse. » Plaisanta-t-il en prenant place derrière le volant. Devant son sourire radieux, il n’eut pas le cœur à lui avouer qu’il comptait prochainement changer de voiture. Celle-ci était trop… Trop. Trop visible, trop play-boy, trop claquante. Il la regretterait, c’était une certitude : sa voiture, ça avait été le premier signe ostensible qui reflétait son changement de vie. Elle était le synonyme de sa réussite, de son succès, de sa vie rayonnante. Mais il n’était pas question pour lui de baisser en qualité. Moins visible peut-être, mais tout aussi confortable – ce serait là son seul réconfort. « J’espère que tu t’y habitueras vite. » Ajouta-t-il sur un ton badin. L’ascension sociale n’était jamais compliquée ; il ne doutait pas un seul instant de la capacité de Deborah à s’acclimater. Mais il savait aussi qu’un trop brusque changement pourrait la perdre ; alors, il veillerait. Il s’assurerait qu’elle ne se brûle pas les ailes – ou pire, que quelqu’un de nuisible ne vienne pas lui brûler les ailes. Le politicien chassa ses doutes, et profita d’une accalmie sur la route pour démarrer en trombe.
Il lui était reconnaissant de s’être montrée à la fois discrète, mais impliquée lorsque quelqu’un s’était adressé à elle. Il savait pertinemment que les conversations n’étaient pas des plus passionnantes : beaucoup étaient ici pour parler business et objectifs pour l’année à venir. Les questions concernant les ambitions politiques de Camil étaient nombreuses, mais il n’y avait jamais répondu. Ce n’était ni le moment, ni le lieu. Comme tout politicien qui se respectait, il choisirait son moment pour annoncer ses projets – et, forcément, ce serait tonitruant. L’Australien ne laissait rien au hasard ; et surtout pas sa carrière. Son avenir en dépendait. Le couple, encore non-officiel, choisit finalement de s’éclipser pendant un moment. Cet interlude serait pour eux l’occasion de prendre l’air, et parler du reste de la soirée à l’abri des regards indiscrets. L’Américain éclata de rire en entendant le soupir de soulagement de l’Irlandaise poussa, et tous deux firent quelques pas sur la jetée. « Pour le moment, ils t’observent et te jugent. » Déclara le directeur du cabinet du maire de Brisbane en haussant les épaules. Navrant, mais bien réel. La mer était calme, ce soir. « Et bientôt, ces vautours te tourneront tous autour. Et essayeront de tout savoir de toi. » Il plongea ses mains dans ses poches, et avança jusqu’au bout de la jetée. Il posa ses deux mains sur la rambarde, et laissa échapper un petit rire lorsqu’elle lui demandait de veiller à ne pas la laisser faire de boulettes. « Tout va bien, ne t’en fais pas. Il n’y a pas d’enjeu. Tu peux être toi-même. »
« Ils ne savent pas quoi penser. C’est la première fois que je prends la peine de venir accompagné, tu sais. » Fit-il remarquer en souriant. Si tout le monde savait que Camil Smith avait une vie sentimentale particulièrement débridée, il n’avait néanmoins jamais fait l’effort de présenter une de ses conquêtes. Alors forcément, la présence de Deborah intriguait. Forcément, elle suscitait des questions, des interrogations, des regards. « Et puis, pour eux, tu es une parfaite inconnue. C’est d’autant plus intriguant. » Admit-il d’une voix neutre. Il tourna légèrement la tête en direction de Deborah, surpris de l’audace dont elle semblait faire preuve. « Aurais-tu hâte ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil, amusé. « Mais effectivement, je compte bien y remédier… assez rapidement. » Dit-il après avoir jeté un coup d’œil à sa montre. A minuit très précisément. « Le feu d’artifice, ce soir, ce sera nous Debbie. » Plaisanta-t-il en lui faisant un clin d’œil appuyé. « Tu seras aimable de faire semblant d’être la femme la plus comblée, naturellement. »
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| | | | (#)Ven 10 Jan 2020 - 14:36 | |
| Elle s’était contentée de sourire sans trop rien dire. Evidemment qu’elle allait s’habituer à la vie de princesse assez rapidement, notamment si Camil gardait un œil sur elle, qu’elle ne s’enflamme pas trop vite et s’acclimate de façon judicieuse pour ne pas être submergée. Mais inévitablement, elle pensait aussi au revers de médaille. Elle devait s’y habituer le temps qu’elle serait à ses côtés mais elle ne devait pas oublier que ça n’allait durer qu’un temps, que la réelle vie de princesse, elle n’allait la toucher que du bout des doigts et en bénéficier qu’un instant limité. C’était un aspect de leur contrat auquel elle devait faire attention : ne pas croire que tout cela était acquis. Quand bien même elle en ressortirait avec de belles économies en poche – puisque c’était là tout l’intérêt pour elle – elle ne serait jamais assez riche pour se permettre d’avoir le train de vie dans lequel Camil allait la plonger. Elle ne devait surtout pas s’y noyer. La descente serait sûrement trop sévère. Alors elle restait sur la réserve, elle était encore lucide. Ça avait été le cas tout le long de la soirée. Elle s’était faite discrète parce qu’elle savait qu’elle n’était rien aux yeux de ces gens tant que le politicien ne daignerait pas mettre un mot ou un geste sur la relation qu’ils entretiennent. Dans toute cette histoire, elle était entièrement dépendante de son bon vouloir. Pourtant, elle n’avait pas peur. Elle ne craignait pas qu’on puisse la percevoir d’un mauvais œil parce qu’elle savait instinctivement que jamais son compagnon ne la mettrait dans une telle situation, Camil était bien trop respectueux pour ça. Elle en était intimement convaincue.
Alors, elle se laissait porter par la soirée, par les questions qu’on lui posait, par la curiosité dans les regards sans qu’aucun n’ose vraiment sauter le pas de lui demander. Elle en parlait naturellement au blond dès l’instant où il lui demandait comment elle allait, comprenant rapidement qu’il se demandait surtout comment elle supportait la soirée en elle-même. « Ils ont de la chance alors, il n’y a pas grand-chose à savoir sur moi. » Parce qu’elle était une fille relativement banale – bien qu’il existait quelques détails fort croustillants concernant sa vie et notamment les métiers qu’elle avait pu faire ou son choix d’accoucher sous X mais elle espérait que personne ne serait capable d’aller déterrer ça – et que sa vie n’avait rien d’inavouable. « J’imagine qu’ils seront davantage curieux de nous. » De ce duo qu’ils ont formés dès l’instant où elle s’était extirpée du véhicule et que les invités avaient remarqué que l’homme n’était pas seul ce soir. Jusque-là, elle ignorait qu’elle était la première, jusqu’à la précision de jeune homme, ce qui l’étonnait quelque peu. « Smith n’a jamais fait profiter sa petite sœur d’une soirée un peu chic ? Je suis choquée. » disait-elle dans un sourire avant de rajouter quelques mots. « Sauf s’ils savaient déjà tous qui est Sixtine Smith et là, c’est pas du jeu, surtout si la ressemblance est frappante. » Comme ça pouvait être son cas avec son propre frère.
Son rire perçait la nuit quand il lui demandait clairement si elle avait hâte que les détails se règlent. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser ce à quoi il pensait naturellement. « Je ne parlais pas forcément de ce que tu crois. » Notamment du baiser de la nouvelle année qui allait aussi signer l’officialisation de leur couple. « Je me demandais surtout si tu voulais qu’on dise certaines choses et pas d’autres. » Elle haussait un peu les épaules, précisément sa pensée. « J’imagine qu’ils vont oser poser les questions à un moment donné. Est-ce qu’on leur dit vraiment comment on s’est rencontré ou tu ne préfères pas et on invente un truc ? Depuis combien de temps on est censé être ensemble ? Est-ce qu’on vit ensemble ? Est-ce qu’on a des projets ensemble, personnels et professionnels ? » Elle riait doucement en se rendant compte qu’ils n’étaient pas du tout sur la même longueur d’ondes pour le coup. « C’était ce genre de détails dont je parlais. » Un regard vers l’océan, un instant de flottement puis elle réalisait ce qu’il venait de dire : être la femme la plus comblée, naturellement. Sans sourciller un instant, elle se tournait vers lui, déterminée dans ses mots, persuadée de leur bien fondé. « Embrasse-moi maintenant. » Evidemment qu’elle faisait face à un Camil perplexe de cette demande express. « Tu veux que je sois naturellement la plus comblée. On n’est jamais naturels ni détendus lors d’un premier baiser, justement parce que c’est le premier. Il n’y a personne, c’est l’occasion de m’embrasser maintenant pour que ce soit plus naturel au moment voulu. » Quand ils seront littéralement en représentation et qu’il allait valoir se montrer crédible mais puisque c’était Deborah et qu’il était Camil, elle ne pouvait pas rester sérieuse bien longtemps et son côté séductrice envers lui reprenait toujours le dessus. « En plus, on sait tous les deux que tu en as foutrement envie depuis des mois. » Tout comme elle d’ailleurs mais elle n’était pas la personne à convaincre. |
| | | | (#)Dim 12 Jan 2020 - 12:22 | |
| « C’est vrai, ça ? Il n’y a même pas un petit secret que tu voudrais garder pour toi ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil, peu convaincu par les propos de Deborah. Tout le monde traînait forcément des casseroles ; il n’y avait pas de raison pour que son ancienne community manager y échappe. « Je… J’en sais rien. » Admit finalement le politicien en haussant les épaules. « On ne peut jamais prévoir comment la presse va réagir. » Peut-être que leur prétendu couple serait automatique accepté, sans qu’on ne s’interroge sur le sérieux et la fidélité des deux amants. Camil avait quelques doutes – il y aurait forcément quelqu’un pour rappeler que s’il avait des manières de gentleman, c’était avant tout un égoïste qui enchaînait les conquêtes. « Je préfère éviter d’amener Sixtine dans ce genre d’événements. Je tiens à la préserver, le plus possible. » Avoua-t-il à voix basse, le plus sérieusement du monde. « Et la ressemblance n’est pas si évidente. » Et pour cause : elle n’était pas tout à fait sa sœur, et il n’était pas tout à fait son frère. Mais ça, c’était un secret qu’il chérissait plus que tout au monde. « Je te la présenterai, à l’occasion. Et je te conseille de bien t’entendre avec elle. » Déclara-t-il en souriant, amusé. Sixtine, c’était la prunelle de ses yeux. Il l’aimait plus que n’importe quoi, plus que n’importe qui, et lui faisait une confiance aveugle. N'en déplaise au reste du monde.
« Je pense qu’il serait judicieux de mentir le moins possible. Sinon, on finira par commettre une erreur. » Il s’incluait volontairement dans l’équation, conscient que les fautes potentielles ne reposaient pas exclusivement sur les épaules de Deborah. Ils jouaient à un jeu dangereux, et certaines personnes mal intentionnées n’hésiteront pas à les tester, à creuser pour comprendre le pourquoi du comment. Pourquoi elle plus qu’une autre ? Pourquoi se mettre en couple maintenant, et officialiser dans la foulée ? Pourquoi une Irlandaise plutôt qu’une Australienne pure souche ? Comment s’étaient-ils rencontrés ? A quelle occasion ? Est-ce que ça avait été le coup de foudre ? Avaient-ils des projets individuels ? Des projets communs ? Une envie de famille ? Camil imaginait déjà les mille questions que sa relation susciterait, et il en soupira par avance. Ils avaient une vie de couple à s’imaginer, et elle avait raison : mieux valait commencer dès maintenant, plutôt que d’être pris au dépourvu, à un moment inopportun. « Donc, je récapitule : on s’est rencontré au travail. On s’est rapproché progressivement et non, ce n’était pas un coup de foudre. » Il avait clairement passé l’âge de croire en ces conneries. « On est ensemble depuis quoi, quatre mois, et tout se passe bien. On ne vit pas ensemble parce qu’on aime tous les deux notre indépendance, mais ça ne nous empêche pas d’aller chez l’un et chez l’autre régulièrement. Et non, nous ne comptons pas fonder de famille dans les prochains mois puisqu’on travaille beaucoup. » Il réfléchit quelques instants. « Ça te semble bien ? Logique ? » Demanda-t-il, préférant s’assurer de l’accord de sa collaboratrice concernant ces divers sujets. Si pour le moment, elle avait été une actrice passive de leur petit mensonge, ce ne serait bientôt plus le cas ; alors, tant qu’à faire, autant qu’elle approuve le plan d’action de Camil. « Quoi ? » Il tourna brusquement la tête vers elle, sans chercher à masquer son incompréhension. Il s’était attendu à tout – enfin, presque, du coup. En soi, il n’était pas contre l’idée, mais plutôt surpris que la demande soit formulée par sa… Collaboratrice. « Maintenant ? » Demanda-t-il pour s’assurer qu’il avait bien compris ce qu’elle venait de dire. Elle explicita ses pensées, et Camil ne put qu’acquiescer. Au-delà du fait qu’elle avait raison, et que rendre naturel quelque chose que l’on faisait pour la première fois n’avait rien d’aisé, il y avait aussi le fait qu’ils s’étaient outrageusement tournés autour depuis quelques temps. A grands renforts de tenues trop courtes ou trop transparentes pour elle, de sous-entendus et de remarques bien placés pour lui, ils s’étaient créés un univers bien à eux, où l’apparente indifférence cachait en réalité une agréable tension, jusqu’à maintenant refoulée. « D’accord. » Il glissa son index sous son menton, et la fit relever la tête vers lui. Ils affichaient tous deux un sourire amusé, visiblement fiers de cette mascarade qu’ils avaient créé de toute pièce. « Je confirme. » Admit-il, reconnaissant à voix haute ce qu’elle avait deviné depuis bien longtemps. À quoi bon s’en cacher, maintenant qu’ils s’étaient embarqués dans une collaboration d’un nouveau genre ? L’Américain encadra le visage de Deborah de ses mains, et colla son front contre le sien. Il pouvait sentir le souffle chaud de l’Irlandaise se heurter au sien, et les touches sucrées de son parfum vinrent chatouiller son odorat. Il resta immobile une seconde – juste le temps de pleinement réaliser ce qu’il allait sceller, en un simple baiser. Et alors, sans regret, il plongea. Tête la première. Il combla la maigre distance qui les séparait encore, et goûta à l’interdit.
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| | | | (#)Ven 24 Jan 2020 - 12:51 | |
| Elle ne pouvait s’empêcher de sourire à la question de Camil vis-à-vis des casseroles qu’elle se traînait derrière elle. Immanquablement, elle avait quelques pensées, tournées vers des événements plus ou moins traumatisants. « Evidemment qu’il y en a mais je leur souhaite bien du courage pour les déterrer. » Parce que la principale, celle qui pourrait mettre à mal Camil indirectement était inconnue du grand public, la famille même de Deborah n’était pas au courant et il n’y avait aucun moyen de savoir sans passer directement par elle. « Si des casseroles doivent faire du bruit, tu seras le premier à les entendre. » Autrement dit, elle comptait bien le mettre au courant bien avant que les médias ou que les détracteurs du blond le soient mais elle doutait farouchement qu’elle ait besoin de le faire. Sous ce point de vue, elle comprenait qu’il veuille garder Sixtine loin de tout ça, même si en la faisant travailler avec lui, il y avait un risque qu’on vienne aussi la chercher pour lui poser d’éventuelles questions mais Deborah imaginait aisément que Camil y avait déjà réfléchi pour parer à toutes éventualités, comme toujours. « Bien chef. Je serais ravie de la rencontrer. Si vous vous ressemblez davantage en caractère que physiquement, ça devrait aller, on devrait s’entendre. » S’ils étaient fait du même moule – à une génération près – Deborah ne voyait aucune raison pour que les deux femmes ne s’entendent pas et si par malheur c’était ça, elle ferait simplement en sorte de ne pas la fréquenter. Elle devait être avec Camil que pour un an, ça ne serait pas la mer à boire de ne pas croiser souvent sa sœur qu’elle ne voyait déjà pas alors qu’elles bossaient plus ou moins ensemble.
Naturellement, elle hochait doucement la tête. Elle était bien d’accord que la meilleure des stratégies étaient d’inclure le plus de vérités possibles dans leur gros mensonge pour éviter de s’emmêler de pinceaux. « Rooooh, je suis presque déçue dis donc, tu aurais pu être amoureux du jour au lendemain, tu abuses. » Le fameux coup de foudre auquel elle ne croyait pas non plus parce qu’elle ne l’avait jamais vécu. Pour le peu de fois où Deborah Brody avait été amoureuse, ça avait toujours été progressif et elle avait toujours fini par fuir. L’éventualité d’avoir un coup de foudre un jour, ça la faisait flipper plus qu’autre chose. Pour la crédibilité de leur relation, il était préférable que ça ne soit pas le cas. « Il faudrait être crétins pour vouloir fonder une famille dans la première année de relation de toute façon. Et puis si on nous pose la question, je serais honnête. Je ne veux pas d’enfant pour le moment, travail ou pas, c’est trop tôt. » Est-ce qu’elle portait un gros jugement sur les personnes qui osaient enfanter en si peu de temps ? Oui, complètement, et elle l’assumait entièrement. En dehors d’une grossesse inattendue, elle avait toujours trouvé ça dingue de s’engager si vite avec quelqu’un dans un projet de toute une vie. « Ça me semble correct et réaliste sauf pour une chose : TU travailles trop. Je te rappelle que j’ai plus de boulot… officiellement. » Officiellement, elle était encore à l’accueil d’une petite salle de boxe mais clairement pas des horaires pour justifier un « on travaille beaucoup. » Seul Camil pouvait se permettre ce type d’excuse.
Officieusement, ça restait entre eux et ça justifiait sa demande express qui suivait. Parce qu’être sa petite-amie était un boulot, ils n’avaient pas encore eu l’occasion de travailler l’aspect physique de ce dernier. Se tenir la main, sourire, se lancer des regards, c’était facile de le faire, plus ou moins naturellement. A force de jouer les amoureux, ça allait se faire tout seul sans même devoir y réfléchir. S’embrasser, en revanche, c’était de suite plus intime, plus vrai et techniquement moins naturel à jouer. Ils n’étaient pas acteurs, loin de là, et pour paraître le plus naturel possible – d’autant plus quand on prétend être avec la personne depuis quatre mois – il lui semblait logique qu’ils devaient le faire maintenant.
Après la surprise, l’approbation de Camil ne mettait pas de temps à s’exprimer – le contraire aurait été étonnant – non sans un sourire amusé et un aveu à voix haute qui n’avait pas besoin d’être exprimé pour être constaté. Juste pour le plaisir d’appuyer l’évidence. Autant que ce baiser pouvait l’être. Depuis le temps qu’ils se tournaient autour, dès l’instant où le politicien s’était rapproché d’elle, les iris de la brune s’étaient arrêtés sur les lèvres de son compagnon, trahissant ses envies. Il avait peut-être raison également : elle faisait aussi preuve d’impatience. Par chance, il ne cherchait pas à la faire languir davantage. Ses mains presque trop grandes pour le visage de Deborah, il réduisait la distance à néant. Comme elle l’avait pressenti lors de sa demande, quand ses lèvres pressaient les siennes, son corps se tendait une seconde, son palpitant loupait un battement dans sa course devenue naturellement plus rapide. Le temps d’un instant très court puis elle se détendait, lui rendait son baiser et s’autorisait même à glisser ses mains sur sa chemise, contre son torse. Quand ses lippes quittaient les siennes – sentant bien malgré elle que ses envies de plus se réveilleraient si elle continuait de s’engager sur le chemin d’un baiser plus fougueux – elle ne réduisait pas la distance entre eux, affichant un sourire malicieux. « Ça sera plus agréable pour toi tout à l’heure quand j’aurais de nouveau mes talons. » Instinctivement, son pouce venait contre ses lèvres, effaçant les traces de rouge à lèvre nude qu’elle y avait laissé. « Je plaide coupable... quand je t’ai remis ma démission, il faut croire qu’il n’y avait pas que l’idée de ne plus venir bosser qui me mettait en joie. » Un murmure, comme un secret entre eux quand n’importe qui aurait pu le voir rien qu’à ce sourire un peu trop satisfait qu’elle avait. Il la voulait comblée après tout, non ? « Ça ne sera pas une corvée de t’embrasser en tout cas, c’est déjà une bonne chose. » qu’elle lui balançait de but en blanc, tapotant son torse avant de s’éloigner de lui, comme si elle avait déjà eu peur qu’il puisse embrasser mal. Ça aurait été la meilleure celle-là. |
| | | | (#)Mar 28 Jan 2020 - 10:30 | |
| « Tant que tout est subtilement dissimulé, ça me va. Et je ne veux rien savoir. » Ajouta-t-il en souriant légèrement. Camil n’était pas une personne particulièrement curieuse ; comme il se plaisait à le rappeler à quiconque zonait trop autour de sa vie, la notion de « privé » lui était essentielle. Cet adage, il veillait donc à l’appliquer à ses relations. Alors bien sûr, il se plaisait à titiller certains de ses amis sur leurs relations interdites — Hassan, pour ne pas le citer — mais il ne s’offusquerait jamais d’entendre son ami lui dire qu’il n’avait pas envie d’en parler. Le politicien n’était lui-même pas très loquace. « Elle est top, tu verras. » Confia Camil à propos de Sixtine, avec une tendresse non feinte. Il aimait sa soeur, au-delà du raisonnable. S’il y avait bien une façon pour atteindre le politicien, c’était en s’en prenant à la dernière des Smith ; et cet élément, il tâcherait de le garder secret. Il n’avait pas besoin que ses détracteurs soient au courant de sa principale faiblesse.
« Pas mon genre. » Répliqua Camil en faisant la moue. En vérité, c’était l’amour tout court, qui n’était pas son genre. Les sentiments, l’engagement… Tout cela n’était pas pour lui, tout simplement. Alors fonder une famille, ça n’était même pas dans ses plans. « Parfait. Ton opinion me facilite la tâche, vraiment. » Confia l’américain en souriant. Il ne serait pas le seul à être pointé du doigt. Tous deux seraient catalogués de carriéristes, mais qu’importe : ils n’avaient pas à rougir de leur ambition. « Je compte sur toi pour agir pour le bien commun. » Déclara le politicien en inclinant légèrement la tête. Et si elle avait quelques doutes quant à ce qu’il voulait dire par là, il allait vite l’éclairer à ce sujet. « Oeuvres de charité, implication au sein d’associations, visites des enfants malades dans les hôpitaux, ce que tu voudras. Je t’accompagnerai, de temps à autre. » Promit-il. « Et pour ton information, dans quelques jours, toi et moi, on se rendra à Lone Pine. » Le sanctuaire des koalas, à Brisbane. Ce dernier croulait sous le travail, depuis que les feux ravageaient l’Australie. Camil avait d’ailleurs prévu de faire un don à l’organisme, lors de sa visite. « J’espère que tu n’as rien contre nos amis les koalas. » Souffla-t-il en souriant légèrement. Il ne se réjouissait pas de la situation, bien au contraire : il aimait l’Australie, sa faune et sa flore luxuriantes, ces multiples paysages variés. Il trouvait navrant de voir son pays réduit en cendres.
Il n’avait jamais imaginé que Deborah se montrerait aussi impliquée dans son nouveau rôle, mais il n’allait certainement pas s’en plaindre : pour lui, l’implication de sa future officielle était du pain béni. Il encadra son visage de ses mains, et combla les quelques mètres qui les séparait encore. Enfin, après de longues semaines de tentation et de frustration, l’Américain avait l’autorisation de goûter au fruit défendu. Il se délecta de cet instant suspendu, alors que tous deux de découvraient de façon plus intime. Les lèvres de Deborah se mouvaient contre les siennes, avec un naturel presque désarmant. Comme si ce n’était pas leur première fois, comme s’il y avait déjà une forme d’habitude et de naturel dans ce geste. Ils restèrent néanmoins chastes, refusant de s’engager dans un échange plus poussé qui, Camil le savait bien, risquait de les entraîner sur une pente nettement plus glissante. Et même si le politicien n’avait rien contre l’idée de partager un moment plus intime avec son ancienne collaboratrice, la raison lui rappelait que tout arrivait en temps voulu. Et que, clairement, ils n’étaient pas là pour ça. « Je n’avais jamais réalisé que tu étais si petite. » Déclara l’Australien en souriant, s’amusant clairement de leur différence de taille. Cette impression était renforcée par le fait que Camil frôlait presque les deux mètres. Patiemment, il laissa l’Irlandaise effacer les traces que son rouge à lèvres avait pu laisser. « Le rouge est proscrit jusqu’à nouvel ordre. » Déclara le politicien, le plus sérieusement du monde. En voyant qu’elle le regardait d’un air interloqué, il jugea bon de préciser : « Je refuse de ressembler à un clown en public. » Mais si elle avait envie de peindre ses lèvres en carmin lors d’un moment moins officiel, il ne trouverait rien à y redire. Si elle était à ses côtés, c’était pour l’aider à passer pour un gendre idéal auprès de tous — et surtout auprès des électeurs. Il ne perdait pas de vue que son image était un élément de communication essentiel, qu’il devait peaufiner, et il comptait sur Deborah pour cela. « Enfin ! Enfin tu le reconnais ! » S’exclama-t-il en soupirant, presque offusqué d’avoir dû attendre si longtemps qu’elle reconnaisse que son jeu double. Il l’avait toujours soupçonné, deviné - certains gestes, certains regards, certains mots ne trompaient pas. Ils se tentaient, mutuellement. « J’ai cru que tu ne l’admettrais jamais. » Maugréa-t-il, alors que la chaleur agréable que diffusait la main de Deborah se répandait dans tout son corps. « Ça convient à madame ? » Demanda-t-il, sur un ton moqueur, en laissant ses yeux glisser sur ladite main. Il ne trouvait cependant rien à y redire : plus ils se montreraient tactiles et proches, plus leur relation serait crédible aux yeux du reste du monde. « Serait-ce un compliment déguisé ? » Il mettait volontairement Deborah face à ses propos, qu’il tournait forcément à son avantage, fier de son petit effet. « Pour ton information, personne ne s’est jamais plaint de moi à ce sujet. » Confia le politicien en laissant sa future petite-amie officielle s’éloigner sagement de lui. Pour le moment ; parce que dans quelques minutes à peine, ils seraient à nouveau collés l’un à l’autre. Dans quelques minutes, ils officialiseraient les choses devant un parterre d’invités prestigieux et célèbres. « Il va falloir qu’on y retourne. » Déclara le politicien en jetant un coup d’oeil à sa montre. « Remets tes chaussures Cendrillon, ton prince charmant va t’emmener valser. » Nul doute que ce couple, atypique et inattendu, attirerait l’attention des autres convives. Et puis, avec une telle robe, l’Irlandaise ne pouvait qu’attirer les regards : elle scintillait, littéralement.
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| | | | (#)Ven 14 Fév 2020 - 8:47 | |
| Un instant de doute. Court. Si Camil n’attendait pas d’elle qu’elle dégage une image parfaite – parce que ça serait naturellement suspicieux et ça donnerait envie à quiconque de fouiller davantage à la recherche de failles chez la brune – il comptait tout de même sur elle pour faire preuve d’une bonne image et ça commençait par la générosité, l’implication auprès d’œuvres de charité et autres associations. Le temps libre qu’elle avait, il fallait l’utiliser à bon escient, Camil n’allait certainement pas la payer pour rester le cul visé dans un canapé. « Oui, pas de souci. Je vais faire ça. » De toute façon, ce n’était pas son genre de passer des jours sans rien faire. Elle en était incapable et c’était d’ailleurs l’une des raisons qui l’avait poussée à garder son job à mi-temps à la salle de boxe. Une façon pour elle de s’assurer un minimum d’activité, avec même l’objectif de trouver un autre travail, à plein temps cette fois mais pour le moment, la question ne se posait pas encore. « Je n’ai rien contre les koalas. Je ne te promets pas de rester insensible par contre. » Parce qu’elle restait humaine et que la cause animale lui tenait à cœur. Quand bien même elle n’était pas végétarienne ou un truc comme ça, ça n’empêchait pas sa sensibilité face à des animaux blessés ou des situations dans ce genre. « Promis, je serais pas une fontaine non plus, je vais tâcher de me retenir. » Se montrer sensible, c’était bien. Se montrer trop faible, ça pouvait sérieusement craindre pour la suite. Alors elle contiendrait ses émotions autant que possible, sans les cacher pour autant. Un équilibre qu’elle tenterait de trouver.
L’avantage non négligeable des deux protagonistes était qu’ils étaient tout deux des séducteurs. Se découvrir plus intimement sonnait naturellement plus évident pour eux, moins tendu et moins stressant. Question d’habitude sûrement – même si du côté de Debbie, elle était séductrice en allant rarement jusqu’au bout des choses, ce qui expliquait sans mal ces mois d’abstinence. Elle ne se donnait pas à n’importe qui non plus. Camil y compris. Rien ne garantissait que leur relation intime irait au-delà de ce que les gens pourraient en voir. Elle allait avoir la chance de le connaître davantage, elle n’allait pas s’en priver sans quelconque implication, même si elle ne devait être que physique. « Ça aurait pu être pire. Tu aurais pu choisir ta comptable et là tu aurais vraiment dû te plier en deux. » lançait-elle dans un rire. Qui n’était pas petite à côté de Camil ? Personne, certainement pas une femme. Elles étaient bien rares à être aussi grandes que lui. Debbie était d’une taille fortement raisonnable pour une demoiselle – même grande à vrai dire – alors elle n’imaginait pas la comptable de Camil à côté de lui. Il paraitrait géant et elle, minuscule – en plus d’être bien plus vieille que lui mais là n’était pas la question. « Promis, si jamais je mets un rouge très rouge, je m’assurerais qu’il soit sans transfert ce jour-là. » promettait-elle à son tour, finissant d’effacer les traces de son nude sur les lippes du blond.
Elle riait de son exclamation, comme si enfin, elle partageait son point de vue et ses envies et qu’il était soulagé à cette idée. Ça serait mentir que de dire que ce n’était pas agréable d’avoir comme mission d’embrasser un homme charmant – et charmé. « Il était pas si déguisé que ça. » avouait-elle sans mal. Oui, évidemment que c’était un compliment. Oui, évidemment que ça lui convenait, elle pouvait difficilement rêver mieux. Le mieux serait d’avoir pour mission d’embrasser un type dont elle serait amoureuse et ce n’était pas le cas. Encore que, la connaissant, ça avait tendance à la faire flipper, pas sûre que ça soit bien mieux finalement. « Il faudrait être idiot pour se plaindre. » Parce que non seulement, il embrassait bien – l’entraînement, toujours ! – mais si jamais ça ne plaisait pas à qui que ce soit, il suffisait que cette personne s’en aille sans demander son reste. Nul besoin de rabaisser l’autre en soulignant de tels propos. Ce n’était que l’avis de l’Irlandaise. Sous la demande du politicien, Debbie retrouvait l’inconfort de ses talons avant de le suivre en direction de la salle où se trouvait la réception. Cendrillon. C’était presque ça. « Est-ce que, comme le prince, tu comptes te montrer attentionné ? Parce que je suis quasiment sûre que mes pieds et mes gambettes ne seraient pas contre un massage relaxant après cette soirée à danser et rester debout. » Regard de biche, battements des cils, elle était quasiment certaine qu’il allait refuser mais c’était trop tentant de lui demander, aussi une façon d’appréhender ce qu’il était prêt à faire ou non. Elle n’attendait pas de lui des miracles à ce stade de leur plan. De toute façon, la suite était déjà prévue. Il était censé la ramener chez elle après la soirée. Avec un peu de chance, c’était Joseph qui allait lui faire ce massage. Elle pouvait toujours rêver.
De retour dans la salle et comme Camil l’avait indiqué, les deux partenaires se dirigeaient vers la piste de danse, sous quelques regards curieux mais sans plus. La plupart s’était habitué à la présence de la jeune femme auprès du géant tout le long de la soirée, il n’y avait donc pas à s’étonner qu’ils finissent par danser ensemble. Rien d’extravagant, à l’image de Camil, elle l’accompagnait dans ses pas et ils échangeaient des regards et sourires entendus dont ils étaient les seuls à en connaître réellement les aboutissants. Les minutes passaient et même s’ils étaient dans une soirée plus chic qu’à l’accoutumée pour un nouvel an, ils n’échappaient pas au décompte traditionnel annuel à l’approche de minuit. 5… 4… 3… « Tu es prêt ? » Question rhétorique en majorité recouverte par la voix des invités qui finissaient le décompte. 2… 1… « Excellente année Camil. » Elle ne lui souhaitait que de bonnes choses et que leur petit plan porte ses fruits, que son avenir professionnel et personnel soit celui qu’il espérait. Sans surprise – sauf pour les plus proches d’eux – ses lèvres rejoignaient les siennes dans un baiser tendre, de ceux uniquement échangés quand il s’agit d’un couple, illusion d’autant plus marquée quand elle s’autorisait à glisser ses mains sur ses flancs pour le rapprocher d’elle un peu plus. Elle l’ignorait encore mais c’était le lendemain qu’elle réaliserait l’intérêt que les gens peuvent porter à Camil et à sa vie privée si bien cachée quand ses iris s’arrêteraient sur la photo de ce baiser si particulier, pour tous. |
| | | | (#)Mer 19 Fév 2020 - 10:18 | |
| « Ne t’en fais pas, je ne demande pas à ce que ce soit quotidien. » Il se voulait rassurant ; il ne lui demandait pas de lui être complètement dévouée. Cependant, l’Irlandaise n’échapperait pas à quelques événements auxquels Camil devait impérativement être vu. « Tu n’es pas encore première dame. » Plaisanta-t-il en souriant. Si son ambition était débordante, il restait néanmoins réaliste : son ascension serait progressive, et il atteindrait les sommets en temps voulu. Et puis, surtout, il ne proposerait pas à une femme de l’accompagner dans ce projet. Il savait qu’au-delà du travail à temps plein, cela s’apparentait presque à de la dévotion. « Et la plupart du temps, j’essayerai de t’accompagner. » Promit-il d’une voix douce. Mais lui dire qu’il serait toujours à ses côtés serait mentir ; il savait d’ores et déjà que son temps serait compté. Il devrait bientôt jongler entre sa vie publique et sa vie privée, et s’assurer que tout rentrerait bien dans les cases. Véritable bourreau de travail, il savait qu’il risquait de ne pas respecter cette mince frontière entre ces deux entités. Sans doute était-ce pour cela qu’il avait tenu à avoir sa soeur, Sixtine, à ses côtés. Bien évidemment, sa présence était justifiée par le rôle primordial qu’elle tenait — dans le secteur de la communication — mais elle représentait aussi un socle dans toute cette nouvelle aventure. Il l’aurait d’ailleurs volontiers entraîné à Lone Pine avec lui, si Deborah n’avait pas fait une arrivée tonitruante dans sa vie. « Par pitié, préviens-moi juste pour que je ne sois pas pris au dépourvu. » Gérer ses émotions était une chose ; gérer celles des autres en était une autre. Il ne doutait pas une seule seconde que l’évidente émotion de sa compagne serait positivement perçue par la population, qui accusait le coup suite aux feux dramatiques qui avaient ravagé le pays. « Je m’assurerai d’avoir un paquet de mouchoirs dans la poche, juste au cas où. » Assura-t-il, anticipant sur les réactions de l’Irlandaise.
Il se moqua dans les grandes largeurs de sa petite taille, maintenant qu’elle n’était plus juchée sur une paire vertigineuse de talons aiguilles. Il s’était toujours demandé comment les femmes faisaient pour marcher avec ça, sans se tordre une cheville au moindre pas qui n’aurait pas été judicieusement calculé au préalable. « La comptable ? » Répéta le politicien en écarquillant les yeux, affolé à l’idée que cette dernière soit un jour aperçue pendue à son bras. Et puis quoi encore ? S’il avait voulu se tirer une balle dans le pied, alors oui, son choix se serait porté sur elle. « Je n’ai rien contre l’idée de sortir avec des femmes d’un certain âge, mais elle pourrait presque être ma mère. » Camil était quelqu’un qui vivait avec son temps : il se fichait royalement de la différence d’âge dans les couples. Il ne jugeait pas les carriéristes, ni ceux qui choisissaient de ne pas enfanter. Chacun était libre d’agir comme il l’entendait, et l’Américain n’y trouvait rien à redire : le libre-arbitre était une chance, une véritable liberté. « Et puis, franchement, elle ne fait pas rêver. » Grommela-t-il en faisant la moue. Il faut dire que, contrairement à d’autres, elle n’était enlisée dans un jeu de séduction avec Camil. Elle faisait son travail, sans chercher à l’impressionner ou à lui plaire — ce qui avait tendance à se raréfier, depuis quelques mois. Les échéances électorales étant de plus en plus proches, l’entourage de Camil s’était soudainement élargi, et les vautours ne volaient désormais plus très loin. « Mais c’est vrai qu’elle ne me tartinerait pas de rouge à lèvres, elle. » Commenta-t-il, alors que le pouce de Deborah effaçait les dernières traces que son nude avait laissé sur ses lèvres. Ce premier baiser, chaste, avait été échangé à l’écart des festivités — une façon, pour eux, de se familiariser avec leur nouvelle prétendue proximité. Parce que c’était là, tout l’enjeu de leur deal : être capable de faire croire en leur existence en tant que couple, alors qu’il ne se passait strictement rien entre eux. Le défi était de taille, mais Camil était persuadé de leur réussite : ils avaient mis toutes les chances de leur côté, et continueraient d’agir de la sorte.
« Ça aurait surtout été dommage que tu n’y trouves pas ton compte, parce que c’est quelque chose qui est amené à se reproduire régulièrement. » Fit remarquer l’Américain. Jouer les faux couples impliquait forcément des rapprochements, plus ou moins physiques, de temps à autre. Un baiser furtif, eux s’enlaçant, leurs mains vissées — les moyens de matérialiser leur prétendu couple étaient nombreux. Encore fallait-il y penser, et les utiliser à bon escient. Camil suggéra donc de retourner dans la fosse aux lions, où tous deux pourraient se donner en spectacle — d’abord en dansant, au milieu d’une foule qui n’attendait que de voir si leurs soupçons étaient exacts. « Mes mains. Sur tes pieds. T’as pas l’impression qu’il y a comme un problème ? » Demanda le politicien en secouant la tête. « Je préfère qu’on en reste à des relations strictement professionnelles. » Après tout, ils étaient liés par un contrat - et à aucun moment, il était stipulé que l'Australien devait masser les orteils endoloris de sa compagne. « C’est hors de question. » Précisa-t-il, avant que l’Irlandaise ne se fasse une fausse idée de ses propos. Il attendit patiemment qu’elle enfile ses escarpins, et tous deux retournèrent dans le lieu où se déroulaient les festivités.
Ils se retrouvèrent au milieu de la piste de danse, entourés de couples plus ou moins déclarés. Camil profita de ce court moment de répit pour jeter un coup d’oeil sur les convives : tous avaient le sourire, et la soirée semblait se dérouler sous les meilleures auspices. Il avait bien choisi son moment pour officialiser avec Deborah ; rien ne laissait présager que tout cela était calculé. « Toujours, pour ce genre de choses. » Commenta-t-il en souriant, convaincu que sa complice lèverait les yeux au ciel devant tant d’insistance. Le décompte parvenait à peine à ses oreilles ; en réalité, il était déjà obnubilé par l’après. Il scella son « Bonne année. » d’un baiser chaste, bien que suffisamment appuyé pour ne laisser aucune place au doute. Ses mains étaient naturellement venues encadrer le visage de Deborah, tandis que cette dernière avait glissé ses doigts contre ses flancs. « Elle a merveilleusement commencé. » Confia-t-il à voix basse, avant de poser ses lèvres sur son front. Le couple, rendu officiel lors de cette soirée de nouvel an, resta volontiers enlacé. L’Américain se pencha, jusqu’à s’arrêter à quelques millimètres de l’oreille de sa compagne. « J’ai l’impression que notre petit stratagème a fait son effet. » Il suffisait de jeter un regard sur l’ensemble des convives pour en apercevoir certains qui regardaient dans leur direction, murmurant quelques mots à l’oreille de leur voisin. « Tu es une actrice convaincante. » Admit le politicien en souriant. Et lui, un employeur comblé : plus le temps passait, plus l’Américain se félicitait de son choix. « On ne va pas s’éterniser ce soir, si tu n’y vois pas d’inconvénient. » Annonça le politicien en jetant un regard aux alentours. Les vautours n’étaient pas loin, et il pouvait sentir quelques regards perçants s’appesantir sur eux. « Toi et moi devons parfaire notre prétendue histoire, avant de nous confronter aux questions des curieux. » Parce que c’était une certitude : tôt ou tard, ils subiraient une avalanche de questions. De la part des politiciens, de la part des personnalités ici présentes, de la part des journalistes. « Ce serait dommage qu’on se grille à cause de détails qui ne concordent pas. » Ajouta-t-il en faisait la moue. Tout avait si bien commencé.
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| | | | (#)Mar 10 Mar 2020 - 9:38 | |
| Le regard de Camil changeait, le sourire de Deborah se muait en un rire. L’idée de sa comptable pendue à son bras semblait le choquer et il justifiait sa réaction. C’était vrai qu’elle était bien plus âgée que lui et la brune ne manquait pas l’occasion de l’embêter un peu avec ça. « Tu devrais avoir honte de continuer de la faire travailler. Tortionnaire… » Son sourire laissait évidemment savoir qu’elle plaisantait. A l’âge de sa comptable, c’était évident qu’elle continuait de travailler parce qu’elle en avait besoin – que cela soit financier, psychologique ou les deux, Deborah n’en savait rien – et que Camil lui faisait même une fleur de la prendre dans son équipe. Il pourrait aisément s’entourer uniquement de jeunes dynamiques mais ce n’était pas le cas. La brune avait bien compris que cette femme faisait partie des meubles de la mairie et que personne ne se voyait s’en passer quand bien même elle était moins rapide qu’avant – mais toujours aussi efficace et professionnelle et c’était bien là le plus important. « Tu es en train de dire que je fais rêver ? » Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde et elle ne se gênait pas pour en ajouter une couche. « C’est la population que je vais faire rêver en étant la femme modeste qui a su faire flancher le cœur d’un homme important ou c’est toi que je fais rêver ? » Ce sourire amusé qu’elle avait jusque-là se transformait en un sourire séducteur, à défaut de ne pas être au bon endroit et au bon moment pour être aguicheur. Elle ne serait pas étonnée d’apprendre qu’il avait déjà rêvé d’elle de façon absolument pas innocente. Si tous les deux avaient signés pour jouer les couples modèles pour les photos, sur cette jetée, ils étaient de nouveau eux-mêmes, deux êtres à part entière, ces deux individus indubitablement attirés l’un vers l’autre sans jamais céder. Alors forcément, elle s’en amusait toujours autant. Le jeu n’avait pas cessé et il risquait même de se corser. Il n’était plus simplement question de coucher avec lui un soir et de disparaître dans la nature. Si quoi que ce soit devait se passer sur le plan du réel privé entre eux, il fallait prendre en compte qu’ils allaient continuer de se fréquenter et, pour Deborah en tout cas, ça changeait toute la donne.
« Je vois pas le problème. En plus tu as de grandes mains, tu pourrais me masser tout le pied sans faire quinze mouvements. » L’image l’amusait beaucoup quand bien même elle savait que ça n’allait pas se faire, les mots de Camil ne faisant que le confirmer. « Hé, tu as dit que tu subviendrai à mes besoins, ça en fait partie de me sentir bien dans mon corps. » Et de ne pas avoir mal aux pieds. Retourner gentiment ses mots contre lui, même quand lesdits mots dataient de plusieurs semaines, c’était presque la spécialité de l’Irlandaise. On avait souvent le stéréotype des femmes capables de ressortir des dossiers datant de Mathusalem… il fallait croire que Debra commençait à développer cette faculté. Jo devait déteindre sur elle probablement. Rapidement, leurs pieds frôlaient de nouveau le parquet de la salle. Minuit sonnait à la porte. Le blond avait raison de penser que sa compagne lèverait les yeux – puisqu’elle l’avait fait. Un baiser échangé. Pas d’extravagance, juste assez long pour être remarqué. Une étreinte tendre, des gestes qui l’étaient tout autant et un sourire amusé sur le visage de Deborah. « Ça reste entre nous mais je suis pas sûre que c’était du domaine de l’acting pour le coup. » un bref clin d’œil, un aveu absolument pas dissimulé. Elle avait eu envie de l’embrasser, officialiser leur faux couple n’était qu’un bon prétexte pour réaliser cette envie fugace. C’était plus le reste qui était de l’ordre du jeu. Cette factice tendresse entre eux, cette étreinte trop longue pour qu’elle leur ressemble vraiment. A sa remarque, elle secouait seulement la tête. Non, ça ne la dérangeait pas s’ils ne s’attardaient pas. Joseph l’attendait à l’appartement de toute façon, pour fêter la nouvelle année à leur manière, comme tous les ans depuis que le brun était de nouveau libre. D’autant plus que Camil avait raison, ça serait idiot de s’emmêler les pinceaux ce soir en étant trop gourmands des mondanités. « Tu sais que je te suis de toute façon. Quand tu veux y aller, on y va. » Un coup d’œil rapide autour d’eux. Son regard avait suivi celui du blond dès l’instant où il avait mentionné les curieux en question. « Est-ce qu’il y a des gens à qui tu veux souhaiter tes meilleurs vœux dès maintenant ? » Un instant de suspension et un rire plus tard, elle rectifiait ses mots. « A qui tu veux qu’on souhaite nos meilleurs vœux. » Parce qu’elle faisait partie de l’équation désormais, d’autant plus ce soir maintenant que la curiosité était fortement piquée. Aux yeux de ce petit monde politique qui n’était pas le sien, elle était dorénavant indissociable de l’Américain, sans quoi elle n’existerait pas pour eux.
Un peu plus d’une heure, c’est le temps qu’ils étaient restés après l’annonce de la nouvelle année et pour éviter tout cafouillage, c’était près de lui qu’elle avait terminé la soirée. Une petite assurance de se compléter dans les histoires s’il le fallait quand bien même ils n’étaient restés qu’en surface. Même si leur couple était officialisé, ils étaient sur la même longueur d’ondes sans même se consulter : rester pudique. Si leur rapprochement n’avait échappé à personne aux douze coups de minuit, ils étaient restés soft pour le reste de la soirée, exactement comme elle avait commencé, peut-être une main tendre en bas du dos de temps en temps mais pas plus d’effusion que cela. Rester simples avant tout, laisser comprendre qu’ils n’allaient pas en dévoiler plus sur eux pour autant. « Je trouve qu’on fait une excellente équipe. » C’était ses premiers mots quand elle posait (enfin) son fessier sur le siège passager du véhicule de Camil. Un soupir d’aise, sans oser retirer ses talons cette fois, elle n’allait pas tarder à redescendre de toute façon. Un bâillement, discret et camouflé de sa main, passait le seuil de ses lippes, ce qui ne manquait pas de la faire rire. « Qui aurait cru qu’être "petite-amie de" était aussi fatiguant. Il va falloir que j’apprenne à me coucher tôt. » Et parce qu’il ne fallait pas se leurrer. Même s’il lui avait dit qu’il l’avait choisi parce qu’il ne voulait pas d’un joli papier peint à côté de lui sans conversation ni répartie, ça faisait tout de même partie de son rôle d’être pimpante, et pour ça, il fallait être un minimum reposée et arrêter de se coucher à des heures impossibles. « Tu as des choses de prévues après ? Tu rejoins ta sœur, des amis ou tu vas juste rentrer te coucher ? » La nuit était bien avancée mais elle restait curieuse. Elle savait que Camil avait un planning chargé en terme général et que ça n’allait pas aller en s’améliorant mais elle commençait aussi à imprimer qu’il restait un bon vivant. « A partir de quel moment je risque de trouver un journaliste ou quelque chose comme ça dès que je sors de chez moi ? » |
| | | | (#)Ven 13 Mar 2020 - 10:11 | |
| « Elle est plus efficace que toute la nouvelle génération réunie… » Admit Camil en faisant la moue. Pourtant, il savait que cet argument ne suffirait pas à la retenir au moment où elle déciderait de prendre sa retraite. Par chance, l’Australien savait aussi qu’il n’aurait jamais à vivre ce moment : bientôt, il quitterait la mairie pour voler de ses propres ailes. Sa carrière stagnait depuis trop longtemps à son goût, et le moment était venu d’enclencher d’autres projets — plus conséquents, plus ambitieux. La présence de Deborah dans sa vie ne résultait pas d’un hasard ; comme d’habitude, quand il le pouvait, il avait anticipé sur l’avenir. « Si je te disais oui, serait-ce une surprise ? » Demanda-t-il en esquissant un léger sourire, amusé par l’échange qui se dessinait entre lui et son ancienne collaboratrice. Elle n’était pas sans ignorer qu’il avait plus que louché sur elle et ses courbes, lorsqu’elle occupait le poste de Community manager à la mairie. Entre eux, un jeu de séduction s’était rapidement installé. Les regards en biais et les petits sourires en coin avaient été les premières marques d’un intérêt éveillé. Puis, petit à petit, les sous-entendus avaient fait leur apparition — pour finir par devenir quasi quotidiens. « Un homme important, n’exagérons rien. » Camil fit la moue, conscient que le chemin qui lui restait à parcourir était encore long. Et semé d’embûches : ses adversaires ne le laisseraient pas faire sa campagne sans tenter de lui mettre de bâtons dans les roues. Le monde politique était impitoyable, et l’aîné des Smith en ferait tôt ou tard l’amère expérience — même s’il cherchait à s’en prémunir par tous les moyens. « Mais pour répondre à ta question, je pense que tu risques d’en agacer plus d’une. » Commenta le directeur de cabinet du maire en souriant, amusé. A commencer par ses anciennes collègues du service communication, qu’il avait déjà outrageusement dragué à grands coups de sourires et de clins d’oeil, alors que Deborah était encore dans ce service. « T’emballes pas non plus, je ne vais pas te demander en mariage. » Fit remarquer le politicien, appuyant le tout d’un clin d’oeil.
« Bien sûr. » Approuva l’Australien en hochant la tête. Et puis quoi encore ? Il avait clairement autre chose à foutre que d’aller masser ses pieds, aussi douloureux puissent-ils être. A moins que… « Et qu’est-ce que j’obtiens, moi, en échange ? » Demanda-t-il, prouvant ainsi qu’il était ouvert à la négociation. À vrai dire, si Deborah l’autorisait à poser ses mains sur elle, il ne se dirigerait pas naturellement vers ses pieds. Pas dans un premier temps, en tout cas ; d’autres zones lui paraissaient bien plus appétissantes. « Par subvenir à tes besoins, j’entendais te filer ma carte bancaire pour que tu fasses du shopping, et te nourrir lors de nos sorties à venir. » Fit-il remarquer en arquant un sourcil. Une Pretty Woman des temps modernes, à laquelle il ne demanderait aucune faveur sexuelle. Pas besoin : tous deux savaient pertinemment qu’un rapprochement était inévitable. Ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’un premier dérapage se produise. « Je peux éventuellement inclure un massage de pied dedans, si ça te fait plaisir. » Concéda-t-il en haussant les épaules. Camil savait être un grand prince, à ses heures perdues. « Pour le reste du corps, je me tiens à ta disposition. » Ajouta-t-il finalement, révélant ainsi qu’il ne perdait pas le nord. Elle lui céda un peu de terrain lors du passage officiel à la nouvelle année, où le faux-couple entreprit d’officialiser leur prétendue relation. « C’est pas juste de m’allumer alors que nous sommes en public. » Déclara l’Australien, en posant sur elle un regard brillant. Ses pensées étaient déjà bien loin, et divaguaient vers toutes les tortures délicieuses qu’il pourrait lui faire subir. Il soupira bruyamment, et informa Debbie de son intention de ne pas s’éterniser. Elle approuva, et il entreprit de réaliser une partie du contrat qui les liait. « Viens, je vais te présenter du monde. » Commenta-t-il. Il glissa sa main dans la sienne, et l’entraîna à sa suite. Il salua quelques personnes sur son chemin, s’attarda pendant quelques minutes auprès d’un sénateur dont le regard déviait naturellement vers le décolleté de Deborah, et arriva finalement devant un chef d’entreprise. Il lui présenta ses meilleurs voeux, fit teinter leurs coupes de champagne, et introduisit l’Irlandaise auprès de l’un de ses paires, qui travaillait dans l’import-export. « Sully, je crois que je n’ai jamais pris le temps de te présenter Deborah. » C’était désormais chose faite. Le chef d’entreprise, bien élevé et pratiquant le politiquement correct avec brio, soigna son introduction auprès de la prétendue compagne de Camil. « C’était ma community manager. » Le sourire entendu que Sully lui adressa voulait tout dire — comme beaucoup, il n’était pas sans ignorer la réputation de coureur de jupons de l’Australien. « Elle est Irlandaise. » L’intérêt de son interlocuteur s’éveilla aussitôt, et il prit le temps d’échanger plus longuement avec cette nouvelle venue dans ce cercle fermé.
Après une bonne heure d’échanges plus ou moins cordiaux, Deborah et Camil décidèrent de s’échapper de cette soirée. Leur entrée officielle dans ce monde particulier avait été une réussite, et tout s’était merveilleusement bien déroulé. Ils avaient été observés, parfois jugés, souvent questionnés. Ils s’en étaient brillamment sortis — pour le moment, en tout cas. Ils grimpèrent dans la voiture de Camil, qui démarra sans tarder. « Entièrement d’accord. » Dit-il en hochant la tête, alors qu’il s’engagea sur les routes désertiques de Brisbane. Pour le plus grand nombre, la fête battait encore son plein. « Petite nature. » Se moqua-t-il, un sourire goguenard clairement affiché. « Et encore, c’était plutôt simple ce soir. Tu vivras des moments plus éprouvants. » Mais pour le moment, ils pouvaient vivre d’amour et d’eau fraîche — en quelque sorte. « Ma soeur doit être avec des amis à elle. » Répondit le politicien en haussant les épaules. A son arrivée, il trouverait sans doute l’appartement vide, et silencieux. « J’aurais pu rejoindre des amis, mais il est déjà tard. » Déclara-t-il après avoir jeté un coup d’oeil à sa montre. La nuit était bien avancée, et ses amis devaient déjà avoir largement profité des festivités. Pas question d’arriver en court de route ; s’intégrer à ce type d’événement alors qu’il en avait manqué la majeure partie ne serait pas facile. « Je vais profiter de l’accalmie pour bosser un peu, je pense. J’ai quelques rendez-vous importants à préparer. » Admit Camil en faisant la moue. Avec Nolan, notamment, puisqu’ils devaient prochainement échanger sur la campagne. Il rencontrerait aussi prochainement Skylar, la femme de Nolan, qui allait sans doute gérer la communication autour de Camil. « Mais j’avoue que je rêve d’un bain. » Confia l’Américain. C’était suffisamment rare pour être souligné. Habituellement, quand il n’était pas en congés, il ne prenait tout bonnement pas le temps d’écouter ses envies futiles. « Et toi ? » Demanda-t-il en posant son regard sur elle, alors qu’il venait de s’arrêter à un feu rouge. Le GPS indiquait qu’ils n’étaient plus qu’à quelques kilomètres du lieu d’habitation de Deborah. « Pas de si tôt, j’espère. » Confia l’Américain. Il se passerait volontiers des journalistes vautours, qui chercheraient forcément à en savoir davantage sur sa vie privée. « On va essayer de garder secret le lieu où tu vis. Le plus longtemps possible, en tout cas. » Comme il le lui avait promis, il ferait de son mieux pour préserver sa vie privée, leur vie privée. « Mais sois rassurée : au cours des prochains mois, tu devrais être relativement tranquille. » Normalement. On ne savait jamais comment les choses pouvaient évoluer. « Et si jamais ça devient trop compliqué, tu pourras venir t’installer chez moi. » Il vivait dans un grand appartement, avec sa petite-soeur, à Spring Hill. Il avait suffisamment de place pour accueillir Deborah, mais doutait du fait qu’elle accepte. « Sans même avoir besoin de partager mon lit. C’est pas merveilleux, ça ? »
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| | | | (#)Mer 29 Avr 2020 - 20:12 | |
| La question de Camil se voulait rhétorique. S’il affirmait qu’elle faisait effectivement rêver, est-ce que c’était une surprise. A vrai dire, cette question n’était pas si rhétorique qu’elle semblait l’être, pas pour Deborah en tout cas. Du point de vue du blond, oui, elle faisait rêver sans nul doute, ce n’était pas leur petit jeu de séduction qui allait dire le contraire mais d’un point de vue général, il avait beau lui affirmer qu’elle risquait de faire des envieuses, le doute s’immisçait dans l’esprit de la brune. Elle ne remettrait jamais en doute l’envie fugace de certaines femmes de vouloir être à sa place, la jalousie potentielle de certaines conquêtes de l’homme politique qui n’ont jamais su le faire flancher là où elle avait faussement gagné. Mais au point de faire rêver ? Elle était beaucoup moins sûre de ça. Il faut dire qu’on ne l’avait jamais vraiment enviée de quoi que ce soit toutes ces années. Elle était née dans une famille modeste, elle n’était ni la plus belle ni la plus intelligente – sans être la plus mal lotie non plus, il ne fallait pas exagérer ni se plaindre – elle n’avait jamais eu un boulot grandiose, elle ne participait pas à des fêtes de dingue ni de la plus haute importance. Deborah était une femme avec une vie simple finalement, dans la moyenne de la planète alors forcément, l’idée qu’elle puisse faire des jalouses et en agacer ne lui avait jamais frôlé l’esprit, jusqu’à ce soir. Jusqu’au moment où il ouvrait des négociations pour un massage de pieds après longue soirée sur talons. Là, oui, elle allait pouvoir en faire des envieuses, quand bien même Camil en profitait pour glisser un sous-entendu. « Tu sais qu’en soi, si on considère mon bien-être personnel comme un besoin à subvenir, on peut inclure un massage de pieds à tes frais sans que tu ais à faire quoi que ce soit. Le reste de mon corps ne sera jamais soumis à négociation, tu peux rêver, tu es bien trop fort à ce petit jeu-là. » Il n’était pas homme politique pour rien, les négociations, ça le connaissait fort bien. C’est que ça la ferait presque rêver l’idée de passer une demie journée dans un institut de relaxation/beauté. Bientôt, elle y aurait accès, mais avec son propre argent. Les choses étaient claires dans son esprit : il était hors de question d’abuser de la carte de crédit du blond, elle ne se sentirait pas à l’aise avec ça.
Le reste de la soirée s’était parfaitement bien déroulée. Présentée auprès de diverses personnes, Deborah avait fait bonne impression sans prendre trop de place. Elle était, justement, restée à la sienne, de place jusqu’à ce qu’ils s’isolent dans la voiture de Smith, direction l’appartement de la brune. Une bonne occasion pour résumer la soirée et ce qui risquait de se passer par la suite, dans un avenir plus ou moins proche, dans la soirée, les futurs jours, les futurs mois. Elle s’intéressait naturellement à ce qu’il comptait faire du reste de la soirée, bien qu’il était déjà tard et que ça ne serait étonnant pour personne d’aller se coucher. A contrario, il lui confiait que sa sœur ne serait pas là et qu’il ne souhaitait pas rejoindre d’amis et, qu’à cette occasion, il allait en profiter pour travailler, encore. Une affirmation qui faisait naître (trop) naturellement une moue sur le visage de la jeune femme. « Ça t’arrive de prendre du temps pour toi ? Genre vraiment, pas juste le temps d’un bain. Une journée entière où ton téléphone est coupé, où tu check pas tes mails et qu’aucun dossier ne se retrouve sous tes yeux ? » Simple curiosité, sans aucun reproche. Elle le connaissait peu finalement mais elle savait de lui qu’il était un bourreau de travail mais n’était-ce pas trop justement ? « Profite d’un bain ce soir, ne te contente pas d’en rêver. Ça serait dommage et malheureux de t’esquinter avant même que tout est réellement commencé. » comme une petite inquiétude tacite dans les mots. « Un ami m’attend à mon appartement. On a notre petit rituel du nouvel an... se mettre la tête à l’envers toute la nuit en jouant à la console ou devant des émissions télé un peu débiles et on dort toute la journée du lendemain. » C’était ainsi depuis que Joseph était sorti de prison. Elle avait bien tenté de le traîner avec elle dans des plus grosses fêtes de nouvel an mais ce n’était pas son truc alors tant pis. Ça restait cool même à deux après tout. « J’ai juste un chouya d’avance sur lui avec le champagne de ce soir. » Elle en riait mais elle n’avait pas tant bu que ça. Deux ou trois coupes avaient été bien suffisantes et ce n’était pas ça qui allait la rendre pompette, elle était bien plus costaude.
Un coup d’œil sur le GPS, encore quelques kilomètres avant qu’elle n’arrive chez elle. Chez elle… quand est-ce qu’ils allaient savoir où est-ce qu’elle habite ? Une question qui lui venait à l’esprit et qu’elle s’empressait de lui poser sans plus de cérémonie. Quelques mois encore pour être tranquille. Camil n’était pas une célébrité du show-biz, ni un acteur. Les paparazzis s’intéressaient naturellement moins à lui pour le moment. Ça risquait d’être un peu plus le cas dans quelques mois, quand sa campagne commencerait réellement et que les habitants de l’Australie allaient davantage s’intéresser à la politique qu’au dernier petit-ami de Chloé Kardashian. « A vrai dire, je ne suis pas plus inquiète que ça. » Pour le moment… dans son esprit, ce n’était que des photos éventuelles, quelques questions volées. Elle ne se rendait peut-être pas bien compte de ce qui risquait de lui tomber sur le coin du nez. C’était pour cette raison qu’il était aisé de lire la surprise sur son visage quand il lui proposait de venir chez lui si jamais ça en venait à être trop compliqué. Sa précision la faisait naturellement rire et ça ne serait pas Deborah si elle ne rebondissait pas dessus en premier. « Ça me dérangerait pas plus que ça de partager ton lit... » un temps de silence, un sourire beaucoup trop amusé sur la bouille et elle rajoutait quelques mots. « On est des adultes après tout, on peut très bien dormir sans que rien ne se passe. » Quelle petite saloperie elle pouvait faire parfois. « Plus sérieusement, j’imagine qu’ils vont s’intéresser à ton appartement bien avant le mien et que tu risques fort d’être beaucoup plus surveillé que moi. » parce qu’elle n’imaginait pas qu’on puisse s’intéresser à elle – et surtout à sa possible naïveté – pour qu’elle fasse quelques boulettes sous un flot de questions, révélant de possibles informations qui ne devraient pas l’être. Seul son manque d’expérience justifierait qu’on trouve son appartement avant celui de l’Américain. « Mais c’est gentil de proposer, je garde ça dans un coin de la tête. » Ça la touchait réellement parce qu’il n’avait pas lancé des paroles en l’air. Il avait promis de prendre soin d’elle le plus possible pour lui permettre d’avoir une vie la plus normale qu’elle pourrait avoir et il s’y employait déjà.
« C’est là ! » les quelques kilomètres que le GPS avait indiqué avaient vite été avalés. Ils se retrouvaient face à l’immeuble de Deborah et le calme de la rue leur permettait de se garer sans grande difficulté à quelques mètres de chez la demoiselle. Elle détachait alors sa ceinture, son regard se braquant naturellement sur Camil. « Je t’aurais bien invité à boire un dernier verre avant que tu ailles travailler mais je suis pas sûre de l’état dans lequel je vais retrouver mon ami. » disait-elle en riant. Après tout, peut-être que Joseph aussi avait pris un peu d’avance sur la boisson, on ne sait jamais. Et puis il ne fallait pas se voiler la face, il avait cette tendance un peu associable quand il ne connaissait pas bien les gens et elle ne voulait pas vraiment présenter Camil à Joseph dans ces conditions, sans le mettre au courant en avance. Et puis sincèrement, maintenant qu’elle se perdait dans son regard trop clair, il fallait admettre que ça serait tenter le diable que de l’inviter chez elle. « Je vais y aller du coup, je ne vais pas te retarder plus que ça. Merci pour la soirée, c’était sympa. » un sourire tendre, une main amicale sur le genou et elle se tournait vers la portière pour l’ouvrir. « Oh, une dernière chose. Je t’appellerai après-demain pour qu’on se voit quand tu seras libre et qu’on parle de notre prétendue histoire. Il faut qu’on prenne le temps d’entrer dans les moindres détails. » C’était important, pour leur bien et celui de la carrière de Camil. « Bonne soirée et prends ce foutu bain... je t’autorise même à penser à moi à ce moment-là. » Un dernier rire et elle quittait le véhicule, ses talons claquant pour la dernière fois le bitume de Brisbane pour ce soir. |
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