Lucia&Evelyn #2 ► Moved out to a brand new life

(#)Mer 25 Mar 2020 - 10:32

Moved out to a brand new life
Evelyn Pearson & @Lucia Whitemore

Il était effectivement grand temps de prendre congés – ce que fit le duo de jeunes femmes dès que les Sanders s'arrêtèrent sur une date pour leurs noces. Evelyn la nota sur son carnet avec la dextérité de l'experte en calligraphie qu'elle était, se préparant mentalement à constituer les premiers jets du wedding journal qu'elle confectionnait pour chaque couple qui faisait appel à elle. Avec cet objectif en tête, tablant sur le mois d'octobre, le reste des taches qu'elles auraient à accomplir avec Lucia seraient plus concret, mais pas moins aisé. Elles partaient pour de long mois à considérer toutes les options dont Evie avaient parlé avec un soin particulier, une maniaquerie proche de l'obsession, déterminées à soulager les inquiétudes du couple qui les salua une dernière fois par une accolade – qui fit intérieurement grimacer la jeune femme, on ne changeait pas les bonnes vieilles habitudes. Elle était optimiste, portée par la performance impeccable de Lucia qui se révélait aussi bonne qu'elle l'avait soupçonnée alors. Elle était heureuse d'entamer ce projet avec elle, de lui donner de vraies raisons de penser qu'elles étaient faites pour travailler ensemble, et qu'elles pourraient répondre aux attentes de leur clientèle avec une complémentarité saine et instinctive. Au fond, elle avait gagné plus qu'un contrat aujourd'hui ; à ses yeux, c'était l'assurance qu'elle avait eu assez d'instinct pour dénicher un potentiel comme Lucia qui était le plus important aujourd'hui, et ça la plongeait dans une effervescence qu'elle utiliserait à bon escient pour faire du mariage de Kate et Mike un moment que personne n'oublierait jamais.
Elles n'eurent pas à attendre longtemps avant que leur voiture ne s'arrête devant chez les Sanders. Alors qu'Evie s'y engouffra avec élégance, Lucia attaqua le débriefing sans plus de cérémonie. Une hâte qui fit sourire en biais la jeune femme. La tête penchée sur le côté, elle lui répondit :

"Je craignais que ça ne se passe mal au début, Mike paraissait désintéressé de tout. Mais ce n'était qu'une impression, il s'est révélé un bon allié finalement, ça m'a rassurée." admit-elle, encore un peu secouée par l'entrée en matière du jeune homme. Pour de bon, elle décida de ne pas lui en tenir rigueur "On s'en est plutôt bien sorties. Qu'en as-tu pensé, toi ?" demanda-t-elle à Lucia tandis qu'elle tenait à lui faire comprendre que son ressenti sur la question était aussi important que le sien. Prévoyant de le lui dire ouvertement, elle se laissa prendre de court par ce qu'elle ajouta et qui cette fois, la fit rire doucement "Ce ne sont pas les pires futurs mariés que tu rencontreras. Même si elle a l'air plus directive et bornée que Mike, Kate est une version soft de la mariée qui sait ce qu'elle veut. Je crois qu'elle était un peu nerveuse en vérité. On ne peut pas lui en vouloir." concéda-t-elle avec douceur, pensant au fiasco qu'ils avaient connus avec son prédécesseur "Elle m'a l'air plus accessible qu'il n'y paraît. On aura sans doute de bonnes surprises avec ces deux-là." assura-t-elle de bonne humeur, tournant la tête dans la direction de la jeune femme sur laquelle elle posa un regard franc que ses compliments rendirent plus doux, plus maternel aussi "C'est toi qui as été impressionnante, Lucia." Elle opina du chef, ouvrant de grands yeux pour appuyer sa rhétorique qu'elle reformula, le nez légèrement froncé "Est-ce que tu te rends compte que, pour ton premier entretien de ta carrière, ce couple t'a considérée comme une wedding planner à part entière ? Ils se sont à peine aperçus que tu étais novice." Elle avait peut-être fait l'erreur de le leur dire, mais elle s'y risquerait plus, convaincue que malgré sa jeune expérience, Lucia avait tout pour réussir.
Se tournant vers elle, manœuvrant pour garder les genoux serrés, même si le port de la ceinture de sécurité rendait sa position on ne peut plus inconfortable, Evie l'observa un instant. S'arrêtant sur l'expression de son visage, elle paraissait plus détendue certes, elle trahissait toujours un peu l'idée qu'elle ne savait pas bien ce qu'Evelyn lui trouvait néanmoins. Elle s'était promis de lui entrer définitivement dans le crâne qu'elle était là où elle devait être, le moment lui paraissait plus que propice pour le faire. Aussi roula-t-elle ses lèvres l'une sur l'autre en reprenant, le ton aussi sincère que possible, dépourvu de la petite touche d'autorité naturelle qui faisait rarement oublier qu'elle était la patronne. A ce moment-là, elle revêtit la parure qu'elle portait lorsqu'elle s'adressait à sa cousine Lara, ou à ses neveux et nièces : celle de la jeune femme supportrice qui avait tant manqué de soutien à une période de sa vie, et qui ne supportait pas que les autres doutent d'eux-mêmes, surtout quand ils étaient aussi capables, aussi compétents que Lucia "Ne t'excuses jamais d'être là où tu dois être, d'accord ? Ne te demande pas ce que tu fais là alors qu'on t'a choisie – que je t'ai choisie – sciemment. Je crois en ton potentiel… qui est évident, n'aie aucun doute là-dessus. Tu t'es vue, rebondir chaque fois qu'une problématique était mentionnée ? Tu as réagis comme ça…", et elle claqua des doigts devant son nez pour exprimer le laps de temps si court qu'il lui avait fallu à plusieurs reprises pour mettre en exergue des solutions qu'elle avait déniché dans son esprit si vif, qu'Evelyn en était sincèrement impressionnée "Ce n'est pas donné à tout le monde, je te le garanti. Et que les choses soient claires entre nous : je ne te caresse pas dans le sens du poil. Si tu avais été mauvaise, je te l'aurais dit aussi." tint-elle à préciser, avant d'ajouter avec un soupçon d'humour pour détendre l'atmosphère, les épaules haussées pour marquer son point "Heureusement que tu as été bonne, ça aurait été très gênant autrement."

they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.

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(#)Sam 28 Mar 2020 - 20:36

Moved out to a brand new life
Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

Je ne sais quoi penser de cette rencontre : ai-je trop parlé ? Au point qu’Evelyn comment à se dire qu’elle a fait le mauvais choix avec moi et qu’elle préfèrerait être en décembre pour pouvoir choisir un autre assistant ? Suis-je au contraire restée trop passive ? Elle ne peut pas me reprocher ça non ? C’était mon premier jour sur le terrain à ses côtés. Bref, je nage en plein stress de mon côté, j’ai du mal à prendre du recul sur cet échange puisque je n’ai rien à quoi le comparer. Oui, j’ai l’impression que cela s’est bien déroulé, mais est-ce vraiment le cas ? Peut-être que dans le référentiel d’Evelyn c’était une catastrophe, que ce soit à cause de moi ou pas. « Je craignais que ça ne se passe mal au début, Mike paraissait désintéressé de tout. Mais ce n'était qu'une impression, il s'est révélé un bon allié finalement, ça m'a rassurée. » Elle avait besoin d’être rassurée ? Pourquoi, parce que j’étais à ses côté et qu’elle avait peur que je dise des bêtises ? Non, elle m’a dit que j’étais là pour m’exprimer et je reste persuadée qu’elle était honnête. Mon stress, ma tension étaient-il communicatifs au point qu’ils la perturbent elle aussi ? « On s'en est plutôt bien sorties. Qu'en as-tu pensé, toi ? » Devant cette question je réponds d’abord timidement, puis un peu moins lorsqu’il s’agit de lui partager mon admiration, celle qu’elle a déjà récoltée et continue à récolter au quotidien. « Ce ne sont pas les pires futurs mariés que tu rencontreras. Même si elle a l'air plus directive et bornée que Mike, Kate est une version soft de la mariée qui sait ce qu'elle veut. Je crois qu'elle était un peu nerveuse en vérité. On ne peut pas lui en vouloir. Elle m'a l'air plus accessible qu'il n'y paraît. On aura sans doute de bonnes surprises avec ces deux-là. » Je note tout ça dans un coin de ma tête. « Ca veut dire que tu as croisé bien pire ? Qu’on croisera bien pire dans les semaines à venir ? » Les nouveaux projets pour le printemps et l’été prochain vont tomber dans les semaines et les mois à venir, je l’ai compris. « C'est toi qui as été impressionnante, Lucia. » Je ne m’attendais pas à ça. Je n’ai pas l’impression d’avoir dit grand-chose et j’ai été prise de panique à chaque fois que j’ai tenté de le faire. Instantanément je rougis et ressens le besoin de me cacher derrière n’importe quoi : mon t-shirt, mon carnet, n’importe quoi, vraiment. Je me retiens, mais peine à dissimuler ma surprise et mon malaise alors que je me mords l’intérieur de la lèvre. « Est-ce que tu te rends compte que, pour ton premier entretien de ta carrière, ce couple t'a considérée comme une wedding planner à part entière ? Ils se sont à peine aperçus que tu étais novice. » Non, c’est impossible, ça c’est tout bonnement impossible, bien sûr qu’ils s’en sont rendus compte, j’ai bégayé, j’ai hésité et cherché du regard l’approbation de la brune. « Non, tu l’as dit, ils étaient simplement très gentils je… » Je ne sais pas où me mettre et mon cœur oscille entre un sentiment de bonheur et un autre, plus pernicieux, induit par la petite voix à mon oreille qui me souffle que je ne mérite pas toute cette attention et qu’Evelyn finir par se rendre compte que je n’ai rien de spécial du tout.

« Ne t'excuses jamais d'être là où tu dois être, d'accord ? Ne te demande pas ce que tu fais là alors qu'on t'a choisie – que je t'ai choisie – sciemment. Je crois en ton potentiel… qui est évident, n'aie aucun doute là-dessus. Tu t'es vue, rebondir chaque fois qu'une problématique était mentionnée ? Tu as réagis comme ça… » Elle claque des doigts, et moi je fronce les sourcils. J’ai plutôt l’impression de m’être rattrapée aux branches à chaque fois que, au bord du précipice, je chutais lourdement. « Ce n'est pas donné à tout le monde, je te le garanti. Et que les choses soient claires entre nous : je ne te caresse pas dans le sens du poil. Si tu avais été mauvaise, je te l'aurais dit aussi. » Le bonheur gagne la manche et je rosis – de plaisir cette fois ci. Je ne sais pas quoi répondre mais mes yeux, eux, ils hurlent reconnaissance et respect alors que j’attrape mon bras de la main opposée pour le gratter du bout de l’ongle, profondément gênée par cette effusion de compliments. Je ne suis pas celle qui est vive, celle que l’on remarque dans la famille grâce à son esprit aiguisé et son répondant. J’ai toujours été dans l’ombre de ma sœur, de mes sœurs en fait, et j’ai appris à me contenter de la place de bonne dernières, vraiment. « Heureusement que tu as été bonne, ça aurait été très gênant autrement. » Il rire, ou plutôt un gloussement gêné s’échappe de mes lèvres. Non, ce type de gloussement je ne les reçois que rarement. « Merci, vraiment. » Je me bats pour tenter d’être un peu plus éloquente que prévu. « Pas juste pour ça. Merci pour ces mots mais merci de m’avoir choisie, aussi et surtout. » Parce que je sais que je ne paye pas de mine. « J’ai pas l’habitude. » De ce type de compliments. « Mes deux sœurs ont fait de longues études, l’une est pharmacienne et l’autre presque psychiatre alors la place de petit génie dans la famille elle était prise et, je sais que c’est pas ce que tu as dit mais… » Je n’ai pas besoin d’entendre ça, que je suis un petit génie, je sais que c’est faux, mais elle ne me trouve pas complètement idiote, contrairement à mon ex. « Mais ça me touche vraiment. » Je me sens conne à présent, d’avoir confié ce genre de chose à Evelyn, de m’être aventurée sur le domaine du personnel avec ma patronne. Alors pour changer de sujet, je continue. « Enfin, et sinon, quelle est la prochaine étape ? Que je m’occupe des boutiques de robes de mariées ? Organiser des visites de lieu ? Comment les tâches vont-elles se répartir, je veux dire, entre toi et moi. Je suppose que tu continueras à tout superviser, c’est quand même normal, mais je peux commencer à faire des recherches ? Mais non, je suis idiote, tu as certainement déjà un répertoire plus long que le bras pour pallier à ce genre de demande je… » Je rougis à nouveau légèrement. « Je parle trop. » Je fais ça lorsque je suis stressée. Stressée ou bien émue.

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Evelyn Pearson & @Lucia Whitemore

Est-ce qu'elles croiseraient pire que Kate et Mike Sanders au cours des prochaines semaines ? Le regard qu'Evelyn posa sur Lucia fût assez explicite pour qu'elle ne s'échine à exprimer par des mots le fond de sa pensée. Oui, le couple qu'elle venait de quitter n'arrivait pas à la cheville des pires clients qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer au cours de sa carrière. Mike avait, au moins, su garder le sens des valeurs, ce qui les prémunissait d'entrée de jeu contre une certaine folie des grandeurs, mais aussi contre des caprices impossibles à contenter – encore que, impossible ne faisait pas partie du vocabulaire de la wedding planner pleine de ressources qu'était Evelyn Frances Pearson. Elle avait bon espoir que ce contrat se passe dans la délicatesse et la bonne entente, quand bien même elle aurait toujours l'impression inconsciente d'avoir été choisie pour des raisons qui ne concernaient pas son talent évident pour l'organisation de mariage. Mais c'était un fait avec lequel elle devait se débattre personnellement, et dans son for intérieur, lui insufflant encore plus de gagne que d'ordinaire ; prouver aux futurs mariés qu'au-delà du nom qu'elle portait, et de la réputation qui les précédaient elle et sa famille, elle était bien plus que la fille ingrate de Kai et Celie Pearson.
Sans prévenir, une immense bouffée de compassion s'insinua en elle lorsque Lucia rebondit sur ses encouragements. Est-ce que les enfants comme elles, mises sur la touche sous le prétexte qu'elles payaient moins de mine que leurs aînées, avaient la capacité de flairer cette blessure chez les autres ? Un court instant, l'attention entièrement dirigée vers Lucia, Evie se le demanda. Elle prenait toujours soin de séparer sa vie privée de sa vie professionnelle, mais en entendant la jeune femme lui faire de furtives confidences, elle ne put s'empêcher de faire un parallèle entre elles.

"Je sais ce que c'est." dit-elle seulement, la dignité perçant dans le ton qu'elle emprunta soudain. Elle repoussa son envie soudaine de la prendre par les épaules pour lui faire sentir qu'elle était dans un espace sûr, qu'il ne fallait pas qu'elle se recroqueville sur elle-même en attendant de voir les coups, même verbaux, s'abattre sur elle ; c'était plus facile à dire qu'à faire, mais Lucia était jeune et elle avait beaucoup de choses à apprendre en matière de confiance en elle. Ça, Evelyn l'avait vite sentie, elle ignorait juste que ça partait d'un sentiment d'infériorité par rapport à ses sœurs. Elle comprenait mieux, elle se mettait à sa place… et ça lui brisait le cœur.
Elle reprit, doucement, gardant ses propres émotions pour elle à ce sujet, les ravalant en même temps que sa salive qui lui parut brulante lorsqu'elle dévala sa trachée "Ne crains pas de voir tes capacités amoindries quand je suis dans les parages. Il faut que tu prennes conscience que tu ne dois pas te fier à l'image que les autres ont de toi. Tu dois t'élever au-dessus de tout ça, devenir celle que tu as toujours rêvé d'être. Je ne te jugerais pas d'avoir de grandes ambitions, bien au contraire. Tu peux y arriver." J'y suis bien arrivée, moi, se dit-elle en esprit, le regard fiché dans celui de son interlocutrice. Et portée par cette chose qui les liait, elle tendit prudemment la main pour harponner la sienne et la serrer un instant. Paume contre le dos de la main de Lucia, elle la lui tapota quelques secondes après, s'amusant de son enthousiasme à fuir la brèche qu'elle avait ouverte et dans laquelle Evelyn s'était à demi-engouffrée. Elle en sortit alors, précautionneusement, comprenant qu'elle non plus, elle n'était pas amie avec l'auto-apitoiement. Ça l'arrangeait dans le fond, restait qu'elle aurait indéfiniment le sentiment qu'elles n'étaient pas si différentes que les apparences le démontraient… et rien que ça, ça prouvait le point qu'Evie avait taché de marquer en sommant la jeune femme de ne pas s'arrêter sur l'image que les autres avaient d'elle. Elle était tellement plus que ça.
Un nouveau rire, un peu emprunté à cause du tournant plus personnel qu'avait pris la conversation, fuit sa gorge "La prochaine étape, c'est de prendre le temps, partner." lui répondit-elle tout en récupérant sa main qu'elle plongea dans ses longs cheveux bruns, l'autre furetant dans la poche de son blazer pour y pêcher son téléphone portable qu'elle consulta d'un œil "Je crois qu'on a quelque chose à fêter, non ? Qu'est-ce que tu dirais d'un petit goûter pour nous remettre de nos émotions ? C'est l'heure du thé." Elle n'avait jamais paru si anglaise qu'au moment où elle lui fit cette proposition avec malice, s'échappant légèrement de son siège pour indiquer la nouvelle direction à prendre au chauffeur qui lui accorda un sourire à travers le rétroviseur. Lucia la remercierait bientôt de lui accorder encore un peu de répit, car les mois qui s'annonçaient seraient si denses en termes de rythme de travail, qu'elle aurait à peine le temps de reprendre sa respiration. Elles pouvaient encore profiter des prochaines heures, rien ne pressait au fond, et comme elle l'avait indiquée à la jeune femme ; elles avaient quelque chose à fêter, à savoir l'entrée en fanfare de Lucia Whitemore dans le monde fabuleux du wedding planning.

they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.

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Moved out to a brand new life
Lucia Whitemore & @Evelyn Pearson

Chez Evelyn, je m’intéresse plus à la femme d’affaire qu’à sa vie privée et aux on dit. Elle m’impressionne, j’ai beaucoup de respect pour celle qu’elle est, pour sa prestance et ce qu’elle a fait de sa vie, de son entreprise que ce que je ne m’intéresse à sa famille : évidemment, je la connais. On ne peut pas être Australien pur souche sans que savoir qui était Kai Pearson, encore moins lorsqu’on a un paternel qui aurait tué pour le rencontrer en bon fan de rugby, soccer et football australien (ou tout autre sport populaire qui se joue avec une ballon quelle que soit sa forme). Moi, je m’en fiche. Evidemment, j’ai fait partie de celles que la célébrité grisent, j’en faisais encore partie lorsque j’ai rencontré Lawrence et que sa notoriété naissante nous faisait inviter à tout type de soirée, mais ce n’est plus le cas. Le nom de famille de ma boss n’a pas la moindre importance à mes yeux, je l’ai déjà occulté en fait, si bien que je suis réellement surprise lorsqu’elle me réponds d’un « Je sais ce que c'est. » Elle sait ce que sait ? Comment est-ce seulement possible ? Elle est charismatique, impressionnante, elle a réussit. Qu’est-ce que cette famille où elle fait office de mouton noir ? N’est-elle constituée que de star hollywoodienne ou de milliardaires façon clan Kardashian-Jenner ? Je ne l’interroge pas - je ne manque pas de délicatesse à ce point - et je me contente de hocher la tête sans parvenir toutefois à cacher ma surprise : mes yeux s’écarquillent en grand. « Ne crains pas de voir tes capacités amoindries quand je suis dans les parages. Il faut que tu prennes conscience que tu ne dois pas te fier à l'image que les autres ont de toi. Tu dois t'élever au-dessus de tout ça, devenir celle que tu as toujours rêvé d'être. Je ne te jugerais pas d'avoir de grandes ambitions, bien au contraire. Tu peux y arriver. » L’imagine que les autres ont de moi. Elle ignore certainement à quel point elle vise juste, à quel point je suis abîmée, à quel point ma confiance en moi est abîmée par cette image à laquelle j’ai tenté de correspondre. Je n’ai pas les capacités intellectuelles d’Hannah, mais y-a-t-il une honte à avoir à ce sujet quand on sait qu’elle n’est rien de moins qu’un petit génie ? Je suis bosseuse et appliquée, à quel moment ai-je décidé de laisser mon ex me sapper toute ma confiance en moi ? Pourquoi ?

Quand sa main attrape la mienne je sursaute doucement. Elle y applique une pression et je baisse les yeux, confuse, gênée et surtout profondément reconnaissante. « Je ne sais pas quelles sont mes ambitions. » Je ne suis pas de quel bois je suis faite. Elle est là la vérité, la dure vérité. Je me suis trop longtemps laissée convaincre que je ne devais pas nourrir trop d’ambition, parce que je n’en avais pas les capacité, pour réussir à penser le contraire. Et maintenant, qu’en est-il ? « Et ce n’est pas grave si je n’ai pas l’air aussi compétente que toi à tes côtés. » Pas parce que je suis persuadée d’être une idiote, pour une fois, mais parce que je ne me froisse pas de vérités. « Je dois apprendre, c’est normal. » J’esquisse un sourire pour donner un peu de légèreté à cette conversation, pour avoir l’air un peu plus confiante. Fake it until you make it « Et je serais déjà ravie si j’arrive à t’arriver au genou dans un premier temps. Ou au milieu de la cuisse, soyons folles. » Parce qu’elle a de l’expérience, et on ne peut presser les choses, pas celle là.

Moi, j’exulte et je me demande déjà quelle est la suite. Maintenant que j’ai trempé un orteil j’ai le sentiment d’être accro, je veux plonger la tête la première. « La prochaine étape, c'est de prendre le temps, partner. » Prendre le temps. Je ne m’attendais pas à ça mais cela me fait sourire d’être si élégamment envoyée sur les rose. Prendre le temps, cela me paraît étonnant dans un univers où tout a l’air d’aller si vite. « Je crois qu'on a quelque chose à fêter, non ? Qu'est-ce que tu dirais d'un petit goûter pour nous remettre de nos émotions ? C'est l'heure du thé. » Je referme mon carnet déjà ouvert, avide de noter tout ce qu’elle a à me dire. Je hoche la tête doucement. « Bien sûr, avec plaisir. » Je fronce les sourcils. « Que doit-on fêter ? Ce nouveau contrat ? Tu ne leur a rien fait signer d’ailleurs, quand les choses deviennent-elle officielles ? » Et elle a beau dire qu’on commence par faire la fête et boire du thé - so british - moi je me demande déjà dans quel ordre nous allons procéder dans les jours à venir. J’ai du mal avec l’imprévu, j’ai besoin de maîtriser pour m’épanouir, je ne suis pas réellement une reine de l’improvisation.

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